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© V.O.F. LCCB 2014 1 Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux Un changement de comportement est toujours accompagné de résistance. Personne n’aime vraiment changer son comportement. D’où vient cette résistance au comportement ? La réponse se trouve dans le Cercle Vicieux. Ce qui suit est un condensé de nombreuses conversations que nous avons eues avec les auteurs du livre « The Chicken Conspiracy » 1 : dr. Charles Palmgren et Stacie Hagan durant la période 1994-2000. Vous pouvez le trouver également repris dans mon livre précédent : ‘Creatieve wisselwerking’ de 2001. Nous reprenons ce chapitre ici en l’élargissant un peu parce que le concept du Cercle Vicieux est très important dans le contexte de l’Interéchange Créatif et donc des Dialogues Cruciaux. En effet, des Dialogues Cruciaux ne peuvent être couronnés de succès que si nous reconnaissons, comprenons profondément et arrêtons la réalité du Cercle Vicieux. Les processus de l’Interéchange Créatif et du Cercle Vicieux sont véritablement deux processus qui interviennent simultanément. Si le processus de l’Interéchange Créatif l’emporte, nous apprenons et évoluons à la vitesse d’un bambin. Par contre, si nous sommes prisonniers de notre Cercle Vicieux, le processus de changement positif s’arrête, avec toutes les conséquences que cela entraîne. Une des conséquences néfastes est justement la résistance au changement, résistance à la transformation personnelle dans toutes les domaines et donc pas uniquement à la résistance au changement de comportement personnel. Cette présentation du Cercle Vicieux comporte deux volets : 1. Le Modèle du processus du Cercle Vicieux ; 2. Cercle Vicieux comme frein au processus de l’Interéchange Créatif. Comme nous l’avons déjà stipulé, dès le début de la vie, chaque personne possède une valeur intrinsèque. Cette valeur lui a été donnée. 1 Hagan, Stacie and Palmgren, Charlie. The Chicken Conspiracy. Breaking the Cycle of Personnal Stress and Organizational Mediocrity. Baltimore: Recovery Communications, Inc. 1998. Le Cercle Vicieux 1. Introduction 2. Présentation Le Modèle du processus du Cercle Vicieux

Dialogues cruciaux chapitre3

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Chapitre 3 de la traduction Française du livre 'Cruciale dialogen' de Johan Roels (Traduction par Johan Roels et Guy Bérat)

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

Un changement de comportement est toujours accompagné

de résistance. Personne n’aime vraiment changer son

comportement. D’où vient cette résistance au

comportement ? La réponse se trouve dans le Cercle Vicieux.

Ce qui suit est un condensé de nombreuses conversations que

nous avons eues avec les auteurs du livre « The Chicken

Conspiracy »1 : dr. Charles Palmgren et Stacie Hagan durant

la période 1994-2000. Vous pouvez le trouver également

repris dans mon livre précédent : ‘Creatieve

wisselwerking’ de 2001. Nous reprenons ce chapitre ici en

l’élargissant un peu parce que le concept du Cercle Vicieux

est très important dans le contexte de l’Interéchange

Créatif et donc des Dialogues Cruciaux. En effet, des

Dialogues Cruciaux ne peuvent être couronnés de succès que

si nous reconnaissons, comprenons profondément et

arrêtons la réalité du Cercle Vicieux.

Les processus de l’Interéchange Créatif et du Cercle

Vicieux sont véritablement deux processus qui interviennent

simultanément. Si le processus de l’Interéchange Créatif

l’emporte, nous apprenons et évoluons à la vitesse d’un

bambin. Par contre, si nous sommes prisonniers de notre

Cercle Vicieux, le processus de changement positif s’arrête,

avec toutes les conséquences que cela entraîne. Une des

conséquences néfastes est justement la résistance au

changement, résistance à la transformation personnelle

dans toutes les domaines et donc pas uniquement à la

résistance au changement de comportement personnel.

Cette présentation du Cercle Vicieux comporte deux volets :

1. Le Modèle du processus du Cercle Vicieux ;

2. Cercle Vicieux comme frein au processus de

l’Interéchange Créatif.

Comme nous l’avons déjà stipulé, dès le début de la vie,

chaque personne possède une valeur intrinsèque. Cette

valeur lui a été donnée.

1 Hagan, Stacie and Palmgren, Charlie. The Chicken Conspiracy.

Breaking the Cycle of Personnal Stress and Organizational

Mediocrity. Baltimore: Recovery Communications, Inc. 1998.

Le Cercle Vicieux

1. Introduction

2. Présentation

Le Modèle du

processus du

Cercle Vicieux

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

Nous avons évoqué largement cette valeur intrinsèque dans

le chapitre précédent. Chacun a donc une valeur intrinsèque.

La plupart des gens ne voient plus cette valeur initiale et

sont devenu anxieux et parfois même hypocrite. Au niveau

émotionnel la plupart des hommes ont pratiquement toujours

cette arrière-pensée : « Si vous me connaissiez vraiment à

fond, vous ne m’aimeriez pas ; je ne suis pas bon dans le

fond ; j’ai des caractéristiques qui ne sont pas vraiment

bonnes, je fais des choses qui ne sont pas correctes, j’ai des

pensées que je ne devrais pas avoir, … ». Chacun est plus ou

moins en guerre avec lui-même. Comment cela est-il

possible ? La réponse réside dans le Cercle Vicieux, qui est

représenté dans la figure 36.

Figure 36 : Le Cercle Vicieux

Les différentes parties de cette figure sont

interconnectées avec une double ligne. L’être humain peut – à

côté de la classification homme/femme – être classé selon le

tempérament : actif/passif. C’est cette dernière

classification qui est utilisée dans la description du Cercle

Vicieux, puisque vos réactions aux évènements se

différencient selon votre tempérament.

