32
L’ÉCONOMIE DU COUPLE N o 228 Du 20 juillet au 23 août 2016 / Entrée: 7€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 50€ les 10 places Ciném a g a r a nt i s a n s 3 D www.cinemas-utopia.org • Impasse du Château 31170 Tournefeuille • CI néma 05 34 57 49 45 • BIsTroT 05 34 51 88 10 Joachim LAFOSSE Belgique/France 2016 1h40 avec Bérénice Bejo, Cédric Khan, Marthe Keller, Jade et Margaux Soentjens… Scénario de Mazarine Pingeot, Fanny Burdino, Joachim Lafosse et Thomas Van Suylen « Autrefois, on savait réparer. On réparait les chaussettes, les frigidaires… mainte- nant on jette. Dès qu'il y a un problème, on jette. C'est pareil dans un couple : plus de désir, on jette. » dit la mère à sa fille. Autre temps, autres mœurs… autre façon de concevoir la vie de couple. Entre Marie et Boris, on voit bien que l'histoire a été forte et intense. Mais après quinze ans, la belle relation est en train d'imploser, les cœurs sont à vifs, les mots violents et les adorables ju- melles, prises dans le tourbillon de que- relles qui n'en finissent pas de suinter

• Impasse du Château 31170 ... · comme les éléments d'un vieux couple ... Quoi de plus pour être heureux ? C'est donc parti : depuis ce jour-là vous avez saisi la barre,

Embed Size (px)

Citation preview

L’ÉCONOMIE DU COUPLE

No 228 Du 20 juillet au 23 août 2016 / Entrée: 7€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 50€ les 10 places

Cinéma garanti sans 3D

www.cinemas-utopia.org • Impasse du Château 31170 Tournefeuille • CInéma 05 34 57 49 45 • BIsTroT 05 34 51 88 10

Joachim LAFOSSEBelgique/France 2016 1h40avec Bérénice Bejo, Cédric Khan, Marthe Keller, Jade et Margaux Soentjens…Scénario de Mazarine Pingeot, Fanny Burdino, Joachim Lafosse et Thomas Van Suylen

« Autrefois, on savait réparer. On réparait les chaussettes, les frigidaires… mainte-nant on jette. Dès qu'il y a un problème, on jette. C'est pareil dans un couple : plus de désir, on jette. » dit la mère à sa fille. Autre temps, autres mœurs… autre façon de concevoir la vie de couple.

Entre Marie et Boris, on voit bien que l'histoire a été forte et intense. Mais après quinze ans, la belle relation est en train d'imploser, les cœurs sont à vifs, les mots violents et les adorables ju-melles, prises dans le tourbillon de que-relles qui n'en finissent pas de suinter

BiBliothèque de toulousewww.bibliotheque.toulouse.fr

Du 19 juillet au 28 août, la bibliothèque prend ses quartiers

d’été à Toulouse Plages.Venez bouquiner, lézarder sous

les parasols… et participezaux animations.

Gra

phis

me

: Bib

lioth

èque

de

toul

ouse

– cr

édits

: zen

ina

/ fot

olia

.com

l'amour passé, ont le cœur tout écartillé entre deux combattants qu'elles aiment autant l'un que l'autre, témoins involon-taires d'un conflit dont elles ne pigent pas tout.Ils se sont aimés, c'est sûr, ça se sent, dans chaque objet d'une maison qu'ils ont fabriquée ensemble pour abriter un bonheur qui leur file désormais entre les doigts. Mais quand vient le moment des comptes, aucun ne veut rien lâcher de ce qu'il pense avoir apporté et les petites choses matérielles deviennent l'expres-sion visible de sentiments refoulés, de contentieux inavoués. Ich liebe dich, ich töte dich…C'est elle qui reste, c'est lui qui doit par-tir : elle l'a décidé ainsi, ne supporte plus de l'avoir dans les pattes, tout ce qu'elle adorait chez lui jadis est désormais objet de répulsion : son odeur, ses bras puis-sants, sa vitalité ombrageuse. Lui aime-rait rester, et d'ailleurs comment partir ? Sans travail fixe, sans moyens pour trou-ver un logement ailleurs… Il va falloir co-habiter un moment, et ça devient difficile. La maison, c'est elle qui l'a achetée, elle avait l'argent, grâce à sa famille. Lui avait la force, les bras, le savoir faire qui lui a permis de faire les travaux. Mais au mo-ment des comptes, le travail, aux yeux de Marie, pèse peu de poids en rapport de l'argent qu'elle a apporté. C'est une histoire trempée dans l'air du temps et si les femmes se sont éman-cipées et n'hésitent plus à remettre leur couple en cause, il n'est toujours pas bien vu qu'une femme gagne plus qu'un homme et le capital est toujours plus respecté que le travail. Quel que soit le camp dans lequel on se trouve, c'est un sujet d'humiliation pour l'homme et un moyen de réprobation pour la femme…La mère de Marie (superbe Marthe Keller) cherche à temporiser, à concilier, plaidant l'indulgence et une répartition équitable,

mais dans ces histoires-là il est difficile pour les belligérants de faire la part des choses, de reconnaître la contribution de l'autre. « J'ai tout payé depuis le début » s'énerve Marie. Boris plaide son inves-tissement physique, « j'y ai laissé mes mains, ma sueur, mon amour »… Humilié de s'entendre traiter de « pauvre » de-vant ses deux gamines, il tente de leur dire que la vraie richesse est ailleurs…Dans ce chaos tumultueux, surgit pour-tant un moment de formidable grâce, une danse, une chanson où tout le monde baisse les armes, une accalmie bienfai-sante où on mesure, bouleversé, tout ce que leur relation a pu nourrir de bonheur, de tendresse. Il faudra bien, une fois la tempête passée, que vienne le temps de l'apaisement, il faudra bien arriver à faire la part des choses, il faudra bien que la vie, l'amour, d'une façon ou d'une autre, continuent… et c'est tant mieux.C'est un film magnifique, écrit à plusieurs mains et autant de sensibilités, impli-quant également les comédiens qui ont eu leur mot à dire, modifiant parfois leur texte pour se l'approprier, et le rendu fi-nal est saisissant : il y a quelque chose de profond et de fort qui tient sans doute au vécu de chacun, à la connivence qui s'est établie au cours du tournage et leur a permis d'appréhender de l'intérieur des personnages qui immédiatement nous parlent, nous concernent, nous touchent durablement. Bérénice Béjo et Cédrik Khan sont impressionnants de justesse et d'intensité. Les gamines ju-melles sont épatantes, peu préparées à ce genre d'exercice, sans texte particu-lier à dire, mais travaillant avec l'équipe jusqu'à répéter quarante fois la même scène sans s'énerver pour autant, elles sont époustouflantes, touchantes et dis-crètes, spectatrices impuissantes d'un amour qui se défait et dont elles sont un des enjeux.

L’ÉCONOMIE DU COUPLE

TRUMANCesc GAYEspagne 2015 1h46 VOSTFavec Ricardo Darin, Javier Camara, Dolores Fonzi, Eduard Fernandez, Alex Brendemühl…Scénario de Cesc Gay et Tomas Aragay

Truman, c'est un grand rouquin au mu-seau sombre et au regard expressif, un clébard haut sur pattes plus humble et moins contrariant qu'un humain. Un de ceux qui semblent tout capter en un clin d'œil et qui, avec un simple soupir qui vise juste, vous remettent à votre place. S'il n'est pas le centre de l'his-toire, il n'en est pas moins un enjeu et surtout un des éléments tendres et co-miques qui la parsèment de respirations jubilatoires, de moments de grâce. Il est l'œil attentif qui suit chacun des gestes des hommes, semble les inciter à res-ter légers, à prendre le recul nécessaire face aux embûches de la vie. C'est sans doute pour cela que Julian (le follement séduisant et charismatique Ricardo

Darin) le considère comme un véri-table compagnon de vie. Inséparables comme les éléments d'un vieux couple qui n'auraient plus besoin de se parler pour se comprendre. Julian n'est pourtant pas un ermite mi-santhrope : aimer son chien ne l'em-pêche pas d'aimer les gens. Ici, à Madrid, il est entouré de potes fidèles, surtout son amie et ex-amoureuse Paula qui veille à distance, s'inquiète, soli-daire, toujours prête à se rendre dispo-nible où et quand il le faut. Et comme tous ceux qui veulent le bien des autres, parfois, elle sait ne pas ou ne veut plus écouter Julian, prête à se battre comme une louve pour le protéger, fut-ce à son corps défendant.

C'est ainsi que, sur un appel pressant de Paula, tout droit venu du lointain Québec et d'un lointain passé, débarque Tomas (Javier Camara, bien sûr impec-cable) avec pour mission secrète d'in-fléchir une décision importante que doit prendre son vieil ami Julian… Les retrou-vailles sont belles. Ni les années ni les océans qui les ont séparés ne semblent avoir ébranlé les fondements profonds d'une telle camaraderie. À travers les si-lences, les boutades, les provocations sans complaisance, transpirent un res-pect immense, une complicité qui fe-

rait rêver tout le monde, sauf Truman, lequel ne voit pas d'un bon œil l'intru-sion de cet inconnu qui perturbe son in-timité avec son maître. Truman qui fait donc un peu la gueule à Tomas qui le lui rend bien. Et c'est fichtrement cocasse de voir le manège de ces deux-là dont le seul point commun semble être Julian… Mais tout cela, dans le fond, n'est qu'une trame au second plan pour aller à l'essentiel, au cœur de nos humani-tés. Les véritables personnages de l'his-toire, ce sont tous ces sentiments qui la traversent, la bouleversent. Nos peurs face à l'inconnu, à l'incompréhensible. L'acceptation des choix de ceux qu'on aimerait pouvoir garder toujours à nos côtés. La grande classe de ces amitiés profondes, indéfectibles, où l'on finit par prendre l'autre tel qu'il est sans rien at-tendre en retour.

Il fallait des êtres beaux, dignes, subtils, pleins d'humour pour parler de choses aussi profondes sans lourdeurs, sans fioritures superflues. Voilà deux grands acteurs réunis pour la première fois (ils étaient tous les deux au générique du précédent film de Cesc Gay, Les Hommes, de quoi parlent-ils ?, mais ils n'avaient aucune scène en commun). Et c'est du pur bonheur !

Chers cousins de l'American Cosmograph…

Je vous écris devant mon petit café du petit matin à la terrasse ombragée du ciné de Tournefeuille… Lucia a encore pondu de nouveaux tableaux, Raph nous a présenté son bébé tout neuf… Pas grand monde ne vient voir l'épatant Sur quel pied danser : trop de so-leil, trop de foot… Foutu soleil ! Insupportable foot !

Ce petit pot du 15 Juin, où on vous a remis sur un petit coussin brodé les clefs d'Utopia Toulouse était un vrai bonheur, les spectateurs étaient émus et le petit St Emilion 83 acheté aux enchères pour l'oc-case avait émoustillé nos banquiers préférés (le Crédit Coopératif) et last but not least, pour la pre-mière fois depuis l'ouverture d'Utopia à Toulouse, on a pu voir l'aimable adjoint à la culture de Toulouse et Catherine Blanc, déléguée (entre autres) aux tour-nages de films, trinquer avec Utopia : il faut dire que tous deux sont cinéphiles. La chose mérite d'être soulignée puisqu'en 23 ans, c'est la première fois que des élus toulousains nous gratifient de leur in-térêt bienveillant… Un grand moment vous dis-je ! Quoi de plus pour être heureux ?

C'est donc parti : depuis ce jour-là vous avez saisi la barre, un peu stressés mais avec bonheur, et votre Cosmo est en train de trouver son allure de croi-sière. Ici les questions n'arrêtent pas : mais oui ! vos abonnements à Utopia et ceux du Cosmo sont tou-jours valables dans les deux lieux et aussi dans les Utopia Avignon, Bordeaux, Montpellier… Mais oui, la concertation continue, oui, on organisera plein de soirées chouettes ensemble, et les associations trou-veront dans les deux lieux la même oreille attentive que toujours… Oui certains films continuent à pas-ser en tandem, la preuve : L'Economie du couple est en première page de la gazette ainsi que Fargo… et avec les sous qu'il nous reste de la cession (après prélèvements divers), on va pouvoir faire quelques travaux à Tournefeuille, réorganiser l'accueil, amélio-rer un peu, faire évoluer le bistrot, agrandir…

Voilà, chers cousins… on se voit un peu moins sou-vent, mais le cœur y est et on n'est pas inquiets : ce petit ciné est en bonne mains et on sait que les spec-tateurs seront là pour vous prêter main forte.

On vous embrasse…Utopia Tournefeuille.

Bernard, Jean-Pierre, Loïc et Yamann, militants de BDS (Boycott- Désinvestissement – Sanctions)étaient convoqués devant le tribunal correctionnel de Toulouse le jeudi 30 juin. Il y avait du monde venu de toutes les régions de France, des stands, de quoi manger et de quoi boire sur les allées devant le Palais de Justice... et quelques cars de CRS pour contenir ce rassemblement pacifiste et joyeux. Des mes-sages de soutien arrivaient de France mais aussi d'autres pays, des personnalités, des associations...

Les 4 prévenus sont poursuivis au départ pour « entrave à l'exercice normal d'une activité économique » par la LICRA et le BNVCA . Une nouvelle accusation, pour les mêmes faits, est arrivée récemment, initiée celle-là par France Israël et Avocats sans frontières : « incitation à la discri-mination... liée à une nation ». Les faits reprochés aux convoqués : avoir distribué des tracts devant deux grands magasins de Toulouse.Pour la première fois dans un procès contre le mouvement BDS et à la dernière minute, le CRIF de Toulouse est venu prêter main forte aux plaignants précédents, mais tout ce monde n'avait pas de conclusions à produire, faute d'avoir eu le temps d'y travailler. Déjà reporté lors de la première audience le 9 décembre dernier, le procès est renvoyé une nouvelle fois au 22 septembre...

Rassemblement prévu le jeudi 22 septembre à 13h devant le tribunal de Toulouse

Le CRIF et le gouvernement français relaient la stratégie de l'Etat d'Israël dans sa campagne de diffamation et d'in-timidation contre le mouvement BDS, considéré comme une « menace stratégique »... Mais ils sont de plus en plus nombreux ceux qui voient dans ces pressions une atteinte délibérée contre la liberté d'expression et loin d'affaiblir le mouvement, elles renforcent la solidarité active de tous ceux qui y sont attachés...Inspiré par la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud et par le mouvement américain pour les droits civils, lancé il y a onze ans comme moyen non violent et efficace pour soutenir la lutte du peuple palestinien pour ses droits, le mouvement mondial de boycott continue sa progression.

