L'Industrie, voilà notre destin

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Tribune des députés de la droite populaire sur l'industrie

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Tous droits réservés - Les Echos 201125/1/2011P.17Idées

E lus de terres industrielles, nous avonssouvent partagé les combats des

ouvriers et de leurs entreprises, combatscontre des concurrents déloyaux, com-bats contre des spéculateurs prêts àdéménager leursmachines par une nuitsanslune ;maisleursjoiesetleursespoirsaussi quand un marché nouveaus’ouvrait ou qu’une découverte dessinaitunavenircollectif.L’industrie,pournous,ce sont des hommes et des femmes, desterritoires, des chercheurs, mais c’estaussi l’histoire et ledestindenotrepays.Noussommesattachésàl’idéedepoli-

tique industrielle parce qu’elle exprimeune volonté, le refus du déclin annoncé,une ambition partagée par l’ouvrier,l’ingénieuretlepatron.CettepolitiqueestnéedelavolontédugénéraldeGaulle,aulendemain de la guerre, de donner ànotre pays l’indépendance qui lui avaitfait tantdéfaut : l’histoire lui donnera rai-sond’avoirlancéleprogrammenucléairecivil et militaire. Dès 1958, d’autres pro-grammessontengagésdansdessecteursstratégiques, comme l’aéronautique, lestransports et l’industrie spatiale, quisignent, cinquanteansplus tard, laperti-nencedecette« politiquedepuissance »,poursuivieparGeorgesPompidou.Nicolas Sarkozy, alors ministre des

Finances, a renoué avec cette ambition,en favorisant la construction d’un despremiers groupes pharmaceutiquesmondiaux, Sanofi-Aventis, en sauvantAlstomde la faillite. Depuis ont été crééslespôlesdecompétitivité,leFondsstraté-gique d’investissement, le groupe Oséo ;unepolitiquepublique, encoremodeste,d’intelligence économique, a été enga-gée, ainsi qu’une réflexion collective surl’avenir de notre industrie à travers lesétats généraux puis la Conférence natio-nale de l’industrie, qui associe, enfin,comme au Fonds stratégique d’investis-sement (FSI), lespartenaires sociaux.La crise financière adémontré qu’il ne

resteplusque l’Etat quand lemarchéne«marche »plus.C’estàluiqu’ilrevientdedonner du sens quand les économiesperdent le sens commun ; c’est à lui degarantir la cohésion sociale quand lemarché entretient des rentes inaccepta-bles ; à lui encore de définir nos intérêtsstratégiques, deconjuguernos talents.Nous croyons à l’industrie : parce

qu’elle estpournous le visagede l’écono-mie réelle,dont lacrise financièreasouli-gnéqu’elle constituait le plus solidepilierde résistancequand tout s’effondrait. Elle

est levisagedesesouvriersetdeses ingé-nieursquifont lavitalitédenosterritoires,quidonnentunsensàlarecherche,cons-truisentnos indépendances, garantissentnotre influencecommercialeetdiploma-tiquedans lemonde.Maisnotreindustrieasouffert :àtravers

des délocalisations, les démantèlementsorganiséspardesspéculateurset latyran-nie des marchés financiers, elle a perdu500.000 emplois depuis 2000 et sa partdanslePIBatteintpéniblement14%,der-rière l’Allemagne (27 %) et même leRoyaume-Uni (17 %), que l’on croyaitdésindustrialisé.Elleestattaquéedanssesefforts de développement par une Com-mission européenne, hostile aux cham-pionsnationauxetmêmeeuropéens,quia réussi à faire de notre continent le seulterritoirededéveloppementéconomiqueaumondeaussiouvert et aussioffert. Elleestviolemmentdéstabiliséeparleseffortsdes nouveaux pays industriels, à l’instardelaChine,quivaconsacrer,danslescinqprochaines années, 1.500 milliards dedollarsàsesprioritéstechnologiques.Elleestmêmeparfoisfragiliséepardesorgani-sations non gouvernementales qui enta-chent sa réputation et ne partagent pasnotre conception de l’intérêt général.Peut-onmême dire qu’elle est soutenuepar les établissements bancaires, suffi-samment comprise par nos administra-tions,véritablementaiméeparnosjeunesingénieurs ?L’industrie française et européenneaffronte une véritable guerre économi-que. Une guerre, pour l’opinion publi-

que, sans visage et sans image. Uneguerreàlaquellenousautres,FrançaisetEuropéens, ne sommes pas suffisam-mentpréparés,uneguerreoùnoussou-haiterions simplement avoir le droit delutter àarmeségales.Notre groupe est convaincu qu’il faut

se doter, collectivement, Etat, élus,entreprises, syndicats, universitaires etchercheurs d’une audacieuse politiqueindustrielle, d’une nouvelle grille delecture de la mondialisation aussi, quin’est ni le paradis des ultralibéraux nil’enferdesaltermondialistes :maisbienle théâtre d’opportunités à saisir et derisques dont il faut se prémunir, sansnaïveté ni paranoïa. L’industrie, voilànotre destin.

M. Bernard Carayon (Tarn),Olivier Dassault (Oise),Mme Sophie Delong (Haute-Marne),M. Daniel Fasquelle (Pas-de-Calais),M. Claude Gatignol (Manche),M. Gérard Hamel (Eure-et-Loir),M. Alain Joyandet (Haute-Saône),M. Jacques Kossowski (Hauts-de-Seine), M. Daniel Mach(Pyrénées-Orientales), M. RichardMallié (Bouches-du-Rhône),M. Damien Meslot (Territoirede Belfort), M. Jacques Myard(Yvelines), M. Jean Proriol (Haute-Loire), M. Didier Quentin (Charente-Maritime), M. Frédéric Reiss(Bas-Rhin), M. Jean-Marie Sermier(Jura), M. Michel Terrot (Rhône),M. Christian Vanneste (Nord)

LE POINT DE VUE D’UN COLLECTIF DE DÉPUTÉS UMP

L’industrie, voilà notre destinNous croyonsà l’industrie :parce qu’elle estpour nous le visagede l’économie réelle,dont la crise financièrea souligné qu’elleconstituait le plussolide pilierde résistance quandtout s’effondrait.