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que pour la sclerose laterale amyotrophique, ces malades sont environ 1,5 fois
plus frequentes chez les hommes que chez les femmes, ce qui pourrait
suggerer le role d’expositions professionnelles. La maladie d’Alzheimer est
en revanche plus frequente chez les femmes que chez les hommes, en grande
partie en raison de differences dans le niveau d’education.
Parmi les facteurs de risque environnementaux, les facteurs de risque
professionnels ont ete souvent etudies et, parmi eux, les pesticides sont
l’exposition pour laquelle le plus grand nombre d’etudes sont disponibles et
les resultats plus solides.
Une meta-analyse sur la relation entre la maladie de Parkinson et l’exposition
aux pesticides publiee en 2012, a inclus 46 etudes realisees jusqu’en
novembre 2010 [2]. La plupart des etudes ont repose sur une methode
sommaire d’evaluation de l’exposition et n’ont pas souvent considere les
familles ou types de produits. Dans un peu plus de la moitie des etudes,
l’exposition professionnelle et non professionnelle n’etaient pas distinguees,
tandis que d’autres portaient exclusivement sur l’exposition professionnelle.
Seules quelques etudes ont utilise des methodes d’evaluation de l’exposition
plus sophistiquees comme des matrices emploi-exposition ou l’expertise
individuelle des questionnaires d’exposition.
D’apres cette meta-analyse, le risque de maladie de Parkinson est environ 1,6
fois plus eleve chez les personnes exposees aux pesticides au cours de leur vie.
Il existait toutefois une heterogeneite importante entre les etudes expliquees en
partie par la methode d’evaluation de l’exposition. L’association est plus
particulierement presente pour les herbicides (odds ratio = 1,40) et les insec-
ticides (odds ratio = 1,50). Deux autres meta-analyses retrouvent des resultats
comparables [3,4]. Ces resultats sont en faveur d’une association generique
entre l’exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson. De nombreuses
questions demeurent quant a deux aspects importants de l’exposition. D’une
part, bien qu’un petit nombre d’etudes aient montre une relation dose-effet, des
donnees quantitatives plus detaillees sont necessaires pour mieux caracteriser
cette relation. D’autre part, il semble que les mecanismes physiopathologiques
impliques dans la maladie de Parkinson debutent plusieurs annees avant
l’apparition des signes moteurs et il existe de nombreuses inconnues sur les
fenetres d’exposition pertinentes pour la maladie de Parkinson.
Dix etudes cas-temoins et trois etudes de cohorte ont porte sur la relation entre
l’exposition aux pesticides et la sclerose laterale amyotrophique. Deux meta-
analyses recentes, ayant utilise des methodes differentes, retrouvent une
association entre l’exposition aux pesticides et la sclerose laterale
amyotrophique ; l’une d’entre elles estimait un odds ratio de 1,8 tandis
que l’autre rapportait un odds ratio de 1,88 chez les hommes et de 1,31 chez
les femmes [5,6]. Toutefois, les resultats individuels des etudes restent
souvent peu concordants et le petit nombre d’etudes disponibles ne permet
pas d’explorer correctement les sources d’heterogeneite ou un biais de
publication. Ainsi, des etudes de plus grande taille et comportant une
evaluation de l’exposition plus precise (type de produits, duree d’exposition)
sont necessaires afin de mieux caracteriser la relation entre l’exposition
professionnelle aux pesticides et la sclerose laterale amyotrophique.
Une dizaine d’etudes ont explore l’hypothese d’un lien entre pesticides et
maladie d’Alzheimer. Une partie d’entre elles etaient des etudes cas-temoins
qui comportent des difficultes importantes quant a l’evaluation de l’exposition
chez des patients dements et reposent souvent sur l’interrogatoire des
apparentes ou des mesures indirectes. Trois etudes de cohorte ont permis
de recueillir les informations sur l’exposition avant le debut des troubles de
memoire et retrouvaient une association [7–9].
L’exposition aux solvants a ete egalement etudiee pour la maladie de Parkinson
avec des resultats evocateurs mais neanmoins moins coherents et forts [4,10].
Dans le cas de la sclerose laterale amyotrophique, plusieurs etudes ont montre
des concentrations plasmatiques plus elevees en plomb chez des cas que chez
des temoins [11,12].
Les resultats sont moins coherents ou negatifs pour d’autres expositions
professionnelles comme la soudure [13], les champs electromagnetiques [14]
ou l’activite physique professionnelle [15].