Pour en savoir plus : www.bdsfrance.orgwww.ujfp.org • www.ldh-france.org

Stephen FREARSAngleterre 1h50 VOSTFavec Meryl Streep, Hugh Grant, Simon Helberg, John Cavanagh, Rebecca Ferguson, Nina Arianda…Scénario de Nicholas Martin

Pour apprécier à sa juste valeur le nou-veau film de Stephen Frears, il faudra en oublier un autre, celui de Xavier Giannoli. Oublier Marguerite… enfin, pas vraiment l’oublier complètement… mais plutôt accepter de se laisser raconter sensi-blement la même histoire d’une tout autre manière. Il est peut-être dommage que quelques mois seulement séparent les deux opus, mais il serait encore plus dommage de vous priver de l’interpré-tation émouvante et grandiose de Meryl Streep dans le rôle de Florence Foster Jenkins.

Le paragraphe précédent ne concerne évidemment pas celles et ceux qui n’ont pas vu Marguerite avec l’également su-perbe Catherine Frot, et qui découvri-ront donc Florence Foster Jenkins avec des yeux et des oreilles tout neufs.Le film de Stephen Frears est un portrait fidèle de la chanteuse soprano améri-

caine, célèbre dans le monde entier… pour son manque total de rythme, sa prononciation aberrante et d’une ma-nière générale son incapacité à chanter juste ou à tenir une note ! En dépit d’une éducation musicale complète comme la grande bourgeoisie américaine savait la prodiguer à la fin du xixe siècle, et malgré un intérêt frisant l’addiction pour la mu-sique avec laquelle elle vivait presque nuit et jour, il faut bien le dire tout net : Florence chantait comme une casserole. Le film ne s’attache qu’aux derniers mois de son existence : Florence est déjà la fameuse fondatrice et bienfai-trice du Club Verdi, qu’elle finance gé-néreusement. Elle aime par dessus tout organiser des récitals dont le clou est l’arrivée spectaculaire sur scène de sa propre personne dans des tenues ex-travagantes – traduisez : la plupart du temps totalement ridicules – dont la chronique raconte qu’elle les dessi-nait et confectionnait elle-même. Mais Florence est aussi une vieille dame à la santé sur le déclin qui tente par tous les moyens de se rattacher au sel de sa vie : la musique. Son dernier rêve, sa der-nière folie  : se produire sur la glorieuse scène du Carnegie Hall de New-York.

La beauté du personnage, ce qui en fait un être bouleversant de candeur et de fragilité, c’est que jamais Florence n’a failli dans la foi qu’elle portait en son talent de soprano. Etait-ce son rêve d’enfant qu’elle ne voulut jamais lâcher, même à 70 ans passés, ou bien une ma-nière de côtoyer au plus près des étoiles les âmes des plus grands composi-teurs ?

Sous la direction alerte d’un Stephen Frears très en forme, Florence Foster Jenkins avance au rythme joyeux de la comédie, enlevée par une Meryl Streep magnifique et touchante, qui se garde de tout cabotinage, entourée d’une ky-rielle de personnages secondaires tous plus attachants les uns que les autres : le mari dévoué corps et âme menant double vie, le pianiste tiraillé entre la peur du ridicule et la soif de reconnais-sance, et quelques personnages à la za-zou, hauts en couleurs, qui annoncent la fin d’une époque, celle de Florence, et l’avènement d’une autre, dont la bande son fera une grande place au jazz.

Florence Foster Jenkins, le film qui chante faux mais qui touche juste !

Florence Foster JenkinsFlorence Foster Jenkins

Formules de 12 à 17€Tout à volonté et végétarien : salades, soupe, tartes salées,

plat du jour, desserts...

05 61 22 49 25Ouvert 7 jours/7, 365 jours/an

2 bis, rue du Puits Vert

www.lafaimdesharicots.fr

Les rendez-vous de l’été U N M U S É E E N N O C T U R N E T O U S L E S M E R C R E D I SProfitez des heures plus fraîches pour découvrir la mise en scène de Jorge Pardo* de la salle des sculptures romanes, voir ou revoir les collections et flâner dans le cloître jusqu’à 21h.À 18h30, une visite commentée vous est proposée, suivie à 20h d’un petit concert d’orgue (gratuit sur présentation du billet d’entrée).*Œuvre produite dans le cadre du Printemps de Septembre 2014.

U N M U S É E G R A T U I T P O U R T O U S L E S P R E M I E R S D I M A N C H E S D U M O I SL’entrée au musée des Augustins est gratuite pour tous ces jours-là. Les autres jours de l’année l’entrée aux collections reste libre pour les moins de 18 ans et les étudiants.

E N É T É , P L U S D E V I S I T E S C O M M E N T É E S Autour des collections du musée les conférenciers de la ville vous proposent des visites en français

les mercredis à 18h30, les samedis et dimanches à 14h30 (sauf 1er dimanche du mois) et sur des thèmes variés. Quelques visites en anglais et en espagnol sont aussi programmées.:: Voir programme sur www.augustins.org

Les rendez-vous pour les plus petits

E N J U I L L E T- A O Û T Les ateliers Aventuriers de l’art et les Visites explorations du musée pour les enfants à partir de 4 ans.:: Voir programme sur www.augustins.org

D E S C O N T E S P O U R T O U SDimanche 28 août à 16hJean-Yves Pagès vous emmène pour un parcours conté autour du cloître et des œuvres.

E T T O U J O U R S U N E V I S I T E E N F A M I L L E L E P R E M I E R D I M A N C H E D U M O I S Dimanche 7 août à 11hOuverte à tous les publics, elle est animée par les conférenciers de la ville.

Le musée donne d’autres rendez-vous à tous, petits et grands ou en famille.Voir notre agenda sur www.augustins.org ou à l’accueil du musée au 05 61 22 21 82

Abonnez-vous à notre e.lettre mensuelle sur augustins.org

21, RUE DE METZ 31000 TOULOUSETÉL 05 61 22 21 82 Métro Esquirolwww.augustins.org

AP Utopia 2016-05.indd 1 05/07/2016 14:39

Écrit et réalisé par Whit STILLMANIrlande 2015 1h32 VOSTFavec Kate Beckinsale, Chloë Sevigny, Xavier Samuel, Emma Greenwell, Justin Edwards, Stephen Fry, Jemma Redgrave…Librement adapté de Lady Susan,roman épistolaire de Jane Austen.

Les amateurs de Jane Austen seront peut-être un peu décontenancés par ce film sulfureux et jubilatoire. On connait et on admire cette figure tutélaire de la lit-térature britannique, prématurément dis-parue à l’aube de la quarantaine, qui, en quelques livres emblématiques, a impo-sé son style fait d’humour brillant et de satire sociale élégante, jamais exces-sive, croquant avec saveur ses contem-porains et notamment les femmes de la gentry ou de l’aristocratie soucieuses d’assurer leur rang envers et souvent contre leurs sentiments. Les récentes adaptatations de Jane Austen au ciné-ma, c’était du classique cousu main  : Orgueil et préjugés de Joe Wright, Raison et sentiments d’Ang Lee... Le beaucoup moins classique Whit Stillman est allé chercher un court roman épistolaire de jeunesse, Lady Susan, œuvre d’une li-berté de ton décapante, étonnant por-trait d’une femme forte et manipulatrice,

parfaitement dénuée de scrupules, prête à tout pour tenir le haut du pavé dans un monde fait par et pour les hommes dans lequel la femme doit se contenter d’être mère et épouse soumise, et accepter de perdre tous ses droits à partir du moment où elle se retrouve seule. Un petit roman qui fit d’autant plus sensation que, pro-bablement écrit en 1794 – Jane Austen n’avait même pas vingt  ans  –, il ne fut publié qu’en 1871, en pleine Angleterre victorienne, pudibonde à l’extrême.

Au coeur de l’intrigue, Lady Susan Vernon, jeune veuve dans une situa-tion financière délicate, mère d’une fille de seize ans qui l’indiffère, en quête d’un point de chute confortable et prête à intriguer jusqu’au bout pour ar-river à ses fins. Elle est accompagnée dans ses aventures par sa confidente, Alicia Johnson, une jeune Américaine qui craint plus que tout le retour vers sa rustre terre natale. Lady Susan a de toute évidence séduit le pourtant marié Lord Manwaring et, pour éviter le scan-dale, doit se réfugier chez sa belle-soeur Catherine dont elle ne va pas tarder à « allumer » le jeune frère, le joli Reginald. Dans le même temps, Sir James Martin, aristocrate stupide mais riche, attend en embuscade pour courtiser les Vernon

mère et fille...Love and friendship est une satire impi-toyable et délicieuse, une comédie im-placable où les Pères et les Mères la morale sont les dindons de la farce, dé-passés par les entreprises pleines de malice d’un duo de femmes entrepre-nantes. Le plus réjouissant, c’est que, malgré l’amoralité de leur démarche (Susan utilise quand même le des-tin de sa propre fille adolescente dans son unique intérêt), on ne peut qu’avoir de l’empathie pour elles et en particu-lier pour cette redoutable et très drôle Lady Vernon, alter ego féminine du vi-comte de Valmont dans Les Liaisons Dangereuses.

Paradoxe également réjouissant, c’est Whit Stillman, cinéaste éminemment new yorkais, qui se révèle l’homme de la situation pour réussir à la perfection ce film so british, entrelacs d’intrigues aux dialogues littéraires et à l’humour féroce. Un film drôle, acide, plastique-ment très beau, qui restitue magnifique-ment l’architecture des petits châteaux du xviiie siècle disséminés dans la région de Dublin où a eu lieu le tournage, un petit bijou merveilleusement ciselé et in-terprété, mention spéciale au duo Kate Beckinsale – Chloé Sevigny.

Love & Friendship

LA NOUVELLE VIEDE PAUL SNEIJDER

Thomas VINCENTFrance/Québec 2016 1h54avec Thierry Lhermitte, Géraldine Pailhas, Guillaume Cyr, Pierre Curzi, Gabriel Sabourin, Hugo Dubé…Scénario de Thomas Vincent et Yaël Cojot-Goldberg, d’après le roman de Jean-Paul Dubois, Le Cas Sneijder (L'Olivier et Points Seuil)

Avant Paul Sneijder avait une vie. Il en avait même eu deux. Une première en France, puis un divorce, puis un rema-riage au Québec. Paul Sneijder est au-jourd'hui un homme en mille morceaux car sa grande fille, celle qu’il avait laissée en France et qui a grandi sans lui, vient de mourir. Un accident. Absurde, impen-sable, un accident défiant toutes les lois des statistiques et des probabilités. Un accident auquel il a lui-même survécu par miracle – pourquoi moi, pourquoi pas elle ? –, qui le laisse bancal sur ses deux jambes et bancal dans son existence, dans un entre deux déroutant, à mi che-min entre la stupeur et le deuil, entre l’en-vie de sombrer et celle de s’accrocher. S’accrocher d’accord, mais à qui ? À quoi ?

On ne peut pas vraiment dire que son épouse montréalaise lui soit d’un grand secours. La période de tendresse com-patissante est de courte durée et elle est déjà dans l’instant d’après. Celui du pro-cès, qui pourrait les mettre à l’abri de tout souci financier et offrir à leurs deux gar-çons la chance d’intégrer les meilleures Business Schools des States.

Mais l’accident a provoqué chez Paul comme un éclat magique de lucidité et il veut prendre son temps, le temps du doute et de l’errance, le temps du cha-grin. Il veut écouter la petite voix qui lui murmure l’absurdité de tout cela…La nouvelle vie de Paul Sneijder, c’est celle qu’il va oser choisir sans l'avoir pré-méditée : quitter son boulot de cadre su-périeur et promener des chiens dans un Montréal majestueux et blanc de neige. Une longue promenade existentielle comme les prémisses de sa guérison, de ses retrouvailles avec le sel de la vie.

Thierry Lhermitte est magnifique. Le Québec enneigé aussi. Le film est formi-dable.

Progreso Marin est parti…C'est un poète, un écrivain, un militant, un spectateur d'Utopia, un chouette bonhomme.Il était à l'initiative de la longue résistance à l'implantation du gigantesque et dévastateur projet Val Tolosa, sur le Plateau de la Menude (Gardarem la Menude !)Toulousain, issu de parents ayant fui l'Espagne franquiste, il a beaucoup écrit, beaucoup témoigné sur les traumatismes de l'exil et sur la vie qui continue et finit par s'enraciner ailleurs… ses ouvrages restent, vous pouvez les trouver aux éditions Loubatières.« comme un peintre, j'essaie dans ces destins fabuleux d'anonymes de prendre ce qui est essentiel, et de témoigner de cette formidable lutte pour la liberté et les raisonnances que ça a pu avoir sur les individus et sur leurs enfants… »

Dolorès, une vie pour la liberté - Exil – témoignages sur la guerre d'Espagne, les camps et la résistance au franquisme - 1936, luttes sociales dans le midi (avec Violette Marcos) Exilés espagnols, Mémoire à Vif… il y a aussi ses articles (surtout dans l'en-je lacanien) il y a ses poèmes… on n'est pas près d'oublier ses interventions à Utopia et on garde précieusement l'image de ce militant inépuisable, chaleureux et obstiné…

www.gardaremlamenude.com

Écrit et réalisé par Sébastien MARNIERFrance 2016 1h43avec Marina Foïs, Jérémie Elkaïm, Joséphine Japy, Benjamin Biolay, Jean-Luc Vincent…Scénario de Sébastien Marnier et Samuel Doux

Porté de bout en bout par Marina Foïs, une comédienne qui n’en finit dé-cidément pas de nous surprendre, Irréprochable vibre d'une tension digne des meilleurs thrillers. Noir, ce film l’est sans doute, non pas tant par la trame de son récit, qui tient plus du drame psy-chologique – pour celles et ceux qui ai-ment les cases –, mais plutôt par la sen-sation inquiétante – euphémisme – qui émane de son personnage principal. En cela, voilà un film qui parvient parfaite-ment à rendre palpables les contradic-tions et les tourments d’un être en per-dition : entendre par « en perdition » quelqu’un qui se noie et cherche coûte que coûte une bouée de sauvetage pour ne pas sombrer. Tour à tour pathétique, irritante, cabossée, menaçante mais aussi sensuelle, émouvante, enfantine,

on n'est pas près d’oublier Constance. C’est le genre de rencontre qui colle à la mémoire du spectateur… qui colle comme la poisse, un mauvais rêve ou bien le souvenir tenace d’une rencontre particulière, où rien ne semble jamais définitif, ni pour le meilleur ni pour le pire.

