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UNION DES COMORES QUESTIONS GENERALES
Approuvé par Abebe Aemro Selassie
Préparé par Mounir Bari et Cameron McLoughlin.
ANALYSE COMPARATIVE DE LA SITUATION BUDGÉTAIRE _____________________________ 3
A. Contexte _________________________________________________________________________________ 3
B. Méthodologie ____________________________________________________________________________ 4
C. Recettes publiques _______________________________________________________________________ 5
D. Dons _____________________________________________________________________________________ 7
E. Dépenses publiques ______________________________________________________________________ 8
F. Déséquilibre budgétaire structurel _______________________________________________________ 9
G. Conclusions _____________________________________________________________________________ 10
H. Source des données ____________________________________________________________________ 10
GRAPHIQUES
1. Recettes totales et dons __________________________________________________________________ 5
2. Recettes totales et dons, PPTE exclu _____________________________________________________ 5
3. Recettes intérieures _____________________________________________________________________ 5
4. Recettes fiscales __________________________________________________________________________ 6
5. Recettes non-fiscales _____________________________________________________________________ 6
6. Dons _____________________________________________________________________________________ 7
7. Dons, PPTE exclu _________________________________________________________________________ 7
8. Dons pour projets ________________________________________________________________________ 7
9. Aides budgétaires _______________________________________________________________________ 7
10. Dépenses totales ________________________________________________________________________ 8
11. Dépenses courantes ____________________________________________________________________ 8
12. Dépenses courantes sur les traitements et salaires ______________________________________ 8
13. Dépenses courantes en biens et services _______________________________________________ 8
14. Dépenses en capital_____________________________________________________________________ 9
Table des matières
Le 22 novembre 2016
UNION DES COMORES
2 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
15. Dépenses en capital financées sur ressources extérieures ______________________________________ 9
16. Dépenses en capital financées sur ressources propres _________________________________________ 9
17. Dépenses sur traitements et salaires (en pourcentage de recettes intérieures) ________________ 9
18. Dépenses sur traitements et salaires (en pourcentage de recettes fiscales) ____________________ 9
TABLEAU
1. Échantillon de pays d'Afrique subsaharienne éligibles à la PRGT _______________________________ 11
SECTEUR FINANCIER : ÉVOLUTIONS, RISQUES ET INCLUSION ____________________________________ 11
A. Contexte _______________________________________________________________________________________ 11
B. Présentation générale des évolutions du secteur financier _____________________________________ 12
C. Risques et vulnérabilités du secteur financier __________________________________________________ 16
D. Inclusion financière ____________________________________________________________________________ 22
E. Conclusions ____________________________________________________________________________________ 29
GRAPHIQUES
1. Croissance, crédit et prêts non performants ___________________________________________________ 11
2. Indicateurs sélectionnés du développement du secteur financier ______________________________ 15
3. Indicateurs sélectionnés de vulnérabilité financière ____________________________________________ 17
4a. Nouveaux Prêts non performants par industrie en 2015 (pourcentage du total des
nouvelles créances douteuses) ____________________________________________________________________ 18
4b. Nouveaux Prêts non performants par industrie en 2015 Pourcentage du crédit de
l'industrie) ________________________________________________________________________________________ 18
5a. Indicateurs de solidité financière 2015 (en pourcentage) _____________________________________ 19
5b. prêts non performants et provisions (Milliards KMF, pourcentage) ___________________________ 19
6a. Accès financier, 2011 __________________________________________________________________________ 24
6b. Accès financier, 2011 (conclu)__________________________________________________________ ________ 25
7. Accès au secteur bancaire, 2014 ________________________________________________________________ 28
TABLEAUX
1. Comores: Vue d'ensemble du système financier _______________________________________________ 13
2. Comores: Vue d'ensemble des banques de dépôts ____________________________________________ 14
3. Indicateurs de solidité financière pour le secteur bancaire, 2011 - 2015 ________________________ 20
4. Carte thermique des Indicateurs de solidité financière, 2015 ___________________________________ 21
BIBLIOGRAPHIE _________________________________________________________________________________ 30
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 3
ANALYSE COMPARATIVE DE LA PERFORMANCE
BUDGÉTAIRE1
La performance et les perspectives budgétaires des Comores souffrent toujours des effets d’un certain
nombre de difficultés systémiques concernant l’administration fiscale et la gestion des finances
publiques. Les Comores connaissent notamment un déséquilibre structurel entre la mobilisation des
ressources intérieures et les dépenses courantes (salaires et traitements de la fonction publique
principalement), ce qui laisse une faible marge de manœuvre pour financer des dépenses
d’investissement, essentielles au soutien de la croissance économique et du développement social. Ce
déséquilibre budgétaire est plus marqué aux Comores que dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne
comparables, même en tenant compte des importants dons budgétaires ponctuels dont le pays a
bénéficié.
A. Contexte
1. Depuis plus de dix ans, l’un des principaux défis de la politique économique en
Afrique subsaharienne est de créer une marge de manœuvre budgétaire permettant de
répondre aux besoins en matière de développement économique et social. La création d’une
marge de manœuvre budgétaire peut faire intervenir un ou plusieurs des facteurs suivants :
accroissement de la mobilisation des recettes, renforcement de l’efficience des dépenses et recours
à des financements durables, intérieurs ou extérieurs. Étant donné qu’à terme les prêts doivent être
remboursés, le meilleur moyen de créer une telle marge est d’améliorer la mobilisation des recettes
et d’augmenter l’efficience des dépenses. Il n’est donc pas étonnant que ces deux mesures
constituent depuis longtemps un objectif officiel des pouvoirs publics dans la plupart des pays
d’Afrique subsaharienne, voire dans tous, y compris aux Comores.
2. L’analyse de différents indicateurs budgétaires, dont les conclusions sont examinées
ici, indique que les résultats budgétaires des pays d’Afrique subsaharienne sont résolument
contrastés. Certains pays sont parvenus à accroître fortement leurs recettes fiscales et d’autres à
réduire leurs dépenses courantes, en particulier les salaires et les traitements. Quelques-uns ont
réussi à faire les deux, comme le Mozambique et la Guinée Bissau. Les efforts des Comores sont
minés par une crise de l’électricité, des infrastructures économiques et sociales en mauvais état et
un climat des affaires déplorable, qui ont découragé les initiatives du secteur privé et les
investissements directs à l’étranger. Compte tenu de la fragilité de l’économie comorienne et de sa
capacité limitée à rembourser ses prêts, l’octroi de prêts non concessionnels reste inapproprié et les
moyens à court terme pour augmenter la marge de manœuvre budgétaire du pays sont restreints.
1 Préparé par Mounir Bari (Département Afrique).
UNION DES COMORES
4 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
B. Méthodologie
3. Le présent rapport examine les principales évolutions budgétaires de l’économie
comorienne sur la période 2005-2015 tout en attirant l’attention sur certains déséquilibres
structurels persistants. Grâce à une analyse détaillée de plusieurs indicateurs budgétaires, il met en
évidence les principaux moyens permettant de remédier aux déséquilibres budgétaires et de créer
une marge de manœuvre budgétaire. Les quartiles et les intervalles interquartiles sont utilisés ici
pour faire apparaître les similitudes et les différences concernant l’évolution des principaux
indicateurs budgétaires dans les Comores et dans des pays d’Afrique subsaharienne comparables.
4. Dans les graphiques, les Comores sont représentées par une ligne bleue continue et la
médiane de l’échantillon par une ligne rouge en pointillés. La zone grisée correspond à
l’intervalle entre les deuxième et troisième quartiles des indicateurs des pays de comparaison,
comme illustré ci-dessous.
5. Le groupe de comparaison (tableau 1) utilisé dans ce rapport est composé de 30 pays
d’Afrique subsaharienne (ASS) à faible revenu non exportateurs de pétrole admissibles au
fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance2. Parmi les 33 pays d’AfSS
admissibles, le Cameroun, le Congo et le Zimbabwe ont été exclus de l’échantillon parce qu’ils tirent
une part importante (plus de 20 %) de leurs recettes publiques du pétrole. Par conséquent, ils ne
constituent pas de bons pays de comparaison pour les Comores. L’échantillon comprend de grandes
et de petites économies, certaines stables depuis longtemps, d’autres encore fragiles. De ce fait, il
devrait être représentatif des pays d’AfSS non exportateurs de pétrole pour la période 2005-2015.
