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CM histoire de l’éducation Chapitre 1 : introduction générale, l’ordre du primaire Examen : questions et commentaire de texte 07/01/2019 On va essayer de comprendre quelle était la structure de l’enseignement d’abord dans le primaire ensuite on s’intéressera à l’enseignement secondaire puis à l’enseignement universitaire. Ces 3 ordres qui ont structuré l’enseignement jusque dans les années 1960. On réfléchira sur les années 1920 / 1940 où il y a eu un projet d’unifier l’ensemble des ordres primaire, secondaire et technique pour créer un nouveau système. Ca va mettre énormément de temps car le début de l’unification réelle on la retrouver dans les années 1960 et 1975 avec la réforme Haby. Il faut aussi comprendre que les transformations se font sur une durée qui peut être extrêmement longue mais qui ont des effets qui se maintiennent et qui perdurent aujourd’hui encore. Donc il y a des questions qui restent parfois non résolues et qui viennent d’un lointain passé. Et donc si on comprend un peu ce qu’il s’est passé, on a des chances de mieux agir et de mieux se situer dans le présent. Il y a un autre dossier que l’on examinera dans cette même période jusqu’aux années 1960, c’est la question de l’enseignement primaire qui divise la France pendant très longtemps et dont la querelle prend fin en 1960 avec le vote de la loi Debré. Ça nous permettra, une fois ces prémisses posées, de voir un peu comment ça fonctionne aujourd’hui, avec des étapes qui se sont construites progressivement, avec des réformes progressives que l’on essaiera d’examiner (les grandes lignes). La troisième République et l’ordre du primaire Nous essayons de travailler sur la période qui commence en 1880. On est dans le très contemporain car ça va terminer dans la période présente et voir comment un modèle de scolarisation 1

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CM histoire de l’éducation

Chapitre 1 : introduction générale, l’ordre du primaireExamen : questions et commentaire de texte

07/01/2019

On va essayer de comprendre quelle était la structure de l’enseignement d’abord dans le primaire ensuite on s’intéressera à l’enseignement secondaire puis à l’enseignement universitaire. Ces 3 ordres qui ont structuré l’enseignement jusque dans les années 1960.On réfléchira sur les années 1920 / 1940 où il y a eu un projet d’unifier l’ensemble des ordres primaire, secondaire et technique pour créer un nouveau système. Ca va mettre énormément de temps car le début de l’unification réelle on la retrouver dans les années 1960 et 1975 avec la réforme Haby. Il faut aussi comprendre que les transformations se font sur une durée qui peut être extrêmement longue mais qui ont des effets qui se maintiennent et qui perdurent aujourd’hui encore. Donc il y a des questions qui restent parfois non résolues et qui viennent d’un lointain passé. Et donc si on comprend un peu ce qu’il s’est passé, on a des chances de mieux agir et de mieux se situer dans le présent. Il y a un autre dossier que l’on examinera dans cette même période jusqu’aux années 1960, c’est la question de l’enseignement primaire qui divise la France pendant très longtemps et dont la querelle prend fin en 1960 avec le vote de la loi Debré. Ça nous permettra, une fois ces prémisses posées, de voir un peu comment ça fonctionne aujourd’hui, avec des étapes qui se sont construites progressivement, avec des réformes progressives que l’on essaiera d’examiner (les grandes lignes).

La troisième République et l’ordre du primaireNous essayons de travailler sur la période qui commence en 1880. On est dans le très contemporain car ça va terminer dans la période présente et voir comment un modèle de scolarisation s’est construit en France, modèle qui s’est maintenu jusque dans les années 1860 et on essaiera de voir comment s’est cherché un nouveau modèle à partir de cette année-là, nouveau modèle dont nous sommes les produits.

