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Après deux années de formation à l’Institut National de Formation Sociale
(INFS), nous avons été mis à la disposition du Ministère de la Justice. Ainsi
avons-nous pris fonction en qualité d’Educatrice Spécialisée le 29 Août 2012 au
service social de la Maison d’Arrêt et de Correction d’Aboisso. L’étude à
laquelle nous sommes soumises consiste à une étude du milieu général de la
ville d’Aboisso et spécifique de notre service.
HISTORIQUE
Aboisso est la déformation de EBOUE NYANSOU c'est-à-dire en Agni ‘‘sur la
pierre’’. La ville d’Aboisso a vu le jour au XVIIe siècle grâce aux émissaires de
LOUIS XIV venus demander au roi du Sanwi l’autorisation de créer un comptoir
sur ses terres. En 1961 par la loi n°61-4 du 04 janvier 1961 et le décret du 03
janvier 1961 déterminant le nombre et les limites territoriales des sous
préfectures de la Côte d’Ivoire; Aboisso fut érigée en sous préfecture. Puis
érigée en commune le 09 janvier 1978 par la loi n°78-07. Ensuite devenue chef
lieu de région depuis le 15 janvier 1997.
SITUATION GEOGRAPHIQUE ET DEMOGRAPHIQUE
Située au Sud-est de la Côte d’Ivoire et à 116 Kms d’Abidjan (capitale
économique), Aboisso est le chef-lieu de la région du Sud-Comoé. Le
département d’Aboisso est à une vingtaine de kilomètre de Noé (frontière de la
République du Ghana). Il est limité comme suit :
- Au Nord, par les départements d'Abengourou et d'Alépé
- Au Sud, par le département d'Adiaké
- A l'Est, par la république du Ghana
- A l'Ouest, par le département de Grand-Bassam.
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Du point de vue démographique, on dénombre une dominance des Agni,
population autochtone appartenant au royaume Sanwi, mais aussi une forte
population étrangère composée essentiellement de Ghanéens, Burkinabés,
Maliens, Guinéens, etc. Cette population est estimée à 22.053 habitants
(Recensement Général de la Population et de l'Habitat de l'année 1998). La
forte pression démographique est due à la concentration de la main d'œuvre
agricole autour des importantes entreprises agricoles et agro-industrielles.
LES INFRASTRUCTURES DE LA COMMUNE
Au plan économique: Les activités économiques dans le département
d'Aboisso sont dominées par les cultures de rentes, principalement les cultures
pérennes, ce qui fait d'Aboisso une zone agricole.
Les cultures de rentes sont les principales cultures de la zone d'Aboisso. Ces
cultures sont dominées par la culture du cacao et du café. En plus du café et du
cacao, il existe de grandes superficies exploitées par des sociétés agro-
industrielles dont la PALMCI et COOPALEM.
Quant aux cultures vivrières, elles sont destinées à l'alimentation familiale,
le surplus étant vendu. Elles occupent une place de choix dans les activités
agricoles. Les cultures vivrières sont dominées par la riziculture développée
dans les bas-fonds, la banane plantain avec de très grandes superficies
industrielles. Cependant la culture du manioc commence à gagner une place de
choix, car le manioc est très bien vendu sur le marché.
Les autres activités économiques sont principalement les cultures
maraîchères, la production halieutique, l'élevage et le commerce.
Une mine d’or est en exploitation dans la sous-préfecture de Maféré
précisément à Anuini-Asupiri.
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Au niveau des infrastructures socio éducatives, on dénombre un ensemble
de quarante et neufs (49) écoles primaires (47 publics et 02 privées), dix (10)
établissements secondaires (04 publics et 06 privés) et un (01) de
l’enseignement supérieur. A cela s’ajoute le village SOS.
Au niveau de la santé, ce sont au total un (01) Centre Hospitalier Régional
(CHR), trente (30) centres de santé, deux (02) dispensaires ruraux et l’Institut
National de Formation des Agents de Sante (INFAS).
Au plan administratif, Aboisso regorge d’importantes infrastructures
administratives à savoir le centre des impôts, le trésor ; la sous préfecture, la
mairie, etc.
