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le magazine des nouveaux arrivants 9 Septembre 2013 Entrevue avec Diane De Courcy ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles Banque et Finance Comprendre le système bancaire québécois par Kevin Soumahoro Entrepreneurs La procédure juridique pour lancer votre entreprise par Kelly Francis Emploi « Bien se préparer, y aller étape par étape, et ne pas se décourager.» Johanne Beaulieu, Directrice régionale d’Emploi-Québec « Faire attention à la portabilité de votre formation, et si nécessaire se remettre aux études» Ismael Mourifié, Économiste, Université de Toronto RESILIENCE Maintenant commence la substance de l’immigration : prendre racines et, contre vents et marées, se frayer un chemin ÉDITION SPÉCIALE SANAQ

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le magazine des

nouveauxarrivants

9 Septembre 2013

Entrevue avecDiane De Courcy

ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles

Banque et FinanceComprendre le système

bancaire québécoispar Kevin Soumahoro

EntrepreneursLa procédure juridique

pour lancer votre entreprisepar Kelly Francis

Emploi« Bien se préparer, y aller étape

par étape, et ne pas se décourager.»Johanne Beaulieu,

Directrice régionale d’Emploi-Québec

« Faire attention à la portabilité de votre formation,et si nécessaire se remettre aux études»

Ismael Mourifié,Économiste, Université de Toronto

RESILIENCEMaintenant commence la substance de l’immigration :prendre racines et, contre ventset marées, se frayer un chemin

ÉDITION SPÉCIALE

SANAQ

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Le magazine des nouveaux arriv-ants est un périodique québécois qui a vocation à informer, éduquer, et divertir les nouveaux arrivants au Québec. Il a pour objectif de contribuer à leur intégration au sein de la société québécoise.

Magazine des Nouveaux [email protected] – 6205 Avenue SomerledMontréal, H3X 2B5Tél. : 514.677.7404

EditionDirecteur de publication Oulai Bertrand Goué

ContributionsKevin Soumahoro, CPA, CAMe Kelly Francis, avocate

Nos remerciements à Johanne Beaulieu d’Emploi-Québec et Ismael Mourifié de l’Université de Toronto

Mise en page et infographie : Nicolas Lehoux, www.iubire.biz

Pour toute information sur la rédaction, la publicité et l’abonnement, veuillez contacter Oulai GouéTél. : 514.677.7404 [email protected]. lesnouveauxarrivants.com

Note : les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement celles de l’éditeur ou des commanditaires. Toute reproduction, en totalité ou en partie, est interdite sauf autorisation écrite du Directeur de publication.

Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada.

Le magazine des Nouveaux Arrivants est publié par : Intégration Nouveaux Arrivants

Dans certaines civilisations d’Asie, le bambou procède du divin. Pour les chinois, par exemple, c’est une plante qui promet la longévité. Les japonais y voient pureté, et prospérité. Au Vietnam, c’est un substitut de l’âme exprimant l’optimisme. Dans la mythologie philippine, le premier homme et la première femme ont émergé d’une tige de bambou. Pour les populations asiatiques d’Hawaï, enfin, cette plante est la forme corporelle du dieu créateur : Kane Milohai. Toutes ces représentations sont le prolongement de la science d’une plante dont le processus de croissance s’apparente, en quelque sorte, à la dynamique que je me permets de souhaiter aux nouveaux arrivants.

En effet, le bambou est de tout l’écosystème végétal, l’une des plantes qui croit le plus vite (David Farrelly, The book of bamboo, 1984). Toutefois, ce rythme de croissance est

dépendant du sol, des conditions climatiques et de la régularité de l’arrosage. Dans le cas de certaines espèces, lorsque l’on sème cette plante, il apparaît comme une exigence de patience. Car de la première année à la quatrième année, il ne se passe rien. Pas de tige qui sorte de terre. Seulement, au cours de la cinquième année, contre toute attente, le bambou se met alors à pousser, et en quelques mois peut atteindre jusqu’ à 10 mètres de hauteur. La raison de cet exploit réside dans le fait que pendant les quatre années qui précèdent cette croissance soudaine, le rhizome, qui est la tige souterraine à partir de laquelle la partie aérienne de la plante se développe, a pris le temps d’établir et renforcer ses racines dans le sol. Selon une étude de l’Université d’Auburn, Alabama (Bamboo growing in Alabama, 1968), le rhizome est essentiel pour le stockage et la translocation des nutriments de la racine vers la tige. Autrement dit, ce temps de latence sert à accumuler suffisamment de substance alimentaire, de sorte qu’à un moment aléatoirement prévisible, il apparaît ce bambou dont on peut ensuite observer la maturité.

Là réside tout le sens de ma métaphore. Comme pour la tige de bambou, les nouveaux arrivants doivent prendre racines au sein de leur société d’accueil : comprendre les codes culturels, la dynamique des acteurs, le contexte socio-économique notamment. Car en effet, que se passera-t-il si au bout de quelques mois d’arrosage, n’ayant vu paraître aucun résultat, le jardinier découragé arrête d’alimenter sa tige de bambou ? Il se passera ce qui advient lorsqu’un nouvel arrivant, rempli d’enthousiasme et d’ambitions, arrête de chercher un emploi au bout de quelques mois. C’est à dire, pas grand-chose.

Ce deuxième numéro du magazine des nouveaux arrivants invite à la résilience. Cette qualité qui a présidé à la décision d’immigrer, et qui, maintenant que vous êtes au Québec, alimentera votre volonté de réussir. Nous avons rencontré Diane De Courcy, ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles. Elle nous a fait part de son admiration face à votre détermination (p.5). Pour Johanne Beaulieu d’Emploi-Québec, la patience compte comme une variable importante pour votre intégration (p.10). Ismael Mourifié, économiste à l’Université de Toronto, suggère notamment un retour aux études afin de vous enraciner dans la société québécoise (p.12). Nos contributeurs, Kevin Soumahoro et Me Kelly Francis, nous apportent leur éclairage respectivement sur le système bancaire québécois (p.8) et sur la procédure juridique pour lancer votre entreprise (p. 9).

