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CONFORT COGNITIF ET ERREURS DE JUGEMENT « Tout le monde se plaint de sa mémoire et personne ne se plaint de son jugement » La Rochefoucauld disait cela en son temps et comme la plupart de ses maximes, cela reste dans l’air du temps. Quels sont donc les liens qui unissent les fonctions de la mémoire et celle du jugement ? Tel est l’enjeu de cette conférence : clarifier les liens et apporter des éléments de réponse à la question : pourquoi commet-on tant d’erreurs de jugement ? 1- attention et mémorisation 2- impact de l’attention sur l’humeur 3 - l’enregistrement inconscient 4- inconvénients de la mémoire à court terme 1 Que sont les sciences cognitives : Elles regroupent un ensemble de disciplines scientifiques dédiées à l'étude et la compréhension des mécanismes de la pensée humaine, animale ou artificielle, et plus généralement de tout système cognitif, c'est-à-dire tout système complexe de traitement de l'information capable d'acquérir, conserver, utiliser et transmettre des connaissances. PARTIE 1 : La mémoire et l’âge. Notre mémoire fonctionne avec de petites cellules appelées neurones, cellules de Schwann et de la névroglie. Nous en possédons environ 140 milliards en fin de croissance. A cela s’ajoute les nombreuses connexions qui se créent chaque jour entre les cellules.

La mémoire jacques heurtier

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CONFORT COGNITIF ET ERREURS DE JUGEMENT

« Tout le monde se plaint de sa mémoire et personne ne se plaint de son jugement » La Rochefoucauld disait cela en son temps et comme la plupart de ses maximes, cela reste dans l’air du temps. Quels sont donc les liens qui unissent les fonctions de la mémoire et celle du jugement ? Tel est l’enjeu de cette conférence : clarifier les liens et apporter des éléments de réponse à la question : pourquoi commet-on tant d’erreurs de jugement ? 1- attention et mémorisation 2- impact de l’attention sur l’humeur 3 - l’enregistrement inconscient 4- inconvénients de la mémoire à court terme

1 Que sont les sciences cognitives : Elles regroupent un ensemble de disciplines scientifiques dédiées à l'étude et la compréhension des mécanismes de la pensée humaine, animale ou artificielle, et plus généralement de tout système cognitif, c'est-à-dire tout système complexe de traitement de l'information capable d'acquérir, conserver, utiliser et transmettre des connaissances.

PARTIE 1 : La mémoire et l’âge.

Notre mémoire fonctionne avec de petites cellules appelées neurones, cellules de Schwann et de la névroglie. Nous en possédons environ 140 milliards en fin de croissance. A cela s’ajoute les nombreuses connexions qui se créent chaque jour entre les cellules.

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Chaque jour, un individu en bonne santé perd environ 100.000 neurones. Bien sûr ce résultat s’accroît en cas de consommation de produits illicites (crack, héroïne, …)

Donc, combien de neurones restera-t-il à quelqu’un de 100 ans, si il ou elle perd 100 000 neurones par jour ?… »

« Eh bien il lui en restera plus de 100 milliards…c’est-à-dire suffisamment pour apprendre une encyclopédie en 50 volumes par cœur...

Tout cela nous indique que, contrairement à une idée répandue dans le grand public, la perte neuronale liée à l’âge n’altère pas le fonctionnement biologique de la mémoire. Sauf cas de pathologies diverses dont les pathologies neuro-dégénératives. »

« La deuxième question est la suivante : quel est l’âge de la meilleure mémoire : 20 ans, 40 ans, 60 ans ? »

« La réponse est 60 ans, a contrario des idées reçues. Alors pourquoi ? Eh bien parce que c’est à 60 ans que nous avons enregistré le plus de choses, d’une part. Donc, à 60 ans, on sait plus de choses qu’à 40 ou 20.