Le réseau bancaire d’Aboisso est composé de sociétés telles que la SGBCI
(Société Générale des Banques des Côte d’Ivoire), la BICICI (Banque
Internationale pour le Commerce et l’Industrie de la Côte d’Ivoire), la COOPEC
(Coopérative d’Épargne et de Crédit) et la CECP (Caisse d’Épargne et de
Chèques Postaux) ; ECOBANK.
Au niveau sécuritaire, pour assurer la sécurité de sa population, la ville s’est
dotée de nombreux dispositifs dont la préfecture de police, un commissariat,
une brigade de la gendarmerie, un peloton mobile et une Maison d’arrêt et de
correction site d’accueil de notre première prise de service.
PRESENTATION DE LA MAISON D’ARRET ET DE CORRECTION D’ABOISSO
HISTORIQUE
La Maison d’Arrêt et de Correction d’Aboisso MAC ABSO) était un magasin
de stockage de produits d’importation à l’époque coloniale. Elle a été érigée en
établissement pénitentiaire dans les années 1940. La MAC d’ABSO était destiné
à recevoir les inculpés qui étaient acheminés à la MAC de GRAND BASSAM. La
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capacité d’accueil de la MAC d’ABSO est de deux (200) détenus. Elle est
composée de deux compartiments dont une cour interne avec six (06) cellules
et une cour annexe comprenant la cellule des femmes, celle des mineurs, des
assimilés et un grand autre bâtiment nommé bateau.
SITUATION GEOGRAPHIQUE
Situé en plein centre ville, la MAC-Aboisso est encerclé à l’est par la
COOPEC, à l’ouest par des magasins et au nord par des habitations. Elle ne
répond plus aux exigences actuelles, ce qui explique sa délocalisation. Pour ce
faire, une parcelle de cinq (05) hectares a été attribuée à l’établissement sur
l’axe Aboisso-Ayamé à quatre (04) Km de la ville.
FONCTIONNEMENT
La MAC-Aboisso est dirigée par le Régisseur Madame KOUAO Rogba
Bernadette, Attaché des services pénitentiaires, chef de l’établissement. A ce
titre, elle coordonne toutes les activités de la prison. Elle est aidée dans sa
tache par un Adjoint Monsieur GORE BI Bah Pascal, Attaché des services
pénitentiaires, chef du personnel.
La MAC-Aboisso compte vingt quatre (24) travailleurs dont 02 Attachés des
services pénitentiaires, 02 contrôleurs, 17 Agents d’Encadrement des
Etablissements pénitentiaires et 03 travailleurs sociaux.
A ceux-là s’ajoutent un représentant de l’ONG Prisonnier sans frontière (PRSF)
STATUT JURIDIQUE
La MAC-Aboisso est réglementée par le décret n°69-189 du 14 mai 1969 qui
fixe les modalités d’exécution des peines privatives de liberté.
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Au terme de l’article 4 dudit décret, les maisons d’arrêt sont destinées à
recevoir les prévenus, les maisons de correction et camps pénaux, les
condamnés. Au siège des juridictions, un même établissement peut servir à la
fois de maison d’arrêt et de maison de correction».
Etant à la fois destinée aux prévenus et aux condamnés, la MAC-Aboisso est
un service de l’Administration Pénitentiaire qui est une direction du Ministère
de la Justice.
OBJETS
La MAC-Aboisso a en charge les personnes placées sous Mandat de Dépôt
(MD) et qui attendent d’être jugées. A celles-ci s’ajoutent les personnes jugées
et condamnées à des peines pour des faits qualifiés de crime ou délit. La MAC-
Aboisso reçoit également les mineurs placés sous Ordonnance de Garde
Provisoire (OGP).
LES DIFFICULTES
La MAC-Aboisso est un calvaire à la fois pour les détenus et le personnel
administratif. Situé au cœur de la ville, la prison civile d’Aboisso ne présente
aucune garantie de sécurité. On ne la découvre que par la présence des forces
de l’ordre et de sécurité et des agents d’encadrement pénitentiaires, car
l’écriture de la pancarte indiquant que ce lieu est un centre de détention est
illisible.