En conclusion, les pesticides sont l’exposition professionnelle pour laquelle
les resultats sont les plus solides et concordants, mais des etudes comple-
mentaires sont encore necessaires afin de mieux connaıtre les expositions
impliquees et leurs caracteristiques. Pour les autres expositions, des etudes
complementaires sont egalement necessaires pour conforter certaines des
pistes identifiees ; les points cles sont l’evaluation detaillee des expositions, la
qualite du design des etudes et la prise en compte des facteurs de confusion.
Mots cles Epidemiologie ; Maladies neuro-degeneratives ; Expositions
professionnelles
Declaration d’interets Les auteurs declarent ne pas avoir de conflitsd’interets en relation avec cet article.References
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http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.07.039
Pathologies neuro-degeneratives:evaluation des capacites et maintien dansl’emploiAssessment of capacities and fitness towork in neurodegenerative diseases
Compte rendu de Congres
529
W. DaveluyCHRU – Hopital Swynghedauw – Service reeducation et readaptationneurologique, 59037 Lille cedexAdresse e-mail : walter.daveluy@chruille.fr
L’appreciation des capacites et de l’aptitude au travail dans le cadre d’une
pathologie neurodegenerative est une situation relativement peu frequente
dans le quotidien d’un professionnel de sante au travail.
Cette evaluation est rendue complexe, d’une part car elle concerne une
intrication de troubles moteurs, sensoriels, cognitifs, comportementaux et
psychologiques comme dans la sclerose en plaques (SEP) et la maladie de
Parkinson, et des troubles peu visibles et de mesure peu aisee pour le medecin
du travail comme dans la demence de type Alzheimer, avec des troubles
essentiellement cognitifs et comportementaux.
D’autre part, la problematique de l’adequation des capacites a l’activite
professionnelle se posera regulierement, au fil de l’evolution de la pathologie,
avec la necessite d’evaluations et de remises en question regulieres et de
frequence ajustable, afin de pouvoir definir les eventuelles restrictions,
apprehender les possibilites de maintien dans l’emploi et preconiser les
amenagements necessaires et adaptations des modalites du poste.
Les differentes composantes a explorer sont donc les capacites motrices,
cognitives, sensorielles, comportementales mais aussi les ressources psy-
chologiques. Il conviendra de juger de l’impact de la pathologie mais aussi
parfois de celui des traitements. L’appreciation des capacites fonctionnelles
s’inscrit dans la meme demarche que l’evaluation du handicap, c’est-a-dire
evaluer les capacites ou les limitations resultantes des deficits ou des
symptomes, et entraınant des restrictions aux activites professionnelles.
Les moyens disponibles pour preciser les capacites vont aller des elements de
la visite medicale d’aptitude: prise des informations et interpretation du suivi
medical specialise (neurologue en particulier) et examen clinique, jusqu’a
l’evaluation pluridisciplinaire d’equipe.
L’interrogatoire, logiquement, va apporter beaucoup d’informations pertinen-
tes. Ces elements de l’ordre de l’autoevaluation par le salarie de ses
difficultes, pourra etre aide de questionnaire standardise (exemple du ques-
tionnaire de difficultes professionnelles de la SEP [1]). Malheureusement, la
perception souvent trop faible de l’impact des troubles dans les activites, va
necessiter d’explorer souvent la sphere cognitive, meme en l’absence de
plainte. Il va etre fondamental aussi l’evaluation la fatigue qui peut etre un
element central.
Les scores specifiques de pathologie ou de fonction utilises dans la prise en
charge medicale tels que l’EDSS (Expanded Disability Status Scale) pour la
SEP, l’UPDRS (Unified Parkinson’s Disease Rating Scale) et le score Hoen &
Yahr pour la maladie de Parkinson, l’ADL et l’IADL (Instrumental Activities
of Daily Living), apportent un eclairage sur le degre d’atteinte fonctionnelle et
l’evolutivite. Bien que certains de ces scores puissent etre correles aux taux de
maintien dans l’emploi [2,4], avec une predictivite parfois importante tel le
MSFC (Multiple Sclerosis Functional Composite) [3,4], leur usage reste
cependant la plupart du temps inadequat pour la determination de l’aptitude
a l’echelon individuel.
