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Université Abdelmalek Essaadi
Ecole Nationale de Commerce et de gestion
-Tanger-
Master de recherche : Sciences de gestion
Rapport sur le thème :
Financement des PME
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INTRODUCTION
Nous ne pouvons pas nier le rôle primordial que jouent les Petites et Moyennes
Entreprises (PME) dans la création de richesses et d’emploi. Néanmoins, leur contribution
reste largement en deçà des potentialités que cette catégorie d'entreprises peut faire valoir.
Puisqu’elles ne peuvent pas recourir facilement au marché de capitaux, les PME et TPE
privilégient les voies de financement bancaires. Selon un rapport des Nations Unies élaboré
en 2010, le total des crédits accordés par les banques au secteur privé s’élève à 468 milliards,
dont environ 300 milliards (soit les deux-tiers) destinés aux entreprises. Selon la Direction de
la Supervision Bancaire de Bank Al-Maghrib, la quotte part des PME dans ces crédits est
située à seulement 18% en 20081. C'est-à-dire que plus de 90% ne profitent que de 18% des
prêts aux entreprises. D’où on remarque que ce sont toujours les grands oubliés aux guichets
des banques.
Nous constatons que l’accès au crédit semble difficile pour celles-ci. La PME souffre d’un
système d’information plus opaque par rapport aux des grandes entreprises. Elle est perçue
moins fiable, moins prévisible d’information vis-à-vis de la banque. Par conséquence, le
banquier se trouvent dans sa relation avec les PME à de nombreuses sources d’asymétries
d’information, et c’est difficile de distinguer les emprunteurs honnêtes et ceux malhonnêtes,
ce qui rend la PME rationnée.
En effet, il s’avère que la problématique du financement des PME est avant tout liée à des
contraintes informationnelles qui limitent leurs accès au financement bancaire. L’existence
d’une information asymétrique entrave le développement de ces entreprises qui constituent
l’ossature de l’économie marocaine. Elles méritent donc que plus d’études leurs soient
consacrées surtout pour les soutenir et les aider à mieux confronter les obstacles au
financement bancaire.
C’est pour toutes ces raisons que nous voulons savoir dans un premier temps quels sont les
déterminants de la probabilité, pour qu’une PME aie accès au crédit bancaire et, dans un
deuxième temps, si le crédit est aussi rationné qu’on le suppose généralement dans les PED.
1 CDVM, « le financement des PME au Maroc », Mai 2011
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RESUME
Constituant une part essentielle du fond de commerce des banques, et n’ayant pas accès facile
à d’autres sources de financement (le marché boursier, le marché de capital risque), les Petites
et Moyennes Entreprises (PME) se trouvent en face de la banque en tant que seule source de
financement de leurs projets. Pourtant l’accès au crédit semble difficile pour celles ci.
La PME souffre d’un système d’information plus opaque que ne l’est celui des grandes
entreprises, perçue moins fiables, moins prévisibles d’information vis-à-vis de la PME. Par
conséquence, le banquier se trouvent dans sa relation avec les PME à de nombreuses sources
d’asymétries d’information, et c’est difficile de distinguer les emprunteurs honnêtes et ceux
malhonnêtes. Ainsi les asymétries d’information entre banques et entreprises engendrent le
phénomène du Rationnement du Crédit (RC). Cependant pour faire face à la souffrance vis-à
vis du financement des entreprises, il faut savoir l’ampleur de ce RC et les déterminant qui
l’expliquent soit au niveau de l’entreprise en elle-même, soit au niveau de son dirigent ou au
niveau du prêt désiré.
Mots clés : ASYMETRIE D’INFORMATION, RATIONNEMENT DE CREDIT, BANQUES, PME.
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PLAN CHAPITRE I - Financement des PME, ses risques et réactions de la banque
Section 1. Financement des PME
1. Mode de financement des PME a. L’autofinancement b. Le prêt
c. Le crédit-bail d. La location financière
e. L’augmentation de capital 2. Les critères de financement
a. La taille de l'emprunteur
b. Trois autres déterminants : la structure d'endettement, les garanties offertes et la présence d'une banque dans l'actionnariat de l'entreprise
3. Choix de financement
Section 2. Différents éléments de risque chez les PME 1. Risque d'affaires.
a. Risque commercial b. Risque de gestion c. Risque technologique
2. Risque financier
Section 3. Réactions des banques 1. Etude de la structure financière de l'entreprise
a. Critères de solvabilité
b. Critères relatifs au financement 2. Le comportement des banques dans l’allocation des crédits aux entreprises
a. La sélection des emprunteurs (screening) b. La supervision des emprunteurs (monitoring) c. Les relations de clientèle de long terme
d. Les garanties e. Le scoring
f. Le rationnement du crédit CHAPITRE II -Rationnement du crédit et asymétrie d’information
Section 1. Notion de rationnement de crédit
1. Définition 2. Formes du rationnement de crédit 3. Pourquoi le crédit est-il rationné ?
4. Causes de la problématique du financement
Section 2. Notion d’asymétrie d’information 1. Définition
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2. L’anti-sélection ou sélection adverse
a. Le problème de l’anti-sélection b. Le traitement de l’anti-sélection
c. Les réponses à l’anti-sélection 3. Le risque moral 4. Les sources d’asymétrie d’information
a. L'incertitude b. L'opportunisme
c. La rationalité d. La taille des PME e. L'influence du caractère familial des PME
f. Un soupçon d’opportunisme
Section 3. Revue des études antérieures et les modèles du rationnement du crédit 1. Revue des études antérieures sur le rationnement du crédit 2. Les modèles du rationnement du crédit
a. Asymétries d’information ex ante et rationnement du crédit b. Rationnement du crédit en information imparfaite
c. Asymétries d’information ex post et rationnement du crédit
Section 4. Mécanismes du rationnement de crédit
1. La négociation du taux d'intérêt 2. La détermination des crédits accordés
Section 5. Impact du rationnement de crédit
1. Impact du rationnement de crédit sur les ménages
2. Impact du rationnement de crédit sur l’économie a. Le rationnement de crédit conduit l’économie au ralentissement
b. Le rationnement de crédit, un risque pour la banque elle même
Section 6. Mesure du rationnement de crédit
1. Le rationnement du crédit par les taux 2. L’application de la théorie du financement hiérarchique
3. Un modèle à variable qualitatives 4. Les expériences naturelles 5. Le modèle du déséquilibre
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CHAPITRE I - Financement des PME, ses risques et réactions de
la banque
Section 1. Financement des PME
1. Mode de financement des PME
Le financement est considéré comme l'ensemble des ressources monétaires nécessaires
permettant de disposer d’un bien ou de mettre en œuvre une activité. Le mode de financement
d’une entreprise dépend de ce qu'il faut financer. Les financements sont nombreux et très
variés en fonction de l'usage. On peut citer donc ici le prêt classique, le crédit-bail, la location
financière, l’autofinancement et l’augmentation du capital en numéraire.
a. L’autofinancement
L’autofinancement n’est pas un mode de financement accessible a toutes les entreprises
puisqu’il s’agit d’un programme interne, d’une stratégie de l’entreprise, et il nécessite une
excellente trésorerie et aussi une très grande rentabilité. L’entreprise peut s’autofinancer a
partir de ses propres capitaux existants ; de sa propre rentabilité ; de son épargne, etc.
b. Le prêt
Le prêt pourra alors prendre la forme d’une simple avance d’associe ou d’un emprunt
obligataire qui permettra au prêteur de négocier sa créance. Pour obtenir des moyens
financiers plus importants, la société pourra encore s’adresser au marché en faisant un appel
public a l’épargne. Le prêt classique est celui des banques, des fournisseurs, des acomptes des
clients, des amis ou des proches, prêt dont la durée et le montant dépendent des garanties que
l’entreprise peut offrir et de sa situation financière analysée par les partenaires, de sa relation
avec ses bailleurs de fonds et de la confiance des tiers, etc.
c. Le crédit-bail
Le crédit-bail s’est beaucoup développe ces dernières années, et il offre de nombreux
avantages aux entreprises, particulièrement aux PME nouvellement créées. Le crédit-bail
fonctionne comme une location d’un matériel par l’entreprise avec la possibilité de l’acquérir
a la fin du contrat. Il peut s’utiliser dans tous les domaines ou l’entreprise a besoin d’investir,
tels que pour l’achat de machines ou de véhicules.
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d. La location financière
La location financière est une autre solution financière pour les projets
d’investissement des entreprises. Il s’agit d’un mécanisme qui leur permet de louer des
véhicules ou des matériels nécessaires à leurs activités. Les contrats de location financière
sont généralement associes a des contrats de maintenance et d’entretien-réparation des biens
loués.
e. L’augmentation de capital
L’augmentation de capital est très simple et peut engager aussi bien le créateur de
l’entreprise que des investisseurs indépendants extérieurs. L’augmentation de capital peut
toutefois entrainer une perte d’indépendance des entreprises si l’apport des investisseurs
extérieurs devient trop important.
Bref, les modes de financement qui s’offrent a une entreprise sont multiples. Mais on peut
diviser en deux sources principales les modes de financement pour des PME :
l’autofinancement et le financement externe.
2. Les critères de financement
Deux orientations sont suivies dans ce paragraphe. On cherche tout d'abord à illustrer
dans quelle mesure la taille de l'entreprise conditionne le degré de négociation dont elle
dispose vis-à-vis de la banque pour influencer le coût de son endettement. On cherche ensuite
à savoir quelles sont les variables qui sont susceptibles de mesurer la qualité de la relation
établie entre la banque et l'entreprise.
a. La taille de l'emprunteur
Les travaux menés par Bardos (1990) cherchent à expliquer la décroissance
progressive du coût de l'endettement en France quand la taille de l'entreprise augmente. En
effet, les résultats présentés font état d'un élargissement depuis 1986 des écarts de taux
d'intérêt apparent entre PME et grandes entreprises 1. A ce sujet, on peut avancer deux
facteurs explicatifs.
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Le premier facteur explicatif de la liaison taille - coût d'endettement de l’entreprise est
fourni par l'analyse du risque de défaillance (Bardos, 1990). Cette analyse fait apparaître un
risque de défaut supérieur pour les PME par rapport aux grandes entreprises. Les premières
sont proportionnellement plus nombreuses que les secondes dans les classes regroupant les
degrés de risque les plus élevés. Le taux d'intérêt n'augmente cependant pas uniformément
avec le risque. En effet, en considérant les classes de risque de manière décroissante, on
observe que le taux d'intérêt apparent commence d'abord par croître et ce n'est qu'à partir de la
troisième classe de risque qu'il diminue avec la réduction du risque. On peut donc en conclure
que le risque ne constitue pas le seul facteur explicatif de la variation du coût de l'endettement
de l'entreprise. Plus précisément, la taille de l'entreprise exerce un effet propre,
indépendamment du risque de défaillance qui lui est lié. Le risque ne peut donc expliquer, à
lui seul, les différences de coût du crédit entre les entreprises.
Le second facteur explicatif de cette liaison taille - coût d'endettement concerne la
politique financière des entreprises. Les PME restent fortement intermèdiés et risquent donc
de payer une part croissante frais fixes des banques (imputables à la gestion des moyens de
paiement et aux services de conseil). Une large partie de l'écart de coût du crédit entre PME et
grandes entreprises se justifie alors par des frais fixes qui sont très voisins pour des dossiers
dont les montants eux sont très différents et il est clair que ceci se répercute d'une manière ou
d'une autre dans le coût du crédit (Castel et Ullmo, 1991). L'influence du facteur taille dans la
détermination du coût du crédit bancaire peut également être analysée au travers des taux à
l'opération.
Ces conditions de taux effectivement appliquées aux entreprises à un moment donné peuvent
notamment être suivies grâce à l'enquête semestrielle de l'Insee sur la trésorerie des
entreprises industrielles. Celle ci est menée directement auprès des industriels et porte sur des
crédits nouveaux accordés. Les données correspondent à des taux à moyen terme acceptés par
les entreprises emprunteuses (on leur demande d'indiquer quels taux leur sont facturés). Les
réponses peuvent être directement ventilées selon la taille des entreprises bénéficiaires
(apprécié par l'effectif employé) ainsi que selon le secteur d'activité.
b. Trois autres déterminants : la structure d'endettement, les garanties
offertes et la présence d'une banque dans l'actionnariat de l'entreprise
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Les écarts de coût du crédit entre les entreprises peuvent d'abord renvoyer à une
structure différente de leur endettement. En effet, dans l'ensemble, les PME sont les
entreprises qui recourent le plus à des moyens de financement largement intermédiés et peu
diversifiés. Le développement des marchés de capitaux ne leur a pas réellement permis
d'accroître leur gamme de financement.
En revanche, les grandes entreprises ont la capacité de faire jouer la concurrence entre
les sources de financement, ce qui peut expliquer que la banque n'est plus un intermédiaire
obligé pour une partie de ces agents. Ceux-ci disposent ainsi d'un réel pouvoir de négociation
vis-à-vis de leur partenaire financier, qui peut faire évoluer le rapport de force banque-
entreprise à l'avantage de ces dernières.
Cependant, le recours prépondérant à l'endettement bancaire, même lorsqu'il résulte
d'un choix contraint par l'impossibilité d'accéder au financement de marchés ouverts dans le
cas des PME, peut conduire à atténuer la position de faiblesse qu'occupent souvent les
entreprises de petite taille vis-à-vis des banques. En effet, la relation de long terme entre
prêteur et emprunteur qu'implique une dépendance quasi-totale au crédit bancaire peut être un
gage d'amélioration sensible de sa qualité. La banque disposera alors d'une meilleure
information sur l'entreprise.
De même, la durée des liens permet d'établir une plus grande confiance entre les deux
parties. Haubrich (1989) montre notamment que la relation de clientèle permet à la banque
d'utiliser toutes les informations passées sur l'emprunteur pour évaluer son risque présent. Il
suppose que le contrôle par les relations de clientèle est moins coûteux que le contrôle direct
et améliore la méthode de score. Ainsi, en introduisant dans l'analyse économétrique la
variable structure d'endettement de l'entreprise, nous allons chercher à évaluer le degré de
dépendance des entreprises vis-à-vis des banques.
Les écarts de coût du crédit entre les entreprises peuvent ensuite renvoyer aux
garanties offertes par celles-ci lorsqu'elles s'endettent. D'après Grossman (1981), les « bonnes
entreprises » utilisent tous les moyens possibles pour se signaler auprès de leurs investisseurs
et pour se distinguer des autres en acceptant notamment les garanties import antes exigées par
la banque. L'introduction de garanties dans les contrats de prêts permet donc de discriminer
les emprunteurs en associant à des garanties plus fortes des taux débiteurs plus faibles.