Constance a perdu l’essentiel de sa vie : son boulot. Elle a perdu aussi, par effet domino : un toit, une vie sociale, un sta-tut, une histoire à raconter aux autres, la sienne. Mais Constance, si elle n’a plus de ressources, a beaucoup de répar-tie et la volonté farouche, presque ob-sessionnelle, de rebondir. Paris, la ville qu’elle a cru conquérir voilà quelques années en quittant sa province natale, l’a aujourd’hui recrachée comme un vul-gaire déchet. Plus rentable, plus pro-ductive, plus intéressante, plus bonne à rien, Constance. Alors elle va faire le chemin à l’envers, revenir aux sources, dans la petite ville où elle a grandi, où sa mère vit encore, où elle a connu ses premiers amours, son premier emploi… La ville qu'il n'y a pas si longtemps elle a voulu fuir.Constance est persuadée que l’agence

immobilière où elle travaillait avant est prête à la reprendre. Quelle équipe ne voudrait pas dans ses rangs d’une pro-fessionnelle formée sur le marché pari-sien ? Mais on comprend assez vite que la réalité de Constance n’est pas tout à fait conforme à celle du monde qui l’en-toure. On comprend vite que Constance n’est pas tout à fait conforme à l’image de la quarantenaire cool, sportive et dé-tendue qu’elle veut renvoyer aux autres. On comprend aussi que Constance est un être tendu comme un arc prêt à lan-cer sa flèche assassine. On comprend que Constance cherche désespérément sa bouée de secours. Un emploi. Un corps pour exulter. Une mère malade à qui parler. Un confident du passé pour s’épancher. On comprend qu’irrépro-chable n’est pas vraiment le qualificatif qui la définira le mieux…

Sans rien révéler du suspense qui va faire vibrer cette histoire où se mé-langent âprement l’humour et le dé-sespoir, la quête de reconnaissance sociale et la folie discrète qui fait son nid en douce au cœur des âmes fra-giles, Irréprochable peut aussi se voir comme une fable sans illusion sur notre monde… Un monde cruel où le travail est devenu une denrée rare et précieuse et où la relation à l'autre, si facile dans l'omniprésente et trompeuse sphère vir-tuelle, est douloureuse et compliquée dans la lumière crue de la vraie vie.

IRRÉPROCHABLE

L’OLIVIERIciar BOLLAIN Espagne 2016 1h40 VOSTFavec Anna Castillo, Javier Gutierrez, Maria Romero, Pep Ambros, Miguel Angel Aladren…Scénario de Paul Laverty

Alma est une jeune fille impulsive, farceuse, débordante d'af-fection pour une brochette de cousins, oncles, copines qui le lui rendent bien, subjugués par sa vitalité insupportable qui leur ferait gober n'importe lequel de ses fantaisistes caprices. Mais par dessus tout elle est attachée à son grand père, com-plice de ses plus beaux moments d'enfance. Un grand père qui avait du temps pour elle et lui a transfusé sa passion pour sa terre, ses oliviers, son histoire où chaque geste était char-gé de valeurs et de sens, tandis que son père et ses oncles, inquiets pour leur avenir dans une Espagne en difficulté, se sont laissés hypnotiser par les sirènes d'un libéralisme qui leur promettait modernité et prospérité économique : ils ont ainsi vendu le plus vieux des vieux oliviers du champ familial et gèrent au bout du compte un élevage industriel de pou-lets… Depuis, le grand père s'est enfermé dans un mutisme total, refusant de manger, se laissant mourir, comme si en arra-chant de son champ ce morceau d'éternité, on avait rompu la chaîne de valeurs qui le retenait à la vie. Complètement per-du, il ne s'intéresse plus à rien et s'échappe régulièrement, sans avertir personne, pour venir rajouter une pierre au petit tas qui s'accumule à l'emplacement douloureusement vide de l'olivier.Voyant son grand père dépérir, Alma se met en tête de trou-ver l'endroit où cet olivier de deux mille ans a été transporté, persuadée que la seule chose qui peut redonner à son grand père sa joie de vivre, c'est d'arracher l'arbre du hall du siège social de glace, d'alu et de béton de la multinationale qui en a fait son emblème pour se donner bonne image et faire oublier qu'elle pourrit, par ailleurs, la planète par ses activités. Elle va embarquer copines, copains, tontons et relations tissées sur internet dans une histoire complètement folle et improbable, qui va les amener à Dusseldorf et qui raconte plein de choses sur le monde tel qu'il va…

L’EFFET AQUATIQUEÉcrit et réalisé par Solveig ANSPACHavec la collaboration de Jean-Luc GAGETFrance 2016 1h23avec Florence Loiret Caille, Samir Guesmi, Didda Jonsdottir, Philippe Rebbot, Esteban, Olivia Côte…

Samir, un quadragénaire plus habitué à l'air qu'à l'eau puisque grutier de son état, va trouver l'amour à la piscine Maurice Thorez de Montreuil, en la personne d'Agathe, maître na-geuse, pourtant revêche et mal embouchée de prime abord…Samir sait parfaitement nager, mais comme il ne sait com-ment aborder Agathe, il va s'inscrire aux cours de natation, en prenant soin de trafiquer les plannings pour être sûr de se retrouver avec elle et non avec sa collègue délurée, qui lui fout un peu les jetons. Et si faire semblant d'être un barboteur débutant ne suffit pas, il est prêt à suivre sa naïade jusqu'en Islande, où elle est envoyée pour un congrès de maîtres-na-geurs, ce qui va lui permettre de retrouver sa copine Didda, élue municipale un jour sur deux, ce qui lui laisse l'autre pour laisser libre cour à son inspiration de poétesse punk. Une fois sur place, notre Samir va être amené à se faire passer pour le représentant israélien, en charge d'un projet d'une « piscine de la paix » ! Et tout finira probablement dans un lagon de carte postale chauffé par l'énergie volcanique. Tout cela est de la plus haute et de la plus réjouissante fantaisie !Solveig Anspach (disparue en Août 2015) et son complice Jean-Luc Gaget usent à merveille du comique de l'absurde, avec des personnages secondaires savoureux (Philippe Rebbot, hilarant en directeur de piscine et dragueur foireux), et d'une poésie qu'on imagine très scandinave : douce, déca-lée, romantique.Une belle histoire d'amour funambule, qui nous transporte d'un monde aquatique domestique à un monde aquatique sauvage et grandiose, en jouant subtilement du côté érotique des lieux et des situations, en exaltant surtout la liberté et la générosité de personnages formidablement attachants. Un testament joyeux et frais que nous laisse la réalisatrice… et on espère que de là où elle est, elle nous verra rire et applaudir.

DÉESSES INDIENNES EN COLÈRE

Écrit et réalisé par Pan NALINInde 2016 1h44 VOSTFavec Sarah-Jane Dias, Rajshri Deshpande, Sandhya Mridul, Amrit Maghera, Pavleen Gujral…

Bienvenue à Goa, station balnéaire du Sud-Est de l'Inde. Ses rizières de cartes postales où barbotent les buffles, ses plages au sable blanc éclatant, ses pal-miers qui craquent au vent de la mer d'Arabie.Dans les années 1970, dans cet état ca-tholique donc étrangement plus permis-sif que le Kerala voisin, les hippies ont trouvé leur eden. Un petit mélange de nature paradisiaque, de vie au coût déri-soire pour n'importe quel va nu pieds oc-cidental et de spiritualité orientale vite di-gérée a fait le succès du lieu. Aujourd'hui la démocratisation des voyages et le ca-pitalisme à l'indienne sont passés par là et Goa est une destination « hype », aussi bien pour les jeunes Américains en springbreak exotique que pour les soldats israëliens en permission ou les nouvelles classes supérieures indiennes fuyant les mégalopoles surpolluées, qui achètent des villas coloniales pour y or-ganiser des séjours fun dans une am-biance arrosée aux mojitos, et bercée par l'électro des Dj's à la mode bien plus

que par le sitar traditionnel.Frieda, photographe dont la cote est en train de monter en flèche, invite à Goa ses amies Laxmi, Suranjana, Joanna, Pamela, Madhureeta et Nargis. Sept femmes modernes en goguette : il y a là une actrice qui a bien du mal avec les codes sexistes du cinéma Bollywood, une femme d'affaires sous tension, une furie obsédée par le crime impuni qu'a subi son frère, une femme mal mariée, une ingénue et même une syndicaliste. Un panel hétéroclite – et éventuellement explosif : entre la chef d'entreprise et la syndicaliste, ça grince – mais finalement assez représentatif des femmes des nouvelles sociétés urbaines indiennes. Le film commence par le portrait assez savoureux de toutes les protagoniste qui vont se retrouver à l'occasion d'un ma-riage pour le moins atypique et toute la première partie est drôle et enfiévrée, au plus près de ces sept nanas qui, mal-gré leurs différences, sont bien décidées à faire la fête, et qui vont échanger sur leurs difficultés à trouver leur place dans une société indienne encore très mar-quée par la division de classe et plus encore par une vision totalement rétro-grade du rôle de la femme, et ce en dé-pit du rôle social, économique voire po-litique que certaines jouent désormais.

Comme le souligne un des personnages, comment une civilisation qui vénère des déesses toutes puissantes peut à ce point asservir la femme ? Mais dans le même temps les filles s'extasient sur le beau gosse de passage et ses tablettes de chocolat, rabrouent les lourdingues du coin, ironisent sur leurs déboires sen-timentaux ou professionnels…Dès cette première partie enjouée et fri-vole, le film de Pan Nalin se démarque de Bollywood qui ne centre jamais un film sur les personnages féminins, qui n'y existent généralement que par leur rapport aux hommes et à leurs intrigues amoureuses. Mais Déesses indiennes… prend une tout autre dimension dans sa deuxième partie, qui aborde de manière tout à fait touchante un des fléaux en-démiques de la société indienne : les violences sexuelles, phénomène tra-gique que les différentes mesures ré-pressives ne semblent pas réussir à en-diguer, face à des mentalités qui n'ont pas progressé. Tout comme La Saison des femmes récemment programmé chez nous, Déesses indiennes en colère réussit à séduire par un récit enlevé, une mise en scène chatoyante, des actrices épatantes… tout en grattant la société indienne là où ça fait mal. Aussi plaisant que salutaire.

LA TORTUE ROUGEFilm d'animation de Michael DUDOK DE WITFrance / Japon / Belgique 2015 1h20 sans parolesProducteur artistique : Isao Takahata et le studio GhibliScénario de Michael Dudok de Wit et Pascale FerranMusique de Laurent Perez del Mar

MAGNIFIQUE FILM D'ANIMATION VISIBLE PAR TOUSPOUR LES ENFANTS, PAS AVANT 8/9 ANS

C’est un film sans paroles mais peuplé de sons, de musique et des bruits de la vie. Un film qui s’adresse à tous, adultes, adolescents et enfants pas trop petits, un film qui vous trans-porte ailleurs, dans un univers fait d'invention, de sérénité et de poésie. De l'invention et de la poésie, il y a en dans chaque plan de La Tortue rouge… Une invention subtile, tout en douceur, mais qui sait aussi être spectaculaire – l'extra-ordinaire séquence du tsunami –, une poésie simple, mini-maliste, aussi évidente que le trait d’encre noire porté par la main de Picasso quand il dessine un oiseau, aussi naïve que les traits délicats et presque inachevés dans les tableaux de la princesse Kaguya, le chef d'œuvre d'Isao Takahata, qui a prêté son concours attentif à La Tortue rouge. Economie des traits qui vont droit à l’essentiel, palette déli-cate et douce de couleurs dont les nuances ténues imposent à l’œil une attention de chaque instant : tout dans cette his-toire nous tire vers le haut, au diapason de la belle et fière exi-gence indispensable à la réussite de ce bijou de l'animation.Un homme, seul rescapé d'un naufrage, échoue sur le sable d'une île aussi désertique que tropicale. Une fois réveillé, il s'active : explorer l’île, trouver de quoi survivre, se faire cha-touiller les orteils par les crabes… et tenter coûte que coûte de construire un radeau pour partir. Mais à chaque tentative, une tortue rouge vient heurter son embarcation de fortune et l'empêcher de prendre le large, le ramenant à chaque fois sur la plage. Elle semble être son ennemie, ce sera en réalité sa seule alliée…

VOYAGES DE REVE Programme de 5 courts métrages d’animation 2014 43mnPOUR LES ENFANTS À PARTIR DE 4 ANSCinq histoires où s’entremêlent rêves et voyages, dans les-quelles les personnages voguent vers des horizons à la fois tout proches et lointains. A bord du bateau de leur imagina-tion, de leur créativité ou grâce à la magie du cinéma, ils nous font naviguer vers des mondes enchantés.

Impressions d’arc-en-ciel (Gitanjali Rao, Inde, 2006, 15mn) En hommage à sa mère et son chat, la réalisatrice a choisi de peindre toutes les images, plan par plan, de ce court-métrage qui lui a valu de nombreuses récompenses internationales. Une vieille dame fait la collection de boîtes d’allumettes. En noir et blanc, elle vit son quotidien avec son chat. Mais les illustrations flamboyantes des boîtes d’allumettes les trans-portent dans un univers haut en couleurs.

Le petit Cousteau (Jakub Kouril, République Tchèque, 2014, 9mn) : fasciné par les mondes marins et par le célèbre com-mandant Cousteau, un jeune garçon explore le monde de ses rêves aquatiques. En balance entre onirisme et poésie, le film nous fait naviguer tout en délicatesse entre plusieurs eaux.

Demain il pleut (Anne-Cécile Phanphengdy et Mélanie Vialaneix, France, 2013, 5mn) : le poisson c’est dans son as-siette qu’il se trouve et pas dans la mer qu’il le voit ! Un vieil homme vit en compagnie de son chien et rêve de voyages. Les couchers de soleil avec palmiers au bord de l’eau sont accrochés au frigo, sur les cartes postales. Astucieux, le chien va trouver une idée pour voyager.

Le Kiosque (Anete Melece, Suisse, 2013, 7mn) Dans son kiosque à journaux, Olga est aux petits soins pour tous les clients, toujours la mine joyeuse. Mais dès qu’elle a une minute pour elle, Olga rêve de s’échapper un peu de ce quotidien.

La Carte (Stéfan Le Lay, France, 2009, 7mn) Tourné en prise de vues réelles, ce court, qui fait écho au pre-mier film, met en scène une belle rencontre entre deux per-sonnes qui séjournent dans deux cartes postales de bord de mer et deux époques différentes.