Le local est très exigu, confinant le personnel dans des bureaux très étroits
et mal équipés. Les chaises et les bureaux sont en nombre très insuffisants.
La maison d’arrêt a en son sein une infirmerie qui n’est pas dotée d’un
agent de santé affecté par l’Etat. Cela met en mal l’état de santé des détenus
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malgré la présence quelque fois d’une sœur de la mission catholique qui fait
office d’aide soignante.
La Mac-Aboisso est un établissement très vétuste, les façades sont
défraichies, les cellules dégradées, les aérations sont pratiquement nulles dans
les dortoirs.
La prison d’Aboisso n’a pas de véhicule et le matériel de sécurité dont elle
est dotée pour exécution du service est insuffisant et inapproprié.
SUGGESTIONS
La situation géographique de la prison ne présente aucune sécurité, il serait
souhaitable que les autorités de la ville et l’Etat songent à la construction de la
nouvelle prison avec de nouveaux bureaux aérés et bien équipés. Mais, en
attendant la construction de la nouvelle maison d’arrêt, il faut une
réhabilitation des locaux pour le bien être du personnel et des pensionnaires.
La prison doit être également dotée d’un agent de santé de l’Etat pour
faciliter les consultations des malades et mettre à leur disposition des
médicaments. Nous souhaitons de même que l’établissement dispose d’un
véhicule de transport pour transférer les détenus au parquet et leur évacuation
dans centre de santé en cas d’urgence. Cela pour éviter que les détenus ne
soient plus transférés au parquet et évacués au CHR à pieds sous le regard de la
population.
Aussi, pour une meilleure exécution du service, le matériel de sécurité
(armement) doit être renouvelé.
PRESENTATION DU SERVICE SOCIO-EDUCATIF EN MILIEU CARCERAL DE LA MAC-ABOISSO (SERSOE-MC)
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Le service socio-éducatif en milieu carcéral créé en janvier 2004 par la
Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) est un service du ministère de
la justice. Le service social de la prison d’Aboisso est directement rattaché au
SERSOE-MC et a ouvert ses portes en 2008. Le service était animé par un
Maître d’Education Spécialisée. Aujourd’hui, il est aidé dans sa tâche par deux
(02) Educatrices Spécialisées. Le service social est à ce jour assuré par une
équipe de trois (03) travailleurs sociaux qui exercent dans l’intérêt des missions
et objectifs assignés à leur service.
MISSIONS ET OBJECTIFS
Le service social en milieu carcéral œuvre pour la réinsertion sociale du
détenu par l’humanisation du cadre de vie carcérale.
A cet effet, le service social vise :
- L’amélioration des conditions de vie carcérale
- La limitation des effets désocialisant de l’incarcération
- L’acquisition de nouvelles valeurs et connaissances aux détenus
- Le suivi post carcéral de l’ex-détenu et sa réinsertion sociale
- La médiation familiale entre le détenu et sa famille
- L’assistance permanente aux détenus
- Le soutien matériel aux détenus les plus nécessiteux
- Le suivi des dossiers dans les tribunaux
LES ACTIVITES MENEES
Le service social mène des activités dans la cadre des actions socio-
éducatives en milieu carcéral. Des activités socio-éducatives sont exécutées au
sein et à l’extérieur de la prison. Elles s’inscrivent dans le processus de
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rééducation, de resocialisation et visent la réadaptation familiale et la
réinsertion socioprofessionnelle réussie des détenus.
A cet effet, nous avons participé aux activités depuis notre prise de service
c’est-à-dire le 21 Août 2012.
L’écoute psychologique : A l’arrivée d’un détenu, nous établissons un dossier
puis nous recueillons des informations à l’aide de la fiche d’écoute. Aussi, le
détenu en fin de peine est-il reçu par le service social pour bénéficier des
conseils pour éviter la récidive.
Distribution de dons : Avec l’appui des ONG et des confessions religieuses,
nous avons reçu des dons destinés aux détenus. Ainsi chaque mois, il est
distribué aux détenus du savon et des kits d’hygiène (Omo, eau de javel, savon
liquide …) pour l’entretien des cellules. Nous avons procédé également à la
distribution de vêtements.
