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49COOPERATEUR.COOP – MARS 2017

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

ANDRÉANE

« Je veux mourir ici ». L’affirmation est lourde de sens, mais assumée par la pétillante et nouvellement trentenaire. Sa vocation agricole, Andréane Benoit l’a trouvée à tâtons, après l’obtention de son diplôme en danse au cégep de Drummond-ville. Cet heureux détour l’aura fait revenir « Au pays des Benoit » (Coopérateur, mars 2015), en quête d’une vie agricole qu’elle n’avait ni complètement imaginée ni

L'AVICULTURE DANS LA PEAU POUR

ANDRÉANE BENOIT N’AVAIT JAMAIS EU DE PLAN DE CARRIÈRE BÉTONNÉ. DANSE CLASSIQUE ET MODERNE, THÉÂTRE, ARTS… ELLE A FINALEMENT OPTÉ POUR L’AVICULTURE, EN « FAISANT CONFIANCE À LA VIE ». ENTRE SES LOTS DE POULETS DE CHAIR – ET SURTOUT DURANT –, ELLE FILE AUJOURD’HUI LE PARFAIT BONHEUR !

totalement désirée jusqu’alors. « Quand j’étais jeune, je voyais les mots “et fils” sur les silos, et je n’imaginais pas ma vie à la ferme », déclare sans ambages l’heureuse lauréate de la deuxième édition du Prix de la relève agricole, remis en octobre dernier dans le cadre de la cérémonie de l’Ordre national du mérite agricole (ONMA). Un prix venu la confirmer pour de bon dans son rôle d’avicultrice.

1. Cinquième génération, Andréane Benoit est l’aînée d’une famille de trois enfants, qui vivent tous de la terre, rang Saint-David, à Sainte-Brigitte-des-Saults.

2. La Ferme avicole A. Benoit compte deux poulaillers de deux étages et 4000 m2 de quota pour produire 650 000 kg par année.

3. Après quelques années à chercher sa voie, Andréane Benoit l’a trouvée dans l’aviculture, un choix confirmé par l’obtention du Prix de la relève agricole de l’Ordre national du mérite agricole.

4. Andréane Benoit voue une reconnaissance sincère à ses parents, qui ont mis à son nom un poulailler et un quota avicole en 2004, avant même qu’elle ne soit certaine d’embrasser la carrière agricole.

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Neuf ans plus tard, voilà donc Andréane à la tête de deux poulaillers et de 4000 m2

de quota. Elle maximise la productivité pour dégager des surplus permettant d’autres investissements, comme l’achat récent… d’une ferme laitière de 80 vaches en lactation ! Car aujourd’hui, plus de doute : Andréane, cinquième génération des Benoit engagés en agriculture à Sainte-Brigitte-des-Saults, possède le vocabulaire de l’entrepreneure, ponctuant la discussion d’expressions clés comme « avoir le goût du risque », « ne pas compter ses heures » et « gérer de manière serrée ».

Le doute ? « J’ai souvent été dans le doute », avoue malgré tout la brunette ingénue. Un doute qui l’a propulsée vers l’avant, à la recherche des conditions par-faites pour se réaliser pleinement en tant qu’individu. Porte-parole de la chaîne de restauration PFK (pour des capsules Web) et des Éleveurs de volailles du Québec (pour leur publicité télé « Comme mon papa »), Andréane Benoit a enchaîné les entrevues dans la presse écrite et élec-tronique au cours de la dernière année,

faisant notamment des apparitions aux émissions Marina Orsini et Curieux Bégin. Ces activités ont nourri le côté artistique de la productrice photogénique et natu-relle, en plus de lui donner la possibilité de parler en bien des pratiques avicoles, qui demeurent autrement méconnues.

PRÉPARER LA RELÈVEPour le père d’Andréane, Martin, c’est « la satisfaction de voir ses filles financiè-rement indépendantes ». Pour sa mère, Guylaine, c’est « le bonheur d’avoir ses enfants proche ». En effet, leur autre fille, Stéphanie, et leur fils, Yanick, habitent aussi dans le même rang. La première est productrice avicole et laitière (Ferme Benasy et Ferme Intense, en copropriété avec Kevin Jacobs) de même qu’adminis-tratrice chez Agropur; le second est à la tête des Entreprises G.M. Benoit et possède un troupeau de 275 vaches laitières assorti de 445 ha en culture.

