Marc Riboud La jeune fille à la fleur - Vues de la...

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Histoire des arts

Marc RiboudLa jeune fille à la fleur

Présentation de l'œuvre

1. Qu'est-ce que c'est ?

2. Par qui cette œuvre a-t-elle été réalisée ?

3. De quand date-t-elle ?

4. Dans quel contexte s'inscrit-elle ?

1. Une photographie de presse.

1. Une photographie de presse.

2. Marc Riboud, photographe français.

1. Une photographie de presse.

2. Marc Riboud, photographe français. 3. 21 octobre 1967

1. Une photographie de presse.

2. Marc Riboud, photographe français. 3. 21 octobre 1967

4. Manifestation contre la guerre du Vietnam, Washington, devant le Pentagone.

L'auteur

● Marc Riboud (né le 24 juin 1923 à Saint-Genis-Laval, France) est un photographe français connu, entre autres, pour ses reportages en Asie : The Three Banners of China, The Face of North Vietnam, Visions of China, et son plus récent In China…

● M. Riboud, photographe et homme engagé, témoigne des atrocités de la guerre (au Viêt Nam, il travaille du côté américain et du côté nord-vietnamien) et du déclin des cultures sous la répression (en Chine pendant la Révolution culturelle). En contrepoint, il sait capter la grâce de la vie quotidienne dans des lieux lointains inondés de soleil (Fès, Angkor, Acapulco, Bénarès, le Shaanxi, le Niger) et le lyrisme des jeux d'enfants dans le Paris de tous les jours.

Qu'est-ce que je vois ?

● Une jeune fille, une fleur à la main, fait face à des soldats armés.

● Elle porte une chemise bariolée à fleurs qui évoque la mode hippie tout comme sa coiffure courte anticonformiste.

● Son geste de recueillement connote la piété, le calme, la paix.

● Elle offre un visage calme, serein.

Qu'est-ce que je vois ?

● Une rangée de soldats casqués, habillés à l'identique, au point de se confondre et de ne faire qu'un, fusils pointés en avant.

● On reconnaît bien sûr ici les forces de l’ordre dont la mission est de contenir la manifestation et de prévenir tout débordement.

● Ils semblent définitivement sur la défensive. Leur gestuelle est sans ambigüité : baïonnettes en avant, prêts à charger, attitude agressive et belliqueuse en parfaite adéquation avec leur fonction de soldat.

Aussiavons-nous ici en présence deux entités qui se font face et

qui incarnent deux positions antagonistes : pour et contre la guerre.

La composition de la photographie

Où sont les manifestants ?

Une jeune fille isolée par le choix du cadrage et celui de la focale qui règle la netteté sur le premier plan et plonge l’arrière-plan dans le flou. C’est bien sûr un choix assumé : de la sorte cette jeune fille va symboliser, par un effet de synecdoque (une partie pour le tout), l’ensemble des manifestants. Elle est donc censée être à l’image des autres pacifistes et les personnifier à elle seule.

Le point de vue du photographe semble à priori neutre puisque celui-ci se trouve sur la ligne de front et non

dans l’un ou l’autre camp. Pourtant, ce qui fait la force de cette image

c’est précisément son discours et son

point de vue orienté résultant d’une

composition parfaitement maîtrisée.

L’intérêt spécifique de ce document n’est

donc pas tant à chercher du côté du

geste que dans l’image. Reste à

définir comment cette photographie crée du sens. Autrement dit,

comment le photographe – et non la manifestante – crée

le symbole.

Gauche Droite

Hommes Femme

Pluriel Singulier

Passé Avenir

VerticaleHorizontales

Sombre Clair

Flou Net

Lignes droites Courbes

Un jeu d'oppositions

Hommes/Armes/Guerre Femme/Fleur/Paix

Lignes droites = Violence

Symbole phallique des baïonnettes = agressivité

Virginité de la fleur = innocence

Homme actif

Femmepassive

Courbes = symbole de la mère, de la protection = non violence

Impérialisme Résistance

MORT VIE

On le voit, rien ici n’est laissé au hasard. Ajoutons que si la jeune fille a un visage, les soldats, nombreux, identiques et anonymes, n’en n’ont pour ainsi dire pas. D’ailleurs la plupart sont flous et celui qui se trouve en face de la manifestante, et qui aurait dû avoir son visage net et en gros plan, demeure hors cadre. Tout cela bien sûr participe de la symbolique. L’humain face à la machine de guerre. L’individu face à l’armée. L’amour face à la guerre. Le courage face à la force. David face à Goliath. Et dans ces cas de figure, la sympathie de l’observateur va toujours au plus faible, ce que Marc Riboud n’ignorait certainement pas.

ConclusionComment alors rêver meilleure célébration du flower power ? Ce visage de jeune fille, c’est le visage de la jeunesse contestataire des années 60. Un visage qui vaut mille manifestants. Une image surtout qui vaut mille discours. Une image-symbole mais une image engagée aussi : engagée contre la guerre, contre la violence.

Prolongement

Flower Power, Washington D.C., 21 octobre 1967 (Bernie Boston)

● Prises lors du même événement (la marche sur le Pentagone en protestation contre la guerre du Vietnam), le même jour (21 octobre 1967) et traitant du même thème (la fleur face aux fusils), les deux photos passent à la postérité.

● Comment l’expliquer ?

Sur les deux clichés, le photographe donne à voir la ligne de front, policiers d’un côté, manifestants de l’autre. La tension dramatique est particulièrement forte. Alors que deux blocs se toisent, refusent de céder un pouce de terrain, une fleur légère, insignifiante, tellement fragile qu’on veut la laisser vivre, suspend le temps de la confrontation. Qu’est-ce qu’une bonne photo, si ce n’est donner à voir le temps suspendu ?

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