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Année 2009-2010
MEMOIRE
Présenté pour l’obtention de la
LICENCE PROFESSIONNELLE
Spécialité « Optique Professionnelle »
à
Université Paris-Sud 11
Faculté des Sciences d’Orsay
par
Melle Céline COLLONGE
Evolution des kératites amibiennes et
vulgarisation des lentilles de contact
Soutenu devant la commission d’examen en septembre 2010
JURY
Président : R. LEGRAS
Tuteur : C. FONTVIEILLE
Membre :
REMERCIEMENTS
Je tiens sincèrement à remercier l’équipe pédagogique de l’ISO Lyon pour leurs
enseignements de qualité tout au long de cette année de Licence.
Je remercie également M. Fontvieille pour ses conseils et son aide pour la réalisation
de ce mémoire.
Enfin, un grand merci à ma famille et à toute l’équipe Optique RABOURDIN pour leur
soutien durant cette année.
RESUME
La kératite amibienne est une pathologie rare mais néanmoins grave de la
cornée. Si elle n’est pas diagnostiquée rapidement, le pronostic visuel peut être mis
en jeu. Découverte en 1974, on a observé une augmentation de cette maladie ces
vingt dernières années. Cette évolution entre en corrélation avec l’augmentation du
nombre de porteurs de lentilles. La vulgarisation des lentilles de contact a été la
porte ouverte aux amibes.
Les porteurs n’étant pas toujours bien sensibilisés aux règles d’utilisation et
d’hygiène des lentilles, le nombre d’infections de la cornée a fortement augmenté,
dont les kératites amibiennes. L’utilisation de l’eau du robinet, des produits
d’entretien pas toujours actifs ou mal employés, voire la fabrication maison de
produits d’entretien, sont autant de facteurs de risques.
Aujourd’hui, la kératite amibienne est de mieux en mieux diagnostiquée et les
traitements de plus en plus efficaces. Parallèlement les matériaux utilisés dans la
fabrication des lentilles de contact évoluent permettant à celles-ci d’être de plus en
plus confortables, mais on peut se demander si les amibes peuvent s’attacher
davantage à ces nouveaux matériaux. L’amélioration du confort induit une
augmentation du nombre de porteurs qui peuvent aujourd’hui se procurer des
lentilles sur internet ou en grandes surfaces. Par conséquent, ils n’auront pas les
connaissances nécessaires à une bonne utilisation et une bonne hygiène.
Nous devons garder un œil sur l’évolution des kératites amibiennes et
continuer de sensibiliser les porteurs.
MOTS CLES :
Amibe, kératite, lentille de contact, facteurs de risque, évolution
ABSTRACT
Acanthamoeba keratitis is a rare but serious pathology of the cornea. If it is not
diagnosed promptly, the visual prognosis can be involved. Discovered in 1974, we
noticed an increase of the disease for the past twenty years. This evolution can be
correlated with the increase in the number of contact lens wearers. The
popularization of the contact lens has been the gateway to amoebae.
Wearers are not always aware of the rules of use and hygiene of the lenses,
the number of corneal infections increased sharply including Acanthamoeba keratitis.
The use of tap water, the homemade contact lens solution indeed solutions not
always active or misused, are so many risk factors.
Nowadays, Acanthamoeba keratitis is more and more diagnosed and
treatment more effective. Meanwhile the materials used in the manufacture of contact
lenses evolve enabling them to be more comfortable, but we wonder whether the
amoeba can cling more on these new materials. In addition, more comfort means
more wearers, some of them will be able to buy their lenses online or at
supermarkets. Therefore they will not have the knowledge to good use and good
hygiene.
We have to keep an eye on the evolution of Acanthamoeba keratitis and
increasing wearers awareness still essential.
KEY WORDS :
Ameba, keratitis, contact lens, risk factors, evolution
SOMMAIRE
Liste des tableaux et figures ....................................................................................... 1
Introduction ........................................................................................................... 2
Partie 1 : Généralités .......................................................................................... 3
I. Les kératites amibiennes ............................................................................... 3
1. Epidémiologie ................................................................................................ 3
2. Diagnostics et traitements ............................................................................. 5
II. Les lentilles de contact .................................................................................. 7
1. Histoire .......................................................................................................... 7
2. Les types de port ........................................................................................... 9
3. Evolution des matériaux : le silicone-hydrogel ............................................... 9
Partie 2 : Parallèle entre kératites amibiennes et la vulgarisation des lentilles de contact ............................................................................................ 11
I. Acanthamoeba et matériaux des lentilles de contact ................................ 11
1. Hydrogels .................................................................................................... 11
2. Silicone-hydrogels ....................................................................................... 12
3. Les traitements de surface .......................................................................... 15
II. Acanthamoeba et hygiène des lentilles de contacts ................................. 16
1. L’eau du robinet ........................................................................................... 16
2. Les solutions d’entretien et leur utilisation ................................................... 17
3. Les lentilles 1 jour et les lentilles cosmétiques ............................................ 19
Conclusion ........................................................................................................... 21
Liste des références bibliographiques ...................................................................... 22
1
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
1. R. A. Armstrong and S.N. Smith / Ulcerative keratitis caused by Acanthamoeba /
OT / 2001 / page 36
2. E. Beaubert, F. Pariguet, S. Taboulot / Manuel de l’opticien / Edition Maloine /
2005 / page 13
3. T. Bourcier, C. Chaumeil / Prescrire les collyres antifongiques et antiamibiens /
Journal Fr. Ophtalmol. / 2007 / Vol.30, No.4, page 434
4. Joseph T. Barr, CLS staff / 20 Years of Contact Lenses / Contact Lens Spectrum/
2006 / www.clspectrum.com
5. Tara K.Beattie, Alan Tomlinson, Angus K. McFadyen, David V. Seal, Anthony
M. Grimason / Enhanced Attachment of Acanthamoeba to Extended-wear Silicone
Hydrogel Contact Lenses / Ophtalmology / 2003 / Vol. 110, page 768
6. Tara K.Beattie, Alan Tomlinson, Angus K. McFadyen / Attachment of
Acanthamoeba to First- and Second-Generation Silicone Hydrogel Contact lenses /
Ophthalmology / 2006 / Vol.113, page 120
7. J.M. Gonzalez-Méijome, A. Lopez-Alemany, J.B. Almei da, M.A. Parafita /
Surface AFM Microscopy of unworn and worn samples of silicone hydrogel contact
lenses / Journal of Biomedical Material Research Part B : Applied Biomaterials /
2008 / Vol. 88B, Issue 1, page 77
8. A. Tomlinson, T.K. Beattie, D.V. Seal / Attachment of Acanthamoeba to Focus
Night & Day (lotrafilcon A) Silicone Hydrogel Contact Lenses / Invest Ophthalmol Vis
Sci / 2003 / Vol.44
9. Simon Kilvington / Through a glass darkly – Contact lenses and personal
hygiene / Microbiology Today / 2000 / Vol.27, pp 66-69
10. J. Colin, F. Aitali, F.Malet,D. Touboul, J. Feki / Kératite infectieuse bilatérale
chez une patiente porteuse de lentilles souples cosmétiques / J Fr. Ophtalmol / 2006/
Vol.29, No.6, page 666
2
INTRODUCTION
La kératite amibienne est une infection très rare de la cornée. Sa première
description a été donné en 1974 (1). Depuis plusieurs études ont montré son
évolution. On a pu observer une augmentation des cas de kératites amibiennes
depuis 1985. Plusieurs hypothèses ont été émises, notamment le fait que les
caractéristiques de cette maladie étant de mieux en mieux connue, elle était détectée
plus facilement (2), mais aussi la forte croissance du nombre de porteurs de lentilles
de contact depuis les années 80.
