Les réseaux sociaux dans le quotidien des adolescents · L’extimité + Deux effets : 1.Les...

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Les réseaux sociaux dans le quotidien des adolescents

Yves Collard, formateur Média Animation,

Professeur invité à l’IHECS, www.media-animation.be

+ Ils y « passent le temps »

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Leurs détracteurs prennent acte des

dérives constatées, surtout quand elles

concernent les jeunes

Les technophobes décrivent les usages dits

négatifs des pratiques et leurs effets dans

divers champs (sociaux, psychologiques,

cognitifs)

Ils en tirent prétexte à mener une politique

de mise en garde, voire de prohibition des

usages en ligne.

Source : Y. Collard, « analyse des facteurs de rejet des nouvelles

technologies : Internet, pouquoi a -t-on peur ? »,

http://www.media-animation.be/Internet-pourquoi-a-t-on-

peur.html

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Petit florilège (1)

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Petit florilège (2)

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Diabolisation de la technologie

1. Technologie impensée ou mal pensée

dans ses usages et ses effets. On

s’inquiète plus qu’on s’interroge sur

les interactions nouvelles entre

individu, technologie et société.

1. Deux attitudes paradoxales :

1. Réduction de la fracture

numérique par apprentissage

non critique de la technologie

2. Augmentation des interdits liés

aux contenus

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Diabolisation de la technologie

3. Distinction entre « réel » et « virtuel »,

clivés entre le vrai ( l’authentique) et le

faux (l’illusion)

Cette distinction est ancrée dans un

appareil à penser le numérique issu

d’une lecture dogmatique de la

philosophie dualiste, pour qui le monde

des apparences ne serait qu’illusion

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Diabolisation de la technologie

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Diabolisation de la technologie

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Diabolisation de la technologie

Ce rejet porte au fond, une vision normative et

morale des rapports humains.

Au contraire, de nombreux chercheurs (Hampton,

Lenhart, Gonzales, …) montrent que :

-les interactions parents-enfants ne seraient

pas afféctées par les médias numériques ;

- les échanges en ligne favorisent l’empathie

envers les usagers ;

-la communication par écrans augmenterait la

communication en face à face.

Les critiques ignorent la diversité des pratiques,

proposent des modèles spécifiques d’usagers

altérés par les relations écraniques.

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Pathologisation de l’adolescence

Les ados trouveraient sur

internet un terrain avant tout

pathogène ou dangereux

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Pathologisation de l’adolescence

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Banalisation d’un discours

psychologisant

Exhibitionnisme,

Voyeurisme,

Narcissisme,

Cyberdépendance,

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Banalisation d’un discours

psychologisant

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Nostalgie et panique morale

- Surgit quand un fait important se

produit dans la société et subit un

processus d’amplification médiatique.

Il devient subitement beaucoup plus

visible, saturant l’analyse du

phénomène

- Nous interprétons des faits comme liés

causalement

- 1.s’ils se produisent en

proximité temporelle.

- 2. si la cause et l’effet ont une

certaine similarité.

- 3. si les faits correspondent à

nos croyances préexistantes.

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Nostalgie et panique morale

+ 1. Pourquoi a-t-on peur des RSN ?

Mal connus, non maîtrisés, les

médias numériques génèrent

des peurs que le grand public

attribue à l’objet plutôt qu’à ses

propres incompétences

+ 2. L’adolescence numérique

+ 2. L’adolescence numérique (généralités : ce que le numérique a pu transformer dans les

pratiques communicationnelles et culturelles.)

1. Passage d’une culture comme bien à une

culture (de soi) comme lien (Laurence Allard, 2005)

En s'exprimant dans les médias sociaux, tout

en créant de petits objets expressifs multimédias

comme des vidéos, des photos, des playlists,

les jeunes explorent ceux qu’ils voudraient être.

Ils espèrent en retour des formes de validation par

autrui du caractère authentique de ce bricolage «

esthético-identitaire » que représente un profil sur

Facebook, un post, qui peuvent être retouchés, effacés,

démultipliés.

Les jeunes s’approprient des contenus à des fins

expressives.