Grâce à la prévoyance des parents, l’essaimage entrepreneurial a bien réussi. Notamment au moyen d’investissements

1. Le contexte social d’une ferme familiale plaît beaucoup à Andréane Benoit, qui peut concilier son temps de travail avec ses enfants : Anabelle, cinq ans, et Henri, trois ans.

2. Andréane Benoit reçoit sagement les conseils d’Audrey Martel, experte-conseil de La Coop, pour mieux gérer une litière jugée trop humide ce jour-là.

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DU LAIT AU POULET,12 ANS APRÈSPour se permettre l’achat d’un premier poulailler et d’un quota avicole, en 2004, Martin Benoit et Guylaine Boisvert ont notamment comparé cet investis-sement avec l’acquisition d’une moissonneuse-batteuse et d’une camionnette neuve… pour constater que ces deux stratégies généraient les mêmes dépenses, à la différence près que la première produisait des revenus, mais pas la seconde ! Aujourd’hui, les Entreprises G.M. Benoit préfèrent de loin faire des chèques pour rétribuer des entrepreneurs de travaux à forfait bien équipés plutôt qu’effectuer des rembourse-ments pour des actifs improductifs. C’est par ce genre de stratégie payante que la société a pu dégager des fonds pour investir en aviculture en 2004, son « meilleur coup à vie », estime Martin Benoit. Une histoire ayant suscité un grand intérêt et relatée dans nos pages, sous le titre « Du lait au poulet, deux ans après » (Coopérateur, juillet-août 2006).

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judicieux, afin de préparer un terreau fer-tile pour une relève appelée à « emprunter sa place » – car « les fermes ne vous sont pas données, mais prêtées, pour que vous puissiez aussi les prêter à vos enfants », aime à rappeler sagement Martin. En 2016, les efforts soutenus des Benoit ont été cou-ronnés d’un deuxième rang national au concours de l’ONMA, catégorie médaille d’or, un titre qui s’ajoutait à celui des Jeunes agriculteurs d’élite (Québec), rem-porté en 1998.

Fins renards, Martin et Guylaine ont vite délégué des responsabilités à leurs enfants, pour les intéresser au métier. C’est d’abord en prenant soin des vaches à l’infirmerie de l’étable, ainsi qu’en effectuant la gestion informatisée du troupeau, des certifications et des enre-gistrements des animaux de race pure, qu’Andréane a été mise à contribution au sortir de l’école, une période de grand questionnement pour elle.

Monitrice de camps d’été, respon-sable du club de golf et de l’aréna de Drummondville, dirigeante au conseil d’administration de sa caisse Desjar-dins et toujours prête à représenter sa coopérative financière dans les hautes instances, « Andréane en a toujours beaucoup donné », révèle sa mère. Ce qui a longtemps fait dire à Martin et Guylaine qu’Andréane aurait sa propre entreprise, pour mettre à profit sa grande ardeur au

travail. Au surplus, ces expériences de tra-vail l’ont obligée à faire face aux directives de patrons, un gros plus si on est appelé à en devenir un soi-même !

VIVRE SIMPLEMENTCuisiner sur charbon de bois. Partir une journée ou deux en camping. Faire la tour-née des poulaillers avec Anabelle, cinq ans, et Henri, trois ans (dont le premier mot prononcé fut « tracteur »). Andréane Benoit se complaît aujourd’hui dans l’am-biance qui règne au sein de sa famille et de ses employés. Elle dirige une entreprise façonnée à son image et habite une mai-son dont elle a géré elle-même la construc-tion, en 2010. Sa passion pour l’agriculture n’a pas encore atteint de plateau. Son but : maintenir et améliorer ses acquis.

D’accord, elle élève ses enfants dans le tourbillon des activités laitière, céréalière et avicole à heures fixes, mais elle profite de la force d’entraide du clan Benoit. Si l’instau-ration d’entités juridiques distinctes pour chaque membre de la famille profiterait en cas de mésentente – en plus de permettre à chacun de croître à son rythme –, dans les faits, les Benoit sont comme les cinq doigts de la main. « Si je n’avais pas eu ma famille pour m’aider dans les dernières années, je n’aurais pas le sourire que j’ai aujourd’hui ! » blague l’agricultrice, emplie de gratitude.

Voilà donc une certitude… même pour celle qui doutait ! 

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