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3. Choix de financement
Notre recherche empirique ne s’interroge pas sur la manière dont la PME choisit entre
les différents modes de financement, nous nous concentrons en effet essentiellement sur les
analyses des difficultés rencontrées par les PME dans leur quête de ce crédit bancaire.
Cependant, comprendre les choix de financement de l’entreprise ainsi que les PME nous
semble indispensable.
Modigliani et Miller (1958) ont analysé l'impact de différentes structures de capital sur la
valeur de l'entreprise dans un marché parfaitement concurrentiel. Leur modèle suppose un
marché avec une parfaite disponibilité des informations, pas de taxes, ni de coûts de
transaction. Dans ces conditions, Modigliani et Miller avancent le concept de neutralité du
financement. Cependant, de nos jours, l’accès au financement conditionne la survie de
l’entreprise. Il signifie que le financement représente une variable importante qui affecte
activement l’investissement de l’entreprise. Les modes de financement évoluent au fil du
temps et varient selon les entreprises (taille, type juridique, cycle de croissance...). Le choix
du mode de financement est donc essentiel pour une entreprise. Ce choix doit ainsi être fait en
fonction de l’entreprise et de l’environnement financier dans lequel elle évolue.
Quoi qu’il en soit, les PME les plus rentables sont celles qui peuvent avoir le plus recours à
l'autofinancement, ce qui fait ressortir une liaison négative entre rentabilité et endettement
(Constand et al, 1991). Le coût du financement joue un rôle décisif dans le choix de celui-ci.
La littérature économique distingue souvent 3 sources de financement pour les entreprises :
- l’autofinancement,
- l’endettement
- l’émission de nouvelles actions.
Ces sources sont classées par ordre de coût croissant. Et les différences de coût s’expliquent
par :
- les disparités fiscales qui sont généralement défavorables aux actionnaires
- les couts de la faillite qui augmentent le cout de l’endettement
Section 2. Différents éléments de risque chez les PME
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La théorie financière avance que tout rendement exige d’un actif est fonction du niveau de
risque qu’il présente. Les PME étant caractérisées par leur fragilité plus grande et leur faible
taux de survie, elles sont automatiquement considérées comme plus risquées.
Churchill et Lewis (1986) ont constaté que des coûts d'administration des
endettements des banques sont plus élevés pour les PME et un niveau de risque des prêts
supérieur, alors que les revenus générés par ceux-ci sont aussi plus élevés que ceux des
grandes firmes. Leur échantillon est composé aussi bien de prêts aux PME qu'aux grandes
entreprises. Cependant, pour certains, le risque supérieur des PME ne semble pas évident et
généralisable. Si les entreprises se plaignent de leurs conditions de crédit bancaire, il est fort
probable que les banques évaluent mal leur niveau de risque. Selon Josée et Nelly (1998), le
risque total d’une entreprise peut être scinde en deux éléments, soient le risque d’affaires et le
risque financier.
1. Risque d'affaires
Le risque d'affaires, appelé également risque d'exploitation, se compose des risques
commercial, de gestion et technologique.
a. Risque commercial
Il a des liaisons avec les activités de l’entreprise, comme son marche, ses concurrents,
la demande, la distribution de ses produits actuels et futurs, et la dépendance très forte envers
un client. Les PME rencontrent donc certaines difficultés auprès des différents bailleurs de
fonds, qui préfèrent souvent faire affaire avec de grandes entreprises.
b. Risque de gestion
Le risque de gestion peut se présenter sous forme de manque de connaissances en
gestion, de sens d’organisation, de marketing, d'outils de gestion appropriés tels que la
planification financière, un système comptable convenablement développé, un système
informatique adéquat. Cependant, l'organisation des ressources humaines flexible chez les
PME pourrait contribuer probablement à une réduction du risque de gestion en termes
d’approbation des décisions.
c. Risque technologique
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Il s’agit de l’incapacité de l’entreprise de fournir au marché un produit ou service avec
un coût concurrentiel, faute d'activités de recherche et développement dans sa stratégie de
croissance. La plupart des PME vietnamiennes sont nées après 2000, année de la mise en
application de la loi relative aux entreprises. Il est compréhensible qu’elles soient relativement
en retard comparées aux grandes entreprises domestiques, aux entreprises étrangères en
termes d’introduction de nouvelles technologies. Notons que ce retard est différent selon le
secteur d'activités ainsi que le type d'entrepreneur. La pénurie de fonds constitue également
une cruelle barrière quant au renouveau technologique des PME.
2. Risque financier
Un risque financier est souvent défini comme le risque de perdre de l'argent suite à une
opération financière ou à une opération économique ayant une incidence financière. Les
PME sont connues pour leur problèmes chroniques de liquidités, de rentabilité et de sous
capitalisation impliquant un niveau de risque financier plus élevé que les grandes entreprises.
Pourtant, selon Paranque (1998), l’on ne pourrait considérer les PME comme plus risquées a
priori que si deux conditions étaient vérifiées : tout d'abord, des difficultés plus fréquentes,
ensuite une moindre capacité à générer du profit remettant en cause leur capacité à faire face à
leurs engagements. Et, après avoir étudié les entreprises françaises entre 1985 et 1996, il
constate qu’aucune de ces conditions ne parait remplie. Le taux de défaillance est certes plus
important dans les PME que dans les grandes entreprises. Mais selon lui, il semble que cet
indicateur exprime plus le mode institutionnel de résolution des difficultés des sociétés qu'une
caractéristique économique des PME. En plus, il révèle qu’en termes de performances, la
rentabilité financière brute des PME est supérieure à celle des grandes entreprises. En net, la
rentabilité financière est un peu plus faible dans les PME car la charge de la dette est plus
importante.
Section 3. Réactions des banques
1. Etude de la structure financière de l'entreprise
Une analyse de la solvabilité de l'entreprise menée par la banque est indispensable lors de
l’étude de l’octroi d’un crédit, et les banquiers retiennent systématiquement les critères
suivants :
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a. Critères de solvabilité
La diversification de la clientèle
En effet, il est facile de comprendre qu'une PME dépendant essentiellement d'un client
important se trouve face à un risque accru, si ce dernier est défaillant. Par conséquent, il est
fortement préconisé aux chefs des PME de diviser le risque client.
Niveau des ressources propres
Les ressources propres constituent un élément essentiel du bilan de l'entreprise car elles lui
permettent d'assurer non seulement sa pérennité mais également sa croissance. Elles doivent
en effet couvrir les actifs à risque tels que les immobilisations incorporelles, les titres de
participation sur les affaires en difficulté ou de création récente. La banque peut baser sur le
ratio : Ressources propres/ Total du bilan, et il doit être supérieur à 20% pour les affaires
commerciales et atteindre 25% pour l'industrie et les entreprises de services car ces dernières
ont davantage de besoins en investissement.
b. Critères relatifs au financement
La difficulté à couvrir le Besoin en Fonds de Roulement (BFR) est l’un des gros
problèmes des PME. C'est pourquoi elles sollicitent souvent auprès des banques des
découverts ou des facilités de caisse, du fait de l'épuisement de leur trésorerie. Cette pratique
est d'ailleurs jugée risquée par les banquiers. Pour avoir une vision globale du risque
d'insolvabilité que court l'entreprise, le banquier analyse deux principaux ratios suivent: Fonds
Propres/Chiffre d'affaires.
Si la part des fonds propres dans le chiffre d'affaires est assez élevée, cela signifie que la PME
peut accompagner son développement très facilement. Or, la part des fonds propres dans les
PME fait souvent obstacle à leur pérennité. Il faut que les fonds propres constituent au moins
10% du chiffre d'affaires.
Le ratio : Fonds propres/ Dette
C'est l’un des ratios les plus importants. Il doit être inferieur à 1 et montrer ainsi que
l'entreprise n'est pas trop dépendante de l'appel aux capitaux bancaires qui réduisent les
marges.
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Ainsi, l'examen de la situation générale de PME, l'analyse de leurs problèmes spécifiques
ainsi que de leurs attentes, permet à la banque d'évaluer dans quelle mesure le financement
bancaire était nécessaire pour elle.
2. Le comportement des banques dans l’allocation des crédits aux
entreprises
L’objectif essentiel d’une banque est la maximisation de ses profits. Le préalable à l’octroi
d’un prêt sera donc l’évaluation à priori des coûts et des gains espérés du prêt, le résultat de
cette évaluation sera contingent au taux d’intérêt choisi.
Pour être profitable, la banque doit éviter les problèmes de sélection contraire et d’aléa moral.
Ces problèmes entraînés par l’existence d’asymétries d’informations permettent de
comprendre le comportement des banques dans l’octroi du crédit, en particulier leurs
stratégies de sélection (filtrage, screening) et de contrôle (supervision, monitoring)
a. La sélection des emprunteurs (screening)
En présence de sélection contraire, il est important d’identifier quels sont les emprunteurs
qui ont le plus de chance de rembourser.
La banque doit donc collecter des informations sur les emprunteurs potentiels. Ces
informations peuvent être d’ordre comptable à partir par exemple du bilan, des comptes de
résultats et des ratios financiers construits à partir de ces états. La banque peut aussi
s’intéresser à savoir la nature de l’activité de l’entreprise et l’environnement dans lequel elle
évolue. La banque sera également attentive au montant des autres dettes déjà contractées par
l’entreprise. En effet, une entreprise trop endettée, aura moins de chances de rembourser tous
ses crédits. De même, quand l’entreprise dispose d’un montant important de fonds propres,
cela constitue un bon indicateur pour la banque. En fait, dans ce cas, l’endettement relatif au
capital est faible et présente par conséquent moins de risque (Bernanke et Gertler (1989), cité
par Joumady (2001)). Ces fonds propres donnent également aux entreprises la possibilité
d’éviter le rationnement de crédit grâce à la forte garantie hypothécaire qu’ils permettent de
mettre en place (Gale (1990)).
b. La supervision des emprunteurs (monitoring)
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Une fois le crédit accordé, l’entreprise peut s’engager dans des activités plus risquées
que celles pour lesquelles le crédit a été contracté. Pour éviter cet aléa moral, la banque devra
inscrire dans le contrat du prêt des clauses obligeant l’entreprise à ne pas s’engager dans des
activités plus risquées. Dans ce cadre d’étude, plusieurs travaux sont réalisés par les caisses de
garanties ou sociétés de capital risque. A signaler aussi que c’est une méthode qui est
appliquée par les institutions de micro finance.
c. Les relations de clientèle de long terme
Un autre moyen pour la banque d’avoir des informations sur ses emprunteurs est de créer des
relations de clientèle de long terme.
En effet, si un emprunteur potentiel a déjà un compte bancaire depuis un certain temps dans la
banque auprès de laquelle il demande le crédit, celle-ci pourrait dégager des informations
intéressantes sur la situation financière de ce futur client. La banque pourrait aussi avoir des
informations sur le comportement de remboursement de l’emprunteur, si ce dernier a déjà eu à
emprunter auprès de cette banque.
d. Les garanties
Ces garanties permettent aux banques de réduire les risques de non remboursement.
En effet, si l’emprunteur ne rembourse pas, la banque peut vendre les actifs mis en garantie et
récupérer une partie ou la totalité de l’emprunt non remboursé.
Bester((1985), cité par Joumady (2001)) introduit les garanties dans un modèle à la Stiglitz-
Weiss (1981), et montre que les banques peuvent alors distinguer les différents emprunteurs et
ainsi le crédit n'est plus rationné.
Mais, selon Bhattacharya et Thakor ((1993), cité par Henri wamba (1999)), les types
d’emprunteurs varient et donc la banque aura des coûts supplémentaires pour mettre en place
de nouvelles variables de contrat et ainsi un classement complet n’est pas toujours possible.
e. Le scoring
Le crédit scoring est une méthode d’évaluation du risque dans les demandes de crédit,
en appliquant des techniques statistiques sur une base de données déjà existante. Le but de
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cette méthode est d’évaluer le pronostic de remboursement des entreprises candidates aux
prêts et la probabilité que les emprunteurs déjà existants seront solvables.
Cette technique permet aux organismes de crédit d’évaluer plus finement le risque, grâce à
une utilisation performante des ressources telles que : le classement plus rapide des bons et
des mauvais payeurs, l’identification des demandeurs de crédit situés en ‘‘zone grise’’. Cette
évaluation plus rapide des demandes va aboutir à un service clientèle de meilleure qualité et à
un portefeuille plus étoffé.
f. Le rationnement du crédit
Parmi les moyens que la banque utilise pour faire face aux problèmes d’aléa moral et
de sélection adverse figure le rationnement du crédit. Dans ce cas, la banque refusera
d’accorder des crédits à certains emprunteurs même s’ils sont prêts à emprunter à des taux
d’intérêt élevés.
CHAPITRE II -Rationnement du crédit et asymétrie d’information
Le rationnement du crédit est une des formes les plus courantes d’inefficience du
marché. Des entreprises proposant des projets d’investissements rentables se voient refuser
des prêts bancaires même à un taux d’intérêt élevé. En situation de crise financière et
économique, la restriction de l’accès au crédit bancaire s’en trouve renforcée.
Le rationnement du crédit est une situation dans laquelle des entreprises ayant des
projets d’investissement rentables ne trouvent pas de financement. Les banques limitent
l’accès au crédit en raison des problèmes d’asymétries d’informations. Ainsi, lorsque la
demande de crédit est supérieure à l’offre de crédit et que les banques ne veulent pas
augmenter les taux d’intérêt pour obtenir l’équilibre du marché, ceci conduit à une situation
de rationnement du crédit.
Section 1. Notion de rationnement de crédit
1. Définition
La notion de rationnement de crédit est très utilisée dans le langage économique et
financier. Plusieurs auteurs ont donné leurs avis par apport à une définition formelle du terme.
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Pour BESTER et HELMUT, le rationnement de crédit se décrit par le fait que « lorsque
certains emprunteurs obtiennent des prêts tandis que d’autres n’en obtiennent pas, même s’ils
sont prêts à payer le taux d’intérêt que les prêteurs demandent, même plus élevés et/ou de
fournir plus de bien en garantie car la demande de crédit est inférieur à l’offre et l’ajustement
se fait par l’offre et non par les prix ».
D’après STIGLITZ et WEISS, il y a rationnement de crédit lorsque l’emprunteur est
disposé à accepter les conditions de prêt établies par le prêteur même si celui-ci disposant de
ressources suffisantes et que le prêt lui est toutefois refusé (certains emprunteurs sont
contrains par des lignes de crédit fixées qu’elles ne doivent pas dépasser sous n’importe
quelles circonstances, d’autres sont purement refusés de prêts).