La valeur intrinsèque ne reste pas longtemps « intangible »

et voici pourquoi :

Valeur Intrinsèque

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

La valeur initiale, qui n’est pas acquise mais innée, devient

vite conditionnelle. « Vous avez de la valeur, vous valez la

peine, … si vous arrêtez ou commencez avec … » Les enfants

doivent démontrer le plus vite possible un comportement

adulte. Par exemple : « Si tu arrêtes de renverser ton jus

d’orange… je t’accepterai à nouveau. » L’enfant traite aussi

avec de la science. Il a prouvé hier que le jus d’orange

tombait par terre si le verre était renversé ; qui dit que

c’est encore le cas aujourd’hui ? Qui me prouve que ceci est

vrai aujourd’hui ?» Il se le demande – certainement s’il a vu

hier, sur le petit écran d’une petite armoire, des hommes en

costume blanc s’occuper de choses étranges. Quand ces

personnes laissaient « tomber » quelque chose, cet objet ne

tombait pas du tout, cet objet commençait à planer ! Jusqu’à

ce que la mère ou le père en aient assez des expériences

scientifiques du petit et qu’ils formulent des conditions.

Si l’enfant ne suit pas scrupuleusement ces conditions,

l’enfant reçoit finalement une réprimande. La question

primordiale est la suivante : « Est-il possible de réprimander

l’enfant sans que cet enfant se sente rejeté ? » Comment

nous sentons-nous si nous sommes rejetés ? Par exemple :

vous-êtes humilié par quelqu’un que vous connaissez et

estimez : comment vous vous sentez-vous ? En effet, le

ressenti est terrifiant !

Il est vrai que la plupart des gens ne peuvent pas

réprimander quelqu’un sans envoyer le message : « vous ne

valez vraiment pas la peine…, puisque vous avez faites

cela… » De ce fait l’enfant est chargé de péchés. Le concept

« péché » vient du grec et signifie originalement : « manquer

le but, ne pas obtenir le niveau recherché » Autrement dit, il

a été prévu que vous vivrez d’une certaine manière, mais par

le péché vous n’arrivez pas au niveau prévu. Bref, nous ne

vivons pas la vie prévue pour nous.

Dans mon livre précédent « Creatieve wissselwerking »je cite un exemple que j’ai vécu moi-même, quand je n’avais pas encore trois ans. Cinquante années plus tard je fus témoin du fait qu’une mère rejetait son enfant d’une manière dramatique. J’étais en train de faire des courses dans un grand magasin quand je fus bloqué dans un des couloirs par la scène suivante : un petit garçon se trouvait à terre en criant de toutes ses forces et en gesticulant de tous ses

Conditionnel

Rejet

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

membres. Etant expert en la matière, ceci me fut immédiatement très clair. L’enfant avait – malgré les avertissements sans fin de sa mère que son comportement n’était pas acceptable – continué de charger le chariot d’achat avec des friandises. A ce moment-là, la limite d’acceptation de la mère fût atteinte: elle sortit l’enfant du chariot en lui disant vraiment sa façon de penser. La conséquence fût immédiate : l’enfant se jeta par terre en criant et se déchaînant, d’une manière vraiment réservée aux tout-petits. Très vite il se forma un embouteillage de chariots dans ce couloir. Quelque chose d’étonnant se passa alors. La mère rejoignit le cercle des spectateurs autour de l’enfant et demanda à ceux qui passaient : « Quelqu’un peut-il me dire à qui est cet enfant ? » C’était le rejet le plus dramatique que j’ai vécu dans ma vie.

La réaction au rejet est universelle, vous le constatez en

chaque enfant, vous le trouvez toujours, d’une manière ou

d’une autre, dans chaque culture. Si vous rejetez un enfant,

vous remarquez plusieurs choses : premièrement la cadence

de la respiration augmente et devient agitée, accompagnée

d’une expression spécifique du visage et parfois finalement

d’une larme. Ce qui arrive à ce moment dépend fortement du

type de l’enfant. Un processus est déclenché : « attaquer »

chez l’enfant actif et « fuir » chez l’enfant passif. Il peut en

découler la conséquence que l’enfant actif devient «furieux»

et l’enfant passif «apeuré». Ce processus est appelé

scientifiquement le syndrome général d’adaptation. C’est un

merveilleux processus chimique que se déroule dans le corps

et qui veille à ce que la personne soit préparée pour l’attaque

ou la fuite (« fight or flight »). Le sang et l’énergie sont

dirigés presque immédiatement vers les muscles concernés.

C’est le processus qui a fait que nous avons, comme sortie

spécifique, survécu.

Le syndrome général d’adaptation est un système général

d’alarme et veille à ce que nos sens soient aiguisés (voir,

entendre, sentir) de sorte que le corps soit préparé pour

l’attaque ou la fuite.

En plus, les sentiments de « culpabilité » ou de « douleur »

se développent. L’enfant ressent ce sentiment puisqu’il lui

est signifié d’une manière brutale qu’il a fait quelque chose

d’inacceptable. L’enfant passif ressent ceci comme vraiment

douloureux. Cette douleur aboutit – certainement chez

Attaque/Fuite

Furieux/Peur

Coupable/Douleur

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

l’enfant passif – à ce que l’enfant veuille se retirer, qu’il ne

veuille plus être impliqué. L’enfant actif par contre se sent

coupable et veut également ne plus revivre cette expérience.

Furie et Peur, Culpabilité et Douleur sont des sentiments qui

sont parfaitement visibles dans le non- verbal de l’enfant.

Même des bébés, qui ne peuvent pas encore parler, le

montrent clairement quand ils sont furieux ou ressentent de

la peur.