Julien RAMBALDIFrance 2016 1h36avec Marc Zinga, Aïssa Maïga, Bayron Lebli, Médina Diarra, Rufus, Jonathan Lambert…Scénario de Kamini Zantoko, Julien Rambaldi et Benoît Graffin

C'est une histoire vraie tout à la fois triste et gaie, co-écrite par Kamini, au-teur et interprète du rap « Marly-Gomont » qui a fait un tube sur internet et ail-leurs. Une histoire si proche et en même temps si loin de la France d'aujourd'hui qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'elle pourrait se vivre à nouveau dans nos campagnes ou dans nos villes tant on n'est jamais sûr que l'histoire pro-gresse dans le bon sens.

Elle démarre sous une pluie battante alors qu'un visiteur vient pousser la porte d'une petite maison modeste, située nulle part, c'est à dire à Marly Gomont. Un bled sans grâce et sans histoire qui semble avoir été créé tout exprès par la grâce de Dieu pour qu'il ne s'y passe jamais rien de bon ou de mau-vais. Au point même d'y voir comme une facétie divine, ou pire encore un acte de méchanceté, dont ce Dieu d'amour est parfois capable. Sous un ciel bas et un déluge incessant, la porte gonflée par l'humidité finit par s'ouvrir. Dans la lumière déjà déclinante de ce milieu d'après-midi, une main

s'attarde alors sur les quelques meubles chargés de cartons qui trainent alentour. Aussi étrange que cela puisse paraître dans ce morne décor, ces traces d'une vie passée confirment, au même titre que la grotte de Lascaux, que ce lieu improbable a abrité des humanoïdes et, plus curieusement encore, des enfants du soleil, d'un pays où jamais il ne pleut, en l'occurrence la petite famille d'un docteur zaïrois, fraîchement diplômé de l'école de médecine de Paris.Difficile de croire, alors, à partir de la bi-coque, de la météo locale et de ce coin perdu de Picardie que ce paysage de désolation figé dans l'immobilisme va s'animer joyeusement pour donner nais-sance d'un coup de baguette magique à une réjouissante comédie familiale, tra-versée parfois par le pire, mais bien plus souvent par le meilleur.

Bienvenue à Marly-Gomont a en ef-fet cette vertu rare, par les temps qui courent, de nous laisser espérer le meil-leur de nos frères humains, à l'image par exemple de La Vache, ce petit film franco-algérien programmé il y a peu à Utopia, qui lui aussi s'efforçait avec hu-mour de nous dire que tout était encore possible dans nos sociétés entre indi-vidus de bonne volonté. Sont-ils pré-cieux, en effet, dans le climat actuel, ces réalisateurs pétris de gentillesse qui sont au cinéma ce qu’est à la pein-ture le Douanier Rousseau, ou dans

L’Iliade et L’Odyssée, les tendres efforts de Pénélope qui tissait et détissait jour après jour, nuit après nuit, son ouvrage pour seulement entretenir le fol espoir d’espérer toujours.

Alors certes, rien de fracassant dans l'odyssée toute simple du docteur Zantoko : ce Zaïrois du pays de Mobutu fut l'un des premiers médecins noirs à obtenir son diplôme alors que dans sa jeunesse, ceux-ci ne pouvaient espérer au mieux qu'un grade d'infirmier. Mieux encore, ce jeune diplomé qui aurait pu opter pour une vie facile refusa de céder aux sirènes d'un pouvoir zaïrois brutal et corrompu pour faire le choix d'exer-cer en France le métier moins gratifiant de médecin de campagne, dans un vil-lage picard où lui et sa famille étaient les seuls Noirs à des dizaines de kilomètres à la ronde. Nous voilà donc en 1975 à Marly-Gomont où notre ami Santoko, en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, fraîchement débarqués de Kinshasa, qui s'imaginent, eux, arri-ver à Paris, et qui, outre le froid et la ga-lère n'y trouveront que racisme et rejet. La suite cependant va couler heureu-sement de source en nous racontant le combat acharné de la famille pour ga-gner la confiance des villageois et triom-pher des préjugés et de la bêtise par la vertu et l'humour. Une abnégation por-tée par toute une génération qui crut de-voir se plier pour s'intégrer.

BIENVENUEÀ MARLY-GOMONT

BIENVENUE À MARLY-GOMONTDU 20/07 AU 9/08

DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIEDU 20/07 AU 14/08

DÉESSES INDIENNESDU 27/07 AU 23/08

L'ÉCONOMIE DU COUPLEDU 10 AU 23/08

FARGODU 3 AU 23/08

FLORENCE FOSTER JENKINSDU 3 AU 23/08

L'EFFET AQUATIQUEDU 20/07 AU 16/08

GENIUSDU 10 AU 23/08

IRRÉPROCHABLEDU 20/07 AU 7/08

JULIETADU 20/07 AU 21/08

LEADU 10 AU 23/08

LOVE & FRIENDSHIPDU 20/07 AU 9/08

MOKAÀ PARTIR DU 17/08

Mr GAGADU 20/07 AU 20/08

LA NOUVELLE VIE DE PAUL SNEIJDERDU 20/07 AU 2/08

L'OLIVIERDU 20/07 AU 8/08

SPARROWSDU 10 AU 21/08

STEFAN ZWEIGDU 10 AU 23/08

SUR QUEL PIED DANSERDU 20/07 AU 2/08

TONI ERDMANNÀ PARTIR DU 17/08

LA TORTUE ROUGEDU 20/07 AU 18/08

TRUMANDU 20/07 AU 21/08

D'UNE FAMILLE À L'AUTREDU 20/07 AU 9/08

VIVADU 3 AU 9/08

VOYAGES DE REVEDU 20/07 AU 8/08

Film documentaire de Tomer HEYMANNIsraël 2016 1h39 VOSTFavec Ohad Naharin et les danseuses/dan-seurs de la Batsheva Dance Company…

Gaga… un mot venu de l'enfance, comme un p'tit grain de folie, un balbutiement venu du temps où l'enfant découvre les possibilités d'un corps tout neuf, le bonheur de gesticuler, d'explorer toutes les postures possibles… Il n'y a personne, dit Ohad Naharin, qui ne soit capable d'éprouver du plaisir à mouvoir ses membres. Personne, démontre-t-il, qui ne puisse aller au-delà de ce qu'il croit être ses limites physiques. Chez Naharin, la danse est un cri venu de l'intérieur, un langage incarné qui permet de communiquer avec les autres et avec le monde, dans une sorte de dialogue exaltant et universel…Ohad Naharin est d'une fascinante beauté, d'une grâce animale sans cesse en mouve-ment. Depuis qu'il est né, il danse comme il respire, à tout propos, à tout moment, sans apprentissage ni contrainte, comme possé-dé par une jouissance chronique à se sen-tir bouger.Devenu grand, lorsque ce don des dieux de-vient une évidence pour tous, il se met à l'ap-prentissage de la technique avec les plus talentueux, mais après vingt-deux ans de li-berté, c'est un peu tard pour accepter de se plier aux conceptions des autres. De Marta Graham à Béjart, il ne supportera pas qu'on lui impose de danser d'une façon qui ne lui corresponde pas profondément. Il créera donc son propre style et il l'appellera le style Gaga, le premier mot qu'il ait jamais pronon-cé d'après sa mère… une façon de souligner le côté ludique et dérisoire des choses.

Qu'on soit féru de danse où néophyte, ce qui subjugue dès la première image, c'est cette exultation des corps, ce sentiment de liberté inouie, de plaisir à se sentir vivant. Les corps sont extraordinairement déliés à force de mouvement et expriment mieux que les mots

toute la gamme des sentiments humains  : la passion, le désir, la douleur, le bonheur… Bien au-delà de la performance technique, il y a l'expression des visages, des regards, des voix : la danse est ici don absolu de soi, communication totale avec les autres et c'est d'une beauté confondante parce que jamais gratuite, jamais déracinée.« Le principe, c'est d'écouter son corps avant de lui dire quoi faire. Procéder ainsi permet de prendre conscience de nos blo-cages physiques, de nos faiblesses et aus-si de dépasser chaque jour ces limites de-venues routinières ». On est assez sidéré de voir ce que ces danseurs obtiennent de leur corps sans jamais donner l'impression de lui faire violence, portés par une exultation pro-fonde de leur être en son entier. L'échange entre Ohad et ses danseurs a quelque chose d'une relation amoureuse, d'une écoute in-tense de l'autre qui permet d'aboutir à des chorégraphies saisissantes, d'une intensité amplifiée par la musique, les chants… car Ohad chante et compose, là encore d'une façon atypique, libre et cohérente.

Ohad Naharin est né dans un Kibboutz et en a gardé toute sa vie le goût du collec-tif, de l'élan partagé. Profondément attaché à ses origines, il ne pourra pas longtemps rester aux États Unis et reviendra en Israël pour prendre la direction de la Batscheva Dance Compagny, entrainant dans l'aven-ture Mari Kajiwara, son amoureuse fusion-nelle et formidable danseuse enlevée à Alvin Ailey quelques années plus tôt. Si on ne s'at-tarde pas vraiment sur sa sphère privée, il est d'évidence que la danse et sa vie sont indis-sociables et, sans être jamais impudique ou voyeur, le film donne à saisir le bonhomme dans son ensemble, personnage entier et exigeant qui, en exprimant son amour pro-fond pour son pays natal, dit sa douleur de le voir emporté par ses responsables poli-tiques dans une dérive suicidaire qui menace les fondements même de ce pays tant aimé.

Mr GAGA, SUR LES PAS D'OHAD NAHARIN

MAR

JUILL26 4€

18H30 20H10 22H00 L’EFFET AQUATIQUE LOVE & FRIENDSHIP IRRÉPROCHABLE 18H00 19H40 21H40 LA TORTUE ROUGE L’OLIVIER LA NOUVELLE VIE DE... 17H45 19H50 21H45 TRUMAN MARLY GOMONT SUR QUEL PIED DANSER 17H50 19H30 21H30 FAMILLE À L’AUTRE VIVA FAMILLE À L’AUTRE

LUN

JUILL25 4€

17H40 19H40 21H30 IRRÉPROCHABLE L’EFFET AQUATIQUE LOVE & FRIENDSHIP 18H00 20H00 21H40 L’OLIVIER LA TORTUE ROUGE L’OLIVIER 18H10 19H50 21H50 SUR QUEL PIED DANSER DANS LES FORÊTS... MARLY GOMONT 17H30 19H30 21H10 VIVA FAMILLE À L’AUTRE TRUMAN

DIM

JUILL24 4€

15H30 17H10 19H00 21H00LA TORTUE ROUGE LOVE & FRIENDSHIP IRRÉPROCHABLE LOVE & FRIENDSHIP15H40 17H20 19H20 21H30L’EFFET AQUATIQUE L’OLIVIER TRUMAN L’OLIVIER15H20 17H30 19H10 21H20MARLY GOMONT SUR QUEL PIED DANSER LA NOUVELLE VIE DE... MR GAGA...16H00 17H40 19H40 21H20FAMILLE À L’AUTRE VIVA FAMILLE À L’AUTRE L’EFFET AQUATIQUE

SAM

JUILL23 4€

16H30 18H30 20H15 22H10JULIETA L’EFFET AQUATIQUE LOVE & FRIENDSHIP IRRÉPROCHABLE16H20 18H20 20H00 22H00L’OLIVIER LA TORTUE ROUGE L’OLIVIER L’EFFET AQUATIQUE16H40 17H45 19H50 21H50VOYAGES DE RÊVE DANS LES FORÊTS MARLY GOMONT FAMILLE À L’AUTRE16H00 18H00 19H40 21H40LOVE & FRIENDSHIP FAMILLE À L’AUTRE VIVA TRUMAN

VEN

JUILL22 4€

17H30 19H40 21H40 IRRÉPROCHABLE L’OLIVIER VIVA 17H40 19H30 21H10 LOVE & FRIENDSHIP LA TORTUE ROUGE L’EFFET AQUATIQUE 18H10 19H50 22H00 FAMILLE À L’AUTRE TRUMAN MARLY GOMONT 18H10 20H10 21H50 MR GAGA... FAMILLE À L’AUTRE JULIETA

JEU

JUILL21 4€

17H50 19H50 21H30 L’OLIVIER L’EFFET AQUATIQUE IRRÉPROCHABLE 17H45 20H00 21H50 LA NOUVELLE VIE DE... LOVE & FRIENDSHIP L’OLIVIER 18H30 20H15 22H10 SUR QUEL PIED DANSER MARLY GOMONT FAMILLE À L’AUTRE 18H00 19H40 21H40 LA TORTUE ROUGE VIVA TRUMAN

MER

JUILL20 4€

16H00 17H50 19H30 21H30LOVE & FRIENDSHIP L’EFFET AQUATIQUE IRRÉPROCHABLE LA TORTUE ROUGE16H00 bébé 18H00 20H00 22H00L’OLIVIER JULIETA L’OLIVIER MR GAGA...16H30 17H40 19H40 21H20VOYAGES DE RÊVE MARLY GOMONT SUR QUEL PIED DANSER DANS LES FORÊTS...16H20 18H00 20H10 21H50FAMILLE À L’AUTRE TRUMAN FAMILLE À L’AUTRE VIVA

MER

JUILL27 4€

15H40 17H50 20H00 22H10GENIUS DANS LES FORÊTS... GENIUS FAMILLE À L’AUTRE15H50 bébé 17H40 19H50 22H00LOVE & FRIENDSHIP MARLY GOMONT DÉESSES INDIENNES... VIVA16H20 17H30 19H20 21H20VOYAGES DE RÊVE SUR QUEL PIED DANSER L’OLIVIER IRRÉPROCHABLE16H15 18H30 20H10 21H50DÉESSES INDIENNES... LA TORTUE ROUGE L’EFFET AQUATIQUE TRUMAN

PROGRAMMELes séances sur fond gris sont à 4 euros. (D)=dernière projection du film. L’heure indiquée est celle du début du film, soyez à l’heure, on ne laisse pas entrer les retardataires. www.cinemas-utopia.org

Mettez votre PUBDans la [email protected]

06 70 71 53 55

MAR

AOÛT2 4€

17H15 19H20 21H30GENIUS GENIUS TRUMAN17H05 19H10 21H15DÉESSES INDIENNES... DÉESSES INDIENNES... MR GAGA...17H10 18H15 (D) 20H00 21H45VOYAGES DE RÊVE SUR QUEL PIED DANSER FAMILLE À L’AUTRE L’EFFET AQUATIQUE17H00 19H00 (D) 21H20L’OLIVIER LA NOUVELLE VIE DE... VIVA

LUN

AOÛT1er 4€

17H00 19H20 21H30 TRUMAN GENIUS GENIUS 17H40 19H40 21H40 L’OLIVIER DÉESSES INDIENNES... DÉESSES INDIENNES... 17H30 19H30 21H15 VIVA FAMILLE À L’AUTRE LOVE & FRIENDSHIP 17H10 19H10 21H00 JULIETA L’EFFET AQUATIQUE MARLY GOMONT

DIM

JUILL31 4€

14H50 16H50 19H00 21H00LOVE & FRIENDSHIP GENIUS L’OLIVIER GENIUS15H00 17H10 19H10 21H15DÉESSES INDIENNES... MARLY GOMONT DÉESSES INDIENNES... DANS LES FORÊTS...15H10 17H30 18H40 20H40TRUMAN VOYAGES DE RÊVE IRRÉPROCHABLE VIVA15H30 17H20 19H10 20H50FAMILLE À L’AUTRE L’EFFET AQUATIQUE LA TORTUE ROUGE LA NOUVELLE VIE DE...