Quant à moi, je vous souhaite toute la résilience nécessaire pour résister aux écueils durant votre phase de transition, et ainsi vous frayer un chemin ici au Québec.

Bienvenue dans la Belle Province !

M’écrire à [email protected] l’actualité du magazine sur Facebook/pages/sanaq

E d i t o : L a m é t a p h o r e d u b a m b o uBienvenue au Québec !

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UNIS POUR LA VIE

DONNEZ DU SANG. DONNEZ LA VIE.

LUDOVIC, RECEVEUR, AVEC SES PARENTS, MARTIAL ET MARIKA

Lire ce code avec un téléphone intelligent pour accéder à la vidéo avec Ludovic et sa maman.

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Le magazine des Nouveaux Arrivants | 5

Le magazine des nouveaux arrivants : L’emploi reste l’objectif numéro un pour les nouveaux arriv-ants, et le chômage est relativement important pour cette population : en 2011, 21.3% pour ceux venus d’Afrique ou du Moyen-Orient et 9.4% pour ceux venus d’Europe. Comment pourrait-on identifier les problèmes qui se présentent ?

Diane DE COURCY: C’est un problème complexe. Le taux de chômage élevé des personnes immi-grantes peut s’expliquer de différ-entes façons. D’abord on constate qu’il y a une concentration impor-tante de personnes immigrantes à Montréal. Et évidemment que le volume des personnes immigrantes ne correspond pas au taux d’emploi disponible.

Et de surcroît, il faudrait que les personnes immigrantes puissent faire un choix en régions au Québec. Pas seulement à Montréal mais partout au Québec. Et troisièmement, que l’on lutte contre une certaine forme de discrimination.

Mais le problème le plus important c’est très certainement qu’il y a eu un glissement au Québec quant à l’exigence de l’Anglais. Et la personne immigrante de bonne foi avec sa langue maternelle a appris le Fran-çais, et on lui a dit qu’elle pourrait travailler en Français au Québec. Et quand elle arrive ici et qu’elle consulte les offres d’emploi particu-lièrement à Montréal, on lui demande de savoir l’Anglais.

Je ne suis pas contre l’Anglais, au contraire. Une, deux, trois, quatre, cinq langues c’est une richesse, mais il y a manifestement des postes qui exigent l’Anglais alors que ce n’est pas nécessaire. Et c’est entre autres pour cela que j’ai proposé un Projet de loi qui est le Projet de loi 14 qui vise à corriger cette situation dans les entreprises de 26 à 49 employés.

Enfin, il y a toute la question de la reconnaissance des acquis, les diplômes, les équivalences, les ordres professionnels qui sont, ma foi, actu-ellement un problème assez impor-tant. Cela s’est amélioré mais pas suffisamment.

Le magazine des nouveaux arrivants : Justement, je rebondis sur ce point parce que beaucoup de nouveaux arrivants que l’on a rencontré relèvent ces deux aspects : cette difficulté qu’ils ont avec les ordres professionnels, et puis le temps d’attente pour la reconnais-sance des diplômes.

Diane DE COURCY : Et c’est très cher aussi avec les ordres profession-nels. Nous, pour la reconnaissance des diplômes, des équivalences, on a du chemin à faire. On a du temps à rattraper. C’est très vrai.

Le magazine des nouveaux arrivants : En ce moment j’ima-gine il y a un travail de concertation qui est fait avec les ordres professi-onnels et avec le service des équiva-

lences pour permettre que le temps d’attente soit réduit.

Diane DE COURCY : Oui, tout à fait.

Le magazine des nouveaux arrivants : Vous avez mentionné le Projet de loi 14 dont vous êtes la marraine. Sous quelles formes selon vous cette Loi pourrait justement améliorer l’intégration des nouveaux arrivants ?

Diane DE COURCY : En offrant la possibilité aux personnes immi-grantes d’apprendre le Français dans leur pays d’origine. Par les moyens technologiques nouveaux que l’on connaît maintenant. Il y a une expéri-ence qui s’appelle le Français En

Entrevue avec

Diane De Courcy

Lors de notre v is i te au ministère de l ’ Immigrat ion et des Communautés cul turel les, 25 Mars

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Ligne (FEL), qui fonctionne très bien. Les personnes immigrantes qui ont pu l’utiliser l’ont trouvé fameux. Et on est à conclure une série d’entente avec les Alliances françaises partout dans le monde.

Je pense que le fait de faire cette francisation dès le départ devrait nous aider davantage. Le Projet de loi 14 prévoit aussi de la francisation pour les personnes immigrantes au pays, inscrite comme un droit dans la Charte des droits et des libertés de la personne. Cela devrait faire une différence pour l’ensemble des personnes immigrantes qui n’ont pas eu ce service. C’était un service alors que ce sera un droit pour les personnes immigrantes. Ce dont je suis très fière.

Le magazine des nouveaux arrivants : L’une de nos lectrices, Viginie-Guerrand Beruet, confirme que les non-bilingues rencontrent de la difficulté à trouver un emploi. Justement faut-il, sensibiliser et encourager les employeurs, y compris fiscalement, pour peut-être faire en sorte que cette condition ne soit plus prégnante ?

Diane DE COURCY : En tant qu’entrepreneurs, il faut que vous encouragiez tous et toutes à parler Français dans votre entreprise. Il y aura toujours certains postes qui nécessiteront de l’Anglais, ou même une autre langue. Mais ce n’est pas la majorité des postes en entreprise, évidemment. Elle a bien raison Mme Guerra-Berruet de soulever cette question.

Le magazine des nouveaux arrivants : Quel pourrait être votre conseil pratique pour celle/celui qui vient d’arriver au Québec il y a une semaine et qui cherche un emploi en adéquation avec sa formation profes-sionnelle.

