SAVOIR PARLER AUX TOUT-PETITS DocteurMarie-NoëlleClément Psychiatre Psychothérapeute Directrice...

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DocteurMarie-Noëlle

Clément

PsychiatrePsychothérapeute

Directrice de

l’Hôp. de Jour

pour EnfantsCEREP-PHYMENTIN

(PARIS 10)

Communiqueravec le tout-petit…

une nécessité

Une préoccupation récente

La notion de Sujet pour désignerun enfant de moins de 3 ans

a longtemps fait débat

Le travail des psychanalystes de l’enfance a permis de poser ce

principe(F. Dolto, D.W. Winnicott)

Le bébé est un être de langage

De quel langage parle-t-on ?

Des paroles tenues par les parents, sur l’enfant, autour de l’enfant, adressées à l’enfant, et ce dès la conception

Du langage du corps et des sens : le bébé est pris tout entier dans des éprouvés sensoriels, que les mots des adultes viennent nommer et structurer

Le « mamanais »

Traduit de l’anglais « motherese »

Forme langagière universelleet transculturelle

que toute personne en situationde prendre soin d’un bébé

utilise spontanément

Les caractéristiques du « mamanais »

Simplification du vocabulaire et de la syntaxe

Phrases courtes ou mots isolés

Usage de diminutifs

Usage de formes interrogatives et exclamatives

Prosodie chantante et tonalité élevée

Hyper articulation et accentuation des voyelles

Le « mamanais » :une communication multimodale Gestes et mimiques accompagnent la

prosodie et en partagent certaines caractéristiques (exagération, répétition, enthousiasme)

Bain émotionnel partagé qui engage parents et enfants dans la relation

S’inscrit au cœur de la relation dynamique mère-enfant

Les vertus du « mamanais » Stimule la réactivité et encourage

l’interaction

Véhicule l’affect et l’intention communicative

Soutient le message verbal et favorise sa compréhension

Favorise l’acquisition du langage : le bébé a besoin d’une connexion émotionnelle pour entrer dans les apprentissages (travaux de HOBSON)

Communiquer avec le tout-petit :

une manière d’intégrer le bébé à la famille

Parler au bébé de tout ce qui le concerne permet de l’instituer à une place de Sujet de son histoire personnelle et familiale

Parler au bébé est une manière de s’habituer à échanger avec son enfant

Communiqueravec le tout-petit…

une nécessité, certes,

mais pas toujours une évidence !

Comment te dire ?

Pas de mode d’emploi universel

Il n’y a pas UNE manièrede parler aux tout-petits

mais de MULTIPLES manières

Pourquoi dire ?POUR LUI Parce que le tout-petit vit dans une

grande proximité émotionnelle avec ses proches

Parce que les émotions peuvent être source d’angoisse si elles restent « hors sens »

Pour instituer le bébé à une place de Sujet

ET… POUR SOI Pour s’habituer à établir un échange

continu avec son enfant Pour s’habituer à prononcer les mots

De quoi parler ?

De tout et de rien ! >> fonction phatique du langage

De tout ce qui concerne directement les tout-petits en changeant quelque chose dans leur vie quotidienne (par ex. un déménagement, une naissance, la reprise de travail de leur mère, une séparation parentale…)

De tout ce qui les concerne indirectement en affectant l’humeur de leurs proches (par ex. une maladie grave ou un décès dans la famille)

De leur origine, car cela fonde leur rapport au monde

De quoi… ne pas parler ?!

De tout ce qui ne concerne pas l’enfant, notamment tout ce qui a trait à la vie amoureuse ou sexuelle des parents

Le droit de savoir des enfantss’arrête

devant la porte de la chambre des parents !

Aujourd’hui, demain ou… à la Saint Glinglin:

quand parler à un tout-petit ?

Parler de tout, tous les jours, tout le temps…

Ne pas attendre que l’enfant possède le langage pour lui parler de tout ce qui le concerne

L’adulte doit d’abord s’habituer pour lui-même à ses propres mots

Etablir un échange continu sur lequel s’appuyer pour parler d’événements plus douloureux lorsque c’est nécessaire

On n’est jamais obligés de donner toute l’information en une seule fois

Quelques repères

Mettre son discours en accord avec ses émotions (« parler vrai »)

Se mettre physiquementau niveau de l’enfant

Parler simplement :phrases courtes, affirmatives, au

présent

Joindre le geste à la parole

Quelques repères

Donner des repères verbaux

Donner des repères visuels

Donner des repères sensori moteurs(Joindre le geste à la parole !)

Quelques repères

Un échange continu vaut mieuxqu’une grande révélation !

Ne pas raconter de « fables »car les jeunes enfants prennent les mots

au pied de la lettre :nommer les choses pour ce qu’elles sont,

avec les mots qui les désignent

S’appuyer sur des livres pour enfants

Des exemples…

Mettre son discours en accord avec ses émotions

C’est ce que Françoise DOLTO appelait le « parler vrai »

Ne pas dire que tout va bien si l’on est tristeDire ce que l’on fait et Faire ce que l’on dit

Tout est langage : les mots, les regards,

les mimiques, les gestes

Derrière les mots, le langage du corps

Les faits priment sur les paroleschez les jeunes enfants.

Mauvaise

humeur

Tristesse

MaladieDécès

Séparation

Non !

