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:: CHRONIQUE E n septembre 2016, la revue mensuelle américaine Business Harvard Review publiait deux articles sur la cyber- sécurité qui devraient en faire sourciller plus d’un. Le premier article fait état que plus de 60 % des attaques sont d’origine interne à l’entreprise. Selon leurs résultats, un quart de ces attaques résulte d’une négligence alors que le reste est plutôt d’origine malicieuse. Par exemple, un employé mécontent pourrait se venger en revendant les données de l’entreprise ou tout simple- ment en les détruisant. Le deuxième article identifie le téléphone intelligent comme l’outil technologique le plus souvent laissé pour compte dans les mesures de sécurité d’entreprise. L’auteur prend pour exemple la plus récente fièvre Pokémon Go plusieurs utilisateurs ont téléchargé l’application de sites sans en avoir vérifié la légitimité. À cela s’ajoute la perte de télé- phones intelligents dont l’accès n’est pas verrouillé, permettant ainsi à des malfaiteurs d’accéder éventuellement à des données d’entreprise sensibles. Le site OpenGov indique que la République de Singapour vient de retirer l’accès à l’Internet sur le lieu de travail à la moitié des employés de l’État. L’ensemble 40 CAPITAL.QUÉBEC Alain Fortier conseiller principal, CGI PAR ALAIN FORTIER La cybersécurité, un atout économique

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:: CHRONIQUE

En septembre 2016, la revue mensuelleaméricaine Business Harvard Reviewpubliait deux articles sur la cyber-

sécurité qui devraient en faire sourciller plusd’un. Le premier article fait état que plus de60 % des attaques sont d’origine interne àl’entreprise. Selon leurs résultats, un quartde ces attaques résulte d’une négligencealors que le reste est plutôt d’origine malicieuse. Par exemple, un employémécontent pourrait se venger en revendantles données de l’entreprise ou tout simple-ment en les détruisant. Le deuxième articleidentifie le téléphone intelligent commel’outil technologique le plus souvent laissépour compte dans les mesures de sécuritéd’entreprise. L’auteur prend pour exemplela plus récente fièvre Pokémon Go oùplusieurs utilisateurs ont téléchargé l’application de sites sans en avoir vérifié lalégitimité. À cela s’ajoute la perte de télé-phones intelligents dont l’accès n’est pasverrouillé, permettant ainsi à des malfaiteursd’accéder éventuellement à des donnéesd’entreprise sensibles.

Le site OpenGov indique que laRépublique de Singapour vient de retirerl’accès à l’Internet sur le lieu de travail à lamoitié des employés de l’État. L’ensemble

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Alain Fortierconseiller principal, CGI

PAR ALAIN FORTIER

La cybersécurité, un atout économique

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des employés de l’État sera touché parcette mesure de cybersécurité d'ici juin2017. Des dispositifs spécialement confi-gurés permettront aux employés d’accéderà des sites Web choisis par l’État, par exem-ple Wikipédia. Cet accès sera isolé des systèmes de courriels et métiers. Cettedécision s’inscrit comme une des mesuresd’un plan national de cybersécurité. Enoctobre dernier, le premier ministre LeeHsien Loong en a fait l’annonce lors del’événement GovernmentWare qui regroupedepuis 25 ans des participants issus de l’industrie et des domaines public etacadémique.

La République de Singapour compteplus de 5 millions d’habitants. Son indice dedéveloppement humain (IDH), basé sur l’espérance de vie, le niveau d'éducation etle niveau de revenu, est très élevé en 2014avec 0.912. À titre de comparaison, l’IDHdu Canada est de 0.913 en 2014. Selon lesite FindTheData, le revenu par individu en2015 était de 9 640 $ supérieur enRépublique de Singapour relativement auCanada.

Les restrictions affectant les employésde l’État ont trouvé écho dans plusieursjournaux étrangers de par leur caractèresingulier. Malgré cet élément, à premièrevue cocasse, le plan singapourien reposesur un état des lieux en matière de sécuritéqui met en relief les attaques de plus enplus sophistiquées et fréquentes affectantles entreprises et les organismes gouverne-mentaux. Les autres mesures incluent lapromotion d’un accès à double authentifi-cation pour les personnes de 15 ans et plussouhaitant accéder aux services en ligne de60 agences gouvernementales. Déployédepuis 2003, cet accès nommé SignPass atrouvé preneur auprès de 2 millions de personnes. Les objectifs poursuivis parcette mesure se basent sur un accroisse-ment de la sensibilisation aux enjeux de lasécurité et la promotion de comportementsresponsables de la part des entreprises etdes individus lors d’échanges d’information.Cette prise de conscience devrait permettrede créer un environnement plus sécuritaireet plus stable pour les investissementsétrangers.

La réplique singapourienne a aussiidentifié la cybersécurité comme uneopportunité de développement écono-mique. En conséquence, des investisse-ments en recherche et en formation serontinjectés dans l’économie pour supporter lesavancées académiques et l’accompagne-ment pour former ou réorienter une partie

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des travailleurs vers des postes en cyber-sécurité. Lors de l’annonce du plan, le premier ministre Lee a mis de l’avant le rôlede leader que la république se propose dejouer dans sa participation à des partena-riats dans la mise en place de normes, depolitiques de cybersécurité et de lois pour faciliter les échanges internationaux.Cet ensemble de mesures propose uneréponse structurée à la menace de cyberattaques.

En somme, la cybersécurité n’engendrepas que des coûts, elle peut offrir desopportunités de développement individuel,organisationnel et social.