En vingt ans, le monde de la contactologie a connu de grandes évolutions (3),
les matériaux améliorant sans cesse le confort des porteurs, modulant le temps de
port en fonction des besoins de chacun, permettant de corriger tous les défauts
visuels ou simplement de changer la couleur des yeux. Aujourd’hui les lentilles de
contact sont à la portée de tout le monde, leur prix à fortement chuté et on peut
même les acheter sur internet. Par conséquent, ce qui relevait d’un acte médical est
devenu un produit de consommation courante. Les porteurs sont alors de moins en
moins bien informés des risques liés au port des lentilles de contact.
Ainsi, le parallèle entre l’évolution du nombre de kératites amibiennes et la
vulgarisation des lentilles de contact est indispensable. On peut alors se demander
quels sont les facteurs de risques de la maladie et leurs liens avec les lentilles de
contact. Le mauvais usage des porteurs, les matériaux des lentilles ou l’efficacité des
produits d’entretien sont-ils à mettre en cause ?
Le but final de cette analyse est de savoir si l’évolution des kératites
amibiennes est bien en corrélation avec la vulgarisation des lentilles de contact et si
certains facteurs de risques peuvent être évités.
I. Les kératites amibiennes
1. Epidémiologie
Parasitologie : Les amibes
et dont trois sont pathogènes pour l’homme
recense plus de 35 espèces différentes parmi lesquelles 8 peuvent être à l’origine de
kératites amibiennes : A.castellani, A.polyphaga, A.hatchetti, A.culbartsani,
A.rhysode, A.lugdunesis, A.quina
formes : trophozoite et kyste. Le trophozoite
l’amibe. Il est muni de pseudopodes
de se nourrir et de se déplacer)
l’amibe. En effet, Acantho vient du grec qui signifie bouclé.
qui sont à l’origine des lésions cornéennes. Le kyste (Figure 2) est la forme de
survie. Il est très résistant notamment au chlore des piscines. Il se forme en 8 à 15
jours et il assure la transmission d’un hôte à l’autre.
bactéries comme l’Escherichia
les trophozoites se transforment en kystes puis quand le milieu redevient favorable à
son développement, le processus inverse est effectué.
cornée pour sa température, idéale à sa prolifération.
Figure 1 . Acanthamoeba sous forme trophozoite
(1. Armstrong)
PARTIE 1 :
GENERALITES
Les kératites amibiennes
sont des protozoaires qui existent sous différents genres
trois sont pathogènes pour l’homme et parmi elles, l’Acanthamoeba.
recense plus de 35 espèces différentes parmi lesquelles 8 peuvent être à l’origine de
A.castellani, A.polyphaga, A.hatchetti, A.culbartsani,
A.rhysode, A.lugdunesis, A.quina et A.griffini. L’Acanthamoeba existe
phozoite et kyste. Le trophozoite (Figure 1) est la forme végétative de
l’amibe. Il est muni de pseudopodes (déformation membranaire qui permet à l’amibe
et de se déplacer) en forme de boucles qui ont donné son nom à
vient du grec qui signifie bouclé. Ce sont les trophozoites
qui sont à l’origine des lésions cornéennes. Le kyste (Figure 2) est la forme de
survie. Il est très résistant notamment au chlore des piscines. Il se forme en 8 à 15
mission d’un hôte à l’autre. L’Acanthamoeba
Escherichia coli. Dès que l’environnement devient difficile à vivre,
les trophozoites se transforment en kystes puis quand le milieu redevient favorable à
cessus inverse est effectué. L’Acanthamoeba
cornée pour sa température, idéale à sa prolifération. (2) (4)
hamoeba sous forme trophozoite Figure 2 . Acanthamoeba sous forme kyste
3
existent sous différents genres
Acanthamoeba. On en
recense plus de 35 espèces différentes parmi lesquelles 8 peuvent être à l’origine de
A.castellani, A.polyphaga, A.hatchetti, A.culbartsani,
existe sous deux
la forme végétative de
i permet à l’amibe
qui ont donné son nom à
Ce sont les trophozoites
qui sont à l’origine des lésions cornéennes. Le kyste (Figure 2) est la forme de
survie. Il est très résistant notamment au chlore des piscines. Il se forme en 8 à 15
Acanthamoeba se nourrit de
. Dès que l’environnement devient difficile à vivre,
les trophozoites se transforment en kystes puis quand le milieu redevient favorable à
Acanthamoeba apprécie la
. Acanthamoeba sous forme kyste
4
Pathogénèses : L’apparition de kératites ambiennes dépend de plusieurs facteurs :
l’état de l’épithélium cornéen, la virulence ou la capacité d’adhérence de l’amibe, le
moyen de transmission (lentille de contact, eau contaminée…) ou encore la durée
d’exposition. Cependant, le mécanisme précis des kératites amibiennes reste flou.