Suivi des dossiers au tribunal et des audiences : Nous établissons des
demandes de mise en liberté provisoire et d’appel en faveur des détenus. Dans
l’impossibilité pour le détenu d’être en contact avec l’extérieur, nous servons
d’intermédiaire. Ainsi, nous orientons les parents des détenus dans les
démarches à suivre. A cet effet sur une dizaine de demande de mise en liberté
provisoire transmis au parquet une a été accordée à un détenu.
Parmi nos activités, nous faisons l’assistance médicale deux fois par
semaine. Il s’agit de recenser les détenus malades et les conduire à l’infirmerie
pour des soins donnés par une sœur de la mission catholique qui fait office
d’aide soignante.
Nous avons également effectué des visites à domicile chez les parents de deux
mineurs libérés dans le courant du mois de novembre à décembre.
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Enfin, nous avons élaboré un projet d’alphabétisation que nous avons
soumis aux représentants de PRSF (Prisonnier Sans Frontière) et de la
protection de l’enfance de L’ONUCI en vue du financement qui va couronner la
phase pratique de cette activité.
Les activités ci-dessus sont nos activités quotidiennes. A celles-ci, il faut ajouter
l’arbre de Noël organisé en collaboration avec le Centre Social. A cette
occasion, nous avons honoré trente (30) enfants de détenus dont l’âge varie
entre 4 et 8 ans. Les enfants ont reçus divers cadeaux et un cocktail leur a été
offert. Aussi, le jour de la fête de Noël, les pensionnaires de la prison d’Aboisso
ont reçu la communauté EGEDIO. En présence du service social, un repas leur a
été offert. C’est une véritable ambiance de fête qui a prévalu dans les locaux de
la prison ce jour.
DIFFICULTES
Le service social en milieu carcéral est presqu’inexistant dans
l’organigramme du Ministère de la Justice alors que la présence des travailleurs
sociaux reste indispensable dans les prisons. Cette inexistence est la
conséquence logique de l’absence de budget. Par conséquent, le service social
mène ses activités sur fond propre et bénéficie de soutien des personnes de
bonne volonté, des ONG, communautés religieuses. Cette situation rend
caduque la mise en pratique de nos activités et les détenus sont des personnes
qu’il faut motiver de part et d’autre pour les amener à adhérer à nos activités.
Pour y parvenir, il faut des moyens financiers ou matériels qui sont d’ailleurs
insuffisants voire inexistants. Il faut également signaler que les animateurs du
service social sont soumis à des conditions de travail difficiles. En effet, ils sont
confinés dans un bureau exigu et non équipé. Cela nous rend la tâche difficile
en ce sens que nous éprouvons des difficultés quand il s’agit de faire les écoute
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et entretien avec les détenus, de recevoir les parents lorsque nous les
convoquons. Etant donné que travailleur social, en particulier l’Educateur
Spécialisé doit s’adapter à toutes les situations, donc les difficultés que nous
rencontrons dans l’exercice de nos tâches doivent davantage nous amener à la
recherche de solutions pour l’efficacité de notre service.
SUGGESTIONS
Les conditions de vie dans les prisons sont telles que la présence des
travailleurs sociaux est indispensable. Cela doit constituer une préoccupation
pour les supérieurs hiérarchiques. Le travailleur social est celui là même qui
connait au quotidien les difficultés des détenus à travers les écoutes et
entretiens. IL lutte également pour l’amélioration des conditions de vie des
détenus. Pour cela des moyens doivent être mis à la disposition du service
social pour mener à bien sa mission. Il est donc souhaité que ce service ait un
budget de fonctionnement. Les organismes reconnus pour leur intervention
dans les prisons doivent davantage s’impliquer et nous souhaitons avoir une
franche collaboration avec eux voire même nous associer à des séances de
travail. Le service doit bénéficier de locaux adéquats avec des bureaux bien
équipés pour rendre le travail efficace. Les responsables hiérarchiques doivent
valoriser le service social en milieu carcéral par tous les moyens pour montrer
son importance.
NB : L’EFFECTIF CARCERAL EST DE 161 DETENUS CE JOUR (07 FEVRIER 2013)
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