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Solucom - Les Cahiers d'Insurance Speaker

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Le digital bouleverse plus que jamais tous les secteurs d’activité, tous les métiers. Et l’assurance n’échappe pas à la règle. Le marché apparaît toujours plus compétitif et en forte transformation du fait de l’évolution des comportements et de la réglementation (ANI, contrats responsables, loi Hamon, dépendance, loi Eckert…).

Pour faire face à cette conjoncture, les assureurs doivent construire une stratégie différenciante et robuste, rester vigilants quant aux risques nouveaux et s’adapter aux évolutions structurelles.

En parallèle, il leur faut rester à l’écoute des moyens offerts par les innovations du secteur (digital, objets connectés, Big data). Cette exigence est indispensable, notamment pour refondre la relation client et mettre au point de nouvelles offres incluant des volets de prévention plus importants (domotique, santé…).

Faire émerger l’innovation, accompagner les projets de transformation : c’est justement la mission de nos consultants spécialisés dans le domaine de l’assurance.

À travers leur blog, Insurance Speaker, ces derniers partagent leur vision des grands enjeux de demain avec nos clients. Organisé autour des thématiques clés du secteur de l’assurance et de ses

parties prenantes, ce blog a vocation à en décrypter les grandes tendances et à en commenter l’actualité.

Nous sommes fiers de vous présenter cette première édition des « Cahiers d’Insurance Speaker ». Elle est l’occasion d’une rétrospective de nos meilleurs articles parus sur l’année 2014 : catnat, cyber-risques, eurocroissance, objets connectés… : les transformations majeures du secteur ont été passées à la loupe. Prenons le temps de savourer ensemble ce cru 2014 avant de nous lancer à l’assaut de 2015.

Bonne lecture et à bientôt… sur notre blog Insurance Speaker !

PHILIPPE DAJEAN

Directeur associé

ÉDITO

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SOMMAIRE

Réglementaire

Risques

Marketing & Développement

Nouvelles technologies

Acteurs & Marchés

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CHAPITRE N°1

RÉGLEMENTAIRE

P. 06 SOLVABILITÉ 2 : ENJEUX ET CONTRAINTES POUR LES ASSUREURS

P. 10 QUEL FINANCEMENT POUR LES RETRAITES EN FRANCE ?

P. 14 ADOPTION DE LA LOI HAMON : QUELS CHANGEMENTS POUR LES ASSUREURS ?

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SOLVABILITÉ 2 : ENJEUX ET CONTRAINTES POUR LES ASSUREURS

Par Matthieu Mottin - 3 mars 2014

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La directive européenne hante actuellement l’esprit des acteurs du monde de l’assurance, étant donné la charge et le coût nécessaires à la mise en conformité. Et ce, pour tous les corps de métiers : informatique, comptabilité, finance, services techniques. Critiquée par certains comme étant trop rigide ou perçue parfois comme le tribut imposé aux assureurs pour éviter les dérapages dont le monde de la banque a souffert, peut-elle se révéler comme un réel atout pour l’activité opérationnelle et son pilotage ? Contrainte réglementaire ou levier stratégique pour les assureurs, voici un aperçu qui permettra de démystifier la directive Solvabilité 2.

LES ENJEUX DE LA DIRECTIVE SOLVABILITÉ 2 Établie par l’EIOPA, superviseur assurantiel européen, la directive Solvabilité 2 a pour but d’harmoniser et de soutenir le marché de l’assurance européen, en garantissant la solvabilité des assureurs, c’est-à-dire leur aptitude de faire face à leurs engagements envers les assurés. Elle introduit une approche nouvelle sur la manière de valoriser le bilan ainsi qu’un système global de gestion des risques.

Pour optimiser la performance et réduire le risque de faillite dans le secteur de l’assurance, la directive se structure en trois piliers.

Pilier 1 : les exigences quantitatives Pour donner une vision de la solvabilité des assureurs et pour harmoniser les données des différents acteurs européens, l’EIOPA a mis en place deux indicateurs de la solvabilité :

• Le MCR (Minimum Capital Requirement) : niveau de fonds propres minimal en dessous duquel les intérêts des assurés se verraient sérieusement menacés si l’entreprise était autorisée à poursuivre son activité. Ainsi, si les capitaux propres d’une entreprise deviennent inférieurs au MCR, le régulateur interviendra automatiquement pour mettre en place un plan de redressement.

• Le SCR (Solvency Capital Requirement) : niveau de capital nécessaire à la continuité d’activité, et plus précisément niveau de capital qu’il faut posséder a minima pour limiter la probabilité de ruine de l’assureur à moins de 0,5 % par an.

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Pour donner une vision de la solvabilité qui soit la plus fiable possible, de nouvelles normes de calcul ont été définies. Ainsi, on passe d’une évaluation des capitaux en valeur comptable (selon les normes IFRS) à une évaluation « best estimate » qui intègre la notion d’expérience du portefeuille dans les calculs. Les calculs d’actifs, de fonds propres et de provisions sont donc plus adaptables aux portefeuilles des différents assureurs.

Pilier 2 : les exigences qualitatives Ce pilier implique la mise en place d’un dispositif interne de maîtrise de tous les risques (financiers, techniques, opérationnels) auxquels peut être confronté un assureur, pour qu’à tout moment il puisse avoir une vision précise de l’état de sa solvabilité. Et les régulateurs nationaux contrôleront ces systèmes de maîtrise des risques, qui reposent sur les principes suivants : mise en place de fonctions clés (Actuariat, Audit interne, Conformité et Gestion des risques), gouvernance saine prudente et effective, politique de qualité des données, mise en place de l’ORSA (Own Risk and Solvency Assessment), dispositif interne de maîtrise des risques.

Pilier 3 : la communication financière Ce pilier introduit le principe de discipline de marché, les exigences sont la publication d’informations précises sur l’activité de l’assureur.

L’ensemble des acteurs européens doit renseigner les mêmes types de modèles, permettant une meilleure transparence du marché et une comparabilité simplifiée entre les acteurs. Ces informations doivent être fournies périodiquement par le biais de deux types de document, à transmettre par l’assureur :

Des rapports « narratifs », qui donnent une vision descriptive de la politique prudentielle mise en place par l’assureur : le SFCR (Solvency Financial and Condition Report) et le RSR (Regulator Supervisory Report).

Des reportings quantitatifs, appelés QRT. Il s’agit de tableaux de bord dont les données ont été définies par l’EIOPA. Ils couvrent les principaux domaines d’activité d’un assureur : gestion d’actifs, provisions techniques, fonds propres, bilan, programme de réassurance, analyse de variations…

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Réglementaire

LES IMPACTS SUR LES ENTREPRISES Souvent critiquée sur son approche trop prudentielle pouvant être un frein pour les assureurs, la Directive Solvabilité 2 a néanmoins donné lieu à beaucoup de travaux pour la mise en conformité chez tous les acteurs. Les différentes études d’impact ont d’ailleurs montré que les assureurs du marché français ont un niveau de capitaux propres qui est quasi constamment au-dessus des exigences prudentielles, et ce près de deux ans avant l’implémentation de la Directive.

De manière générale, l’ampleur des travaux déjà entrepris ou encore en cours pour se mettre en conformité à la Directive est très importante.

En effet, les assureurs sont confrontés à des thématiques nouvelles pouvant pousser à revoir les outils informatiques dans leur globalité. C’est particulièrement le cas sur la récolte des données nécessaires à l’élaboration des QRT.

Mais force est de constater que ces travaux de mise en conformité peuvent représenter l’occasion pour

les assureurs de s’interroger sur leur système de pilotage, et que les apports peuvent aller au-delà de la simple mise en conformité.

Certains acteurs pourront donc utiliser ces travaux pour adapter également leurs outils de pilotage et éprouver la performance de leur système d’information.

Au-delà des contraintes imposées, Solvabilité 2 doit s’avérer bénéfique pour les assureurs, en mettant les travaux à profit pour une refonte de la politique prudentielle, avec de réels apports en termes de maîtrise des risques et de qualité de données.

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QUEL FINANCEMENT POUR LES RETRAITES

EN FRANCE ?

Par Francis Vuillier - 18 septembre 2014

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Tenter de répondre à cette question tourne vite au débat idéologique en France. Fière de la tradition de solidarité dans laquelle s’inscrit le système de retraite par répartition, elle se cabre volontiers lorsqu’elle est acculée à des réformes qu’elle sait pourtant imposées par les évolutions démographiques et économiques. Voici quelques clés pour mieux comprendre les dispositifs de retraite existant en France et appréhender avec plus d’objectivité ce grand défi qu’est l’avenir du financement des retraites.

DEUX GRANDS SYSTÈMES DE RETRAITE... SUR TROIS PILIERS Le 1er pillier couvre le régime général de la sécurité sociale, obligatoire, dont le régime dit « de base », qui est un système par répartition. Les contrats collectifs de retraite supplémentaire, appartenant à la catégorie de l’épargne retraite entreprise, constituent le 2ème pilier. Le 3ème pilier, enfin, couvre les contrats individuels de retraite complémentaire. Les 2ème et 3ème piliers appartiennent au système de retraite par capitalisation.

Les dispositifs de retraite par répartition (1er pilier) Reposant sur la solidarité et l’équité, la retraite par répartition comprend deux niveaux.

Le régime général de base, obligatoire et concernant l’ensemble des salariés du secteur privé ; il est financé par les cotisations salariales, les cotisations patronales et est subventionné par l’État.

Les différents régimes de retraite complémentaire obligatoires regroupant des catégories de travailleurs et gérés par différentes caisses ou fédérations. Ils assurent un complément de retraite aux crédirentiers de la retraite de base, financé par les cotisations et abondé par l’État. Leur fonctionnement en points les classe de facto dans la catégorie « à cotisations définies » : le cotisant connaît la valeur du point en phase de cotisation, mais pas encore la valeur qu’il aura atteint lors du calcul du montant de sa pension de retraite (sa valeur dite « de service »).

Le principe de la retraite par répartition est qu’à un instant T, les cotisations des actifs financent les pensions des anciens cotisants à la retraite. Le montant d’une pension est calculé sur la base des salaires de référence du cotisant et est

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soumis à conditions (durée de la période de cotisation, événements de carrière, par exemple). Pour autant, la mutualisation reste le principe régissant ce régime basé sur la solidarité intergénérationnelle, et qui de plus garantit un montant minimum de pension de retraite aux personnes ne pouvant bénéficier d’une retraite à taux plein.

Les dispositifs de retraite par capitalisation (2ème et 3ème pilier) L’adhérent à un contrat d’épargne retraite constitue au cours de sa vie professionnelle un capital en versant des primes régulières ou exceptionnelles qui sont investies sur des supports financiers. Lorsque l’adhérent atteint l’âge de la retraite, son capital valorisé est converti en revenu sous la forme d’une rente qui peut être viagère et réversible à son conjoint survivant ou ses héritiers, ou sous la forme d’un versement unique, en fonction des modalités prévues au contrat. L’épargne acquise peut également être débloquée avant l’âge de la retraite en cas de survenance d’événements, là encore prévus au contrat.

Ces contrats d’épargne retraite peuvent être collectifs ou individuels et sont commercialisés et gérés par les Compagnies d’Assurance, les Instituts de

Prévoyance ou les Mutuelles. Ils sont régis par le Code Général des Impôts et le Code des Assurances qui en fixent les modalités.