Ce qui est sûr c’est que l’infection détruit l’épithélium et le stroma cornéen puis les
cellules inflammatoires peuvent jusqu’à perforer la membrane de Descemet. (2)
(Figure 3)
Figure 3 . Structure de la cornée (2. Beaubert)
Facteurs d’apparition et évolution : Le premier cas clinique de kératite amibienne
date de 1974 (1). Jusqu’en 1959, les Acanthamoeba étaient considérées comme des
amibes inoffensives vivant dans l’eau et la terre. Effectivement, on retrouve
l’Acanthamoeba dans la nature. Elle vit principalement dans l’eau (rivière, lac, mer,
du robinet, en bouteille, piscines, bains…) avec une préférence pour l’eau tiède et
stagnante, mais également dans la poussière, la boue, les systèmes d’air
conditionné, les excréments humains ou animales, le système respiratoire humain et
les lentilles de contact (ainsi que les produits d’entretien et les étuis). Malgré cette
forte présence dans notre environnement, aucun cas de kératites amibiennes n’a été
recensé avant 1974. Entre 1974 et 1983, les cas restent extrêmement rares puis une
forte augmentation apparait à partir de 1985. Les raisons de cette évolution ne sont
pas certaines, et plusieurs explications sont alors envisageables : les cas précédents
étaient mal diagnostiqués ; des avancées dans la connaissance de la maladie
permettent de mieux la détecter ; la solution la plus plausible aujourd’hui, la très forte
augmentation du port de lentilles de contact et enfin, une autre hypothèse est celle
de la non-efficacité contre les amibes des produits d’entretien pour lentilles de
5
contact. En effet, l’Acanthamoeba résiste au gel, à la déshydratation, à un grand
nombre d’agents anti-microbiens et au niveau de chlore contenu dans les piscines ou
les produits d’entretien pour lentilles de contact. Par rapport aux lentilles de contact,
toutes les sortes de lentilles sont concernées et elles sont en cause dans 80 à 86 %
des cas de kératites amibiennes. Cependant les lentilles rigides sont beaucoup
moins touchées que les lentilles souples bien que la pratique de l’orthokératologie
pose aujourd’hui quelques problèmes. L’apparition des lentilles en silicone-hydrogel
est également un facteur de risque. Depuis 1985, le nombre de cas de kératites
amibiennes est en constante augmentation. (2) (4) (5)
2. Diagnostics et traitements
Symptomatologie : Les personnes atteintes de kératites amibiennes peuvent avoir
une sensation de corps étranger, de la photophobie, un larmoiement excessif, mais
c’est surtout une douleur plus ou moins intense liée à une baisse de l’acuité visuelle
qui les amènent souvent à consulter leur ophtalmologiste. Une observation en
biomicroscopie peut montrer en fonction des cas et de l’avancement de la maladie,
une kératite ponctuée superficielle, un abcès, un ulcère, un important infiltrat stromal
annulaire, des microkystes, des pseudo-dendrites, une kératonévrite radiaire ou
encore une réaction inflammatoire de la chambre antérieure. Cependant il y a très
peu de néo-vascularisation. (4) (6) (7)
Diagnostics : Il est très difficile de diagnostiquer une kératite amibienne. En effet, la
maladie étant très rare, les kératites virales, bactériennes ou mycosiques sont
généralement évoquées en première intention. Elle est également souvent
confondue avec la kératite herpétique. Par conséquent, le diagnostic d’une kératite
amibienne est la plupart du temps tardif or l’efficacité du traitement dépend de la
précocité du diagnostic. La certitude du diagnostic peut être donnée de plusieurs
façons : (2) (4) (5) (6) (7)
- l’analyse des lentilles de contact et de leur étui
- une coloration au PAS (Periodic Acid Schiff) qui colore les kystes en rouge
- le calcofluor white est une coloration spécifique des amibes. Elle colore les
kystes en vert et les tropozoïtes en marron sous microscopie fluorescente.
6
- le grattage cornéen, prélèvement de référence effectué sous lampe à fente.
L’ophtalmologiste prélève des cellules cornéennes à l’aide d’une lame pour
pouvoir faire ensuite une culture microbiologique.
- la biopsie cornéenne, obligatoire s’il y a atteinte stromale
- la Polymerase Chain Reaction (PCR) permet une détection beaucoup plus
précise car la chaine polymérase réagit avec l’ADN de l’Acanthamoeba même
si l’échantillon à analyser est très petit. Cependant cette méthode est présente
dans peu d’établissements pour l’instant. (8)
Traitements : La rareté de la maladie fait qu’il existe peu d’études cliniques des
différents traitements possibles. Cependant, il semble ressortir que l’association de
biguanide comme le PHMB ou la chlorhexidine et de diamidines comme la
propamidine est le traitement le plus efficace (4) (5) (7). En effet, ils agissent
ensemble sur la membrane cellulaire et la chaine respiratoire de l’amibe (4).
L’utilisation de corticoïdes pour limiter la réaction inflammatoire est plutôt
controversée car bien que soulageant la douleur, elle prolonge la durée du traitement
(5). Le protocole de traitement est clairement résumé dans le Tableau 1. (7)
Tableau 1 Protocole de traitement antiamibien. (3. Bourcier et Chaumeil)
Lorsque l’atteinte cornéenne est trop grave, la seule solution de traitement reste
la greffe de cornée complète ou plus spécifiquement la kératoplastie transfixiante.
Cette opération est pratiquée s’il y a apparition d’un fort astigmatisme ou qu’une
opacité empêche la vision. Elle doit être effectuée après 3 mois de traitements pour
Traitement local
• PHMB 0,02 % (Pharmacie hospitalière) :
– 1 goutte par heure, y compris la nuit le 1er et le 2e jour,
– puis 1 goutte par heure le jour du 3e au 5e jour,
– puis 1 goutte toutes les 2 heures du 6e au 13e jour,
– puis 1 goutte, 4 fois par jour du 14 au 20e jour, à poursuivre 2-6 mois.
• Désomédine 0,1 %® ou Brolène 0,1 %® (ATU) :
– 1 goutte par heure, y compris la nuit le 1er et le 2e jour,
– puis 1 goutte 4 fois par jour pendant 2-6 mois.
Traitement général
(atteinte stromale ou sclérite
associée)
• Sporanox® :
– 800 mg le premier jour (dose de charge),
– puis 400 mg par jour pendant 2-4 mois.
Bilan hépatique avant et pendant le traitement
7
minimiser le risque de réinfection. Cependant les avis divergent à ce sujet et
certaines études préfèrent une opération le plus tôt possible avant que l’infection ne
s’étende trop. D’autres préfèrent attendre que le traitement soit réussi (2). Dans tous
les cas, la kératoplastie est très délicate et il y a de forts risques de rejets ou de
récidives de la maladie. Le traitement antiamibien doit continuer pendant 6 mois
après l’opération. Des complications sont associées à la greffe de cornée comme le
glaucome ou l’hypertonie réfractaire. Une autre méthode existe depuis 2004 pour
éviter la kératoplastie transfixiante. Il s’agit de la kératoplastie lamellaire (5). Au lieu
de greffer toute l’épaisseur de la cornée, on ne greffe qu’une seule couche,
l’épithélium, grâce à une transplantation de membrane amniotique (placenta). Il faut
parfois plusieurs transplantations pour une guérison complète mais cette méthode
est beaucoup plus performante que la première et les risques de rejet sont faibles. La
plupart des personnes ayant subi cette opération ont retrouvé au moins 5/10
d’acuité. Les risques post opératoire tel le glaucome restent néanmoins présents.
