Les tacots dautrefois ! Vous en souvenez-vous ? Toussant, fumant, crachant, ils allaient leur...

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Les tacots d’autrefois ! Vous en souvenez-vous ?

Toussant, fumant, crachant, ils allaient leur chemin,

fiers et bringuebalants, suivis par les gamins

escortant à grands cris ces carrosses de fous.

Qui donc aurait pensé, en les suivant des yeux,

qu’un jour prochain viendrait où, avec nostalgie,

on les verrait passer en des corsos fleuris,

astiqués, bichonnés, anciens, mais jamais vieux !

En les voyant trôner au cœur d ’une vitrine,

dans une exposition ou bien dans un musée,

on croit voir auprès d’eux l’ombre de ces beautés

qu’ils transportaient alors, charmantes et mutines.

Les femmes ont toujours aimé l’innovation.

Sur les coussins de cuir étalant leurs dentelles,

elles aimaient goûter ces sensations nouvelles,

voulant en toute chose donner leur opinion.

Et, près de ces tacots transformés en idoles,

témoins d’un temps passé pourtant pas si lointain,

on croit encore voir le reflet d ’un satin,

la moire d’une soie, un chapeau qui s’envole...

Leur beauté égayait la sombre mécanique

et leur grâce éclairait ses monstres durs et fiers.

Leurs rubans s’envolaient dans ce fracas d’enfer ;

elles se laissaient griser par cet engin magique.

Qu’un galant en gibus lui ouvre sa portière,

l’invitant galamment à monter à son bord,

et le cœur de la belle battait un peu plus fort :

D’être l’heureuse élue elle se sentait si fière !

Ainsi se sont nouées de douces amourettes,

naissant ou s’achevant au fracas des moteurs,

exaltant les esprits ou attristant les cœurs,

avec un goût amer ou bien un air de fête...

Et les dandys sûrs d’eux, en invitant les belles

à monter à leur bord, escomptaient bien, surtout,

pouvoir leur dérober un baiser dans le cou

ou - tendre souvenir ! - voler quelque dentelle...

"C’n’est pas l’amour, c’est sa banlieue !" Et certes mainte belle,

grisée par la vitesse, troublée par un baiser,

sentait son cœur soudain frémir et palpiter

lorsque le conducteur se serrait plus près d’elle...

Les mots qu’on vous murmure ont toute autre saveur

devinés dans le vent, emportés par la brise...

L’amazone soudain se fait tendre et soumise,

dans l’odeur de l’essence et le bruit du moteur !

Je mêle allègrement les modes, les époques !

Mainte belle aperçue en imagination

ne pouvait point connaître encore ce frisson !

Oui… Mais de la logique mes rêveries se moquent !

C ’est pourquoi j’entrevois, près de ces vieux tacots,

se dessiner soudain l’ombre de quelque belle,

ramassant ses jupons et fermant son ombrelle,

et prête à se griser de vitesse et de mots !

Les tacots d’autrefois ! Vous en souvenez-vous ?

Toussant, fumant, crachant, ils allaient leur chemin,

fiers et bringuebalants, suivis par les gamins

escortant à grands cris ces carrosses de fous.

Dvorak : HumoresquesTexte de Jacky

Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la PaixJacky.questel@gmail.comhttp://jackydubearn.over-blog.com/Site  :http://www.jackydubearn.fr/

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