Contexte : dans les années 1850, on a un paysage scolaire qui est assez transformé. Pourquoi ? On a un paysage scolaire qui est caractérisé par l’existence d’un enseignement secondaire de garçon. Il y a un enseignement secondaire de garçon structuré mais minoritaire, un enseignement primaire public de garçons en développement, un enseignement de filles essentiellement religieux. L’enseignement secondaire de fille est réservé aux congrégations religieuses. L’enseignement public n’a pas d’enseignement secondaire pour les jeunes filles. Et cet enseignement secondaire est très minoritaire. A Amiens, à l’époque il y a 30 à 40 bacheliers dans les 3 départements actuels donc c’est très petit. Ensuite, on a un enseignement primaire public de garçon qui se développe et on a un enseignement primaire de fille qui est encore à l’époque essentiellement tenu par les congrégations religieuses. Il y a une séparation garçons et filles importante et qui est là

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présente dans cette époque. Les 3 grandes lois qui précèdent et encadrent cette période sont :

L’Etat éducateur au 19ème siècle

Première loi :

1802 : création des lycées par l’Université impériale. Il s’agit des lycées de garçons. 1806 : création d’un corps enseignant et d’une administration l’Université

Loi relative à la création de l’Université du 10 mai 1806 : Article premier : il sera formé, sous le nom d’Université impériale, un corps chargé exclusivement de l’enseignement et de l’éducation publique dans tout l’empire.

La première loi c’est la loi sur l’Université impériale c’est-à-dire la loi qui en 1802 va créer les lycées. Il s’agit des lycées de garçons. Pour ce qui est de l’académie d’Amiens d’aujourd’hui encore, on a un seul lycée pour tout, pour les 3 départements actuels. Lié à l’existence de ces lycées, a été créé un corps enseignant (le corps des professeurs de lycée qui sont des professeurs agrégés (c’est-à-dire faire partie d’un corps) et donc le nom d’université qu’on utilise à l’époque n’a pas le sens de celui que l’on utilise aujourd’hui. L’université c’est une partie de l’enseignement supérieur. L’université à l’époque c’est une corporation à laquelle on appartient quand on est professeur du secondaire ou du primaire, proviseur… On appartient à un corps qui s’appelle le corps enseignant et on dit je suis agrégé de l’université, instituteur de l’université… on est membre d’un corps, de l’université. Cela n’a rien à voir avec l’enseignement supérieur au sens strict du terme. On est classé à l’intérieur de cette structure. Un deuxième moment important, qui concerne directement notre sujet c’est-à-dire l’enseignement primaire c’est 1833 avec la loi GUIZOT.

Seconde loi :

La loi GUIZOT de 1833 : une école primaire payante de garçons dans chaque commune de 500 habitants. Ecole primaire privée libre. Création des Ecoles Normales pour les garçons.

La loi GUIZOT c’est cette loi qui oblige car ce n’était pas le cas jusqu’à présent, chaque commune de 500 habitants à disposer d’une école de garçons. Il n’y a pas d’obligation d’avoir une école de filles. Obligation d’avoir une école de garçons et puis, début de création des écoles normales de garçons. Par exemple à Amiens, l’école normale va ouvrir à la fin des années 1830. Avant, les enseignants était guère formé, le ministère ne savait même pas combien il y avait d’instituteurs. C’est le début d’un petit budget qui va être consacré au primaire par l’Etat. Jusqu’à présent il y avait un budget pour le secondaire mais pour le primaire il n’y avait rien.

Troisième loi :

La loi FALLOUX de 1850 : liberté enseignement secondaire, une école primaire de fille obligatoire quand 800 habitants. Reconnaissance par l’Etat de la possibilité d’ouvrir librement une école primaire ou une école secondaire sans être obligé de demander une autorisation.