+ 2. L’adolescence numérique (généralités)

2. Des choix de communication spécifique :

- Joutes oratoires distantes de l’univers scolaire comme performance sociale (Lepoutre, 1997).

Il faut montrer sa distance au monde adulte et sa capacité à faire rire.

« Le besoin humain d’avoir des

contacts sociaux et de nouer

des relations amicales revêt

deux formes : le besoin d’un

public devant lequel mettre à

l’épreuve les différents

personnages que l’on se flatte

d’incarner, et le besoin

d’équipiers avec lesquels

établir des rapports d’intimité

complices » (Goffman, 1973)

+ 2. L’adolescence numérique (généralités )

2. Des choix de communication spécifique :

- Pêche aux commentaires comme activité centrale, dans l’espoir d’une réciprocité

+ 2. L’adolescence numérique (généralités)

3. Nouvelles opportunités en ligne :

- Aisance relationnelle en ligne : beaucoup de jeunes

disent se sentir plus à l’aise dans les relations en ligne que

dans les interactions en face à face, surtout les garçons qui

entrent dans l’adolescence (vers 13-14 ans) et qui sont issus

de milieux populaires (autre système normatif) (Metton,

2009)

- Internet est un lieu où l’on peut effectuer un certain

nombre d’apprentissages sur la vie relationnelle. (Delaunay)

- Les usagers cherchent à délimiter très strictement le

périmètre de leur audience. Ils s’adressent aux proches, et

parfois même seulement aux très proches

- Forte scénarisation des échanges sentimentaux ,

exploration profonde des subjectivités ( Balleys, 2012)

+ 2. L’adolescence numérique (généralités)

4. Effets de la mise en scène publique des liens (Boyd,

2014):

1. Avoir un trop grand nombre d’amis en ligne

n’est pas bien considéré : cela passe pour une

affabulation

2. Importance des règles de sélection et de

hiérarchisation des amitiés (caisse de

résonnance, rumeurs, embrouilles) ;

3. Co-régulation et hétéro-régulation

3. Angoisse de l’instabilité des liens : la peur de

la trahison est grande. Il faut avoir des amis, mais

on ne sait jamais si on pourra vraiment compter

sur eux.

2. L’adolescence numérique (généralités)

1. Centration sur soi et renforcement par les pairs :

« extimité » – « intimité surexposée » (Tisseron)

2. L’adolescence numérique

Traits spécifiques (psychologiques) :

+

Processus par lequel on est amené à

exposer un peu de son intimité vers

l’extérieur en la communiquant.

Ce processus s’accompagne d’une

réappropriation de ces éléments de

l’intimité après qu’ils aient été soumis

à l’opinion des autres et évalué à

l’occasion de cette circulation.

L’extimité

+

Musical Ly

L’extimité

+

Musical Ly

1. Téléchargement d’une application sur le

smartphone

2. Choisir une chanson, se filmer, en bougeant les

lèvres et le corps en suivant le rythme de la

chanson

3. Cela génère une courte vidéo que l’on peut

partager avec ses amis ou "fans".

L’extimité

+

Musical Ly

Le mode "privé » permet de trier les personnes qui

regarderont les clips.

Si on opte pour le mode "public", tout le monde peut

s'abonner à votre page et voir vos œuvres.

L’extimité

+

Musical Ly

Chiara, 10 ans : "Avec mes amies, on ne parle que de ça, j’ai

découvert l'application avec sa cousine cet été. Ça me plait

beaucoup. Ma cousine était très douée, elle dansait bien. Du coup

on a pu montrer de belles performances »

Salomé, 14 ans : "Certains passent leur vie dessus !

Personnellement, j'y vais une fois tous les deux jours. C'est drôle,

cela permet de faire des chorégraphies avec des copines",

L’extimité

+

Musical Ly

L'application propose un mode "duo" : on invite un(e) ami(e) à distance

et s'il ou elle accepte, l'application mélange les deux vidéos et cela

permet de faire un clip à deux.

Bianca, 12 ans : "Il y a un mode ralenti, un mode accéléré. Cela peut

donner des vidéos très classes ou très drôles. Je passe en moyenne une

heure par jour dessus »,

Tom, 13 ans : « Ce que je filme est complètement nul mais cela me plait,

ça me fait rire de me voir danser comme un idiot avec de la musique à

fond. J'aime surtout aller voir les autres, pour voir comment ils dansent »

L’extimité

+

Deux effets :

1.Les événements

qui marquent le

cours de la vie

tirent leur

légitimité voire

leur réalité de

leur

médiatisation.

