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4 actualités Actualités pharmaceutiques n° 512 Janvier 2012 Entretien avec Françoise Galland « Notre objectif est de mettre le numérique au service de la communauté pharmaceutique dans l’ensemble de ses missions » Ouverte aux enseignants, aux étudiants, au grand public, l’Université numérique des sciences pharmaceutiques francophone (UNSPF) a pour vocation de créer et mutualiser des ressources numériques pédagogiques. Françoise Galland, qui dirige cet organisme, présente les objectifs de l’UNSPF et l’élargissement de sa mission à destination des pharmaciens, par le biais d’IndexPharma, un nouveau projet de formation continue numérique. Actualités pharmaceutiques : Françoise Galland, pouvez-vous vous présenter ? Françoise Galland : Je suis pharmacien de formation et actuellement enseignante de biophysique à la Faculté de pharma- cie d’Angers. Parallèlement, je suis très impliquée dans les nouvelles technologies puisque je suis directrice du Service des technologies de l’information et de la communication (Stic) de l’université d’Angers, chef de projet à l’Université numérique régionale (UNR) Pays de Loire, chargée de la mission numérique du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) Université Nantes Angers Le Mans (Lunam), et directrice de l’Université numérique des sciences pharmaceutiques francophone (UNSPF). AP : Qu’est-ce que l’UNSPF ? FG : La principale mission de l’UNSPF est d’utiliser de manière performante les nouvelles possibilités des technologies de l’information et de la communication (Tic) dans l’enseignement supérieur au travers de : la valorisation des outils et ressources numériques existantes ; la mutualisation de la production de res- sources supplémentaires autour d’une thématique commune dont la structu- ration sera garantie par l’action fédéra- trice des collèges disciplinaires ; la mise à disposition d’un ensemble cohérent de ressources numériques pour conforter la position des formations universitaires pharmaceutiques en France et dans la Francophonie. L’UNSPF a ainsi vocation à devenir le centre de ressources de référence des universités, facultés et centres de forma- tion et d’enseignement qui souhaitent proposer des formations ouvertes et à distance (FOAD) dans les disciplines pharmaceutiques. AP : Quel est son historique ? FG : Initiée en 2007, notre université numérique se met en place à côté de nos partenaires de santé et des autres uni- versités numériques thématiques (UNT). Les premières productions sont à peine sorties de nos facultés, mais la commu- nauté s’est particulièrement mobilisée pour mettre à disposition – d’ores et déjà – des ressources pédagogiques de qualité pour nos étudiants. AP : Quels sont les objectifs de l’UNSPF ? FG : Cette université numérique a pour vocation de créer, mutualiser des ressour- ces numériques pédagogiques, pour permettre : aux enseignants-chercheurs de produire, valoriser et d’utiliser ces ressources pour optimiser leur enseigne- ment ; aux étudiants en formation initiale et aux professionnels en formation conti- nue, de France ou de la Francophonie, d’y accéder librement pour améliorer leur formation, pour travailler à leur rythme en fonction de leurs contraintes, de leur disponibilité temporelle et spatiale ; au grand public d’accéder à des informa- tions fiables, produites et validées par la communauté pharmaceutique universi- taire française et francophone, adaptées à leur souci légitime d’accès au savoir, tout particulièrement dans le domaine de la santé. AP : Que peut-elle apporter aux phar- maciens d’officine en termes de forma- tion continue ? FG : Ce projet concerne la formation (initiale et continue) des acteurs du secteur et de leurs collaborateurs avec un souci de prise en compte du type de connaissances à acquérir et des contraintes des apprenants. Si les étu- diants peuvent le plus souvent suivre les cours à l’université, la majorité des professionnels, compte tenu du carac- tère libéral de leur activité, ont des contraintes espace-temps particulière- ment prégnantes et, dans ces circons- tances, les formations ouvertes et à distance seront privilégiées. Cette ini- tiative devrait contribuer à instrumenter le projet émergeant de développement professionnel continu (DPC). L’enseignement de la pharmacie – comme l’ensemble des filières santé – est une formation professionnelle où les connaissances sont à la fois acadé- miques et fruits de l’expérience, mais aussi en constante évolution. Dans le domaine de la santé, il n’est pas accep- table d’imaginer que des professionnels ne soient pas constamment à jour de leurs connaissances. Par ailleurs, il faut renseigner l’internaute avec des informations adaptées et le rassurer sur la validité et la crédibilité des contenus. © Muriel Iiotta

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Actualités pharmaceutiques n° 512 Janvier 2012

Entretien avec Françoise Galland

« Notre objectif est de mettre le numérique au service de la communauté pharmaceutique dans l’ensemble de ses missions »

Ouverte aux enseignants,

aux étudiants, au grand

public, l’Université numérique

des sciences pharmaceutiques

francophone (UNSPF)

a pour vocation de créer

et mutualiser des ressources

numériques pédagogiques.