Qu’est-ce qui se passe avec tout cela ? Un enfant montre

encore ces réactions spontanément. Mais, petit à petit,

l’enfant apprend qu’il n’est vraiment pas possible de toujours

montrer ses émotions. Il faut apprendre à se contrôler !

Chez une personne se développe un comportement

d’évitement, chez une autre personne de d’asservissement.

Dans le cas d’enfants ceci est encore visible. L’énergie est

encore dispensée totalement.

A partir d’un certain âge, montrer ses émotions peut même

être puni. Par ces punitions il se peut que l’adolescent se

retrouve finalement dans une crise d’identité. L’enfant veut

être et rester lui-même, mais le monde autour de lui ne le

tolère pas. Dans ce conflit l’enfant apprend ce que nous

avons tous vécu : le sentiment d’inadéquation. Il est vrai que

l’enfant ne peut pas gagner avec un adulte. Sa force, ses

connaissances et sa maîtrise ne sont pas adéquates. L’enfant

réalise de plus en plus qu’il est inadéquat et finalement ceci

se cristallise dans ce que Charles L. Palmgren appelle : le

« jeu de culture ».

Peter M. Senge parle, dans ce contexte, de « distinctions

culturelles ». Nous apprenons la distinction entre « bon »

et « mauvais », « correct » et « incorrect », et cetera. Le

jeu de culture a une règle de base. Ce jeu se joue de cette

manière de sorte que ce qui est inacceptable au niveau du

comportement – aussi bien le comportement de l’un et de

l’autre – n’est pas exhibé. Cette règle de jeu de base est

respectée par les deux joueurs. Dans l’interaction avec une

autre personne vous ne pouvez pas faire voir ce qui est

inacceptable concernant vous-même, ni dévoiler ce qui est

inacceptable du comportement de l’autre. Parce que, si cela

était, ceci conduirait inévitablement à un nouveau rejet et

donc finalement à une nouvelle situation qui démontrerait

que vous-êtes inadéquat. Ce qui complique le jeu de culture

Inadéquation

Jeu de culture

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

c’est que tous les participants à l’interaction ou au dialogue

jouent le même jeu.

Après plusieurs expériences pas tellement positives, la règle

clé me paraissait très claire : si vous voulez être accepté

comme ami et de ce fait être invité régulièrement par lui

afin de jouer avec ses jouets (des jouets que dans la plupart

des cas vous n’avez pas vous-même), vous ne pouvez, en

aucune manière, montrer comment vous-êtes véritablement.

Vous ne pouvez pas seulement ne pas montrer qui vous êtes

en réalité, vous ne pouvez pas non plus montrer comment

votre ami est en réalité. Puisque, si vous placez l’autre

devant « votre » miroir et donc si vous le montrez comment

il est en réalité, la probabilité qu’il vous invite encore dans le

futur ne sera pas très grande.

Une fois de plus, la règle de base du jeu de culture est la

suivante : « Lors d’une interaction entre vous-même et une

autre personne il n’est pas possible de montrer ce qui est

inacceptable concernant vous-même et concernant l’autre »

Ceci est la pierre angulaire de la structure du jeu de culture,

pierre angulaire qui est respectée par tous les joueurs.

Et qu’est-ce qu’il arrive quand les adolescents grandissent ?

Dans la plupart des cas, ils deviennent amoureux d’une autre

personne et ils affinent le jeu de culture en le jouant. Quand

deux personnes se font la cour, l’une ne montrera pas à

l’autre comment il est vraiment et elle ne fera pas des

choses qui pourraient être interprétées par l’autre comme

étant inacceptables. Vous ne pouvez pas, par exemple, vous

moquer de l’autre si vous voulez donner à la relation une

bonne chance de survivre. La subtilité du jeu est le suivant :

« L’un protège l’autre et soi-même » La raison pour laquelle il

fait cela est qu’il veut que l’autre le trouve agréable. Ainsi

l’un et l’autre sont protégés et blindés.

Dans le cas où la relation n’est pas brisée (parce que le jeu

de culture est joué d’une manière parfaite), elle aboutit à un

mariage (ou une autre forme de cohabitation). Et ceci

complique la réalité encore plus. Le jeu est tellement

difficile que ceci n’est parfois plus tenable. C’est la raison

pour laquelle il arrive tellement de divorces. « Le jeu de

culture devient fatiguant » D’un autre côté, pas mal d’études

démontrent que dans les mariages qui tiennent debout, le jeu

de culture persiste. Les mariages durables sont (de ce

fait ?) pas encore des mariages heureux ; seulement un

quart des mariages durables sont vraiment des mariages

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

couronnés de succès, dans le cas des autres trois quart le

lien formel demeure par le jeu de culture

Le jeu de culture de base donne lieu à beaucoup de sortes de

jeux. Le jeu de base sous-jacent est tel que dans

l’interaction avec des autres, ce qui n’est pas acceptable

concernant nous-même et concernant les autres, ne devient

pas visible, ne vient pas à la surface.

Et qu’est-ce qu’il arrive si un des deux partenaires ne joue

plus le jeu ? Dans ce cas, celui qu’en a marre ne montrera pas

ce qui est inacceptable concernant lui-même, mais il

montrera clairement ce qui est inacceptable concernant

l’autre. En Flandre on dit : ‘La chemise est plus proche que la

jupe.’ Et voilà la fin de la loyauté.

Dans le courant de ce processus de Cercle Vicieux nous

apprenons des « images », des « jeux », des rôles.

Dans le cas d’un jeune couple, l’homme a une image de ce qui

est un vrai homme et aussi une image de ce qui est une vraie

femme. Ces images se sont formées par le jeu de culture.

Apparemment, la femme a également formée des images : de

ce qui devrait être une vraie femme et ce qui devrait être un

vrai homme. L’homme rencontre des femmes et vice versa.

