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- Votre métier, vocation ou fait du simple hasard ? Ce n’est point par hasard que je suis devenu graveur ; ma vocation pour ce métier date de mes tendres années d’enfance. Déjà, alors que j’étais encore simple élève à la mission catholique de Banka à Bafang, j’avais l’habitude de faire des cachets rudimentaires sur les épines du baobab, sur du bois ou sur les vieux tapis en caoutchouc des automobiles. En 1945, M. Nicolas Mpondo alors agent spécial, me fit la commande d’un cachet ; je réussis à cette occasion un véritable coup de maître, ce qui me permit de faire du bon chemin car, on me confia bientôt la tâche de réaliser tous les cachets utilisés à la subdivision de Bafang (nous sommes encore à l’époque coloniale). En 1946, pour m’encourager, Monsieur Jacques Bidjoka alors directeur de l’école rurale de Bafang, me fit entrer dans son école ; il fut remplacé un an plus tard à la tête de cet établissement par M. Jacques Mpango qui, pendant les heures de travaux manuels, me confiait des groupes d’élèves pour les initier dans mon art. Personne de ces derniers hélas, n’exerce ma profession aujourd’hui. - Parlez-nous de votre formation à présent. Je n’ai reçu aucune formation préalable au départ ; je ne suis qu’un autodidacte. En 1967 cependant, j’ai suivi, en

Graveur djengoue

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Page 1: Graveur djengoue

- Votre métier, vocation ou fait du simple hasard ?

Ce n’est point par hasard que je suis devenu graveur ; ma vocation pour ce métier date de mes tendres années d’enfance. Déjà, alors que j’étais encore simple élève à la mission catholique de Banka à Bafang, j’avais l’habitude de faire des cachets rudimentaires sur les épines du baobab, sur du bois ou sur les vieux tapis en caoutchouc des automobiles. En 1945, M. Nicolas Mpondo alors agent spécial, me fit la commande d’un cachet ; je réussis à cette occasion un véritable coup de maître, ce qui me permit de faire du bon chemin car, on me confia bientôt la tâche de réaliser tous les cachets utilisés à la subdivision de Bafang (nous sommes encore à l’époque coloniale). En 1946, pour m’encourager, Monsieur Jacques Bidjoka alors directeur de l’école rurale de Bafang, me fit entrer dans son école ; il fut remplacé un an plus tard à la tête de cet établissement par M. Jacques Mpango qui, pendant les heures de travaux manuels, me confiait des groupes d’élèves pour les initier dans mon art. Personne de ces derniers hélas, n’exerce ma profession aujourd’hui.

- Parlez-nous de votre formation à présent.

Je n’ai reçu aucune formation préalable au départ ; je ne suis qu’un autodidacte. En 1967 cependant, j’ai suivi, en compagnie d’une quinzaine d’autres artisans, des cours de gestion d’entreprises à l’AFCA ici même à Douala. Le travail intéressant que j’ai fourni durant ce stage, poussa les dirigeants de ce Centre à solliciter et à obtenir du gouvernement pour moi, une bourse de formation en France. Dans ce pays et durant une année, je prenais des cours au lycée technique Estienne de Paris où on m’enseigna la gravure en relief, en creux sur le métal, la fabrication de cachets en caoutchouc et en métal, la réparation de dateurs numéroteurs folioteurs… Le stage ne se passait pas seulement à paris ; je me suis ainsi rendu à Vincennes, à Limoges et enfin à Tourcoing. Dans cette dernière localité, j’ai pris contact avec des fournisseurs qui, à présent, demeurent mes pourvoyeurs de matière première.

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- Vos difficultés d’installation.

Je me suis définitivement installé à Douala le 20 Janvier 1950 ; à cette époque, le problème crucial était celui de se trouver un lot en bordure de la route. L’idée de m’installer dans cette ville me vint en 1949 lorsque je reçus de la B.N.C.I. aujourd’hui B.I.C.I.C. une importante commande de cachets.

A mon retour de stage en 1968, le gouvernement, par le truchement de la B.C.D., m’accorda un important crédit pour l’achat du matériel ; ce prêt a facilité mon démarrage. Grâce à ce matériel moderne, je remportais le premier prix du concours du meilleur artisan du Littoral, concours organisé à l’occasion des festivités marquant le 1er anniversaire de notre indépendance. Lors de la foire exposition qui se déroula à yaoundé pour la même circonstance, je me vis décerner la mention spéciale du jury. A la demande des clients, j’ai ouvert un bureau de commande à Mvog-Ada, grâce à un autre crédit, cette fois de la CCMA (Coopérative Crédit Mutuel Artisanal), organisme au service des artisans dont le siège est à Douala, B.P. 2501, Tél 42 ?17 ?60 et dont je suis le président.

Slogan : «  Travail - Qualité - Satisfaction  »