SAM

JUILL30 4€

15H50 18H00 20H00 22H10GENIUS LOVE & FRIENDSHIP GENIUS JULIETA15H40 17H40 19H30 21H40MARLY GOMONT FAMILLE À L’AUTRE DÉESSES INDIENNES... DANS LES FORÊTS...16H00 17H50 19H50 22H00SUR QUEL PIED DANSER VIVA L’OLIVIER TRUMAN16H10 18H10 20H10 21H50DÉESSES INDIENNES... MR GAGA... L’EFFET AQUATIQUE IRRÉPROCHABLE

VEN

JUILL29 4€

17H45 19H50 22H00 GENIUS GENIUS L’OLIVIER 17H40 19H40 21H50 MARLY GOMONT DÉESSES INDIENNES... DÉESSES INDIENNES... 17H35 19H30 21H40 LOVE & FRIENDSHIP VIVA FAMILLE À L’AUTRE 17H30 19H20 21H30 L’EFFET AQUATIQUE TRUMAN LA TORTUE ROUGE

JEU

JUILL28 4€

17H40 19H45 21H50 L’OLIVIER GENIUS GENIUS 17H50 20H00 22H00 DÉESSES INDIENNES... MARLY GOMONT DÉESSES INDIENNES... 17H30 19H30 21H15 IRRÉPROCHABLE FAMILLE À L’AUTRE LA NOUVELLE VIE DE... 18H00 20H10 22H10 TRUMAN VIVA L’EFFET AQUATIQUE

MER

AOÛT3 4€

16H00 17H20 19H30 21H40VOYAGES DE RÊVE GENIUS FOSTER JENKINS GENIUS15H40 bébé 17H50 20H00 22H00FOSTER JENKINS TRUMAN MARLY GOMONT DÉESSES INDIENNES...16H10 18H15 20H30 22H10L’OLIVIER DANS LES FORÊTS... FAMILLE À L’AUTRE VIVA15H50 17H40 19H50 21H50LOVE & FRIENDSHIP DÉESSES INDIENNES... FARGO L’EFFET AQUATIQUE

VEN

AOÛT5 4€

18H10 20H00 22H10 LOVE & FRIENDSHIP FOSTER JENKINS MARLY GOMONT 17H50 19H30 21H40 L’EFFET AQUATIQUE GENIUS DÉESSES INDIENNES... 17H40 19H50 22H00 L’OLIVIER FARGO IRRÉPROCHABLE 17H30 19H40 21H50 DÉESSES INDIENNES... DANS LES FORÊTS... FOSTER JENKINS

JEU

AOÛT4 4€

17H40 19H50 21H50 FOSTER JENKINS DÉESSES INDIENNES... FOSTER JENKINS 17H50 19H40 21H40 FAMILLE À L’AUTRE GENIUS TRUMAN 18H20 20H00 22H00 LA TORTUE ROUGE VIVA L’OLIVIER 18H10 20H15 22H10 IRRÉPROCHABLE LOVE & FRIENDSHIP FARGO

Les 7, 8, 9 octobre : 1re édition du Festival Saisons d'Elles à Toulouse. Des concerts (Anne Sylvestre, Trio Orlando, Martine Scozzesi…), des débats, des artistes de styles variés pour un fes-

tival engagé contre toutes discriminations. Réservation dès septembre www.follessaisons.fr

MAR

AOÛT9 4€

17H20 19H30 21H40 MARLY GOMONT (D) FOSTER JENKINS DÉESSES INDIENNES... 17H10 19H20 21H30 FOSTER JENKINS GENIUS LOVE & FRIENDSHIP (D) 17H40 19H45 21H30 VIVA (D) L’EFFET AQUATIQUE DANS LES FORÊTS... 17H30 19H40 21H50 FARGO TRUMAN FAMILLE À L’AUTRE (D)

LUN

AOÛT8 4€

17H20 19H30 21H40TRUMAN DÉESSES INDIENNES... FOSTER JENKINS17H30 19H40 21H50GENIUS FOSTER JENKINS GENIUS17H10 18H20 20H00 22H00VOYAGES DE RÊVE (D) LA TORTUE ROUGE FARGO VIVA17H40 19H20 21H30FAMILLE À L’AUTRE MR GAGA... L’OLIVIER (D)

DIM

AOÛT7 4€

14H20 16H30 18H40 20H45GENIUS FOSTER JENKINS GENIUS FOSTER JENKINS14H50 16H50 18H50 21H00MARLY GOMONT LOVE & FRIENDSHIP TRUMAN DÉESSES INDIENNES...14H30 16H40 17H50 19H30 21H30DANS LES FORÊTS... VOYAGES DE RÊVE FAMILLE À L’AUTRE VIVA L’EFFET AQUATIQUE15H00 17H10 19H15 21H15DÉESSES INDIENNES... IRRÉPROCHABLE (D) L’OLIVIER FARGO

SAM

AOÛT6 4€

15H40 17H50 19H50 22H00FOSTER JENKINS LOVE & FRIENDSHIP FOSTER JENKINS JULIETA15H00 17H10 19H00 21H00GENIUS LA TORTUE ROUGE MARLY GOMONT GENIUS16H00 18H00 20H10 21H50VIVA FARGO L’EFFET AQUATIQUE FARGO15H10 17H20 19H30 21H40DÉESSES INDIENNES... TRUMAN DÉESSES INDIENNES... FAMILLE À L’AUTRE

MER

AOÛT10 4€

15H00 17H10 19H20 21H30STEFAN ZWEIG TRUMAN STEFAN ZWEIG FOSTER JENKINS15H30 17H30 19H40 21H40ÉCONOMIE DU COUPLE FOSTER JENKINS ÉCONOMIE DU COUPLE GENIUS15H40 17H50 19H50 21H50DANS LES FORÊTS... FARGO SPARROWS JULIETA16H00 bébé 18H00 20H00 22H00L’EFFET AQUATIQUE LEA DÉESSES INDIENNES... FARGO

VEN

AOÛT12 4€

17H40 19H50 21H50 STEFAN ZWEIG ÉCONOMIE DU COUPLE STEFAN ZWEIG 17H30 19H20 21H30 L’EFFET AQUATIQUE GENIUS FOSTER JENKINS 18H10 20H10 22H10 JULIETA LEA DÉESSES INDIENNES... 18H00 20H00 22H00 ÉCONOMIE DU COUPLE FARGO TRUMAN

JEU

AOÛT11 4€

17H40 19H50 21H50 STEFAN ZWEIG ÉCONOMIE DU COUPLE STEFAN ZWEIG 17H30 19H30 21H40 ÉCONOMIE DU COUPLE FOSTER JENKINS GENIUS 17H20 19H20 21H30 SPARROWS TRUMAN FOSTER JENKINS 17H50 20H00 22H00 DÉESSES INDIENNES... LEA FARGO

DIM

AOÛT14 4€

14H50 17H00 19H20 21H30STEFAN ZWEIG FOSTER JENKINS STEFAN ZWEIG GENIUS15H10 17H10 19H10 21H10ÉCONOMIE DU COUPLE FARGO ÉCONOMIE DU COUPLE FOSTER JENKINS14H45 16H50 18H30 20H45DÉESSES INDIENNES... LA TORTUE ROUGE DANS LES FORÊTS (D) ÉCONOMIE DU COUPLE15H20 17H20 19H30 21H20LEA TRUMAN L’EFFET AQUATIQUE (D) STEFAN ZWEIG

SAM

AOÛT13 4€

15H40 17H50 20H00 22H10STEFAN ZWEIG FOSTER JENKINS STEFAN ZWEIG FARGO15H20 17H20 19H30 21H30ÉCONOMIE DU COUPLE GENIUS ÉCONOMIE DU COUPLE FOSTER JENKINS15H30 17H40 19H45 21H50DANS LES FORÊTS... SPARROWS DÉESSES INDIENNES... L’EFFET AQUATIQUE16H00 18H10 20H10 22H00TRUMAN MR GAGA... LEA JULIETA

Mettez votre PUBDans la [email protected]

06 70 71 53 55

Retrouvez la gazette d’Utopia sur toutes les étapesau fil de l’eau du Festival Convivencia (qui fête ses 20 ans).

Pour connaître les lieux de passage de la péniche : www.convivencia.eu

Aikido Franck Noël

7e Dan Aikikai

au Dojo de la Roseraie 4, chemin Nicol - 31200 Toulouse

Tél : 05 61 26 10 31metro Argoulets

www.aikido-noel.comCours tous niveaux, du débutant complet

au plus avancéTous les jours midi et soir.

Tarifs réduit ado., étudiant et chômeur.

MAR

AOÛT16 4€

17H30 19H40 21H40 STEFAN ZWEIG ÉCONOMIE DU COUPLE STEFAN ZWEIG 17H20 19H20 21H30 ÉCONOMIE DU COUPLE GENIUS FOSTER JENKINS 17H50 19H50 21H50 SPARROWS DÉESSES INDIENNES... GENIUS 17H45 20H00 22H00 FOSTER JENKINS FARGO LEA

LUN

AOÛT15 4€

17H20 19H30 21H30 STEFAN ZWEIG ÉCONOMIE DU COUPLE STEFAN ZWEIG 17H40 19H40 21H50 ÉCONOMIE DU COUPLE FOSTER JENKINS FARGO 17H50 20H00 22H00 DÉESSES INDIENNES... SPARROWS TRUMAN 17H30 19H50 21H40 GENIUS LEA FOSTER JENKINS

MER

AOÛT17 4€

14H30 16H30 18H30 20H30ÉCONOMIE DU COUPLE FARGO ÉCONOMIE DU COUPLE TONI ERDMANN14H40 17H50 19H40 21H45TONI ERDMANN MOKA STEFAN ZWEIG MOKA15H10 bébé 17H15 19H10 21H15STEFAN ZWEIG SPARROWS DÉESSES INDIENNES... TRUMAN14H50 16H45 18H50 21H50MOKA GENIUS TONI ERDMANN FOSTER JENKINS

VEN

AOÛT19 4€

16H30 18H40 20H45 FOSTER JENKINS STEFAN ZWEIG TONI ERDMANN 16H40 19H45 21H30 TONI ERDMANN MOKA ÉCONOMIE DU COUPLE 17H20 19H30 21H40 GENIUS TRUMAN DÉESSES INDIENNES... 17H10 19H15 21H20 ÉCONOMIE DU COUPLE FARGO MOKA

JEU

AOÛT18 4€

17H10 19H00 21H00 MOKA ÉCONOMIE DU COUPLE TONI ERDMANN 17H00 20H10 22H00 TONI ERDMANN MOKA STEFAN ZWEIG 17H40 19H50 21H50 LA TORTUE ROUGE (D) FARGO TRUMAN 17H30 19H30 21H40 LEA FOSTER JENKINS GENIUS

DIM

AOÛT21 4€

14H40 16H40 18H45 20H45ÉCONOMIE DU COUPLE STEFAN ZWEIG ÉCONOMIE DU COUPLE TONI ERDMANN14H15 17H20 19H10 21H20TONI ERDMANN MOKA STEFAN ZWEIG MOKA15H20 17H30 19H25 21H30TRUMAN (D) LEA SPARROWS (D) JULIETA (D)14H30 16H30 19H30 21H40GENIUS TONI ERDMANN FOSTER JENKINS FARGO

SAM

AOÛT20 4€

14H30 16H40 18H45 20H45STEFAN ZWEIG GENIUS ÉCONOMIE DU COUPLE TONI ERDMANN14H40 17H50 19H50 21H40TONI ERDMANN MR GAGA (D) MOKA STEFAN ZWEIG16H00 18H00 20H10 22H00SPARROWS DÉESSES INDIENNES... LEA FARGO14H50 16H50 20H00 22H10ÉCONOMIE DU COUPLE TONI ERDMANN FOSTER JENKINS MOKA

MAR

AOÛT23 4€

17H00 19H00 21H10 MOKA STEFAN ZWEIG TONI ERDMANN 16H50 20H00 21H50 TONI ERDMANN MOKA ÉCONOMIE DU COUPLE 17H10 19H20 21H30 FOSTER JENKINS GENIUS FARGO 16H40 18H40 21H40 ÉCONOMIE DU COUPLE TONI ERDMANN STEFAN ZWEIG

LUN

AOÛT22 4€

16H50 19H00 21H00 STEFAN ZWEIG ÉCONOMIE DU COUPLE TONI ERDMANN 16H30 19H40 21H50 TONI ERDMANN STEFAN ZWEIG MOKA 17H40 19H50 21H40 DÉESSES INDIENNES... LEA GENIUS 17H10 19H20 21H10 FOSTER JENKINS MOKA FARGO

Le 31 août à 15h, Avant-Première de LA RÉLÈVE de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, en partenariat avec les Résidences D’Oc et Les Cévennes. Benjamin Millepied est nommé

directeur de la danse de l’Opéra National, une incroyable épopée pleine d’énergie.

Écrit et réalisé par Maren ADEAllemagne 2016 2h42 VOSTFavec Sandra Hüller, Peter Simonischek, Michael Wittenborn, Thomas Loibl…

C'est une sorte de tour de force que réalise cet étonnant Toni Erdmann, à la fois hilarant et bouleversant, cri d'amour d'une sincérité évidente à la famille et à ses liens inaliénables en même temps qu'ode à la liberté la plus débridée. Tout ça maîtrisé de manière impres-sionnante par la jeune réalisatrice alle-mande Maren Ade, dont le premier film, Everyone else, pourtant auréolé de deux récompenses au Festival de Berlin, était étrangement passé inaperçu lors de sa sortie en France.La trame est au demeurant classique : la confrontation entre deux êtres qu'a priori tout oppose, à ceci près que ce sont un père et sa fille qui se sont éloi-gnés depuis plusieurs années et se re-trouvent dans des circonstances rocam-bolesques.Winfried est un sexagénaire atypique, mais assez emblématique d'une géné-ration qui s'est battue contre le modèle capitaliste, pour la libération sexuelle, contre les normes établies et l'éducation traditionnelle. Il est professeur de mu-sique plus ou moins dilettante et, se fi-chant comme d'une guigne de ce qu'on

attend de lui, n'hésite pas à se déguiser en personnage gothique d'Halloween pour une fête de fin d'année à l'occasion de laquelle il fait ânonner à ses élèves une chanson ironiquement sinistre.Sa fille Inès est tout ce que son père n'a jamais voulu être. Parfait produit de la réussite économique allemande, elle tra-vaille pour un cabinet d'audit à Bucarest où elle conseille des entreprises locales pour les aider à licencier au plus vite et sans bavures. Elle mène une vie confor-table et amorale, dénuée d'amour et d'idéal, sans trop se poser de questions autres que celles concernant l'efficacité des argumentaires qu'elle assène à des cadres roumains dans le but de leur faire maîtriser les pratiques managériales qui font le bonheur du capitalisme européen et le malheur de ses ouvriers.