Diane DE COURCY : J’aurais tendance à vous dire que j’aurais voulu lui parler avant qu’elle/il

n’arrive, pour que l’on puisse lui dire qu’il faut abso-lument que vous fassiez le plus de démarches possi-bles pendant que vous attendez votre Certificat de Sélec-tion du Québec. Mais si tout ceci n’a pas pu se faire et que n’avons pas pu établir la conversa-tion, quand elle/il est ici c’est de ne pas hésiter une seule seconde à aller vers les organismes communautaires qui sont référés par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, et aller vers Emploi-Québec pour se faire aider. Il ne faut pas rester seul avec son problème. Jamais. Il y a des solutions. Nous sommes un Etat qui est en mesure de bien accueillir ses immigrants.

Le magazine des nouveaux arrivants : Dès les premières semaines de votre prise de fonction vous avez été en tournée dans seize régions de la province. Et vous avez décidé de faire de la régionalisation de l’immigration l’une de vos prior-ités. Nous avons, nous-mêmes, été en Gaspésie et en Estrie, et nous avons pu constater qu’il y a une demande de force de travail et de talent pour faire avancer l’économie locale. Quel est justement votre plan à ce sujet ?

Diane DE COURCY : Il y a 18 mesures en grande partie autour de la régionalisation de l’immigration. C’est une collaboration très étroite entre Emploi-Québec et le MICC (Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, NDLR.)

Deuxièmement, on va soutenir des organismes communautaires qui ont comme vision d’accompagner la personne immigrante et l’employeur, pour qu’il y ait une belle rencontre entre l’employeur et l’employé. Et notamment les travailleurs tempo-raires.

A mon avis, cela prend des mesures d’accompagnement personnalisé. Il y a des groupes comme le SITO, le Service d’Intégration des Travail-leurs de l’Outaouais, qui est un très bel exemple. Il y a la même chose à Québec, la même chose à Saint-Michel à Montréal. Et c’est cela qui constitue les conditions de succès.

Le magazine des nouveaux arrivants : Et quel est le cap que le gouvernement s’est fixé en ce qui concerne les nouveaux arrivants pour les prochaines années ?

Diane DE COURCY : D’abord de recevoir 50 000 nouveaux immigrants par année. D’ici la fin Juin (notre

Entrevue avec Diane DE COURCY

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Le magazine des Nouveaux Arrivants | 7

entrevue a eu lieu au mois de Mars 2013, ndlr), j’aurai l’occasion de parler de toutes les mesures qui vont être mises en place pour donner un autre souffle à l’Immigration au Québec. Par exemple les changements de la grille de sélection, tous les organ-ismes d’accompagnement qui auront des mandats plus précis autour de l’emploi, et bien sûr l’incontournable dossier de la francisation.

Le magazine des nouveaux arrivants : Vous avez fait une grande partie de votre carrière profes-sionnelle à la Commission scolaire de Montréal, et vous êtes donc sensible à tout ce qui a trait au monde de l’éducation. Comment justement vous pensez la place des enfants nouveaux arrivants dans la politique générale du ministère ?

Diane DE COURCY : C’est le Montréal de demain, le Québec de demain. Vous savez dans certaines écoles montréalaises, 100% des enfants viennent d’ailleurs. Cela devient une ville cosmopolite, une ville riche du savoir des parents, des enfants, et de la culture qu’ils nous apportent. Et nous sommes tous rassemblés autour d’une langue commune qui est le Français. Alors, manifestement, c’est un très bel avenir que cela nous réserve, vu l’influence très positive des parents immigrants dans les écoles montréa-laises.

Vous savez quand des parents déci-dent de venir s’établir dans un autre pays, ils le font en premier lieu pour leurs enfants, pour assurer le meil-leur pour leurs enfants. C’est donc dire à quel point ils accordent de l’importance à la formation. Et cela nous permet aussi de rehausser cette intention gouvernementale. De dire que l’école c’est important, l’instruction, l’éducation c’est impor-tant.

Indépendamment de cette question d’enrichissement de la société québé-coise, et pour les personnes immi-grantes, il y a aussi bien sûr la ques-

tion de la main d’œuvre qualifiée qui vient prêter main forte à la prospérité du Québec. C’est extraordinaire.

Le magazine des nouveaux arrivants : L’importance des enjeux fait que l’on ne connaît pas forcément la personne qui est derrière tous les dossiers que vous menez. On pense que les nouveaux arrivants seraient intéressés à faire plus ample connais-sance avec vous. Comment on pour-rait vous présenter ?

Diane DE COURCY : Je suis d’abord une grand-maman, j’ai quatre petits-enfants. J’ai deux enfants. Je suis montréalaise. Je suis mariée depuis 35 ans. Et je vous avoue que j’ai toujours été très engagée sur le plan communautaire, sur le dével-oppement d’organismes communau-taires ou de services communau-taires dans la circonscription que je représente, et où je vis depuis 35 ans. J’ai beaucoup reçu et j’ai voulu le rendre au fil de ma vie. Pour le reste, j’ai des intérêts très diversifiés.

Ce que vous ne savez peut-être pas c’est que j’anime une émission de radio quatre fois par année qui s’appelle A chacune son tour sur une radio communautaire. Justement, j’y crois beaucoup en la radio commu-nautaire. Et puis j’aime beaucoup l’administration publique. Je suis retournée à l’école à cinquante ans. Et je suis très fière de cela. C’est donc dire que c’est à tous les âges que l’on peut raccrocher et puis c’est impor-tant de le faire.

Pour le reste, j’aime le monde, j’aime travailler pour les gens.

Le magazine des nouveaux arrivants : Et vous êtes de quelle région du Québec ?

Diane DE COURCY : Je suis née sur le Plateau-Mont-Royal. Mais pas le Plateau-Mont-Royal d’aujourd’hui. C’est celui de Michel Tremblay, un auteur québécois que vous connaissez peut-être. Pour le reste j’ai élevé mes

enfants là où mon mari demeurait dans le quartier Ahuntsic au nord de Montréal. Et je représente la circon-scription de Crémazie.