Les contrats collectifs de retraite supplémentaire. Ces contrats appartiennent à la catégorie des contrats collectifs d’épargne retraite entreprise. Ils sont souscrits par une entreprise pour le compte de ses salariés, ou une partie d’entre eux, qui en sont les adhérents et qui alimentent un fonds collectif placé en valeurs mobilières auquel l’entreprise abonde, et duquel seront désinvesties les prestations dues aux adhérents sortants. Ces contrats fonctionnent à la fois sur le principe de la capitalisation avec un lien mécanique entre le montant des primes versées par un adhérent et celui des prestations dont il bénéficiera, mais avec une dose de mutualisation puisque le risque est partagé au niveau d’un groupe avec une gestion du risque de type assurantiel, auxquels peuvent s’ajouter des garanties de prévoyance.

Les contrats individuels d’épargne retraite. Ce sont des contrats d’épargne retraite par capitalisation, souscrits à titre individuel et facultatifs, dont les modalités sont régies, comme les contrats d’assurance retraite collectifs, par un cadre fiscal et par le Code des

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Assurances : types et conditions de versements en période d’activité, gestion de l’investissement, éventuelles conditions de sortie anticipée, régime fiscal appliqué aux cotisations et aux prestations.

UNE ÉVOLUTION DU DOSAGE RÉPARTITION/CAPITALISATION EST-ELLE EN COURS ? Quels que soient les ajustements apportés au système de financement des régimes de retraite par répartition afin d’en limiter les déficits comptables et à terme en assurer la pérennité, le montant des pensions de ces régimes ne peut être maintenu à sa hauteur actuelle et son érosion se poursuivra.

Cette diminution progressive du taux de transformation (le ratio montant de la pension de retraite/revenu de référence) est-elle inéluctable ? Oui, sauf à demander aux actifs de tels efforts pour le maintenir à son niveau actuel qu’ils seraient tentés de remettre en question le dogme tout français : « défendre le système de la répartition est courageux et généreux, développer la capitalisation est le choix de libéraux sans cœur à l’égard des plus démunis ». Cet effort ne leur est et ne leur sera pas demandé. Le montant des pensions de retraite par répartition continuera à diminuer.

Mécaniquement, les personnes les plus exposées aux aléas économiques n’auront pas les moyens de s’offrir une retraite supplémentaire pour pallier la baisse du montant de la pension du régime général qu’ils percevront lorsqu’ils seront retraités. Les plus prévoyants et les plus favorisés économiquement adhèreront ou adhèrent déjà à un ou plusieurs contrats d’assurance retraite par capitalisation.

Même si, en 2013, la part des dépenses publiques consacrée aux retraites par la France est l’une des plus fortes des pays de l’OCDE, la part de la capitalisation dans les retraites des Français augmentera inexorablement.

L’avenir de la retraite en France ? C’est La Cigale et la Fourmi.

Une version plus détaillée de l’article est disponible sur Insurance Speaker.

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ADOPTION DE LA LOI HAMON : QUELS CHANGEMENTS

POUR LES ASSUREURS ?

Par Matthieu Mottin - 24 février 2014

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La loi de consommation, appelée également loi « Hamon » a été adoptée le 13 février 2014 par le Sénat. Cette loi, qui modifie les rapports entre professionnels et consommateurs dans l’objectif de donner plus de pouvoir d’achat à ces derniers, impacte fortement le modèle stratégique jusqu’à présent connu du secteur de l’assurance français. Éclairage sur les changements que cette nouvelle loi va entraîner pour les assureurs français : quels avantages et quels bénéfices tirer de ce texte qui ne fait pas l’unanimité ?

LA LOI HAMON APPLIQUÉE AU SECTEUR DE L’ASSURANCE La loi de consommation, mise en place pour garantir les intérêts des consommateurs face aux professionnels, cible directement les acteurs du monde de l’assurance et particulièrement les conditions de résiliation des contrats d’assurance. Le principe est simple : permettre aux assurés de faciliter la résiliation de leur contrat, sans préjudice financier.

Ainsi, pour les contrats automobile, moto, MRH et pour les contrats affinitaires (associés à l’achat d’un bien ou d’un service comme la téléphonie mobile par exemple), l’assuré peut

désormais résilier son contrat à tout moment de l’année, après un an d’ancienneté et sans désavantage financier : on parle alors de résiliation infra-annuelle.

Cette loi vient bouleverser les pratiques existantes sur le marché de l’assurance, car auparavant, l’unique moment de résiliation était la date anniversaire du contrat. Le modèle de l’assurance automobile et MRH français en tant que tel se trouve donc déstabilisé au profit du consommateur.

DES BÉNÉFICES POUR LES CONSOMMATEURS… Cette facilité de résiliation vise à limiter l’augmentation des prix pratiqués par les assureurs ainsi que les contraintes qui lient les assurés à leur assureur, en augmentant les possibilités pour le consommateur de se tourner vers la concurrence. Toutefois, ce n’est pas dans les habitudes des Français de changer constamment de contrat ; ils préfèrent établir un lien avec un interlocuteur expert afin d’échanger sur les garanties couvertes par les contrats et les modalités de remboursement. Ce qui est d’autant plus vrai dans le domaine de l’assurance dont la complexité n’est plus à démontrer.

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Et pour savoir si les consommateurs préfèrent changer tous les deux ans d’assureur, prenant ainsi le risque de souscrire à des contrats qui ne correspondent pas à leurs besoins (choix précipités, peu ou mal conseillés…), il faudra attendre le bilan de fin d’année, d’ailleurs très attendu.

Les comparateurs de prix sur internet seront probablement les grands gagnants de cette loi. Lors d’un désaccord avec un assureur ou dans l’optique de trouver un contrat plus avantageux, l’assuré ira comparer les prix du marché sur internet, qui affiche des prix jusqu’à 40 % moins chers mais sans aucune relation de proximité avec l’assureur.

Concernant les contrats santé, une transparence de la couverture est obligatoire. Pour les actes et frais de soins les plus couramment pratiqués, le remboursement en euros et le montant explicite du reste à charge devront ainsi être accessibles aux assurés. Et non plus en % BR ou FR-SS, comme actuellement.

MAIS LES PROFESSIONNELS RESTENT INQUIETS L’assurance dommage dont fait partie l’automobile et la MRH est déficitaire pour l’année 2013, le montant des sinistres versés étant supérieur aux primes perçues. À partir de ce constat, il faut s’attendre à un bouleversement de son modèle et de sa stratégie, auquel vient s’ajouter maintenant la loi de consommation. Le business model de l’assurance dommage devrait donc inéluctablement évoluer : l’assureur devra veiller à sécuriser son portefeuille existant en accentuant la qualité du service client tout en allant à la conquête de nouveaux adhérents.

Les assureurs devront également faire face à de forts mouvements au sein de leur portefeuille. Habitués à un faible turnover, ils seront amenés à prendre certaines mesures pour faire face à ces changements afin de segmenter leur portefeuille et proposer des contrats ciblés : mesures tarifaires plus sophistiquées, étude du niveau de fidélité, individualisation des primes, adaptation aux offres concurrentes…

Certes, la France n’est pas encore au même stade que les pays anglo-saxons où le taux de résiliation avoisine les

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60 % en raison de leur modèle avec tacite non-reconduction du contrat (clôture du contrat si l’assuré ne se manifeste pas). Néanmoins, selon l’argus de l’assurance, il faut s’attendre d’ici deux ans à un turnover sur les contrats automobile de 25 % au lieu de 14 % actuellement.

Enfin, l’actualité brûlante du moment au sujet de ce texte revient au secteur de l’optique que la loi vise à libéraliser en vue d’en diminuer les tarifs et de faire entrer plus de concurrence via internet. Si la France accuse des prix de lunettes très supérieurs à ses voisins européens, les opticiens voient malgré tout d’un très mauvais œil l’accord d’ouverture des fonds de commerce prévu dans le cadre de la loi à des personnes non diplômées. Cela se traduirait selon eux par des pertes d’emplois en masse. Pourtant cette mesure pourrait favoriser l’essor des ventes de lunettes sur internet et ainsi faire baisser significativement les prix pour les consommateurs.

La loi de consommation, parue au journal officiel le 31/12/2014, risque bien de changer en profondeur les pratiques des assureurs. À quand une extension de la résiliation infra-

annuelle de cette loi sur les contrats individuels santé et prévoyance des consommateurs afin de leur donner plus de liberté ?

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RISQUESP. 20

CYBER-ASSURANCE, OU QUAND LES CYBER-RISQUES PRENNENT DE L’ASSURANCE

P. 24 LA PROPORTIONNALITÉ DANS SOLVABILITÉ 2 –

MISE EN CONFORMITÉ DES PETITES STRUCTURES AU PILIER 2

P. 28 LES COMPARATEURS D’ASSURANCE EN LIGNE :

QUELS RISQUES POUR LES ASSUREURS ?

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RISQUESP. 20

CYBER-ASSURANCE, OU QUAND LES CYBER-RISQUES PRENNENT DE L’ASSURANCE

P. 24 LA PROPORTIONNALITÉ DANS SOLVABILITÉ 2 –

MISE EN CONFORMITÉ DES PETITES STRUCTURES AU PILIER 2

P. 28 LES COMPARATEURS D’ASSURANCE EN LIGNE :

QUELS RISQUES POUR LES ASSUREURS ?

CHAPITRE N°2

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CYBER-ASSURANCE, OU QUAND LES CYBER-RISQUES PRENNENT DE L’ASSURANCE

Par Martin Descazeaux - 5 mars 2014

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Les cyber-attaques se multiplient, s’intensifient et se diversifient. Ces derniers mois ont été le théâtre de nombreux cas d’attaques cybercriminelles (Target, Vodafone, Orange et plus récemment Sony, Home Depot, BrightSide ou JP Morgan Chase...).

Pour n’en détailler que deux, Vodafone Allemagne s’est fait subtiliser les noms, adresses, dates de naissance, sexes et coordonnées bancaires de deux millions d’abonnés, et Target s’est fait dérober 40 millions de données bancaires et 70 millions de données client… Et comme le montre la crise Sony, le coût de gestion de ce type de crise est très élevé : pertes d’exploitation, frais d’expertise technique pour endiguer la crise et déterminer les caractéristiques de l’attaque, frais de notification client, frais de justice, compensation financière, amendes…

Espérons que ces sociétés aient au préalable souscrit une assurance leur indemnisant la plupart de ces coûts !

QU’EST-CE QUE LA CYBER-ASSURANCE ? En quelques mots, on peut définir la cyber-assurance comme un produit d’assurance visant à permettre à une entreprise d’être indemnisée des dommages immatériels qu’elle subit ou fait subir à un tiers du fait d’une introduction, suppression, altération ou vol de données sur son système d’information.

Les frais pris en charge sont variés : pertes directes, frais d’expertise technique, frais de justice, frais de notification client, frais de préservation /restauration de l’image, frais de surveillance des données, frais d’extorsion… et les montants de garanties sont élevés (environ 20M€ par assureur et jusqu’à plusieurs centaines de millions d’euros en réalisant des montages d’assurances).

Outre son avantage purement financier, fonction inhérente de l’assurance, la cyber-assurance a également l’attrait de mettre à disposition, pour la plupart des assureurs, un réseau d’experts (investigation numérique, communication, avocats…) capable d’intervenir rapidement pour gérer la crise, ce qui peut ainsi en diminuer les impacts.