Toutefois, il faut retenir que pour éviter la greffe de cornée, un diagnostic précoce de
la kératite amibienne est indispensable (9).
II. Les lentilles de contact
1. Histoire
Depuis l’idée des lentilles de contact en 1508 par Léonard De Vinci , le monde de
la contactologie a beaucoup évolué. Après divers essais au fil des siècles, c’est en
1949 que les premiers verres cornéens en PMMA voient le jour. Ils permettaient
jusqu’à 16h de port par jour et furent largement diffusés pendant les années 60.
Cependant, le PMMA ne laissait pas passer l’oxygène et créait alors des
complications cornéennes. Durant les années 80 et 90, de nombreuses recherches
ont permis d’améliorer la perméabilité à l’oxygène jusqu’à nos lentilles rigides
perméables au gaz d’aujourd’hui. Notamment avec des matériaux à haut Dk et/ou à
base de silicone-hydrogel qui permettent aux lentilles rigides d’être beaucoup plus
confortables. Plus récemment, les lentilles rigides sont également utilisées en
orthokératologie permettant de modifier la forme de la cornée. (3)
8
Parallèlement, le chimiste tchèque Otto Wichterle met au point le premier
matériau pour lentilles souples en 1959. Puis en 1971, la lentille Soflens de Bausch
& Lomb obtient l’approbation de la FDA (Food and Drug Administration). Les lentilles
souples trouvent rapidement leur place sur le marché car elles sont plus confortables
que les lentilles rigides.
Durant les 25 années suivantes, les laboratoires n’auront de cesse que
d’améliorer la qualité des matériaux mais aussi la compatibilité avec la prescription
de chaque porteur par la création de lentilles toriques puis de lentilles multifocales.
En 1999, la première lentille en silicone-hydrogel, comme le Balafilcon A, fait son
apparition, offrant une meilleure perméabilité à l’oxygène et permettant ainsi
d’augmenter le confort et le temps de port. Mais elle entraine une mauvaise
mouillabilité. Par ajout de molécules, les lentilles en silicone-hydrogel de deuxième
génération en Galyfilcon A voient le jour. Enfin en 2006, les lentilles en silicone-
hydrogel de 3ème génération composée de Comfilcon A sont créées.
Les matériaux des lentilles souples sont regroupés dans 4 groupes FDA :
- le groupe I : matériaux à faible teneur en eau et faible Dk ;
- le groupe II : matériaux à forte teneur en eau et faible Dk ;
- le groupe III : matériaux à faible teneur en eau et haut Dk ;
- le groupe IV : matériaux à forte teneur en eau et haut Dk.
Aujourd’hui, 2% de la population mondiale porte des lentilles de contact. Aux
Etats-Unis, on est passé de 18 millions de porteurs en 1987 à 38 millions en 2009.
Dans les années 90, 72% des porteurs utilisaient des lentilles souples, 13% des
LRPG et 7% des lentilles en PMMA. Aujourd’hui, 89% sont en lentilles souples (dont
60% en silicone-hydrogel), 9% en LRPG et 1% en PMMA. Les chiffres montrent bien
la forte augmentation de porteurs sur les 20 dernières années et surtout le port de
lentilles souples. (10)
9
2. Les types de port
Aujourd’hui, on peut facilement choisir des lentilles en fonction du temps de port
souhaité. Il existe des lentilles souples journalières, bimensuelles, mensuelles,
trimestrielles et annuelles. En 2009, parmi les porteurs de lentilles souples, il y avait
40% de porteurs en mensuelles, 40% en bimensuelles, 11% en journalières, 4% en
trimestrielles et 2% en annuelles. Il existent également des lentilles souples
mensuelles permettant un port continue sur 30 jours. (10)
Au niveau des lentilles rigides, elles se renouvellent tous les ans ou tous les 2
ans. Certaines permettent un port prolongé et aussi un port nocturne pour les lentilles
rigides d’orthokératologie. Cette méthode créée dans les années 50, est réapparue
dans les années 90 afin de corriger jusqu’à 3δ de myopie. La lentille rigide déforme
la cornée afin de corriger la myopie. L’orthokératologie est principalement pratiquée
sur des adolescents ou jeunes adultes, ce qui pose aujourd’hui quelques problèmes
au niveau de l’hygiène pas toujours respectée par ces jeunes porteurs. (11)
3. Evolution des matériaux : le silicone-hydrogel
Le principal défaut des lentilles souples hydrogels est leur faible perméabilité à
l’oxygène pouvant entraîner des néo-vascularisations, de l’hypoxie et de l’œdème si
elles sont utilisées en port prolongé ou suite à une mauvaise adaptation ou encore à
une mauvaise hygiène. Cependant beaucoup de porteurs souhaitaient pouvoir ne
pas quitter leurs lentilles pendant au moins 30 jours. Holden et Mertz ont démontré
que le Dk/e minimum permettant une bonne diffusion de l’oxygène vers la cornée est
de 125. Or le Dk/e de l’eau est de 80, donc même une lentille composée à 100%
d’eau ne permettrait pas une bonne oxygénation cornéenne. Les chercheurs se sont
alors tournés vers le silicone, matière hydrophobe et hautement perméable à
l’oxygène. Le problème des lentilles en silicone était leur très faible mouillabilité et
leur forte attirance pour les dépôts lipidiques. De plus au bout de quelques heures de
port, elles étaient complètement accrochées à la cornée créant des lésions
cornéennes. (12) (13)
L’idéal serait une lentille à haut Dk/e, haute teneur en eau, attirant peu les dépôts
et avec une bonne mobilité sur la cornée. Il fallait donc mélanger le silicone et les
10
matériaux des anciennes lentilles alliant ainsi les avantages des deux. Les lentilles
en silicone-hydrogel étaient nées. Néanmoins, les surfaces des lentilles restaient
toujours hydrophobes, on leur ajouta alors des traitements des surfaces, comme une
couche de plasma.
La première génération de lentilles silicone-hydrogels est composée de
Lotrafilcon A (Night&Day de Ciba) ou de Balafilcon A (Pure Vision de
Bausch&Lomb). Ces lentilles permettent le port continu de 30 jours. Elles sont à haut
Dk/e mais plus rigides que des lentilles classiques d’où quelques problèmes
cornéens comme l’érosion ou des microkystes. Ces lentilles ont connu un fort succès
auprès des porteurs et des adaptateurs.
La deuxième génération de lentilles silicone-hydrogels utilise un monomère
inventé par le chercheur Tanaka qui permet d’augmenter le teneur en eau tout en
conservant un haut Dk/e. Ce sont les lentilles en Senofilcon A (Acuvue Oasys de
Johnson&Johnson) ou en Galyfilcon A (Acuvue Advance de Johnson&Johnson).