D’autre part, à 60 ans on sait mieux gérer ses émotions qu’a 20 ou 40. Ces deux faits cumulés font généralement qu’à 60 ans on optimise mieux sa mémoire et d’une façon générale l’utilisation de son cerveau même si, parfois, la perte d’une activité professionnelle peut mettre ce processus entre parenthèses. C’est la raison pour laquelle, on confie généralement les grandes responsabilités politiques, économiques et sociales à des gens de cet âge. »

« La troisième question est : utilise-t-on 10%, 25% ou plus de son cerveau ? »

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« La réponse est simple depuis que l’homme a inventé les IRM et les scanners : on utilise 100% de son cerveau. »

Pour bien mémoriser, il vaut mieux être attentif. Or on n’a pas le même niveau d’attention selon qu’on regarde un sitcom à la TV ou que l’on participe à une réunion importante.* Effectivement, la nature nous a dotés de 3 niveaux d’attention que nous utilisons quotidiennement dans notre vie personnelle et professionnelle en fonction de ce que nous avons à faire.

Le niveau le plus bas, le niveau 1 – N1– est le niveau le plus faible, celui qui est utilisé lorsque nous accomplissons des actes routiniers (faire le ménage, les courses, regarder la TV, bref toutes les activités que nous maîtrisons bien sans avoir besoin d’y réfléchir.)

Le second niveau d’attention, le niveau 2 – N2 – est celui que nous utilisons quand nous avons plusieurs choses à faire ou à penser en même temps. C’est très souvent le cas.

Prenons un exemple : 3 personnes regardent la vitrine d’une boutique et sont très intéressées par les articles. Au même moment elles entendent « au voleur », se retournent et voient une silhouette passer à toute allure. Lorsque la police arrive, elle ont du mal à faire une description. Mais si quelques minutes avant, on les avait prévenues qu’un voleur allait passer et qu’il faudrait le décrire, alors elles n’auraient eu aucun mal à faire une description….

Le troisième niveau est le niveau de concentration le plus élevé : le niveau 3- N3) – c’est celui que nous avons, par exemple, au cours d’un stage de formation (intéressant).

Ces trois niveaux, 1, 2 et 3, influent sur la mémoire et aussi sur les comportements

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La nature faisant bien les choses, pour chaque niveau d’attention, nous avons une conduite mnémonique, c’est à dire une façon de nous souvenir.

Pour le niveau d’attention le plus bas N1, note façon de nous souvenir, notre conduite mnémonique, est la reconnaissance. R1

La reconnaissance, comme son nom l’indique est le fait de reconnaître un événement, une information qui s’est produite dans un passé récent ou ancien.

« Si je dis à quelqu’un : - Votre prénom c’est Amélie ou Hortense ?- je lui pose une question de reconnaissance puisque cette personne doit reconnaître parmi ces 2 choix quel est son prénom. »

La reconnaissance est une fonction essentielle mais un peu méconnue de la mémoire. En effet, cette fonction nous permet à tout moment de savoir où nous sommes et ce que nous faisons. Par exemple, ce stylo que je tiens entre les mains, en un millionième de seconde mon cerveau l’a reconnu. Si cette fonction est endommagée, je vais avoir entre les mains un objet qui m’est familier mais dont je ne sais plus le nom ou je vais passer devant une maison qui me « dit quelque chose » sans me souvenir que c’est la mienne. C’est le cas dans la maladie d’Alzheimer.

Pour le niveau médian, (niveau 2), notre façon de nous souvenir sera la reconstruction R2.

La reconstruction est le fait de se souvenir avec un indice.

Par exemple, voir une brosse à dents peut rappeler un rendez-vous chez le dentiste. »

Donc, si je dis à un(e) patient(e) – Citez-moi un prénom féminin commençant par C ? – C’est une question de reconstruction car il (elle)

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doit trouver un prénom – Christine, Colette,…- à partir d’un indice, la lettre C.

Pour le niveau 3, notre façon de nous souvenir, notre conduite mnémonique est le rappel R3 -

Le rappel est une façon de se souvenir spontanément, sans indices, parce que le niveau d’attention (ou de concentration) était élevé.