Tableau 1. Échantillon de pays d'Afrique subsaharienne éligibles à la PRGT
2 Pays membres du FMI à faible revenu et dépourvus d’accès pérenne et important aux marchés internationaux.
Benin The Gambia Niger Côte d'Ivoire
Burkina Faso Guinea Rwanda São Tomé and Príncipe
Burundi Guinea-Bissau Sierra Leone Senegal
Chad Liberia South Sudan Ghana
Comoros Madagascar Tanzania Kenya
Democratic Republic of the Congo Malawi Togo Lesotho
Eritrea Mali Uganda Zambia
Ethiopia Mozambique Cabo Verde
Sources: Admissibilité à l'utilisation des facilités concessionnaires du Fonds pour le financement concessionnel (SM /
15/158); WEO, Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde, et OP 3.10, Annexe C, de juillet 2015.
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 5
C. Recettes publiques
6. Ces dix dernières années, les Comores ont pu compter sur des ressources totales,
intérieures et extérieures, supérieures à celles de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne
comparables, en particulier en 2013 en raison de l’initiative PPTE3 (graphique 1). Ce constat
reste valide même en éliminant l’allègement de la dette accordé dans le cadre de l’initiative PPTE
en 2013 (graphique 2). Cette dernière décennie, l’économie comorienne a généralement disposé de
ressources plus élevées que la moyenne des pays de l’échantillon.
7. En revanche, la situation est bien différente si l’on exclut les dons au titre de projets et
les autres dons. Sur l’essentiel de la période, les recettes intérieures, à la fois fiscales et non fiscales,
ont été inférieures à la médiane de l’échantillon (graphique 3). L’année 2012 constitue la seule
exception : les recettes du Programme de citoyenneté économique (PCE)4 ont atteint leur maximum,
portant les recettes intérieures à 19 % du PIB.
3 Les Comores ont bénéficié d’un important allègement de la dette irrévocable en 2013, qui s’est traduit par une
baisse de la dette extérieure de 40,3 % du PIB fin 2012 à 18,5 % du PIB fin 2013. En 2014, la France a unilatéralement
effacé la dette des Comores vis-à-vis de la Poste française d’un montant de 6,6 millions USD.
4 Le PCE incluait la vente de passeports à des ressortissants étrangers dans certains pays du Moyen-Orient,
principalement les Émirats arabes unis. Les recettes provenant de ce programme ont fortement diminué en 2013 du
fait de la mise en place de contrôles plus stricts suite à des irrégularités.
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Graphique 1. Recettes totales et dons
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Graphique 2. Recettes totales et dons, PPTE exclu
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Graphique 3. Recettes intérieures
Programme de citoyenneté économique
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6 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
8. La mobilisation des recettes fiscales est insuffisante. Prise isolément, la mobilisation des
recettes fiscales dans les Comores se situe généralement dans le premier quartile (graphique 4). En
d’autres termes, trois quarts des pays de l’échantillon ont généralement enregistré de meilleurs
résultats en matière de perception des
impôts que les Comores. L’inefficience de
l’administration fiscale, tant au niveau des
impôts que des douanes, a joué un rôle
important dans ce résultat. Dans le même
temps, il est important de signaler qu’au
cours de la dernière décennie, peu de pays
d’AfSS sont parvenus à augmenter la valeur
de leurs recettes fiscales par rapport au PIB.
Ainsi, si les Comores ne sont certainement
pas le seul pays à rencontrer des difficultés
pour accroître leurs recettes fiscales, leurs
résultats restent toutefois bien inférieurs à
la moyenne.
9. À l’inverse, s’agissant des
recettes non fiscales, les Comores ont
enregistré de meilleurs résultats que la
plupart de leurs pairs (graphique 5), non
seulement en raison des recettes provenant
du PCE en 2012 et de la vente de la
deuxième licence de télécommunications
en 2015, mais également de façon générale.
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Graphique 4. Recettes fiscales
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Graphique 5. Recettes non-fiscales
Programme de citoyenneté économiqueVente de licence de
télécommunication
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D. Dons
10. L’économie comorienne a bénéficié d’importants dons budgétaires ponctuels.
S’agissant des dons extérieurs, il apparaît que ces dix dernières années, la communauté
internationale a été plus généreuse envers les Comores qu’envers la plupart des autres pays d’AfSS
comparables (graphique 6). Ce constat se vérifie que l’on prenne ou non en compte l’allègement de
la dette dans le cadre de l’initiative PPTE accordé en 2012-2013 (graphique 7).
11. La plupart des dons que les Comores ont
reçus et continuent de recevoir prennent la
forme de dons au titre de projets, c’est-à-dire de
dons que les donateurs versent pour soutenir la
réalisation de projets précis dans le pays. Le
niveau des dons au titre de projets, trois à quatre
fois plus élevé que la médiane de l’échantillon, est
assez frappant (graphique 8). Fin 2015, il
représentait aux Comores 6,1 % du PIB contre 2,3 %
du PIB en moyenne dans les pays d’AfSS.
12. Les dons budgétaires ont généralement
été nettement inférieurs aux dons au titre de
projets et bien plus volatils. Les deux pics, visibles
sur le graphique 9, correspondent à des dons
budgétaires ponctuels octroyés par le Qatar en 2010
et l’Arabie saoudite en 2015. Ces dons considérables
se sont certes avérés déterminants pour permettre
aux Comores de payer les salaires dans la fonction
publique et financer d’autres dépenses, mais ce
graphique montre qu’il est dangereux de dépendre
de dons budgétaires pour couvrir des dépenses
récurrentes.
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Graphique 6. Dons
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Graphique 7. Dons, PPTE exclu
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Graphique 8. Dons pour projets
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Graphique 9. Aides budgétaires
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E. Dépenses publiques
13. En matière de dépenses publiques totales, les Comores se situent globalement dans le
milieu de l’échantillon ces dix dernières années (graphique 10). De fait, sur cette période, le
niveau des dépenses publiques totales dans les Comores était proche de la médiane de l’échantillon,
qui s’établit à environ 23 % du PIB.
14. Les dépenses courantes des Comores étaient supérieures à la moyenne de l’échantillon
durant l’essentiel de la dernière décennie, mais elles ont récemment convergé vers la médiane
(graphique 11). Cela tient principalement au fait que les dépenses courantes ont augmenté dans
les pays de l’échantillon tandis qu’elles sont restées globalement stables en pourcentage du PIB
dans les Comores, à l’exception d’une baisse en 2013.
15. Les dépenses consacrées aux salaires
et aux traitements ont été très élevées. Aux
Comores, la masse salariale, exprimée en
fonction du PIB, a été bien supérieure à la
moyenne au cours de la dernière décennie et
elle le reste malgré la tendance à la hausse de la
masse salariale observée dans les pays de
l’échantillon ces dernières années
(graphique 12).
16. Les dépenses en biens et en services
des Comores sont globalement conformes à
la moyenne de celles des pays d’Afrique
subsaharienne (graphique 13). Au cours de la
dernière décennie, elles s’élevaient à 3,9% du
PIB.
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Graphique 10. Dépenses totales
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Graphique 11. Dépenses courantes
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Graphique 12. Dépenses courantes sur les traitements et salaires
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Graphique 13. Dépenses courantes en biens et services
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17. Les dépenses d’investissement
totales des Comores se situent globalement
dans la moyenne de celles des pays
d’Afrique subsaharienne (environ 6,6 % du
PIB), malgré une volatilité bien plus marquée
que dans le cas des dépenses courantes
(graphique 14).
18. Il convient de noter qu’aux
Comores, les dépenses d’investissement
financées sur ressources extérieures sont
supérieures à la moyenne de l’échantillon
(graphique 15). De fait, ces dépenses
atteignaient 6,3 % du PIB en 2015, tandis que
la moyenne de l’échantillon s’établissait
à 4,4 % du PIB à la fin de cette même année.
Étant donné que les dépenses
d’investissement ont été globalement proches
de la moyenne de l’échantillon, cela signifie
que les Comores ont dû davantage limiter les
dépenses d’investissement financées par des
ressources intérieures que la plupart des pays
de l’échantillon (graphique 16), à l’exception
du moment où les recettes issues du PCE
étaient maximales.