Elles permettent un excellent confort en port journalier mais ne le sont pas assez
pour un port continu.
Il a dont fallu attendre la troisième génération qui arrive à dissocier le Dk/e de la
teneur en eau. Ces lentilles en Comfilcon A (Biofinity de CooperVision) n’utilisent pas
de traitement de surface ou d’agents mouillant et permettent un haut Dk/e et une
haute teneur en eau. Il faut cependant souligner que chaque génération n’implique
pas la disparition de la précédente. En effet, chacune ayant ses propres polymères,
ses propres traitements et ses propres propriétés, elles permettent à l’adaptateur de
trouver le matériau idéal pour son patient. (12) (13) (14)
L’invention du silicone-hydrogel aura permit l’accès aux lentilles de contact à
beaucoup de personnes en supprimant le problème d’apport d’oxygène à la cornée.
Cependant, le nombre d’infections liées au port de lentilles de contact n’a pas
diminué. Les chercheurs ont donc pu éliminer l’hypoxie comme unique facteur
d’infections cornéennes et se tourner vers d’autres pistes. Il faut également garder à
l’esprit que la révolution du silicone-hydrogel n’a pas enlevé les mauvaises habitudes
des porteurs en matière d’hygiène (13). Enfin, on peut se demander également si ces
nouveaux matériaux n’ont pas amené de nouveaux risques.
11
PARTIE 2 :
PARALLELE ENTRE KERATITES AMIBIENNES ET LA
VULGARISATION DES LENTILLES DE CONTACT
Nous avons vu précédemment que la cause la plus probable de l’augmentation
du nombre de kératites amibiennes est la popularisation des lentilles de contact.
Cependant nous ne savons pas quel est le lien entre les deux. Plusieurs recherches
ont été faites sur les matériaux des lentilles, les produits d’entretien et l’hygiène des
porteurs.
I. Acanthamoeba et matériaux des lentilles de contact
1. Hydrogels
Plusieurs recherches ont été faites afin de savoir si parmi les quatre groupes FDA
certains attiraient plus les Acanthamoebas que d’autres. Parmi toutes les études,
celle de Seal et coll. (14) en 1995 et celle de Simmons et coll. (15) en 1996 sont très
complètes et complémentaires. Elles permettent d’apporter une réponse claire à
toutes nos questions.
Seal et coll. ont testé la ionicité et la teneur en eau de différents matériaux de
lentilles rigides perméables au gaz (SA et FSA) et de lentilles souples hydrogels par
rapport à l’adhérence des Acanthamoebas. Le seul défaut que l’on peut trouver à
cette recherche, c’est que les auteurs n’ont pas fait les mêmes tests sur des lentilles
portées. Le résultat de cette étude montre que pour les lentilles rigides, il n’y a pas
d’adhérence sauf si on oublie les étapes de rinçage et de massage des lentilles.
Tandis que pour les lentilles souples, ce sont celles de groupe IV, c’est-à-dire à forte
ionicité et forte teneur en eau (comme l’etafilcon A), auxquelles les Acanthamoebas
adhèrent les plus. Cependant des études antérieures avaient démontré l’inverse,
difficile donc de connaitre la vérité.
Heureusement, l’étude de Simmons et coll. a apporté une explication à ces
divergences d’opinions. En effet, ils ont montré que toutes les études faites
12
n’utilisaient pas les mêmes méthodes de recherches d’où les différences de
résultats. Simmons a donc refait des tests, mais surtout il les a fait sur des lentilles
neuves et sur des lentilles portées. Le résultat nous apprend que l’Acanthamoeba est
beaucoup plus adhérente sur les lentilles portées tout comme les dépôts protéiques
et certaines bactéries. Or on sait que les lentilles de groupe IV attirent beaucoup plus
les dépôts protéiques que les autres, il en est de même pour les Acanthamoebas.
Même si les mécanismes d’adhérence restent incertains, cette étude confirme qu’il y
a un lien avec les matériaux mais aussi avec le port des lentilles.
Cependant on ne peut pas prévoir les kératites amibiennes en fonction du type de
lentilles car il y a encore d’autres facteurs qui entrent en jeu comme la composition
chimique des dépôts protéiques, l’environnement de stockage et les solutions
d’entretien.
2. Silicone-hydrogels
Le silicone-hydrogel est un matériau récent et il y a encore peu d’études sur le
sujet notamment sur la troisième génération. Cependant Beattie et coll. ont effectué
deux principales études en 2003 (16) et 2006 (17) afin de savoir si ces nouvelles
lentilles permettent une meilleure adhérence aux Acanthamoebas.
La première étude est très complète car elle permet également de comparer les
différents procédés utilisés pour connaitre l’adhérence du protozoaire. Pour chaque
étude, les auteurs ont comparé une lentille silicone-hydrogel en balafilcon A (Pure
Vision de Bausch & Lomb) et une lentille hydrogel en etafilcon A (celle qui avait
montré le plus d’adhérence dans les études précédentes). Il y a une première
recherche sur des cultures liquides (solution saline et glucose) et des cultures solides
(sans nutriments) ; une seconde utilisant un biofilm de bactéries semblable au biofilm
des lentilles et une dernière comparant lentilles neuves et lentilles portées. Le
résultat est clair, l’Acanthamoeba adhère beaucoup plus à la lentille en silicone-
hydrogel qu’à la lentille classique (Figure 5).
Cependant les cultures sur biofilm et sur les lentilles portées n’ont pas donné
de résultats significatifs. Par conséquent, les auteurs préconisent le port continu de
30 jours car il permet de minimiser les risques de contamination par une mauvaise
hygiène. Cependant, il faut éviter de porter les lentilles da
comme les piscines, les lacs, les douches… Les auteurs apportent un bémol à leur
recherche car celle-ci ne permet pas de savoir si la forte adhérence est due au
silicone ou au traitement de surface au plasma.
Dans leur étude de 2006,
matériau silicone-hydrogel de seconde génération le galyfilcon A (Acuvue Advance
de Johnson & Johnson) ainsi que sur une autre lentille de première génération en
lotrafilcon A (Focus Night&Day de Ciba Vision
Comme on peut le voir sur la Figure 6, les trophozoïtes adhèrent beaucoup
plus aux lentilles silicone-
observer que le fait de porter l’Acuvue Advance ou la présence d’autres bactéries
augmente son affinité avec l’
Ainsi les auteurs préconisent l’utilisation des lentilles de première génération
pour le port continu 30 jours et les lentilles seconde génération pour le port journalier.