Ainsi les images se rencontrent. Petit à petit, ces images se

transforment en rôles, via des scenarios. L’homme et la

femme essaient de répondre au script qu’ils ont devant les

yeux. Ils essaient de jouer leurs rôles aussi bien que

possible et s’essaient donc à répondre parfaitement à l’image

idéale. S’ils s’apprécient mutuellement, le jeu de culture est

joué jusqu’au mariage. A ce moment, s’ajoutent d’autres

images et d’autres rôles correspondants : celui de l’époux

idéal et celui de l’épouse idéale. Chacun des deux partenaires

a actuellement quatre rôles dans la tête. Le jeu devient donc

de plus en plus complexe, puisque nous n’avons pas encore

mentionné les rôles de beau-fils et belle-fille. Importants,

puisque des rôles bigrement plus importants adviendront

dans le futur proche. En effet, si nous le choisissons, la vie

(les jeux de rôles) deviendra encore plus belle. La naissance

d’un enfant ajoute d’autres rôles à la panoplie : celui de père

idéal et mère idéale. L’homme a maintenant six rôles à

l’esprit et la femme également. A ces rôles s’ajoutent les

rôles au travail. Dans l’organisation où cela se passe, nous

avons, lors des différentes interactions, plusieurs rôles.

Rôles, Images,

Jeux

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

L’homme a continuellement des interactions avec son chef,

ses collègues, ses subordonnés et dans la plupart des cas la

femme doit jouer des rôles semblables. Ainsi il devient de

plus en plus difficile de jouer le jeu de sorte que ce qui est

inacceptable concernant soi-même et l’autre, n’est pas

établi. La pression augmente.

A ce stade, s’ajoutent des « exigences/attentes »’.

Finalement, celles-ci forment nos « neuf points » (voir ‘thinking

out of the box’ plus bas), notre cadre de référence ou modèle

mental. Nous essayons de coopérer avec les autres à partir de

notre cadre de référence. Ces autres se trouvent également

plus ou moins dans leur cadre de référence. Etre prisonnier de

son cadre de référence conduit tôt ou tard, puisque nous ne

pouvons jamais satisfaire à cent pour cent tous ces exigences

et attentes, à de la frustration.

Si cette frustration dure un certain temps, elle met en œuvre

un processus qui – dépendant du type (actif/passif) – conduira à

différentes conséquences négatives et nocives.

La côté de Peur-Honte-Douleur (passif) conduit finalement à

une Peur Psychique. La côté de Agressivité-Reproche-Stress

(actif) conduit à de l’hostilité. Il ne s’agit pas de « je suis un

peu fâché » mais plutôt de « je suis fou furieux ». Tout ceci

conduit finalement à respectivement de la honte et du

reproche. Ultérieurement les personnes ressentent une

douleur énorme ou un stress immense.

Etant adulte – tous ces sentiments sont conservés le plus

longtemps possible à l’intérieur de soi puis finalement ce

n’est plus tenable et cela génère de ce fait des symptômes.

Ces symptômes peuvent être de différentes formes comme

des comportements compulsifs suivant : boire trop d’alcool,

manger d’une manière compulsive, devenir un « bourreau de

travail ».

Prenons ce dernier comportement excessif : être

un « bourreau de travail ». Quelle est la réaction

« normale » de l’environnement vis-à-vis de ce comportement

du « bourreau de travail » dans la culture actuelle? En effet,

ce comportement est glorifié. De ce fait la victime de ce

comportement en rajoute encore une couche et devient

encore plus « bourreau de travail ». Ceci conduit, dans pas

mal de temps, à une promotion, à davantage de

Exigences et

Attentes

Frustration

Peur/Agressivité

Honte/Reproche

Douleur/Stress

Symptômes

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

responsabilités et à encore plus de travail, bref plus

d’exigences. En acceptant cela le stress augmente encore. A

un certain moment le « bourreau de travail » réagit à ce

stress par un comportement négatif, d’abord à la maison.

Où se dirige cette pression ? Nous ne sommes plus des

enfants et ne pouvons donc plus réagir physiquement comme

un enfant. Cependant ces frustrations, ces pressions doivent

s’échapper finalement par un « clapet de sécurité », une

soupape d’échappement autrement dit. Une solution

première est de garder ces frustrations et pression le plus

longtemps possible à l’intérieur de soi. C’est le corps qui est

attaqué par cette solution. Des ulcères d’estomac, une

tension artérielle élevée et d’autres maladies ne sont plus

éloignés. « J’en ai plein le dos » « Tu me tapes sur le

système » sont des expressions typiques de cette phase. De

plus en plus des expressions corporelles sont formulées :

« Je n’ai plus le cœur à cela », « Je ne vois plus rien » « Ca

me sort par les yeux ». Des maladies et irritations diverses

se manifestent. Ce n’est pas étonnant que les irritations

psychiques conduisent à des irritations physiques. « What’s

in a word ! » L’expression suivante est d’ailleurs utilisée dans

les interactions humaines : « Vous m’irritez ! ». Dans pas mal

de cas le « remède » est l’alcool, dans d’autres cas

l’utilisation excessive de médicaments (compris des calmants

et des somnifères).

Cela devient encore plus grave quand les symptômes se

révèlent au niveau mental, nous pénétrons à proprement

parler dans notre propre allergie (voir plus haut dans la

partie Qualités Fondamentales du chapitre 2). Finalement

nous risquons de devenir la victime d’un burnout ou, encore

plus grave, d’une dépression massive.

A un certain moment les symptômes sont de plus en plus

visibles et, à ce stade, il n’est plus besoin d’une autre

personne pour être rejeté, la personne se rejette elle-

même. La conséquence est lourde : la peur psychique se

transforme dans le cas d’une dépression massive en ce que

j’appelle la peur existentielle. Cette situation de stress peut

conduire, dans des cas extrêmes, au rejet total, donc au

suicide.

