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La Saga du plus Puissant des Orques Noirs !
Grimgor Boît’ en Fer est l’un des personnages les plus craints du Monde de
Warhammer, et nains, elfes et humains ont tous leur lot d’histoires terribles sur son compte.
Les mères de famille n’hésitent pas à se servir de lui comme croquemitaine pour que leurs
bambins se tiennent tranquilles. Quant aux nains, des pages entières de leurs Livres des
Rancunes sont dédiés à ce redoutable peau-verte. Enfin les elfes sylvains ne font que
murmurer son nom, persuadés qu’il s’agit de la réincarnation d’un ancien démon qui hantait
jadis les frondaisons d’Athel Loren. Même les abjects skavens tremblent et libèrent le musc
de la peur lorsqu’il est mentionné en leur présence.
On ne sait rien de l’histoire ancienne de Grimgor. Le seul orque assez fou pour
l’avoir questionné sur son passé rejoignit dans un trou les restes du précédent Seigneur de
Guerre des Yeux Jaunes. Grimgor et ses Gardes
du Corps étaient sortis un jour du Désert
Foudroyé, chancelants et couverts de sang et de
cicatrices. Ces quelques Orques Noirs étaient tous
fatigués et affamés, mais ils étaient armés
jusqu’aux dents, et semblaient avoir survécu à de
nombreux combats. Certaines de leurs blessures
semblaient récentes, mais personne n’osa plus
rien leur demander car ils compensaient leur
nombre réduit par leur brutalité impitoyable.
Grimgor prit facilement la tête de la première
tribu orque qu’il rencontra, conquit la seconde et
extermina la troisième. Il voulait toujours plus de
tueries.
Même pour un orque, sa soif de batailles
semblait incroyable. S’il ne combattait pas
pendant plus d’une journée, il cherchait querelle à
tous ceux qu’il croisait, son œil valide cerclé de
cicatrices à l’affût de la moindre faute. Au bout de
deux jours, il tuait tout gobelin assez
malchanceux pour lui tomber sous la main.
Grimgor ne recherchait rien d’autre qu’une
éternelle bataille et pour un orque, cela prédispose
à être chef. Pour un énorme orque noir
accompagné d’une telle suite, cela prédispose à la
grandeur. Un mois après son arrivée, il s’était
forgé un petit empire dans la partie nord des
Montagnes du Bord du Monde, et les peaux-vertes s’étaient ralliés à sa bannière par milliers.
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Les nains de Karak Kadrin furent les premiers de leur race à connaître sa colère
lorsqu’il se jeta sur eux avec une férocité démente. Ceux qu’il ne tua pas, il les fit prisonniers
pour les torturer, leur arracher la barbe poil par poil, ou chauffer leur armure jusqu’à les faire
cuire. Il ne tenta jamais de prendre la forteresse elle-même, se contentant de massacrer ceux
qui étaient envoyés contre lui jusqu’à ce que les nains, désespérés par leurs pertes, s’enterrent
dans leurs défenses pour attendre l’hiver. Grimgor ne voulut pas attendre, il repartit vers le
nord et traversa le Col du Pic pour trouver de nouvelles victimes à Kislev.
Malgré la vaillance des Kislévites et leur habitude des
rigueurs de l’hiver, la violence de l’attaque de Grimgor fit
chanceler leurs forces. Ils envoyèrent trois armées pour l’arrêter,
Grimgor les massacra et mangea les cadavres par manque d’autre
nourriture. Mais alors qu’il approchait de la capitale, les prières de
la Reine des Glaces furent entendues et une tempête de neige vint
ralentir les peaux-vertes. Toute l’armée fut soudain enveloppée
d’un manteau de glace tourbillonnante qui sema la confusion dans
leurs rangs. Les gobelins aveuglés geignaient et les orques les
faisaient avancer à coups de pied, mais les repères du chemin
disparaissaient dans un labyrinthe de blancheur. Après avoir avancé à tâtons pendant une
journée, Grimgor ordonna une halte et s’assit pour réfléchir.
Frustré et furieux de cette halte forcée, il démembra de nombreux gobelins :
heureusement, la horde en comptait des centaines. Bientôt, les chamanes orques parlèrent de
sorcellerie et selon eux, la tempête n’était pas naturelle. Le lendemain, Grimgor ordonna à son
armée de repartir vers les montagnes. Sur le chemin du retour, la tempête sembla se calmer,
mais à chaque tentative de marcher à nouveau sur Kislev, les vents se déchaînaient et
criblaient les orques de glace. Grimgor retourna dans les Montagnes du Bord du Monde empli
d’une rage qui présageait du pire pour ceux qui se mettraient sur son chemin, qui se trouvèrent
être les skavens du Clan Mors.