Outre l’examen clinique classique neurologique, le medecin du travail va lui
aussi devoir s’attacher a ces mesures fonctionnelles, et pourra s’aider pour
cela lors de certains tests. Ceci concerne particulierement les capacites
motrices (ex: vitesse de marche, equilibre, dexterite. . .). Il faudra aussi
mesurer la severite et l’impact de troubles psychologiques. Au plan cognitif,
les scores repandus tels le MMS ou le MOCA (Montreal Cognitive Assess-
ment), ne permettront qu’une vision tres globale de l’atteinte et une etude
detaillee des differentes fonctions sera necessaire, pour apprehender au
mieux les domaines touches et envisager leur impact (ex. vitesse de traitement
de l’information, fonctions executives, memoire de travail. . .), meme si les
performances sont parfois discordantes entre le test papier-crayon en bureau
et celles en situation reelle.
D’ou l’importance de pouvoir s’appuyer sur les bilans pluridisciplinaires.
L’ensemble des evaluations realisees a ce niveau, dans le cadre du soin, en
particulier par les equipes des services de reeducation et readaptation,
ou dans le cadre de la readaptation professionnelle, sera precieux pour
approcher au plus pres le niveau des capacites. L’approche ecologique avec
evaluation de l’impact reel des troubles sur les taches de travail sera un
element souvent determinant. Les services et dispositifs d’appui au maintien
dans l’emploi, peuvent contribuer a cette evaluation des capacites en milieu
de travail.
L’evaluation des capacites, et donc des limitations identifiees, permettra la
mise en adequation des capacites sur le choix d’une activite professionnelle,
des amenagements du poste, particulierement en termes horaires et de
flexibilite. Elle ne pourra se concevoir que par l’appreciation globale de la
situation medico-psycho-sociale, d’autant plus lorsque la pathologie est a un
stade plus evolue.
Mots cles Neurodegeneratif ; Maintien dans l’emploi ; Evaluation
Declaration d’interets L’auteur declare ne pas avoir de conflitsd’interets en relation avec cet article.Reference non citee [5].References[1] Honan CA, et al. The multiple sclerosis work difficulties ques-
tionnaire. Mult Scler 2012;18:871–80.[2] Honarmand K, et al. Predicting loss of employment over three
years in multiple sclerosis: clinically meaningful cognitive de-cline. Clin Neuropsychol 2010;24:1131–45.
[3] Honarmand K, et al. Predicting employment status in multiplesclerosis patients: the utility of the MS functionalComposite. JNeurol 2011;258:244–9.
[4] Martikainen KK, Luukkaala TH, Marttila RJ. Parkinson’s diseaseand working capacity. Mov Disord 2006;21:2187–91.
[5] Messmer Uccelli M, et al. Factors that influence the employmentstatus of people with multiple sclerosis: a multinational study. JNeurol 2009;256:1989–96.
http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.07.040
Quels impacts dans le travail pour quelstroubles cognitifs ?Prediction of Vocational Functioningfrom Neuropsychological DataL. Chartaux-Danjou (Neuropsychologue)1,*,C. Moroni (MCF-HDR)2, H. Delecroix (Chef deservice)1
1 UEROS (Unite d’evaluation, de reentraınement et d’orientationsocioprofessionnelle), rue du Dr Charcot, 59000 Lille2 Equipe neuropsychologie et cognition auditive, LNFP-EA 4559, UFR depsychologie – BP 60 149 – Universite Charles de Gaulle, Lille 3 –Domaine Universitaire « Pont de Bois » – 59653 Villeneuve d’Ascq*Auteur correspondant.Adresse e-mail : neuropsy@ueros.fr (L. Chartaux-anjou)
Les pathologies neuro-degeneratives peuvent induire, parfois precocement,
des troubles cognitifs susceptibles de se repercuter sur l’activite profession-
nelle [1].
Etant donne le caractere souvent invisible de ces deficits lors d’un entretien
classique, l’evaluation neuropsychologique, par l’utilisation de tests normes et
aux passations standardisees, va objectiver et preciser les deficits cognitifs au
sein des differentes spheres cognitives (memoire, attention, fonctions exe-
cutives). Ce bilan va apprehender la personne egalement par rapport a son
comportement, sa cognition sociale et la connaissance de ses difficultes
(anosognosie et/ou deni).
L’experience de terrain (UEROS de Lille), ou les personnes victimes de
lesions cerebrales acquises beneficient d’un bilan cognitif et d’evaluations en
situations professionnelles reelles (stages en entreprise), permet d’identifier
l’impact des deficits cognitifs en situation de travail [2]. Ainsi, differents types
d’amenagements visant au maintien dans l’emploi peuvent etre suggeres.
Concernant les troubles mnesiques, un deficit de memoire de travail peut
induire une difficulte de retention des consignes et une inefficacite lors de
la realisation simultanee de plusieurs taches. Ainsi, la presentation des
Compte rendu de Congres Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2014;75:511-542
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