En cas de rejet de soi-même, la personne se ressent comme

loin d’être adéquate. Cela crée une réaction : elle travaille de

plus en plus sur elle-même et essaye de résoudre, dans la

Rejet

Le Cercle Vicieux

en action

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

plupart des cas, tout seul le problème. En outre, plus vous

essayez de formuler des exigences pour vous-même, plus

vous créez des attentes. Plus seront grands le nombre et

l’amplitude des exigences et des attentes (aussi des autres

envers vous), plus grande la probabilité de ne pas être

parfois à la hauteur de ces exigences et attentes, d’où des

frustrations. Plus grande sera la frustration, plus grand

sera la peur et le sentiment de « culpabilité ». Le stress

augmente, ce qui conduit finalement à plus de symptômes.

Davantage de symptômes et plus est grande la probabilité de

se rejeter soi-même et… le Cercle Vicieux devient une

réalité destructrice.

La réalité du Cercle Vicieux est également la cause du fait

que nous n’apprenons plus à la vitesse nécessaire, la cause

également de pas mal de « troubles d’apprentissage »

individuels et collectifs. Ceci est vrai parce que le Cercle

Vicieux est la raison pour laquelle les hommes oublient dans

le courant des années les propriétés qui sont nécessaires

pour pouvoir apprendre et qui sont par définition des

propriétés du processus de l’Interéchange Créatif.

Les hommes créent – par le fonctionnement de leur Cercle

Vicieux – des obstacles d’apprentissage comme : « Je ne dois

plus apprendre », « Je sais déjà tout » (dissimulation dans

son propre modèle mental) ou sentiment d’anxiété. Ces

sentiments d’anxiété peuvent prendre plusieurs

formes comme la peur de faire des erreurs, de se

ridiculiser, par des réactions négatives, pour prendre une

position, voir pour poser des questions pertinentes.

Que les hommes n’apprennent plus à la vitesse initiale est,

entre autres choses, dû au fait qu’ils ne peuvent plus

penser « à l’extérieur de leur cadre de référence ».

Cette métaphore « thinking out of the box » ou « penser en dehors de ces neuf points » est basée sur un exercice classique dans la cadre de formations à la créativité. La tâche consiste à connecter neuf points (trois rangées et trois colonnes – la distance entre les rangées et les colonnes étant identique) avec quatre lignes droites qui se suivent (deux lignes qui se suivent ont un point commun). La seule manière de résoudre ce « problème » exige de sortir du cadre (le carré qui est formé par les points extérieurs des neuf points). Pour une raison ou une autre, pratiquement tous

Cercle Vicieux,

frein au

processus de

L’Interéchange

Créatif

La métaphore des

neuf points

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

ceux qui sont placés pour la première fois devant cette tâche, ne trouvent pas facilement la réponse correcte. Ils essayent automatiquement de trouver la solution dans ce carré formé par les points extérieurs. Et bien évidemment la solution n’est pas là. Vous devez littéralement sortir « out of the box » pour trouver les solutions de cet exercice.

Dans notre approche cette métaphore est devenue une

visualisation de l’ensemble des exigences et attentes du

Cercle Vicieux. Penser en dehors du carré ou penser en

dehors du cadre (de référence) veut dire que vous

n’analysez pas les éléments qui ne se trouvent pas dans

votre propre cadre de pensée personnel. Si vous ne sortez

pas de vos propres modèles mentaux, l’ensemble augmentera

nos « exigences et attentes » et conduira à augmenter la

pression sur votre modèle mental. Notre perception

(évidemment définie par ce modèle mental) se fige et nous

nous enfermons. Plus exactement, il est comme la pression

qui agit de l’extérieur vers l’intérieur sur notre cadre de

pensée et comprime les parois de ce cadre, qui deviennent

opaques, ce qui limite notre perception de la réalité. Ainsi il

n’est plus possible de sortir de nos « neuf points », notre

cadre à penser, notre modèle mental.

Si par contre, le processus de l’Interéchange Créatif vit

vraiment en moi, ma perception s’améliore. Je redécouvre ma

valeur originale. Je peux absorber la pression générée par

l’expansion des exigences et attentes, puisque je l’invite à

l’intérieur de mon modèle mental. De ce fait, la pression

fonctionne de l’intérieur vers l’extérieur dont la paroi gonfle

et devient transparente. Notre perception s’améliore, nous

voyons plus facilement des choses qui se trouvent à

l’extérieur de notre cadre de référence. Nous pouvons

autrement dit plus facilement sortir de nos « neuf points »,

de notre cadre de pensée, de notre modèle mental.

Le grand risque dans le cadre des Dialogues Cruciaux basés

sur le processus de l’Interéchange Créatif est donc ce

Cercle Vicieux ! Si quelqu’un pénètre dans son Cercle Vicieux

personnel (le Cercle Vicieux collectif étant le phénomène

« Groupthink »), le dialogue devient difficile. C’est la raison

pour laquelle il est d’une importance essentielle, lors de la

première phase du Dialogue Crucial, d’observer

correctement afin de détecter si le Cercle Vicieux d’une des

participants (inclusivement vous-même) n’est pas commencé.

Le fonctionnement

néfaste du Cercle

Vicieux

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

Ceci est le cas si soudainement la Peur ou la Colère entre

dans le dialogue. La Peur ou la Colère sont notamment des

signes du fonctionnement du Cercle Vicieux. Il est clair que

quand quelqu’un a de la peur ou est fâché, la communication

authentique n’est vraiment pas possible. La Fuite ou la

Bataille sont dans cette situation des

réactions « normales ».