Dans tous les cas l’hygièn
c’est le silicone ou les traitements qui permettent l’adhérence des trophozoïtes.
On peut enfin regarder l’étude de Gonzales
montre la différence de rugosité des len
En effet, plus une lentille a des déformations en surface, plus il peut être facile pour
les dépôts ou bactéries voire l’
pas s’avancer sur ce thème car
Mais on peut néanmoins remarquer les différences de rugosité entre les différentes
génération de silicone-hydrogel (Figure 7) et voir que les plus rugueuses restent les
lentilles de première génération. L
suivre.
Figure 5. Attachement des trophozoïtes sur des sections des lentilles en siliconeclassique dans une culture liquide (4 Beattie)
hygiène. Cependant, il faut éviter de porter les lentilles dans les zones à risque
comme les piscines, les lacs, les douches… Les auteurs apportent un bémol à leur
ci ne permet pas de savoir si la forte adhérence est due au
silicone ou au traitement de surface au plasma.
Dans leur étude de 2006, Beattie et coll. refont les mêmes tests avec le
hydrogel de seconde génération le galyfilcon A (Acuvue Advance
de Johnson & Johnson) ainsi que sur une autre lentille de première génération en
lotrafilcon A (Focus Night&Day de Ciba Vision).
Comme on peut le voir sur la Figure 6, les trophozoïtes adhèrent beaucoup
-hydrogel de première génération. On peut néanmoins
observer que le fait de porter l’Acuvue Advance ou la présence d’autres bactéries
nité avec l’Acanthamoeba, contrairement à la Pure Vision.
Ainsi les auteurs préconisent l’utilisation des lentilles de première génération
pour le port continu 30 jours et les lentilles seconde génération pour le port journalier.
Dans tous les cas l’hygiène est primordiale. Cette étude ne montre toujours pas si
c’est le silicone ou les traitements qui permettent l’adhérence des trophozoïtes.
On peut enfin regarder l’étude de Gonzales-Meijome et coll. (18) qui en 2008
montre la différence de rugosité des lentilles en silicone-hydrogel avant et après port.
En effet, plus une lentille a des déformations en surface, plus il peut être facile pour
les dépôts ou bactéries voire l’Acanthamoeba d’adhérer à la lentille. L’auteur ne veut
pas s’avancer sur ce thème car il faut encore faire des recherches sur ce domaine.
Mais on peut néanmoins remarquer les différences de rugosité entre les différentes
hydrogel (Figure 7) et voir que les plus rugueuses restent les
lentilles de première génération. Les prochaines études sur la rugosité sont donc à
Attachement des trophozoïtes sur des sections des lentilles en silicone-hydrogel et en hydrogel (4 Beattie)
13
ns les zones à risque
comme les piscines, les lacs, les douches… Les auteurs apportent un bémol à leur
ci ne permet pas de savoir si la forte adhérence est due au
Beattie et coll. refont les mêmes tests avec le
hydrogel de seconde génération le galyfilcon A (Acuvue Advance
de Johnson & Johnson) ainsi que sur une autre lentille de première génération en
Comme on peut le voir sur la Figure 6, les trophozoïtes adhèrent beaucoup
hydrogel de première génération. On peut néanmoins
observer que le fait de porter l’Acuvue Advance ou la présence d’autres bactéries
, contrairement à la Pure Vision.
Ainsi les auteurs préconisent l’utilisation des lentilles de première génération
pour le port continu 30 jours et les lentilles seconde génération pour le port journalier.
e est primordiale. Cette étude ne montre toujours pas si
c’est le silicone ou les traitements qui permettent l’adhérence des trophozoïtes.
Meijome et coll. (18) qui en 2008
hydrogel avant et après port.
En effet, plus une lentille a des déformations en surface, plus il peut être facile pour
d’adhérer à la lentille. L’auteur ne veut
il faut encore faire des recherches sur ce domaine.
Mais on peut néanmoins remarquer les différences de rugosité entre les différentes
hydrogel (Figure 7) et voir que les plus rugueuses restent les
es prochaines études sur la rugosité sont donc à
hydrogel et en hydrogel
Figure 6. Taux d’attachements des trophozoïtes après 90min d’exposition sur les lentilles siliconepremière génération, seconde génération et sur une lentille hydrogel classique. *ces résultats proviennent de l’étude de 2003. (5 Beattie)
Figure 7. Exemples de la qualité de l’apparence des différents matériaux des lentilles neuves et portées (6. Gonzales-Meijome)
Taux d’attachements des trophozoïtes après 90min d’exposition sur les lentilles siliconepremière génération, seconde génération et sur une lentille hydrogel classique. *ces résultats proviennent de
Exemples de la qualité de l’apparence des différents matériaux des lentilles neuves et portées (6.
14
Taux d’attachements des trophozoïtes après 90min d’exposition sur les lentilles silicone-hydrogel de
première génération, seconde génération et sur une lentille hydrogel classique. *ces résultats proviennent de
Exemples de la qualité de l’apparence des différents matériaux des lentilles neuves et portées (6.
15
3. Les traitements de surface
Nous avons vu précédemment que les études de Beattie et coll. ne permettaient
pas de savoir si l’adhérence de l’Acanthamoeba sur les lentilles en silicone-hydrogel
était due au polymère de silicone ou aux traitements de surface. Pour la lentille Pure
Vision il s’agit d’un traitement au plasma qui augmente sa mouillabilité et pour la
lentille Focus Night&Day il s’agit d’un traitement de surface hydrogel pour augmenter
l’hydrophilie. Deux différentes études ont apporté une réponse.
La première étude de Beattie et coll. (19) sur la Pure Vision montre qu’il n’y a pas
de différence entre une lentille traitée et une lentille non traitée. Par conséquent,
l’affinité de l’Acanthamoeba pour cette lentille est une caractéristique propre au
polymère plutôt qu’au traitement de surface. La seconde étude de Tomlinson et coll.
sur la Focus Night&Day montre que le traitement de surface de la lentille augmente
son affinité avec les trophozoïtes (Figure 8).
Figure 8. Attachements des trophozoîtes aux lentilles Night&Day traitées ou non comparés à la lentille Pure
Vision et à une lentille en hydrogel classique. (7. Tomlinson)
Même si les matériaux et leurs traitements ont un rôle dans l’augmentation du
nombre de kératites amibiennes, leur implication est très souvent liée, comme
l’indique les auteurs dans chacune des études vues précédemment, à un problème
au niveau de l’hygiène et l’entretien des lentilles. En effet, même si certaines lentilles
ont plus d’affinité avec l’amibe, il faut qu’en amont il y ait eu contact avec le
protozoaire et le premier facteur de risque est une mauvaise hygiène des lentilles.