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LES LIMITES DE LA CYBER-ASSURANCE Ces assurances peuvent cependant avoir certaines limites, notamment sur le périmètre de couverture. Les coûts liés à la perte de clientèle ou à la chute du cours de la bourse ne seront par exemple pas couverts. De même, une cyber-attaque qui aurait des impacts matériels (sur les SI industriels / systèmes SCADA par exemple, type Stuxnet en Iran) ne serait couverte qu’en partie : l’ensemble des frais matériels ne sont pas nécessairement pris en charge (et il est probable que l’assurance tous risques informatiques de l’entreprise comporte une exclusion sur les cyber-attaques). Il est donc important de tester la couverture de la police en utilisant des scénarios concrets d’attaques et en analysant ce qui est couvert et ce qui ne l’est pas.

Cependant, au vu de la demande croissante des clients d’indemniser ce type de coûts, les contrats sont en train d’évoluer, et notamment en ce qui concerne les frais matériels et humains. Suivant l’évolution outre-Atlantique, les assureurs commencent à proposer en France des offres étendant le cadre classique de la cyber-assurance afin d’indemniser ces coûts.

LA CYBER-ASSURANCE, POUR QUI ET POUR QUELS BESOINS ? Quoiqu’il en soit, lorsqu’une entreprise est potentiellement exposée à ce type d’attaque et qu’elle gère des données sensibles, la question de la cyber-assurance doit être étudiée.

Au même titre que l’on peut s’assurer contre un incendie, pourquoi ne pas s’assurer contre une cyber-attaque ? Lors de cette étude d’opportunité, il conviendra d’effectuer une analyse de risques pour déterminer les risques résiduels et les confronter avec les assurances déjà souscrites par l’entreprise, afin de déterminer ce qui est déjà couvert et ce qu’il reste à couvrir.

Deux cas se présentent alors : l’entreprise a la capacité d’absorber ces coûts ou elle ne l’a pas. A priori, une grande entreprise souhaitera principalement se prémunir contre une attaque majeure dont les coûts associés seraient trop importants pour qu’elle puisse les absorber. Dans ce cas, les montants de garanties souscrites et la franchise sont alors élevés. À la différence des PME qui souhaiteront plutôt s’assurer contre tous les types d’attaque, n’ayant pas nécessairement les ressources pour absorber l’ensemble des coûts.

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Elle choisira alors un contrat avec une franchise faible et un apport d’expertise.

Finalement, dans le contexte de risque actuel, la cyber-assurance apparaît comme étant une solution intéressante pour de nombreuses entreprises, en apportant une indemnisation financière en cas d’attaque, ainsi qu’un apport d’expertise rapide qui lui permet d’en limiter les impacts.

Cependant, la souscription requiert un arbitrage entre l’exposition de l’entreprise, son niveau d’expertise sécurité, le risque résiduel à couvrir, les garanties proposées et le montant de la prime annuelle. Pour ce faire, une évaluation devra être menée conjointement par les fonctions de gestion des risques et les responsables sécurité de l’information, afin de permettre une décision en toute connaissance de cause par la direction générale.

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LA PROPORTIONNALITÉ

DANS SOLVABILITÉ 2 : MISE EN CONFORMITÉ DES PETITES

STRUCTURES AU PILIER 2

Par Mathieu Couturier - 16 septembre 2014

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La nouvelle réglementation européenne Solvabilité 2 devra bientôt être ratifiée par les pays membres afin d’être effective en 2016. Cette réglementation fait toujours l’objet de vives critiques, notamment auprès des petites structures. Ces dernières pointent ainsi sa complexité et la lourdeur de sa mise en place. Elles redoutent notamment la remise en cause de leurs modèles de gouvernance. Le secteur de l’assurance compte en effet beaucoup d’entités de tailles très différentes pour lesquelles le respect des exigences peut s’avérer très difficile et onéreux.

PILIER 2 : DES EXIGENCES DIFFICILEMENT RESPECTABLES POUR LES MUTUELLES Parmi les exigences relatives à la gouvernance de la structure et aux compétences des dirigeants, trois d’entre elles s’avèrent particulièrement délicates à respecter pour les mutuelles :

Exigences sur les compétences et l’honorabilité. Ce principe stipule que chaque membre des conseils doit avoir les compétences pour siéger dans les instances. Les administrateurs des mutuelles étant des bénévoles, ce type de restriction sur les compétences pourrait entraîner un déficit de candidats.

Le respect du principe des « quatre yeux ». Ce principe stipule que deux personnes en charge de la « direction effective » doivent être désignées dans le respect de l’exigence de compétences et d’honorabilité. La directive ne précise pas qui doit les nommer. Dans le cas d’une nomination par la direction générale et la direction générale adjointe, les petites structures pourraient voir leur modèle de gouvernance mis à mal car elles ne seraient pas en mesure de respecter l’exigence sans faire évoluer leur gouvernance.

L’évolution de la gouvernance pour créer l’organe d’administration, de gestion et de contrôle. Cet organe, responsable de l’application de la réglementation, pourrait être composé du conseil d’administration et de la direction générale. Or, de nombreuses petites structures ne disposent pas des bons niveaux de compétences au sein de ces instances.

Le respect de ces exigences pourrait être source de risques financiers compte tenu des investissements nécessaires mais également source de risques organisationnels voir de mise en danger de la pérennité des structures.

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LA PROPORTIONNALITÉ : UN ÉLÉMENT DE RÉPONSE DIFFICILE À METTRE EN PLACE Le principe de proportionnalité est inscrit dans l’ensemble des traités et directives de l’Union Européenne. Pour les entreprises, la transposition des directives doit faire l’objet d’une application au plus juste en intégrant les besoins et contraintes de l’entreprise. L’objectif est de ne pas « surcharger » la structure en matière de conformité réglementaire.

Les petites structures doivent d’autant plus appliquer le principe de proportionnalité que leur business model est simple.

La proportionnalité semble être le « Saint Graal » pour les petites structures. Pourtant, ce principe a été pendant longtemps la victime des foudres des associations représentatives. En effet, malgré de récentes évolutions, la réglementation reste peu précise sur l’application de la proportionnalité.

Aujourd’hui, c’est aux assureurs de juger du niveau de proportionnalité nécessaire à mettre en œuvre et d’apporter la justification de cette pertinence au régulateur.

MISE EN ŒUVRE DU PRINCIPE DE PROPORTIONNALITÉ : LES BONNES PRATIQUES L’intégration de la proportionnalité doit être adaptée aux contraintes individuelles. Par conséquent les modalités de mise en application diffèrent d’une structure à une autre.

Néanmoins, certaines bonnes pratiques peuvent être respectées afin de limiter l’exposition aux risques et mettre en application la directive « sereinement ».

Empêcher toute déstabilisation de l’organisation et de la gouvernance L’objectif de la mise en œuvre de la proportionnalité est d’assurer une bonne couverture des risques de l’entité sans remettre en cause ou fragiliser son organisation. L’ACPR a d’ailleurs publié des directives « macro » relatives aux points de gouvernance pouvant être source de blocage pour les petites structures.

Limiter la facture de mise en conformité… Il est nécessaire de maximiser l’utilisation des dispositifs existants pour limiter les investissements coûteux. Ainsi, la mise en place des fonctions clés telles que l’audit pouvant engendrer des coûts RH

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importants, des mutualisations peuvent être effectuées. Par exemple en faisant supporter le contrôle interne et le risk management par la même équipe, ou en nommant des auditeurs internes directement issus du métier de la structure…

... et choisir la bonne stratégie pour sa captive La question des captives est un point épineux pour l’ensemble des structures. Compte tenu de leur statut d’assurance, elles sont dans l’obligation de respecter les exigences de Solvabilité 2. Par conséquent, une mise en conformité peut s’avérer nécessaire.

Pour les petites structures, les difficultés sont très complexes et nombre d’entre elles ne seront pas en mesure d’atteindre le niveau de solvabilité. Ainsi, des questions doivent se poser pour choisir la stratégie adaptée : suppression de la captive, fusion avec d’autres captives ou diversification des risques.

Empêcher l’émergence d’une multitude de projets et de sous-projets Le plus grand danger de Solvabilité 2 et de la mise en conformité au Pilier 2 pour les petites structures est la tentation d’initier en parallèle de nombreux chantiers dépendants les uns des autres. Contrairement aux grosses structures, les petites structures doivent lancer de nombreux chantiers couvrant presque l’intégralité des exigences de Solvabilité 2. Il est donc nécessaire de sélectionner les chantiers à prioriser et de définir un plan d’actions pragmatique.

La mise en conformité aux exigences de gouvernance et plus globalement au Pilier 2 va s’avérer difficile pour les petites structures. La proportionnalité permettra sans aucun doute de faciliter cette tâche mais les instances représentatives devront être vigilantes sur ces aspects lors de la transposition de la directive.

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LES COMPARATEURS D’ASSURANCE EN LIGNE : QUELS RISQUES POUR LES ASSUREURS ?

Par Abderrahim Assab - 29 avril 2014

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La monté en puissance des comparateurs d’assurance s’explique par la forte sensibilité au prix des consommateurs en ligne. Sensibilité probablement développée en utilisant d’autres services de comparaison du même type. Elle pourrait également s’expliquer par le besoin de bénéficier d’une meilleure couverture contre les sinistres.

Quelle que soit la motivation du consommateur, l’argument des comparateurs semble toujours être le même : le prix. Le consommateur est ainsi encouragé à changer plus souvent d’assureur pour obtenir les meilleurs tarifs.

Cette posture n’est pas en adéquation avec les intérêts et les enjeux des assureurs, qui pour leur part, souhaitent s’inscrire comme des partenaires durables.

Quels sont donc les risques, pour les assureurs, introduits par les comparateurs d’assurance en ligne ? Et dans quel sens doivent-ils avancer pour recentrer l’attention du consommateur sur la qualité des offres ?

COMPARATEURS EN LIGNE : INTRODUCTION D’UN NOUVEL INTERMÉDIAIRE EN ASSURANCE Les comparateurs d’assurance proposent un service d’assistance en ligne lors de la recherche d’une nouvelle couverture.

Ce sont des intermédiaires en assurance qui doivent être immatriculés au sein du registre des intermédiaires d’assurance et contrôlés par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution.

Par ailleurs, les comparateurs d’assurance sont rémunérés par les assureurs à travers des frais d’intermédiation fixes, facturés à chaque fois qu’un consommateur souscrit une police d’assurance : que ce soit lors d’une souscription directement sur la plateforme, ou lors d’une souscription par téléphone à l’aide d’une référence fournie par le comparateur.

LES COMPARATEURS D’ASSURANCE FAVORISENT LA MOBILITÉ DES ASSURÉS Après avoir recueilli les informations nécessaires à la définition du profil de l’assuré, les comparateurs en ligne proposent à l’utilisateur une liste de polices d’assurances classées par prix. La tarification est donc l’unique

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critère de comparaison adopté par les comparateurs.

Étant donné son mode de rémunération, le comparateur a tout intérêt à ce que le consommateur change d’assureur (frais d’intermédiation). Pour l’encourager, la stratégie marketing est axée sur le prix.

Cette logique va à l’encontre des intérêts des assureurs. L’acquisition d’un nouveau client a un coût (marketing, gestes commerciaux…) qu’il s’agit de rentabiliser en le retenant le plus longtemps possible, baissant ainsi le taux d’attrition.

La rétention des clients sera d’autant plus complexe que la loi sur la consommation adoptée en février 2014 donne désormais aux consommateurs la possibilité de résilier leur contrat à tout moment.

La relation entre les assureurs et leurs clients doit donc évoluer pour s’adapter aux nouvelles règles introduites par les comparateurs en ligne d’assurance.