En bref, le rationnement de crédit est pour une banque le fait de limiter ou contrôler
l’émission de prêt envers un emprunteur potentiel aux conditions demandée (quantités et prix
ou taux d’intérêt).
2. Formes du rationnement de crédit
Nous allons montrer comment une banque peut rationner son crédit à travers les quatre
cas de figure suivants :
Type 1 : Le rationnement de type 1 repose sur le fait que la banque accorde un prêt pour
un montant inférieur à celui qui a été demandé. Cette définition repose sur l'hypothèse qu'il
existe une relation positive entre montant emprunté et les difficultés de remboursement.
Type 2 : dans une situation de type 2 les banques refusent de s'engager envers certains
emprunteurs alors qu’ils présentent les mêmes caractéristiques que ceux qui obtiennent le
crédit. De plus, ces emprunteurs sont prêts à payer un taux d'intérêt plus élevé et à apporter
des collatéraux (c'est-à-dire des garanties) plus importants. La plupart des modèles
analytiques s'attachent à expliquer ce phénomène. C'est notamment le cas des modèles de
Stiglitz et Weiss (1981) et de Williamson (1987). Le rationnement de type 2 est qualifié de
pur rationnement. Dans ce cas, la demande est supérieure à l'offre et, contrairement aux
modèles néoclassiques, l'ajustement se fait par les quantités et non par les prix car le taux
d'intérêt influence la probabilité de défaut de l'emprunteur.
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Type 3 : Le troisième type de rationnement correspond à un refus de prêter au taux
d'intérêt désiré par l'emprunteur. Ce type de rationnement découle de la différence
d'anticipation des probabilités de réussite du projet entre l'emprunteur et la banque, celle-ci
étant plus pessimiste, et désirant appliquer une prime de risque plus élevée que celle souhaitée
par l'emprunteur.
Type 4 : Le quatrième type de rationnement est appelé dans le vocabulaire anglo-saxon
"red-lining". Dans ce cas, les emprunteurs écartés se distinguent de ceux qui ont obtenu le
crédit car ils ont été identifiés comme trop risqués par la banque : quel que soit le taux en
vigueur, ils sont exclus du marché du crédit. Dans ce cas, le rationnement ne s'explique pas en
termes d'apurement du marché et d'adéquation de l'offre et de la demande par les quantités,
c'est aussi un refus de prêter. Le "red-lining" correspond au rationnement le plus
communément observé dans la réalité.
Par ailleurs, dans un sens plus large, l’équilibre de rationnement fait appel à l’analyse du
rationnement du crédit lorsque le taux d’intérêt est à son niveau de long terme. L’analyse de
Stiglizt et Weiss montre qu’il n’y a pas de discrimination par les prix sur le marché du crédit à
cause de l’asymétrie de l’information ; l’argument est que le taux d’intérêt fait fuir les
emprunteurs les plus sûrs (biais de sélection adverse) ; ensuite, un taux d’intérêt élevé incite
les emprunteurs à entreprendre des projets plus risqués.
3. Pourquoi le crédit est-il rationné ?
L’égalité entre l’offre et la demande sur un marché demeure la principale représentation
de l’équilibre économique. Cette égalité se réalise grâce à la flexibilité des prix, destinée à
ajuster au mieux l’offre et la demande. Si les prix faisaient leur travail, il ne pourrait y avoir
de situation de rationnement, puisque l’excès de demande d’un bien serait immédiatement
résorbé par une hausse du prix du bien considéré. Or, le chômage comme le rationnement du
crédit caractérisent l’économie réelle : il peut donc y avoir excès d’offre de travail ou excès de
demande de fonds prêtables. […]
L’effet de sélection adverse du taux d’intérêt vient du fait que les emprunteurs n’ont pas
tous la même probabilité du remboursement du prêt, la banque aimerait être capable
d’identifier les emprunteurs les moins « risqués ». Elle utilise alors le taux d’intérêt comme un
moyen de sélectionner les différents emprunteurs. […]
19
Ceux qui sont prêt à payer des taux d’intérêt plus élevés peuvent en moyenne être plus
« risqués », c’est-à-dire avoir une probabilité plus faible de remboursement. […]
Or, l’existence d’un tel risque diminue les profits de la banque. Celle-ci est donc
contrainte de formuler des contrats de prêt destinés à inciter les emprunteurs à agir dans son
intérêt à elle, avec deux instruments : le taux d’intérêt r du prêt et le montant d’apport
personnel C (« collatéral ») exigé.
Le rendement attendu d’un prêt pour la banque peut ainsi augmenter moins vite que le
taux d’intérêt et peut également décroître à partir d’un r*, maximisant le rendement attendu
de la banque (qu’on désignera par le taux optimal pour la banque). En présence d’un excès de
demande de fonds prêtables, il n’est pas optimal pour la banque d’augmenter les taux d’intérêt
au-delà de r* puisqu’il en résultera une diminution du rendement espéré (les individus
acceptant de payer un taux d’intérêt supérieur à r* seront moins averses au risque, en
moyenne, la banque peut donc s’attendre à être moins remboursée). […]2
4. Causes de la problématique du financement
Plusieurs causes sont à l’origine de la problématique du financement des PME. Il
ressort des remarques des PME et des banques que le manque de communication et d’échange
d’informations entre l’entreprise et la banque constitue une importante cause des problèmes
qui se posent lors d’un financement bancaire. Ces deux éléments sont liés à l’asymétrie
d’information existant entre la PME et la banque et qu’on considère comme la principale
cause du nombre peu élevé de crédits octroyés. Le phénomène de l’asymétrie d’information
se pose évidemment quel que soit le type d’entreprise qui demande un crédit. Cependant, cette
asymétrie est plus marquée pour les crédits demandés par les petites et moyennes entreprises
que pour ceux des grandes entreprises.
L’asymétrie d’information entre les financiers et les PME existera toujours.
Néanmoins, les deux parties peuvent dans une certaine mesure réduire ou contourner le
problème en appliquant un ou plusieurs des mécanismes suivants : rester en relation avec la
banque, réduire la durée des dettes, prévoir des clauses limitatives dans le contrat de crédit et
fournir des garanties et des certitudes au moment du prêt.
2 Joseph E. STIGLITZ & Andrew WEISS, “Credit rationing in Markets with Imperfect Information”, American
Economic Review, 1981
20
Les banques attirent également l’attention sur la hausse des coûts pour justifier les
nouvelles règles à satisfaire concernant la position des fonds propres, les risques plus élevés
dus à une mauvaise situation économique ainsi que les perspectives négatives dans de
nombreux secteurs, la baisse des marges bénéficiaires dans de nombreuses entreprises et la
moins bonne qualité des garanties.
Section 2. Notion d’asymétrie d’information
1. Définition
Depuis fort longtemps, les économistes ont trouvé que l’asymétrie de l’information était
l’origine du rationnement de crédit. Dans ce contexte, les asymétries de l’information
désignent la disparité entre l’information dont dispose le client à la recherche du crédit et les
fournisseurs de fonds dont on suppose qu’ils sont habituellement désavantagés.
Pour P. Roger (1988), l’asymétrie de l’information peut avoir deux origines :
- soit du fait qu’un partenaire dispose de plus d’informations que l’autre,
- soit des coûts d’obtention de l’information ; deux aspects directes de l’asymétrie de
l’information sont l’anti-sélection et le risque moral.
L’hypothèse de l’information imparfaite est une avancée importante de la science économique
depuis les années 60. Elle a donné lieu à des travaux sur les asymétries de l’information et la
théorie des contrats (G. AKERLOF, J. STIGLITZ et M. SPENCE - Prix Nobel en 2001). Ces
travaux permis une meilleur compréhension du fonctionnement des marchés aujourd’hui.
L'asymétrie de l'information est le constat que chaque acteur sur le marché ne dispose pas des
mêmes informations. Les informations des offreurs et des demandeurs sur les prix et la qualité
des biens peuvent ainsi être imparfaites et inégalement réparties. Cette asymétrie de
l'information favorise le pouvoir de marché de certains acteurs et peut justifier les différences
d’anticipation.
Il existe en fait deux cas où la mauvaise information des agents pose des problèmes majeurs
pour le bon fonctionnement du marché :
- Le cas de l’anti-sélection ou la sélection adverse
- Le cas de l’aléa moral ou le risque moral
21
Hypothèse Description Exemple
Anti-sélection
(sélection
adverse)
Un des agents ignore certaines
caractéristiques de la transaction. II
risque d'être trompé au moment où il va
signer le contrat.
Une personne veut acheter une voiture
d'occasion mais n'est pas un spécialiste
des voitures.
Risque moral
(l’aléa moral)
Un des agents peut dissimuler son
comportement qui ne sera révélé
qu'après la signature du contrat
= comportement peu moral
L'acheteur d'une voiture se rend chez
un assureur pour souscrire une police.
L'assureur ne sait pas qu'il roule
toujours vite et qu'il ne veut pas porter
de lunettes alors qu'il voit mal
2. L’anti-sélection ou sélection adverse
C’est le problème crée par l’asymétrie de l’information avant qu’une transaction n’ait
lieu. Cela se produit lorsque les emprunteurs les plus susceptibles de conduite à de mauvais
résultats sont ceux qui recherchent le plus activement du crédit, et qui ont le plus de chance
d’en obtenir.
Imperfection de l’information
(Information imparfaite)
Tous les agents économiques n’ont pas, ou ont un accès
incomplet à l’information disponible lors des
transactions
Certains agents sont mieux informés que d’autres :
• agents mieux informés • agents peu informés
Echecs du marché
(market failures)
L’aléa moral (le risque moral) :
Certains agents font le choix ou mènent des actions non
observables par d’autres agents :
L’employeur ne peut contrôler parfaitement le niveau
de soin ou d’effort apporté aux tâches accomplies par
son salarié.
Asymétrie de l’information = information imparfaite
L’antisélection (sélection adverse) :
Des agents sont dotés de caractéristiques
que d’autres ne connaissent pas :
un employeur qui connait mal les
compétences de son futur salarié.
Le marché de CPP ne peut pas
déployer ses propriétés : ne
peut rendre compte de la
réalité
22
Les travaux de G. Akerloff ont introduit la notion d’anti-sélection appelée sélection
adverse qui est un problème d’opportunisme précontractuel. Elle est due au fait que l’une des
parties dispose d’informations privées avant que la transaction soit réalisée.
Dans le secteur bancaire, l’anti-sélection apparaît lorsque l’emprunteur conserve, même
après un examen attentif par le créancier des informations disponibles, un avantage
informationnel sur son partenaire. Ainsi à défaut de pouvoir fixer un taux d’intérêt qui
corresponde au risque effectif du projet, la banque applique un taux reflétant la qualité
moyenne des emprunteurs. Cette pratique pénalise donc les individus dont le projet est moins
risqué en leur faisant payer une prime de risque plus élevée que leur risque effectif et
avantage inversement les agents détenant des projets risqués ; comme sur le marché des
voitures d’occasion de mauvaise qualité, une situation d’asymétrie d’information ex ante fait
en sorte que les bonnes voitures quittent le marché au profit des mauvaises voitures.
a. Le problème de l’anti-sélection
Les problèmes liés à l’anti-sélection ont été mis en évidence par George Akerloff dans
le cas particulier du marché des véhicules d’occasion.
Sur ce marché, la qualité des voitures vendues est imparfaitement connue des acheteurs
potentiels qui ne sont pas des professionnels. Seuls les garages qui vendent les voitures savent
si elles ont été bien entretenues ou non, si elles ont été accidentées ou non… En bref, la
qualité des voitures vendues est une information cachée.
Sur un marché où la qualité est facilement observable, il est impossible de vendre des
produits de mauvaise qualité au même prix que des produits de bonne qualité. Des pommes
tavelées seront bradées à un prix plus faible que des pommes qui ne le sont pas. Mais si la
qualité du produit n’est pas facilement perceptible par l’acheteur potentiel, le prix ne joue plus
son rôle d’ajustement. En effet, le prix de ces voitures a tendance à s’aligner sur un véhicule
de qualité moyenne. Or, les vendeurs qui disposent de véhicules de très bonne qualité peuvent
être réticents à les mettre sur le marché à un prix moyen. À l’inverse, les propriétaires de
voitures de mauvaise qualité seraient ravis de les céder à ce même prix moyen. De leur côté,
certains acheteurs qui accepteraient éventuellement de payer plus cher un véhicule de bonne
qualité ne peuvent pas identifier ces véhicules et peuvent renoncer à acheter au prix du
marché, craignant de ne trouver pour ce prix que des véhicules moyens ou défectueux. Le
23
marché des véhicules d’occasion fonctionnera mal car les propriétaires de véhicules de bonne
qualité refuseront de les vendre au prix du marché et les acheteurs craindront de ne trouver
que des véhicules de mauvaise qualité au prix proposé.
Si les vendeurs baissent le prix pour attirer des clients, ils ne font qu’aggraver le
problème. Les meilleurs véhicules qui étaient en vente sont retirés du marché et la crainte des
acheteurs augmente.
b. Le traitement de l’anti-sélection
En théorie, comme la plupart des acheteurs de véhicules d’occasion ne sont pas des
professionnels, le marché des véhicules d’occasionne devrait pas pouvoir fonctionner. Or, il
se vend en France entre 4 et 6 millions de voitures d’occasion tous les ans ! Les acheteurs
feraient-ils tous de mauvaises affaires ? Les propriétaires de voitures de bonne qualité
accepteraient-ils tous de vendre au même prix que ceux qui possèdent des voitures mal
entretenues ou accidentées ?
La réponse tient en une idée qui se décline selon de nombreuses variantes. Il faut que le
vendeur qui détient l’information sur la qualité des véhicules fasse en sorte d’informer
l’acheteur par des signaux adaptés.
Le plus simple pour un vendeur qui est sûr de la bonne qualité d’une voiture qu’il
propose à un acheteur est d’en garantir le fonctionnement pendant un certain temps et de
s’engager à la réparer gratuitement si elle tombe en panne. En s’engageant ainsi auprès de
l’acheteur, le vendeur émet un signal de qualité qui permet à la loi de l’offre et de la demande
de mieux fonctionner. La qualité du produit offert est plus facilement perceptible et le vendeur
d’un produit de bonne qualité peut trouver un acheteur prêt à le payer plus cher qu’un produit
de qualité inférieur. Les bonnes occasions ne sont plus chassées du marché.
c. Les réponses à l’anti-sélection
La solution du laisser-faire s’avère désastreuse puisqu’elle conduit à l’élimination des
bons produits du marché. On peut en fait développer trois solutions :
Coté vendeur : Le vendeur peut proposer un système de garantie aux acheteurs afin
de véhiculer une image de sérieux et de crédibilité, par exemple par des engagements type
24
services après-ventes. Ou bien, pour les vendeurs de services, l’instauration de label de
qualité, la mise en avant de diplômes professionnels...
