6
147 rue de l’Université 75 338 Paris Cedex 07 - France Tèl. : + 33 1 (0)1 42 75 95 43 Fax : + 33 1 (0)1 47 05 99 66 www.inra.fr Paris, 19 novembre 2018 Contribution de l’INRA au rapport HLPE V0 Agroecological Approaches & Other Innovations for FSN 1. Ce document est très riche, donnant une très large place à l’école de pensée de Wezel, ce qui est très bien, car c’est sans doute l’un de ceux qui a le plus théorisé l’Agroécologie. 2. Une remarque préalable en lisant les recommandations : a. Elles sont assez globales et d’ailleurs plutôt en lien avec FSN et mériteraient de faire plus de lien avec l’Agroécologie (le mot n’est utilisé qu’une fois) ; b. La 2 et surtout la 2a sont très pertinentes et mériteraient d’être renforcées : renforcer la formation et la place de l’agroécologie dans la formation. c. La recommandation 2c sur la recherche pourrait être renforcée en mentionnant le besoin d’outils de renforcement des connaissances et d’identification des besoins de la recherche, de façon inclusive avec les praticiens du système agricole et alimentaire, par exemple avec la création d’une plateforme collaborative en ligne. 3. Le document présente une vision parfois schématique de l’agroécologie et des possibilités qu’offrent les régulations naturelles (ex figure 3). Il suppose par ailleurs une forme de stabilité, voire d’invariance : on va produire la même chose demain qu’aujourd’hui. Du point de vue de l’agroécologie, il convient d’éviter un biais d’analyse selon lequel l’AE serait faite seulement pour les petites exploitations (sans que la taille ne soit vraiment définie). Ce serait une erreur (voir tableau 4). La mobilisation des régulations biologiques n’est pas dépendante de la taille des exploitations, mais de la taille des entités de gestion. Ce qui revient à questionner les recherches d’économie d’échelle, comme c’est dit en page 62. 1

assets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.comassets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.co…  · Web viewContribution de l’INRA au rapport HLPE V0. Agroecological

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: assets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.comassets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.co…  · Web viewContribution de l’INRA au rapport HLPE V0. Agroecological

147 rue de l’Université75 338 Paris Cedex 07 - FranceTèl. : + 33 1 (0)1 42 75 95 43Fax : + 33 1 (0)1 47 05 99 66www.inra.fr

Paris, 19 novembre 2018

Contribution de l’INRA au rapport HLPE V0Agroecological Approaches & Other Innovations for FSN

1. Ce document est très riche, donnant une très large place à l’école de pensée de Wezel, ce qui est très bien, car c’est sans doute l’un de ceux qui a le plus théorisé l’Agroécologie.

2. Une remarque préalable en lisant les recommandations :a. Elles sont assez globales et d’ailleurs plutôt en lien avec FSN et mériteraient de faire plus

de lien avec l’Agroécologie (le mot n’est utilisé qu’une fois) ;b. La 2 et surtout la 2a sont très pertinentes et mériteraient d’être renforcées : renforcer la

formation et la place de l’agroécologie dans la formation.c. La recommandation 2c sur la recherche pourrait être renforcée en mentionnant le

besoin d’outils de renforcement des connaissances et d’identification des besoins de la recherche, de façon inclusive avec les praticiens du système agricole et alimentaire, par exemple avec la création d’une plateforme collaborative en ligne.

3. Le document présente une vision parfois schématique de l’agroécologie et des possibilités qu’offrent les régulations naturelles (ex figure 3). Il suppose par ailleurs une forme de stabilité, voire d’invariance : on va produire la même chose demain qu’aujourd’hui. Du point de vue de l’agroécologie, il convient d’éviter un biais d’analyse selon lequel l’AE serait faite seulement pour les petites exploitations (sans que la taille ne soit vraiment définie). Ce serait une erreur (voir tableau 4). La mobilisation des régulations biologiques n’est pas dépendante de la taille des exploitations, mais de la taille des entités de gestion. Ce qui revient à questionner les recherches d’économie d’échelle, comme c’est dit en page 62.