16
II. Acanthamoeba et hygiène des lentilles de contacts
1. L’eau du robinet
Dans les années 80 et 90 l’eau du robinet était souvent utilisée pour le rinçage
des lentilles de contact et des étuis. En 1992, Seal et coll. (21) souligne qu’il ne faut
pas utiliser l’eau du robinet froide pour rincer les lentilles souples. En effet, le calcaire
retrouvé dans l’eau est un environnement favorable au développement des amibes
dont l’Acanthamoeba. Il préconise alors d’utiliser une solution d’entretien stérile pour
rincer les lentilles souples mais par contre pour les lentilles rigides et les étuis de
l’eau du robinet bouillante peut être utilisée. Les étuis doivent être séchés afin
d’éviter toute multiplication des amibes et bactéries (Figure 9).
En 2004, l’étude de Kilvington et coll. (22) démontre que les lentilles de
contact ne doivent en aucun cas être en contact avec de l’eau du robinet. En effet,
au Royaume-Uni les réservoirs d’eau des maisons sont placés sous le toit. Par
conséquent l’eau chauffe et crée ainsi un environnement très favorable au
développement des bactéries et de l’Acanthamoeba. L’auteur demande aux porteurs
d’utiliser uniquement un produit d’entretien adapté, de ne pas se doucher et de ne
pas se baigner avec les lentilles.
En 2009, l’article d’Ibrahim et coll. (23) montre que cette prévention a permis à
91% des porteurs de lentilles souples et 94% des porteurs de lentilles rigides d’éviter
une kératite amibienne. Ce même article souligne qu’à Chicago l’eau du robinet était
fortement contaminée par l’Acanthamoeba et le nombre de kératites amibiennes a
alors fortement augmenté. Les mêmes consignes d’hygiène qu’au Royaume-Uni ont
été donné aux porteurs pour limiter les risques d’infection.
Cependant, Chynn et coll. (24) émettent des doutes quant à la réelle menace
de l’eau du robinet sur les porteurs de lentilles. En effet, il souligne le fait que bien
que la plupart des cas de kératites amibiennes sont en lien avec de l’eau
contaminée, il ne faut pas oublier qu’il y a des millions de porteurs de lentilles, que
beaucoup d’eaux contiennent des amibes, mais pourtant la kératite amibienne reste
très rare. Il y a donc d’autres facteurs liés à l’augmentation de la maladie.
17
Figure 9. Un étui fortement contaminé retrouvé chez un patient atteint de kératite amibienne (8. Kilvington)
2. Les solutions d’entretiens et leur utilisation
Il y a eu de nombreux travaux sur l’efficacité des produits d’entretien contre les
amibes Acanthamoebas. Tous sont d’accord pour dire que les désinfectants au
peroxyde d’hydrogène 3% en deux étapes, comme l’Oxysept, sont les plus efficaces
contre l’Acanthamoeba. Il faut cependant que la désinfection dure au minimum
quatre heures. Pourtant ce n’est pas la méthode la plus employée par les porteurs.
Si nous revenons dans les années 90, la méthode de désinfection la plus utilisée
était alors des pastilles de chlore (25) commercialisées sous le nom de Softab ou
Aerotab. Ces pastilles étaient vendues comme désinfectants anti-amibiques. Sans
oublier, que pour les dissoudre de l’eau du robinet ou de la solution saline était
utilisée ce qui augmente le risque d’infection. Seal et coll. ont donc montré que le
taux de chlore des pastilles était efficace contre les trophozoïtes mais totalement
inefficace contre les kystes. En 1995, Illingworth et coll. (26) analysent les cas de 22
patients atteints de kératites amibiennes. Il s’avère que la moitié utilisait des pastilles
de chlore comme désinfectants et 18% n’utilisaient pas de solution d’entretien.
L’auteur conclut alors sur l’inefficacité du chlore et conseille plutôt l’utilisation d’un
surfactant, beaucoup plus actif sur l’Acanthamoeba.
Niszl et coll. (27) en 1998 puis Kilvington (28) en 2000, démontrent que peu de
produits d’entretien peuvent complètement éliminer les trophozoïtes et les kystes.
Seuls les désinfectants au peroxyde d’hydrogène 3% en deux étapes y parviennent
18
en moins de 5 heures. Il est donc important que les porteurs respectent les
protocoles d’utilisation des produits. Les solutions de peroxyde d’hydrogène 0.6% ne
sont pas assez puissantes. Les désinfectants en une seule étape sont neutralisés
avant de pouvoir être anti-amibique. C’est pour cette dernière raison que les produits
d’entretien multifonction peuvent être un peu plus efficaces, car même si le
désinfectant inclus n’est pas assez puissant contre l’Acanthamoeba, le fait qu’il soit
constamment actifs empêche la prolifération des bactéries et prive ainsi
l’Acanthamoeba de nourriture.
Kilvington préconise le nettoyage de l’étui chaque semaine avec un savon doux
et une brosse souple, puis de le rincer avec une solution saline stérile et le laisser
sécher. Cet excès d’hygiène est réfuté par Beattie et coll. (29) qui conseille
uniquement un changement de l’étui chaque mois.
Les années 2000 sont l’avènement des produits multifonctions sans massage. Or
Niszl avait bien précisé que le massage était une partie importante du protocole
d’entretien car il permet de décoller les kystes de la lentille. Mais le massage est
souvent une étape peu suivie des porteurs qui sollicitent alors ces nouveaux produits
sans massage. L’étude de Butcko et coll. (30) montre l’importance de cette étape en
soulignant que le simple fait de rincer la lentille ne remplace pas le massage avec les
doigts, beaucoup plus efficace contre l’Acanthamoeba.
Minimiser les étapes d’entretien et se plier au confort des porteurs n’est pas la
bonne solution pour diminuer les risques d’infection. Cette étude met aussi en
évidence que l’augmentation des kératites amibiennes est clairement due à
l’inefficacité des produits d’entretien, mais aussi à l’inconscience des porteurs qui
n’hésitent pas à ne pas renouveler le produit dans l’étui, ne pas changer l’étui, ne
pas se laver les mains, ne pas faire de désinfection, utiliser de l’eau du robinet et ne
pas masser les lentilles.
Ces faits sont également confirmés par Acharya et coll. (31) qui dénoncent une
augmentation des nombres de kératites amibiennes aux Etats-Unis liés à certains
produits d’entretien, en particulier le Complete MoisturePlus de chez AMO®. En effet,
ces solutions promettant une désinfection sans massage sont les moins efficaces
contre l’Acanthamoeba et ne sont pas adaptées aux mauvaises habitudes des
porteurs. L’étude explique également que les fabricants de produits d’entretien ne
sont pas obligés de démontrer l’efficacité contre l’Acanthamoeba de leur solution
pour être approuvée par la FDA.