F. Déséquilibre budgétaire structurel
19. La masse salariale élevée constitue
un problème récurrent pour les pouvoirs
publics comoriens. La masse salariale a
absorbé plus de 60 % des recettes intérieures
tout au long de ces dix dernières années, une
part bien supérieure à la moyenne des pays
d’Afrique subsaharienne (graphique 17). Par
conséquent, le pays ne dispose que d’une
faible marge de manœuvre pour les autres
postes budgétaires comme les prestations
sociales, l’éducation ou les projets
d’infrastructures.
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Graphique 14. Dépenses en capital
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Graphique 17. Dépenses courantes sur traitements et salaires
(en pourcentage de recettes intérieures)
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20. Ce déséquilibre est encore plus
marqué si l’on s’intéresse au ratio masse
salariale sur recettes fiscales. Ce ratio était
généralement proche de 80 %. À cet égard, les
Comores font figure de pays nettement
atypique au sein de l’échantillon
(graphique 18).
G. Conclusions
21. Comparées à d’autres pays d’Afrique subsaharienne, les Comores constituent un pays
atypique en ce qui concerne les recettes fiscales et l’importance de la masse salariale.
Semblables à leurs pairs en ce qui concerne différents aspects budgétaires, comme les dépenses
publiques totales et les dépenses en biens et services, les Comores enregistrent un niveau de
recettes fiscales (en fonction du PIB) plus faible que celui de la plupart des autres pays. En outre, la
masse salariale, élevée, absorbe une part disproportionnée de ces recettes, ce qui engendre un
déséquilibre structurel croissant. Il convient de remédier à ce déséquilibre afin de créer une marge
de manœuvre budgétaire, nécessaire pour financer des dépenses d’investissement en hausse,
consacrer suffisamment de ressources aux dépenses sociales et renforcer la résilience aux chocs
externes, comme les catastrophes naturelles.
22. Des entrées de capitaux volatiles et parfois considérables ont masqué le déséquilibre
budgétaire structurel. D’importantes entrées de capitaux sous la forme de dons budgétaires, mais
aussi de ventes de passeports, qui se sont avérées très volatiles, ont permis aux autorités de
préserver leurs dépenses globales, tout en occultant le déséquilibre grandissant. Ces ressources
extérieures volatiles devraient être utilisées pour financer des dépenses extraordinaires (pour créer
des marges de manœuvre budgétaires, réaliser ponctuellement d’importants projets structurels ou
résoudre les difficultés structurelles rencontrées par les entreprises publiques, par exemple) plutôt
que des dépenses courantes. il est nécessaire de mobiliser de nouvelles ressources intérieures
durables et de réduire la masse salariale pour assurer un financement viable des dépenses
courantes.
H. Sources des données
Autorités nationales, Perspectives de l’économie mondiale et calculs des services du FMI.
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Graphique 18. Dépenses courantes sur traitements et salaires
(en pourcentage de recettes fiscales)
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SECTEUR FINANCIER : ÉVOLUTIONS, RISQUES ET
INCLUSION1
En 2015, des vulnérabilités se sont accumulées dans le secteur financier comorien déjà fragile, sur fond
de stagnation de l’économie réelle. Ce chapitre analyse les évolutions du secteur financier comorien et
met en évidence les problèmes de stabilité et d’inclusion financière. Il montre que, bien que le système
financier soit peu développé et légèrement concentré en termes absolus, il s’avère plus profond, plus
liquide et plus efficient que celui d’autres pays d’Afrique subsaharienne à faible revenu comparables. En
outre, le secteur financier est dans son ensemble liquide et bien capitalisé et l’interdépendance financière
est faible, ce qui limite les possibilités de contagion systémique. Toutefois, les inquiétudes concernant la
qualité de l’allocation du crédit se sont accrues et la situation de certaines institutions, comme la banque
postale publique, est problématique. L’inclusion financière est limitée : l’accès aux services financiers est
inégal selon le niveau de revenus et le genre, et s’avère difficile pour la population majoritairement
rurale des Comores.
A. Contexte
1. Aux Comores, les institutions financières opèrent dans un environnement
macroéconomique délicat. La croissance du PIB réel a ralenti, atteignant environ 1 % en 2015
contre 2 % l’année précédente. Cette croissance atone s’explique en grande partie par la crise
persistante de l’électricité et par les faiblesses de l’exécution du programme d’investissement public.
L’inflation reste modérée. Le solde des transactions courantes a enregistré un excédent de 0,9 %
du PIB en 2015, en raison de facteurs ponctuels favorables, comme l’octroi par l’Arabie saoudite d’un
don budgétaire représentant 7,5 % du PIB. Ces mêmes facteurs ont également fait passer le solde
budgétaire global d’un déficit de 0,8 % du PIB en 2014 à un excédent de 3,6 % du PIB en 2015, alors
que les ressources intérieures étaient insuffisantes pour honorer les obligations de l’État.
2. La stagnation de l’économie
réelle en 2015 a accentué les
vulnérabilités du système financier,
déjà fragile (graphique 1). Le crédit au
secteur privé a progressé
d’environ 16 %, s’inscrivant en
augmentation par rapport à l’année
précédente où il s’établissait à 10 %.
Toutefois, cette hausse de la croissance
du crédit s’est accompagnée d’un
accroissement continu des prêts
improductifs, suscitant des inquiétudes
quant à la qualité de l’allocation du crédit et à la capacité de remboursement des prêts. La faible
rentabilité, avec un taux de rendement de l’actif inférieur à 1 %, illustre également la fragilité
1 Préparé par Cameron McLoughlin (Département Afrique).
0
1
2
3
4
0
5
10
15
20
25
2011 2012 2013 2014 2015
Croissance réelle du PIB Croissance du crédit
Prêts non performants
Graphique 1. Comores: croissance, crédit et prêts non performants
(en pourcentage)
UNION DES COMORES
12 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
persistante de certaines institutions financières. Par ailleurs, la banque postale publique, la SNPSF
(Société Nationale des Postes et Services Financiers), continue de rencontrer des difficultés.
3. Au vu du contexte décrit, le présent rapport examine trois questions principales.
Premièrement, il étudie le secteur financier comorien et compare son évolution sur la base de critères
de référence dans un contexte régional. Deuxièmement, il analyse les difficultés émergentes qui
menacent la stabilité du secteur financier. Enfin, il examine l’inclusion financière des ménages et ses
possibles conséquences sur la stabilité financière.
B. Présentation générale des évolutions du secteur financier
4. Le système financier comorien est composé de huit institutions financières réalisant des
activités de dépôts et de prêts destinées aux particuliers. Il s’agit de quatre banques commerciales
et de trois institutions de microfinancement, auxquelles s’ajoute la SNPSF. D’importants organismes
internationaux de transfert de fonds (comme Western Union) sont présents aux Comores et opèrent
indirectement avec les banques ou les réseaux de microfinancement agréés par le biais de
partenariats. Ces organismes sont complétés par une agence locale de transfert de fonds et de
change, la Maison Comorienne de Transfert des Valeurs (MCTV). D’autres éléments constitutifs d’un
système financier, comme les marchés des assurances, des pensions de retraite ou des capitaux,
n’existent pas. Le tableau 1 donne un aperçu de la structure du système financier.
5. Le secteur financier comorien est peu profond, peu développé et légèrement concentré.
L’ensemble des actifs des institutions financières représentait à peine plus de 47 % du PIB en 2015. Il
s’agit essentiellement d’actifs locaux – les actifs nets étrangers étant négligeables et limités à des
besoins en matière de transactions (tableau 2). Les actifs locaux sont principalement composés de
prêts au secteur privé et de dépôts à la banque centrale, ces derniers étant bien supérieurs aux
exigences prudentielles (fixées à un niveau plancher de 15 % des dépôts). La forte liquidité est
révélatrice du faible développement des marchés financiers qui limite les possibilités d’investissement,
étant donné l’absence de marchés financiers interbancaires. Les prêts des institutions financières au
secteur public sont faibles. Les trois plus grandes institutions financières des Comores contrôlent
environ 57 % des actifs du secteur (l’indice de Herfindahl2, qui mesure la concentration des actifs, est
de 0,16).