4. Le document porte par ailleurs une vision rurale, avec les marchés de proximité et autres symboles d’une relation directe entre producteurs et consommateurs. Il convient d’élargir le champ de cette vision car :

a. Ceci n’est pas approprié aujourd’hui et le sera plus moins demain, en raison de l’augmentation continue et irréversible de la population urbaine ;

b. Il manque la mention du rôle des industries agroalimentaires, soit comme verrou, soit comme levier pour une valorisation des produits venant des nouvelles formes d’agriculture basées sur l’agroécologie.

5. Le document est très centré sur les productions végétales et surtout sur la maîtrise des maladies et ravageurs des végétaux. Il donne une place insuffisante aux productions animales, au sujet desquelles il ressort que les principaux problèmes se réduiraient aux pathologies et au bien-être, et que la principale solution résiderait dans le maintien de la diversité. Il manque une dimension sur la recherche de l’efficience alimentaire, là encore en prenant en compte les

1

Page 2: assets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.comassets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.co…  · Web viewContribution de l’INRA au rapport HLPE V0. Agroecological

produits venant des nouvelles formes d’agriculture basées sur l’agroécologie.

6. Deux lacunes importantes mériteraient d’être comblées dans le champ du rapport :a. Donner plus de place à la problématique du microbiote et microbiome. C’est mentionné

rapidement en milieu de document, plutôt comme une solution biotechnique (on apporte un microbiote comme on apporte un pesticide) mais sans insister sur le fait que ceci peut être un levier majeur de la transformation. C’est une composante intrinsèque des agroécosystèmes que l’on doit comprendre, gérer et manipuler ;

b. La place clé du phosphore. Le premier principe de l’agroécologie rappelé dans le document est le bouclage des cycles de fertilité. Le P en fait partie et c’est le cycle le plus difficile à boucler. C’est un point majeur à intégrer.

7. Le document donne une très large place à la résilience, qu’il conviendrait de définir. Il faudrait distinguer la résilience et la robustesse. La résilience, c’est la capacité à retrouver un état stable après une forte déformation. La robustesse, c’est la capacité à maintenir les performances en situations de contraintes.

8. Le document mentionne l’empreinte environnementale, ce qui est très pertinent. Il faudrait l’étendre à la notion de dette environnementale. Ceci introduit la notion du temps et la tension entre le temps court (performances productives, économiques et sociales) et le temps long (performance environnementale).

9. Une place significative est donnée à la fertilité des sols et à la vie biologique des sols, ce qui est un point très important.

10. Le questionnaire demande de réfléchir aux 17 principes de l’agroécologie. Mais dans le document, il n’y a que 16 principes décrits en page 25. Le lien de certains d’entre eux avec l’agroécologie n’est pas explicite : exemple le cas du 10 (Build food systems based on the culture, identity, tradition, social and gender equity, innovation and knowledge of local communities and livelihoods) et le cas du 12 (Support fair, dignified and robust livelihoods for all actors engaged in food systems, especially small-scale food producers). Pas clair non plus pour le 13. Il faudrait expliciter comment ces 16 (17 ?) principes ont été élaborés.

11. La logique du chapitre 2.3 mériterait d’être explicitée car ce dernier incorpore différentes choses, depuis FSN à l’agriculture biologique, la permaculture ou l’agroforesterie.

12. Il est très pertinent et intéressant d’avoir introduit la question des pertes et gaspillages. Il serait opportun d’ajouter une réflexion pour savoir si les modes de production basés sur l’agroécologie auront un impact sur ces pertes et gaspillages depuis la production à la consommation

2

Page 3: assets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.comassets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.co…  · Web viewContribution de l’INRA au rapport HLPE V0. Agroecological

Traduction de courtoise en anglais ci-dessous

Contribution from INRA, the French National Institute of Agricultural Research, concerning the V0 of the HLPE report

Agroecological Approaches & Other Innovations for FSN

1. This document is very thorough and dedicates much of the content to the Wezel school of thought, which is very positive because it is, without doubt, one of the most common theories of Agroecology.