En d’autre termes, nous devons observer très attentivement

pour pouvoir identifier si les conditions de base de la

première phase du Dialogue Crucial – confiance et ouverture

– sont vraiment présentes. Il faut donc distinguer trois

choses :

1. Apprendre à identifier quand le Cercle Vicieux se met

en marche ;

2. Identifier les caractéristiques de fonctionnement du

Cercle Vicieux : la Peur et la Colère ;

3. Analyser votre comportement si vous ressentez du

stress.

Les signes que le Cercle Vicieux est démarré peuvent être

déduits des comportements des participants au Dialogue

Crucial. Des changements au niveau de la couleur du visage,

du timbre de la voix, l’usage des mots vides, la cadence du

discours (trébucher sur les mots), un trait hargneux autour

de la bouche, … sont des signes que vraisemblablement le

Cercle Vicieux est en action. Ces comportements sont

évidemment des réactions émotionnelles. Le problème avec

notre modèle de dialogue éternel est que nous présentons

une donnée dynamique – les Dialogues Cruciaux – d’une façon

plus ou moins statique – un dessin à deux dimensions. Nous

utilisons encore trop notre cadre de pensée d’ingénieur (ou

Descartes si vous voulez) et peu le paradigme de

penser « Système » ; nous vous prions de nous excuser pour

cette faiblesse.

Tandis que nous observons, dans la première phase, les

autres participants parcourent plusieurs cycles du modèle de

dialogue. Chaque participant interprète à proprement parler

en continu toutes les données qu’il reçoit, ces

interprétations créent des émotions qui sont à la base d’une

ou plusieurs des réactions, qui deviennent des données pour

le cycle suivant (en général d’un autre participant du

dialogue).

Le Cercle Vicieux

est-il en action ?

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

Lors d’un Dialogue Crucial il est donc souvent rencontré des

émotions comme la Peur ou le Colère, qui créent soit un

comportement de fuite (se rendre « invisible ») ou un

comportement d’attaque (élever la voix et commencer à

gesticuler fortement).

Si nous identifions les caractéristiques du Cercle Vicieux –

la Peur ou le Colère – d’une façon adéquate nous savons que

le Cercle Vicieux est en fonctionnement et que la qualité du

Dialogue Crucial se trouve de ce fait sous pression. La

stratégie consiste en l’identification rapide des signes de

Peur et Colère. Si les participants présentent soudainement

d’une part leurs arguments et opinions d’une manière très

véhément en termes « clairs » ou d’autre part gardent leurs

idées volontairement pour eux-mêmes et se cachent dans le

silence, ceux qui sont experts en la conduite d’excellents

Dialogues Cruciaux voient que ces participants sont tombés

dans leur Cercle Vicieux.

Dans le cas où aucun Cercle Vicieux n’est en train de

tourner tout peut vraiment être dit. Le dialogue est à ce

moment vraiment ce qu’il devrait être : une expression libre

de ces opinions. Rien ne détruit plus efficacement cette

expression libre d’opinions que la Peur et la Colère. La peur

créée dans la plupart des cas une fuite négative dans le

silence ou une dissimulation dans un comportement évasif.

La colère créée dans la plupart des cas un enfoncement

agressif de sa propre vision. Les deux réactions – la fuite ou

le combat – sont les fruits d’un couple néfaste des

émotions : la Peur et le Colère.

Si nous n’éprouvons ni peur, ni colère, nous acceptons

pratiquement chaque feedback – même le feedback non

agréable – sans que nous ne nous dirigions vers une défense

exagérée. Ceci exige une confiance énorme en l’autre.

[Pensez une fois à ces moments où vous avez reçu un

feedback pas très positif de quelqu’un dans lequel vous aviez

pleine confiance et dont vous étiez sûr qu’il était positif vis-

à-vis de vous]. Ce commentaire n’est pas uniquement

accepté, nous ne sommes pas uniquement ouvert à ce

commentaire, nous nous laissons influencer par ce

commentaire. A ce moment le processus de l’Interéchange

Créatif est en plein fonctionnement correct et n’est pas

freiné du tout par la force du Cercle Vicieux. Ceci puisque le

Cercle Vicieux n’est pas en fonctionnement. De plus, le sens

Les caractéristiques

du Cercle Vicieux

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

de rotation du Cercle Vicieux est inversé par l’énergie du

processus de l’interéchange Créatif et finalement vous

découvrez à nouveau votre Valeur Intrinsèque, votre Être

Original. Et de quoi avions-nous besoin pour réaliser cette

transformation ? Des choses simples comme avoir des

intentions positives vis-à-vis des autres.

Le chemin que nous prenons, quand nous avons peur ou quand

nous sommes fâchés, donc quand nous nous trouvons dans un

Cercle Vicieux, se dirige vers deux sentiers pas clairs. Le

premier sentier est désigné « évitement », par lequel

certaines choses sont déguisées. L’autre sentier se nomme

« attaque », par lequel certaines données sont enfoncées de

manière univoque (imposer sa propre vision d’une manière

violente au « travers la gorge de l’autre »). Il est bien

évidemment important de connaître et reconnaître les

expressions spécifiques du comportement « évitement » et

du comportement « attaque » afin de pouvoir conclure avec

certitude que le Cercle Vicieux a démarré son travail mortel.

Le comportement « évitement » se réalise dans chaque

action qui résulte dans le non dévoilement de l’information à

disposition. La raison pour laquelle nous avons ce

comportement est pratiquement toujours que nous voulons

éviter qu’un problème se développe et ceci limite toujours

l’expression libre d’opinions. Les trois formes qui arrivent le

plus dans le contexte du comportement évitement sont :

Masquer, Éviter et Se retirer.

Masquer

Masquer c’est cacher ses idées et opinions derrière une

masque de sarcasme, camoufler ses idées et déformer la

vérité.