2 L’indice d’Herfindahl de la concentration des actifs est calculé en additionnant le carré de la part de marché de
chaque institution financière puis en normalisant cette somme entre 0 et 1. Plus l’indice est élevé, plus le marché est
concentré.
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 13
Tableau 1. Comores : vue d'ensemble du système financier
Institution financière Date
établie Maison mère
La structure
juridique en
Comores
Banque pour l’Industrie et le
Commerce – Comores (BIC-C) 1991
BNP Paribas – 51%
Comorian Govt – 34%
Individuals – 15%
Banque
commerciale
Exim Bank – Comores (EB-C) 2007 Exim Bank-Tanzania. Banque
commerciale
Banque Fédérale de Commerce
(BFC) 2009
Owned by Kuwaiti
investors.
Banque
commerciale
Banque de Développement des
Comores (BDC) 1981
L’état comorien– 37.5%
IPAE (Consortium français )
– 37.5%
AFD – 12.5%
EIB – 12.5%
Banque
commerciale
Société Nationale des Postes et
des Services Financiers (SNPSF)1 2004 Propriété de l'Etat
Services postaux /
Institutions
financières
Maison Comorienne de
Transfert des Valeurs (MCTV) 2009
Propriété des investisseurs
privés comoriens.
Intermédiaire
financier
Mutuelles d’Epargne et de
Crédit ya Komori (MECK) 1995
Propriété des membres du
réseau.
Réseau local
décentralisé de
microfinance
Anjouan SANDUK network 2006 Propriété des membres du
réseau.
Réseau local
décentralisé de
microfinance
Mohéli SANDUK network 2011 Propriété des membres du
réseau.
Réseau local
décentralisé de
microfinance
1Fournit des services postaux et des services bancaires limités. Les services bancaires fournis sont similaires à
ceux des autres institutions bancaires et comprennent la gestion des comptes de dépôt (comptes de poste et
carnets d'épargne) et le financement par crédit ou par découvert.
UNION DES COMORES
14 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
6. Le secteur financier des Comores, certes peu profond en termes absolus, s’avère plus
profond, plus liquide et plus efficient que celui des pays d’Afrique subsaharienne (AfSS) à faible
revenu comparables, mais il reste bien moins performant que celui des pays pré-émergents
d’AfSS (graphique 2). Les mesures traditionnelles de la profondeur et du niveau d’intermédiation du
secteur financier indiquent que fin 2015, le secteur financier comorien était plus profond que la
moyenne des pays d’AfSS à faible revenu, mais significativement moins profond que celui des
économies d’AfSS situées à la frontière3. Aux Comores, les institutions financières sont liquides,
puisque leurs prêts sont principalement financés par des dépôts. Malgré la faible concentration du
secteur financier comorien, l’efficience et le niveau de concurrence de ce dernier étaient comparables
à ceux des pays d’AfSS à faible revenu en 2015, comme en témoigne le faible écart entre les taux
débiteur et créditeur4.
3Les pays d’AfSS à faible revenu désignent les pays d’Afrique subsaharienne admissibles au fonds fiduciaire pour la
réduction de la pauvreté et pour la croissance, hors pays exportateurs de pétrole qui constituent des cas atypiques en
matière de développement financier. Les économies d’AfSS situées à la frontière sont l’Afrique du Sud, l’Angola, la Côte
D’ivoire, le Ghana, le Kenya, Maurice, le Nigéria, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie.
4 L’ancrage du franc CFA sur l’euro et l’inflation basse qui en résulte peuvent également expliquer les faibles écarts de
taux d’intérêt aux Comores. Il s’avère impossible de comparer les écarts de taux d’intérêt aux Comores et dans les
autres pays de la zone franc CFA en raison du manque de données.
Tableau 2: Comores: vue d'ensemble des banques de dépôts
(En pourcentage du PIB)
2010 2011 2012 2013 2014 2015
Immobilisations étrangères nettes 0.81 2.19 0.25 2.60 0.23 0.70
Actifs intérieurs nets 24.02 23.26 28.29 25.17 28.00 30.46
Trésorerie 0.74 1.00 1.18 0.89 1.00 1.08
Dépôts à la banque centrale 9.61 10.54 12.54 8.64 10.44 10.55
Crédit intérieur 29.13 29.44 34.10 31.30 34.30 37.25
Crédit net au gouvernement 0.37 -0.34 -0.15 -0.08 -0.16 -0.34
Réclamations sur les entreprises publiques 1.11 0.55 0.22 0.40 0.30 0.31
Réclamations sur le secteur privé 17.32 17.60 20.21 21.35 22.64 25.62
Réserves bancaires 10.18 11.54 13.72 9.53 11.44 11.63
Autres articles net -5.11 -6.19 -5.81 -6.13 -6.30 -6.80
Total des dépôts 24.83 25.45 28.53 27.77 28.23 31.16
Dépôts à vue 11.90 13.18 15.00 14.23 14.44 16.84
Dépôts à terme et d'épargne 12.93 12.27 13.53 13.54 13.78 14.32
Source: Banque centrale du Comores et Calculs des services du FMI.
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 15
Graphique 2. Comores: indicateurs sélectionnés du développement du secteur financier
Le système financier comorien est dominé par les
banques commerciales.….
… bien que les institutions de microfinance se
sont propagées ces dernières années.
Le système financier est relativement profond et
liquide …. … et aussi efficace et concurrentielle.
Note : Les marchés frontaliers de l'Afrique subsaharienne sont l'Angola, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Kenya, l'Ile Maurice, le Nigeria, le
Rwanda, le Sénégal, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie
Sources : Indicateurs du développement dans le monde, Enquête sur l'accès aux services financiers, Statistiques financières
internationales et calculs des services du FMI.
0
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20
30
40
50
Actifs Passifs
Le système financier, 2015
(en pourcentage du PIB)
Banques Microfinance
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2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014Succursales de banques commerciales pour 100 000 adultes
Succursales de banques commerciales par 1000km2
Institutions de microfinance par 1000km2 (axe droite)
Succursales de banques commerciales et institutions de microfinance
(nombre)
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0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
1.2
0
5
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20
25
30
35
Comores AfSS moyenne AfSS pays à
faible revenu
AfSS marchés
frontaliers
la profondeur du marché financier, 2015
(en pourcentage, ratio)
Crédit/PIB, 2015 Dépôts/PIB,2015 Crédit - ratio des dépôts (axe droite)
0
2
4
6
8
10
12
Comores AfSS pays à faible
revenu
AfSS marchés frontaliers
Prêts - marge sur les dépôts, 2014
(en pourcentage)
Prêts - marge sur les depots, 2014
UNION DES COMORES
16 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
C. Risques et vulnérabilités du secteur financier
7. Depuis 2013, toutes les institutions financières sont soumises à la loi bancaire
harmonisée, ce qui réduit les possibilités d’arbitrage réglementaire. La précédente loi bancaire,
adoptée en 2004, réglementait les banques et les institutions de microfinancement différemment. Ces
institutions offraient différents types de services financiers et faisaient l’objet de régimes d’imposition
différents. La nouvelle loi bancaire de 2013 constitue un cadre réglementaire unifié, dans lequel toutes
les institutions financières sont tenues de respecter les mêmes normes (notamment en matière de
ratios prudentiels et de règles applicables à la distribution des risques), hormis celles relatives aux
exigences minimales de fonds propres et aux mécanismes de contrôle interne. Par conséquent, les
banques et les institutions de microfinancement peuvent désormais proposer la même gamme de
services financiers. Depuis 2015, les règles harmonisées en matière d’imposition s’appliquent
également aux institutions financières. Une institution de microfinancement continue toutefois de
bénéficier d’un régime fiscal spécial.
8. Les marchés de dépôts et de prêts sont dominés par quelques grandes institutions
financières (graphique 3). En 2015, les trois plus grandes institutions financières représentaient plus
de 65 % des dépôts tandis que s’agissant des prêts, les trois premières institutions totalisaient un peu
plus de 55 % des encours. Une institution de microfinancement constitue la deuxième institution pour
ce qui est des dépôts et la première en ce qui concerne les prêts, signe de sa forte implantation dans
les trois îles de l’Union. La concentration des dépôts et des prêts au sein de quelques institutions
accroît leur importance systémique dans le système financier local.
