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Théorie générale de la population, I. Économie et population Bibliothèque de Sociologiecontemporaine by Alfred SauvyReview by: Roger PeltierCahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 16 (Janvier-Juin 1954), pp. 185-187Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40688883 .

Accessed: 16/06/2014 00:41

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liale. Les deux derniers chapitres de l'ouvrage (IV et V) sont consacrés, avec une minutie dans l'observation et un talent littéraire incontestable, au deuxième de ces aspects. Sans qu'il y ait d'ailleurs une coupure radicale d'avec le premier ; dans cette société agraire et patriarcale « la production des êtres humains » paraît encore étroitement liée à « la production des moyens d'existence ». G. Freyre précise : « Le même intérêt économique des propriétaires à aug- menter leur troupeau d'esclaves, qui a corrompu la famille patriarcale au Brésil et au Portugal, a également corrompu celle du Sud des États- Unis » (p. 327). Ce sont la autant d'éléments qui donnent à comprendre comment s'est construite cette civilisation métisse qu'est la civilisation brésilienne, à comprendre quelle impulsion reçurent au départ les rapports entre races et classes (deux termes coïncidant dans une large mesure). Mais l'intérêt pro- prement sociologique est encore prolongé, et c'est une indication de valeur pour cet ouvrage aux implications multiples, par la contribution particulière qu'il apporte à la connaissance du « patriarcalisme agraire » - en fonction duquel (pour ou contre lui) s'est accompli le développement de la société brésilienne.

Centre d'Études Sociologiques, Paris. Georges Balandier.

Alfred Sauvy, Théorie générale de la population, I. Économie et population, Bibliothèque de Sociologie contemporaine, Paris, Presses Universitaires de France, 1952, in-8O, 370 p. Les principaux ouvrages du genre connus à l'heure actuelle n'ont rigou-

reusement d'équivalent, ni en anglais, ni, semble-t-il, en aucune langue. Il élargit et renouvelle une science, dont le Traité de démographie d'Adolphe Landry, paru en France en 1945, limitait l'objet à la démographie pure, encore que les développements de doctrine y fussent déjà d'une relative étendue et d'un intérêt certain. Avec A. Sauvy, le cadre classique éclate : les recherches économique et démographique se rejoignent, affirment leur solidarité, trop longtemps négligée ou méconnue, et se révèlent désormais inséparables. Démo- graphie et économie ouvrent, en une saisissante association, des voies nouvelles à la science politique.

C'est sous cet angle que la théorie de la domination, développée par A. Sauvy, fixe singulièrement l'attention : elle explique, en effet, et elle aide à comprendre certaines évolutions historiques, certaines attitudes contemporaines, ainsi qu'elle fait entrevoir de fécondes solutions aux problèmes actuels que pose, entre autres, l'existence de pays sous-développés. Sait-on qu'un partage des terres, consciencieux, mais irréfléchi, peut conduire un pays à la famine ?

Échappant au cadre rigide des études cycliques auxquelles elle était restée si longtemps confinée, la sociologie économique retrouve, avec A. Sauvy, pour se les annexer, les phénomènes lents et de longue durée, intimement liés à l'évolution démographique, et reprend tout le problème de la croissance économique en fonction de la question vitale de la population. On voit clai- rement qu'en cette matière, la prévision à long ou moyen terme aurait épargné, à la France contemporaine en particulier, les graves mécomptes résultant de cent cinquante années d'insouciance ; d'autre part, que la prévision, si bien conduite soit- elle, mène à des déboires sérieux, si elle est faite dans le cadre étroit d'une technique, sans tenir compte de ses répercussions sur les autres domaines ; et, enfin, que les études dé population permettent la synthèse indispensable.