« Donc si je pose la question – quelle est la capitale de l’Angleterre ?- il s’agit d’une question de rappel.

En résumé, je dirais que l’être humain possède 3 niveau d’attention, du plus bas au plus haut, et que pour chaque niveau, il y a une façon de mémoriser. Donc, si l’on demande à une patiente – Quel est le nom du premier Ministre? – il s’agit bien d’une question de rappel.

« Mais si je me demande quel est le niveau d’attention des patient(e)s devant la TV, c’est plutôt un niveau d’attention faible N1.

On devrait donc leur poser une question de reconnaissance. (EX / Le premier Ministre s’appelle François Fillon ou Nicolas Sarkozy ?)

Les niveaux d’attention, N1, N2 et N3 dans la vie courante se distribuent par tiers : c’est-à-dire que les gens sont généralement au niveau 1 : 33% de leur temps, au niveau 2 : 33% et au niveau 3 : 33%. »

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Présentation des 3 mémoires (instantanée, à court terme et à long terme).

Un des aspects de la mémoire s’appelle la mémoire instantanée.

La mémoire instantanée est une faculté dont dispose chaque individu.

Elle permet de se souvenir pendant quelques secondes (en général jusqu’à 7) d’informations que l’on vient d’enregistrer.

C’est elle qui permet par exemple à quelqu’un de chercher un numéro de téléphone sur l’annuaire, puis de le composer sans regarder.

En revanche si quelqu’un entre dans la pièce et pose une question pendant que l’on compose le numéro, il va être oublié. La nouvelle information effacera l’ancienne.

Donc l’efficacité de la mémoire instantanée est conditionnée par le temps (maxi 7 secondes) et par l’environnement (ne pas être dérangé).

EXEMPLE :

Une jeune femme décide de nettoyer la salle de bains. Elle prend son seau, son détergent et se dirige dans cette pièce. Dans le couloir elle croise sa fille qui lui demande : Maman, où sont mes pantoufles…

Elle répond : Je ne sais pas, peut être sous ton lit…

Quand elle arrive dans la salle de bains, elle se dit j’ai oublié quelque chose, mais quoi ?…

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Elle repart dans la cuisine et là, hop, ça lui revient : le balai brosse dans le garage.

Dans le couloir, elle se disait qu’il fallait aussi penser au balai-brosse. Mais, la question de la fillette lui a fait oublier.

C’est ainsi que fonctionne la mémoire instantanée : elle enregistre et oublie aussi tôt (sauf si c’est très important). Et heureusement, car que serait la vie si nous retenions tout ? Y compris les plaques minéralogiques des voitures que nous avons croisées en allant au travail.

La mémoire à court terme :

Si la mémoire instantanée ne s’exerce que quelques secondes, la mémoire à court terme utilisera un temps plus long, de plus de 7 secondes à quelques semaines environ.

Qu’est-ce que la mémoire à long terme ?

Eh bien ce sont toutes les connaissances que nous avons acquises depuis notre enfance sur nous-mêmes et sur le monde.

IMPACT DES NIVEAUX D’ATTENTION SUR L’HUMEUR Chez TOUT INDIVIDU, les niveaux d’attention conditionnent l’humeur et la façon de réagir. Au niveau 1 d’attention (le plus faibles) les réactions spontanées expriment les sentiments suivants : joie, peine, colère, honte…face à la situation rencontrée. Au niveau 2 d’attention (niveau médian) les réactions sont plus

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élaborées et se divisent en 2 parties : les réactions normatives (jugements) et les réactions d’aide (conseils).