LES COMPARATEURS D’ASSURANCE FAVORISENT L’ENTRÉE SUR LE MARCHÉ Avant l’entrée en jeux des comparateurs en ligne, la visibilité auprès des clients était synonyme d’investissements lourds :

réseau d’agence important, spots télé coûteux, stratégie digitale complexe… Dans un marché dominé par les acteurs historiques, ces investissements importants représentaient une barrière difficile à franchir pour les nouveaux entrants.

Aujourd’hui ces investissements ne sont plus nécessaires. Pour attirer l’attention du client, il suffit de proposer le prix le plus bas. Ceci permet à des acteurs de niche, de tailles plus petites, de devenir les champions de leur catégorie en proposant des prix compétitifs.

REPRENDRE LA MAIN SUR LA RELATION CLIENT ET RECENTRER LE DÉBAT SUR L’OFFRE ET NON LE PRIX Face à ces risques, l’acquisition massive de nouveaux clients pourrait être une solution. Les assureurs s’engageraient alors dans une guerre des prix dont l’issue n’est pas en faveur des acteurs établis.

Pour les leaders actuels du marché, il s’agit plutôt de se recentrer sur ce qui les distingue réellement : leur portefeuille de clients existants. L’enjeu est donc de sécuriser ce portefeuille et de le valoriser.

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Sécuriser un client, c’est anticiper les phases importantes de la durée de vie de son contrat, comme les dates anniversaires. C’est aussi savoir interpréter les signaux faibles qui indiquent son potentiel départ.

Le valoriser c’est prendre en compte son historique pour lui proposer des solutions personnalisées, en attirant son attention sur les détails de l’offre. Ceci permet de transférer la compétition entre assureurs vers le terrain de la qualité de l’offre.

La qualité de l’offre, c’est aussi ce que les comparateurs d’assurance de demain doivent mettre en avant. En pratique, il s’agit de donner à l’utilisateur la possibilité de sélectionner les services qu’il souhaite comparer.

Cette évolution vers des comparateurs « centrés sur l’offre » peut se matérialiser par des comparateurs en ligne indépendants, ou être impulsée par les compagnies d’assurance elles-mêmes. À l’image d’AXA qui a su prendre les devants en proposant son propre comparateur en ligne.

IMD2, DES EXIGENCES D’INDÉPENDANCE POUR LES COMPARATEURS D’ASSURANCE En lançant son propre comparateur en ligne, AXA fait le pari que les attentes des consommateurs, en termes de produits d’assurance, ne se résument pas au prix et qu’un marché existe pour les comparateurs en ligne de services d’assurance.

Pour autant, le consommateur peut légitimement se poser des questions sur le degré d’indépendance d’un comparateur affilié à un géant comme AXA.

Des problématiques d’indépendance particulièrement suivies par la Commission Européenne.

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P. 34 L’ÉVOLUTION DE LA DISTRIBUTION DANS LA BANQUE ET L’ASSURANCE : DE LA RUPTURE ORGANISATIONNELLE À LA RECHERCHE D’INNOVATION

P. 38 PROJET DE LOI 2014 SUR LA DÉPENDANCE :

QUELLES PERSPECTIVES POUR LES OFFRES PRIVÉES ?

P. 42 LES SURCOMPLÉMENTAIRES : BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN ?

P. 45 EURO-CROISSANCE ET VIE-GÉNÉRATION : UN SUCCÈS INCERTAIN ?

CHAPITRE N°3

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ÉVOLUTION DE LA DISTRIBUTION

DANS LA BANQUE ET L’ASSURANCE : DE LA RUPTURE ORGANISATIONNELLE

À LA RECHERCHE D’INNOVATION

Par Manuel Carty - 21 mai 2014

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Les mutations rapides de l’environnement amènent les organisations à repenser leur modèle de développement. La distribution, en tant que vecteur de production et de livraison de la valeur, occupe une place stratégique. Alors que la mise en synergie des canaux physiques et digitaux met en lumière la complexité de ces enjeux, il apparaît que les principaux défis à relever ne sont pas tant organisationnels que culturels. Les acteurs doivent pourtant trouver des relais de différenciation, dans un contexte où les opportunités d’innovation ne manquent pas !

UN MARCHÉ QUI SUBIT LA PRESSION D’IMPORTANTS FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX La crise financière et économique, les évolutions réglementaires, les nouveaux usages : autant de facteurs qui ont contribué à transformer les modes de distribution. Après avoir opéré un recentrage sur leur activité de détail, puis procédé à de multiples concentrations, les opérateurs bancaires s’attaquent à leur réseau de distribution. L’heure est à la recherche d’authenticité et de transparence, afin de s’inscrire dans une logique de croissance durable. C’est aujourd’hui d’autant plus vrai que les nouvelles technologies ont engendré une

dématérialisation et une virtualisation de nos relations, nous amenant à revoir la notion même de proximité.

L’agence physique occupe un rôle central dans le dispositif relationnel. Aujourd’hui, elle doit s’interconnecter avec les autres canaux dans le but de fluidifier le parcours client. L’optimisation des circuits de distribution permet alors la mise en œuvre d’une relation client répondant aux défis de l’environnement. Le principal challenge d’une banque est donc de remettre le client au centre des orientations. Il s’agira d’offrir le choix du canal au bon moment, en fonction du besoin, avec un service adapté, voire sur mesure.

UNE COMPLÉMENTARITÉ DU DIGITAL ET DU PHYSIQUE À APPRÉHENDER Cette transformation ne date pas d’hier : les banques anglo-saxonnes ont parié dès le début des années 2000 sur la multiplication des nouveaux canaux à des fins d’optimisation et de rentabilité. L’objectif principal de cette démarche était alors de fournir via le web des services à faible valeur ajoutée à « la clientèle de masse », de façon à ce que les agences libèrent du temps pour proposer des services personnalisés à la clientèle haut

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de gamme. Reste que les conséquences de cette stratégie de distribution ne furent pas celles escomptées par les banques anglo-saxonnes, bien au contraire…

UNE PRESSION CONCURRENTIELLE ACCRUE SUR LE SECTEUR BANCAIRE Depuis les années 2000, la concurrence s’intensifie. La multi-bancarisation se développe ; les clients sont à la recherche des meilleurs tarifs et services. Les nouvelles technologies ont contribué à accroître ce phénomène. Le pouvoir de négociation du client vient donc faire pression sur l’environnement. Bien sûr, l’omniprésence de la technologie et le développement des canaux numériques a aussi eu pour conséquence une baisse de fréquentation des agences. Par ailleurs, les nouvelles réglementations (Bâle I, Bâle II puis Bâle III) ont encouragé cette nouvelle donne en privilégiant la captation de l’épargne. Enfin, de nouveaux entrants comme Carrefour viennent concurrencer les banques sur leur propre terrain.

DANS LE DOMAINE DE L’ASSURANCE, UN DÉFI AVANT TOUT CULTUREL Dans le domaine de l’assurance, nous retrouvons bien sûr les mêmes facteurs : appropriation d’internet par

le consommateur, distanciation de la relation, omniprésence des réseaux sociaux ou encore arrivée massive de nouveaux entrants. Il est aujourd’hui de plus en plus difficile de générer du trafic en agence car les comparateurs permettent de se renseigner de manière plus autonome. De plus, les assureurs sont soumis à une forte pression du marché. Enfin, le contexte réglementaire, plus volatile, a accru la concurrence.

Sur ce marché aussi, il est plus que nécessaire aujourd’hui de remettre le client au centre de la relation, de sortir d’une logique de distribution en silos pour viser une imbrication des différents canaux. Ce dernier point reste crucial : il implique aujourd’hui pour les acteurs de ce marché d’opérer d’importantes transformations au sein de leurs organisations et systèmes d’information.

Reste que l’implémentation de véritables stratégies cross canal s’impose avant tout comme un défi culturel et managérial. Cette exploitation des nouveaux canaux ne doit pas se résumer à une simple extension des fonctionnalités et services : elle suppose aussi de réinterpréter et d’accorder les valeurs de la marque.

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UNE CAPACITÉ D’ÉVOLUTION À RELIER AU MODÈLE DE DISTRIBUTION DES ACTEURS La manière dont internet est intégré dans les dispositifs de relation client dépend des modèles de distribution.

Les compagnies traditionnelles ont fait d’internet un canal de soutien à leur réseau d’agents généraux, mais ces évolutions se heurtent à d’importantes barrières organisationnelles.

Pour les mutuelles d’assurance, l’orientation client semble bien imprégnée au sein des équipes et des processus, mais elles doivent faire évoluer leur stratégie de marque dans une logique de distribution cross canal.

Les groupes de prévoyance, pour leur part, ne bénéficiant pas des atouts que peuvent offrir les réseaux physiques importants, peuvent innover en combinant approche physique et digitale.

QUEL NOUVEAU RÔLE DE L’AGENCE PHYSIQUE ? En résumé, nous assistons bien à une rupture des modèles organisationnels, où la distribution, en proie à de profondes mutations, occupe une place de premier rang. Les modèles de développement évoluent et tendent vers un repositionnement du client au centre du dispositif, avec pour ambition parallèle de mieux prendre en compte le caractère systémique de cette approche, et d’innover afin de se différencier.

Dans ce contexte de mise en synergie des moyens, quelle place pour l’agence physique dite « traditionnelle » ? Comment s’intègre-t-elle dans un parcours client remodelé, interactif et digitalisé ? Et surtout, quelle rôle pour le conseiller, toujours pierre angulaire d’une relation client complexe à appréhender ?

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PROJET DE LOI 2014 SUR LA DÉPENDANCE : QUELLES PERSPECTIVES

POUR LES OFFRES PRIVÉES ?

Par Philippe Collenot - 14 février 2014

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Nous connaissons tous, parmi nos proches, des aïeux dont la fin de vie se déroule en établissement médicalisé parce qu’ils ne peuvent plus accomplir seuls les actes de la vie quotidienne. Cette perte d’autonomie, d’origine physique ou mentale, définit l’état de dépendance. Des aides publiques, telle l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), financent partiellement et de façon insuffisante l’aide au maintien à domicile ou l’hébergement en établissement spécialisé. Il reste en moyenne à la charge de la personne plus de 1 400 euros par mois. À horizon 2040, ce reste à charge devrait tripler.

La participation des assurances privées reste mineure. Avec 5,5 millions de contrats, principalement en complémentaire santé dont 40 % sont souscrits à la MGEN, et 550 millions d’euros de cotisations, le marché français de l’assurance dépendance semble peu développé. Ces contrats peuvent être souscrits dans un cadre collectif ou individuel et mettent en jeu une garantie dépendance partielle ou totale complétée par des garanties offrant des services d’assistance (ex : aide-ménagère) ou un capital d’équipement (ex : lit médical électrique).

DISPOSITIFS DE LOI À L’ÉTUDE Dans la perspective d’une législation, les pouvoirs publics ont étudié trois scénarios de financement :

Le premier scénario consiste à favoriser une diffusion de la garantie dépendance, dans des contrats de santé complémentaire, ou d’assurance vie, dans un cadre collectif d’entreprise. Une incitation fiscale à la souscription passerait par une taxe sur les contrats individuels facultatifs qui n’incluraient pas la garantie dépendance.

Le second scénario vise à mettre en place une cinquième branche d’assurance maladie, qui créerait une assurance universelle, obligatoire et gérée par la sécurité sociale par répartition avec des cotisations proportionnelles aux revenus.