Reprenant ici un de ses thèmes favoris, qui avait appelé, sur un de ses précédents ouvrages : Richesse et population, l'attention générale des écono- mistes et des sociologues, A. Sauvy insiste sur le concept de population opti-

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mum, non comme un objectif, mais comme un instrument commode de mesure et un système pratique de référence. Son apport original, essentiel, est d'intro- duire, ici, l'optique de classe et de souligner l'influence du progrès technique sur l'emploi ou sur la condition des sans-avoir. L'inégalité des hommes et, principalement, la répartition en classes sociales, sont en général ignorées ou méconnues par les théoriciens modernes de l'optimum de population. Comblant cette lacune, A. Sauvy, mettant en opposition Marx et Malthus, non seulement entre eux, mais avec divers faits, montre que la doctrine malthusienne est essentiellement conservatrice et que la doctrine soviétique de population n'est qu'une attitude provisoire.

Un deuxième aspect du livre vise la répartition de la population selon les différentes activités professionnelles. L'auteur montre tout d'abord qu'en condamnant l'homme au progrès indéfini, rançon inéluctable de notre civili- sation, de ses données et de ses normes, l'évolution technique interdit à l'éco- nomie moderne d'aspirer à quelque équilibre. Approfondissant son analyse de l'influence du progrès technique sur l'emploi, imparfaitement décrite tant par les classiques que par les marxistes, il distingue les progrès qui brisent le monopole de ceux qui le confirment. Son analyse le conduit à des conclusions fondamentales sur le plan de l'action.

L'influence du progrès technique sur la vie économique, ainsi que le pro- blème du chômage et des crises, sont le prétexte d'une pertinente mise au point des résultats les plus récents de la science économique et, en même temps, l'occasion de développements originaux, propres à bouleverser les notions reçues.

L'ouvrage aborde ensuite, par une série d'aperçus aussi originaux qu'actuels, un certain nombre de questions internationales : échanges commerciaux, migrations, unions économiques, qui, à leur tour, confirment, les unes et les autres, l'interdépendance des facteurs socio-économiques et démographiques.

Économie et population s'achève par l'analyse d'une notion que la suppres- sion de l'esclavage avait quelque peu vidée de sa substance, mais à laquelle l'actualité rend, sur un plan tout différent, un regain d'intérêt : celui de la valeur de l'homme, du coût de sa formation, de la dépense qu'entraîne la lutte contre la mortalité, toutes questions dont le développement de la sécurité sociale pose, aujourd'hui, à la société le problème en termes impérieux, qui ne peuvent être esquivés. Ce bilan de ce que l'homme coûte, mais aussi apporte, si important pour l'équilibre économique et social d'un pays, relève plus de la connaissance lucide que d'approximations empiriques.

En résumé, Économie et population apporte la preuve que la science de la population est susceptible de renouveler les théories économiques et, de ce fait, d'inspirer utilement l'art de gouverner et d'administrer, en en revisant les fondements et en lui découvrant de nouveaux horizons. Le livre d'A. Sauvy, prolongeant une œuvre commencée il y a quelque vingt-cinq ans, s'attache à définir une connaissance objective de la société et des lois qui la régissent. A cet égard, il apporte une contribution exceptionnelle au législateur, à l'écono- miste, au sociologue, soucieux d'étayer son action sur des faits.

C'est dans cet esprit que l'auteur poursuit son œuvre avec méthode, tant dans ses recherches personnelles, qu'à la tête de Y Institut national d'Études démographiques qu'U anime depuis 1945, avec cette conscience du bien public qui n'est permise qu'aux observateurs impartiaux.

Perspicacité, points de vue inédits, probité intellectuelle exemplaire, servis par un tempérament d'écrivain, dont le génie des images maîtrise et transmet fidèlement la pensée : telles sont les caractéristiques d'un ouvrage dont la méditation peut orienter heureusement les études de population.

