Obésité et handicap mental

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ÉDITORIAL / EDITORIAL

Obésité et handicap mental

O. Ziegler

© Springer-Verlag France 2013

On ne parle pas assez du handicap mental, qui associe poten-tiellement déficit intellectuel et troubles du comportement oude la personnalité. Combien de jeunes enfants ou adolescents,plus ou moins sévèrement obèses n’ont pas accès à des soinsde qualité en France une fois dépistés ? Ils sont souvent enéchec scolaire, ont de graves problèmes d’orientation, ne trou-vent pas de stages pour leur formation professionnelle, alorsqu’ils présentent manifestement un déficit intellectuel mineur,des troubles caractériels ou un fort degré d’impulsivité. Unefois le dépistage fait, sur qui et sur quoi s’appuyer quand toutest défaillant, le jeune, la famille, l’entourage voire le médecintraitant qui baisse les bras ?

C’est le grand mérite de Maithé Tauber et de son groupede travail que d’aborder la problématique de l’obésité despersonnes atteintes de handicap mental. L’objectif de cesrecommandations est d’informer voire d’alerter les soignantssur les troubles associés à ces pathologies afin d’accompa-gner ces patients et leur entourage familial tout au long deleur vie.

Le syndrome de Prader-Willi (SPW), par les redoutablesdifficultés thérapeutiques auxquelles il confronte le patientcomme le soignant, nous amène à réfléchir sur les puissantsdéterminants centraux de l’obésité, mais aussi sur les causeset les conséquences du handicap chez tout sujet obèse. Cepatient présentant un SPWest vulnérable, car son attrait pourla nourriture est considérable alors que son système cognitifinhibiteur fonctionne mal. L’imagerie cérébrale fonction-nelle a pu montrer non seulement une hyper-activation dansla région sous-corticale du système de récompense (riche enrécepteurs pour la ghréline) laquelle existe aussi dans l’obé-sité commune, mais surtout une hypo-activation dans la

région inhibitrice corticale préfrontale. Le sujet est, parconséquent, dans l’incapacité de freiner la prise alimentairemême durant la période postprandiale. Il a donc besoin d’uneprotection contre les conséquences d’anomalies génétiquesaux effets puissants sur le comportement (alimentaire, entreautre). C’est le but de la prise charge que de créer ce cadrerassurant, cet environnement approprié qu’il faut concevoirpuis évaluer quotidiennement avec les familles.

Le SPW est caractérisé à la fois par un excès de massegrasse et un déficit de masse maigre. C’est donc un modèled’obésité sarcopénique sévère. L’hypotonie, la désadapta-tion cardiorespiratoire à l’effort, les complications ostéo-articulaires, la faible sensibilité à la douleur et le déficit rela-tif de la soif sont de véritables freins « organiques » à l’acti-vité physique.

Le message aux soignants est clair et positif : « la prise encharge des patients présentant ce type de pathologie doitinclure au même titre que la prise en charge de patients neprésentant pas de situation de handicap, des conseils prati-ques sur l’activité physique et sportive et la lutte contre lasédentarité. De même, la prise en charge nutritionnelle doitêtre adaptée aux spécificités comportementales, hormonaleset métaboliques ».

On voit bien, une fois de plus, que le soignant lorsqu’ilveut devenir éducateur doit avoir une double compétencebiomédicale d’abord car il faut savoir aborder le handicapmental, pédagogique et socio-organisationnel, ensuite pourmettre en place le cadre approprié. Sans oublier un aspectessentiel : « les activités doivent être choisies avec la per-sonne, en privilégiant la notion de plaisir et l’aspect ludiqueet doivent contribuer à l’amélioration de la qualité de vie ».

O. Ziegler (*)Diabétologie, Maladies Métaboliques, Nutrition,CHRU de Nancy, hôpital Brabois Adultes,rue du Morvan, 54500 Vandoeuvre-les-Nancye-mail : o.ziegler@chu-nancy.fr

ObésitéDOI 10.1007/s11690-013-0389-2

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