Le niveau 2 est utilisé très souvent lors de négociations importantes : centré sur son message et sur l’impact de son message, la possibilité d’une de ces 2 réactions est très probable. Or elle ne trouve pas toujours preneur… Il faudrait donc, à ce moment de l’exposé, passer au niveau 3. Au niveau 3 les réponses sont les plus élaborées et les plus rationnelles. On comprend dès lors mieux pourquoi les personnes « installés dans des niveaux d’attention faibles » réagissent souvent spontanément par l’agressivité, le refus, …

Un des moyens les plus sûrs de faire s’accroître le niveau d’attention chez un interlocuteur est le questionnement (dans la mesure où il est pertinent). En effet, une question « pertinente » sollicitera l’attention de l’interlocuteur.

donc impossibilité d’accéder au niveau 3 d’attention spontanément.

INCONVENIENT DE LA MEMOIRE A COURT TERME

La notion de « distorsion cognitive ».

Nous reconstituons rarement les faits à l’aide de lois logiques ou probabilistes : nous interprétons la réalité en nous appuyant sur nos croyances et nos connaissances (souvent) partielles. On utilise donc dans la plupart des cas pour prendre une décision une

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« heuristique » (un mode opératoire) pour simplifier un problème, accélérer le traitement de l’information et évaluer les probabilités dans des situations d’incertitude. (prendre des exemples autour de soi, généraliser son expérience,…) EXEMPLE : Si l’on demande à 100 personnes si il y a plus de mots de 5 lettres commençant par la lettre R ou plus de mots de 5 lettres contenant la lettre R en 3e position, plus de 75% des personnes interrogées choisiront la 1ere option. Or la bonne réponse est la 2e option. En fait on choisit la première réponse par « distorsion cognitive ». En effet on accède plus rapidement aux mots « commençant par… » plutôt qu’aux mots « contenant… ». La source de l’erreur provient donc bien de cette propension à utiliser spontanément ce mode opératoire. On cherche spontanément plutôt que de s’interroger sur « comment chercher ». Autre exemple : le palmarès des 100 meilleures chansons françaises contient un maximum de succès de la dernière décennie. En effet on se souvient généralement mieux des événements récents. La distorsion cognitive amène donc à sous-estimer les évolutions à long terme et surestimer le court terme (meilleur exemple : la Bourse et la crise financière, le marché de l’immobilier qui grimpe « trop vite » puis choit,…) En d’autres termes, la distorsion cognitive nous amène à utiliser plus notre mémoire récente que notre mémoire à long terme.

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Avant d’agir, nous passons par 3 stades : - la perception et l’analyse d’une situation - l’évaluation des possibilités - recherche de la meilleure décision La première étape est souvent trop rapide : c’est probablement aussi parce que notre peur de l’inconnu (de ne pas trouver) est plus forte que notre souhait d’être rationnel. Pour la deuxième étape : La distorsion cognitive nous amène aussi à utiliser des stéréotypes (sans lesquels d’ailleurs nous serions incapables de réfléchir ou de nous souvenir) au dépens d’une analyse logique. Autre exemple : Carole à 31 ans. Elle a fait des études de philosophie et un mémoire sur les discriminations sociales. Si l’on demande à 100 personnes : A-t-elle plus de chances d’être guichetière dans une banque ou guichetière dans une banque ET active dans des mouvements féministes, la plupart des réponses iront à la deuxième option. La bonne réponse est la première option. Pourquoi ? 1/ les personnes interrogées sont influencées par la description (notamment le mémoire sur les discriminations qui va être automatiquement associé au mouvement féministe) 2 / parce qu’il y a surestimation : en effet selon les lois de la probabilité il y a plus de chance que se produise un événement unique (être guichetière) plutôt que deux (être guichetière et

