L’alimentation du sportif - SMESA

L’alimentation du sportif

Stéphane Walrand

stephane.walrand@inra.fr

Unité de Nutrition Humaine – UMR 1019

Centre de Recherche en Nutrition Humaine

d’Auvergne

Clermont-Ferrand - France

Comprendre que l’entraînement à boire et à manger fait

partie de l’entraînement : qq connaissances techniques

S’entraîner à éviter les erreurs

alimentaires

Améliorer la récupération (et par

conséquent la performance )

Maintenir l’état de santé du joueur (les ANC spécifiques

des sportifs) : objectif n°1

Objectifs pour les sportifs

Objectifs pour les encadrants

L’alimentation du sportif :

des objectifs simples

Comment répondre à ces

objectifs ?

Partie 1 : L’alimentation usuelle

Partie 2 : Les compléments alimentaires

Les leviers d’action

Partie 1 :

L’alimentation usuelle

L’alimentation du sportif:

comment ça marche et

quel est le but du jeu ?

Réserves Energie

Les aliments sont assimilés par

notre organisme

Sang

Aliments

Déchets

Déchets

Déchets

Déchets

Stock de

Protéines Matière pour la

construction

Protéines

tissulaires

Glucose/AG Acides aminés

Glucides/Lipides

Glucose/AG

Digestion

Absorption

Protéines

Acides aminés

Digestion

Absorption

Vitamines et minéraux

Vitamines et minéraux

Tissus

Intestin

Aliments

Digestion

Absorption

Nutriments

Nutriments

Nutriments

Construction -

Energie

Signaux

Vitamines et minéraux

Vitamines et minéraux

Absorption

Alimentation et exercice : comment ça marche ?

Glycogène

Energie

Protéines = la matière

Energie = le carburant

Nutrition et sport : le but du jeu

Déchets MUSCLES

Protéines Déchets

Masse

Vitamines

Minéraux

Apporter assez

de protéines et

d’énergie (bilan

protéique et bilan

énergétique)

Eliminer les

déchets (NH3,

ROS…)

Apporter assez

de vitamines et

minéraux

Nutrition et sport : le but du jeu

Glycogène

Energie

Déchets MUSCLES

Protéines Déchets

Masse

Vitamines

Minéraux

Apporter assez

de protéines et

d’énergie

Eliminer les

déchets

Apporter assez

de vitamines et

minéraux

Féculents

(pâtes, pommes de

terre…)

Viande, poisson, œuf,

produits laitiers

(+ compléments)

Fruits et légumes

(+ compléments)

Fruits et légumes

Hydratation

« Avoir une alimentation équilibrée »

Alimentation suffisante quantitativement

(surveillance du poids et de la composition corporelle)

&

Alimentation satisfaisante qualitativement

(en s’appuyant sur la notion de groupes d’aliments

+ diversité/complexité)

Oui, mais comment arriver

à un tel résultat?

Cependant, la pratique d’une activité

sportive modifie les besoins nutritionnels

(augmentation de la DE, accélération du renouvellement

protéique, pertes minérales et vitaminiques, plasticité

métabolique,…)

Les ANC en protéines chez les sujets sportifs sont supérieurs à

ceux de la population générale.

Population générale : 0,8g/kgPC/j de protéines de bonne qualité

Population sportive : 1 à 3g/kgPC/j de protéines de bonne qualité (dépend du

type de sport)

Tanopolsky, 1990,

Philipps, 2006

Exemple : modification des besoins en protéines

De ce fait, faut-il compléter son

alimentation ?

Partie 2

Les compléments alimentaires

Les compléments alimentaires :

actuellement surtout des questions

- Doit-on parler de compléments ou suppléments ? Une définition mais une frontière floue (surtout dans l’esprit des sportifs)

- Sont-ils utiles ou inutiles ? Utiles : oui… enfin non !!! Ou plutôt peut-être : pas tous, pas tous les sportifs et

sous certaines conditions!

- Existe-t-il des exemples étayés scientifiquement ? Exemple des protéines, de la vitamine D et de quelques nutriments

- Existe-t-il des risques avérés ? Pour la santé, pour la performance, pour l’équilibre psychologique, pour

les comportements déviants

- Peut-on émettre des recommandations / conseils pour les sportifs ? Pauvreté de l’état de la science à ce sujet au regard de la richesse et du nombre

de produits

Compléments ou Suppléments ?

Les compléments alimentaires

Définition

D’après le décret n° 2006-352 du 20 mars 2006, un complément alimentaire

est une denrée alimentaire constituant une source concentrée de

nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou

physiologique et dont le but est de compléter le régime alimentaire

normal.

Les compléments alimentaires sont souvent commercialisés sous forme de doses

(gélules, pastilles, comprimés, pilules, poudres, etc) et sont généralement destinés à

être pris en unités mesurées de faible quantité.