Le troisième scénario envisage un système fondé sur une assurance privée universelle obligatoire réduisant très significativement, à terme, la dépense publique. Ce système inciterait à faire cotiser le plus grand nombre à partir d’un âge plancher, avec une aide pour les plus modestes. Les personnes qui ne souscriraient pas, ou très tardivement, se verraient pénalisées. Au moment de

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la dépendance, l’aide publique apportée pourrait faire l’objet d’une récupération sur la succession. Une généralisation de ce type d’assurance permettrait de supprimer la sélection médicale et les délais de carence.

Le second scénario, déjà envisagé depuis de nombreuses années, est proche de celui déjà mis en place en Allemagne, qui a fait l’objet de nombreuses critiques. En effet, ce dispositif ne couvre pas toutes les dépenses et présente des déficits conséquents. De plus ce système se fragilise avec le vieillissement de la population et la baisse du nombre d’actifs cotisants.

Pourtant le président de la république avait déclaré dans son programme de 2012 vouloir maintenir ce scénario. Une manière d’exclure le recours à l’assurance privée. Le discours tenu début 2014 est moins affirmé. Il reporte les choix des conditions de financement, ouvrant ainsi la voie aux solutions de financement mixte, publiques et privées, telles qu’envisagées dans le premier et le troisième scénario.

Quoi qu’il en soit, pour garantir le succès d’un nouveau dispositif, le gouvernement devra faire preuve de pédagogie auprès

de la population afin de faire comprendre à tous notre problématique commune de vieillissement de population et d’expliquer la nécessité de souscrire, sous conditions et de façon encadrée par les pouvoirs publics, des contrats d’assurance « sécurisés » portant une garantie dépendance.

QUELS PROFILS POUR LES FUTURES OFFRES ? Les futures offres pourraient naître des produits déjà existants qui articulent d’une part une garantie complémentaire dépendance partielle ou totale, offrant des services d’aide à la personne, et d’autre part une garantie principale d’épargne, libérant l’épargne accumulée au moment de la dépendance, ou une garantie décès (de type vie entière).

Ces structures d’offres pourraient s’inscrire dans une nouvelle enveloppe fiscale, comme le PEP, autorisant par exemple les transferts de contrats d’un établissement à un autre, sans perte de droits ni frais prohibitifs pour l’épargnant.

Dans un contexte de réorientation souhaitée de l’épargne des ménages et à l’instar des transferts Fourgous, l’État pourrait aussi permettre de transférer /transformer des contrats d’épargne

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monosupport vers les futures offres mêlant épargne et dépendance.

Les pouvoirs publics devront préciser les principes et modalités de conservation sur la durée des droits à la dépendance qui seront acquis par les particuliers cotisants, avec les organismes de contrôle et de représentation de l’assurance.

Il faudra donc rester attentif à l’évolution des débats et autres communications d’État sur cette loi d’orientation attendue depuis… longtemps.

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LES SURCOMPLÉMENTAIRES : BEAUCOUP DE BRUIT

POUR RIEN ?

Par Mélusine Schwartz-Gastine - 20 octobre2014

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La publication du décret sur l’ANI semblait promettre l’émergence des produits surcomplémentaires, en favorisant pour l’assuré le choix d’une couverture à la carte. Dix-huit mois après, constate-t-on un décollage des produits surcomplémentaires ?

POURQUOI DES SURCOMPLÉMENTAIRES ? Les contrats collectifs remboursent mieux que les contrats individuels. Partant de ce constat, l’Accord National Interprofessionnel (ANI) qui prendra effet le 1er janvier 2016 vise à assurer une meilleure protection sociale des salariés en généralisant à l’entreprise l’assurance collective en santé et prévoyance. En réalité cet accord concerne environ 4 000 000 salariés qui ont un contrat individuel et qui travaillent principalement dans les TPE/PME.

Les entreprises vont probablement privilégier un contrat complémentaire avec des garanties a minima et laissera aux salariés le soin de souscrire des garanties supplémentaires afin d’être mieux remboursés. Ce contrat dit surcomplémentaire interviendrait donc pour rembourser en troisième niveau, après le quittancement du régime obligatoire et complémentaire.

Une possibilité s’offre alors aux entreprises : négocier des produits surcomplémentaires à ses salariés.

L’ANI BOULEVERSE LE MARCHÉ DE L’ASSURANCE Avec l’ANI, le secteur de l’individuel se trouve fortement impacté et il en résulte chez les organismes assureurs le basculement du portefeuille individuel vers le collectif. Les assureurs et institutions de prévoyance ont déjà leurs marques dans le secteur collectif. Ils possèdent des réseaux de distribution et de produits individuels concurrentiels contrairement aux mutuelles ou bancassureurs qui se sont positionnés principalement sur le secteur individuel. Ces derniers temps, on assiste à des rapprochements entre acteurs de secteurs disjoints, afin de transférer de façon contrôlée le portefeuille individuel dans celui collectif de leur partenaire.

POUR LES ORGANISMES ASSUREURS, LE CHANGEMENT C’EST MAINTENANT Si les assureurs souhaitent être prêts, ils doivent dès à présent analyser les changements qui s’opéreront dans le secteur et définir leur stratégie de rentabilité. D’autant plus que cette surcomplémentaire échappe aux contrats

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responsables et en contrepartie sera taxée deux fois plus, à hauteur de 14 %.

La rentabilité de ces contrats surcomplémentaires seuls pour les acteurs n’apparaît pas évidente à moins de les coupler aux contrats collectifs et ainsi diminuer les coûts de gestion en mutualisant. Actuellement les acteurs ont déjà commencé à commercialiser ou à refondre leurs produits individuels dans l’objectif d’attirer les assurés de leur portefeuille collectif. En parallèle, les contraintes techniques liées à leurs systèmes d’information et à la gestion spécifique de la surcomplémentaire sont des chantiers complexes à analyser.Le virage de l’ANI est d’autant plus risqué qu’il n’arrive pas seul : les contrats responsables et les catégories objectives sont également à mettre en place.

QUELS AVANTAGES POUR LES SALARIÉS ? Au vue de la situation économique actuelle, les dépenses pour les frais de santé des ménages sont l’un des premiers budgets réduits. Il est à prévoir que peu d’entre eux souscriront à des contrats supplémentaires. À moins qu’ils ne soient pris en charge partiellement par l’employeur, et deviennent alors attractifs. On observe la prolifération des contrats

modulaires pour attirer le futur assuré sur les garanties spécifiques propres à son besoin.

Cependant, cette tendance n’aidera pas à stabiliser les résultats techniques des acteurs du marché ni à conserver les valeurs mutualistes véhiculées et régies par le principe de l’Assurance. D’autant plus qu’il est à supposer que les assurés souscriront à ces garanties sur une période courte, correspondant à leur situation. De plus, au sein des entreprises, les surcomplémentaires pourraient être considérées comme un moyen de récompenser les meilleurs collaborateurs suivant certains critères RH (mérite, etc.).

UN DÉCRET MITIGÉ L’objectif de l’ANI est d’obliger les entreprises à assurer une meilleure protection de leurs salariés. Cependant il apparaît très nettement que celle-ci ne résout en rien les inégalités entre les salariés et tend même à les accroître. En effet les grandes entreprises, de par leur taille, leur poids et le chiffre d’affaires qu’elles rapportent aux organismes assureurs, ont déjà négocié un contrat d’assurance complémentaire avantageux pour leurs salariés. Elles pourront également proposer des surcomplémentaires privilégiées.

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EURO-CROISSANCE ET VIE-GÉNÉRATION :

UN SUCCÈS INCERTAIN ?

Par Dalila Moustaghfir - 25 février 2014

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L’en-cours de l’assurance-vie représente 1 400 milliards d’euros en 2012, soit 40 % de l’épargne financière des ménages (et 1 454,8 milliards d’euros à fin octobre 2013). Actuellement, 80 % de ces sommes sont placées sur des supports garantis et disponibles à tout moment (fonds en euros). Or, les fonds en euros sont de moins en moins rentables pour les assurés : d’après la FFSA, le rendement n’est plus que de de 2,80 % en 2013 contre 4 % en 2008. Comment les assureurs vont-ils éviter le désistement des épargnants ?

LES MESURES D’INCITATION DU GOUVERNEMENT : VIE-GÉNÉRATION & EURO-CROISSANCE La loi de finance 2014 propose deux nouveaux contrats d’assurance vie : « euro-croissance » et « vie-génération ». L’objectif de l’État est d’inciter les épargnants à participer au financement de l’économie, et en particulier des PME.

Ces contrats proposent donc aux épargnants de transférer une partie de leur encours sur ces nouveaux contrats, en conservant le bénéfice de l’antériorité fiscale.

Sachant que les deux tiers du patrimoine financier sont détenus par 10% des ménages, l’État a créé le contrat « vie-génération », taillé sur mesure pour ces épargnants. Ce nouveau produit prendra la forme d’un multisupports, exclusivement constitué d’unités de compte (il n’y aura pas de fonds en euros), investies à hauteur d’un tiers au minimum en actions de PME, dans le logement intermédiaire et social et dans les entreprises de l’économie sociale et solidaire.

En contrepartie, le bénéficiaire du contrat profitera, en cas de décès de l’assuré, d’un avantage fiscal sous la forme d’un abattement d’assiette supplémentaire de 20 % qui s’appliquera sur la valeur transmise, avant l’abattement – cumulatif – de 152 500 euros.

Le produit « euro-croissance » est basé sur les mêmes principes que les produits « eurodiversifiés » avec en sus un fonds en euros. L’euro-croissance permet à l’assuré de bénéficier d’un capital garanti s’il reste investi au moins 8 ans.

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QUEL SUCCÈS À VENIR POUR CES NOUVELLES GAMMES DE PRODUIT ? Les acteurs de l’assurance-vie sont partagés sur la réussite de ces produits.

Certains assureurs pensent que ces nouveaux produits vont rendre plus difficile la compréhension du fonctionnement de l’assurance-vie par leurs clients.

D’autres au contraire sont favorables à la mise en place de ces 2 produits.

Le PDG de BNP Paribas Cardif, Pierre de Villeneuve, considère d’ailleurs que l’ « euro-croissance » est « un bon produit pour tout le monde et pas uniquement pour la clientèle patrimoniale. C’est l’un des rares produits sécurisés long terme permettant d’avoir une rémunération fonction du rendement de l’épargne long terme ». Il rappelle également que cette « innovation réglementaire permet désormais de proposer au sein d’un même contrat des engagements en euros, en unités de compte et en diversifié (fonds croissance) ». Il ajoute : « c’est un produit sécuritaire pour le souscripteur et qui offre des sorties à prix de marché ».

De plus, les assureurs sont d’autant plus intéressés par ces nouvelles offres que ce sont de véritables leviers pour transférer le risque vers l’assuré et donc réduire leurs besoins en capitaux propres. Il y a un partage du risque avant et après 8 ans.

Le gouvernement a été autorisé à légiférer par ordonnance pour modifier le code des assurances, afin de mettre en œuvre les principales dispositions de la réforme de l’assurance vie. Les décrets du 4 septembre 2014 ont d’ailleurs donné le top départ du lancement de ces nouveaux produits…

Rendez-vous en 2015 pour un premier bilan !

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NOUVELLES

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OBJETS CONNECTÉS : QUELS ENJEUX POUR L’ASSURANCE DE PERSONNES ?