Il avait décidé d’établir une base d’où lancer ses attaques, et l’ancienne forteresse
naine de Karak Ungor lui sembla parfaite. La plupart des gobelins de l’Oeil Rouge qui y
vivaient étaient déjà soumis à Grimgor, et le peu qui ne l’étaient pas changèrent vite d’avis.
C’est dans les profondeurs des tunnels que Grimgor trouva de vrais adversaires, et bientôt les
anciennes salles s’emplirent du bruit des batailles. Mois après mois, les combats firent rage,
des milliers de skavens et de peaux-vertes moururent pour chaque pièce et chaque couloir. De
temps à autre, Grimgor pensait les skavens détruits, et tombait sur un nouveau passage secret
regorgeant de vermine. N’ayant pas de carte du dédale de galeries que les skavens et les
Gobelins de la Nuit n’arrêtaient pas de creuser, Grimgor se retrancha dans les niveaux
supérieurs, laissant ses soldats se battre dans les profondeurs. Il avait trouvé exactement ce
qu’il voulait : une éternelle bataille.
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Grimgor à Malefosse
Durant des années, Grimgor tint son quartier général dans les ruines de la forteresse
de Karak Ungor, sur la Montagne de l’Oeil Rouge. Les scribes impériaux ont déjà relaté
nombre de ses méfaits, mais un nouveau chapitre est venu s’y ajouter, et l’on murmure que le
terrifiant orque noir parcourt à nouveau les contrées
du Vieux Monde en quête de massacres.
Pendant plusieurs mois les contrées
entourant les régions montagneuses du sud de
Kislev se virent épargner la menace constante
d’une attaque orque, car les rudes tempêtes d’hiver
qui soufflèrent à travers plaines et montagnes
obligèrent orques et gobelins à se retirer dans leurs
cavernes. Même là, dit-on, leurs peaux épaisses
subirent la morsure d’un des pires hivers depuis
bien longtemps.
Devant cette retraite forcée, Grimgor n’eut
d’autre choix pour assouvir sa soif de massacres
que de se tourner contre les hordes de skavens qui
avaient creusé leur repaire au plus profond de la
montagne. Par chance, le clan Moulder est l’un des
plus prolifiques, et chaque année, Grimgor put
retourner dans les montagnes pour passer sa rage
sur les skavens qui avaient eu le temps de combler
leurs pertes. Au début, il fut heureux de pouvoir
massacrer à volonté ces innombrables hommes-rats
et les longs et tortueux tunnels que ces créatures
avaient creusé finissaient invariablement baignés de
leur sang. Il avait enfin trouvé des adversaires qu’il
pouvait écraser en toute tranquillité, et dont les
effectifs se reconstituaient très vite, lui permettant
de ne jamais être à court de victimes. Dans une
tentative désespérée de se débarrasser de la menace
de ce puissant seigneur orque, Throt le Galeux, le
Maître Mutateur du clan Moulder, envoya contre
lui des milliers de skavens en espérant que le poids
du nombre chasserait les orques de leurs tunnels. Mais une telle quantité d’adversaires ne fit
que décupler l’ardeur de Grimgor qui se dirigea vers Malefosse, le repaire du clan Moulder.
Ses orques et lui ne cessèrent de s’enfoncer toujours plus loin en se frayant un chemin
à travers les tunnels infestés de vermine, de sorte qu’ils finirent par se trouver à proximité du
royaume souterrain du clan Moulder. En dernier recours, Throt envoya à sa rencontre des
dizaines de rats-ogres, ces créatures mutantes dotées d’une musculature surdéveloppée et de
griffes mortelles. Dans un premier temps, l’assaut frénétique de ces bêtes sauvages prit les
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orques par surprise et ces derniers furent repoussés, mais alors que les skavens accentuaient
leurs attaques, Grimgor lui-même refusa de céder davantage de terrain en dépit de la fuite de
ses gardes du corps orques noirs. Il resta obstinément en travers d’un tunnel, bloquant le
passage de son énorme corps. Le premier rat-ogre qui se jeta sur lui mourut dans l’instant, le
crâne fendu par la hache du seigneur orque. Le second fut tranché en deux et le troisième
connut bien vite le même sort. L’étroitesse du tunnel empêchait les rats-ogres de tirer profit de
leur supériorité numérique et, quelques heures plus tard, Grimgor retournait à son camp, non
sans avoir occis plusieurs dizaines des créatures les plus puissantes du clan Moulder. Il ne fait
aucun doute que s’il avait poursuivi ses attaques, il aurait fini par dévaster le repaire entier des
skavens, mais Grimgor avait fini par en avoir assez de tuer cette vermine. Ayant tenu tête tout
seul contre leurs meilleures troupes, les skavens ne présentaient plus d’intérêt à ses yeux.