9. Les risques associés à ces fortes concentrations sont atténués par la faible
interdépendance entre les différentes institutions financières des Comores, qui limite les
possibilités de contagion entre banques en cas de difficultés financières. Il n’existe pas de marché
de prêts interbancaires et les dépôts entre institutions se limitent aux liquidités excédentaires des
institutions de microfinancement. Ces dépôts sont faibles par rapport à l’ensemble des dépôts
détenus par les institutions de microfinancement. Les institutions financières n’ont pas de participation
au capital des autres institutions.
10. Les données disponibles au niveau sectoriel sur le crédit indiquent qu’en 2015 l’activité
n’était pas axée sur les secteurs économiques productifs (graphique 3)5. Les prêts accordés par
les institutions financières comoriennes ne servent généralement pas seulement à financer des
activités d’investissement productif, avec environ 70 % à 80 % des prêts accordés au commerce
général, au secteur informel et au financement des importations. En 2015, les secteurs du commerce
et des ménages représentaient environ 50 % des nouveaux prêts, tandis que les activités
manufacturières (11 %) et la construction (8 %) occupaient une place bien moins importante. Même si
les autorités indiquent que les portefeuilles des banques prises isolément sont bien diversifiés, ce qui
5 La base de données de l’office central des risques, la Centrale des Risques et Incidences des Paiements, gérée par la
banque centrale des Comores est en cours de développement et inclura à l’avenir l’ensemble des données historiques
sur la ventilation sectorielle du crédit et des prêts improductifs. Au moment de la rédaction de ce rapport, les données
sur les prêts au niveau sectoriel ne sont disponibles que pour les nouveaux prêts octroyés en 2015, elles ne constituent
donc pas un échantillon représentatif de l’encours des prêts et des prêts improductifs des institutions financières aux
Comores.
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 17
réduit les risques associés aux fortes concentrations, un ralentissement prolongé de la consommation,
induit par exemple par une réapparition des arriérés de salaires, et une stagnation économique
généralisée pourraient réduire la capacité de remboursement des prêts et avoir des effets négatifs sur
les bilans des banques. Les prêts à court terme représentent environ la moitié des prêts et les prêts à
long terme moins de 5 %.
Graphique 3. Comores : indicateurs sélectionnés de vulnérabilité financière
Quelques grands acteurs dominent le secteur.
Les prêts en 2015 n'ont généralement pas été orientés vers des secteurs économiques productifs.
Sources : banque centrale du Comores et calculs des services du FMI.
0
5
10
15
20
25
FI8 FI5 FI2 FI3 FI6 FI1 FI4 FI7
Dépôts aux Établissements de crédit, 2015
(en pourcentage)
Dépôts 2015 (% du total)
Note : FI represente institutions financières
0
5
10
15
20
25
FI5 FI2 FI3 FI8 FI1 FI6 FI4 FI7
Emprunts par Établissements de crédit, 2015
(en pourcentage)
Emprunt 2015 (% du total)
Note : FI represente institutions financières
Comores: prêts par industrie en 2015
(en pourcentage du crédit total par industrie)
Fabrication
Entités
étrangères
Ménages
Commerce
Construction
Autres
UNION DES COMORES
18 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
11. De même, la répartition des prêts improductifs entre secteurs est hétérogène
(graphiques 4a et 4b). Le commerce général et les ménages représentaient plus des deux tiers des
nouveaux prêts improductifs en 2015. Lorsque l’on rapporte les prêts improductifs au montant des
nouveaux prêts dans chaque secteur, il apparaît que les prêts improductifs représentaient, en 2015,
une part particulièrement importante des prêts aux secteurs de l’information, de la communication,
des transports et du stockage ainsi que des industries extractives.
Figure 4a. Comores : nouveaux prêts non
performants par industrie en 2015
(Pourcentage du total des nouvelles créances
douteuses)
Figure 4b. Comores : nouveaux prêts non
performants par industrie en 2015
(Pourcentage du crédit de l'industrie)
Sources : banque centrale du Comores et calculs des services du FMI.
12. Dans l’ensemble, les indicateurs de stabilité financière (ISF) montrent que le secteur
financier est liquide et bien capitalisé, bien que, pris isolément, ces indicateurs révèlent un fort
degré d’hétérogénéité entre les institutions (graphique 5a, tableaux 3 et 4)6. Le ratio fonds
propres/actifs de chaque banque reste bien supérieur au minimum réglementaire fixé à 10 %, même si
l’agrégat au niveau du secteur a légèrement reculé depuis 2011. Les ratios de liquidité sont
globalement satisfaisants. Néanmoins, les ISF varient d’une institution à l’autre et sont dans certains
cas déconcertants. Dans certaines institutions, le taux de provisionnement est faible en termes relatifs,
même pour des institutions dont les prêts improductifs sont inférieurs aux valeurs de référence du
secteur (tableau 3). Toutefois, même si les institutions financières sont dans l’ensemble bien
capitalisées, les prêts improductifs nets de provisions se rapprochent rapidement de la valeur des
fonds propres dans un cas.
13. La progression tendancielle des prêts improductifs (en pourcentage des prêts bruts) ces
dernières années suscite des préoccupations quant à la qualité de l’allocation du crédit
(graphique 5b). Fin 2015, le ratio prêts improductifs/prêts bruts atteignait 21,7 %. Il a ensuite
6 La prudence est de rigueur pour interpréter les ISF entre institutions en raison de l’absence de normes comptables
communes aux banques aux Comores.
Entités étrangères
Ménages
Commerce
Construction
Transport et
stockage
Autres
05
1015202530354045
Prêts non performants (industrie)
prêts non performants (toutes les industries)
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 19
rapidement augmenté à 27,4 % fin mars 20167. Une part de l’accroissement du ratio global des prêts
improductifs ces dernières années peut être imputée à des prêts existants et anciens, datant
notamment de la crise de la vanille au début des années 20008. Le ratio des prêts improductifs
pourrait cependant encore augmenter à court terme si la dette existante dans les livres des
institutions financières était pleinement prise en compte ou si la croissance devait se maintenir à un
niveau faible. La progression des prêts improductifs est inquiétante, d’autant plus que le
provisionnement des pertes sur prêts n’a pas suivi le rythme d’augmentation des prêts douteux.
Figure 5a. Comores : indicateurs de solidité
financière 2015 (en pourcentage)
Figure 5b. Comores : prêts non performants et
Provisions (Milliards KMF, pourcentage)
Sources : banque centrale du Comores et calculs des services du FMI.
7 Cette accélération est liée au reclassement des créances douteuses sur les livres de la SNPSF opéré dans le secteur
immobilier.
8 Les prêts improductifs comprennent des prêts anciens à taux réduit d’environ 1,3 milliard KMF au secteur de la vanille.
Ces prêts sont improductifs depuis le début des années 2000. La banque centrale des Comores coordonne les efforts
visant à leur annulation. Un accord a été signé en 2014 entre les parties intéressées. Il prévoit que les emprunteurs
remboursent un tiers de l’encours sur une période de trois ans et que les banques en annulent un autre tiers.
-30
0
30
60
90
120
150
Cap
ital
/ A
ctif
Prê
t /
Dépôts
Prê
ts n
on p
erfo
rman
ts, n
et
de p
rovi
sions
/ Capital
Prê
ts n
on p
erfo
rman
ts/
Prê
ts
Pro
visi
ons
/ Prê
ts n
on
perf
orm
ants
Act
ifs
liquid
es/
Act
if tota
l
Act
ifs
liquid
es/
Ob
ligati
ons
a
court
term
e
crois
sance
des
dépôts
crois
sance
des
prê
ts
RO
A
RO
E
le plus bas le plus élevé Secteur agrégé
0
0.05
0.1
0.15
0.2
0.25
0.3
0.35
0
2
4
6
8
10
12
14
2011 2012 2013 2014 2015
po
urc
en
tag
e
Mill
iard
s K
MF
Prêts non performants non provisionnés (axe gauche)
Provisions (axe gauche)
Prêts non performants non provisionnés / Capital (RHS)
UNION DES COMORES
20 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
2011 2012 2013 2014 2015
Suffisance du Capital
Fonds propres / Actifs 23.4 20.3 20.9 21.9 21.7
Qualité du Bilan
Crédits douteux / Crédits bruts 16.9 20.2 19.6 21.3 21.7
Provisions / Crédits douteux 57.4 66.4 65.6 60.7 61.2
Crédits douteux - Provisions . Fonds Propres 17.8 23.5 25.1 30.6 33.2
Liquidité
Actifs Liquids / Actifs Totals 47.4 45.8 41.3 39.1 37.6
Actifs Liquids / Passifs à court terme 58.4 53.2 48.2 45.9 43.8
Crédits / Dépôts 63.5 60.5 66.7 69.2 70.6
Actifs liquids / Dépôts 64.4 57.9 52.3 49.6 47.3
Rentabilité
Rendement sur les actifs n.a. -0.9 1.0 0.8 0.8
Rendement sur fonds propres n.a. -1.3 1.8 1.4 1.4
Exposition au Risque de Devises
Passifs en devises / Passifs totals n.a. n.a. n.a. n.a. n.a.