Françoise Galland,

qui dirige cet organisme,

présente les objectifs de

l’UNSPF et l’élargissement

de sa mission à destination

des pharmaciens, par le biais

d’IndexPharma, un nouveau

projet de formation continue

numérique.

Actualités pharmaceutiques : Françoise Galland, pouvez-vous vous présenter ?Françoise Galland : Je suis pharmacien de formation et actuellement enseignante de biophysique à la Faculté de pharma-cie d’Angers. Parallèlement, je suis très impliquée dans les nouvelles techno logies puisque je suis directrice du Service des technologies de l’information et de la communication (Stic) de l’université d’Angers , chef de projet à l’Université numérique régionale (UNR) Pays de Loire, chargée de la mission numérique du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) Université Nantes Angers Le Mans (Lunam), et directrice de l’Université numérique des sciences pharmaceutiques francophone (UNSPF).

AP : Qu’est-ce que l’UNSPF ?FG : La principale mission de l’UNSPF est d’utiliser de manière perfor man te les

nouvelles possibilités des technologies de l’information et de la communication (Tic) dans l’enseignement supérieur au travers de : la valorisation des outils et ressources numériques existantes ; la mutualisation de la production de res-sources supplémentaires autour d’une thématique commune dont la structu-ration sera garantie par l’action fédéra-trice des collèges disciplinaires ; la mise à disposition d’un ensemble cohérent de ressources numériques pour conforter la position des formations universitaires pharmaceutiques en France et dans la Francophonie.L’UNSPF a ainsi vocation à devenir le centre de ressources de référence des universités, facultés et centres de forma-tion et d’enseignement qui souhaitent proposer des formations ouvertes et à distance (FOAD) dans les disciplines pharmaceutiques.

AP : Quel est son historique ?FG : Initiée en 2007, notre université numérique se met en place à côté de nos parte nai res de santé et des autres uni-versités numériques thématiques (UNT). Les premiè res productions sont à peine sorties de nos facultés, mais la commu-nauté s’est particulièrement mobilisée pour mettre à disposition – d’ores et déjà – des ressources pédagogiques de qualité pour nos étudiants.

AP : Quels sont les objectifs de l’UNSPF ?FG : Cette université numérique a pour vocation de créer, mutualiser des ressour-ces numériques pédagogiques, pour permet tre : aux enseignants-chercheurs de produire, valoriser et d’utiliser ces ressources pour optimiser leur enseigne-ment ; aux étudiants en formation initiale et aux professionnels en formation conti-nue, de France ou de la Francophonie,

d’y accéder librement pour améliorer leur formation, pour travailler à leur rythme en fonction de leurs contraintes, de leur disponibilité temporelle et spatiale ; au grand public d’accéder à des informa-tions fiables, produites et validées par la communauté pharmaceutique universi-taire française et francophone, adaptées à leur souci légitime d’accès au savoir, tout particulièrement dans le domaine de la santé.

AP : Que peut-elle apporter aux phar-maciens d’officine en termes de forma-tion continue ?FG : Ce projet concerne la formation (initiale et continue) des acteurs du secteur et de leurs collaborateurs avec un souci de prise en compte du type de connaissances à acquérir et des contraintes des apprenants. Si les étu-diants peuvent le plus souvent suivre les cours à l’université, la majorité des profes sion nels, compte tenu du carac-tère libéral de leur activité, ont des contraintes espace-temps particulière-ment prégnantes et, dans ces circons-tances, les formations ouvertes et à distance seront privilégiées. Cette ini-tiative devrait contribuer à instrumenter le projet émergeant de développement professionnel continu (DPC).L’enseignement de la pharmacie – comme l’ensemble des filières santé – est une formation professionnelle où les connaissances sont à la fois acadé-miques et fruits de l’expérience, mais aussi en constante évolution. Dans le domaine de la santé, il n’est pas accep-table d’imaginer que des professionnels ne soient pas constamment à jour de leurs connaissances.Par ailleurs, il faut renseigner l’internaute avec des informations adaptées et le rassu rer sur la validité et la crédibilité des contenus.

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L’objectif de ce projet est donc de mettre en place un processus de formation qui respecte ces contraintes. Il doit, par ailleurs, permettre de produire des ressour ces de qualité, car elles seront une clé du succès, mutualisables et pérennes, avec un coût minimal, des conditions d’accès (en termes de débit et d’équipe-ment) simples (en particulier pour les pays francophones du Sud).Ce concept est original, novateur et riche, car il permet de générer un patri-moine numérique pédagogique riche par son interopérabilité, mutualisable grâce à la validation nationale des contenus académiques, diversifié dans ses appro-ches de mise en situation grâce au vivier national et francophone potentiel de concepteurs-auteurs et à la possibilité de produire des cas mono- ou trans-disciplinaires. Enfin, pour faciliter mise à jour et pérennité, nous prendrons un soin tout particulier à la gestion des droits d’auteur. À titre d’exemple, les étudiants signeront une cession de droits qui permet tra des mises à jour ultérieu-res par d’autres étudiants.