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La loi FALLOUX est à la fois pour le primaire et pour l’enseignement privé. Elle est pour le primaire car cette loi va obliger les communes de 800 habitants à disposer d’une école primaire pour les filles. Désormais, les communes un peu importantes ont deux écoles et cela va perdurer très longtemps : une école primaire de garçons et une école primaire de filles. Comment on fait dans les villages où il n’y a pas assez d’élèves ? C’est simple, on a une seule école avec une classe de garçon et une classe de fille. Et quand il n’y a pas encore assez d’élève, on est obligé d’avoir une seule classe pour tout le monde et avec des livres on va séparer les garçons, des filles. Et cela va aller dans certain cas, il y aura une petit cloison qui évitera les contacts car on avait peur du mélange garçon et fille à l’époque. Filles et garçons sont séparés soit totalement soit par une petite organisation locale.

Autre élément important c’est le reconnaissance par l’Etat de la possibilité d’ouvrir librement une école primaire ou une secondaire sans être obligé de demander comme c’était le cas au début du 18ème siècle une autorisation. Il n’y a plus besoin d’autorisation pour ouvrir il faut simplement respecter certaines règles d’hygiène.

La première partie du 19ème siècle c’est la partie de l’enseignement secondaire et de la naissance d’un enseignement qui n’existait pas vraiment c’est celui de l’enseignement primaire. Mais on peut dire que la seconde partie du 19ème siècle c’est réellement le siècle de l’enseignement primaire. Alors la question qui va nous servir de fil conducteur c’est en quoi cet enseignement primaire se distingue-t-il de l’enseignement secondaire ? Aussi bien dans l’organisation, les contenus mais aussi les enseignants. Pendant cette période-là, après les années 50, il est en train de se construire deux ordres d’enseignement qui ont leurs caractéristiques propres. Le secondaire est déjà fait et bien le primaire va se constituer. Il va avoir son propre fonctionnement, ses professeurs, son organisation propre comme le secondaire. Il y aura aussi durant cette période quelque chose de nouveau qui va naitre c’est l’enseignement supérieur. C’est à la fin des années 70 que va apparaitre une nouvelle figure qui n’existait pas réellement c’est l’étudiant que l’on va distinguer de l’élève. Ce premier cours sera donc consacré à l’enseignement primaire. Il sera suivi de deux autres cours l’un consacré à l’enseignement secondaire, le dernier à l’enseignement supérieur.

Un mot pour terminer cette introduction, ce mot c’est celui que va prononcer Jules FERRY dans les années 1870. Un mot qui sera un programme électoral et qu’il va tenter de mettre en œuvre et c’est vraisemblablement une des raisons pour laquelle Jules FERRY reste une personnalité qui a marqué l’histoire et la mémoire. Alors qui est cet homme ?

Instruction obligatoire, gratuité et laïcité

Deux hommes politiques clefs : Jules FERRY et René GOBLET. Tous les deux sont des personnes qui ont une formation en droit, ce sont des avocats et journalistes. Jules FERRY est né dans l’est à Saint Dié. René GOBLET est né au Nord Pas De Calais à Aire Sur La LYS. Jules FERRY va habiter essentiellement à Paris durant sa jeunesse.

René GOBLET (1828-1905). Il va habiter à Amiens. En effet, il deviendra député de la ville d’Amiens, de la circonscription d’Amiens après 1870. Journaliste et député, GOBLET va fonder un journal qui est le Progrès de la Somme qui est un journal républicain, modéré qui va jouer un rôle important jusqu’en 1940.

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Il va mener une carrière politique de député puis de ministre car il sera 1886, ministre de l’instruction publique et quelques temps après l’équivalent du Premier Ministre.

Jules FERRY (1832-1893) a exercé aussi des fonctions politiques. Il a été élu, c’est un républicain modéré, c’est la même famille politique que René GOBLET. Il va être maire de Paris, va s’opposer à la commune de Paris, il va être un des derniers à partir après la semaine sanglante. Il dit qu’il faut vraiment éduquer les gens car cela va le traumatisé. GOBLET aura la même perspective. FERRY va devenir ministre après avoir été député, il va occuper plusieurs postes et il va occuper notamment le ministère de l’éducation publique et il être aussi Premier Ministre pendant quelques mois.