Sources: Banque centrale des Comores et calcules préliminaires des services du FMI.
Tableau 3. Comores: indicateurs de solidité financière pour le secteur bancaire, 2011 - 2015
(en pourcentage)
Fond
Propres/
Actifs (+)
Crédit /
Dépôts
(-)
Crédit douteux -
Provisions / Fond
Propres
(-)
Crédit douteux /
Crédit brut
(-)
Provisions /
Crédit douteux
(+)
Actifs liquides
/ Actifs totals
(+)
Actifs liquides
/ Passifs à court
terme
(+)
Croissance
des dépôts
(+)
Croissance
des prêts
(-)
Rendement de
l'actif total
(+)
Retour
sur fonds
propres
(+)
Établissement de crédit 1
Établissement de crédit 2
Établissement de crédit 3
Établissement de crédit 4
Établissement de crédit 5
Établissement de crédit 6
Établissement de crédit 7
Établissement de crédit 8 n.a. n.a. n.a.
Sources: BCC et calcules préliminaire des services du FMI
Note: les seuils dans le graphique ci-dessus sont les valeurs sectorals pour chaque indicateur. Vert indique que l'indicateur pour une institution individuelle est supérieur (+) ou inférieur que le seuil respectif.
Tableau 4. Comores : carte thermique des Indicateurs de solidité financière, 2015
UN
ION
DES C
OM
OR
ES
FO
ND
S M
ON
ETA
IRE IN
TER
NA
TIO
NA
L 21
UN
ION
DES C
OM
OR
ES
FO
ND
S M
ON
ETA
IRE IN
TER
NA
TIO
NA
L 21
UNION DES COMORES
22 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
14. Les variations du cours de l’or constituent un risque de marché de nature systémique
pour les institutions créancières dont les éléments de bilan et hors bilan sont exposés à l’or.
Les prêts bancaires accordés contre une sûreté en bijoux en or sont courants aux Comores, en
grande partie parce qu’il est difficile de recourir à d’autres types de sûretés du fait de
l’environnement juridique incertain. Les bijoux ne sont pas des produits normalisés et ils ne peuvent
être revendus que sur le marché d’enchères local. Par conséquent, ils sont relativement illiquides et
leur valeur dépend à la fois de la demande locale et du cours de l’or. Les fluctuations du cours de
l’or sont donc un risque systémique pour les institutions créancières comoriennes qui acceptent des
bijoux comme sûretés.
15. Si les difficultés actuelles de la banque postale publique, la SNPSF, représentent un
risque financier important pour le bilan de l’État, les conséquences systémiques sur le système
financier pourraient en revanche être limitées. Seul actionnaire de la SNPSF, l’État comorien est
obligé d’apporter son soutien financier à la banque. Il est nécessaire d’agir pour résoudre les
difficultés rencontrées par l‘institution et l’ampleur de la mesure choisie aura un impact important
sur les finances publiques. La SNPSF est un acteur central du marché des dépôts, puisque l’ensemble
des salaires des pouvoirs publics et certains fonds provenant des entreprises publiques sont
déposés dans cette institution1
9. Néanmoins, ses liens avec d’autres institutions financières se limitent
à des dépôts relativement faibles réalisés par des établissements de microfinancement disposant de
liquidités excédentaires, ce qui restreint les possibilités de contagion en cas de difficultés.
16. Un cadre judiciaire et institutionnel insuffisant offrant une protection inadéquate aux
droits des créanciers continue de retarder le développement du système financier comorien et
présente un risque pour la santé des institutions financières. Des difficultés importantes pèsent
sur l’exécution des contrats dans le domaine financier, notamment dans quelques cas notables où le
recouvrement des créances a été bloqué par des procédures judiciaires inefficientes. Comme
souligné plus haut, le caractère incertain de l’environnement juridique a également conduit les
banques à réaliser des prêts contre des sûretés soumises aux fluctuations du cours de l’or, exposant
certaines d’entre elles à un risque de marché de nature systémique. En outre, les relations sociales
étroites qui unissent les Comoriens gênent l’application impartiale de la loi. Le renforcement des
institutions juridiques et des droits de propriété, l’amélioration de la qualité des sûretés demandées
et une exécution systématique des contrats financiers sont donc des facteurs essentiels pour la
santé des institutions financières, la stabilité financière globale et l’approfondissement du système
financier.
D. Inclusion financière
17. Des données récentes indiquent que le renforcement de l’inclusion financière est un
facteur important pour obtenir des résultats économiques à moyen terme durables. Améliorer
l’accès aux services financiers permet à l’ensemble des agents économiques, dont les ménages, de
9Les dépôts des entreprises publiques représentent environ 20 % de l’ensemble des dépôts de la SNPSF.
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 23
tirer parti d’un large éventail de possibilités économiques et de réaliser des transactions de base.
Réduire les frictions sur les marchés financiers et parvenir à une plus grande participation des
ménages dans ces marchés peuvent donc favoriser une croissance économique durable et réduire la
pauvreté et les inégalités (Objectifs de développement durable 2015).
18. Accroître l’inclusion financière peut avoir des effets bénéfiques pour la stabilité
financière, mais aussi comporter certains risques. Une plus grande inclusion financière peut
renforcer la stabilité financière : ainsi, elle permet aux banques de s’appuyer une base de dépôts
plus solide en période de tension et aux clients des sociétés financières de bénéficier de meilleurs
outils de gestion des risques, ce qui augmente leur résilience (étant donné que si les emprunteurs
sont plus résilients, les banques le sont aussi). Toutefois, certains aspects de l’inclusion financière
peuvent, en l’absence d’une réglementation appropriée, avoir des effets préjudiciables pour la
stabilité financière. Par exemple, les conséquences d‘un élargissement de l’accès au crédit
dépendent de la qualité de la supervision bancaire. Lorsque la supervision bancaire est insuffisante,
cet élargissement peut avoir des retombées négatives sur la stabilité bancaire (FMI 2015).
19. Les résultats de l’enquête auprès des ménages indiquent qu’en 2011, 21,7 % des
ménages aux Comores détenaient un compte dans une institution financière du secteur
formel102. La part des répondants âgés de 15 ans ou plus ayant accès à un compte dans une
institution financière (« accès aux services financiers ») en 2011 aux Comores était bien supérieure à
la moyenne des pays d’AfSS à faible revenu. Ce taux, bien que très inférieur à celui des pays d’AfSS
situés à la frontière, peut être le résultat de l’expansion récente du secteur du microfinancement et il
a probablement augmenté ces dernières années.
20. Les inégalités selon le niveau de revenus et le genre pèsent sur l’accès aux services
financiers et l’utilisation d’autres services de base (graphique 6). Les inégalités selon le niveau
de revenus et le genre en matière d’accès aux services financiers sont plus fortes aux Comores que
dans les pays de comparaison. S’agissant des individus ayant accès à des services bancaires, le ratio
riches sur pauvres est plus élevé aux Comores que dans les pays d’AfSS à faible revenu. Les
possibilités dont disposent les individus pauvres pour épargner et emprunter auprès d’institutions
financières et utiliser des téléphones mobiles pour réaliser des transactions financières sont
particulièrement limitées, étant donné les coûts relativement élevés des télécommunications aux
Comores. En outre, en ce qui concerne l’accès aux services financiers, aux Comores, le ratio
homme/femme est supérieur à la moyenne des pays de comparaison.