Voilà pourquoi sa tribu quitta le confinement de Karak Ungor pour partir à la recherche de
nouvelles conquêtes.
Grimgor afffronte les armées du Clan Moulder à Malefosse
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Grimgor Franchit les Montagnes
Ayant déjà passé tant d’années à terroriser
les cités de l’Empire, Grimgor cherchait de nouveaux
ennemis. Tout comme il avait fini par se lasser des
skavens, les frêles humains ne l’intéressaient plus, et
au lieu de suivre sa piste habituelle vers l’Ouest, il
préféra diriger sa horde vers le Nord-est. Aucune
armée n’était jamais parvenue à traverser les
dangereuses régions où les Montagnes du Bord du
Monde rencontraient les Montagnes des Larmes, et
Grimgor releva le défi. À peine ses forces eurent-
elles atteint les steppes situées au-delà des
Montagnes du Bord du Monde qu’elles se trouvèrent
nez à nez avec une seconde chaîne montagneuse, et
pour couronner le tout, les rudes tempêtes de neige
hivernales étaient loin de céder la place aux rayons
de soleil printaniers.
Tandis que les peaux-vertes franchissaient
passe après passe, la plupart des gobelins les plus
faibles périrent et leurs petits corps verts gelés furent
abandonnés dans la neige. Mais Grimgor ne cessait
de haranguer ses guerriers pour qu’ils pressent le pas,
impatient qu’il était de se trouver de nouveaux
ennemis. Il arriva même qu’il hurlât si fort que ses
cris déclenchèrent des avalanches qui coûtèrent la vie
à des régiments entiers. Les conditions étaient si
rudes que la plupart des hordes auraient fait demi-
tour, mais les gars de Grimgor préférèrent se taire,
car ils savaient que s’ils se plaignaient, ils
éveilleraient la fureur de leur Seigneur, et mieux
valait risquer sa vie dans ces montagnes plutôt que de
s’exposer à la hache de Grimgor.
Une semaine plus tard, l’armée épuisée finit par quitter les montagnes pour gagner
les steppes, mais à peine le camp avait-il été préparé pour une nuit de repos bien mérité qu’un
éclaireur repéra un important nuage de poussière à l’horizon. Le nuage se rapprochait et les
éclaireurs rapportèrent qu’il s’agissait d’une importante horde de cavaliers maraudeurs se
dirigeant droits sur le campement. Grimgor n’eut pas besoin d’en entendre davantage pour
ordonner le branle-bas de combat. Tandis que tous se rangeaient face à l’ennemi sur la plaine,
les tambours entonnèrent un rythme tribal et les orques levèrent leurs kikoup’ massifs en
poussant leurs cris de guerre gutturaux.
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Une tribu de kurgans portant le nom de yusaks, de sauvages et féroces guerriers aussi
à l’aise à pied qu’à cheval, avait remarqué
l’arrivée des orques et s’était rassemblée pour
les affronter. Leurs destriers traversèrent la
plaine et les deux armées ne tardèrent pas à
s’entrechoquer, chacune cherchant à lancer
l’assaut le plus brutal possible. La charge
initiale des kurgans sembla sur le point de
briser les lignes orques, mais le nombre des
peaux-vertes finit par faire la différence et
ceux-ci débordèrent les cavaliers qui furent
désarçonnés puis hachés menus à grands
coups de kikoup’. La bataille fut féroce,
chaque camp se montrant désireux de
répandre le plus de sang possible dans la
mêlée. Grimgor lui-même se tenait sur la pile
des victimes de sa puissante hache. Bientôt,
les derniers rayons pourpres du soleil se
couchèrent derrière les montagnes, mais la bataille continua de faire rage sur la plaine
ensanglantée, et lorsque le matin arriva, la fière horde de maraudeurs n’était plus qu’un amas
de corps brisés. Le sol était jonché de carcasses d’orques et d’humains, et au centre du champ
de bataille, perché sur un tas de cadavres, se tenait fièrement Grimgor, couvert de sang de la
tête aux pieds, brandissant sa hache comme s’il défiait le soleil en personne.