Le magazine des nouveaux arrivants : Qu’est-ce qui vous passi-onne en dehors de la vie politique ?

Diane DE COURCY : Les enfants. Et la lecture en général, lecture étrangère en particulier.

Le magazine des nouveaux arrivants : Depuis votre prise de fonction, vous avez rencontré de nombreux nouveaux arrivants, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Diane DE COURCY : Leur courage. Leur détermination. Et leur caractère entrepreneurial. Immi-grer c’est une entreprise. Et cela m’a beaucoup frappé cette détermina-tion. Evidemment que les qualités humaines aussi des gens que l’on rencontre. Ce sont ces trois aspects-là.

Le magazine des nouveaux arrivants : Et pour terminer quel serait votre message aux nouveaux arrivants pour la suite de leur inté-gration ?

Diane DE COURCY : Parler Français, et puis n’hésitez pas à communiquer avec les gens. Les gens du Québec sont ouverts et puis ils ont le goût de vous connaître, de vous rencontrer. Il suffit d’être à la rencontre et disponible, et cela devrait bien aller.

Le magazine des nouveaux arrivants : On vous remercie encore une fois pour votre disponibilité.

Diane DE COURCY : Merci. Cela m’a fait très plaisir. •

Entrevue avec Diane DE COURCY

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8 | Le magazine des Nouveaux Arrivants

Par Kevin Soumahoro, CPA, CA

Dans le précédent numéro du maga-zine, j’y décrivais le système bancaire canadien et survolais les différents types de comptes que l’on peut ouvrir dans une institution financière afin d’y déposer ses liquidités en toute sécurité. Après avoir compris les bases du système bancaire cana-dien, il apparaît essentiel d’ouvrir un compte dans l’institution de son choix. Mais attention, une multitude

d’institutions offrent une certaine quantité d’options et toutes ne vous conviendront pas forcément. Je m’efforcerai donc de les décortiquer pour vous afin de vous faciliter la tâche.

Il existe trois grandes catégories de comptes au Canada : le compte courant, le compte épargne et le compte en devises

étrangères. Ce dernier est utilisé lorsque vous faites des opérations courantes dans une autre devise que le dollar canadien ou que vous allez régulièrement dans le pays où cette devise est utilisée. Généralement, ce compte est utilisé par les entrepre-neurs et la devise la plus courante est le dollar américain. Je n’aborderai pas ce type de compte pour l’instant.

Le compte épargne sera abordé dans le prochain numéro et j’en profiterai pour vous donner quelques astuces d’un point de vue fiscal afin de vous aider à épargner.

Le compte courantCe compte est utilisé lorsque vous prévoyez régulièrement déposer et retirer des sommes. Vous pouvez par exemple l’utiliser pour recevoir votre paie, payer certaines dépenses ponctuelles et régulières telles que l’épicerie, le loyer, l’électricité/chauffage, etc.

Règle générale : plus le nombre de transactions autorisées au compte est élevé, plus les frais mensuels le

seront également. De plus, ce type de compte ne rapporte aucun intérêt sur les dépôts et n’est donc pas conseillé si vous désirez épargner.

Chaque banque offre une multitude de types de comptes courant. Selon le site de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada1, voici les questions que vous devriez vous poser afin de choisir le compte et l’institution financière qui répon-dront le mieux à vos besoins :

1- Quels types d’opérations faites-vous? S’agit-il, la plupart du temps, d’opérations libre-service (guichets automatiques bancaires, opérations en ligne) ou préférez-vous faire affaire avec un caissier dans une succursale?

2- Combien d’opérations sont autori-sées pour les frais mensuels prélevés? Y a-t-il des frais additionnels pour certains types d’opérations, comme les transferts électroniques de fonds?

3- À combien s’élèvent les frais appli-cables aux transactions qui dépas-sent votre limite mensuelle?

4- À combien montent les frais imposés en cas de découvert bancaire? Quels sont les frais et les taux d’intérêt?

5- Est-il possible d’éliminer les frais mensuels si vous maintenez un solde minimal?

6- Est-il possible de réduire vos frais, par exemple en utilisant les services bancaires en ligne?

7- Pouvez-vous bénéficier d’un rabais sur les frais si vous détenez plusieurs produits auprès de la même institu-tion financière?

8- Les guichets automatiques ban-caires sont-ils situés à des endroits qui vous conviennent?

9- Offre-t-on des forfaits à frais peu élevés ou sans frais aux jeunes, aux étudiants ou aux aînés?

J’aimerai ajouter deux éléments à cette liste de questions. Tout d’abord, la plupart des banques n’ouvrent que durant les heures de bureau. Cela peut représenter un obstacle pour vous dans la mesure où se déplacer

en succursale devient difficile lorsque l’on travaille durant la journée. Cependant, certaines banques ont commencé à ouvrir plus tard en soirée, et en fin de semaine afin de mieux accommoder leur clientèle.

Ensuite, chaque banque a son réseau de guichets et lorsque vous faites des transactions à partir d’un guichet qui n’appartient pas à la banque avec laquelle vous faites affaire, cela occa-sionnera des frais de transactions de la part de votre banque ET de celle à qui appartient le guichet.

C’est pourquoi, dans ma situation particulière, les questions 1, 5 et 8 ont eu plus d’importance. En effet, je fais davantage d’opérations libre-service. J’aime donc être avec une institu-tion qui a un réseau de guichets automatiques vaste. De plus, les frais mensuels sur mon compte sont de 7.95$/mois. En conservant un solde minimum, j’ai la possibilité d’économiser 95$ par année tout en ayant un nombre de transactions illimité.