10 L'enquête Global Findex, menée par la Banque mondiale en collaboration avec le Gallup World Poll et financée par
la fondation Bill & Melinda Gates, fournit des données détaillées sur la façon dont les individus épargnent,
empruntent, effectuent des paiements et gèrent les risques. Cette enquête a été menée pour la première fois en
2011 puis actualisée en 2014. Les Comores ne faisaient pas partie de la deuxième enquête.
REPUBLIQUE DU CONGO
24 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
Graphique 6a. Comores : Accès financier, 2011
L'accès financier aux Comores est sur un pied d'égalité avec
AfSS
.... mais inégalement réparti entre les différents niveaux de
revenu ...
… et aussi au niveau du genre. L'accès à d'autres services financiers est plus inégal au
Comores que dans les pays en comparaison.
Le manque de fonds et de documentation constitue un
obstacle majeur à l'accès financier pour les pauvres. Les comptes bancaires servent surtout à recevoir des salaires.
Sources : Global Findex 2011, calculs des services du FMI.
Note : Les pays d'Afrique subsaharienne comprennent l'Angola, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Kenya, l'Ile Maurice, le Nigeria, le Rwanda, le
Sénégal, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie.
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Union des Comores Moyenne des pays AfSS à
faible revenu
Moyenne des marchés
frontaliers AfSS
Compte dans une institution financière formelle, 2011
(Adultes âgés de 15 ans ou plus, pourcentage)
0
10
20
30
40
50
20% les plus
pauvres
2ème 3ème 4ème 20% les plus
riches
Accès financier par revenu
(Adultes âgés de 15 ans ou plus, pourcentage)
Union des Comores - par quartile de revenu
Union des Comores - Général
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Union des Comores Moyenne des pays AfSS à
faible revenu
Moyenne des marchés
frontaliers AfSS
Accès aux services financiers par genre
(personnes âgées de 15 ans ou plus, pourcentage)
Femmes Hommes
0
5
10
15
Compte dans
une institution
financière
formelle
Usage des
services d'une
banque mobile
épargne des
menages
épargne
d'argent dans
une insitution
financière
formelle
Emprunt auprès
d'une
institution
financière
formelle
Emprunt auprès
d'une
institution
financière
informelle
Moyenne des pays AfSS à faible revenu
Union des Comores
Moyenne des marchés frontaliers AfSS
Disparités au niveau de l'accès aux services financiers en 2011
(Ratio, top 20% des pays les plus riches / top 20% des pays les plus pauvres)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Trop loin Trop cher Pas de
documentation
Pas assez d'argent
pour avoir un
compte
Motifs de non-possession d'un compte financier formel
(personnes âgées de 15 ans ou plus, pourcentage)
top 20% des ménages les plus pauvres
top 20% des ménages les plus riches
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Comoros SSA Low-Income Avg SSA Frontier Markets
Utlisation des comptes financiers
(personnes âgées de 15 ans ou plus, pourcentage)
Fins commerciales Recevoir des transfers de l'état
Recevoir des fonds de l'etranger Recevoir des salaires
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 25
Graphique 6b. Comores : Accès financier, 2011 (conclu)
Les moyens informels jouent un rôle important dans les
prêts ...
... principalement pour couvrir les frais de santé et les
urgences.
Des canaux informels sont également utilisés pour ... ... tandis que les aisés ont un meilleur accès à l'épargne
formelle.
Les méthodes de paiement électronique ne sont pas
répandues aux Comores ... ... ni l'utilisation de cartes de crédit et de debit.
Source: Sources: Global Findex 2011, G20 Indicateur d'inclusion
financière et calculs des services du FMI.
Note: Les pays d'Afrique subsaharienne comprennent l'Angola, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Kenya, l'Ile Maurice, le Nigeria, le Rwanda, le
Sénégal, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie.
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Union des
Comores
Moyenne des
pays AfSS à
faible revenu
Moyenne des
marchés
frontaliers…
Sources des prêts
(pourcentage des répondants âgés de 15 ans ou plus)
Famille/amis Employeur
Achat à crédit Prêteur privé informel
Institution financière
0
10
20
30
Union des Comores Moyenne des pays AfSS à
faible revenu
Moyenne des marchés
frontaliers AfSS
Usage des emprunts
(pourcentage des répondants âgés de 15 ans ou plus)
Funérailles/mariages Santé/ urgences
Construction des maisons Achat immobilier
Frais de scolarité
0
10
20
30
40
Moyenne AfSS Union des Comores Marchés frontaliers AfSS
Épargnes formelles et informelles
(pourcentage des répondants âgés de 15 ans ou plus)
formelle et informelle formelle
0
10
20
30
40
50
formelle et informelle formelle
top 20% des ménages les plus pauvres
top 20% des ménages les plus riches
Épargnes formelles et informelles
(pourcentage des répondants âgés de 15 ans ou plus)
0
5
10
15
20
25
Union des Comores Moyenne des pays AfSS à
faible revenu
Moyenne des marchés
frontaliers AfSS
Moyens de paiements
(pourcentage des répondants âgés de 15 ans ou plus)
Checks Electronic
0
5
10
15
20
25
Union des Comores Moyenne des pays
AfSS à faible revenu
Moyenne des marchés
frontaliers AfSS
Cartes de débit et crédit
(pourcentage des répondants âgés de 15 ans ou plus)
Cartes de crédit Cartes de débit
UNION DES COMORES
26 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
21. Des fonds insuffisants et le manque de pièces justificatives constituent les principaux
obstacles à l’accès des pauvres aux services financiers aux Comores. Le manque d’argent et le
fait ne pas pouvoir fournir les documents nécessaires étaient les raisons les plus fréquemment citées
par les individus du quintile inférieur pour expliquer pourquoi ils ne détenaient pas de comptes dans
une institution financière du secteur formel. En outre, une part significative des ménages pauvres
estimait également que ce service coûtait trop cher dans le secteur formel.
22. Une part considérable des ménages comoriens obtient des prêts en dehors du secteur
formel, tandis que les ménages riches bénéficient d’un meilleur accès aux réseaux d’épargne
et de prêts du secteur formel (graphique 6). Comme dans le reste de l’AfSS, les réseaux de prêts
informels, en particulier la famille et les amis, sont une source importante de crédit pour les
ménages comoriens. Toutefois, les institutions financières représentent une part tout aussi
importante du crédit aux ménages aux Comores que dans les économies situées à la frontière.
S’agissant de l’épargne, les ménages riches sont mieux à même d’exploiter les possibilités offertes
par les comptes d’épargne du secteur formel, signe de leur plus fort accès aux services financiers.
23. Les systèmes de paiements sont peu développés aux Comores. En témoigne la faible
part des ménages utilisant des méthodes de paiement électronique. Le recours aux autres moyens
de paiement, comme les chèques et les cartes de crédit, est également faible par rapport aux pays
de comparaison.
24. Les banques commerciales ne desservent pas bien la population majoritairement
rurale des Comores (graphique 7). En 2014, les Comores ont été classées loin derrière des pays de
comparaison comme Cabo Verde et Sao Tomé-et-Principe en ce qui concerne l’accès physique aux
succursales des banques commerciales. Même si les Comores obtiennent des résultats légèrement
meilleurs que ceux des pays d’AfSS à faible revenu pour ce qui est de l’accès aux distributeurs
automatiques de billets, l’accès par habitant aux services proposés par les banques commerciales est
relativement faible.
25. Les politiques visant à améliorer l’inclusion financière aux Comores devraient mettre
l’accent sur l’accès des ménages les plus pauvres aux services financiers. Étant donné les
inégalités en matière d’accès aux services financiers soulignées plus haut, les politiques visant à
renforcer l’inclusion financière devraient avoir pour objectif d’accroître la participation des ménages
pauvres aux marchés financiers du secteur formel. Ainsi, la mise en place de comptes à faibles frais
ou gratuits et l’amélioration des documents d’identification des ménages pauvres réduiraient les
coûts de transaction et permettraient à ces ménages d‘accéder plus facilement aux services
financiers.