FERRY lors de son programme électoral avant même que l’empire se soit effondré, il se lance un défi en disant qu’il faut résoudre la question de l’éducation en France et qu’il se promet de mener à bien un tel projet autour de trois grandes lois scolaires : l’obligation scolaire (il faut que tout le monde soit instruit), il faut que l’école soit gratuite (à l’époque l’école primaire et secondaire n’était pas gratuite) et qu’elle soit laïque (il faut que l’Eglise ne joue plus un rôle comme elle le faisait. Pour se faire, plusieurs lois vont être votées. La première est la loi sur la gratuité du 16 juin 1881, la seconde la loi sur l’obligation de l’instruction et la troisième loi la laïcisation des locaux. Cela veut dire qu’il n’y aura plus de catéchisme à l’école et que l’on va retirer les emblèmes religieux progressivement. La quatrième loi c’est la loi sur la laïcisation du personnel enseignant et elle est due à René GOBLET.

Les lois :

Loi sur la gratuité Loi sur l’obligation Loi de la laïcité qui est en 2 temps :

28 mars 1882 : la laïcisation des locaux publics et programme 30 octobre 1886 : la laïcisation du personnel enseignant. Ainsi le personnel ne

doit plus être religieux.

La loi sur la gratuité du 16 juin 1881 instaure le principe de gratuité totale. C’est une loi qui ne pose pas de problème, d’opposition car tout le monde arrête de payer. Cette loi passe très bien dans l’opinion publique. Même du point de vue de la classe dominante car les 2/3 des élèves ne payé déjà plus puisqu’il y avait des exemptions pour toutes personnes qui n’avaient pas les moyens. Si le primaire est gratuit, ce n’est pas le cas du secondaire. Or, pour la classe dominante ils ne vont pas dans le primaire, ils vont dans le secondaire.

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Instruction publique :

Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté, Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Article 1er : il ne sera plus perçu de rétribution scolaire dans les écoles primaires publiques, ni dans les salles d’asile publiques (écoles maternelles). Le prix de pension dans les écoles normales est supprimé car quand on voulait devenir instituteur, il fallait payer sa pension.

Instruction obligatoire :

Article 4 : l’instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de 6 ans révolus à 13 ans révolus, elle peut être donnée soit dans les établissements d’instruction primaire ou secondaire, soit dans les familles, par le père de famille lui-même.

Article 5 : une commission municipale scolaire est instituée dans chaque commune pour surveiller.

La deuxième loi importante c’est la loi de l’obligation. Elle est toujours en vigueur. L’instruction est obligatoire mais pas l’école c’est-à-dire qu’un enfant entre 6 et 13 ans (puisque l’obligation à l’époque c’est jusqu’à l’âge de 13 ans) doit soit allé dans une école publique, soit fréquenter une école privée ou être instruit à domicile et faire la preuve que cette instruction est conforme aux règles attendues. Pourquoi cela a t-il était proposé l’instruction à domicile ? Cela a été proposé car à l’époque il y avait une tradition dans les familles aristocratiques ou bourgeoises, il y avait le préceptorat c’est-à-dire qu’on faisait venir quelqu’un à la maison de supposer compétent pour faire cours, on n’allait pas à l’école jusqu’avant l’entrée au lycée. Cela ne concerne que peu de monde. Ce qui va être compliqué à mettre en place c’est l’obligation. En effet, bien des enfants vont se dispenser d’aller à l’école car les parents ont besoin d’eux pour travailler dans les champs, dans les usines, les manufactures ce qui rapporte un peu d’argent à la famille, alors que si on les renvoie à l’école il n’y a pas d’entrée d’argent et il y a un coût pour les livres par exemple. D’où la difficulté et la création dans l’article 5, une commission municipale scolaire est instituée dans chaque commune. Dans chaque commune on va essayer de faire en sorte de veiller à ce que tous les enfants soient instruits. Ceux ne l’étant pas, les parents ont une amende. L’obligation sera vraiment respectée que dans les années 1930.