P. 54 LE BIG DATA DANS L’ASSURANCE :

UNE OPPORTUNITÉ POUR LA RELATION CLIENT

P. 58 LES OBJETS CONNECTÉS,

UNE RÉVOLUTION AU CŒUR DE LA RELATION PATIENT-MÉDECIN

CHAPITRE N°4

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OBJETS CONNECTÉS : QUELS ENJEUX POUR

L’ASSURANCE DE PERSONNES ?

Par Georges Bachette-Peyrade - 27 février 2014

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En 2020, les objets connectés seront au nombre de 80 milliards pour un marché estimé par le cabinet Gartner à 1900 milliards de dollars. Ces chiffres vertigineux confirment la tendance actuelle du tout connecté. Dans l’univers de l’internet des objets, ceux destinés au domaine de la santé tiennent une place conséquente. Comment les assureurs pourront-ils tirer parti de ces innovations dans les années à venir ?

LES OBJETS CONNECTÉS AU SERVICE DE LA SANTÉ Un des derniers produits en vogue nous provient de Withings, avec Smart body analyser, sa balance connectée. Elle vous permet d’analyser l’évolution de votre poids, votre fréquence cardiaque ou encore votre pression artérielle. D’autres dispositifs surfent également sur le Quantified Self, ce mouvement regroupant l’ensemble des systèmes de captation et d’analyse de données biométriques personnelles. Parmi eux, on peut citer les lentilles connectées, projet de Google et Novartis permettant aux diabétiques d’analyser leur taux de glucose via le liquide lacrymal. De nombreux acteurs comme Fitbit, Jawbone ou Nike se sont lancés dans le marché des bracelets ou autres wearable devices pour permettre à leurs utilisateurs de tracer leur activité

physique quotidienne et d’analyser leur mode de vie.

Leurs points communs ? Tous ces dispositifs sont connectés à une application pour smartphone ou tablette afin d’accéder facilement à l’analyse de ses données physiologiques. Ces objets connectés feront demain notre quotidien : la santé 2.0 arrive à grands pas.

QUELS USAGES POUR L’ASSURANCE ? Un des axes stratégiques des assureurs pour les années à venir est la gestion du risque, en raison de contraintes économiques plus fortes. Tous les acteurs du monde de la santé mènent des campagnes de prévention afin de réduire leurs risques et donc le nombre de prestations. Les objets connectés, par leur simplicité d’utilisation, leur précision et leur côté ludique sont un formidable outil de sensibilisation auprès des utilisateurs. Un mode de vie plus sain est synonyme d’un risque moindre pour l’assureur.

Une fois « connecté », chaque assuré peut faire l’objet d’un suivi personnalisé. À cela s’ajoute la possibilité pour l’assureur, en communiquant sur ces nouveaux usages, de promouvoir son image : à la fois moderne et soucieuse de ses clients.

Nouvelles technologies

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Cibler une population technophile, donc jeune, a aussi l’avantage de présenter des risques moindres.

On peut également citer l’émergence du Big data qui pourrait fournir aux assureurs des données statistiques pertinentes pour détecter par exemple la diffusion d’épidémies et en contrôler les risques.

L’assurance de personnes se rapprochera-t-elle du Usage-Based Insurance beaucoup utilisé dans l’assurance auto ? Ce concept permet à chacun de payer son assurance auto en fonction de l’utilisation qu’il fait de son véhicule. Peut-on mettre en place une tarification qui dépend de la sanité du mode de vie de chaque assuré ?

ENJEUX ET OBSTACLES Ces pistes soulèvent néanmoins un certain nombre de défis de taille.

Le premier est celui du respect de la vie privée des utilisateurs. La mise en place de systèmes de monitoring de l’état de santé des assurés n’est pas sans embûches. D’une part, la CNIL encadre et contrôle fortement la communication de données de ce type aux assureurs. D’autre part, les clients peuvent être réticents à partager ces données avec

un représentant du corps médical : aujourd’hui 61 % des Français possédant un objet connecté se disent prêts à échanger ces données selon l’Atelier BNP Paribas. Enfin, ce changement d’usage constituerait une véritable révolution dans la relation entre le médecin et son patient. Sur son terrain, le corps médical pourrait représenter un frein à l’évolution des usages.

Du point de vue de l’assureur, la mise en place d’un suivi personnalisé pour chaque assuré présente ensuite des contraintes techniques pour l’analyse massive et l’hébergement des données, mais aussi organisationnelles pour l’intégration de ces données dans les processus et le mode de fonctionnement de l’assureur.

C’est également d’un point de vue éthique et économique que l’usage de ces objets peut poser problème. Comment garantir l’égalité de l’accès aux soins ? Qui financera le déploiement de ces équipements ? Dans quelle mesure pourra-ton considérer un objet connecté comme un « dispositif médical » ? Autant de questions qui mettent en évidence une évolution nécessaire du modèle de santé actuel.

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COMMENT LES ASSURÉS VONT-ILS ACCEPTER L’UTILISATION DE CES DISPOSITIFS ? Malgré les défis décrits ci-dessus, ces systèmes existent déjà.

Prenons l’exemple de l’offre Vitality de l’assureur sud-africain Discovery. Le système propose aux assurés de gagner des points à chaque fois qu’ils enregistrent une activité physique via leur objet connecté. Ces points donnent ensuite accès à des réductions ou des cadeaux. Il s’agit là d’un bon moyen de fidéliser la clientèle et de faire facilement adhérer l’assuré à l’amélioration et au contrôle de son mode de vie.

L’objet connecté doit donc être vendu comme un service pour l’assuré, qui doit considérer que le bénéfice qu’il retire d’un tel dispositif est supérieur aux inconvénients qu’il représente pour sa vie privée.

L’objectif est double pour les assureurs : réduire les risques et les coûts de prise en charge des assurés, mais aussi renforcer la relation assureur-assuré. Les acteurs de l’assurance ne devront pas rater le coche de l’internet des objets et adapter leurs offres et relation client à cette nouvelle tendance.

Nouvelles technologies

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LE BIG DATA DANS L’ASSURANCE :

UNE OPPORTUNITÉ POUR LA RELATION CLIENT

Par Thomas Hédon - 18 août 2014

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Le Big data est devenu un sujet incontournable pour les entreprises. C’est LE buzzword de l’année 2014, et le secteur de l’assurance n’y échappe pas. Comment expliquer cet engouement ? S’agit-il d’une simple bulle destinée à exploser ou d’une réelle opportunité ?

LE BIG DATA : SIMPLE BUZZ OU VRAI SUJET ? Plusieurs indices laissent penser que le Big data ne se limite pas à un simple buzz marketing, savamment organisé par les éditeurs de solutions.

Tout d’abord, le Big data signifie littéralement « Grosses données ». Et des données, il y en a effectivement beaucoup. Leur croissance n’est pas prête de s’arrêter : dans une étude réalisée pour EMC (numéro un mondial du stockage de données), IDC (International Data Corporation) prévoit 44 Zettaoctets (1021 octets) de données en 2020 contre 2,8 en 2012.

Le Big data est ensuite pris très au sérieux par les autorités. Il figure parmi les 7 ambitions stratégiques identifiées par la commission Innovation 2030, présidée par Anne Lauvergeon. Par ailleurs, dans le prolongement de la création d’Etalab en 2011, organisme chargé d’inciter les

administrations à fournir des données à l’Open Data de l’État français, le gouvernement a nommé Henri Verdier au poste « d’administrateur général des données », plus connu sous le nom de Chief Data Officer.

Le Big data est donc une réalité indéniable de notre société connectée, surveillé de près par les plus hautes instances gouvernementales. Mais qu’est-ce réellement ? Certes, les données de masses existent depuis un moment : en attestent les concepts de Data Mining ou de Business Intelligence. Mais la vraie révolution vient des données elles-mêmes et des propriétés qu’elles ont acquises : ce sont les 3V.

• Volume : la quantité de données récoltées atteint des proportions inégalées.

• Variété : les sources de données sont multiples, tant par leur origine (sources classiques, réseaux sociaux, capteurs…) que par leur nature (images, textes, vidéos…).

• Vélocité : les données affluent en continu et il faut les traiter rapidement.

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Le Big data désigne donc à la fois ces gigantesques masses de données et la technologie qui doit permettre aux entreprises d’exploiter ces flux de données, aussi variés soient-ils et le plus rapidement possible. Ces données peuvent se révéler être une vraie mine d’or.

LE BIG DATA : UNE OPPORTUNITÉ ÉCONOMIQUE, NOTAMMENT POUR LA RELATION CLIENT Microsoft a commandé une étude à l’IDC, publiée en mai 2014, sur « la valeur du Big data pour les entreprises françaises ». Il en ressort un potentiel de 54 milliards d’euros en création de valeur additionnelle sur les quatre années à venir pour les entreprises françaises. Plus de doute possible : le Big data est une opportunité économique pour les entreprises.

Reste à savoir comment l’exploiter. L’exemple de BFMTV est ici éclairant. La chaîne d’information a construit deux indicateurs pour suivre l’état d’esprit des chefs d’entreprises et des ménages en surveillant une liste de mots clés sur les réseaux sociaux ; c’est l’analyse de signaux faibles. Grâce à cela, la chaîne a pu annoncer 15 jours avant l’INSEE la

reprise de confiance de ces deux groupes en mai 2013.

Le Big data peut donc se révéler être un puissant outil de prédiction. Et quelle activité serait plus avide de prédiction que la relation client ? Ses quatre grandes fonctions sont concernées :

• Le Service Client : pour personnaliser facilement les interactions avec le client ;

• La Communication : pour mieux comprendre, gérer et anticiper la réputation de l’entreprise, notamment sur le web ;

• Les Ventes : pour améliorer la satisfaction à chaque étape du parcours client ;

• Le Marketing : pour proposer des produits qui répondent mieux aux attentes des consommateurs.

La question est maintenant de savoir en quoi le Big data peut aider l’assurance avec sa relation client.

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LE SECTEUR DE L’ASSURANCE PEUT BÉNÉFICIER DU BIG DATA POUR SA RELATION CLIENT Avec la loi consommation de Benoît Hamon, l’assuré pourra rompre son contrat d’assurance à tout moment, une fois la 1ère date anniversaire révolue. Une mesure clairement voulue pour relancer la concurrence. Charge aux assureurs de s’employer à garder leurs clients, et donc de travailler sur leur relation client et la fidélisation.

De plus, le positionnement des acteurs de l’assurance est en train de changer. Du statut de simple « payeur aveugle », ils sont en train d’évoluer vers celui de véritable accompagnateur du client, en mettant l’accent sur la prévention et plus seulement sur l’indemnisation des dommages.

Autant de raisons qui expliquent la volonté des assureurs d’investir dans leur relation client, à l’image de la vague de digitalisation en cours. Il s’agit pour les assureurs de collecter des données sur leurs clients afin de mieux les connaître, à l’image du partenariat Axa-Facebook récemment signé. Tout ceci dans le but d’améliorer leur relation client, afin de mieux segmenter les offres, de les personnaliser. De plus, la croissance

exponentielle du nombre d’objets connectés offre au secteur de l’assurance un océan de données à exploiter.

En définitive, le Big data est un pari sur l’avenir, une opportunité économique et un puissant outil pour la relation client.