Pour terminer sur ce type de compte, voici un lien qui vous aidera à mieux évaluer l’institution financière et le type de comptes qui répondent le mieux à vos besoins :

http : / /www.fcac-acfc .gc .ca / fra /ressources/OutilCalculat/bancaires/forfaitsbancaires/banetape1-fra.asp

1 Agence de la consommation en matière financière du Canada, « Choisir le bon compte-chèques et forfait bancaire » [http://www.fcac-acfc.gc.ca/fra/ressources/publications/oper-Banc/fccheqchois-fra.asp#Step1], 12 juillet 2012.

Banque et Finance

Comprendre le système bancaire québécois

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Le magazine des Nouveaux Arrivants | 9

Par Me Kelly Francis, avocate Cher nouvel arrivant, envisagez-vous de lancer une entreprise ici au Québec? Cet article vous donne un petit survol de la matière.

Formes d’entreprisesD’abord, il faut choisir la struc-ture de votre entreprise. Les formes d’entreprises les plus connues au Québec sont l’entreprise individuelle, la société en nom collectif et la société par actions. Afin de choisir la struc-ture la plus appropriée pour votre entreprise, il faut prendre en consi-dération les avantages et les incon-vénients de chacune des options. Bien que l’entreprise individuelle soit la structure juridique la plus simple à mettre sur pied et à gérer, elle ne protège pas les biens personnels de l’entrepreneur. En effet, ceux-ci peuvent être saisis pour payer les dettes de l’entreprise. Les sociétés en nom collectif sont des collaborations entre plusieurs entrepreneurs. Les associés parta-gent le pouvoir décisionnel, ce qui crée souvent des conflits entre eux. Pour cette raison, il importe que les associés concluent une convention entre associés avant de démarrer l’entreprise.Une société par actions est créée lorsque vous incorporez votre entre-prise. L’incorporation permet à un entrepreneur de protéger ses biens personnels, surtout en cas de faillite de l’entreprise. Générale-ment, les actionnaires des sociétés par actions ne sont pas personnellement responsables des dettes de celle-ci. Cependant, la société par actions engendre des coûts de démarrage et de gestion considérables. Une convention entre action-naires est toujours une bonne idée.

ImmatriculationEn règle générale, toute entre-prise qui fait affaire au Québec doit s’immatriculer auprès du Registraire des entreprises du Québec, sauf si l’entrepreneur opère une entreprise individuelle sous son propre nom et prénom. Le Registraire opère une banque de données ouverte au grand public qui contient des renseigne-ments tels que les noms et adresses des propriétaires d’une entreprise, et les secteurs dans lesquels cette entreprise œuvre, entre autres. Les entrepreneurs sont obligés de mettre ces renseignements à jour et de payer certains frais.

Charte de la langue françaiseLe français est la langue officielle du Québec. L’Office de la protection de la langue française a été établi dans le but d’assurer le respect de la Charte de la langue française. La Charte édicte que le français est la langue du travail, des affaires et de la vie au Québec.Le gouvernement québécois vise présentement à renforcer la Charte et à redoubler d’efforts pour assurer son respect. Tout cas de non-confor-mité avec la Charte peut entraîner des pénalités pouvant aller jusqu’à 20 000$, selon les circonstances particulières.

Certificats, permis, autorisationsEn règle générale, vous devez vous inscrire au compte de TPS/TVQ dès que le total de vos fournitures taxables de produits et de services dépasse 30 000 $ au cours de quatre trimestres consécutifs.

Il se peut aussi que vous soyez tenu d’obtenir divers permis et autorisa-tions afin d’exploiter votre entre-prise. Si vous démarrez un restau-rant, par exemple, il vous faudra des permis pour préparer les mets, servir des boissons alcoolisées, et un permis d’occupation en plus d’ un permis pour effectuer les rénovations, s’il y a lieu.

ContratsOn a déjà discuté de l’importance des contrats entre associés et action-naires. Cependant, il y a d’autres contrats qui pourront vous être utiles. Des conventions avec ceux qui travaillent au sein de votre entre-prise, qu’ils soient des employés ou des sous-traitants, vous serviront en cas d’intervention de diverses agences gouvernementales. Un contrat avec vos clients est aussi important, mais peut être limité par la Loi sur la protection du consommateur. De plus, il est sage de faire réviser votre bail commercial avant de le signer car les baux commerciaux s’étendent sur de longues périodes, et impliquent un engagement financier significatif. Et cela, sans parler du niveau de complexité des clauses!

ConclusionComme vous pouvez le voir, l’entrepreneur au Québec a un tas de responsabilités. Dans cet article, on a à peine effleuré la question. Il serait donc sage de consulter des professi-onnels qui vous assisteront dans vos démarches.

Me Kelly Francis, avocateTél.: 514 802 [email protected]

Mise en garde: Le présent article fournit des commentaires généraux sur l’état du Droit au Québec en date de sa publication. Ce texte ne constitue pas des conseils juridiques. Les lecteurs ne devraient pas agir sur la seule foi des informations qui y sont contenues, mais devraient plutôt consulter leurs propres conseillers juridiques. •

La procédure juridique pour lancer votre entreprise

Entrepreneurs

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10 | Le magazine des Nouveaux Arrivants

Le magazine des nouveaux arrivants : Comment peut-on expli-quer le taux de chômage important chez les nouveaux arrivants : en 2011, 21.3% pour ceux venus d’Afrique ou du Moyen-Orient et 9.4% pour ceux venus d’Europe ?

Johanne BEAULIEU : C’est une question complexe et à laquelle il est difficile de répondre. Il y a assu-rément plusieurs raisons et ça peut varier d’un individu à l’autre. Ce qu’on observe toutefois, c’est que les premières années sont difficiles et, qu’ensuite, la situation s’améliore.