L’extimité

+

Deux effets :

2.Affaiblissement

de la distance

entre public et

privé.

L’extimité

2. Regards sur l’adolescence numérique

Traits spécifiques :

2. Recherche et

construction identitaire

(dans les RSN )

2. Regards sur l’adolescence numérique

Traits spécifiques :

3. Alternance force-faiblesse

3. Regards sur l’adolescence numérique

Traits spécifiques :

4. Tests,

défis, excès,

mises en danger,

mises à mal,

confrontations aux

autres.

2. Regards sur l’adolescence numérique

Traits spécifiques

:

5. Angoisse

d’abandon,

besoin de

recomposition

groupale "l'adolescence est un âge

contradictoire où le rejet de

l'adulte est à la mesure du

besoin qu'on en a".(

Jeammet)

2. Regards sur l’adolescence numérique

Traits spécifiques

:

6. Crise

d’originalité

2. Regards sur l’adolescence numérique

2.Traits sociétaux

1. Reconfiguration des espaces de

liberté et migration ritualisée

vers les RSN

(à quel âge et avec qui ?)

2. Regards sur l’adolescence numérique

2.Traits sociétaux

Reconfiguration des espaces de liberté ( « the digital erosion

of child hood » S.L Gray or :

1. Les adolescents « s’éduquent » entre eux,

notamment parce que la culture adulte leur

semble « malhonnête », et les règles rigides

2. Culture adulte et adolescente ne sont pas

complètement indépendantes. Ils passent ainsi

d’une culture à une autre, par observation des

modèles

3. Les parents sont aujourd’hui convaincus qu’il est

dangereux pour leurs enfants de fréquenter les

autres, y compris sur internet , où précisément ils

créent cette culture autonome

3. Regards sur l’adolescence numérique

2. Traits sociétaux

2. Décomposition de la

structure familiale

traditionnelle

2. Regards sur l’adolescence numérique

2. Traits sociétaux

3. Glorification de

l’adolescence

(jeunisme), pressions exercée

sur les jeunes (culte de la

performance, et de la

concurrence)

2. Regards sur l’adolescence numérique

2. Traits sociétaux

4. Société du risque

zéro et du contrôle

+ 2.

1. On y développe une intense activité

2. On se toise, on se mesure (par des défis)

3. On reconstitue une tribu, qu’on cartographie

4. On noue et maintient le contact

5. On se construit (questions-réponses)

6. On y définit des codes sociaux, ritualisés

7. On y met en oeuvre l’extimité

8. Importance de la sexualité et de la vie

affective

9. Jeu intégration-différenciation (hiérarchisation,

paix sociale)

Regards sur l’adolescence numérique (étude de cas)

+

Création de communautés homophiles

3. Une technologie qui cristallise

les mises en scènes adolescentes

+

Le groupe

Effets de cette communauté éphémère

endogamie

maintien d’une paix sociale

hiérarchisation

intégration-exclusion

Une technologie qui cristallise les mises en

scènes adolescentes

+

Le référent

3.Une technologie qui cristallise

les mises en scènes adolescentes

Validation par les

pairs

+

Quête de

popularité

3.Une technologie qui cristallise

les mises en scènes adolescentes

+ 3.Une technologie qui cristallise les

mises en scènes adolescentes

Des récits

« fantastiques »

+

Identité choisie : multiple, fractale

3.Une technologie qui cristallise les

mises en scènes adolescentes

+

Identité choisie : mobile

3.Une technologie qui cristallise les

mises en scènes adolescentes

+

Identité choisie : plastique

3.Une technologie qui cristallise les

mises en scènes adolescentes

+

Pratique du don

contre-don,

garantie de

paix sociale et

vecteur de

hiérarchie dans

une culture du

lien

3.Une technologie qui cristallise les

mises en scènes adolescentes

+ 4. Une technologie qui cristallise les

besoins adolescents

Echanges fondés

sur la symétrie

et la réciprocité

+

Maintien de l’attention

3.Une technologie qui cristallise les

mises en scènes adolescentes

+

Tension intégration-

différenciation (défis)