Éviter

Éviter se concrétise dans le détournement total de la

conversation autour des thèmes sensibles. Nous continuons à

parler, mais nous évitons de parler des sujets réels et

cruciaux.

Se retirer

Se retirer veut dire que nous nous retirons littéralement de

la conversation. Nous nous taisons ou nous nous retirons

physiquement : nous sortons de l’espace où le dialogue se

déroule.

Fuite ou Attaque

Évitement

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© V.O.F. LCCB 2014 15

Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

Le comportement attaque se trouve en chaque stratégie

verbale consistant à convaincre les autres en les mettant

« sous pression » et/ou en les contrôlant (de l’extérieur vers

l’intérieur). Les trois formes les plus rependues de la

violence verbale sont : contrôler l’autre, étiqueter l’autre, ou

carrément attaquer l’autre verbalement.

Contrôler

Contrôler consiste à faire accepter des autres « sous

pression » votre manière de penser et donc, à proprement

parler, les mettre à plat. Tous les « trucs des Jésuites »

sont utilisés afin que l’autre vous donne raison, en changeant

constamment de sujet de conversation et en posant des

questions directives et fermées.

Etiqueter

Etiqueter des personnes veut dire que coller une étiquette

sur les gens et/ou leurs idées, les qualifier comme négatif ;

placer des gens ou leurs idées dans une certaine catégorie

péjorative.

Enfoncer le clou

Ceci dit tout : au lieu et en place de convaincre l’autre sont

utilisés – pratiquement littéralement – des arguments

« battants ». Implorer voir menacer sont des techniques qui

sont souvent pratiquées. Soyons honnêtes, tout ceci peut

nous être appliqué ou nous l’appliquons aux autres !

Quand vous réalisez que le Cercle Vicieux est en marche, il

faut évidemment faire quelque chose vis à vis de cette

réalité. Premièrement, il faut sortir véritablement du Cercle

Vicieux de façon à remettre à flot le processus de

l’Interéchange Créatif. A partir du moment où le

fonctionnement du Cercle Vicieux est arrêté, il est possible

de redémarrer à nouveau un dialogue sain. Il s’agit donc de

stopper le Cercle Vicieux le plus vite possible.

Pour faire cela, il faut sortir du contenu même du dialogue,

exprimer les causes fondamentales du Cercle Vicieux et les

affronter. Il faut donc premièrement indiquer les causes

fondamentales du démarrage du Cercle Vicieux. Dans la

plupart des cas, ces causes fondamentales consistent en la

non-réalisation des conditions de bases du noyau du Cercle

Vicieux même. Le modèle de Dialogues Cruciaux est un moyen

d’aide formidable pour arrêter le Cercle Vicieux.

Attaque

3. Briser le

Cercle Vicieux

Affronter les

Causes

Fondamentales

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

La première cause fondamentale est liée à l’objectif

commun. Clarifier ce qui est le but final du dialogue est en

fait la première aptitude ou outil du Dialogue Crucial, comme

nous l’avons vu. Comment peut-on être certain que le fait de

ne pas disposer d’un but commun est la cause première de

notre « Cercle Vicieux » ? Pour répondre à cette question, il

faut évidemment observer les signes de la non-existence du

but commun. Une des signes précurseurs qu’il s’agit bien de

ce cas est le changement de la tonalité de la conversation,

conversation qui se transforme de dialogue en discussion. Au

moins un des interlocuteurs quitte le chemin du « fleuve de

la signification » et s’embourbe dans une discussion du style

« win-lose ». Ceci est visible entre autres choses à sa

dynamique pour faire accepter son opinion, il veut gagner à

tout prix.

Les questions à se poser de préférence dans cette situation

sont :

Les autres, croient-ils vraiment que nous nous

engageons pour leurs buts dans ce dialogue ?

Ont-ils une confiance dans mes motivations ?

Notre objectif est-il vraiment commun ?

Est-il envisagé ainsi ?

Recherchons- nous vraiment une attitude impliquant

les uns et les autres ?

Il faut aussi reposer les questions de bases

suivantes (veuillez voir chapitre 1) :

Qu’est-ce que je souhaite pour mon Etre Original ?

Qu’est-ce que je souhaite pour l’autre ?

Qu’est-ce que je souhaite pour notre relation réciproque ?

La deuxième cause fondamentale est liée au respect mutuel.

Il est clair que, lorsque le respect mutuel n’existe pas entre

les participants au dialogue, un dialogue Crucial réussi est

impossible. Le Respect Mutuel est en effet une condition

nécessaire pour un Dialogue sain. Si certains ont la

perception de ne pas être respectés, le Cercle Vicieux

démarre aussitôt et le dialogue sain grince et s’arrête. La

raison de cela est évidente : le respect est pour le dialogue

ce que l’eau est pour les poissons.

Afin d’identifier si le respect mutuel est contrarié, il faut

observer principalement les émotions des interlocuteurs.

But Commun

Respect Mutuel

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© V.O.F. LCCB 2014 17

Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

La question centrale, dans ce cadre, est :

L’autre croie-t-il que je le respecte ?

Comment est-il possible d’arrêter effectivement le Cercle

Vicieux ? Ceci est possible si une stratégie spécifique est

mise en œuvre. Cette stratégie comporte les étapes

suivantes :

s’excuser ;

souligner les oppositions ;

et surtout, pratiquer l’approche ERIC :

o s’Engager pour un objectif commun ;

o Reconnaître l’objectif derrière la stratégie

appliquée ;

o Inventer un objectif commun ;

o Créer une nouvelle stratégie adaptée.