Donner des repères

Repères verbauxNommer

Repères visuelsMontrer

Repères temporelsCalendrier visuel

Repères sensori moteurs

Engager le corps et l’émotion

Maintien des repèresRenforcement de la sécurité de base

Léa déménage• Nommer : « On change de maison ! »• Langage simple, phrases courtes,

affirmatives• Livres

Repères verbaux

• Montrer, visiter l’espace• LivresRepères visuels

• Dire au revoir (en agitant sa main !)• Fêter le départ• Participer à l’événement

Symbolisation sensori affectivo

motrice

• Qu’est-ce qui ne va pas changer ?

Maintien des repères

Gaspard entre à la crèche

• Nommer le lieu, les personnes

• Intégrer le lieu et les personnes au discours familial, faire lien

• Dire pourquoi

Repères verbaux

• Visiter le lieu, rencontrer les personnes

• AVEC SES PARENTSRepères visuels

• Rituels de séparation et de retrouvailles

Symbolisation sensori affectivo

motrice

• Trajet• Objets familiers• Répétition des rituels à

l’identique

Maintien des repères

Le grand-père de Nadiaa une maladie grave

• Nommer : « Papi a une grosse maladie. »

• Langage simple, phrases courtes, affirmatives

• Pas de métaphore : Papi n’a pas un nuage dans le poumon, ou un vélo dans la tête

• Livres

Repères verbaux

• Montrer le lieu de la maladieRepères visuels

• Par exemple jouer au docteur

Symbolisation sensori affectivo

motrice

• Papi ne vient plus me chercher à l’école• Mais à la maison, il peut toujours me

lire des histoires

Maintien des repères

Préférer un échange continu à une grande

révélation

Parler de tout, tous les jours, tout le temps

Avant que le tout-petit ne soit même capable de comprendre le sens des mots,

lui parler permet :

de s’habituer à établir un échange continu avec lui de s’habituer à prononcer les paroles difficiles

A partir de 3 ans : la litanie des questions

C’est quoi être mort ? C’est quand qu’on est mort ? Après la mort, on va où ? Et… Comment on fait les bébés ?

Autrement dit « D’où je viens ? » et « Où je vais ? »

La vie offre de multiples occasions d’aborder les grandes questions

de l’existence

Ma cousine Margot a eu un petit frère

Ma chatte a eu des chatons

A la ferme, un poussin est sorti de l’œuf

Il y a un pigeon mort sur le trottoir (non, il ne dort pas ! Il ne bouge plus, il ne respire plus : il est bien mort !)

On a trouvé un papillon de nuit ce matin sur la table de la cuisine

Les origines La mort

Eviter l’effet avant / après

Continuum

Entre discours généraliste et particulier(la mort des pigeons et des papillons et celle

d’un membre de la famille)

Entre les différentes étapes d’un problème(la maladie grave de papi et son décès)

Entre les différentes étapes de la vie de l’enfant

(les possibilités de compréhension augmentent avec l’âge et le discours peut

devenir de plus en plus précis)

Exemple : de la différence des sexes

à la question des origines

< 2 a

• Pas de perception visuelle de la différence des formes• L’enfant explore son corps• Faire exister toutes les parties du corps en les nommant, y compris les organes sexuels

2-3 a

• L’enfant réalise que son sexe n’est « pas pareil » que celui de sa sœur ou de son frère

• Mettre des mots sur ses observations, sur les phénomènes qui l’inquiètent (érections chez les petits garçons)

> 3 a

• Le temps des questions, qui s’avancent parfois masquées (« Où j’étais moi avant de naître ? », « Mon copain Jean, il n’a pas de papa ! », « Est-ce que j’aurai des enfants moi plus tard ?) … mais parfois pas ! (« Dis maman, comment on fait les bébés ? »)

• Pour toute question existe à chaque âge une réponse adaptée

• Des mots simples, pas d’excès d’information, ne pas montrer sur son propre corps, on n’est jamais obligé de tout expliquer en une seule fois

• La différence sexuelle structure le rapport au monde : c’est la fin du « tout est possible »

• Respecter la pudeur de l’enfant

De la question des originesà la question de MES origines…

Un enfant a besoin de fondations solidespour grandir et se structurer :

La connaissance de son origine

L’inscription dans une généalogie familiale

L’origine :

les trois piliers de l’enfant en construction

Pilier biologique

= parents biologiques, forcément de sexe différent

Dans les situations de

GPA, s’y ajoute la mère porteuse

Pilier administrat

if= responsables

légaux de l’enfant, statut

légal de l’enfant dans

la société civile

L’enfant portele nom de

son/ses resp. légaux

Pilier éducatif

= personnes assurant

l’éducationde l’enfant

Environnement

dans lequelévolue l’enfant

Pas de fables !

C’est un écueil très fréquent !

Les garçons naissent dans les choux et les filles dans les roses / La cigogne est passée

Doudou est parti en voyage

Papa est parti en voyage d’affaires

Mamie est partie habiter dans une étoile

Si tu n’es pas sage, le Docteur va te faire une piqûre !

Pourquoi ?

Parce que le jeune enfant, avant 6-7 ans, prend les mots au pied de la lettre (pas d’accès à la métaphore ni au second degré)

Parce que cela peut angoisser l’enfant

Parce que cela peut mettre à mal la confiance accordée à l’adulte

Quels mots employer ?

« Il faut que la réalité demeure

dans les mots de la réalité. »

Françoise Dolto

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