Il y a notamment le contexte particu-lier des professions et des métiers qui sont réglementés. La plupart des personnes immigrantes sélectionnées dans leur pays d’origine arrivent ici sur la base de leur domaine d’études et de leur diplomation. Toutefois, une fois au Québec, elles doivent faire évaluer leurs compé-tences par les ordres professionnels reconnus. À la suite de cette évalu-ation, certaines personnes doivent refaire un parcours scolaire, d’autres doivent redéposer leur dossier, faute d’avoir tous les documents requis lors de leur arrivée, ce qui entraîne des délais; les personnes ne peuvent alors

pas travailler dans leur domaine de formation, dans l’immédiat. La plupart des ordres professionnels exigent de passer l’examen d’entrée à l’ordre pour obtenir le permis de pratique au Québec, ce qui n’est pas toujours évident pour un nouvel arrivant provenant d’un pays où les normes sont différentes, et l’examen n’est pas réussi par tous dès les premières tentatives.

Il y a aussi des métiers non régle-mentés, par exemple dans le domaine de l’informatique où il y a énormé-ment de possibilités. Par contre, l’expérience acquise à l’étranger n’est pas toujours compatible avec les besoins du marché du travail, par exemple la maîtrise des outils infor-matiques et des logiciels qui sont utilisés au Québec.

Évidemment, l’absence d’expérience de travail au Québec peut aussi constituer un obstacle pour les nouveaux arrivants. La situation des personnes immigrantes peut alors s’apparenter à celle d’un Québécois ou d’une Québécoise qui a terminé ses études, et qui entre sur le marché du travail. En général, les employeurs recherchent d’abord les personnes qui ont de l’expérience pertinente de

travail au Québec. Il s’agit donc pour les nouveaux arrivants d’aller cher-cher cette première expérience.

Il y a par ailleurs la situation des personnes qui ne maîtrisent pas le français, ce qui peut constituer un frein supplémentaire à l’embauche. Il faut donc prévoir une période d’apprentissage du français par l’entremise des formations disponibles au ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) ou à Emploi-Québec.

Enfin, les codes culturels, les valeurs, les comportements et attitudes valo-risés dans la société québécoise en général et au travail ne sont pas toujours connus ou compris. Des écarts peuvent être observés sur ce plan de façon variable, selon le pays d’origine. N’ayant pas assimilé les systèmes de valeurs en vigueur de la société québécoise, ces personnes peuvent connaître des difficultés sur le plan des relations humaines en général, ainsi qu’en entrevue ou en emploi.

Le magazine des nouveaux arrivants : Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j’ai le sentiment que les codes culturels sont peut-être plus importants que l’ensemble des acteurs pourrait le croire. En effet la plupart des immigrants sont des gens super diplômés, qualifiés, compé-tents, etc. mais j’ai l’impression que le blocage au niveau culturel est majeur.

Johanne BEAULIEU: Ce qu’il faut d’abord souligner, c’est que les nouveaux arrivants constituent une main-d’œuvre de qualité et riche en savoirs entre autres en raison de

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EntrevueJohanneBeaulieuDirectrice régionale, Emploi-Québec

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leur niveau élevé de scolarité. Outre la question des compétences, les employeurs portent un intérêt partic-ulier aux dimensions liées au savoir-être, dont les comportements et atti-tudes en milieu de travail.

Plusieurs d’entre eux se préoccupent de favoriser une bonne intégration dans les équipes de travail, en ce qui a trait aux relations avec les autres travailleuses et travailleurs de l’entreprise et les gestionnaires. Les nouveaux arrivants ont la respon-sabilité de s’approprier ces codes et ces comportements propres à leur nouvelle société d’accueil. De leur côté, les employeurs doivent faire un effort d’ouverture pour améliorer leur connaissance des différentes commu-nautés culturelles.

Le magazine des nouveaux arrivants : Selon vous quelles seraient les solutions par rapport à ce constat ?

Johanne BEAULIEU : Au cours des dernières années, Emploi-Québec de l’Île-de-Montréal et ses partenaires, réunis autour d’un comité sur l’immigration, ont mis de l’avant plusieurs initiatives. Les différentes consultations réalisées ont fait ressortir que beaucoup de programmes ont été développés pour améliorer la situation, mais que plus-ieurs sont méconnus ou peu utilisés, autant par la clientèle elle-même que par les intervenants qui les accompa-gnent que par les entreprises.

Ont découlé de ces travaux une stratégie visant à rendre plus effi-cace l’intervention régionale pour l’insertion en emploi des nouveaux arrivants. Des outils ont été dével-oppés, entre autres le répertoire www.travailimmigrants.com qui rassemble en un même lieu toute l’information concernant les mesures et services disponibles pour les nouveaux arrivants et les entreprises. Il y a aussi l’aide-mémoire Vous êtes un nouvel arrivant? qui résume les étapes prioritaires que doivent franchir les nouveaux arrivants pour réussir leur intégration en emploi. On peut consulter cet outil sur le site www.emploiquebec.gouv.qc.ca/Montréal, sous la rubrique Publica-tions régionales.

Emploi-Québec, en collaboration avec le comité sur l’immigration, poursuit son travail d’information et de mobil-isation auprès de ses partenaires socioéconomiques : ministères, organ-ismes communautaires, employeurs et syndicats. Elle encourage la tenue de lieux de diffusion et d’événements effectuant la promotion de l’embauche des personnes immigrantes et des nouveaux arrivants, tel que le Salon des Nouveaux Arrivants au Québec que vous avez tenu (le SANAQ 2012, ndlr), pour ne donner qu’un exemple.

Des incitatifs financiers sont aussi mis à la disposition des employ-eurs, afin de les aider à absorber le temps d’adaptation lié au recrute-ment des nouveaux arrivants. Il y a par exemple le programme PRIIME (Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi, ndlr).

Le magazine des nouveaux arrivants : Quelles seraient alors vos recommandations pratiques aux nouveaux arrivants ?

Johanne BEAULIEU : Nous pour-rions leur suggérer de passer d’abord par les programmes d’accueil pour les nouveaux arrivants du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, notamment la session Objectif Intégration, pour se famil-iariser avec les codes et les valeurs du monde du travail québécois. On se rend compte que ceux qui vont à ces sessions prennent une longueur d’avance grâce aux conseils judicieux qui y sont donnés.