Coté acheteur : L’acheteur doit tenter de s’informer au maximum à partir des données
observables sur l’entreprise, les produits...
Solution externe : C’est un moyen coercitif pris par une instance extérieure à la
relation.
Elle instaure une réglementation qui rend obligatoire la révélation de tout ou partie de
l’information par le vendeur ou qui va instituer des procédures de recours efficaces contre les
produits de mauvaise qualité.
En général la solution retenue se met en place au niveau interne c’est-à-dire au sein de
la relation entre les partenaires par l’instauration d’un système reposant sur la confiance
mutuelle. En effet, la confiance va permettre d’obtenir une solution plus efficiente pour les
deux parties. On peut supposer que les individus peuvent adopter un comportement
discrétionnaire c’est-à-dire modifier leur comportement en fonction du co-contractant (avoir
confiance ou méfiance). La théorie des jeux montre qu’il y aura un effet négatif de ce
comportement discrétionnaire donnant lieu à un résultat sous-optimal pour les deux parties et
un effet positif provenant d’un comportement de confiance réciproque aboutissant à la
situation optimale. Ainsi pour éviter cette situation de méfiance réciproque, il faut que la
transaction soit répétée un nombre infini de fois ou un nombre fini mais dont la date
d’échéance n’est pas connue : alors chaque partie aura intérêt à adopter un comportement de
confiance.
3. Le risque moral
C’est le problème crée par la l’asymétrie de l’information après la réalisation d’une
transaction (asymétrie post-ante). C’est un risque où l’emprunteur s’engage dans des activités
considérées comme indésirables par le prêteur parce qu’elles augmentent le risque du projet
auquel est consacré le prêt et diminue donc la probabilité qu’il soit remboursé. L’aléa moral
c’est donc ce qui, concernant le secteur financier, se rapporte à toute situation dans laquelle
les résultats de la relation de crédit dépendent d'actions entreprises par l'emprunteur après
signature du contrat et imparfaitement observables par le créancier. De la même façon, une
25
situation de surendettement peut s'analyser comme un choix compromettant la solvabilité de
l'entreprise au détriment des créanciers.
Dans ce cas, seul l'intermédiaire financier, de par sa dimension et de par le montant
élevé de la créance, disposera à la fois des moyens et de la motivation nécessaire pour exercer
une fonction de contrôle.
Malgré l’envergure des risques que peuvent générer l’asymétrie de l’information, il
existe tout de même des solutions plus ou moins applicables ; il s’agit :
- du screening ou monitoring: la partie non informée recherche l’information
- le signaling : la partie informée révèle l’information
- la partie non enformée peu inciter les membres de la partie informée à révéler
leur type.
- la partie non informée peut définir les clauses contractuelles en fonction des
informations qu’elle ne détient pas.
a. Le problème du risque moral
Contrairement à celui posé par l’anti-sélection, le problème lié au risque moral ne
survient pas avant que l’offreur et le demandeur ne se soient mis d’accord mais après. Le
contrat est bien passé entre les deux agents mais l’application du contrat va se révéler
désastreuse pour l’un des deux, celui à qui l’autre aura réussi à cacher le comportement qui
sera le sien.
Supposons par exemple que l’acheteur d’une voiture d’occasion se rende chez un
assureur pour souscrire une assurance tous risques. Le montant de la prime à payer a été
calculé en se fondant sur le risque qu’encourt un conducteur moyen qui sait normalement
conduire, ne commet pas d’imprudence délibérée, entretient correctement sa voiture… Or,
rien ne dit que le futur assuré correspond bien à ce profit. Il ne va évidemment pas révéler
spontanément que, par exemple, il ne connaît pas la différence entre un feu vert et un feu
rouge, consomme systématiquement de l’alcool avant de prendre le volant et néglige de faire
entretenir ses freins dont il ne voit pas vraiment l’utilité puisque ce sont les autres qui
s’arrêtent en le voyant arriver. Si l’assureur a la malchance de n’avoir que des clients de ce
type, le nombre de sinistres qu’il devra prendre en charge sera très supérieur à la moyenne et
les primes payées par ses clients ne couvriront pas les dommages à réparer.
26
La crainte de n’avoir que des « mauvais risques » à couvrir est susceptible de perturber
le fonctionnement du marché de l’assurance.
b. Le traitement du risque moral
Tout comme dans le cas du marché des véhicules d’occasion, le problème posé par
l’asymétrie d’information n’empêche nullement les sociétés d’assurance de souscrire des
polices et, mieux même, de réaliser des profits extrêmement confortables. C’est donc que le
problème posé par le risque moral n’est pas insurmontable. Le principe général de la solution
consiste à mettre en place des mécanismes qui vont conduire l’assuré à adopter un
comportement normalement prudent et à ne pas prendre plus de risques au prétexte qu’il est
assuré et que « l’assurance paiera ».
En matière d’assurance automobile, le dispositif le plus connu d’incitation à un
comportement prudent est le « bonus malus ». Lorsqu’un nouveau conducteur demande à être
couvert par une police d’assurance, il paye une prime de base, correspondant à un conducteur
moyen. S’il se révèle bon conducteur et qu’il n’a pas d’accident, il bénéficiera d’une
réduction de prime sous la forme d’un bonus. Si, au contraire, il fait preuve d’un
comportement imprudent et est responsable d’accidents, il devra payer un supplément de
prime sous la forme d’un malus. Le fait de pouvoir payer moins cher si l’on est un conducteur
prudent constitue un moyen de lutter contre le risque moral de l’assurance.
c. Les solutions pour contrecarrer le hasard moral
La théorie moderne de l’agence dont l’objectif est de reprendre le problème de
divergence d’intérêt entre le principal et l’agent définit deux types de solutions.
Le principal peut instaurer un système de surveillance et se faisant assister d’experts
en gestion indépendants de l’entreprise.
Le principal peut mettre en place des mesures incitatives qui vont récompenser ou
pénaliser l’agent selon qu’il se comporte ou non conformément aux intérêts du principal.
Ainsi la théorie moderne de l’agence définit le processus décisionnel au sein de
l’entreprise par un scénario en quatre étapes :
27
- La phase d’initiation : c’est la mise en évidence des différentes possibilités
d’utilisation des ressources de l’entreprise.
- La phase de ratification est celle où le choix des décisions à prendre est arrêté.
- La phase d’implémentation est celle où l’on exécute les décisions ratifiées.
- La phase de monitoring où l’on mesure les performances des agents de décision et où
l’on détermine les récompenses à leur octroyer.
d. Exemple de situation de hasard moral
La situation de hasard moral n’est pas mise en évidence de façon similaire que l’on se
situe en PME.
Les relations d’agence au sein d’entreprises type PME
L’activité d’une PME dépend du travail combiné des individus. Se pose alors le
problème pour chaque membre de l’équipe d’adopter un comportement discrétionnaire qui va
l’amener à consentir un niveau moindre d’effort que celui prévu par son contrat de travail.
Chaque individu est ainsi tenté de jouer le rôle de passager clandestin au sein de l’équipe,
d’autant plus que les contributions individuelles sont difficiles à déterminer au niveau global.
Le dirigeant est ainsi contraint à mettre en place un mécanisme de surveillance en devenant
superviseur qu’il doit cependant concilier à son rôle d’exécutant.
Pour cela, il va proposer des rémunérations et des conditions de travail qui compte tenu
de celles prévalant sur le marché du travail, le conduise à espérer de la part des travailleurs un
niveau d’effort suffisant pour que les coûts de production de l’entreprise soient compétitifs sur
le marché des biens et services.
Les relations actionnaires – dirigeants
Au sein des sociétés anonymes, il y a souvent séparation entre la propriété de
l’entreprise qui appartient aux actionnaires et la direction qui est confiée aux dirigeants. Le
pouvoir réel de décision est détenu par les dirigeants de par leur accès privilégié aux
informations qui leur confère une compétence décisionnelle. Le problème provient alors de la
28
divergence d’intérêt entre les propriétaires et les dirigeants. Les actionnaires recherchent le
profit maximum afin d’obtenir une rémunération importante.
Les dirigeants quant à eux s’attachent à rechercher un profit minimum capable de
contenter les actionnaires, leur rémunération personnelle étant totalement déconnectée des
résultats l’entreprise. On constate souvent que la politique de rémunération des actionnaires
pratiquée par les dirigeants témoigne du désir de les neutraliser ou de neutraliser leurs
revendications en leurs offrant des dividendes par action stable ou en croissance régulière
mais indépendant des résultats réels de l’entreprise. Les dirigeants adoptent alors une stratégie
de maximisation du chiffre d’affaires sous contrainte d’un minimum de profit destiné à l’auto
financement et au versement minimum de dividendes pour les actionnaires. Un fois ce profit
minimum dégagé, les dirigeants s’attacheraient à faire naître un profit discrétionnaire
supplémentaire pour assurer l’augmentation de leurs frais généraux et émoluments. Dans ce
cas le niveau de production atteint par l’entreprise est supérieur à celui dégagé si l’entreprise
se contente de maximiser le profit. Dès lors en situation de croissance, on observe une
augmentation des émoluments plus que proportionnelle.
Les problèmes créés par l’asymétrie d’information se rencontrent de plus en plus
souvent au sein de l’entreprise du fait de la multiplication des relations commerciales naissant
d’un développement accru du commerce international.
Il est donc nécessaire que l’entreprise les prenne en considération dans l’élaboration de
sa stratégie afin d’intégrer les coûts générés par la mise en place de système de surveillance
ou de contrats incitatifs ainsi que de collecte de l’information.
Le phénomène de rationnement s’explique par des problèmes d’asymétries
d’information entre des prêteurs et des emprunteurs. Les banques décident de rationner la
quantité de crédit qu’elles accordent car agir sur les taux d’intérêt influence le risque de
l’emprunteur. En effet, des taux élevés attirent des emprunteurs plus risqués (sélection
adverse) et incitent ceux-ci à augmenter le risque de leurs projets (aléa moral). Ce
rationnement est une conséquence du manque d’information des banques sur le risque des
emprunteurs. Cette information est en effet coûteuse à collecter ou indisponible. Les banques
fixent donc un niveau d’intérêt optimal et rationnent les emprunteurs qui semblent être les
plus risqués. Ainsi, le rationnement du crédit par les quantités et non par les prix correspond à
un comportement rationnel du prêteur. Le mécanisme d’ajustement des prix permettant
29
d’équilibrer l’offre et la demande peut donc ne pas se produire sur le marché du crédit
bancaire.
Le rationnement du crédit touche l’ensemble des entreprises. Dans cette étude, nous
nous intéressons plus particulièrement aux petites et moyennes entreprises (PME) pour
lesquelles l’accès au crédit semble plus difficile1. En effet, les problèmes d’asymétries
d’information sont plus présents pour les PME pour lesquelles l’information publique est
moindre. Elles sont supposées moins fiables, moins prévisibles, plus risquées et moins bien
garanties de manière générale. Or, n’ayant bien souvent pas accès aux marchés, ne pouvant
émettre de titres de dettes, à moins de faire partie d’un groupe, elles dépendent davantage des
intermédiaires financiers, les banques commerciales, que les grandes entreprises. Les
emprunts bancaires sont leur seule source de financement externe
4. Les sources d’asymétrie d’information
Le marché du crédit bancaire est animé par deux groupes d'acteurs : les prêteurs (les
établissements de crédit) et les emprunteurs (les PME dans cette étude). Ces entités ont des
objectifs généralement divergents. La banque cherche à maximiser son profit moyen espéré et
l'emprunteur le rendement espéré de l'investissement. La relation qui s'établie entre ces deux
acteurs est qualifiée de relation d'agence. Elle est, pour Jensen et Meckling (1976) : « un
contrat dans lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne
(l'agent) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation d'un
certain pouvoir de décision à l'agent19» (Coriat et Weinstein, 1995, p. 93). En raison de
l'absence de congruence des préférences, cette relation est source de conflits d'intérêts
inducteurs de coûts (coûts d'agence et de transaction) qui réduisent les gains potentiels de la
coopération. Ces conflits naissent soit de l'allocation des décisions régissant le processus de
création de valeur, soit de l'appropriation de la valeur créée. Ils trouvent leurs origines dans
l'asymétrie d'information, l'opportunisme des acteurs, l'impossibilité de rédiger des contrats
complets en raison de la rationalité limitée et de l'incertitude (Charreaux, 1999) :
a. L'incertitude hypothèse environnementale
La définition de ce concept, contenue dans les travaux de Knight (1921), est faite par
comparaison au risque. Pour l'auteur, l'incertitude est la caractéristique essentielle de situation
ou l'individu voit les conséquences des décisions qu'il prend (ou doit prendre) dépendre des
facteurs exogènes dont les états ne peuvent être prédits avec certitude (Cobbaut, 1997). Il
30
correspond donc aux situations non mesurables. A l'opposé, le risque est probabilisable et
mesurable par une probabilité « objective ». Il intervient lorsque l'incertitude peut être
quantifiée.
b. L'opportunisme : hypothèse comportementale
Principal facteur explicatif des coûts de transaction, il s'appréhende comme la
recherche de l'intérêt propre, à tout effort calculé pour tromper, désinformer, déguiser,
omettre, choquer ou induire en erreur un autre agent (Joffre, 1999). C'est un comportement «
stratégique » (qui serait inscrit dans la nature humaine d'après Williamson, 1975) par lequel
les agents recherchent leurs intérêts strictement personnels, quitte à léser l'autre partie, en
recourant à la ruse, la mauvaise foi, le mensonge, le vol, la tricherie ou autre formes subtiles
de duperie (Gabrié et Jacquier, 1994).
c. La rationalité : hypothèse comportementale.
Être rationnel, selon la conception classique, c'est rechercher le maximum de satisfaction
au moindre coût. L'hypothèse forte qui sous tend cette définition (perfection du marché) lui
confère la dénomination de rationalité pure ou substantive. Ici, les acteurs sont à même de
prévoir tous les états futurs du monde possible et d'anticiper les différents choix de l'autre.