Depuis ce jour glorieux, Grimgor a établi son camp au cœur du territoire des kurgans
et les bandes de maraudeurs ne cessent de se rassembler pour se frotter au puissant “Démon
Vert”. Le camp des orques se trouve sur le chemin le plus court et le plus rapide pour parvenir
à l’Empire, ce qui oblige quiconque voulant s’y rendre à affronter la horde de Grimgor, à
moins de faire un long détour. La nouvelle de sa présence s’est rapidement répandue, de sorte
que chaque jour, des tribus se rassemblent afin de combattre cette nouvelle menace. Mais
alors que les armées du Chaos prennent chaque jour plus d’ampleur, celle de Grimgor en fait
autant, car de nombreux orques noirs de l’est ayant entendu parler de ce puissant seigneur de
guerre rejoignent en effet sa bannière. Un impressionnant tertre fait de crânes d’orques et
d’humains se dresse à l’entrée du campement, et sa taille croît après chaque nouvelle bataille.
Mais qui peut dire si bientôt, Grimgor ne tournera pas son attention sur une autre partie du
monde, et si sa horde ne disparaîtra pas de ces steppes désolées aussi rapidement qu’elle y est
apparue ? Pour l’heure, Grimgor semble néanmoins se réjouir pleinement de ces nouveaux
adversaires qui lui offrent de nombreux combats féroces, ce qui est tout à l’avantage de
l’Empire qui trouve ainsi un moment de répit pour reconstituer ses forces. La nécessité de
disposer à l’ouest de troupes prêtes à se battre est grande, car le jour où Grimgor reviendra, la
destruction qu’il répandra dans son sillage ouvrira également la route aux kurgans.
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Grimgor Affronte les Maraudeurs du Chaos
Grimgor toisait d’un œil mauvais le ciel rougissant du soir. Il ne restait plus qu’une
poignée de ses vingt et quelques gardes du corps, mais ceux-ci se battaient toujours
furieusement malgré le nombre de leurs assaillants. A ses côtés, son porte-étendard
brandissait d’une main une grosse bannière dépenaillée, tandis que de l’autre il plongeait son
kikoup’ dans la poitrine d’un humain. Profitant d’un bref moment de répit, Grimgor observa
ses forces. Une fois que le combat était engagé, il ne se souciait que rarement de la manière
dont s’en sortaient ses boyz, mais un bref regard le long de la ligne de bataille lui apprit que
son armée était prête à en découdre. Il pouvait être fier de ses gars, ceux-ci venaient de
traverser des montagnes inhospitalières et, à peine arrivés, étaient déjà prêts à se battre avec
avidité et férocité. Ce périple les avait endurcis car seuls
les plus costauds avaient pu survivre et son armée s’était
débarrassée de ses éléments les plus faibles.
Le son d’une corne l’alerta du danger approchant.
Une bande de guerriers chevauchant des montures noires
chargeait dans leur direction et les orques noirs se
préparèrent à les recevoir. Les cavaliers kurgans
percutèrent la petite unité, s’attendant à la disperser et à
broyer les orques sous les sabots de leurs chevaux, mais
leur charge fut stoppée par le mur de leurs adversaires.
Les chevaux se cabrèrent, incapables de faire reculer
l’implacable ligne que formaient les orques noirs, et
plusieurs cavaliers furent jetés à terre avant de finir sous
les kikoup’. Grimgor poussa un affreux rugissement et fit
décrire à sa hache Gitsnik un parfait arc de cercle qui
éventra l’une des montures. La bête s’effondra, coinçant
son cavalier sous son corps et, alors que le maraudeur
tentait frénétiquement de se dégager, le seigneur orque le
décapita proprement. Grimgor poursuivit le combat, tuant
ses ennemis les uns après les autres dans sa quête d’un
adversaire à sa hauteur. C’est alors qu’il remarqua non
loin un cavalier en armure qui se battait en maniant une
imposante épée couverte de sang, et il sut instinctivement
qu’il s’agissait du chef des humains. Son armure était
couverte d’étranges symboles qu’il reconnut comme étant les marques des dieux du Chaos, et
à travers les fentes de son casque brillait un regard surnaturel. Ils se toisèrent l’un l’autre
pendant quelques secondes, puis le seigneur du Chaos se débarrassa négligemment de ses
adversaires d’un revers de son arme avant de se lancer à la rencontre de Grimgor.