Mais le cours des choses va changer quand Winfried débarque à l'improviste à Bucarest, ce qui exaspère au plus haut point la jeune femme. Au sommet de l'incommunicabilité, croyant s'en être débarrassée au bout de quelques jours, elle le voit redébouler sous les atours d'un personnage de substitution, Toni Erdmann, perruque ridicule et dentier factice proéminent : Winfried/Toni se fait passer pour un éminent « coach » et il va s'immiscer dans le milieu profession-

nel vermoulu de sa fille où des hommes d'affaires toujours plus impitoyables se partagent entre soirées dans des clubs de striptease et réceptions chez l'am-bassadeur. N'ayant pas vraiment le choix, Inès joue le jeu et se trouve en-traînée dans des scènes ubuesques, comme celle où elle embarque son père sur un puits de pétrole bientôt sous-trai-té et où une énième blague de Toni pro-voque un licenciement, ou encore celle où une réception censée souder l'équipe d'Inès se finit à poil, avec le père affublé d'un énorme costume traditionnel bul-gare le faisant ressembler à un yeti.Petit à petit père et fille vont néanmoins se rapprocher autour d'une question simple : c'est quoi le bonheur ?

L'immense force du film tient à son côté gentiment malséant et décalé. Hilarant par sa maîtrise du burlesque de cer-taines situations mais plaçant aussi le spectateur dans une situation gênante, au fur et à mesure des mystifications de plus en plus énormes du père qui per-met enfin à sa fille (la formidable Sandra Hüller) de se révéler à elle-même et d'as-sumer pleinement sa place de femme in-dépendante dans un monde dominé par l'argent et le sexisme.Le pari était de réaliser un film aussi drôle qu'émouvant ? Pari tenu haut la main !

Toni Erdmann

Marco Tullio GIORDANAItalie 2015 1h36 VOSTFavec Vanessa Scalera, Linda Caridi, Alessio Pratico, Mauro Conte, Matilde Piana...Scénario de Monica Zapelli et Marco Tullio Giordana

Pour ceux qui ont suffisamment de bou-teille pour s’en souvenir, Marco Tullio Giordana a réalisé au moins deux films formidables : la grande fresque Nos meil-leures années en 2003, et avant cela, en 2000, le superbe Les Cent pas (I Cento passi), qui abordait déjà la résistance contre la Mafia, à travers le personnage d’un homme remarquable. Giordana re-vient aujourd’hui avec un nouveau film très fort, qui attaque de nouveau fronta-lement la mafia (calabraise cette fois, la ‘Ndrangheta), mais à travers une magni-fique figure féminine, la Lea du titre.

Vivant depuis toujours dans un village calabrais gangréné par la mafia, Lea se laisse séduire – en partie parce qu’elle croit voir là un moyen d’échapper à l’emprise de sa famille – par l’une des petites frappes de l’organisation, avec qui elle a une fille. Obéissant d’abord, parce qu’elle n’a pas vraiment le choix, aux règles du clan, Lea va progressi-vement essayer de s’y soustraire, sou-cieuse qu’elle est d’offrir à sa fille une vie différente, sans violence, sans peur, sans mensonge...

Mais on n’échappe pas comme cela à la pieuvre... Pour gagner son indépen-dance, pour fuir les mâchoires du piège qui l’enserre, elle n’a d’autre choix que de coopérer avec la justice, de donner des informations sur ses proches, tous impliqués, et de bénéficier en échange du régime de protection des témoins. Quelle est la véritable efficacité de cette protection ? Combien de temps va-t-elle durer ?Inspiré de la véritable histoire de Lea Garofalo, qui en 2009 a fortement mar-qué l’opinion publique italienne (au-tant pour l’horreur des événements que pour le courage des deux femmes im-pliquées), le film est à la fois un tableau hyper réaliste de l’Italie du Sud sous l’emprise de la mafia et la chronique très attachante du parcours d’une combat-tante ordinaire, bien décidée à conqué-rir sa liberté et celle de sa fille, en toute connaissance de cause, en mesurant parfaitement les dangers multiples qui la menacent. Aucun glamour ici, les mafieux de Lea portent plus volontiers des bleus de tra-vail que des costumes trois pièces, et utilisent comme couverture à leurs si-nistres activités un modeste garage ou la location d’un immeuble misérable à Milan plutôt qu’un grand casino tape-à-l’œil. Mais s’ils sont «  normaux  » en surface, ils n’en sont pas moins impi-toyables. Obéissant au code immuable de la vendetta, les criminels mettent au-

dessus de toute loi la suprématie de la famille en tant que clan. Léa, elle, refuse que sa fille grandisse dans ce milieu an-xiogène, et sa seule obsession sera de la protéger. Ce sont bien deux visions de la loyauté familiale qui s’opposent dans le film de Marco Tullio Giordana. L’attitude de Lea est inadmissible pour sa famille : dans ce milieu, la femme appartient au patron du clan. C’est elle qui élève les enfants et transmet les « valeurs » sur lesquelles repose la mentalité mafieuse. Quand les femmes se soumettent à ce rôle, la société mafieuse est à l’abri. Mais quand une femme commence à ré-fléchir à l’avenir de ses enfants, qu’elle refuse qu’ils deviennent des petits sol-dats, ou qu’elle essaie de s’émanciper, la pérennité du système est remise en cause. Cela se vérifie particulièrement pour la ‘Ndrangheta, qui a gardé la fa-mille comme noyau : les affiliés ne sont pas des associés, mais des frères, fils, cousins, neveux. S’il faut faire des al-liances et des fusions, cela se passe à travers des mariages. C’est pour cela qu’elle reste une des organisations cri-minelles les plus impénétrables.

À partir d’un scénario particulièrement précis, Marco Tullio Giordana décrit sans temps mort l’évolution sur trois décennies d’une femme hors-norme, de la passivité obligée à la prise de conscience, de la tentative de fuite aux carences de l’État italien.

LEALEA

Écrit et réalisé par Rúnar RUNARSSONIslande 2016 1h39 VOSTFavec Atli Oskar Fjalarsson, Ingvar Eggert Sigurosson, Nanna Kristin Magnusdottir, Rade Serbedzija, Kristbjörg Kjeld…

Il y a dans la première scène tout ce qui fait le charme de ce film : dans le chœur d’une église, un garçon chante d’une voie cristalline un cantique. Habité par la mélodie, il semble s’élever non pas vers Dieu, la vierge Marie ou le Saint Esprit, mais plutôt vers un espace se-cret connu de lui seul, un de ces re-fuges ou au contraire un de ces terri-toires d'échappées belles dont a besoin l’adolescence. Sparrows pourrait n'être – et après tout ce ne serait déjà pas si mal – qu'un énième récit sur cet instant périlleux et parfois dangereux où il faut quitter l'enfance pour se frotter à l’âpre-té du monde des adultes. Mais grâce à la magie des terres islandaises, grâce à la subtilité, à la sensibilité de l'écriture, grâce à la pudeur et la délicatesse de la mise en scène, ce second long métrage

d'un réalisateur encore inconnu chez nous s’impose par sa fraîcheur et sa tonalité douce amère comme l’une des plus inspirantes découvertes de cette gazette estivale.

Ari a seize ans. Il a passé l’âge de res-ter dans les jupes de sa mère. C’est en tout cas ce qu’elle décide puisqu'elle annonce à son fils qu'elle part pour un pays lointain qui n'est d'évidence pas du tout adapté pour un garçon comme lui. On comprend que les parents d’Ari sont séparés, et que sa mère est impatiente de lâcher prise avec son ado de fils pour pouvoir vivre pleinement sa nouvelle vie avec son nouveau compagnon. C’est donc contraint et contrarié que l'ado-lescent va devoir quitter Reykjavik pour aller vivre chez son père, dans la région isolée des fjords, au Nord-Ouest de l'Is-lande, autant dire au bout du bout du monde.Les retrouvailles avec l’enfance qu’il a quittée ne sont pas des plus simples. Ses amis d’avant ont grandi sans l’at-tendre, son père s’est enlisé dans une

vie morne rythmée par les repas avec sa mère et les beuveries entre potes et Ari peine à trouver sa place dans un monde dont il ne connait pas les codes. Être jeune, c’est aussi boire et fumer, sor-tir en bande et draguer les filles… au-tant de rites d’initiation qui l’attirent et l’effraient en même temps, lui le garçon de la grande ville qui devait penser ne pas avoir nécessairement à affronter ce-la pour s’affirmer. Pourtant, aussi sen-sible et discret qu’il puisse paraître, Ari porte en lui une force intérieure qui va l’aider à traverser cette étape. Il est à deux doigts de se comporter comme un petit garçon, d'appeler sa mère au se-cours… mais il va s'accrocher. C’est le regard tendre qu’il porte sur sa grand-mère. C’est l’exigence qu’il saura impo-ser à son père pour qu’il assume correc-tement son rôle de guide et de modèle, c’est la sensibilité bouleversante qui l’habitera comme une arme face à la du-reté des premiers émois sensuels.

Sans violence, sans fracas, Sparrows livre une histoire qui est sans doute ordi-naire mais qui n'est jamais quelconque. Par la grâce et la retenue de ses person-nages, par la beauté brute de ses pay-sages, par le choix assumé de l'écono-mie des mots pour mieux nous laisser deviner les sentiments profonds. Un très beau film qui atteint même à une vraie grandeur dans une scène finale magni-fique…

SPARROWS

DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIESafy NEBBOU France 2016 1h45avec Raphaël Personnaz, Evgueni SidhikhineScénario de Safy Nebbou et David œlhoffen, d'après le livre de Sylvain TessonMusique originale de Ibrahim Maalouf

On s'embarque en terre inconnue en même temps que le pro-tagoniste, Teddy, parti très loin pour fuir le brouhaha parisien, les sollicitations de son monde, goûter une nouvelle forme de liberté. Nous voilà ensemble coupés de nos repères et on ne sait pas où l'aventure va nous mener. Le périple débute dans une modeste bicoque, où nous sommes simplement ac-cueillis par une femme russe dont le chant ruisselle du lait de la tendresse humaine. On s'immerge dans l'ambiance, les gestes, les sons des autochtones : les mots que l'on ne com-prend pas, dont on devine la signification.Teddy a choisi de partir vers le dépouillement, l'isolement, la solitude et son voyage commence quand il se retrouve mi-nuscule face à l'infini de la neige… Nous voici un peu perdus au fin fond de la forêt sibérienne, époustouflés par la beauté des paysages, par le silence ou par une musique qui vous vrille les sens et le cœur. Uniquement reliés au monde (en tout cas au monde organisé, socialisé) par un lac gelé… à condition que les glaces ne décident pas de fondre. Teddy est enfin seul dans la petite cabane de bois qu'il a achetée. Seul avec lui-même, ses pensées, ses joies enfantines… loin du brouhaha parisien… Seul ? Pas si sûr… Il y a une ou des présences qu'il ressent ou qu'il devine, même s'il ne sait pas décrypter les traces, les murmures, les frôle-ments de la nature. Végétal ? Animal ? Humain ? Les récits que lui ont fait ceux qui l'ont accueilli deviennent plus pré-sents : il y a longtemps, un meurtrier serait venu se réfugier ici pour fuir le châtiment des hommes… Mort, vivant ? Nul ne le sait. Puis ce sont des pièges posés pour se nourrir qu'il dé-couvre par hasard… Bientôt il n'y aura plus de doute. Ce se-ra une magnifique rencontre entre deux solitaires, entre deux solitudes…

JULIETAÉcrit et réalisé par Pedro ALMODOVAREspagne 2016 1h36 VOSTFavec Emma Suarez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Inma Cuesta, Rossy de Palma, Dario Grandinetti, Michelle Jenner, Pilar Castro…D'après trois nouvelles d'Alice Munro

« Merci de ne pas me laisser vieillir seule » : Julieta, la cin-quantaine, répète mot pour mot ce que son compagnon vient de lui dire, au milieu des cartons. Ils sont d’accord pour quit-ter Madrid ensemble, à jamais, et s’établir au Portugal. Mais en un instant, tout bascule : une jeune femme, dans la rue, parle à Julieta de sa fille, qu’elle n’a pas vue depuis des an-nées. Comme d’autres rechutent dans l’alcool ou la drogue, elle s’abandonne soudain à l’obsession de revoir son enfant, devenue une femme. Elle rompt avec son compagnon, se réinstalle seule à Madrid et replonge dans le passé… Les fans du Pedro Almódovar mature (disons depuis Tout sur ma mère) apprécieront cette superbe entrée en matière : après la paren-thèse trop légère des Amants passagers, retour à l’intensité romanesque et au portrait de femme, avec la promesse d’une histoire gigogne, mélangeant les époques… un récit comme une fuite en avant, mais dans le passé.Le sentiment de culpabilité est l’inattendue force motrice du film. Julieta l’éprouve très jeune, après le suicide d’un homme, inconnu, qu’elle avait refusé d’écouter. De cette épreuve naît finalement un grand amour, charnel et consolateur, lui-même défait, des années après, dans la certitude, cette fois incon-solable, d’une nouvelle faute… Tout raconte que l’existence est une succession de pertes et d’adieux informulés.A cette gravité, le maître espagnol donne, toujours, une tra-duction étrangement séduisante. Pour évoquer les années 1980 et la prime jeunesse de Julieta, il ressuscite la merveil-leuse débauche chromatique de sa période Movida. Quand elle devient une autre femme, transformée par le chagrin et les remords, il passe d’une actrice (Adriana Ugarte) à une autre (Emma Suarez) dans la même scène, élégante et suave…Grande réussite d'un Almodovar qui se réclame de l'austérité, le film fascine par cette alchimie entre la noirceur désenchan-tée du fond et l’éclat rédempteur de la forme.