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INTERVIEW

LES OBJETS CONNECTÉS, UNE RÉVOLUTION AU CŒUR DE LA RELATION PATIENT-MÉDECIN

Par Benoît Gratia - 3 juin 2014

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Qu’il s’agisse de bracelet, de balance, ou bien même de bijoux, les objets connectés sont en train d’envahir notre quotidien avec un réel impact sur la relation médecin-patient. En nous permettant de suivre l’évolution de notre santé directement sur notre smartphone et de partager des informations avec un praticien, le suivi médical pourrait se personnaliser. Intéressons-nous à cette véritable révolution dans le secteur de la santé avec Béa ARRUABARRENA. Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche au CNAM, cette dernière a accepté de répondre à nos questions sur le Quantified Self, sujet de sa thèse en Sciences de l’Information et de la Communication.

Bonjour Béa, pouvez vous nous expliquer ce qu’est le Quantified Self ? Le principe du Quantified Self repose sur « l’apprentissage de soi grâce à l’agrégation de ses données physiologiques ». Sans avoir recours à un médecin, l’utilisateur d’objets connectés va pouvoir collecter des mesures sur son état de santé (poids, tension, température, taux d’oxygène dans le sang…). La plupart du temps, il s’agit d’améliorer sa qualité, ce qui est souvent une aide complémentaire aux éventuels traitements médicaux.

Quel est le rôle du Quantified Self et des objets connectés dans la santé ? Le Quantified Self peut être une approche complémentaire de la santé. En associant une application mobile aux objets, les données sont synchronisées et agrégées dans un tableau de bord, ce qui permet une historisation des données, une visualisation des données ainsi que la découverte de corrélations entre jeux de données collectées.

Ce qu’il y a de nouveau avec le Quantified Self c’est la participation nouvelle de l’usager qui opère une convergence entre le monde du bien-être et de la santé « grand public », et celui de la médecine.

Les témoignages d’usagers montrent l’intérêt réel de ces pratiques. En analysant et corrélant de nombreuses données, une amélioration est possible. Or cette analyse n’est, aujourd’hui, pas incluse dans le parcours santé conventionnel.

Aux États-Unis, le mouvement QS a favorisé l’émergence de start-ups innovantes dans le développement de dispositifs connectés.

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Comment sont acceptés ces nouveaux dispositifs par les praticiens de santé et les patients ? En France, du côté des praticiens il n’y a pas encore de rapprochement entre les usages personnels d’objets connectés et les pratiques médicales. Les systèmes d’information de santé et les applications ne fournissent pas d’interface dédiée permettant au praticien de suivre ses patients utilisateurs d’objets connectés.

Avec l’arrivée des objets connectés, le patient va devenir de plus en plus acteur de santé, ce qui va directement modifier les rapports de Savoir – Pouvoir entre patients et médecins. Aujourd’hui, un renouvellement de génération est en train de se produire. 90 % des médecins possèdent un smartphone. Cette génération sera globalement favorable à l’usage de ces technologies.

Les « médecins de ville » ont actuellement conscience de leur intervention trop curative et non préventive ni prédictive. L’interprétation de ces nouvelles données pourrait être le commencement de leur futur champ d’action.

De leur côté, en France les patients disposant d’objets connectés ne sont pas encore nombreux. Seul 11 % de la

population est équipée (IFOP, 2014). De plus, il s’agit en majorité de produits à vision « bien-être ». De fait, les utilisateurs n’en parlent pas encore beaucoup à leur médecin de peur d’être mal vus ou simplement parce qu’ils séparent la sphère du bien-être de leur état de santé. Le médecin étant là pour les soigner en cas de pathologies ponctuelles avérées et non pour un accompagnement sur la durée.

Pourtant, les apports pour le patient dans l’utilisation d’objets connectés sont nombreux.

La prise de mesure in situ a pour effet de réduire l’« effet blouse blanche » (augmentation de la tension lors de la visite médicale) ainsi que les déplacements, et donc de désengorger les cabinets.

La prise de mesure sur la durée favorise une prise de conscience de l’usager et le maintien d’une pratique dans la durée (autorégulation du comportement).

Les objets connectés ont aussi la faculté d’objectiver nos ressentis subjectifs, en permettant d’évaluer en temps réel la douleur via une application sur

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smartphone par exemple. En définitive, ce sont des technologies au service de la connaissance et de l’apprentissage, ce qui est à mettre en lien direct avec l’éducation du patient dans ses pratiques de santé au quotidien.

L’acceptation par les patients est quasi totale dans la limite ou leurs données ne sont pas communiquées. La peur d’une « fuite de leurs données » reste cependant un frein majeur au développement rapide des TIC dans le domaine de la santé. Même si aujourd’hui il n’ y a pas véritablement de réponse en matière de protection des données au travers d’usages d’objets connectés, on peut néanmoins rappeler le travail de la CNIL sur ces problématiques essentielles, visant à réguler l’usage de dispositifs connectés en santé (capteurs, objets, applications, données). Enfin le dernier frein est économique, le prix relativement prohibitif de ces dispositifs reste dissuasif pour une partie de la population.

Quel regard portez-vous sur les transformations en cours dans le secteur de la santé ? Le Quantified Self constitue une préfiguration de la santé du futur. Demain les relations patients-médecin vont certainement changer de nature, avec d’un côté un usager qui sera plus actif, et de l’autre des professionnels de santé qui pourront s’appuyer sur un nouveau type de données personnalisées. Aujourd’hui, le médecin ne voit le patient que par rapport à ses savoirs institutionnels, sans prise en compte du contexte de vie particulier de l’usager. Dans le futur, on peut imaginer que cette relation s’inscrira dans des rapports de savoir partagé.

Nous sommes aux prémices d’une convergence importante. La création de plateformes de santé et la possibilité d’un dialogue avec son médecin sera le commencement d’un système de santé fondé sur la prévention et le prédictif grâce à l’analyse des quantités de données collectées. Du Quantified Self au Big data, il n’y a qu’un pas…

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ACTEURS & MARCHÉS

P. 64 LES MARCHÉS ÉMERGENTS,

NOUVEAU TERRAIN DE JEU DES ASSUREURS INTERNATIONAUX

P. 68 LA COURSE AU RAPPROCHEMENT DES ACTEURS MUTUALISTES :

À VOS MARQUES, CONTINUEZ !

P. 72 CATASTROPHES NATURELLES : COÛTS ET INDEMNISATION,

DEUX ENJEUX POUR LA SOCIÉTÉ ET LE MARCHÉ DE L’ASSURANCE

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CHAPITRE N°5

ACTEURS & MARCHÉS

P. 64 LES MARCHÉS ÉMERGENTS,

NOUVEAU TERRAIN DE JEU DES ASSUREURS INTERNATIONAUX

P. 68 LA COURSE AU RAPPROCHEMENT DES ACTEURS MUTUALISTES :

À VOS MARQUES, CONTINUEZ !

P. 72 CATASTROPHES NATURELLES : COÛTS ET INDEMNISATION,

DEUX ENJEUX POUR LA SOCIÉTÉ ET LE MARCHÉ DE L’ASSURANCE

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LES MARCHÉS ÉMERGENTS, NOUVEAU TERRAIN DE JEU

DES ASSUREURS INTERNATIONAUX

Par Emanuel Levy - 5 mai 2014

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La recherche de relais de croissance dans les pays émergents constitue l’un des leviers privilégiés des assureurs à dimension internationale. Henri de Castries, PDG du Groupe AXA, le rappelait d’ailleurs lors d’une réunion destinée aux investisseurs : « Depuis 2007, le groupe a cédé plus de 8 milliards d’actifs dans les marchés matures pour réinvestir plus de 6 milliards dans les marchés émergents ».

Le déplacement du centre de gravité de l’assureur français, du vieux continent vers l’Asie- Pacifique, ainsi que la volonté de grands acteurs du secteur d’orienter leurs investissements vers les pays émergents s’expliquent principalement par deux facteurs :

La dégradation des conditions de marché dans les pays matures La dégradation des conditions de marché dans les pays développés, notamment dans le secteur de l’assurance-vie, a ralenti la croissance du marché de l’assurance. En dehors d’Axa, Generali et Allianz, l’ensemble des acteurs a vu son chiffre d’affaires stagner ou reculer en 2012.

A contrario, les pays émergents ont affiché des taux de croissance à deux chiffres.

À titre d’exemple, AXA a réalisé un chiffre d’affaires de 2,9 milliards d’euros dans ces pays en 2012, soit une progression de 12 %, à périmètre constant, par rapport aux chiffres de 2011.

Des fondamentaux démographiques et sociologiques prometteurs Ce n’est pas seulement le dynamisme actuel du marché qui encourage les leaders mondiaux de l’assurance à s’installer dans les pays émergents mais surtout les perspectives d’avenir qu’ils représentent.

Trois caractéristiques permettent de prendre conscience de l’importance présente et à venir de ces marchés pour le secteur de l’assurance :

• L’émergence d’une classe moyenne urbanisée de plus en plus nombreuse et désireuse de s’assurer pour améliorer sa protection sociale ;

• L’importance de la population conjuguée au faible niveau d’équipement en produits d’assurance ;

• La croissance du taux d’épargne et de la souscription d’assurance vie ;

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LES MODALITÉS D’ENTRÉE DANS LES PAYS ÉMERGENTS Ces modalités sont diverses. Elles s’adaptent aux contraintes légales ainsi qu’à l’environnement économique local. Ces différentes options sont présentées ci-dessous :

Le partenariat bancassurance classique Il est possible d’opter pour un partenariat avec un acteur local. Ces contrats sont basés sur une durée de 10 à 15 ans et permettent la distribution de produits d’assurance par le biais du réseau bancaire.

L’assureur britannique Prudential est ainsi entré sur le marché thaïlandais via un partenariat conclu en novembre 2012 avec une banque locale, la Thanachart Bank PCL. Il profite ainsi de la taille du marché de l’assurance-vie dans le pays et du faible taux de pénétration du service (2,7 %). Fort de ce nouveau partenariat, Prudential Thaïlande a publié des résultats en croissance de 160 % pour l’année 2013. La conquête du marché continue avec le lancement d’une nouvelle offre santé, Perfect Health Me, lancée en Avril 2014.

La joint-venture ou co-entreprise La création d’une joint-venture avec un acteur local reconnu est une des possibilités qui s’offrent aux assureurs. Cette option est très souvent adoptée dans les pays où cela facilite l’obtention de licences d’assurance accordées par l’État.

À ce titre, le Groupe Aviva s’est allié avec Astra International, groupe coté le plus important en Indonésie, pour fonder Astra Aviva Life (assurance-vie). La joint-venture sera chargée de la vente de produits d’assurance-vie dans ce pays par le biais d’un certain nombre de filiales d’Astra International. Le 28 novembre 2014, Astra Life a annoncé le lancement pour le début de l’année 2015 de onze nouveaux produits d’assurance-vie. Cette offre comprend un produit de micro-assurance afin de couvrir la cible la plus large possible et de se positionner dès maintenant sur un marché en devenir.

L’acquisition d’un acteur du marché L’acquisition d’un acteur bien implanté sur le marché local peut constituer une stratégie intéressante afin de disposer d’un réseau de distribution et d’une clientèle déjà présents. Cela garantit également une totale indépendance dans les choix stratégiques adoptés, ce

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qui n’est pas le cas lors d’accords de distribution ou de co-entreprises.

CNP Assurance, acteur majeur en France mais peu présent à l’international a, de fait, choisi d’acquérir le 17 janvier 2014 Tempo Dental, l’un des principaux acteurs du marché de l’assurance de frais de soins dentaires du Brésil, appartenant au groupe Tempo Participações. Cela permettra à l’entreprise Caixa Seguros, filiale de CNP Assurance dans le pays, de compléter son offre de produits dans le secteur de l’assurance santé.