Alors que le guerrier lui assénait un puissant coup d’épée, Grimgor para celui-ci avec
sa hache. Pour la première fois depuis bien longtemps, il sentit que le coup avait été porté
avec une terrible force. La seconde attaque traversa la garde de l’orque et l’épée vint s’abattre
Grimgor à la tête de ses Durakuirs
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contre son armure. Un tel coup aurait sans difficulté traversé même la plus solide des armures
de plates, mais celle de Grimgor avait, disait-on, été forgée dans le sang d’un démon, et
l’attaque fut détournée. La riposte du seigneur orque ne se fit pas attendre. Saisissant sa hache
à deux mains, il la fit tournoyer deux fois au-dessus de sa tête avant de l’abattre sur son
ennemi. Celui-ci leva son épée pour l’intercepter, et lorsque les deux armes se croisèrent, un
flot d’étincelles vint accompagner une assourdissante explosion. L’épée se brisa au niveau de
la garde et la hache de Grimgor vint s’enfoncer dans l’armure du seigneur du Chaos. Grimgor
retira son arme et alors qu’il se préparait à asséner un nouveau coup, l’armure de son
adversaire tomba dans un grand fracas métallique, son casque venant rouler jusqu’aux pieds
chaussés d’acier de l’orque. Grimgor se pencha pour le ramasser. Le heaume était vide, tout
comme l’était le reste de l’armure. Haussant les épaules, il le jeta et retourna à la recherche
d’un nouvel adversaire. Le soleil pourpre disparaissait derrière les montagnes et la vue du
champ de bataille lui arracha un sourire. Des centaines d’ennemis encerclaient ses troupes,
cela voulait donc dire que la tuerie était loin d’être terminée. Il se mit à chercher l’endroit où
les combats étaient les plus âpres et finit par remarquer un groupe d’orques largement
dépassés en nombre par des guerriers vêtus de fourrures. Sans hésiter, il chargea dans cette
direction, prêt à répandre toujours plus de sang.
La lourde hache fendit l’air et pas moins d’une demi-douzaine de têtes furent
détachées d’un seul coup de leurs épaules. Les corps sans vie s’effondrèrent au sol pour venir
s’ajouter au tas déjà imposant de dépouilles qui gisaient au pied de l’imposant seigneur orque.
Son cri de triomphe assourdissant couvrit quelques instants les grognements gutturaux des
orques noirs qui l’entouraient. Il ne restait à présent face au monstre plus qu’un seul humain
vêtu de peaux de bêtes, dont la carrure pourtant massive était loin de rivaliser avec celle de
l’immense peau-verte. Posant son regard sur l’infortuné survivant, Grimgor l’attrapa dans ses
larges pattes et l’examina de son œil valide. Un rictus mauvais éclaira son visage, puis il
ouvrit bien grand sa gueule sertie d’une rangée de crocs jaunis et cassés avant de la refermer
autour du crâne de l’humain. Grimgor jeta négligemment le corps décapité au sol, comme s’il
recrachait une bouchée de viande avariée.
-“Tuez-les tous !”hurla-t-il tout en chargeant en direction des derniers maraudeurs qui se
tenaient à l’écart, terrorisés à l’idée de devoir combattre cette machine à tuer. Pour une
créature d’une telle taille, son agilité était surprenante, et le voyant leur foncer dessus, les
guerriers humains prirent leurs jambes à leur cou. Ils n’étaient pourtant pas de ces citoyens
couards recrutés dans les villes et les villages pour défendre leurs terres, mais de sauvages
guerriers qui avaient perpétré des actes de sauvagerie aussi cruels que ceux des orques. La
soif de sang dont faisait preuve ce seul adversaire était cependant trop grande pour qu’ils
puissent lui résister. Grimgor fut sur eux avant même qu’ils n’aient la moindre chance de
s’enfuir, leur faisant des crocs-en-jambe pour qu’ils tombent à terre, utilisant le poids de son
corps pour en écraser certains tandis que les autres goûtaient de sa hache Gitsnik. En quelques
secondes, les Orques Noirs qui le suivaient eurent achevé les derniers barbares, mais Grimgor
continua à charger droit
devant. Il ne s’arrêterait
pas tant tous ses
ennemis ne seraient pas
morts à ses pieds
Les Durakuirs
forment une ligne de
bataille, incluant un
géant et un char...
9
Grimgor et Crom se hâtent d'en venir
aux mains.
Grimgor fait la Guerre au Conquérant !
Les Kurgans vinrent du nord en une meute sauvage. Ils s’abattirent sur le Pays du
Grand Crâne comme des sauterelles sur les
récoltes, une horde immense bouillonnant et
frémissant comme un raz-de-marée : une armée
de nomades au regard barbare, suivant son
puissant seigneur en quête de batailles. L’identité
de ce guerrier ne faisait plus aucun doute car ses
suivants chantaient son nom en marchant, des
milliers de gorges difformes donnant naissance à
la même syllabe bestiale pour témoigner auprès
des dieux de la puissance de leur champion. Ils
étaient l’armée de Crom le Conquérant, le Porteur
de Tempête, le Héraut d’Archaon.