Ensuite, on a des outils fantastiques à Emploi-Québec et la clientèle immigrante a accès à l’ensemble de nos mesures et services dont des services gratuits d’information sur le marché du travail (IMT en ligne) par l’intermédiaire du site www.emploiquebec.gouv.qc.ca. Il y a aussi les centres locaux d’emploi qui disposent de salles multiservices où on peut utiliser gratuitement ordi-nateur, imprimante et photocopieur pour la recherche d’emploi, participer à certaines activités et où un agent peut répondre à diverses questions.

En plus des services d’information

et de soutien, Emploi-Québec offre, en collaboration avec ses parte-naires régionaux, des services d’aide à l’emploi adaptés aux besoins des personnes immigrantes et des nouveaux arrivants. Il peut être question d’orientation profession-nelle, d’évaluation des diplômes et des compétences ou des besoins de formation, de soutien pour la recherche d’emploi (rédaction de CV, techniques d’entrevue, etc.). En 2012-2013, la direction régionale d’Emploi-Québec de l’Île-de-Montréal a signé quelque 44 ententes avec des organismes communautaires pour s’assurer de l’accompagnement de la clientèle immigrante et des nouveaux arrivants.

Enfin, comme conseil général, je dirais aux nouveaux arrivants de bien se préparer, de se fixer des objec-tifs réalistes en matière d’emploi, d’y aller étape par étape, d’être patient et de ne pas se décourager. N’oubliez pas qu’il y a une foule de personnes prêtes à vous aider.

Le magazine des nouveaux arrivants : On vous remercie pour votre temps. On retient qu’il y a un processus à suivre et qu’il faut le suivre dans la patience.

Johanne BEAULIEU : C’est cela, on ne peut pas y échapper, mais sachez qu’au bout du compte de nombreuses personnes immigrantes réussissent très bien leur intégration en emploi. Cela m’a fait énormément plaisir de vous recevoir.•

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Le magazine des nouveaux arrivants : Comment pourrait-on expliquer ce taux de chômage rela-tivement important des nouveaux arrivants : en 2011, 21.3% pour ceux venus d’Afrique ou du Moyen-Orient et 9.4% pour ceux venus d’Europe ?

Ismael MOURIFIE : En 2006, le taux de chômage au Canada pour les immigrants était autour de 14,6%, et celui des canadiens de souche était aux alentours de 6%.

Le plus étonnant au Canada, c’est que ce n’était pas ainsi dans le passé. Le taux de chômage pour les immi-grants est de plus en plus élevé au fil du temps. Aussi, faudrait faire la différence entre les différences zones d’enquête. On a l’impression que le taux de chômage des immi-grants est beaucoup plus prononcé au Québec que dans les autres prov-inces. Toujours en 2006, on voit que le taux de chômage de québécois nés au Québec est aux alentours de 6%, et celui des immigrants est de 11%. En Ontario, il était de 4,4% pour les autochtones et de 6% environ pour les immigrants. En Colombie-Britannique, 4,8% contre 5,5%. On a l’impression qu’il y a un effet fixe Canada et un effet variable qui dépend de la région où on immigre au Canada.

Ce qui est encore plus étonnant, c’est que lorsque l’on retourne plus de 30 ans en arrière, en 1981, il y avait plus de personnes employées immigrantes (74%) que de ressor-tissants nées au Québec (64%). On a l’impression que les immigrants s’intégraient mieux dans le temps plus que maintenant. La question c’est de savoir pourquoi. Est-ce parce que les immigrants étaient plus

éduqués que main-tenant ? La réponse est non, parce que toujours en 1981, 15% des immigrants avaient un diplôme de premier cycle dans les cinq années précé-dant l’enquête, mais 25 ans après (soit en 2006), il y avait 51% qui avaient un diplôme de premier cycle. Ce n’est claire-ment pas le niveau d’éducation qui explique le problème au niveau du taux de chômage. Il faud-rait donc chercher les raisons dans d’autres lieux.

Il y a un travail récent de Thomas Lemieux, Bernard Fortin et Javier Torres sur la différence de revenus entre les immigrants et les autochtones, Foreign education and the earnings gap between Immi-grants and Canadian-born workers (2012). On remarque que dans les périodes de 1970 à 1980 où les taux de chômage étaient pratiquement les mêmes, les immigrants venaient de pays qui sont similaires au Canada : Etats Unis, Angleterre, Europe de l’Est. Et donc, on a l’impression que la portabilité de leur niveau de scolarisation était facile. Ce que l’on remarque, cependant, c’est que, ces dernières années, la différence sala-riale entre les immigrants et les non-immigrants est devenue énorme.

Mais lorsque que l’on regarde aussi, l’immigration a changé de tendances : maintenant il y a beau-coup plus d’asiatiques, d’africains et de sud-américains. On se pose la question de la portabilité du niveau d’éducation. Ce qu’ils montrent dans leur étude c’est que 30% à 80% de la différence salariale peut s’expliquer par le pays d’où l’on vient. En grande partie par l’éducation que l’on a eu dans ce pays. Finalement, il y a un problème de fiabilité du diplôme que l’immigrant a eu dans le pays d’où

il vient. Si l’immigrant a obtenu son diplôme dans un pays auquel les québécois font beaucoup plus confi-ance, l’intégration est plus facile. Inversement, un diplôme obtenu dans un pays dont on ne sait pas beaucoup de choses, ils ne feront pas énormé-ment confiance à la valeur de cette formation. Je dirais que l’élément le plus important c’est la portabilité du niveau d’éducation.

Au Québec, j’ai l’impression que cela est aussi difficile parce qu’il y a le problème de langue. Dans la masse d’immigrants qui arrivent, il y a beau-coup qui viennent d’Amérique latine, de l’Inde, du Pakistan. Et lorsqu’ils viennent au Québec, faudrait trans-poser cela en Français.