AP : Qu’apporte l’UNSPF par rapport à l’offre de formation existant actuel-lement sur le web pour les pharmaciens d’officine ?FG : L’UNSPF apporte une volonté de travailler en étroite collaboration avec les instances qui sont déjà investies dans la formation continue. Les universitaires souhai tent, bien évidemment, proposer une offre de formation adaptée aux besoins des professionnels avec trois atouts supplémen-taires : des formations s’appuyant sur des équipes de recherche reconnues, conçues pour être diplômantes, et éventuellement couplées avec des formations initiales favo-risant ainsi les échanges entre les mondes universitaire, étudiant et professionnel.

AP : Vous coordonnez actuellement un projet ambitieux dénommé Index-Pharma. En quoi cela consiste-t-il ?FG : Il s’agit d’une réponse à l’appel à projets du ministère dans le cadre des investissements d’avenir du grand emprunt. Ce projet est une formidable opportunité pour élargir les missions de

l’UNSPF, majoritairement orientées sur la formation initiale. Notre objectif est de mettre le numérique au service de la communauté pharmaceutique dans l’ensemble de ses missions. À côté de la formation continue que nous pourrons envisager avec des moyens adaptés à nos ambitions, nous pourrons aussi aider les pharmaciens à remplir leur mission de santé publique. Car, dans la chaîne de santé, les pharmaciens ont une position de choix pour accompagner cette politi-que de santé à une époque où la maîtri se des dépenses est un enjeu majeur, où la télémédecine se développe, où les médecines traditionnelles dans certains pays peuvent efficacement contribuer à un meilleur rapport coût-efficacité.

AP : Quels sont les partenaires pour ce projet ?FG : Porté par le directeur de l’UNSPF, ce projet devrait s’appuyer sur trois types d’instan ces : les instances académiques que sont la Conférence internationale des doyens de pharmacie d’expression française (CIDPHARMEF) et l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) ; les instances profes-sionnelles, c’est-à-dire la Conférence internationale des ordres de pharmaciens francophones (CIOPF) et le Haut Comité de la formation pharmaceutique continue (HCFPC), dans l’attente de la création d’un organisme de gestion du dévelop-pement professionnel continu ; les instan-ces franco phones et internationales, en plus des instances précédemment citées, comme la Fédération internationale des associations du multimédia (FIAM), ONG soutenue, entre autres, par l’Organisation des Nations unies et l’Organisation interna-tionale de la Francophonie (OIF).La responsable de projet est membre du conseil d’administration et chargée – à terme – de mettre en place un Comité numérique international de santé. C’est dans ce cadre que nous avons contracté un accord avec Shanghai.

AP : Quels sont les enjeux de ce projet pour la formation continue ?FG : En s’appuyant sur l’expérience ange-vine et celle de la communauté universi-

taire spécialisée dans le numérique, les dispositifs seront mis en place en quatre étapes :– gestion du projet (analyse avec les profes sion nels concernés de l’existant et des besoins pour définir les objectifs de la formation…) ;– conception du dispositif (élabora-tion de la maquette, définition des séquences…) ;– déploiement et mise en ligne de la forma tion (monosite, multisite) ;– exploitation et accompagnement du dispo sitif.À l’issue des sept années de produc-tion prévues, nos universités auront eu le temps de mettre en place un modèle économique e ff icace et pérenne qui leur permette de prendre toute leur place dans leur mission en matière de formation continue des professionnels.

AP : Pensez-vous qu’à l’avenir, la forma-tion continue des pharmaciens se réali-sera essentiellement par l’intermédiaire des nouvelles technologies ?FG : Tout à fait, pour deux raisons princi-pales. La première est que l’introduction des technologies numériques permet un rapport au savoir et une approche tout à fait particuliers, notamment avec les étu-des de cas, les mises en situation beau-coup mieux adaptées en termes d’appro-che pédagogique et de motivation des apprenants. La seconde raison est que l’asynchronisme induit par la formation ouverte et à distance ouvre des zones de liberté, tant pour les apprenants que pour les enseignants.Cette évolution n’exclura pas l’indispen-sable relation humaine ni le papier auquel nombre de professionnels sont toujours très attachés. Les sessions de regroupe-ment seront plus riches et transformées en vraies périodes d’échanges et non en phase de transmission des savoirs.

Propos recueillis par

Sébastien Faure

Maître de conférences des universités

Faculté de pharmacie, Angers (49)

[email protected]