Une alternative plus réaliste est donnée par Simon (1959)20 et tient compte de l'imperfection
et de l'incertitude environnementale : c'est la rationalité dite limitée et procédurale. Elle est
fondée sur le fait que l'individu à des capacités physiques, mentales, et intellectuelles limitées
en raison de l'incertitude et de l'information imparfaite. Ainsi, face à un problème, celui-ci ne
pourrait pas avoir une connaissance de tous les choix possibles ; une connaissance complète
de toutes les conséquences de ces choix, ou la capacité à les calculer ; la capacité à comparer
ses conséquences, quelque soient leur diversité, en les ramenant à un indicateur unique. Le
comportement rationnel est donc limité par ces contraintes environnementales21 (Coriat et
Weinstein, 1995).
d. La taille des PME
Une approche fondée sur les asymétries d'information peut conduire à supposer une
relation négative entre la taille et l'endettement. Il se peut, comme le note Rajan et Zingales
1995, que la taille serve de mesure inverse de l'information obtenue par les investisseurs
externes. Toutefois, ils n'observent pas que les grandes entreprises émettent plus de titres
31
sensibles aux asymétries d'information. De plus, la relation négative entre la taille et
l'endettement reste spécifique à l'Allemagne. Kremp et Stoss (2001) notent également
l'importance du financement bancaire pour les entreprises de petites tailles en Allemagne. Les
caractéristiques du droit de la faillite et du système de la banque principale (Hausbank)
allemand offrent une explication à l'exception allemande qui ne repose pas sur les asymétries
d'information avec tous les investisseurs externes. Le cas allemand mis à part, la relation
positive entre la taille et l'endettement est confirmée dans un certain nombre d'études (Rajan
et Zingales 1995 ; Booth et al., 2001). D'autres études trouvent des relations faibles (Ozkan
2001)34(*) ou non significative (Kremp et Stoss, 2001) entre la taille et l'endettement et
hésitent à conclure.
e. L'influence du caractère familial des PME
Nous définissons l'entreprise familiale comme une unité chargée de produire et d'écouler
sur le marché des biens et des services, unité appartenant à des personnes unies par des liens
de consanguinité directs ou indirects usant de contrats non formalisés dont l'objectif prioritaire
est l'obtention d'un profit minimal permettant la sécurisation du capital investi et la survie des
membres de la famille.
Selon Handler (1989, l'entreprise familiale est « une organisation dans laquelle les
principales décisions opérationnelles et les objectifs quant à la transmission sont par les
membres de la famille impliqués dans le management ou dans le conseil d'administration »
l'entreprise familiale est caractérisée par la participation active de la famille dans la gestion de
l'entreprise, le contrôle du capital par la famille et la transmission de l'entreprise à la
génération future. De ces trois critères, nous pouvons analyser l'influence du caractère familial
des entreprises sur leur niveau d'endettement. Dans la plupart des études existantes traitant de
la problématique de la structure d'endettement des PME familiales, nous retenons celles
d'Hirigoyen (1982) qui met en évidence une stratégie financière prudente de la part des
dirigeants d'entreprises familiales de peur de perdre le contrôle de ces dernières.
Ce comportement de prudence est confirmé dans l'étude de Ward (1988) ; cette
dernière montre que les entreprises familiales ont recours à des stratégies de défense de peur
de perdre le contrôle familial de l'entreprise. Cette crainte serait renforcée dans les entreprises
familiales dans lesquelles le dirigeant serait d'un âge déjà avancé (Tufano, 1996). Selon
Donckels (1993), la famille souhaite maintenir l'indépendance financière de son entreprise
32
afin d'en conserver le contrôle. A cet égard, l'entreprise va privilégier l'autofinancement et
éviter l'endettement à long terme. Cependant, une fois la capacité d'autofinancement atteinte,
la PME familiale va recourir plus facilement à l'endettement qu'à l'ouverture du capital et ce,
de manière à préserver le contrôle familial de l'entreprise. Néanmoins, si le financement par
dettes évite la dilution de l'actionnariat, il engendre un accroissement du risque de défaillance
financière. Par conséquent, le dirigeant doit réaliser un arbitrage entre la conservation du
contrôle et l'augmentation du risque. Pour Kalika (1988), les différences structurelles en
termes de différenciation, de formalisation, de planification, de contrôle et centralisation qui
existent entre les entreprises familiales et non familiales peuvent s'expliquer par le fait que la
taille des PME familiales est généralement plus petites que celles des PME non familiales et
qu'au sein des PME familiales, la direction est plus autodidacte que gestionnaire. D'après
Allouche et Amann (1995)42(*), les entreprises évitent l'endettement et optent pour des
stratégies à long terme plutôt que de court terme lié à un besoin de résultats rapides et ont une
aversion à l'endettement. Elles pratiquent aussi plus facilement le réinvestissement des
dividendes. Cette aversion et cette crainte de l'endettement sont confirmées par l'étude de
Gallo et villaseca (1996) qui constate la présence d'un faible ratio dette/fonds propres au sein
même de ces entreprises familiales. De tout ce qui précède, nous remarquons donc que le
caractère familial des PME pourrait avoir une influence négative sur leur comportement
d'endettement du fait que leurs dirigeants ont une crainte de perdre leur contrôle. Ce qui nous
amène à émettre notre deuxième hypothèse suivante qui vise à tester une relation négative
entre le caractère familial des entreprises et leur niveau d'endettement.
f. Un soupçon d’opportunisme
Les contrats sont censés protéger les personnes qui les ont signés. Cependant,
l’impossibilité d’établir des contrats exhaustifs empêche une harmonisation parfaite des
motivations.
L’incomplétude des contrats peut ainsi donner lieu à des comportements opportunistes qui
vont engendrer l’incertitude de la relation contractuelle. L’opportunisme suggère une attitude
de calcul plus sophistiquée que l’hypothèse classique d’intérêt personnel. Il caractérise
l’absence d’honnêteté dans les transactions, le non-respect des règles du jeu économique, la
recherche de l’intérêt personnel par la ruse. Il s’accompagne le plus souvent d’une
manipulation privée d’information et s’oppose en ce sens à un comportement fondé sur des
relations de confiance où la promesse de l’un est synonyme d’engagement. Notons que
33
l’opportunisme introduit la notion de temps dans la pratique des échanges ; la question
relative au comportement (comportement effectif/comportement attendu) ne se posant pas
dans le contexte de relations instantanées.
Le comportement opportuniste est donc lié à la rationalité limitée et à l’incomplétude de
l’information. Les risques sont les aléas qui vont peser sur la transaction et qui peuvent
donner naissance à une manipulation et à une déformation de l’information. La difficulté
réside dans le fait qu’il ne s’agit pas d’un comportement qui affecte tous les individus et qu’il
est coûteux de reconnaître ceux qui sont opportunistes de ceux qui ne le sont pas. D’où il y a
incitation à l’intermédiation financière pour remédier les imperfections du marché du crédit.
Section 3. Les modèles du rationnement du crédit
1. Revue des études antérieures sur le rationnement du crédit
On parle de rationnement du crédit lorsque la quantité demandée excède la quantité offerte
sur le marché du crédit et que le taux d’intérêt n’augmente pas jusqu’aux taux d’équilibre.
Généralement, il se crée un marché de crédit informel lorsqu’il y a rationnement du crédit.
Dans la littérature théorique, il a été suggéré que cet état est la résultante de certains
déséquilibres temporaires ou de l’intervention de l’Etat. Toutefois, Stiglitz et Weiss (1981)
précisent qu’ « il peut exister un rationnement du crédit à l’équilibre et expliquent que ce
rationnement est dû soit à une sélection adverse soit à un aléa moral, ce qui ne permet pas à
une variation du taux d’intérêt d’équilibrer le marché. Le prêteur, ne pouvant jouer ou choisi
de ne pas jouer efficacement sur le niveau des prix, joue sur les quantités et limite, de manière
rationnelle et indépendamment de tout contexte réglementaire, la quantité de crédit distribué
». Bardhan et Udry ((1999), cité par Bellemare (2000)) traitent aussi de l’aléa moral et de la
sélection adverse, mais en introduisant plusieurs variantes du modèle à information
asymétrique.
Williamson (cité par Sylvie CIEPLY (1986)) confirme que « le prêteur se trouve
confronté, sur un marché informationnellement imparfait, à l’existence d’un comportement
opportuniste des emprunteurs ». Les actions menées par les prêteurs pour limiter ce
comportement, l’effort de contrôle (le monitoring), ne permettent pas toujours de réduire de
façon économiquement viable ce phénomène. Dès lors, lorsque les coûts de contrôle excèdent
les bénéfices attendus de cette action, le prêteur peut préférer limiter son offre de financement
aux entreprises. Le marché du crédit est alors dit rationné puisqu’il subsiste une demande
34
excédentaire non satisfaite. Le niveau d’endettement optimal de la firme, pour le prêteur,
correspond au concept de capacité d’endettement maximal de la firme.
Les études empiriques qui traitent directement le rationnement du crédit auquel font
face les ME sont rares. Une des études qui a véritablement traité ce sujet est celle de Baydas,
Meyers et Aguilera-Alfred ((1994) cité par Bellemare (2000)), Mourji (1998) et Mourji
(2000). Les premiers ont fait leur étude en Equateur sur 447 ME et ont constaté que celles ci
ont des difficultés pour se développer à cause du manque de fonds. Pour résoudre ce
problème, l’Etat a sur pied des programmes de crédit à ces ME, mais il arrive que même au
sein de ces programmes, le rationnement du crédit existe toujours. Pour étudier les
déterminants de ce rationnement, les auteurs ont développé un modèle à équations
simultanées qui comporte deux équations, une pour l’offre et l’autre pour la demande. Le but
de leur étude est de savoir si le rationnement est dû à une auto sélection de la part des
entreprises, ou s’il y a vraiment rationnement du crédit du côté de l’offre. Après les
traitements, les auteurs sont arrivés à la conclusion que la demande de crédit formel varie
positivement avec le taux d’intérêt nominal, le montant du prêt informel obtenu, les actifs de
l’entreprise, les profits de l’entreprise, le statut de propriété de l’entreprise, le fait d’être une
entreprise non agricole, le niveau d’éducation et le sexe masculin du gestionnaire.
Le montant de crédit alloué à la date t, Qt, s’écrit Qt = Min (Dt, St). Où Dt et St désignent
respectivement la demande et l’offre de crédit. Il y a rationnement du crédit si Qt = St < Dt
2. Les modèles du rationnement du crédit
Avant l’analyse de Stiglitz et Weiss (1981), les causes avancées par les économistes
pour expliquer le phénomène de rationnement du crédit ne reposaient pas vraiment sur
l’asymétrie d’information, mais elles tenaient plutôt à des contraintes institutionnelles, à
l’influence qu’un taux d’intérêt élevé et/ ou qu’un montant de prêt considérable est
susceptible de peser sur le risque d’une éventuelle faillite (Tuan-Anh. P, 2009).
Il faudra toutefois attendre les années 70, voir 80, pour comprendre le rôle des
motivations des détenteurs de capitaux dans la distribution des crédits. Les travaux de ces
deux chercheurs s’inscrivent dans cette période, et nous montrent que les décisions des
instituions du crédit sont marquées par l’imperfection et l’asymétrie d’information, relatives à
la qualité des projets des futurs entrepreneurs-clients (Levratto. N, 2003).
35
a. Asymétries d’information ex ante et rationnement du crédit
J.Stiglitz et A.Weiss sont deux économistes américains qui font partie de l’école des
nouveaux keynésiens. La démarche de ce courant consiste à construire des modèles
économiques à partir de la théorie d’équilibre général néo-classique, afin d’en démontrer les
défaillances. Elle est macroéconomique à fondements microéconomiques, dans la mesure où
ils constatent des tendances basées sur les comportements d’agents représentatifs.
Dans ce cas précis, il s’agit de démontrer l’impact de l’asymétrie d’information sur le
marché du crédit. L’offreur de crédit est la banque, et le demandeur est un entrepreneur, et
les deux principales variables sont le taux d’intérêt et le degré de risque d’un projet. En
situation d’équilibre général, plus le risque du projet est faible, moins les taux d’intérêt seront
élevés, et inversement. On suppose en effet que plus un projet est risqué, plus la banque
augmentera ses taux d’intérêt, car la profitabilité d’un projet est décroissante en fonction de
l’augmentation du taux d’intérêt.
Mais en économie réelle, à partir d’un certain degré de risque, on constate un
rationnement du crédit : la banque n’augmente plus ses taux d’intérêt, et préfère ne pas
accorder de prêt lorsqu’un projet devient trop risqué. L’objectif est ici de montrer que le
rationnement du crédit résulte d’une situation d’équilibre, et non pas de contraintes
externes. La démonstration se déroule en trois points. Les deux premiers concernent le taux
d’intérêt, afin de montrer que c’est à la fois un instrument de sélection et un mécanisme
incitatif. Le dernier point se focalise davantage sur une nouvelle variable : le collatéral, ainsi
que ses conséquences.
Le taux d’intérêt, instrument de sélection
La situation est analogue à celle décrite par Akerlof au sujet du « market of lemons ».
Sauf que cette fois-ci c’est l’offre qui est mal informée par rapport à la demande . Un
entrepreneur connaît le risque de son projet, mais la banque ne peut que l’estimer. Et les
intérêts des deux parties divergent. En effet, l’entrepreneur cherche à maximiser son profit,
tout en minimisant son apport personnel (intérêts bas et faible collatéral). A l’opposé, la
banque veut minimiser ses pertes, et cherche à obtenir l’emprunt avec le plus d’intérêts
possible. Mais comme la banque joue le rôle de l’offreur, elle délivre ses prêts en fonction de
ses intérêts propres. Dès lors on assiste à une situation de sélection adverse : la banque
36
accorde des prêts à faible taux d’intérêt pour des projets peu risqués, donc à faible
rendement, et rationne le crédit lorsque le risque augmente . Les projets plus risqués
mettent en jeu des sommes plus importantes, donc ont potentiellement un meilleur rendement.
Si l’entreprise rembourse un crédit à risque, la banque en profite davantage, car elle engrange
des intérêts plus élevés en plus du remboursement du prêt. Mais si l’entreprise n’honore pas
ses dettes, la banque enregistre une perte.
La banque devient adverse au risque à partie d’un certain seuil du taux d’intérêt. Elle
préfère donc miser sur des projets moins lucratifs, mais plus sûrs, que sur des projets à risque.
Une attitude tout à fait rationnelle dans le cas présent. On peut donc conclure que le taux
d’intérêt est un instrument de sélection sur le marché du crédit.
Le taux d’intérêt, mécanisme incitatif
Il existe non seulement une sélection adverse entre la banque et l’entreprise, mais
également un aléa moral. En effet, lorsque la banque accorde un prêt à une entreprise,
supposons pour un projet sans risque, à taux d’intérêt faible. L’entreprise peut très bien
changer d’attitude, et utiliser le crédit pour un projet plus risqué, tout en ayant des
chances de maximiser son profit grâce aux faibles intérêts qu’elle devra à la banque. Face à
cela, la banque doit se focaliser sur l’effet du taux d’intérêt sur le comportement de
l’entreprise.