La frontière entre les compléments

alimentaires et les suppléments

alimentaires est floue…

Supplémenter, c’est ajouter en plus des besoins

Compléter, c’est ajouter pour atteindre les besoins

Compléter

- car la pratique sportive peut modifier les besoins nutritionnels (commencer par équilibrer son

alimentation)

- pour compenser une insuffisance d’apport et atteindre les ANC

- pour compenser une alimentation déséquilibrée

Supplémenter

- pour augmenter les performances

- moins de connaissances scientifiques + danger de certaines supplémentations

« Une alimentation équilibrée et diversifiée par les produits courants

(en privilégiant les aliments à bonne densité nutritionnelle) suffit à

satisfaire les besoins spécifiques démontrés. » AFSSA (ANSES) 2001 et Société Française de Nutrition du Sport, 2009

« Si on considère que les besoins nutritionnels du sujet sportif sont

supérieurs à ceux du sujet sédentaire, les données actuelles de la

littérature suggèrent qu’ils sont, dans la grande majorité des cas,

couverts par une alimentation équilibrée du fait de l’apport énergétique

des sportifs généralement plus élevés que les sujets sédentaires. » AFSSA (ANSES) 2005

Sont-ils utiles ou inutiles ? Autrement dit,

peut-on couvrir ces besoins par

l’alimentation ?

Dans la majorité des cas OUI…

Les compléments alimentaires sont donc inutiles dans

la plupart des sports et chez la plupart des sportifs.

Mais,

ils peuvent s’avérer utiles chez certains sportifs, dans

certaines situations et pour certains nutriments.

Sont-ils utiles ou inutiles ?

Les compléments alimentaires pour sportifs

sont utiles dans certaines conditions.

Dans certains sports Sports à catégories de poids (boxe, judo,…), sports de force,…

Chez certains sportifs Végétariens/végétaliens, régimes restrictifs, sportifs de haut niveau,…

En fonction des conditions -Température, humidité, altitude

-Mauvaise disponibilité en aliments (déplacements), répétition de repas

pauvres en micronutriments (pasta parties)

Pour certains nutriments Les protéines pour les sportifs de force, la vitamine D, les antioxydants

Dans certaines phases de la pratique sportive La récupération,… (importance de la fenêtre métabolique)

Exemple des protéines au

cours de la récupération

L’intégrité des structures protéiques

musculaires est altérée au cours de la pratique

sportive

Lésions mécaniques de

la fibre musculaire

Libération des enzymes

musculaires

+ oxydation par les atteintes radicalaires,

AA comme substrats énergétiques…

Le métabolisme protéique est donc modifié au

cours (et après) de la pratique sportive

Effet de la pratique

sportive

Ce concept a été vérifié sur le plan scientifique : effet

stimulant de l’apport protéique sur l’anabolisme protéique

musculaire post-exercice

Existe-t-il des risques avérés à la

consommation de compléments

alimentaires par les sportifs ?

Risques liés à l’utilisation de

compléments alimentaires pour sportifs

Absence d’effet (inutile)

Fatigue liée à la métabolisation du complément

Risque pour la santé

Inconfort gastro-intestinal, surcharge hépatique et rénale, interactions,

carences, déséquilibres,…

Risque de dépendance (physio / psycho)

Ritualisation, adoption de mauvaises habitudes voire déviance vers un

comportement dopant

Risque sportif

Augmentation du risque de blessure (Ex : séchage par la carnitine)

Test anti-dopage positif

Produits impures voire actifs ajoutés

Risque économique

Produits souvent coûteux

Etude (2002, Lausanne)

634 compléments analysés

91 % achetés en magasin ou via Internet

9 % obtenus auprès des fabricants

215 fournisseurs

13 pays

94 échantillons positifs (14,8 %)

Précurseurs de testostérone et/ou Nandrolone

66 échantillons à la limite des seuils de tolérance (substances non mentionnées sur l’étiquette)

Risques de dopage

(à l’insu de son plein gré !)

Peut-on émettre des

recommandations / conseils pour

les sportifs ?

Que ce soit pour le sportif de haut niveau ou le sport-santé

Le discours à tenir envers les sportifs doit être (à mon sens) le

suivant :

1-apprendre à s’entraîner à avoir une bonne alimentation (diversifiée

et équilibrée) – Travailler les skills alimentaires ! Pas de Gasoil dans

une Ferrari !

2-démystifier les effets miracles avancés pour certains compléments et

pour la supplémentation.

3-lorsqu’ils apparaissent nécessaires, les compléments alimentaires

doivent être proposés par un médecin ou un diététicien et un suivi

médical doit être mis en place selon le complément.

Peut-on émettre des recommandations /

conseils pour les sportifs ?

Unité de Nutrition Humaine

Centre de Recherche en Nutrition d’Auvergne

Laboratoire de Nutrition Humaine

58 rue Montalembert, BP 321

63009 Clermont-Ferrand cedex 1

stephane.walrand@inra.fr

Merci

La motivation et les raisons avancées par les sportifs pour justifier la

consommation de compléments concernent le plus souvent la

performance (augmentation de la MM, meilleure endurance,

récupération plus rapide…) alors qu’elles devraient être liées au

maintien du statut nutritionnel et de l’état de santé.

La Pauvreté de l’état de la science à ce sujet au regard de la

richesse et du nombre de produits est un phénomène inquiétant

Dans les années à venir, la démarche à suivre sera de chercher

à démontrer des effets significatifs sur des indicateurs de santé

et des marqueurs métaboliques, par des études scientifiques

sans biais méthodologiques, validées et reproductibles,

accompagnées d’études toxicologiques démontrant l’absence

d’effets secondaires à court, moyen et long termes.

Pour conclure …