(L. Guichard, Télérama)

MOKAFrédéric MERMOUDFrance/Suisse 2016 1h29avec Emmanuelle Devos, Nathalie Baye, David Clavel, Diane Rouxel, Samuel Labarthe, Jean-Philippe Ecoffey…Scénario de Frédéric Mermoud et Antonin Martin-Hilbert, d'après le roman de Tatiana de Rosnay

Elle a quelque chose d'un héros de wes-tern, ou de polar… enfin, un truc dans lequel on imagine mal habituellement une femme. Une femme, c'est doux, ça pleure, ça souffre, ça peut aimer, être terrible… mais ça va rarement ache-ter un gun et se mettre en quête de ré-soudre le problème qui lui pourrit la vie, en poursuivant de façon solitaire, ob-sessionnelle, obstinée, calculée… un projet de vengeance. On n'est pas dans un polar, on n'est pas dans un western, il y a un peu de ça mais ici les choses sont plus subtiles. On est entre la Suisse et la France, entre Evian et Lausanne, on reste autour du Lac Léman, qui est assez peu rassurant, malgré son aspect lisse : plutôt étrange, et finalement in-quiétant peut-être… on sent qu'on n'est pas à l'abri de surprises.Notre héroïne n'est pas simple à sai-

sir. Au départ, on peut la trouver bi-zarre, voire un peu folle, d'ailleurs elle s'échappe d'une clinique où elle semble soigner les suites d'un drame non réso-lu… Ça n'a pas l'air d'aller fort, mais il émane d'elle une sorte de tension froide et silencieuse, une sorte de violence rentrée, elle apparaît fichtrement réso-lue avec sa parka qui la banalise, ses basket qui ne font pas de bruit. Et puis bon sang ! Elle a la tête d'Emmanuelle Devos, qui a une façon d'être à l'image qui accroche l'intérêt, séduit, intrigue.

On ne vous racontera pas l'histoire… c'est sans doute mieux parce que ce serait vous priver de cette curiosité qui grandit peu à peu et ne s'arrête pas à l'énoncé de ce qui pourrait avoir l'air à première vue d'un fait divers. Cette belle femme qui largue les amarres, qui semble avoir vacillé un moment sous l'effet d'une grande douleur, tangue comme une équilibriste entre l'appel du vide et un profond appétit de vie. Peu à peu son besoin viscéral de vérité va la propulser du côté moins sombre des choses, au cours de méticuleuses re-cherches qui la conduiront à résoudre cette affaire qui la concerne au plus pro-fond d'elle même et à laquelle les flics du coin s'intéressent assez peu. Se faire justice… Au bout de son en-quête, elle trouve une femme, et la ren-contre ne sera pas banale. Sous l'évi-dence apparente des faits pourrait bien se cacher une erreur judiciaire. La vie

adore les stratégies alambiquées. Diane aurait pu conclure un peu trop vite, en se contentant de la découverte de la pro-priétaire de la voiture couleur moka qui désigne Marlène comme responsable de son malheur… mais si elle n'est pas pressée, c'est qu'elle ne veut pas seule-ment savoir, elle veut aussi comprendre. On croit être prêt à haïr. Mais il suffit qu'on s'approche de plus près, qu'on plonge dans une vie, ce qu'on en dé-couvre change fatalement le regard : celui que l'on abordait en ennemi cesse alors d'être anonyme. Ecouter, c'est chercher à comprendre, c'est perdre la distance qui permet la froideur… Comprendre c'est déjà excuser disait l'autre. Ici cette belle femme qui fait face à Diane, fragile et forte à la fois, a elle-même une histoire compliquée. Au de-là des apparences il y a la profondeur abyssale de l'humain écartelé entre ses forces et ses faiblesses, fichtrement touchant et attachant (particulièrement quand il a la subtilité et la capacité na-turelle de séduction de Nathalie Baye).Passant à deux doigts d'un nouveau drame, Diane va découvrir en Marlène un autre prototype d'humanité tout aussi fascinant et complexe qu'elle l'est elle-même. En démêlant l'écheveau de cette tragédie qui la touche, elle va se révé-ler infiniment proche d'elle, rencontre improbable et superbe de deux femmes qui commence par un désir de ven-geance et évolue vers une réconciliation avec soi-même donc avec les autres.

Michael GRANDAGEGB 2016 1h44 VOSTFavec Colin Firth, Jude Law, Nicole Kidman, Laura Linney, Guy Pearce, Dominic West…Scénario de John Logan d'aprèsla biographie Max Perkins, Editor of Genius d'Andrew Scott Berg (prix Pulitzer)

Genius, c'est l'histoire d'un homme de l'ombre. Un de ceux que l'Histoire, même littéraire, a trop vite oubliés. C'est aussi l'histoire d'une rencontre entre un écrivain alors inconnu et celle d'un édi-teur au nez fin. Mais plus que cela en-core, c'est l'histoire de passions dévo-rantes qui vous font mettre tout le reste de côté.Lorsque Thomas Wolfe vient trépi-gner devant la célèbre maison d'édi-tion Scribner à New-York, en quête de la réponse pour un manuscrit qu'il leur a confié, il s'attend une fois de plus à es-suyer un refus. Il ne se doute pas du tout qu'il va y rencontrer un re-lecteur fabu-leux qui va bouleverser sa vie. Un de ceux qui vous aiguillent, vous redonnent du courage, ne vous lâchent jamais. Un vrai passionné qui va bien au-delà de sa fonction première de correcteur. Nous sommes dans les années vingt et, Max Perkins, c'est le nom de l'éditeur, mal-gré ses airs trop propres sur lui, a une audace intellectuelle rare et sait repérer ce que ses collègues ne voient pas. Il

va savoir reconnaître une littérature qui émerge et sort des sentiers battus alors que ses confrères passent tous à côté. Grâce à lui va être mise en lumière toute une nouvelle génération d'écrivains dont les fameux Francis Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway… Thomas Wolfe est l'antithèse de Max Perkins… L'un du Nord, l'autre du Sud. L'un toujours exalté, à l'enthousiasme débridé, parlant trop fort, vivant d'excès, ivre de mouvements et de conquêtes fé-minines. L'autre toujours pondéré, éco-nome en mots, pugnace et fidèle à ses choix, comme à sa famille, ayant pour seule évasion la lecture. Max, patiem-ment, sans lui accorder aucune conces-sion, va contraindre Thomas, trop pro-lixe, trop exubérant, à resserrer son écriture, à la sublimer. C'est un partena-riat de longue haleine qui se met rapide-ment en place. Entre ces deux hommes si différents mais liés par l'amour des mots, le goût du travail acharné, va naître une reconnaissance mutuelle, une complicité et une amitié qui va devenir obsessionnelle. Max est une sorte d'ange gardien pour Thomas Wolfe et pour lui il sort de son rôle professionnel, endossant celui de coach, de banquier, de confident, de compagnon noctambule… À tel point que leurs compagnes respectives au-raient de quoi en être jalouses. Là aussi elles sont comme le jour et la nuit, mais tout aussi brillantes, dévouées. Alors

que Louise Sanders, la femme et la mère des cinq filles de Max Perkins, est une dramaturge de renom, affable et d'une patience angélique qui ne perd jamais son sang froid, Aline Bernstein l'amante de Thomas Wolf, créatrice de costumes pour le théâtre, est excessive, ardente, prête à tout pour ne pas perdre son as-cendant sur son protégé…

Colin Firth, Jude Law, Nicole Kidman, Laura Linney, profondément investis dans la peau de leurs personnages, for-ment un quatuor détonnant, rocambo-lesque et rendent ce biopic de facture classique complètement passionnant, particulièrement les scènes de collabo-ration entre les deux hommes qui nous font pénétrer au cœur même de l'écri-ture avec un grand « É ».Du titre de la biographie d'Andrew Scott Berg, Max Perkins : Editor of Genius, le film n'a gardé que le dernier mot Genius : « Génie », lequel, d'après son origine la-tine, se réfère au dieu tutélaire qui pré-side à la destinée d'un homme. Perkins a littéralement incarné cette fonction. Mais Genius prête à interprétations di-verses : on ne sait si c'est le génie de l'éditeur dont il s'agit, ou celui des écri-vains qu'il fit découvrir. À moins que soit les deux. En tout cas, même si Perkins et Wolfe sont un peu tombés dans l'ou-bli, le film donne envie de fouiner dans la librairie la plus proche pour s'immerger dans leurs univers.

GENIUS

VIdéO EN POchE des films sur votre clé usb !5€ par film, sans Drm et en HD quand c’est possible, la résolution minimale étant celle d’un DVD ! les fichiers sont lisibles par VlC, mais aussi sur les freebox, et de nombreuses TV et boitiers multimedia. Vous pouvez consulter sur le site et à la caisse du ciné le catalogue complet : www.videoenpoche.info

DES JEUNES GENS MÖDERNESPost punk, coldwave et culture Novö en France, 1978-1983Documentaire de Jean-François SanzAvec Etienne Daho, Daniel Darc, Philippe Pascal, Elli Medeiros, Jacno, Lio, Maurice G. Dantec, Edwige Belmore, Kiki et Loulou Picasso, Béatrice Dalle, Franck Darcel, Fifi Chachnil, Denis Bortek, Patrick Vidal, Maripol, Jean-Eric Perrin, J-B ‘Born Bad’ Guillot, Sergeï Papaï, Marie-France, F. J. Ossang, Michel Esteban, Serge Kruger, Gilles Leguen, Pierre René- Worms, Patrick Eudeline, Marc Caro, René Licata...

« Le Punk proclamait “No Future” mais le futur était déjà là et les jeunes gens mödernes n’avaient d’autre choix que de faire avec… »Des Jeunes Gens Mödernes est le premier documentaire de référence sur la scène post punk / cold wave qui a agité l’un-derground hexagonal fin 70’s, début  80’s. Dans la continuité de l’exposition collective présentée à la Galerie du jour Agnès B. en 2008, Jean-François Sanz a réuni pour ce film un matériel exceptionnel qui met à jour, à travers une trentaine d’interviews des principaux acteurs de cette scène et plus de 350 archives d’époque, tout un pan du patrimoine pop-culturel français encore assez méconnu.Fascination pour une scène musicale avortée bien que novatrice et ultra créa-tive. Pour une brochette de « beautiful losers franchouilles » dont la désinvolture n’avait d’égal que l’élégance et le talent.

Fascination pour cette vague de musiques froides et synthétiques, cette pop proto électronique qui a déferlé à des degrés d’intensité divers un peu partout dans le monde, et plus particulièrement en Europe, à la charnière des années 70 et 80. Ainsi que pour le souvenir, étrange et singulier, de ces mélodies, volontiers dissonantes et hors formats, captées pour la première fois, adolescent, au détour d’un programme de radio libre. Fascination encore pour ce curieux mélange de désespoir et d’utopie, d’enthousiasme et de cynisme, de mélan-colie romantique et d’hédonisme drogué qui caractérisaient ces jeunes gens dits « modernes »...

BROOKLYNÉcrit et réalisé par Pascal Tessaud

Brooklyn respire l’authenticité et la justesse et s’avère un bel hommage à Saint-Denis, et à la banlieue en général, ces territoires parfois difficiles mais forts d’une richesse culturelle, d’une tradition populaire, d’une solidarité active chez ses habitants. Radiographie vivante et chaleureuse de la création hip hop au quotidien, Brooklyn en montre la créativité – le film délivrant une belle série de performances d’artistes inconnus du grand public – mais aussi ses paradoxes, son attirance pour la culture américaine qui n’empêche pas un fort ancrage dans la réalité hexagonale, la ten-tation de la culture bling bling et de l’argent facile qui contraste avec l’esprit de la rue et les textes réalistes sur le ghetto.Coralie, jeune rappeuse de 22 ans dont le nom de scène est Brooklyn, quitte sa Suisse natale pour venir tenter sa chance en région parisienne. Elle pose ses valises à Saint-Denis et trouve rapidement une chambre chez une vieille dame et un emploi de femme de ménage polyvalente dans une association musicale de quartier. Mais elle ne perd pas de vue son objectif, elle écrit dans sa chambrette des textes inspirés et volontiers rageurs, elle en inter-prète même un sur une scène slam où elle fait forte impression…

et plus de 130 autres films au catalogue : www.videoenpoche.info

BROOKLYN

DES JEUNES GENS MÖDERNES

STEFAN ZWEIG, ADIEU L'EUROPE

Maria SCHRADERAllemagne 2016 1h41 VOSTF(allemand, français, portugais)avec Josef Hader, Barbara Sukowa, Aenne Schwarz, Matthias Brandt, Charly Hübner, André Szymanski… Scénario de Maria Schrader et Jan Schomburg

« Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. » Stefan ZweiG, Petropolis, 22 février 1942Quand il écrit ces derniers mots, sous le soleil radieux du Brésil dont la lumière et la chaleur n’atteignent pourtant plus ni son esprit si son cœur, Stefan Zweig ne sait encore rien de cette longue nuit d’horreur et de chaos dans laquelle est plongée, et pour plusieurs années en-core, sa « chère vieille Europe ». Tout au plus a t-il déjà pu constater, avec l’amertume et la culpabilité de ceux qui ont fui avant qu’il ne soit trop tard, la fin d’une époque : celle qu’il décrit si magnifiquement dans son livre-testa-ment Le monde d’hier, souvenirs d’un Européen. Sans pouvoir rien présager encore de l’effroi qui suivra, Stefan Zweig, penseur libre et humaniste ayant en horreur tous les nationalismes, sait déjà que ce qui se trame en 1934, lorsqu’il quitte l’Autriche alors que les pages d'Amok – un de ses

chefs d'œuvre – se consument sur les places des villages, n’est que le début d’une longue descente aux enfers pour cette Europe qu’il rêvait libre, ouverte, unie…Stefan Zweig, Adieu l’Europe est un film historique passionnant et le récit bril-lant de la fin de vie en exil de l’un des plus grands écrivains du xxe siècle. Mais en 2016, à l’heure où des bateaux de fortune recrachent sur les plages des portes de l’Europe des femmes et des hommes épris de liberté et fuyant l’hor-reur et le chaos, c’est un film qui réson-nera peut-être aussi comme un signal d’alarme, un film qui convoque l’histoire au chevet d’une société à la mémoire courte, toujours prête semble-t-il à pen-cher vers le pire, à choisir les peurs et les frontières au détriment d’un possible vivre ensemble.En cela, outre sa réussite artistique in-contestable, c’est un film qui vous tire vers le haut, au fil d'une pensée péné-trante, humaniste et généreuse. Et qui évidemment vous donne furieusement envie de lire ou relire tout Zweig. On ap-plaudit des deux mains !