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féministe). Les cas les plus fréquents sont les constructions de scénarios (politiques, relationnels) ou l’on déduit les comportements d’autrui à partir de nos propres règles. (Genre : si je fais ça, alors il risque de penser ça, donc il vaut mieux que…). Ca ne marche quasiment jamais, mais on recommence tout le temps…. Nous sommes tous animés par l’idée de donner du sens aux choses et aux comportements d’autrui. Généralement les équipes lors d’un conflit avec un client distinguent les causes internes d’un comportement (personnelles) et les causes externes (situationnelles) avec une propension à expliquer le comportement d’autrui (M. Truc est agressif) par des causes internes et le leur par des causes externes (Nous n’avons pas assez de temps). Lorsque la psychologie sociale se penche sur la droite et la gauche en politique, elle constate que d’avantage de gens à droite attribuent les comportements déviants (pauvreté, alcoolisme, délinquance) à des facteurs internes (paresse, faiblesse,…) et d’avantage de gens à gauche attribuent ces comportements à des facteurs externes (inégalité des chances, système économique,…). Chaque individu a une tendance naturelle à rechercher les opinions et les faits qui confirment ses propres opinions et hypothèses et également une tendance à ignorer les faits qui infirment ses opinions : Les gens ont plus confiance en la météo quand elle annonce du beau temps et les journaux financiers se vendent mieux lorsque la bourse monte…

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D’une façon générale, nous accordons aussi trop d’importance à ce que nous savons par rapport à ce que nous ignorons. Cette tendance peut amener des erreurs (judiciaires, médicales, …).

Lorsque nous sommes confrontés à des événements négatifs (hors de contrôle) nous disposons d’un mécanisme appelé l’illusion (qui consiste à nous persuader que nous disposons d’un pouvoir sur notre environnement). Par exemple, plus de 75% des gens craignent généralement moins les accidents comme conducteur de voiture que lorsqu’ils prennent l’avion. Exemple d’un choix médical difficile : Imaginons une épidémie qui pourrait tuer 6000 personnes. Si on propose un vaccin A qui sauvera 2000 personnes ou un vaccin B qui propose 1 chance sur 3 de sauver les 6000, la plupart des gens choisiraient le plan A. Si l’on propose le vaccin A en disant que 4000 personnes décéderont et qu’avec le plan B il n’y a que 2 chances sur 3 que 6000 personnes décèdent, la plupart des gens choisiront le plan B. Ces choix se fondent sur la peur de la perte qui modifie notre manière de prendre des décisions.

En effet, selon que l’on insistera sur les vies gagnées (1ere option) ou les vies perdues (2e option) les choix seront différents.

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Donc face à un enjeu identique, la peur de la perte sera plus forte que l’envie du gain.

A l’inverse, la plupart des personnes qui « retrouvent » un billet de 50 € sous leur canapé ne le remettent pas simplement dans leur portefeuille : il sera considéré comme « un gain exceptionnel » et réjouira son propriétaire. Herbert Simon, Prix Nobel d’économie 1978 a introduit la notion de « rationalité limitée » : il dit que l’être humain sous l’influence de nombreux facteurs ne cherche pas à maximiser ses choix mais plutôt à atteindre un certain niveau d’aspiration et de satisfaction. Selon Nietzche, les sociétés modernes se « pourrissent la vie » avec le ressentiment. Pour lui, le ressentiment est le fait que si un individu souffre, un autre individu doit en être responsable. Dans certains cas, cette attribution est imaginaire : le confort cognitif (autre appellation de la distorsion cognitive) ne nous permet pas d’identifier correctement la cause de la souffrance. Dans d’autres cas, elle est identifiée correctement mais le « ressassement » de cette souffrance prend le pas sur la souffrance initiale et l’aggrave : le sentiment d’être une victime devient donc une « maladie » à part entière. Il s’agirait donc d’une escalade autodestructrice. Selon lui, le ressentiment reposerait donc sur 2 piliers : l’impuissance à réagir face aux problèmes et l’incapacité à oublier.

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L’Oubli comme solution ? Pour Nietzche, la capacité à oublier les expériences pénibles est essentielle à la santé psychique. Plus près de nous, Cyrulnik pense que c’est la capacité à les transcender qui fonde la résilience.

On ne peut donc reconstruire qu’après avoir « oublié » ses souffrances et les avoir remplacées par des perspectives…. Merci de votre lecture, Jacques HEURTIER [email protected]