La horde traversa la toundra sans ralentir.
Les tribus de peaux-vertes qui se trouvaient sur sa
route furent massacrées. Au-devant de l’armée,
des cavaliers légers et des éclaireurs chassaient
les patrouilles des Rangers et abattaient les
gyrocoptères, les nains qui eurent de la chance
tombèrent au combat, les autres finirent lentement
sacrifiés à la gloire des dieux sombres. La horde
de Crom s’étendait plus loin que ce que l’œil
pouvait percevoir, et nul ne semblait être capable
de la vaincre.
Ou presque. Avant que la marée ne déferle sur les défenses des nains, un obstacle
inattendu apparut. Tandis que Crom menait son armée vers la Haute Passe, il trouva son
chemin bloqué par des lignes et des lignes d’orques et de gobelins. Ce n’était pas la première
fois qu’une telle chose se produisait, mais ces peaux-vertes, contrairement à tous leurs
semblables rencontrés jusque-là, paraissaient disciplinés et prêts à se battre. Ils constituaient
l’armée de Grimgor Boît’ en Fer qui, las des victoires faciles qu’il obtenait sur les Maraudeurs
du nord, avait conduit son armée hors de la Haute Passe pour se mesurer à un adversaire digne
de lui.
Le jour se levait à peine au-dessus des Montagnes des Larmes lorsque les deux
armées se rencontrèrent. Deux lignes de guerriers s’étendaient d’un horizon à l’autre entre les
ossements de monstres gigantesques depuis longtemps éteints, des milliers de soldats en ordre
de bataille sur la plaine enneigée. Pendant ce qui sembla être une éternité, peaux-vertes et
humains se firent face en silence. Puis, comme s’il en avait été convenu, les deux armées
lancèrent leurs cris de guerre qui se mêlèrent en une cacophonie sauvage de défis et d’injures.
Lorsque les hurlements du vent eurent repris leurs droits, les deux armées se mirent en branle,
les pas de milliers de pieds résonant contre les falaises désolées. La plus grande bataille que
les Terres Sombres aient jamais connue commença alors.
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Les deux hordes se heurtèrent dans un bruit de tonnerre, leur fureur rougissant la
neige. Les guerriers Kurgans se battaient comme des possédés, leurs haches et leurs fléaux
tuant des peaux-vertes par dizaines. Les orques, de leur côté, se souciaient peu de leurs pertes
et abattaient autant d’humains avec leurs hachoirs et leurs épées rouillées. Sur les flancs, les
sauvages cavaliers de la tribu des Yasuks livraient bataille aux chevaucheurs de loups
gobelins, leurs montures s’écharpant dans une mêlée de dents, de griffes et de sabots tandis
que leurs cavaliers faisaient de même avec leurs lames primitives. Les chevaucheurs de
sangliers enfoncèrent les lignes des maraudeurs, puis furent massacrés par la contre-charge
des sanguinaires chevaliers Tokmars, leurs armures étincelant comme de l’or rouge sous le
soleil matinal. Les flèches noires des orques assombrissaient le ciel avant de s’abattre sur les
boucliers des Kurgans en une pluie inefficace. Les chars des deux camps zigzaguaient entre
les ossements massifs qui couvraient la plaine, broyant orques et humains en nombre égal
sous les faux de leurs roues. Les gigantesques machines de guerre des orques projetaient au
milieu des rangs du Chaos d’énormes rocs qui y prélevaient un tribut sanglant, mais à chaque
maraudeur qui tombait, d’autres venaient prendre sa place.
Crom était au cœur des combats et menait sa propre tribu, les Kuls, au travers de la
horde verte. Il se moqua de la charge des chevaucheurs de sangliers et les jeta à bas de leurs
montures par de grands revers de sa lame. Avec sa hache, il éventra un chef orque sauvage et
massacra sa suite avec une aisance méprisante. Son cri de défi résonnait sur tout le champ de
bataille : quand donc les dieux allaient-ils enfin lui envoyer un adversaire à sa mesure ? Mais
alors qu’il achevait un chamane orque, son regard rencontra celui de Grimgor. Les deux
guerriers comprirent immédiatement qu’ils avaient enfin trouvé un ennemi digne de leurs
prouesses. Ils se frayèrent un chemin à travers la masse des combattants et s’affrontèrent au centre du champ de bataille.
Les Durakuirs chargent la horde du Chaos
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Grimgor est Humilié !
Serrant le manche de sa hache, Crom laissa choir son épée et se saisit de son bouclier.