Le magazine des nouveaux arrivants : Le gros bataillon des immigrants vient de Chine, Algérie et Maroc. Donc le chinois et l’Arabe pour ce qui est des langues.

Ismael MOURIFIE : Oui en dehors de la Chine, la majorité des

Emploi

EntrevueIsmael MourifiéEconomiste,Université de Toronto

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Emploi Emploi

immigrants est francophone. Et dans les faits, le système d’éducation dans ces pays est différent de celui que l’on voit en Amérique du nord.

Maintenant l’employeur se demande par exemple si la sociologie telle qu’il la connaît est celle qu’il y a au Burkina Faso. En tant que sociologue québécois, c’est une question que je peux me poser. On remarquera aussi que les personnes qui ont des forma-tions beaucoup plus techniques, comme l’informatique ou l’ingénierie trouvent plus facilement un emploi, parce que c’est une formation qui peut s’exporter facilement.

Vous avez une formation de statis-ticien et vous arrivez à Montréal, on vous demande comment on calcule une variable, c’est la même manière de la calculer partout. Pour les forma-tions plus littéraires, c’est compléte-ment différent. Prenez un juriste qui arrive en Amérique du nord, il va trouver un système juridique complétement différent.

Le magazine des nouveaux arrivants : Le problème c’est que c’est le même constat dans les métiers techniques. Faudrait peut-être pas généraliser, mais j’ai rencontré plus-ieurs immigrants qui sont archi-tectes, ingénieurs mais qui rencon-trent les mêmes difficultés.

Ismael MOURIFIE : Je suis d’accord sur un point mais faud-rait éclairer d’autres aspects, parce que l’on revient ici au problème du système d’éducation. On constatera par exemple que les études en Afrique, en ingénierie par exemple, sont des études plus théoriques que pratiques parce qu’on n’a pas suffisamment les moyens pour la pratique. Ici on est plus dirigé vers des outils plus tech-niques et des technologies beaucoup plus évoluées.

Mais le fait est que ceux qui ont des formations techniques se battent beaucoup mieux que ceux qui ont des formations littéraires. Cela m’est arrivé aussi. J’expliquais à un profes-seur que je faisais de la statistique, et il était curieux de savoir quel genre de statistique on faisait en Afrique. Vous imaginez. Il y a des donc des préjugés vis-à-vis du type de forma-tion que l’on peut avoir.

Le magazine des nouveaux arrivants : Mais ce problème devrait en principe être réglé par l’équivalence des diplômes. C’est-à-dire une reconnaissance officielle du Québec qui dit qu’untel ou unetelle a un diplôme qui a autant de valeur que le diplôme de celui ou celle qui a étudié au Québec.

Ismael MOURIFIE : La ques-tion c’est comment réagissent les chefs d’entreprises. Je suis patron d’entreprise, et je vois deux dossiers. Un premier qui a fait ses études ici à Polytechnique, et un autre qui a fait des études à l’INPT de Rabat, par exemple. D’un côté je peux appeler à Polytechnique pour avoir des renseignements et de l’autre, il me faut appeler à Rabat au sujet de l’étudiant. De deux, j’ai plus confi-ance au système éducatif d’ici, même si l’Etat, de manière générale, me dit que le niveau de formation est rendu équivalent par la reconnais-sance des diplômes. Et clairement, vu la différence salariale et le taux de chômage que l’on mentionnait précédemment, les chefs d’entreprises vont privilégier les études faites ici et le système local.

Le magazine des nouveaux arrivants : C’est vrai que la ques-tion de la confiance est très impor-tante. On a parlé de la question des diplômes, mais il y a aussi, me semble-t-il, des facteurs qui sont autour du diplôme, qui sont rela-tivement importants. La question culturelle par exemple, c’est-à-dire la question de valeurs partagées ou pas.

Ismael MOURIFIE : C’est un point important auquel j’allais arriver. Le problème c’est que pour les recru-teurs, il y a le niveau de comporte-ment qui est important. Avec quel type de personne mon équipe va bien se porter, en dehors du travail ? Et il y a peut-être cette peur aussi de l’étranger, de l’immigrant. Si on est groupe de travailleurs québécois qui a un certain type de lunch, et qui discute hockey, on ne sait pas trop comment le chinois ou le brésilien va se comporter vis-à-vis de tout cela.

Le magazine des nouveaux arrivants : Finalement, la question ne serait-elle pas de faire une forma-tion ici au Québec ?

Ismael MOURIFIE : Comme première solution je dirais se remettre à l’école. En Amérique du nord, les gens sont très friands de deux choses : où vous avez fait vos études et quelles sont vos références ? Et pour les immigrants toutes les références sont généralement en-dehors du Québec. Faire une formation ici c’est dire que l’on est le produit de ce système éducatif, et ensuite montrer que l’on a des références d’ici. Je pense que c’est peut-être le meilleur moyen de s‘intégrer.

Le magazine des nouveaux arrivants : J’entends déjà les nouveaux arrivants soupirer, et se plaindre de devoir retourner aux études… Même si la question de la formation est importante, il me semble qu’il faudrait aussi sensibil-iser les chefs d’entreprises à donner leur chance aux immigrants.

Ismael MOURIFIE : Ce type de campagne s’avère nécessaire. Il y va en plus de l’intérêt des autorités de mettre en place des politiques agres-sives pour l’intégration des immi-grants. A court terme, on ne voit peut-être pas les conséquences mais à long terme, ce qui va se passer c’est que les personnes immigrantes qui ne trouvent pas de travail vont se ghet-toïser, et cela va créer des problèmes d’insécurité qui vont encore engen-drer d’autres problèmes.

Le magazine des nouveaux arrivants : Merci M. Mourifié pour votre éclairage.

Ismael MOURIFIE : C’était un plaisir. •

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ÉDITION SPÉCIALE

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