2. Some preliminary remarks in response to the recommendations:a. The recommendations are rather general in nature and, moreover, they are more

aligned with FSN and instead it would be more appropriate for them to be more closely connected with Agroecology (the word ‘Agroecology’ is only used once);

b. Point 2 and 2a in particular are highly relevant and should be reinforced: strengthen the importance of training as well as the place of agroecology in these trainings.

c. The recommendation 2c pertaining to research could be strengthened by mentioning the need for knowledge-building tools and identification of research needs in an inclusive way with practitioners in agricultural and food systems, with the creation of a collaborative platform online, for example.

3. The document presents a somewhat simplified view of agroecology and the possibilities offered by nature-based solutions (e.g. Figure 3). The report also assumes a minimum level of stability, or perhaps an unchanging state, where we will continue produce the same thing in the future as we do today. From an agroecological perspective, it is necessary to avoid an analysis bias that would only apply agroecology to small farms (without the farm size necessarily being defined). This would be a mistake (see Table 4). The use of biological control agents is not dependent on the size of the farms, but on the size of the entities under management. This is tantamount to questioning the search for economies of scale, as mentioned on page 62.

4. The document also has a noticeably rural perspective, with local markets and other symbols of a direct relationship between producers and consumers. The scope of this vision needs to be broadened, because:

a. This is no longer appropriate for the current context and it will be less so in the future due to the continuous and irreversible increase of the urban population;

b. There is also no mention of the role of agri-food industries, either as a constraint or as a lever, to support products coming from new forms of agriculture based on agroecology.

3

Page 4: assets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.comassets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.co…  · Web viewContribution de l’INRA au rapport HLPE V0. Agroecological

5. The document is very focused on crop production and especially on the control of plant diseases and pests. Insufficient space is provided to animal production, thus reducing the main problems to disease and well-being and offering the main solution lying in the maintenance of diversity. In addition, the report lacks a dimension regarding the search for feed efficiency, again taking there is a need to take into account that the products are coming from new forms of agriculture, based on agroecology.

6. There are two important gaps that should be addressed in this part of the report:a. The problem of the microbiota and microbiome needs to be highlighted. This is

mentioned briefly in the middle of the document, yet more as a biotechnical solution (applying the use of microbiota like a pesticide) but without emphasizing that this can actually be a major lever for transformation. It is an intrinsic component of agroecosystems that must be understood, managed and handled appropriately;

b. The key place of phosphorus should be highlighted. The first principle of agroecology discussed in the document is the closure of fertility cycles. Phosphorous is one of these cycles and it is the most difficult one to complete. This is a major point that requires integration into the text.

7. The document places a lot of emphasis on resilience, which needs to be defined. A differentiation also needs to be made between resilience and robustness. Resilience is the ability to regain a stable state after deformation. Robustness is the ability to maintain a certain level of performance under stressful situations.

8. The document mentions the ‘environmental footprint’, which is very relevant. It should be extended to the concept of environmental debt. This concept introduces the notion of time and the tension between short-term (productive, economic and social performance) and long-term (environmental performance).

9. A significant part of the report is dedicated to soil fertility and the biological life of soils, which is a very important point.

10. The questionnaire asks the reader to reflect upon the 17 principles of agroecology. However, in the document there are only 16 principles described on page 25. For some of the principles the link with agroecology is not clear: for example, number 10 (build food systems based on culture, identity, tradition, social and gender equity, innovation and knowledge of local communities and livelihoods) and number 12 (support fair, dignified and robust livelihoods for food and beverage in food systems, especially small-scale food producers). Nor is it clear for number 13. It should also be made clear how these 16 (17?) principles were developed.

4

Page 5: assets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.comassets.fsnforumhlpe.fao.org.s3-eu-west-1.amazonaws.co…  · Web viewContribution de l’INRA au rapport HLPE V0. Agroecological

11. The logic of Chapter 2.3 needs to be clarified because it incorporates too many different things, from FSN to organic farming, permaculture or agroforestry.

12. The inclusion of the questions of loss and waste is very relevant and interesting. It would be useful to also add a reflection on whether agroecological production methods will have an impact on the loss and waste along the value chain from production to consumption.

5