Il se jeta sur Grimgor avec la force d’un ogre,
faisant reculer l’imposant chef de guerre. Profitant
de son avantage, Crom poursuivit l’assaut, faisant
décrire de grands moulinets à son arme avec une
vitesse inhumaine. Grimgor avait le plus grand mal
à parer les attaques de son ennemi, et seule la
vivacité surnaturelle de sa hache lui permit de
survivre à l’élan frénétique de l’humain. Acculé
contre les restes d’un char, l’orque noir para d’un
grand revers l’arme de Crom et profita de cet
instant de faiblesse pour se jeter sur lui, le forçant à
son tour à reculer.
Le duel épique se poursuivit pendant des
heures, aucun des deux ne parvenait à prendre
l’ascendant car ils étaient de force égale. Chaque
coup était paré, et même la fatigue ne semblait pas
pouvoir venir à bout de l’un ou de l’autre. Ils
étaient entièrement absorbés par leur combat et
n’avaient plus conscience de la bataille autour
d’eux et même lorsque les orques furent finalement
battus et s’enfuirent, Grimgor poursuivit le combat,
refusant d’admettre sa défaite. Les coups succédaient aux parades, tout deux étaient épuisés,
mais chacun pensait pouvoir l’emporter.
Ce ne fut que lorsque les rayons écarlates du soleil disparurent enfin derrière les
Montagnes du Bord du Monde qu’ils s’écartèrent l’un de l’autre, vidés de leur énergie et
saignant de dizaines de blessures. Autour d’eux, la plaine était jonchée de milliers de
cadavres, et le chœur des corbeaux commençait d’emplir le crépuscule. Leur souffle se faisant
brume dans l’air glacial, les deux adversaires se jaugèrent un long moment avec un respect
haineux. Lentement, Crom secoua la tête et fit un pas en arrière. Grimgor rugit de colère face
à cette insulte. Les dents serrées, bouillonnant d’une fureur tout juste contenue, il balaya le
seigneur du Chaos et ses serviteurs d’un œil menaçant puis, défiant quiconque de soutenir son
regard, il tourna les talons et alla rejoindre ses troupes en déroute.
Lors des jours qui suivirent la bataille contre Crom et ses Kurgans, Grimgor Boît’ en
Fer fut miné par une honte douloureuse dont il n’était pas coutumier. Alors qu’il commençait
le laborieux processus de ralliement de ses troupes, il fit le vœu solennel de se racheter aux
yeux de Gork et Mork. Il allait se lancer dans une Waaagh ! si gigantesque et destructrice
qu’elle laverait sa fierté blessée dans le sang.
12
Grimgor dans l’Œil du Cyclone !
- « J’irais pas l’voir maint’nant si k’j’étais toi. »
Une bouffée de fumée verdâtre
accompagna les mots du chamane, signe évident
que le pouvoir de la Waaagh ! Courait dans ses
veines. D’instinct, Borgut asséna un généreux
coup de tête au sorcier, l’envoyant au tapis, sur le
dos, quelques mètres plus loin.
- « Ouais, mais t’es pas moi,” grogna-t-il. “Sal’té
d’chamanes… »
Si vous ne vous en occupez pas
correctement, ils vous explosent à la figure.
Heureusement, Borgut savait comment les calmer. Cela dit, il allait aussi devoir calmer le
chef, et ça risquait d’être une autre paire de manches.
Il se tenait à l’entrée d’un défilé tortueux. Venue de plus loin dans le passage, il
pouvait entendre mais aussi sentir la fureur de Grimgor. Pas étonnant que le chamane fût si
excité.
Borgut s’enfonça dans le passage et alors qu’il franchissait un coude, il reçut une
averse d’éclats de roche. Cela ne lui causa aucune douleur, mais il dut
fermer brièvement les yeux et marcha du coup dans ce qui avait été un
gobelin de la nuit. Ce n’était d’ailleurs pas le seul : sur le sol et les parois
de la ravine étaient dispersés les restes des chefs gobelins de Grimgor.
Mais ce dernier n’en avait visiblement pas eu assez, il se tenait face à l’un
des pans rocheux, et l’entaillait à grands coups de sa hache, Gitsnik. Le
Seigneur de Guerre vibrait de colère, ses veines étaient tendues sous sa
peau, et ses yeux injectés de sang jetaient des regards furieux autour de
lui. Les mots manquèrent à Borgut, et il se dit que tout ce qui était
susceptible d’attirer l’attention de Grimgor était définitivement à éviter. Il
se contenta donc de nettoyer distraitement ses chaussures en reculant peu
à peu.