4. Une technologie qui cristallise les

besoins adolescents

+

Détournements (mèmes)

3.Une technologie qui cristallise les

mises en scènes adolescentes

+

La cyberdépendance

4. De quelques cyber-embrouilles …

+

La cyberdépendance :

- pas de substances psychotropes

- Il y a du positif dans les RSN

- Porte d’entrée dans l’éducation

aux médias pour les acteurs de la

santé mentale

4. De quelques cyber-embrouilles …

+

Niveau 1 : usage abondant simple

Niveau 2 : usage problématique sans perte de liberté

intérieure

Niveau 3 : usage problématique passionnel

Niveau 4 : usage problématique avec perte de liberté

intérieure

4. De quelques cyber-embrouilles …

La cyberdépendance :

- Il faudrait plutôt parler d’usages excessifs ou

problématiques

Le (cyber) harcèlement

Prolonge et amplifie le harcèlement classique

Le (cyber) harcèlement

Prolonge et amplifie le harcèlement classique

1 Le taux de co-occurrence entre les deux

phénomènes est élevé ( dans environ environ 80%

des cas les enfants harcelés en ligne le sont aussi à

l’école. Le premier facteur est donc prédictif du

second.

2. L’inverse est moins vrai ( 40%).

3. Le taux le plus élevé de cyberharcelement est

observé là où le harcèlement classique est élevé ;

le cyberharcèlement diminue pendant les

vacances scolaires

Le (cyber) harcèlement Le (cyberharcèlement) forme un ensemble

hétérogène.

Le harcèlement

Agressions directes :

moqueries, surnoms, insultes, coups,

racket, etc

Agressions indirectes :

propagation de rumeurs, isolement de

la victime

Le cyberharcèlement

Agressions directes :

Interactions par téléphone

Agressions indirectes :

SMS, mail, chat, réseaux

sociaux

+ Le (cyber) harcèlement

A ne pas confondre avec :

• la cyber-taquinerie »: où l’objectif n’est pas

de blesser l’autre ou de lui porter préjudice.

• « la cyber-dispute» (vraie ou simulée)

rapport de force égal entre les deux parties –

nous ne pouvons donc pas parler d’auteur et de

victime.

• « la cyber-attaque »: incident unique, qui ne

survient donc pas de manière répétitive.

Le (cyber) harcèlement

Les formes du harcèlement

Harcèlement physique Harcèlement verbal Harcèlement sexuel Harcèlement d’appropriation Le cyber-harcèlement

+ en fonction de l’âge et du sexe

Le (cyber) harcèlement Le (cyberharcèlement) forme un ensemble hétérogène.

De nouvelles formes :

Harassment : envoi répété de messages

violents

Flaming : brefs échanges insultants

Dénigration : détruire la réputation

Impersonation : usurpation d’identité

Outing : révélations d’infos

Exclusion

Cyberstalking

Le (cyber) harcèlement

Le (cyber) harcèlement

Des modalités différentes A l’école comme à la maison Le cyber-harcèlement

peut se produire 24h/24 et aucun espace de la vie de la

victime n’est protégé.

Diffusion massive et instantanée qui touche un très

large public, sans aucun contrôle.

Caractère permanent : Les contenus diffusés peuvent

rester en ligne, même si le harcèlement cesse.

Anonymat sur Internet : Le harceleur peut rester

anonyme en agissant via un pseudo (un cas sur deux)

Difficulté à ressentir de l’empathie

Les moyens modernes de communication créent une

distance avec la victime qui peut libérer une certaine

agressivité et encourager la banalisation de la violence.

Le (cyber) harcèlement

Des types différents

Harcèlement textuel

Harcèlement visuel (sexting)

Harcèlement informatique

Harcèlement social

Le sexting

1. « Carrière »

2. Jeu sexuel

3. Preuve d’amour

4. Sexualité sans danger

5. Curiosité

6. Bravade

7. publicité

Facilité par

1. Appareils numériques

2. Absence de long terme

3. Starification

Conclusion

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