On a vu que le rendement d’un projet est ralenti, voire même décroissant en fonction de
la hausse du taux d’intérêt. Une entreprise cherche toujours à maximiser son profit. Or si les
taux d’intérêts augmentent, elle préférera investir dans un projet plus risqué, mais au
rendement potentiel plus attractif. Ainsi, la banque s’attend à connaître un rendement anticipé
plus faible, car le projet ayant davantage de chances de faire faillite, la banque a plus de
chances d’enregistrer une perte. En supposant qu’une entreprise soit neutre au risque, on en
déduit que c’est le taux d’intérêt qui influence son comportement. La banque devrait donc
maintenir des taux d’intérêts bas, afin que les entreprises ne soient pas tentées de se
lancer dans des projets risqués. La banque assure ainsi un rendement anticipé plus
important.
La théorie du collatéral et de la responsabilité limitée
37
Le collatéral est une variable qui fait figure de garantie, en plus des intérêts. Plus la
garantie est élevée, plus la banque cherche à responsabiliser l’entreprise face à la faillite .
En vérifiant cette condition, le crédit ne devrait plus être rationné, puisque la banque a une
garantie qui fait que l’entrepreneur investissant dans un projet risqué devient l’unique perdant
en cas de faillite, car la banque minimise sa perte grâce au collatéral.
Mais l’effet réel est bien différent. Le collatéral a même une action discriminante .
En effet, il devient un instrument de sélection, dans la mesure où ce sont les entreprises les
plus riches qui prennent le plus de risques. Si le collatéral devient trop élevé, les entreprises
ayant le moins de ressources renoncent à contracter un prêt, même si leur projet est plus
sûr. On a à nouveau une situation de sélection adverse, mais dans l’autre sens. La banque
ne retient désormais que les projets des entreprises les plus riches en cas de degré élevé du
risque du projet. L’effet est insidieux, dans la mesure où la banque se met à sélectionner les
mauvais risques. On rappelle qu’elle ne peut qu’estimer le risque d’un projet, donc elle se
sert de la richesse de l’entreprise comme garantie. Seulement, les PME qui souhaitent se
développer font face à de grandes difficultés pour entreprendre des projets certes risqués, mais
qui peuvent leur permettre de se s’étendre, et qui sont même souvent plus sûrs que les projets
des grandes entreprises.
Stiglitz et Weiss (1981) ont montré, sous l’hypothèse de la non observabilité des
emprunteurs, que, dans la mesure où le risque n’est pas indépendant du niveau des taux
d’intérêt et que prêteurs et emprunteurs ne présentent pas les mêmes fonctions de profit,
l’équilibre du marché du crédit peut être obtenu avec rationnement. Une hausse des taux
d’intérêt ou des garanties requises peut en effet provoquer l’apparition des phénomènes
d’antisélection et d’aléa moral qui finalement limitent l’espérance de profit des banques. Ces
dernières préfèrent alors limiter le volume des crédits octroyés plutôt que d’augmenter les
taux ou les garanties requises.
Stiglitz et Weiss (1981), après avoir démontré l’existence possible d’un rationnement
quand tous les emprunteurs sont identiques, supposent l’existence de n groupes
d’emprunteurs observables par le prêteur. Sur chaque segment de clientèle i, la banque
détermine un taux d’intérêt optimal ri* qui permet la maximisation de son profit une fois pris
en compte l’anti sélection et l’aléa moral. La fonction de profit de la banque pour la catégorie
d’entreprises i, fi, est représentée en fonction du taux d’intérêt ri sur la figure ci-dessus. Trois
38
catégories de firmes sont considérées. Elles sont ordonnées en fonction de l’espérance de
profit anticipée par le prêteur pour chacune d’elles : si i > j alors max fi (ri) > max fi (ri).
Stiglitz et Weiss (1981) démontrent alors que, si i>j, les emprunteurs de la catégorie j ne
reçoivent des crédits que si les emprunteurs de la catégorie i ont été totalement servis. Si le
taux de refinancement des banques est égal à f **, les emprunteurs de type 3 reçoivent tous
les crédits qu’ils demandent au taux d’intérêt r3* (f3 (r3*)>f **). Les emprunteurs de la
catégorie 2 peuvent s’endetter au taux r2 * mais seront servis après les clients de la catégorie
3 (f3 (r3 *)> f2 (r2*)>f **). Enfin, aucun individu du groupe 1 ne reçoit de crédit, quel que
soit le taux d’intérêt que ces entreprises acceptent de payer (f1(r)<f **). Ces entreprises sont
exclues du marché du crédit : elles sont dites redlined.
Selon cette théorie, les PME sont particulièrement sujettes au rationnement. En effet, les
entreprises exclues sont tout d’abord celles pour qui la rentabilité espérée du prêteur est la
plus faible. Les entreprises exclues sont donc celles qui sont les plus risquées (Psillaky, 1995).
Or, il apparaît que les prêteurs sont exposés à un plus grand risque de contrepartie sur le
segment de clientèle PME (Laboureux et Laurin, 1994).
L’importance du risque PME observé ex post, et anticipé ex ante dans la politique de
provisionnement des banques, peut expliquer leur réticence à financer cette clientèle d’autant
39
plus que les marges réalisées, dans un environnement bancaire fortement concurrentiel, ne
suffisent pas à couvrir le risque PME (Larrera de Morel, 1994).
La difficulté des banques à identifier les risques parmi les entreprises de la catégorie 1
accentue leur exclusion du marché du crédit. Cette ignorance peut en effet conduire le prêteur
à surestimer les probabilités de défaillance, ce qui a pour conséquence de réduire leur
espérance de profit sur cette clientèle. Selon cet argument, les entreprises prioritairement
exclues seraient celles pour lesquelles l’information est la plus opaque. À nouveau, cet
argument conduit à la surexposition des PME au rationnement. Le système d’information des
petites entreprises souffre en effet de nombreuses déficiences (Ang, 1991 ; Binks, Ennew et
Reed, 1995). Il existe tout d’abord une réticence de leur dirigeant à transmettre des données
comptables et financières. Ensuite, compte tenu de la faible envergure du marché des titres
pour les petites entreprises, il n’existe aucune incitation pour une agence privée à collecter et
à diffuser de l’information sur cette catégorie de firmes. Enfin, les petites entreprises ont peu
d’instruments à leur disposition pour signaler leur situation à des investisseurs potentiels. Par
ailleurs, lorsque l’information existe, sa crédibilité auprès d’agents outsiders est sujette à
caution. La qualité de l’information dépend en effet de la qualité de l’équipe managériale qui
la produit. Or, cette dernière est en général incomplète dans les petites entreprises qui
souffrent tout particulièrement d’un manque de compétences en gestion et stratégie financière
(C.N.C., 1991).
En conclusion, J.Stiglitz et A.Weiss ont élaboré un modèle qui prouve que le
rationnement du crédit est une réalité propre au marché. Ils ne raisonnent pas en terme
d’économie pure, contrairement aux néoclassiques, et ils obtiennent leurs résultats en
introduisant dans leur modèle la notion d’asymétrie d’information. Ils ont prouvé que les
banques, en manque d’informations sur les projets des entreprises, agissent dans leur intérêt
propre : elles privilégient les projets à faible risque pour minimiser leurs pertes. Ce modèle
montre que le marché fonctionne en fonction de facteurs qui ne sont bien souvent pas pris en
compte dans un modèle d’équilibre général.
b. Rationnement du crédit en information imparfaite.
Le rationnement de crédit en information imparfaite le modèle de Stiglitz et Weiss le
risque est analysé comme une conséquence de l’information imparfaite des agents.
40
1°) - Le crédit comme situation d’information imparfaite
« Si les crédits font leurs travail » écrivent Stiglitz et Weiss « le rationnement
n’existerai pas ». Le prix est en matière de crédit le taux d’intérêt rémunérant les prêteurs
c'est-à-dire la banque. Le comportement des emprunteurs, les entreprises, lie, selon les
auteurs, acceptation du taux d’intérêt sur les crédits et évaluation de leur propre risque. Si les
emprunteurs anticipent un risque faible de défaut de remboursement de son emprunt, il
n’accepte pas un taux d’intérêt élevé.
Stiglitz et Weiss vont plus loin : un taux d’intérêt élevé accroît l’attractivité des projets
risqués pour les entreprises. Du point de vue de la banque, le taux de remboursement anticipé
est plus bas. Un niveau élevé des taux d’intérêt conduit donc les emprunteurs à des chois
contraires aux intérêts des préteurs.
Le taux de rendement du prêt anticipé par la banque peut donc croître moins vite que le
taux d’intérêt et peut même décroître alors que ce dernier s’accroît .il existe un taux d’intérêt
qui maximise le rendement de la banque soit R*.
Il est concevable qu’au taux R* la demande de crédit excède l’offre de crédit. Le
mécanisme d’ajustement attendu de l’offre et de la demande implique alors que le prix : le
taux d’intérêt s’élève sous la poussée de la demande –offre et demande s’équilibrent alors à
des quantités moindres pour un prix plus élevé. Ce taux d’intérêt qui ajusterait offre et
demande n’est pas le taux d’intérêt optimum pour la banque. Compte tenu de son appréciation
sur les emprunteurs risqués qui lie le niveau du taux d’intérêt et risque de projet, la banque ne
prête pas à un demandeur qui accepte payer plus que le taux R*. A ce taux pourraient s’ajuster
41
les conditions hors prix notamment les garanties sur les ressources de l’entreprise. Mais en
accroissant les conditions hors prix de ses prêts la banque diminuera l’aversion pour le risque
de ces emprunteurs et donc son propre taux e rendement.
Les emprunteurs n’obtiennent donc pas de prêts même s’ils acceptent de payer un taux
d’intérêt plus élevé : il y a rationnement de crédit.
La banque souhaite que l’emprunteur respecte sa promesse de remboursement alors
que celui-ci cherche à maximiser le rendement de son projet.
Soit B le montant emprunté, et le taux d’intérêt. Emprunteur ne rembourse pas la
banque si R, le revenu dégagé par le projet plus C (les collatéraux), sont insuffisants,
c’est-à-dire :
Le profit de l’emprunteur est :
En cas d’échec sa perte se limite aux collatéraux, en cas de réussite, son profit n’est pas
limité.
Sur le graphique suivant, le profit de l’entreprise est r fonctions de R. la droite n°1 représente
le profit de l’entreprise lorsqu’elle autofinance son investissement. La droite n°2 profit de
l’entreprise lorsqu’elle emprunte à la banque. Le point d’intersection entre la droite n°2 et
l’abscisse, le profit est nul car le revenu dégagé par le projet est égal aux remboursements.
42
Pour un taux d’intérêt donné, le profit de l’entreprise augmente avec le risque, il existe donc
une valeur critique de O (plus Ö est grand plus le risque est grand) telle que l’entreprise
emprunte à la banque si et seulement si O > Ö. La valeur Ö pour la quelle l’entreprise ne
dégage pas de profit.
Lorsque le taux d’intérêt s’accroit la valeur critique de O en dessous de la quelle les
emprunteurs ne demandent pas de crédit augmente.
Le profit de la banque est
Il est égal à la promesse de remboursement de l’emprunteur. La perte est limitée par le
montant prêté (moins les collatéraux). Contrairement à l’emprunteur pour la banque le
rendement espéré est une fonction décroissante du risque.
2°) L’équilibre de rationnement
Par rapport à l’analyse traditionnelle de détermination de l’équilibre sur le marché du
crédit le modèle de Stiglitz et Weiss ajoute une composante à la détermination de l’équilibre :
le taux de rendement anticipé des crédits R*
La demande du crédit est une fonction décroissante du taux d’intérêt payé par les
emprunteurs. soit Ld cette fonction.
L’offre de crédit Ls est une fonction de R* .taux de rendement anticipé des crédits.
le modèle de Stiglitz et Weiss pose l’hypothèse que ce taux est une fonction décroissante du
risque du crédit .l’offre de crédit ne dépend pas donc de la même variable que la demande.
Ces conditions expliquent que le taux d’intérêt Rm auquel offre et demande
s’égalisent :
- ne soit pas optimal pour l’un des agents : les banques
- ne soit pas une position d’équilibre stable.
a ce taux les banques ne maximisent pas leur profit .les clients qui acceptent de payer ce
taux sont des clients à gros risque. A cet effet direct sur le risque des banques s’ajoute un effet
indirect ; des clients sont évincés du marché parce que le risque qu’ils anticipent quant à leur
opération ne justifie pas de payer ce taux.
43
Si chaque emprunteur, ou chaque catégorie d’emprunteur, a une distribution de
rendement anticipé de son projet β, stiglitz et Weiss proposent de considérer que les
emprunteurs peuvent être répartis en deux groupes :
- un groupe adverse au risque qui emprunte jusqu’à un taux d’intérêt R1
- un groupe risqué qui emprunte jusqu'à un taux d’intérêt R2
R1<R2
soit ρ(R*) la fonction qui exprime la relation entre la charge d’intérêt des emprunteurs
et le taux de rendement anticipé de la banque par dollar emprunté. La fonction ρ(R*) n’est pas
une fonction monotone parce que certains emprunteurs sortiront du marché à un niveau de
taux d’intérêt > R1
au taux d’intérêt optimum R* la demande de crédit excède l’offre d’un montant Z
mais toute banque qui accroîtrait son taux d’intérêt au déla de R* verrait diminuer son
rendement par dollar prêté.
Tant que l’excès de la demande représenté par Z, n’est pas satisfait le taux d’intérêt
pratiqué est R*
Au niveau d’équilibre réalisé est donc un équilibre de rationnement établi en fonction es
anticipations des banques sur les risques encourus par leurs clients et de la relation opérée par
les emprunteurs entre le risque de leur projet et le taux d’intérêt qu’ils acceptent de payer.
c. Asymétries d’information ex post et rationnement du crédit
Le modèle de Williamson
Selon Williamson (1986), dans la mesure où le dirigeant a intérêt à cacher les résultats
de l’entreprise afin de minimiser ses remboursements, le prêteur peut être amené à contrôler
l’entreprise financée. Le monitoring intervient une fois le défaut de paiement révélé de
manière à s’assurer de la conformité des résultats déclarés et à récupérer, le cas échéant, le
montant requis. Une augmentation des revenus anticipés liée à la hausse des taux d’intérêt
peut alors être plus que compensée par les coûts anticipés du contrôle. Dans ces conditions,
face à un risque potentiel, la banque peut préférer limiter son offre de crédit plutôt que
d’augmenter le niveau des taux d’intérêt.
44
Le modèle de Williamson confirme donc les résultats de Stiglitz et Weiss en considérant
l’existence d’asymétries d’information ex post. Il ne permet pas cependant de spécifier la
nature des entreprises affectées par le rationnement.