L'ouvrage confirme que l'application à l'étude de la vie, de l'observation systématique, selon les techniques des sciences exactes, est désormais à la mesure de notre époque. Il démontre, en outre, d'une façon décisive, que la

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méthode suivie par A. Sauvy et son école expliq le l'avance de la France sur les autres pays et même sur les États-Unis. 11 faut souhaiter que cette avance ait ses répercussions sur le plan pratique. Éclairer la route n'a pas d'autre objet que de signaler les écueils et d'écarter les infortunes.

Institut National d'Études Démographiques, Paris.

Roger Peltier.

Marcel Granet, Études sociologiques sur la Chine, Préface de L. Gernet, Introduction de R. A. Stein, Paris, Bibliothèque de Sociologie contem- poraine, Presses Universitaires de France, 1953, p. 301.

L'initiative est fort heureuse d'avoir songé, comme il fut fait avec certains textes» de M. Mauss, à rassembler en un ouvrage des études jusqu'alors dis- persées. C'est non seulement la meilleure efficacité de la recherche qui en résulte, mais aussi une confrontation de textes qui porte en elle-même un enseignement. On retrouve ici les intérêts dominants de M. Granet : catégories et coutumes matrimoniales de la Chine ancienne, religion et pensée chinoises, ceux qui ont donné lieu à des ouvrages devenus monuments de la sociologie française. Dans une préface présentant l'ensemble, L. Gernet rappelle fort précisément ce qu'avait de particulier la position de M. Granet. L'auteur de la Pensée chinoise n'a été occupé que de sinologie, évitant le comparatisme (il suffit de se reporter à la première étude publiée i*i, relative à la polyginie sororale et au sororat, pour le constater), restant toujours soucieux de fidélité aux « réalités indigènes ». A la fois historien et sociologue, il a la passion de la découverte mais aussi le strict respect des faits. Et lorsqu'il situe ces derniers, c'est essentiellement par rapport à la civilisation (chinoise, en l'occurrence) qu'il considère et traite comme un tout ; il ne cherche pas à les « placer » en fonction d'une théorie. Il a retenu de Durkheim la méthode, la manière de considérer et analyser le fait social, mais il a en commun avec M. Mauss le souci de la réalité « totale » ; tout thème précis abordé par Granet est justement riche des résonances qu'implique le souci constant de référence à cette der- nière. L. Gernet insiste sur ce qu'il nomme, d'une manière très significative, « unité de l'explication : convergence nécessaire, dans une espèce historiquement originale, de ce qu'on appelle les représentations collectives et des exigences sociales de l'institution ».

De son côté, R. A. Stein s'attache à préciser - se référant aux textes publiés - ce que Granet apporte de nouveau en matière de recherches sino- logiques. A une critique essentiellement philologique, et parfaitement respec- tueuse des gloses élaborées par les lettrés chinois, il substitue une recherche qui tend à retrouver « l'esprit » de la langue chinoise écrite et ancienne, les mécanismes par lesquels elle opère. Un retour aussi aux commencements de l'institution - car ils « commandent toute sa destinée » ; dans l'étude consacrée à la langue et la pensée chinoise, Granet précise : « L'orientation donnée à la pensée chinoise par les formes premières du langage, conservées presque telles quelles par la langue écrite, est, depuis trois mille ans sans doute, restée sensi- blement la même » (p. 101). Permanence (dans la forme et l'impulsion) sur laquelle il est impossible de ne pas insister, surtout lorsqu'il s'agit de la civili- sation chinoise, mais à propos de laquelle Granet apporte une contribution importante : en montrant comment le sens varie néanmoins selon les conjonc- tures et les milieux. Ainsi, les oppositions et les prééminences qui sont liées au dualisme fondamental - Yin et Yang, Gauche et Droite - se révèlent absolument inversées lorsqu'on passe du milieu rural au milieu urbain. Les variations de la tradition apparaissent toutes sociologiquement significatives.

Si l'on met à part la première étude publiée en tête de cet ouvrage (La polyginie sororale et le sororat dans la Chine féodale) qui représente une ré-

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