Le succès rencontré au Brésil encouragerait CNP Assurance à se positionner sur de nouveaux marchés en Amérique Latine. Le groupe serait intéressé par la Colombie où AXA a déjà finalisé l’acquisition du Groupe Mercantil Colpatria en Avril 2014.

Cependant, certaines barrières freinent l’implantation des leaders de l’assurance dans les pays en développement.

Tout d’abord, les grandes compagnies d’assurance sont souvent des entreprises publiques rendant leur acquisition impossible. Quant aux compagnies privées, leur valorisation prohibitive ou

leur taille trop importante complexifient une prise de contrôle étrangère.

De plus, les acteurs locaux ayant déjà des infrastructures sur place, les synergies pouvant être dégagées lors de l’acquisition d’un concurrent sont plus importantes que celles dégagées par les compagnies d’assurances étrangères, favorisant ainsi les opérations locales.

Enfin, les exigences liées à Solvency II limitent la dette des assureurs et donc leurs capacités d’investissement. Certains, comme Groupama, ont même fait le choix de se désengager à l’international afin de remplir les conditions de fonds propres imposées.

Lors d’une étude réalisée par Mergermarket auprès de 255 dirigeants de groupes d’assurances en Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA), 77 % d’entre eux disent anticiper une accélération des opérations de M&A dans le secteur au cours des trois prochaines années. La concurrence pour le gain de parts de marché dans les pays émergents promet donc d’être rude.

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LA COURSE AU RAPPROCHEMENT

DES ACTEURS MUTUALISTES : À VOS MARQUES, CONTINUEZ !

Par Pascale Lefranc - 12 février 2014

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Le paysage mutualiste a connu de profonds bouleversements ces dernières années. Selon l’ACP, le nombre des mutuelles est passé de 1 000 à environ 630 entre 2005 et 2012 ; l’objectif premier étant de réaliser des économies d’échelle.

COMMENT EXPLIQUER L’ACCÉLÉRATION DU RAPPROCHEMENT DES MUTUELLES ? Les phénomènes de concentration des mutuelles ne sont pas nouveaux. Les principales raisons de ces mouvements sont rappelées ci-après :

La réforme du code de la mutualité favorisant la coopération entre les structures : mise en place en 2001 de l’Union de groupe mutualiste (UGM) permettant une simple coordination de l’activité des membres sans solidarité financière ; depuis 2008, l’Union mutualiste de groupe (UMG) permet aux membres affiliés de nouer des liens de solidarité financière.

La croissance externe, afin de dégager des synergies en mutualisant leurs risques.

Les évolutions des réseaux de soins.

La recherche de la taille critique pour faire face aux enjeux concernant : les systèmes d’informations, les services, le conventionnement et solvabilité 2.

La pression des entreprises, rassurées par le côté « sécurité financière » des plus grosses structures.

De nouveaux rapprochements ont d’ailleurs marqué la fin d’année 2013 :

• La Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et le Groupe Pasteur Mutualité créent Orsane, une structure commune pour diffuser des contrats collectifs dans le secteur de la santé.

• La fusion d’Eovi et de la MCD, parue au Journal officiel en octobre 2013.

• La fusion d’Harmonie Mutualité, Mutuelle Existance, Prévadiès, Santévie et Sphéria Val-de-France.

QUE NOUS RÉSERVE L’ANNÉE 2014 ? Il est fort probable que la signature de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) le 11 janvier 2013, qui prévoit la généralisation de la complémentaire

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santé pour tous les salariés, accélère également les mouvements.

En effet, l’entrée en vigueur de l’Accord National Interprofessionnel à l’horizon du 1er janvier 2016 bouleversera le secteur de l’assurance santé en déclenchant une nouvelle concurrence en assurances collectives.

Le monde mutualiste, premier acteur sur ce segment, est impacté directement par ce basculement du marché de l’individuel vers le collectif. Aussi, les acteurs sont mis à l’épreuve dans leur capacité à approcher les entreprises de types TPE et PME, segment principalement touché par l’ANI : 470 000 entreprises à équiper en assurances collectives d’ici 2016, dont la majorité représente des TPE/PME (selon les études menées par la Dafsa). Ils sont aussi mis à l’épreuve dans leur capacité à récupérer en collectif la perte des portefeuilles individuels.

Les grandes mutuelles se sont engagées dans une course au rapprochement pour atteindre une dimension nationale et gagner en compétitivité.

Les petites mutuelles sont souvent spécialisées dans l’individuel : une transition de l’individuel vers le collectif

s’avère difficile. De plus, la plupart des mutuelles sont mono produit, bien que la diversification de l’offre « produit » soit un passage obligé pour réduire les risques.

Pour un bon nombre d’observateurs du monde de l’assurance, la généralisation imposée par l’ANI sera le coup de grâce pour les petites mutuelles, déjà condamnées par la réforme du code de la mutualité, puis par Solvabilité II. Le rapprochement pour les petites mutuelles semble donc inéluctable dans les prochaines années.

Toutefois, deux éléments déterminants pourraient leur être favorables :

• Leur capacité à mobiliser des commerciaux, afin de démarcher les TPE/PME touchés par l’ANI.

• L’abandon des clauses de recommandations remplaçant de façon masquée les clauses de désignation (identifiant l’organisme assureur qui assurera le régime mis en place pour toutes les entreprises du secteur), à l’avantage des institutions de prévoyance jusqu’alors.

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MISER SUR LA STRATÉGIE GAGNANTE Le monde mutualiste risque de connaitre une profonde restructuration du marché. Et ce, quelle que soit la typologie de rapprochement choisie… C’est pourquoi la différenciation devient le maître mot pour gagner la partie.

En effet, dans le cadre de la mise en vigueur de l’ANI, les entreprises se contenteront certainement du panier de soin minimum imposé par le législateur.

Aussi, les mutuelles ont-elles tout intérêt à développer leur gamme de produit sur la surcomplémentaire, pour renforcer les postes de garanties des salariés et conquérir de nouvelles parts de marché.

De plus, il est indispensable d’investir sur les services innovants, la prévention, la qualité des réseaux de soins et la mobilisation des forces de vente pour assurer sa pérennité.

Enfin, pour affronter la généralisation de la complémentaire santé, le choix de partenaires reste un élément stratégique et différentes options sont envisageables :

• S’associer à des alliées : mutuelles de fonctionnaires, mutuelles

interprofessionnelles, mutuelles d’entreprise, etc.

• Se rapprocher des institutions de prévoyance, acteurs importants en assurance collective et séduites par les agences de proximité des mutuelles.

• Miser sur leur indépendance, en renforçant la mobilisation des commerciaux.

Mais une chose est sûre, il n’y aura pas de place pour tout le monde…

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CATASTROPHES NATURELLES : COÛTS ET INDEMNISATION,

DEUX ENJEUX POUR LA SOCIÉTÉ

ET LE MARCHÉ DE L’ASSURANCE

Par Xavier Guislin - 3 février 2014

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Dirk, zone de catastrophes naturelles, alertes météo, indemnisation… Bon nombre de vocables entendus à longueur de journée – parfois considérés comme anxiogènes – mettent en lumière l’importance des épisodes naturels exceptionnels.

Face à l’ampleur et à l’augmentation de ces phénomènes, l’économie est particulièrement affectée dans de nombreux secteurs. Les réparations nécessitent le recours à des mécanismes d’assurance qui mobilisent assureurs, réassureurs mais aussi l’État.

Bien que les modes d’indemnisation divergent d’un pays à l’autre, la tension croissante sur les politiques tarifaires reste une constante du marché.

UN IMPACT ÉCONOMIQUE CROISSANT Cet impact réprésente près de 125 milliards de dollars en 2013, soit un peu moins de 5 % du PIB de la France en 2012 !

D’après les études menées par le réassureur Munich Re, les 20 dernières années ont vu croître de manière significative le nombre de catastrophes naturelles dans le monde.

À l’instar de ce qu’il s’est passé en Thaïlande avec le tsunami, ou plus récemment dans le sud de la France (Hérault, Var), la moindre catastrophe naturelle entraîne un ralentissement voire un blocage complet de l’économie d’une région.

Même si le montant des dégâts fluctue d’une année sur l’autre, la tendance est globalement à l’augmentation. Ainsi, les enjeux financiers sont de plus en plus prégnants pour les assureurs et les réassureurs. La diversité des garanties proposées donne un aperçu de la variété des secteurs impactés de près ou de loin par les catastrophes naturelles.

DES MÉTIERS TRÈS DIVERS IMPACTÉS En effet, les aléas climatiques ont, dans certaines circonstances, des effets dévastateurs sur les infrastructures électriques, la voirie, les bâtiments, les champs, le comportement des consommateurs….

De nombreux secteurs souffrent directement ou indirectement d’événements naturels extrêmes :

• Agriculture : récoltes abîmées.

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• Tourisme/restauration/culture : baisse de la consommation des clients.

• Construction : chantiers ralentis en cas de mauvais temps.

• Energie : infrastructure et variation de la consommation.

• Industrie : arrêt de site de production.

• Distribution : modification du comportement des consommateurs.

Les attentes en matière de solutions d’assurance diffèrent en fonction de la population sinistrée. En ce sens, les modalités d’indemnisation sont un des enjeux majeurs auxquels sont confrontés États et assureurs.

L’INDEMNISATION VARIE EN FONCTION DES PAYS Dès lors qu’une catastrophe a frappé une région, il est vital de procéder rapidement aux remises en état qui nécessitent la mobilisation de sommes importantes, afin d’éviter des effets secondaires économiques dramatiques….

3 modalités principales de remboursement existent en Europe, relatives au degré d’intervention de l’État : système exclusivement privé sans intervention de l’État (ex : Grande Bretagne), système hybride qui allie réassurance privée et intervention de l’État (ex : France) ou système entièrement public pour pallier la déficience du secteur assurantiel domestique (ex : Italie).

LE CLASSEMENT EN ZONE DE CATASTROPHE NATURELLE : SÉSAME POUR L’INDEMNISATION Instauré en 1982, ce dernier repose exclusivement sur la déclaration ou non d’une zone en état de catastrophe naturelle par l’État et publiée au Journal Officiel. Une fois que la zone est qualifiée, les sinistrés bénéficiant d’un contrat d’assurance dommage se voient accordés automatiquement la garantie catastrophe naturelle à quelques exceptions près, liées à la qualification des zones ou à des irrégularités administratives. Ce dispositif permet aux assureurs de se réassurer – donc d’être remboursés – par la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) qui bénéficie de la garantie de l’Etat.

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DES CONTRAINTES GRANDISSANTES SUR LA TARIFICATION Le dispositif français accélère et facilite le remboursement des assurés. Néanmoins, avec la multiplication des phénomènes, les modes d’indemnisation sont soumis à des tensions croissantes pour :

• Les assurés : les primes risquent de s’apprécier et les justificatifs de sinistres demandés sont toujours plus nombreux.

• L’État : responsable de la qualification des zones en catastrophes naturelles ; enjeu politique, particulièrement pour les maires des communes concernées.

• Les professionnels de l’assurance : l’optimisation et la juste tarification des primes font l’objet de modélisations toujours plus poussées.

Face à la recrudescence des phénomènes climatiques extrêmes, la prévention des catastrophes naturelles permet de limiter en partie l’augmentation des primes d’assurance et des dégâts qui touchent particuliers, entreprises et municipalités.

Selon l’UNESCO, 1 euro investi dans la prévention permet d’économiser 4 à 8 euros de pertes !

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