Le modèle de Yan
Yan (1996) montre cependant que, en relâchant l’hypothèse du contrôle non aléatoire de
la firme, on peut se prononcer sur la situation des PME.
Dans ce modèle, le prêteur ne contrôle l’emprunteur que si la différence entre le
paiement requis et celui obtenu est supérieure au coût du contrôle. Dans le cas contraire, le
prêteur accepte une remise de dette. L’occurrence d’un contrôle n’apparaît crédible que si les
coûts de litige encourus par la banque sont faibles. Si ces coûts sont élevés, le prêteur
n’accorde pas de crédit. La faible occurrence d’un contrôle incite en effet les entreprises à
faire de fausses déclarations, ce qui affecte le profit de la banque même si l’emprunteur
accepte de payer un taux d’intérêt élevé.
Compte tenu de la faiblesse de leur système d’information et de leur gestion centralisée
sur le dirigeant-propriétaire, les coûts de contrôle sont, en cas de litige, particulièrement
élevés sur la population PME ce qui surexpose en théorie ces entreprises au rationnement sur
le marché du crédit.
Les modèles
explicatifs
Origine du risque
Causes des asymétries
d’information
Type de
rationnement Etats de la
nature
Comportement des
agents : aléa moral
ex ante et ex post
Néo-classiques
Chaque état de la nature a une
probabilité
d’occurrence connue par tous
les agents
Non pris en compte :
les actions des 2 parties sont
spécifiées dans le contrat. Son respect
est assuré par la
justice
Pas d’asymétrie
d’information car les agents sont omniscients
Pas de rationnement car l’offre et la
demande s’ajuste par les prix
Hodgman (1960)
Chaque agent attache une
probabilité d’occurrence
aux différents états de la
nature
Non pris en compte
Liées à la différence du
jugement des banquiers et de l’emprunteur sur la
probabilité de défaut de ce dernier
Rationnement du type 1 et Type 3. Le
banquier : est plus pessimiste et refuse de s’engager au taux
d’intérêt en vigueur si le montant demandé
et trop élevé
Jaffee et Modigliani
(1969)
Pas de discussion sur
l’origine du
risque. Le banquier
Non pris en compte
Pas d’asymétrie d’information : la
probabilité de défaut est
connue par le prêteur et l’emprunteur
Rationnement du type 3 lié à des contraintes exogènes : la banque
ne peut appliquer le taux d’intérêt
45
connait la
probabilité de défaut de
chaque projet.
correspondant au
risque des emprunteurs
Hodgman (1961)
Non pris en compte
Non pris en compte Non pris en compte
Rationnement du type
3 concernant les emprunteurs non
déposants en raison des contraintes
exogènes (la banque
ne peut pas rémunérer les dépôts
à vue des clients
Fried et Howit (1980)
Ni l’emprunteur, ni le banquier
ne connaissent la probabilité
de réalisation de l’état
défavorable de
la nature. Celui-ci
concerne aussi bien
l’emprunteur
(échec du projet) que le
banquier (augmentation des coûts des
ressources)
Non pris en compte : car les agents ne
sont pas
opportunistes
Les asymétries d’information sont
causées par des variables aléatoires.
Chaque partie s’engage à ne pas répercuter sur l’autre les chocs subis
Rationnement du type 4 qui concerne les
nouveaux
demandeurs du crédit
Jaffee et Russel (1976)
Ne concerne que les clients
malchanceux. La probabilité de réalisation
de l’état défavorable de
la nature est inconnue par les clients mal
chanceux et par le banquier.
Aléa moral ex ante :
non pris en compte
Aléa moral ex post : Connue par les
clients mal honnêtes
mais inconnue par le banquier
Les clients mal honnêtes
se comportent comme s’ils étaient honnêtes
vis-à-vis de la banque
Rationnement de type
1 et 2 : au-delà d’un certain montant de
crédit , la banque rationne les clients
car la probabilité de
défaillance des clients malhonnêtes devient
trop importantes
Stiglitz et
Weiss (1981)
La probabilité
de réalisation de l’état
défavorable de la nature est
connue
Aléa moral ex ante :
Connu uniquement par les emprunteurs
Aléa moral ex post : Non pris en compte
Les emprunteurs sont
omniscients, mais, en raison de leur
opportunisme, ils ne diffusent pas
l’information au prêteur.
Rationnement « pur »
type 2 : les emprunteurs écartés
ont les mêmes caractéristiques que ceux qui obtiennent
46
uniquement par
les emprunteurs
Ils connaissent la
probabilité associée à chaque état de la nature et savent à quel projet
ils attribueront le crédit
le crédit.
- Red lining : rationnement
de type 4 qui concerne les emprunteurs
trop risqués ou ceux pour
lesquels les banquiers
n’ont pas pu
identifier le risque
Wiliamsson
(1987)
La probabilité
de réalisation de l’état
défavorable est
connue par les emprunteurs et
par le banquier
Aléa moral ex ante :
Non pris en compte Aléa moral ex post :
Connue par les
emprunteurs mais pas par les banquiers
Les emprunteurs sont mal honnêtes et ne remboursent pas la
banque même si leurs revenus sont suffisants.
Rationnement de type
2 lié aux coûts de surveillance des
comportements des
emprunteurs qui augmentent avec le
taux d’intérêt
Source : Joseph (1998)
Section 4. Mécanismes du rationnement de crédit
Dans un premier temps nous étudierons le processus de négociation entre une banque et
une entreprise, portant sur l'octroi d'un crédit et sur le taux auquel il est éventuellement
accordé. Chaque banque est supposée avoir un comportement « actif » et n'accorder de crédits
qu'aux entreprises susceptibles de les rembourser, à un taux qu'elle fixe unilatéralement, tout
en sachant qu'il existe des limites à ce taux d'intérêt, qu'elle ne peut dépasser sous peine de
voir l'entreprise cliente renoncer à sa demande de crédit. Par ailleurs la banque n'accorde des
crédits que si ceux-ci lui rapportent plus qu'un placement alternatif (sur le marché monétaire
ou sur le marché financier) et surtout si le coût des fonds nécessaires à la banque pour
financer ce prêt est inférieur au rendement qu'elle espère en obtenir.
5. La négociation du taux d'intérêt
Chaque entreprise soumet son projet à une banque. On supposera que chaque banque
étudie tous les projets qui lui sont soumis. Le nombre de projets soumis à une banque donnée
dépend du taux de base bancaire affiché par cette banque, ces taux étant observables sans coût
par les entreprises. On suppose que le nombre d'entreprises déposant un dossier varie en sens
inverse du taux de base bancaire.
47
Après étude, la banque connaît les caractéristiques des projets de tous ses clients
potentiels (ayant déposé un dossier à la banque considérée. La banque est donc en mesure de
discriminer entre ses différents clients ; quoi de plus naturel alors que de supposer qu'elle
propose un taux d'intérêt Rj différent pour chaque entreprise ?
En fixant ces taux la banque doit prendre en considération quatre éléments :
(i) les caractéristiques du projet, telles qu'elle les anticipe, que l'on peut résumer
par la loi de probabilité (4) que suit le rendement aléatoire θi soit fi (θi) ;
(ii) la probabilité de défaut de l'entreprise. On suppose ici qu'une entreprise est
mise en faillite lorsqu'elle ne peut rembourser l'intégralité du capital et des intérêts de
l'emprunt contracté. Si l'entreprise i fait faillite, la banque recouvrera quand même une
certaine fraction de sa créance : le rendement effectivement réalisé (6i), moins un coût fixe de
faillite, Zj/li ;
(iii) La possibilité que l'entreprise peut avoir de se financer ailleurs, par émission
d'actions par exemple. Soit Bi le taux auquel l'entreprise i peut emprunter ailleurs qu'à sa
banque. Si le taux proposé par la banque est supérieur à ce taux, l'entreprise ne demandera
finalement pas de crédit à sa banque ;
(iv) le fait que si le rendement net moyen du projet est inférieur au taux proposé,
l'entreprise ne demandera pas non plus de crédit, et retirera son dossier.
Compte tenu de ces quatre contraintes, la banque propose un taux R,*, optimal pour
elle, à l'entreprise (le programme définissant FV est en annexe 1). Si le taux proposé par la
banque est supérieur au taux auquel l'entreprise peut se financer ailleurs, taux que l'on
supposera connu de la banque, celle-ci sait que l'entreprise i ne lui demandera finalement pas
ce crédit. On peut alors penser que, au lieu de proposer Ri*, la banque proposera le taux R| à
sa cliente (elle proposera en fait un taux légèrement /inférieur). A ce taux, cependant, il est
tout à fait possible que le revenu espéré de la banque soit très faible, voire négatif. On peut
alors s'interroger sur l'intérêt qu'aurait la banque à proposer ce taux.
En fait le plus probable est que l'opération ne sera pas effectuée (ceci est même certain
si le revenu espéré est négatif), mais cela à cause du coût des ressources bancaires : en effet,
en ne faisant payer que Bi à l'entreprise, le revenu attendu de l'opération est plus faible que si
celle-ci avait été réalisée au taux Rj* (par définition de ce taux). Il y a donc plus de chances
que le crédit ne soit pas accordé, puisque l'opération ne se fera que si le revenu espéré pour ce
48
taux, que l'on notera y(Bi), est supérieur au coût que supporte la banque pour financer ce
projet. Un raisonnement similaire s'applique si R,* est supérieur à m, - 1 : il suffit de
reprendre la discussion qui vient d'être menée en remplaçant Bi par m, - 1. Là encore
l'opération ne s'effectuera que si le revenu espéré au taux m, - 1, y(mi - 1), est supérieur au
coût marginal du financement pour la banque.
A l'issue du processus présenté ci-dessus, la banque j connaît l'ensemble Aj des
entreprises qui se portent demandeuses de crédits au taux proposé, que ce soit Rj*, Bi, ou rri-
1. Il est clair qu'avec les différentes hypothèses faites quant aux taux proposés par la banque,
toutes les entreprises ayant déposé un dossier maintiennent leur demande.
6. La détermination des crédits accordés
Etudions maintenant comment les banques vont financer les crédits accordés, et les
possibilités de rationnement du crédit.
La banque j classe les projets de l'ensemble Aj par rentabilité décroissante de 1 à nAj. Par
rentabilité, il faut entendre le taux de rendement espéré d'un projet, égal à y(Rj)/lj où R, est
égal à R,*, Rj, ou nrii - 1 selon les cas (en d'autres termes, Rj est le taux finalement proposé
par la banque). La banque servira tous les projets jusqu'au moment où le revenu tiré du projet
suivant est inférieur au coût de son financement.
Deux cas sont envisageables. Le premier est celui où la banque sert tous les projets qui lui
sont adressés. Ceci a lieu si le rendement du projet nAj est supérieur au taux du marché
monétaire et si les réserves excédentaires de la banque, quand elle accorde tous les crédits,
restent positives ; ou si le rendement du projet nAj est supérieur au taux du marché plus le
taux de pénalité d(REj), lorsque la banque est obligée de s'endetter. Le deuxième cas est
évidemment la situation inverse, où tous les crédits ne sont pas accordés. Ceci se produit dans
trois situations : si les réserves sont négatives et qu'il existe des projets ayant un rendement
inférieur à r+b(REj) ; ou si les réserves sont positives mais s'il existe des projets ayant un
rendement inférieur à r que la banque ne financera donc pas ; ou encore si le projet qui fait
basculer les réserves du positif vers le négatif n'a pas un rendement suffisant pour
contrebalancer l'augmentation du coût marginal de la banque que représente le taux b(.)
Les conclusions provisoires à tirer de ce modèle de distribution des crédits sont les suivantes :
49
• II se peut que des projets rentables pour les entreprises ne soient pas financés. Dans ce cas, il
existe un rationnement quantitatif du crédit (ne s'exerçant pas par les taux d'intérêt débiteurs),
puisque si le projet к appartient à A et n'appartient pas à B, le projet ne sera pas réalisé sans
que pour autant le taux Rk* en soit affecté.
• Une entreprise rationnée peut toujours proposer de payer un taux d'intérêt plus élevé, elle ne
se verra quand même pas attribuer de crédit, lorsque « l'offre de crédit » est donnée, alors que,
si cette « offre » était plus grande, elle en obtiendrait peut-être un. (Forme (b) du rationnement
à la Stiglitz-Weiss [1981] p. 395).
• A la marge il est possible qu'un projet soit financé par une banque, alors qu'un autre, en tout
point semblable, ne l'est pas (par la même banque), du fait du coût croissant de l'endettement
bancaire.
• Une entreprise peut obtenir d'une banque un crédit pour un projet, alors qu'une autre
entreprise ayant déposé exactement le même dossier auprès d'une autre banque, se verra
refuser ce crédit. (Forme (a) du rationnement à la Stiglitz-Weiss [1981]). En effet, selon le
nombre et la qualité des projets déposés auprès d'une banque, et selon la structure du bilan de
la banque (plutôt collectrice de dépôts et peu endettée, ou plutôt distributrice de crédits et
donc plus endettée), un projet peut être, ou ne pas être servi.
• La notion de fonction d'offre de crédit n'a plus de sens dans ce modèle. « L'offre de crédit »
dépend en effet de manière essentielle de la demande de crédit. La banque n'offre du crédit
qu'aux entreprises qui le demandent. Il n'est donc pas possible de construire une fonction
d'offre de crédit indépendante de la fonction de demande.
Contrairement au cas étudié par Stiglitz et Weiss, le fondement de ce rationnement n'est pas à
chercher dans la structure de l'information dont disposent les agents. Il repose plutôt sur la
structure institutionnelle du modèle. La relation banque-entreprise n'est pas une relation
anonyme du type acheteur-vendeur sur un large marché. De plus ce n'est pas une relation «
définitive », mais plutôt conditionnelle. En effet le résultat de la négociation est lié à une
variable non contrôlée par les parties : le taux du marché monétaire. Ces aspects sont à
rapprocher de l'analyse de Okun [1981], où est discutée assez en détail la notion de .« marché
de clientèle » (customer market). Son application au « marché du crédit » n'a pas pour but de
50
mettre en évidence un quelconque rationnement du crédit, mais est cependant pertinente dans
le cadre de ce modèle (5).
Section 5. Impact du rationnement de crédit
Le crédit bancaire est l’unité de base de création la masse monétaire. Si les institutions
auprès desquelles il est possible d’en avoir accès deviennent restrictives et se donnent aux
opérations qui limitent leur émission de crédit, ou alors se mettent dans une situation dans
laquelle le risque de prêt est plus grave, cela aura bien des effets au sein de l’économie
(l’environnement de la banque).