Soudain, Grimgor fit un pas en arrière et laissa Gitsnik retomber. Son regard resta
braqué sur la roche et il grogna.
- “Koi k’tu r’gard’ ?”
Borgut recula doucement.
- “Rien, boss. J’viens aux zordres, cé tout.”
13
Grimgor ne semblait pas l’entendre. Son attention était fixée sur le roc. Il tendait
pourtant l’oreille et hocha la tête.
- “C’est vré. J’avais jamais pas gagné avant, mais j’ai jamais été battu.”
Borgut savait que l’échec de Grimgor face aux zoms du Chaos de Crom l’avait plus
enragé que jamais, lui qui était déjà d’ordinaire d’une humeur massacrante. Borgut continua
donc d’écouter le plus puissant Seigneur de Guerre Orque Noir de tous les temps converser
avec un mur de pierre.
- “Ouais, t’as drôl’ment raison. Ces gobs zétaient trop mous. Des fiot’ de bonzariens. J’m’en
suis zokupé, m’ennuieront pus maint’nant. D’ac, on y va. BOOORGUT !”
Le rugissement de Grimgor fit trembler tout le défilé. Borgut fit de nouveau un pas en
avant.
- “Koi k’y a, chef ?”
Grimgor se retourna vers son second.
- “Toi au moins t’es rapid’. Bon. L’début d’abord. Chop’ les gobs ki nous restent et ramène-
les ici. J’veux ky coup’ ce rocher et ky le mett’ sur roues. Une fois ky zont fini, but’les pasque
j’peux pus les saker. Ensuit’, dis aux aut’ que Gork m’a dit koi fèr. Cett’ fois on va gagner
pasqu’on va fèr’ jus’ kom y nous dit. J’sais pas komment kon a pu oublier ça. On r’part en
guerre, et c’coup-ci Gork va marcher avec nous”
Puis il révéla ses crocs jaunâtres dans ce qui pouvait être un sourire et décampa.
Borgut le regarda partir avant de se retourner vers le rocher. Il ne s’en était pas rendu compte
tout de suite, mais il réalisa que les entailles laissées par Gitsnik dans le roc formaient un
visage, un visage orque. Le visage de Gork. Malgré les petits bouts de gobs qui le masquaient,
il était impossible de se tromper. Les cicatrices de Borgut se plièrent pour lui autoriser un
sourire alors qu’il contemplait l’effigie.
- “Bon,” dit-il, “on va voir c’k’on va voir…”
Grimgor et ses boyz
retournent au combat
14
Grimgor avait désormais un nouvel objectif : se racheter aux yeux de Gork et
redevenir le plus coriace et le plus dangereux des seigneurs de guerre. Son armée avait
survécu à des années de combats incessants contre les humains, les skavens, les autres tribus
boyz de Grimgor étaient des vétérans de dizaines de batailles. Avec ces Durs à Kuir’, comme
Grimgor aime à les appeler, le seigneur de guerre était revenu dans le Vieux Monde pour
montrer à ce parvenu d’Archaon qui est le plus fort.
Traversant Kislev, l’armée de Grimgor massacra tout autant de kislévites que de
fidèles du Chaos. Cette horde verte marchait derrière une effigie de Gork, et des nouvelles de
sa sanglante progression parvirent rapidement jusqu’aux tribus orques des Montagnes du Bord
du Monde. Comprenant que l’Empire était vulnérable, des dizaines de milliers de peaux-
vertes descendirent des collines pour revendiquer leur part du butin, certaines tribus ayant
même leur propre effigie.
Grimgor suivit la route de destruction qui conduisait à Middenheim et, comprenant
qu’Archaon comptait ravager la cité, il décida que ses boyz et lui participeraient à la bataille,
de peur de perdre la face. Grâce à des esclaves humains capturés sur sa route et à de
malheureuses tribus peaux-vertes ayant commis l’erreur de prendre Grimgor pour un allié, il
construisit deux immenses engins de guerre.
Les Dieux, comme ils furent appelés, étaient d’énormes tours de siège construites à
l’image de Gork et Mork. Du ventre de Gork jaillissait un redoutable bélier de siège, tandis
que Mork était surmonté de la plus grosse catapulte qu’un peau-verte ait jamais construite.
Des chamanes dansaient au sommet des machines, tandis que l’effigie de Gork personnelle de
Grimgor vibrait de l’énergie de la Waaagh ! Conscient que les dieux le jaugeaient, ce dernier
se lança à l’assaut…
Grimgor ne manquera pas de faire parler à nouveau de lui…
WWWaaaaaaaaaaaaggghhh !!!
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