26. Le développement de nouvelles méthodes de paiements et une application du droit
plus rigoureuse dans le système financier pourraient également accroître l’inclusion financière
aux Comores. Le renforcement de la pénétration géographique des institutions financières et un
élargissement de l’accès aux méthodes de paiement électronique pourraient faciliter l’accès aux
services financiers dans les zones reculées et avoir des conséquences favorables pour le commerce
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 27
et l’activité économique en général. À cet égard, la vente récente de la deuxième licence de
télécommunications à l’entreprise de télécommunications malgache TELMA pourrait constituer une
occasion unique pour étendre l’utilisation des services bancaires mobiles aux Comores. De même, la
mise en place prévue d’un service de transfert d’argent par téléphone mobile (« Rial Pay ») par le
réseau de transfert d’argent comorien MCTV devrait également accroître l’inclusion financière, en
particulier en zones rurales. Mettre davantage l’accent sur une exécution des contrats plus
rigoureuse dans le système financier renforcerait les droits des créanciers, attirerait les emprunteurs
potentiels vers le système financier officiel et inciterait les institutions financières à accorder des
prêts.
Graphique 7. Comores : accès au secteur bancaire
L'accès aux services bancaires commerciaux est géographiquement restreint ....
... tout comme l'accès démographique.
Sources: Enquête sur l'accès aux services financiers (2014) et calculs des services du FMI.
0 20 40 60 80 100 120
Chad
Congo, DR
Mauritania
South Sudan
Botswana
Madagascar
Zambia
Guinea
Cameroon
Tanzania
Mozambique
Liberia
Equatorial Guinea
Angola
Lesotho
Benin
Kenya
Swaziland
Uganda
Zimbabwe
Malawi
South Africa
Comoros
Ghana
Nigeria
Burundi
Rwanda
Sao Tome and Principe
Cabo Verde
Seychelles
Mauritius
Succursales bancaires commerciales
(par 1000 km2)
0 50 100 150 200
Chad
South Sudan
Mauritania
Congo, DR
Guinea
Liberia
Madagascar
Botswana
Cameroon
Zimbabwe
Mozambique
Equatorial Guinea
Tanzania
Angola
Benin
Burundi
Uganda
Kenya
Malawi
Lesotho
Ghana
Comoros
Swaziland
Rwanda
Nigeria
South Africa
Sao Tome and Principe
Cabo Verde
Seychelles
Mauritius
Nombre de guichets automatiques bancaires
(par 1000 km2)
0 10 20 30 40 50 60
Congo, DR
Chad
South Sudan
Comoros
Guinea
Madagascar
Cameroon
Tanzania
Uganda
Burundi
Malawi
Benin
Lesotho
Liberia
Mozambique
Rwanda
Zambia
Nigeria
Kenya
Swaziland
Ghana
Equatorial Guinea
Mauritania
Botswana
South Africa
Angola
Zimbabwe
Sao Tome and Principe
Mauritius
Cabo Verde
Seychelles
Succursales bancaires commerciales
(pour 1000 adultes)
0 10 20 30 40 50 60 70
Chad
South Sudan
Congo, DR
Burundi
Guinea
Liberia
Madagascar
Cameroon
Uganda
Benin
Malawi
Rwanda
Zimbabwe
Tanzania
Comoros
Mauritania
Ghana
Mozambique
Kenya
Equatorial Guinea
Lesotho
Nigeria
Sao Tome and Principe
Angola
Botswana
Swaziland
Mauritius
Cabo Verde
Seychelles
South Africa
Nombre de guichets automatiques bancaires
(pour 1000 adults)
UNION DES COMORES
28 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
27. Les politiques visant à renforcer l’inclusion financière aux Comores devraient,
néanmoins, évaluer les avantages de l’accroissement de l’accès aux services financiers par
rapport aux risques éventuels pour la stabilité financière. Améliorer certains aspects de
l’inclusion financière, comme élargir l’accès au crédit, peut avoir des retombées positives
significatives, mais aussi entraîner des risques pour la stabilité financière, dans la mesure où ils
encouragent les mauvaises pratiques de prêts en l’absence de cadres réglementaires suffisamment
solides. Au vu des tendances récentes en matière de prêts improductifs, les décideurs doivent
continuer de veiller à ce que l’élargissement de l’accès au crédit ne se traduise pas par une
augmentation des prêts douteux et un accroissement des inquiétudes quant à la stabilité financière.
28. L’amélioration de l’accès des ménages pauvres aux services financiers aux Comores ne
doit pas se faire au détriment de la stabilité financière. La généralisation du recours à des
services financiers autres que le crédit n’a en principe que peu d’effets sur la stabilité financière
(FMI 2015). Par conséquent, accroître l’accès des plus pauvres aux services financiers devrait avoir un
faible effet sur la stabilité du secteur financier. S’agissant de l’élargissement de l’accès au crédit, les
mesures visant à accroître l’offre de crédit en éliminant les imperfections du marché peuvent
contribuer à limiter les effets possibles sur la stabilité financière. Ainsi, la mise en place de nouvelles
technologies de prêts qui réduisent les coûts de transaction et améliorent l’identification de
l’emprunteur peuvent atténuer le problème d’asymétrie de l’information entre emprunteurs et
prêteurs (FMI 2015). À cet égard, la mise en place et la consolidation du bureau d’information sur le
crédit (la Centrale des Risques et des incidents des paiements) par la Banque centrale des Comores
constituent un progrès bienvenu.
UNION DES COMORES
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL 29
E. Conclusions
29. Aux Comores, l’expansion du secteur financier, actuellement relativement peu
développé et fragile, aurait des effets bénéfiques sur les perspectives de croissance à moyen
terme. Elle ne sera pourtant possible qu’à condition de résoudre un certain nombre de
problèmes. Sur le plan de la profondeur du secteur financier, les Comores sont proches des pays
d’AfSS à faible revenu, mais elles sont distancées par les pays d’AfSS situés à la frontière. Le système
financier est également fragile : il présente des vulnérabilités liées à l’augmentation des prêts
improductifs, à un faible approvisionnement, aux difficultés rencontrées par la SNPSF et à des
problèmes en matière d’exécution des contrats dans le secteur financier. Dans un tel contexte,
favoriser le développement du système financier constitue un véritable défi, rendu plus délicat
encore par la conjoncture macroéconomique délicate que connaissent les Comores.
30. Par ailleurs, offrir à la population comorienne, essentiellement rurale et dispersée sur
trois îles, un accès adéquat aux services financiers constitue un objectif ambitieux. Le
développement des institutions de microfinancement a fortement contribué à élargir l’offre de
services financiers ces dernières années, mais les nouvelles technologies, comme les services
bancaires mobiles, constituent une occasion unique pour améliorer l’accès des ménages pauvres
ruraux aux services financiers.
31. Les objectifs en matière de développement des services financiers, d’inclusion
financière et de stabilité financière peuvent être complémentaires. Il est possible de poursuivre
le développement du secteur financier tout en ayant en tête des objectifs en matière d’inclusion et
de stabilité financières. Par exemple, réduire l’asymétrie d’information entre emprunteurs et prêteurs
par le biais des nouvelles technologies de prêts pourrait diminuer les coûts de transaction, améliorer
l’identification de l’emprunteur et par conséquent, élargir l’accès au crédit. En outre, augmenter la
profondeur des dépôts en amenant des individus pauvres « n’ayant pas accès aux services
financiers » vers le système financier pourrait également favoriser l’intermédiation financière et
accroître la résilience des institutions financières.
32. Cependant, pour atteindre ces objectifs en matière de stabilité et d’inclusion
financières, il faudra procéder à une gestion prudente des risques qui y sont associés. Ainsi, si
les mesures visant à résoudre les difficultés de la SNPSF devraient avoir des conséquences positives
pour la stabilité financière, elles pourraient aussi avoir un effet net négatif en matière d’inclusion
financière, car la banque publique fait en sorte que les fonctionnaires n’aient qu’un accès réduit aux
services financiers.
UNION DES COMORES
30 FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
BIBLIOGRAPHIE
FMI (2015), « Financial Inclusion: Can It Meet Multiple Macroeconomic Goals », Staff Discussion Note
SDN/15/17.
Nations Unies, Objectifs de développement durable, septembre 2015.
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