19
Acharya confirme que l’augmentation des kératites amibiennes résulte du lien
complexe existant entre les lentilles, les solutions, l’hygiène et facteurs de risque
environnementaux. L’importance de la sensibilisation et de l’éducation des porteurs
est primordiale pour éviter les infections.
3. Les lentilles 1 jour et les lentilles cosmétique s
Les cas de kératites amibiennes suite au port de lentilles pour une journée ou de
lentilles cosmétiques est rare mais leur nombre augmente depuis quelques années.
Toujours en cause : une mauvaise utilisation des porteurs. En effet, alors que les
lentilles 1 jour sont comme leur nom l’indique utilisable pendant une seule journée,
certains porteurs n’hésitent pas à les conserver dans une solution saline et à les
utiliser plusieurs journées de suite. Il faut bien sûr souligner que ce n’est pas la
lentille qui est en cause, au contraire, le port de lentille 1 jour est ce qu’il y a de plus
hygiénique. Mais c’est l’abus fait par certains porteurs de cette lentille. (32) (33).
Les lentilles cosmétiques sont des lentilles souvent sans correction portées pour
changer la couleur des yeux des porteurs. En France, elles ne sont pas désignées
en tant que dispositifs médicaux et sont donc disponibles en distribution grand public.
Entre 2002 et 2004 il y a eu une augmentation de 5.5% des ventes françaises de
lentilles de couleurs. L’âge des porteurs est en moyenne situé entre 15 et 24 ans.
Ces porteurs peuvent acheter les lentilles en grandes surfaces ou sur Internet et
n’ont pour la plupart aucune connaissance sur l’entretien et l’utilisation des lentilles
de contact. Celles-ci sont vues comme un accessoire de mode que l’on s’échange
entre ami(e)s. Or le risque de complications oculaires est identique à celui des
lentilles correctrices. Le risque est d’ailleurs augmenté car ces jeunes porteurs
n’utilisent pas de produits d’entretien ou alors juste de la solution saline ou l’eau du
robinet pour les rincer. Ils gardent les lentilles pour se doucher ou aller à la piscine.
Ils ne respectent pas les temps de port ce qui sur le long terme crée des lésions
cornéennes facilitant les infections.
Et c’est ainsi que l’on retrouve des cas extrêmement graves de kératites
amibiennes sur ces porteurs de lentilles cosmétiques (Figure 10). Il est donc
important de régulariser la vente des lentilles colorées afin de limiter les risques
d’infection, comme aux Etats
médicaux délivrés uniquement sur ordonnance.
Figure 10. Kératite stromale dense bilatérale à
cosmétiques (9. Colin)
tant de régulariser la vente des lentilles colorées afin de limiter les risques
d’infection, comme aux Etats-Unis où les lentilles cosmétiques sont des dispositifs
médicaux délivrés uniquement sur ordonnance. (34) (35)
Kératite stromale dense bilatérale à Acanthamoeba et Fusarium solani chez une porteuse de lentilles
20
tant de régulariser la vente des lentilles colorées afin de limiter les risques
Unis où les lentilles cosmétiques sont des dispositifs
chez une porteuse de lentilles
21
CONCLUSION
Nous pouvons retirer de ce travail qu’il y a bien un lien entre les kératites
amibiennes et le port de lentilles de contact. Les cas restent rares mais ont
augmenté en vingt ans. Le problème vient très souvent de l’ignorance du porteur des
règles d’hygiène et d’usage des lentilles. Mais l’affinité des amibes pour certains
matériaux ou traitements des lentilles est aussi en cause.
De grands progrès ont été réalisés pour que les patients atteints de kératites
amibiennes soient rapidement diagnostiqués et pris en charge. Les traitements
utilisés sont de plus en plus efficaces et il y a aujourd’hui peu de complications.
Cependant, la plupart des cas de kératites amibiennes aurait pu être évitée si
les porteurs avaient respecté les règles simples d’hygiène et d’utilisation des lentilles
de contact. Ne pas rincer les lentilles et/ou l’étui sous l’eau du robinet, choisir une
solution d’entretien adaptée, rincer les lentilles avec cette solution, les masser,
respecter le temps de port, sont autant de règles qui ne sont malheureusement pas
toujours connues des porteurs. Il est donc important de sensibiliser chaque porteur et
de leur expliquer les risques car, bien que la kératite amibienne reste rare, d’autres
infections le sont moins et peuvent être évitées de la même façon.
Aujourd’hui, le risque majeur vient du non-suivi de certains porteurs qui
achètent leurs lentilles sur internet ou en grandes surfaces. Plusieurs cas de
kératites amibiennes liés au port de lentilles cosmétiques ont été rapporté. Souvent,
les porteurs n’avaient jamais porté de lentilles et personne ne leur avait expliqué
comment les utiliser.
Il est donc indispensable de continuer à surveiller l’évolution des kératites
amibiennes car elle permet de mettre en évidence les problèmes liés à la
vulgarisation des lentilles de contact.
22
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RESUME
La kératite amibienne est une pathologie rare mais néanmoins grave de la
cornée. Si elle n’est pas diagnostiquée rapidement, le pronostic visuel peut être mis
en jeu. Découverte en 1974, on a observé une augmentation de cette maladie ces
vingt dernières années. Cette évolution entre en corrélation avec l’augmentation du
nombre de porteurs de lentilles. La vulgarisation des lentilles de contacts a été la
porte ouverte aux amibes.
Les porteurs n’étant pas toujours bien sensibilisés aux règles d’utilisation et
d’hygiène des lentilles, le nombre d’infections de la cornée a fortement augmenté,
dont les kératites amibiennes. L’utilisation de l’eau du robinet, des produits
d’entretien pas toujours actifs ou mal employés, voire la fabrication maison de
produits d’entretien, sont autant de facteurs de risques.
Aujourd’hui, la kératite amibienne est de mieux en mieux diagnostiquée et les
traitements de plus en plus efficaces. Parallèlement les matériaux utilisés dans la
fabrication des lentilles de contact évoluent permettant à celles-ci d’être de plus en
plus confortable, mais on peut se demander si les amibes peuvent s’attacher
davantage à ces nouveaux matériaux. L’amélioration du confort induit une
augmentation du nombre de porteurs qui peuvent aujourd’hui se procurer des
lentilles sur internet ou en grandes surfaces. Par conséquent, ils n’auront pas les
connaissances nécessaires à une bonne utilisation et une bonne hygiène.
Nous devons garder un œil sur l’évolution des kératites amibiennes et
continuer de sensibiliser les porteurs.
MOTS CLES :
Amibe, kératite, lentille de contact, facteurs de risque, évolution
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