1. Impact du rationnement de crédit sur les ménages
L’investissement crée l’épargne
En ce qui concerne les ménages, dans une économie d’endettement, étant donné que le
crédit joue un rôle indispensable, dans ce sens qu’il permet l’investissement, la portée d’une
répression des émissions de crédit peut avoir un effet sur l’épargne car en effet, ce sont les
gains qui y sont générés qui constituent l’épargne des ménages et des entreprises qui à son
tour forme les ressources des banques ; ce qui revient à dire que l’épargne aussi crée
l’investissement. Par ailleurs, l’augmentation du taux d’intérêt d’une part décourage
l’investissement et réduit la croissance.
Des dépôts non rémunérés
Il d’agit du fait que les ménages ne profitent pas des crédits liés à leur dépôts. Cela est
dû à la sélection adverse (asymétrie de l’information). Lorsqu’il y a rationnement de crédit, si
les prêteurs exercent un pouvoir de monopole, l’offre de l’épargne est réduite.
2. Impact du rationnement de crédit sur l’économie
a. Le rationnement de crédit conduit l’économie au ralentissement
Cette idée revient à dire ce que nous mentionner plus haut. Sur une vue générale, la
sélection adverse et le taux d’intérêt élevé a permis de satisfaire et d’accroître le nombre
d’emprunteurs douteux dont les projets sont relativement peu rentables, sont ignorés de la
banque ou n’existe même pas. D’autre part, l’analyse de Stiglitz et Weiss apparaît claire dans
51
les pays en voie de développement où les banques se caractérisent par une surliquidité et les
entreprises, en particulier les PME souffrent des problèmes de financement, et par conséquent
entraîne un ralentissement de l’activité économique.
b. Le rationnement de crédit, un risque pour la banque elle même
Le rationnement du crédit était pour la banque une stratégie pour se protéger contre les
risques et les aléas liés aux opérations de prêt. Lorsque une banque limite ses crédits, elle
limite en même temps ses possibilités de gains, d’autre part lorsqu’elle accorde un crédit à un
client moins sûr qui accepte de payer un taux élevé parce qu’elle a anticipé un bénéfice élevé,
elle peut se retrouver, en cas d’asymétrie d’information post-ante, dans une situation
déplorable pouvant même aller jusqu’au risque d’illiquidité voir même le risque de faillite.
Selon la théorie de la libéralisation financière, dans un système financier sur-
réglementé, les banques ressentent moins le besoin de chercher de nouveaux clients et
d’attirer les dépôts, tandis que les épargnants et les emprunteurs potentiels, n’étant pas
sollicités, sont amener à se tourner vers des circuits financiers parallèles.
L’imperfection de l’information et des comportements des agents associés à la relation
prêteurs / emprunteurs deviennent des déterminants essentiels du phénomène de rationnement
de crédit. Malgré les solutions proposées, il n’existe pas de solution optimale au premier rang,
sauf à faire disparaître le problème (asymétrie de l’information), ce qui relève un peu de
l’utopie. Cependant, étant crée comme une stratégie de protection contre les risques et une
mesure de répression liés à l’émission des prêts, l’on se rend compte bien qu’étant nécessaire,
le rationnement de crédit a plutôt déstabilisé l’économie en générale et l’activité de la banque
elle-même. Aussi peut-on affirmer que la théorie de libéralisation financière est une réponse
face aux multiples problèmes de répression, de contrôle et de rationnement de crédit ?
Section 6. Mesure du rationnement de crédit
Le rationnement du crédit est une situation dans laquelle des entreprises ayant des
projets d’investissement rentables ne trouvent pas de financement. Les banques limitent
l’accès au crédit en raison des problèmes d’asymétries d’informations que nous avons
évoqués en introduction. Ainsi, lorsque la demande de crédit est supérieure à l’offre de crédit
et que les banques ne veulent pas augmenter les taux d’intérêt pour obtenir l’équilibre du
marché, nous sommes conduits à une situation de rationnement du crédit.
52
Empiriquement, mesurer le rationnement est complexe puisque l’offre et la demande de
crédit ne sont pas des données directement observables. C’est pour cela que l’on rencontre
diverses mesures de rationnement dans la littérature. Nous en présentons ici quelques unes.
1. Le rationnement du crédit par les taux
Berger & Udell (1992,1995, 2002) appliquent une approche basée sur l’étude des prêts
commerciaux, des taux et de leur rigidité. Cette mesure considère plutôt un aspect de
rationnement par les prix plus que par les quantités. Les mesures de rationnement suivantes
considèrent uniquement un rationnement par les quantités, ce qui est plus adapté. On a vu que
les banques fixent bien souvent le taux d’intérêt leur permettant un profit optimal. Le taux
d’intérêt n’est ainsi plus une variable permettant d’ajuster l’offre et la demande. Plutôt que
d’augmenter le coût du crédit, les banques ne répondent pas à la demande d’où un
rationnement quantitatif du crédit.
2. L’application de la théorie du financement hiérarchique
Une mesure classique qui a été largement utilisée est celle développée par Petersen &
Rajan (1994).
Elle se fonde sur la théorie du financement hiérarchique de Myers & Majluf (1984). Les
PME peuvent utiliser trois sources de financement lorsqu’elles ont un projet à financer. Elles
commencent par exploiter la source la moins couteuse, puis lorsqu’elle n’est plus disponible,
passent à celle un peu plus coûteuse à condition que le coût marginal reste inférieur au taux
interne de rendement de l’investissement marginal. Les trois sources que les auteurs
considèrent sont les suivantes, de la moins couteuse à la plus couteuse : l’auto financement ou
financement interne, la dette bancaire, les crédits commerciaux. Ces derniers constituent une
source de financement à court terme utilisée pour financer le cycle d’exploitation de
l’entreprise. Ils ont pour contrepartie les délais de paiement accordés aux clients. Petersen &
Rajan (1994) démontrent que cette source de financement a un coût extrêmement élevé. On
l’utilise lorsque la banque ne nous accorde plus de crédit supplémentaire. Ainsi, le recours
plus ou moins important aux crédits commerciaux et le fait d’avoir des retards de paiement
indique si l’entreprise est rationnée au niveau du crédit bancaire.
De nombreuses études ont démontré le respect de cette théorie, et ce également pour le
cas plus particulier des PME. Toutefois, sans remettre en cause la théorie du financement
53
hiérarchique, les enseignements apportés par la crise conduisent à prendre en compte le coût
de la liquidité. En effet, les ressources internes de financement, lors de la crise, ont acquis un
prix très élevé. Les entreprises disposant de liquidités peuvent continuer à se développer
tandis que les autres entreprises ont perdu leur flexibilité et ont des difficultés à faire face à
leurs engagements.
Cette méthode est déjà largement répandue et nécessite des données particulières donc
on ne la retiendra pas en tant que telle. En revanche, cette étude ainsi que de nombreuses
autres par la suite
(Biais & Gollier (1997), Petersen & Rajan (1997)) ont réellement mis à jour le recours
massif aux crédits commerciaux en tant que source de financement pour les PME, d’autant
plus que ces dernières sont rationnées. Il sera donc intéressant d’observer et d’utiliser cette
donnée dans notre étude.
3. Un modèle à variable qualitatives
Cole (1998) souhaite tester si les relations préexistantes entre une banque et un
emprunteur potentiel génèrent des informations privées facilitant l’octroi de crédit c'est-à-dire
permettant de ne pas être rationné. Il applique pour cela un modèle économétrique de
variables qualitatives pour étudier l’évènement binaire crédit accordé vs crédit refusé. Plus
précisément, il utilise un modèle Probit décrivant la probabilité d’un évènement en fonction
des valeurs prises par différentes variables explicatives. Il conclut que les relations banque-
emprunteur génèrent de l’information privée qui facilite l’obtention de crédit.
4. Les expériences naturelles
Plus récemment, Duflo & Banerjee (2004) ont utilisé une méthode dite des expériences
naturelles pour mesurer le rationnement du crédit des PME en Inde. Bach (2005) applique ce
modèle aux entreprises françaises. Le principe est de trouver une influence brutale sur la
facilité d’accès au crédit des entreprises. En France, l’Etat a mis en place différents outils pour
aider les PME à obtenir du financement. Il utilise donc des évolutions de politiques publiques,
le CODEVI et la SOFARIS, comme autant d’expériences naturelles. Il conclue que ces
réformes ont permis aux PME françaises de s’endetter davantage pour entreprendre des
projets rentables donc que ces entreprises étaient rationnées au milieu des années 1990. Cette
méthode d’analyse des contraintes de crédit est très intéressante. Elle nécessite toutefois que
54
les évolutions ayant lieu soient suffisamment importantes pour être considérées comme des
expériences naturelles. Il n’est donc pas évident d’appliquer cette méthode.
5. Le modèle du déséquilibre
Cette dernière mesure de rationnement, qui repose sur un modèle économétrique
général, est celle que l’on a choisi de retenir. Il s’agit du modèle de déséquilibre de Maddala
& Nelson (1974) permettant de mesurer l’offre et la demande de marchés en déséquilibres,
c'est-à-dire pour lesquels l’offre et la demande ne s’équilibrent pas par un ajustement du prix,
par opposition à la situation d’équilibre général concurrentiel de Walras. Il a déjà été appliqué
au marché du crédit. En premier par Ang &
Petersen (1986) puis par d’autres qui ont tenté d’apporter des améliorations, notamment
par Cieply et Paranque (1997) sur les firmes françaises sur la période 1985-1995 et plus
récemment par Atanasova & Wilson (2004) sur les PME anglaises, et par Steijvers (2008) sur
les PME belges sur la période
1993-2001 en différenciant le rationnement du crédit à court terme du rationnement du
crédit à long terme.
L’estimation de ce modèle se base sur la méthode économétrique du maximum de
vraisemblance. Il consiste à estimer l’équation de la fonction d’offre et celle de la fonction de
demande de marchés se trouvant en déséquilibre, tels que le marché du crédit. Et il se
compose d’une troisième équation qui représente la condition telle que la quantité observée
résulte du minimum entre la quantité offerte et celle demandée.
Steijvers (2008), largement inspiré de l’étude d’Atanasova & Wilson (2004), utilise
cette méthodologie pour mesurer l’écart entre l’offre et la demande de crédit. Si l’offre est
inférieure à la demande, alors on est en situation de rationnement du crédit. Il s’appuie sur des
études déjà faites à ce sujet et apporte quelques améliorations. Les principales caractéristiques
de son article sont les suivantes :
- Il utilise un panel d’entreprises séparées de manière endogène par opposition à de
précédentes études qui utilisaient des proxies pour déterminer les entreprises qui seraient à
priori rationnées.
55
Ce procédé permet notamment de prendre en compte le fait que les entreprises qui sont
rationnées à une période t ne le sont plus forcément à un période t+1, ou inversement.
- Il est le premier à proposer d’appliquer deux modèles différents à son échantillon afin
de déterminer le rationnement du crédit de court terme d’une part, et le rationnement du crédit
de long terme d’autre part. Les problèmes d’asymétries d’information rencontrés par les
prêteurs, sélection adverse et aléa moral, sont d’autant plus importants que le crédit est
accordé pour un longue période. De ce fait, les prêteurs utiliseront des critères différents pour
déterminer le montant du crédit qu’ils veulent bien accorder terme. Il montre que les
entreprises subissent davantage de rationnement à long terme puisque le risque supporté par le
prêteur est plus important dans ce cas.
Steijvers (2008) réalise ainsi deux modèles économétriques fonction d’offre, une
équation pour la fonction de demande ainsi qu’une équation traduisant la condition telle que
la quantité de crédit observée est le minimum entre la quantité de crédit offerte et celle
demandée, appelée « équation de transaction ».
56
Conclusion
Le comportement de rationnement de crédit par les banques est le résultat de la prise en
considération du risque de crédit, ce risque est qualifié de défaut ou de non remboursement de
la clientèle pour ce faire les banques estiment le risque selon des catégories de clientèle, et
suivant des procédures propres à chaque banque, c'est-à-dire que les banques n’ont pas les
mêmes méthodes d’estimer, d’évaluer le risque, car « les demandeurs de crédit ne présentent
pas un risque identique à la banque » les demandeurs de crédit sont de classes différentes, en
terme de montant de l’emprunt demandé de types d’opération et ainsi le risque présenté par
chaque demandeur, ce qui fait l’objet d’une maîtrise et d’une évaluation de chaque type de
dossier présenté chez la banque par sa clientèle dite variée.
L’attitude de différenciation du crédit selon les clients a donné lieu à une analyse
théorique du rationnement de crédit par la banque, en effet si le modèle de rationnement de
crédit et condition hors prix de Modigliani et Jaffé repose sur l’idée que le prix, c'est-à-dire le
taux d’intérêt ne permet pas l’équilibre entre l’offre et la demande de crédit, c'est-à-dire qu’il
existe des situations où le taux d’intérêt appliqué par la banque ne joue pas son rôle, dans
cette situation les clients qui appartiennent à une même classe de client présente un risque
différent, et que dans cette situation les banques exigent des conditions hors prix, celles-ci
concernent les garanties présentées (hypothèque ou garanties personnelles) , les échéances de
remboursement, qui font l’objet d’une sélection de la clientèle.
Alors dans le modèle de Stieglitz et Weiss le risque est analysé comme une conséquence
de l’information imparfaite des agents, ce modèle repose sur l’idée de l’information
imparfaite entre les prêteurs et les emprunteurs en supposant que les emprunteurs connaissent
très bien la probabilité de réussite de leurs projets, mais ils ne communiquent pas d’une
manière crédible cette information avec les prêteurs, celui-ci connaît la fonction de
distribution de probabilité de succès des différents projets susceptible de les financer.
57
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59
- LA RELATION BANQUE – PME JEAN-LOUIS NAKAMURA*.in : revue
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- EXPERTISE ET CONTRÔLE DES RISQUES - PME PAR LE CHARGÉ DE
CLIENTÈLE ENTREPRISES : UNE ALTERNATIVE AU RATIONNEMENT,
SYLVIE CIEPLY* MARCELLINE GRONDIN**, revue d’économie financière ;
- L’IMPACT DE BÂLE II SUR LES PME FRANÇAISES, PIERRE SIMON *,num
73,2003,revue d’économie financière ;
- Goulvestre Jean-Paul. Rationnement du crédit et risque de défaut. In: Revue
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Présenté et soutenu publiquement par Fatiha BOUHARRA Avril 2004 ;
- Risque, l’Incertitude, et Financement Bancaire de la P.M.E. Camerounaise: l’exigence
d’une analyse spécifique du risque School of Business Montclair State University
Upper Montclair, New Jersey 07043, février 2001.
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