Choix audacieux qui rend le récit d'au-tant plus original et captivant, le film est construit en six chapitres indépendants qui racontent, chacun à sa manière, dans son unité de lieu et de temps, un

événement dans la vie d’exil de Zweig. Cette exploration dans les moindres détails de temps forts, publics ou in-times, de l’écrivain errant, du Brésil en Argentine en passant par les Etats-Unis, permet de donner un rythme particulier à la narration, au plus près des préoccu-pations, des doutes et de la pensée tou-jours en action de ce créateur qui sera jusqu’à la fin traversé par des courants contraires : le bonheur d’être libre et l’horreur de voir se déchirer non seule-ment son Allemagne natale, terre de ses attaches, de sa formation spirituelle et culturelle, mais l’humanité tout entière.Sans jamais la montrer, sans presque ja-mais la nommer, la guerre est pourtant omniprésente et hante le film, imposant en hors champ le poids de toutes les souffrances, de toutes les séparations et de toutes les horreurs contre lesquelles viennent s’entrechoquer les couleurs, les parfums et la beauté apaisante et se-reine des paysages d’exils. Mais nul ta-bleau enchanté, nul battement d’ailes, nul chant indigène ne feront oublier à Zweig le poids de cette Europe agoni-sante au loin…

« Maintenant que le monde de mon lan-gage a disparu pour moi et que ma pa-trie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même. » Stefan ZweiG, Petropolis, 22 Février 1942, le jour de son suicide

VIVAPaddy BREATHNACHCuba/Irlande 2016 1h40 VOSTFavec Jorge Perugorria, Luis Alberto Garcia, Hector Medina Valdés…Scénario de Mark O'Halloran

Viva était sélectionné pour représen-ter l'Irlande dans la course aux Oscars, et pour cause : ses réalisateur et scé-nariste sont Irlandais… Mais ne vous y trompez pas, il n'y a pas plus cubain que ce film qui se passe à La Havane, dans des quartiers qui n'ont rien de tou-ristique, même si les touristes aiment s'y frotter la nuit à la recherche de ren-contres et d'émotions troubles et de sexe facile. La Havane qu'on découvre ici n'est pas celle qu'on montre la plu-part du temps, mais celle des quartiers pauvres où la prostitution est souvent le seul moyen de gagner sa vie. S'il a tour-né le film rapidement et avec un petit budget, Paddy Breathnach s'est long-temps immergé dans la ville, parmi les habitants qui ne sont pas des figurants, sans rien déranger, avec une toute pe-tite équipe et cela donne au film un cô-té quasi documentaire : on sent vivre et

vibrer la ville. Ça vous a un air d'authen-ticité rare et les images tanguent entre l'univers fantasmé de la nuit, sombre, glauque, fascinant et les dures réalités du jour auxquelles Jesus est constam-ment confronté…

Jesus a la beauté fragile, la gentillesse spontanée d'un jeune homme incertain, pas tout à fait sorti de l'adolescence. Depuis que sa mère est morte, il vit seul dans l'apartement de son père, ancien boxeur condamné à la prison, se dé-brouillant comme il peut pour survivre, aidé par les amis, sa grand-mère, ses voisins… Comme pour tous ici, c'est le système D obligatoire, toutes les astuces sont bonnes : coiffeur de métier, il s'oc-cupe volontiers de vieilles dames, mais aussi des perruques de Mama, qui tient un cabaret très fréquenté, connu pour ses spectacles de Drag Queens, tout en paillettes et glamour. Jesus est fasciné et rêve de se produire sur scène, s'en-traîne souvent quand il est seul. Il adore les frous-frous, les maquillages et l'am-biance des coulisses où toutes se pré-parent. Mama, qui a une grande gueule mais un cœur encore plus gros, le prend très paternellement sous son aile, et finit par accepter qu'il se produise à l'essai. Jesus révèlera vite un vrai talent pour jouer en play back et talons aiguilles les chansons de la collection de vinyles que sa mère lui a laissé… On pourrait penser qu'il est facile de chanter en play back : que nenni ! il faut un vrai talent de co-médien, pour se couler dans une autre

personnalité, une autre voix et Mama est très exigeant, pas question, même par amitié, d'accepter des numéros qui ne soient pas à la hauteur de sa réputa-tion. Jesus, dans cet exercice de mime, se coule dans son personnage avec tant d'intensité dramatique et d'émotion que son rêve passe la rampe, révélant ain-si sa personnalité profonde et le petit jeune homme fin et débraillé a toutes les apparences, une fois paré de son cos-tume de scène, d'une femme fichtre-ment séduisante et sensuelle, plus Viva que Jesus…

Mais un jour son père sort de prison, retrouve ses pénates après quinze ans d'absence et entend bien rester là, avec ce fils qu'il n'a connu que bébé. La co-habitation ne s'avère pas simple. Pour ce macho, champion déchu, qui a perdu sa femme, en a vu de toutes les couleurs et a tendance à aimer boire, il n'est pas facile de se retrouver en tête à tête avec ce garçon qui lui est à la fois étranger et familier, si féminin, si doux, d'apparence si fragile. C'est rien de dire qu'il a du mal à accepter que son fiston se méta-morphose chaque soir en femme. Dans un premier temps il s'y oppose, mais la gentillesse constante de ce fils qui prend soin de lui malgré tout et subvient à ses besoins finit par le rendre plus réceptif. « Quand je suis en scène, je deviens fort et sincère » lui dira un jour Jesus qui a du mal à s'affirmer, s'excusant d'être ce qu'il est… mais assez fort pour imposer la vie qu'il s'est choisi.

neiges qui se passe dans le Minnesota, un coin que les Coen connaissent comme leur poche, vu qu'ils en sont originaires. Fargo, c'est d'abord un bled perdu où se morfond Jerry, un pâlichon chef des ventes de bagnoles dont le beau-père, riche propriétaire de l'entreprise, ne cesse de lui mettre sous le nez l'étendue de sa médiocrité. Sa femme, une grincheuse frus-trée, ne lui fait pas la vie plus rose, et comme il s'est fourré dans une histoire de traficotages tordus, il entreprend de la faire enlever par des spécialistes pour réclamer une rançon au beau papa…Mais le Jerry en question est un peu couillon et complètement novice. Le choix des ravisseurs ne va pas être des plus avi-sés (extraordinaire Buscemi et son complice Peter Stormare, ahurissante brute épaisse) et le kidnapping va virer à la farce monstrueuse.Marge Gunderson (Frances McDormand, géniale), chef de la police locale, va mener l'enquête rondement… si j'ose dire, car Marge promène son gros ventre et son air repu de partu-riente au bord du terme avec une satisfaction benoîte et se-reine. A quatre pattes dans la neige, revolver au poing, bonnet à poil sur les oreilles, elle remonte la piste entre les nausées du matin et ses envies constantes de bouffe, en « pro » parfaite. Elle assume sans sourciller son rôle de flic d'élite pataugeant dans les salaceries et les crimes comme si c'était la chose la plus banale du monde, et rentre dans son petit foyer douillet, auprès de son légitime, ne laissant jamais l'horreur passer la porte de son home sweet home… A moins que le plus terri-fiant soit justement de ce côté-là de la porte, dans cette tran-quillité conformiste…

C'est d'une drôlerie terrible, ça rebondit sans arrêt, c'est plein de trouvailles, ça décape pas mal… et c'est magnifique à voir : la séquence où Buscemi enterre sa mallette de dollars au beau milieu d'un nulle part enneigé est une merveille de mise en scène, parmi d'autres…

FARGO

SUR QUEL PIED DANSERÉcrit et réalisé par Paul CALORI et Kostia TESTUTFrance 2016 1h25avecc Pauline Etienne, Olivier Chantreau, François Morel, Loïc Corbery, Julie Victor…Musique d'Olivier Daviaud, chansons d'Olivia Ruiz, Jeanne Cherhal, Albin de La Simone, Agnès Bihl, Clarika, Jean-Jacques Nyssen, Polo

Dieu que la lutte sociale est « fraîche et joyeuse » !Plus on y pense et plus on l'aime, ce film savoureux qui, sous ses airs légers de comédie musicale pleine de grâce et d'hu-mour, raconte l'air du temps, les élans et les états d'âme d'un groupe d'humains saisis dans un moment critique, drama-tique même, mais qui tangue avec bonheur entre amour, soli-darité, crise économique et… lutte des classes.C'est à Romans que ça se passe : Romans, capitale de la chaussure bien faite… Mais dans la grande usine jadis grouil-lante de monde au temps de sa splendeur, la crise a frappé et la délocalisation menace la poignée d'ouvrières qui restent encore, fourmis qui s'activent dans un univers désormais bien trop vaste, mais qui, merci pour nous, se prête à des choré-graphies superbes. Elles aiment leur boulot, fières de ce made in France qui rayon-nait jadis partout, accrochées à un savoir faire qui s'étiole, déstabilisé par les coups répétés de politiques de délocalisa-tion motivées par la recherche perpétuelle de la plus grande marge pour le moindre coût. Dans ce contexte de crise, la jolie Julie rêve de décrocher son premier CDI. Motivée comme pas deux, elle rejoint la bande d'ouvrières au moment où justement point à l'horizon un nou-veau plan social… Un choix cruel se pose alors à elle : risquer de se faire virer pour avoir rejoint à peine arrivée ses nouvelles copines en lutte ? Ou se farcir seule la mise en boite des es-carpins, au risque d'être exclue de cette bande de vivantes qui n'ont pas leurs deux pieds dans le même sabot ?Si ça va mieux en le disant, c'est encore plus chouette quand on le chante et qu'on le danse ! Les textes, les musiques, les passages dansés sont un régal, portés par des comédiens pétillants et subtils à la fois.

D’UNE FAMILLE À L’AUTRE

Anna MUYLAERTBrésil 2016 1h23 VOSTFavec Naomi Nero, Dani Nefusi, Daniel Bothelo, Matheus Nachtergaele…Scénario d'Anna Muylaert et Marcelo Caetano

Ça commence dans les pas caden-cés d'une jeunesse brésilienne bran-chée qui explore tous les genres. Les nuits endiablées de São Paulo, la mu-sique qui cogne, les filles et les gar-çons qui se dévorent des yeux, puis des lèvres… L'alcool ou les substances que l'on prend pour se sentir vibrer toujours plus haut, toujours plus fort. Soif inex-tinguible de liberté, d'appétit de vivre, commune à tous ceux qui rêvent de voler de leurs propres ailes. Parmi eux, Pierre, dix-sept ans, aime se vernir les ongles façon dark rock'n roller andro-gyne, mais il n'est pas pour autant in-sensible au charme féminin, surtout quand ces demoiselles le provoquent, l'air coquin. C'est que ce brunet frisé à l'air diaphane n'a rien pour leur déplaire ! On emboîte donc son pas, découvrant ses passions, son groupe de musique, sa manière d'être avec les autres et peu à peu on pénètre dans son jardin secret, où il aime à se maquiller à l'abri des re-gards, explorant cette part de féminité qui transpire de lui sans qu'il ait l'air de savoir trop quoi en faire. Et tout cela est

possible grâce à sa mère, Arcay, toujours aux petits soins mais jamais inquisi-trice. Elle semble fermer les yeux sur ses frasques et lui accorder une confiance aveugle, aussi inconditionnelle que son amour. Et on devine qu'elle fera pareil avec sa cadette Jaqueline quand elle sera en âge de sortir à son tour. Les mo-ments complices passés en famille sont simples, rassurants et offrent une base sécurisante pour aller de l'avant. Rien ne présage de ce qui va advenir par la suite. Ce sont d'abord des hommes en voiture qui épient Pierre, le photogra-phient subrepticement dans la rue… Puis un soir, Arcay tarde à rentrer… Comme ce n'est pas dans ses habi-tudes, voilà les deux gosses fichtrement inquiets. Quand elle arrive enfin, camou-flant difficilement son embarras, elle ne parvient pas à fournir d'explications… À compter de ce moment-là, tout va se déglinguer. De convocations en convo-cations, les services sociaux vont ex-pliquer à Pierre qu'Arcay n'est pas sa génitrice et qu'il a été volé à une autre famille… Une autre famille ? Et si Pierre n'en voulait pas ? C'est comme un pré-cipice, un abîme qui engloutit son an-cienne vie. Pas le temps d'en faire le deuil, voilà sa mère traitée comme une criminelle et Pierre propulsé dans le logis de ses « vrais » parents, légitimes aux yeux de tout le monde sauf de lui-même.

Le pays entier, presse à l'appui, semble s'émouvoir de ces retrouvailles. Nulle part n'est laissée à un minimum d'inti-mité, ni à la parole des enfants : la loi du sang semble prévaloir sur toute autre considération. Le sort de la fratrie est scellé sans même qu'ils aient vraiment eu droit au chapitre.

D'un fait divers qui défraya la chronique dans son pays, la réalisatrice Anna Muylaert tire un récit universel en se pla-çant du point de vue de l'adolescent. Comme dans son excellent film précé-dent Une seconde mère (que vous avez pu voir l'an dernier, et qui est dispo-nible en Vidéo en Poche), elle interroge de manière peu conventionnelle le rap-port à la filiation, à la maternité. Plutôt qu'aborder son sujet par le prisme du pathos, elle le fait par celui de la révolte qui sourd, gronde et va aller en s'ampli-fiant, libératrice, comme une arme jubi-latoire offerte à Pierre pour lui permettre de se redresser, de se découvrir et d'af-firmer enfin qui il est. Mais si jamais une larme ne coule, le film n'en est pas moins touchant, sensible. Aucun per-sonnage n'est caricatural, surtout pas les deux « mères » si différentes mais qui pourraient tout aussi bien être le prolon-gement l'une de l'autre (il y a d'ailleurs un détail surprenant du casting dont on parlera quand vous aurez vu le film…).

Écrit et réalisé par Ethan et Joël COENUSA 1996 1h37 VOSTFavec Frances Mc Dormand, Steve Buscemi, William H. Macy, Peter Stormare, Harve Presnell…

Fargo fête ses vingt ans par un retour en fanfare sur le grand écran. Le recul en a fait un des meilleurs films des frères Coen, un des plus aboutis, mix parfait entre leur veine burlesque et leur veine

noire. Culte au point d'inspirer une série télé – supervisée par les frères – qui se taille déjà une belle réputation et qui en-tamera bientôt sa troisième saison.Fargo est un incroyable polar des

No 228 Du 20 juillet au 23 août 2016 / Entrée: 7€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 50€ les 10 places

Cinéma garanti sans 3D

www.cinemas-utopia.org • Impasse du Château 31170 Tournefeuille • CInéma 05 34 57 49 45 • BIsTroT 05 34 51 88 10

FARGO