Si vous avez été en défaut et donc heurté l’autre, il faut

primordialement faire aveu de ses fautes. Ceci veut dire que

vous avez le courage de reconnaître votre part du

démarrage du Cercle Vicieux et que vous l’avouez

ouvertement sans ambages. Cet aveu ne doit pas être

considéré comme un échec. Au contraire, c’est, dans pas mal

de cas, une vraie victoire, pas seulement sur soi-même, mais,

ce qui est plus important, sur le Cercle Vicieux. Vous sortez

du libre arbitre du jeu possible des jeux improductifs, ce qui

vous rend intègre et ceci rétablit le respect.

Si vous avez l’impression que vous avez été mal compris et

que de ce fait le Cercle Vicieux a démarré, un bon « outil »

stratégique est de « souligner les oppositions ».

Mettre les choses en contraste comporte deux parties : ce

que vous n’avez pas voulu transmettre (1) et ce que vous avez

voulu transmettre (2). La première partie est la plus

importante, puisqu’il d’agit de ce que l’autre a interprété de

manière erronée et par quoi le Cercle Vicieux a démarré. IL

faut donc clairement spécifier ce que vous n’avez PAS voulu

dire et ce qui n’était PAS l’objectif. Quand sont devenus

clairs, dans l’esprit de votre interlocuteur, ce que vous

n’avez pas voulu communiquer et ce qui n’était pas votre but

– ce qui finalement avait blessé l’autre – la probabilité est

grande que ceci restaure la confiance et ceci aplanit le

Stratégie pour

stopper le

Cercle Vicieux

S’excuser si

nécessaire

Souligner les

oppositions

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© V.O.F. LCCB 2014 18

Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

chemin pour la deuxième partie : alléguer tranquillement ce

que vous avez visé et ce qui était votre but.

Faites attention, mettre en contraste n’est pas s’excuser.

Contraster donne un contexte, le cadre et a comme but de

placer le tout dans les vraies proportions. Utilisez le

« contraste » surtout pour prévenir des malentendus, donc

plutôt de manière préventive que de manière réactive, tel un

« équipement de premiers soins ».

Quand il est devenu limpide que n’existe pas de

but commun, une approche toute indiquée – loin d’être facile

mais très forte – est à l’ordre du jour : ERIC. Cette

approche comporte les étapes suivantes :

1. s’Engager pour un but commun

Il faut donc retourner au noyau du modèle de

Dialogues Cruciaux et ne pas croire que NOTRE but

est d’office le but COMMUN. Dans ce cadre il faut

veiller à ne pas utiliser une tactique – attribuée

souvent aux Jésuites – qui consiste à continuer à

argumenter jusqu’à ce que l’autre abandonne.

Par contre, il faut arrêter d’argumenter et, plus

important encore, dénoncer notre conviction que

notre solution est la meilleure. En lieu en et place

nous devons expliquer et vivre notre engagement à

trouver un but vraiment commun.

2. Reconnaître le but derrière la stratégie appliquée

Dès qu’il est clair que nous aspirons à des buts

différents, une promesse de notre part – que nous

nous engageons à trouver un but commun – ne suffit

généralement pas pour arrêter le ronronnement du

Cercle Vicieux. Nous ne devons pas uniquement

comprendre qu’il existe une ambiguïté entre le but et

la stratégie, il faut également identifier le but final

derrière la stratégie. Dans ce contexte l’utilisation de

la technique du « Purpose Game »2 est à conseiller. 2 Le ‘Purpose Game’ est un exercice solide que j’ai appris de Charlie

Palgmren. Comme nous le fait supposer le nom de cet exercice, le but de

ce jeu est de découvrir pourquoi nous faisons régulièrement des actions

de libre arbitre (et donc notre vrai but « individuel »). Finalement le jeu

abouti à une réponse simple et toujours surprenante, de façon certaine si

L’approche ERIC

pour obtenir un but

commun

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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux

3. Innover un but commun

Hang on to your hopes my friend That’s an easy thing to say

But if your hopes should pass away Simply pretend

That you can build them again Paul Simon, A hazy shade of Winter

Dans le cas où nous avons effectivement constaté,

lors de l’étape précédente, que n’existe pas un but

commun, nous devons le créer. Arrêter le

ronronnement du Cercle Vicieux, identifier et

reconnaître le vrai but commun est notre tâche. En

effet, nous ne l’avons pas encore trouvé par les

étapes précédentes, il est donc grand temps de le

découvrir. Ceci est plus facile à dire qu’à faire et

c’est le seul moyen pour arrêter le fonctionnement du

Cercle Vicieux. N’oubliez pas d’utiliser lors de ce

voyage de découverte les questions d’intention déjà

citées !

4. Création d’une nouvelle stratégie

Lorsque nous avons finalement trouvé le but commun,

il nous reste à établir, à créer une nouvelle stratégie,

une nouvelle approche afin d’atteindre ce but. Par

cela nous relancerons le dialogue, nous entrons à

nouveau dans le « huit couché ». Est notamment

devenu clair ce que nous voulons obtenir ensemble.

Le processus de l’Interéchange Créatif peut

finalement redémarrer. Dans la première phase nous

éviterons totalement de juger. Nous dénonçons, si

nécessaire dans la deuxième phase nos modèles

mentaux anciens et en découvrons des nouveaux.

Pendant la troisième phase nous pensons « out of the

box » et donnons à la créativité humaine (à nouveau)

la possibilité de saisir l’occasion par les cheveux. Dans

la quatrième phase nous faisons ce que nous avons

choisi et décidé de faire !

ce jeu est pratiqué en groupe. Réponse qui nous apprend une vérité très

importante, aussi bien sur nous-mêmes que sur les autres participants,

concernant ce but final. Cet exercice nous amène à la question cruciale :

« Comment est-ce possible que nous nous trouvions si souvent comme

obstacle sur notre chemin pour obtenir « notre » but ? »