Instruction laïque (18 mars 1882)

Loi du 16 juin 1881 : article 1er : il ne sera plus perçu de rétribution scolaire dans les écoles primaires publiques, ni dans les salles d’asile publiques.

Loi du 18 mars 1882 : article 1er : l’enseignement comprend : l’instruction morale et civique, la lecture et l’écriture, langue et les éléments de la littérature française, la géographie, plus particulièrement celle de la France, l’histoire, plus particulièrement celle de la France jusqu’à nos jours.

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Article 2 : les écoles primaires vaqueront un jour par semaine, outre le dimanche, afin de faire donner aux parents, s’ils le désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse en dehors des édifices scolaire. L’enseignement religieux est facultatif dans les écoles privées.

La dernière loi importante est la loi sur la laïcité qui a eu lieu en deux temps : une loi en 1882 et en 1886.

En 1882, ce sont les nouveaux programmes et donc désormais l’instruction religieuse disparait des programmes officiels, donc l’instituteur cesse de faire du catéchisme à l’école comme c’était le cas. Cela n’a pas posé trop de problème cet aspect-là car on se rendait compte qu’un certain nombre d’instituteur n’était pas croyant. En deuxième temps, FERRY est plus pragmatique, prudent. Il n’y a plus d’instruction religieuse à l’école mais ce n’est pas quelqu’un qui promeut l’athéisme dans la société donc il va rendre possible le catéchisme mais à l’extérieur de l’école. D’où la règle qui va être adoptée, les écoles vont cesser de travailler un jour par semaine (jeudi) pour le catéchisme à l’extérieur de l’école. Dans les années 70, cela passera au mercredi. A l’époque, 90% de la population est croyante. FERRY avait pensé un moment que ces cours de catéchisme pouvaient avoir lieu à l’intérieur de l’école mais il a finalement décidé que c’était préférable de le faire à l’extérieur. Le premier élément c’est les programmes et les élèves qui suivent le catéchisme à l’extérieur.

Le deuxième élément se sera en 1886 avec la laïcisation du personnel enseignant. Évidemment, cela va provoquer des débats, on va accuser l’école publique de devenir immorale. Les conservateurs vont s’opposer à cette mesure et vont essayer de la faire capoter. FERRY va engager toute une période de propagande pour montrer qu’à l’école publique on est moraux. On remplace l’instruction morale et religieuse pour l’instruction morale et civique.

Image : Buvard à conserver, pour tous les petits Enfants de France. On apprend aux enfants à avoir une bonne conduite. Ferry dit que l’on ne doit jamais se moquer des questions religieuses à l’école. On ne doit ni en parler, ni juger les enfants sur leur croyance, c’est ce qu’on appelle la neutralité. C’est un respect fondamental des convictions des uns et des autres.

Image : aux élèves des écoles : il est défendu de parler Breton et de cracher à terre. Interdiction de mouiller ses doigts pour tourner les pages, introduire un porte-plume dans son oreille, cracher sur son ardoise. L’école essaie de remplacer une morale de foi par une morale religieuse.

FERRY dans sa loi prévoit que les signes religieux (crucifix, statue de la vierge) devraient quitter les écoles. La règle est la suivante : on retirera les signes religieux au fur et à mesure que l’on repeint les écoles. Jusque la fin du 19ème siècle, il y aura des signes religieux dans les écoles publiques. Cela dépend de certaines mairies, circonstances mais cela ne sera pas de façon très pragmatique.

La quatrième loi est la laïcisation du personnel enseignant de GOBLET du 30 octobre 1886. Elle est toujours en vigueur.

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Article 17 : dans les écoles publiques de tout ordre, l’enseignement est exclusivement confié à un personnel laïc.

GOBLET est lucide, il sait qu’il n’a pas le personnel surtout chez les filles. Le principe est le suivant on envoie de nouveaux enseignants congréganistes s’il y a une école normale depuis 4 ans. Il n’y a pas d’école normale partout et surtout pour les filles. Le délai pour que les frères quittent leur fonction c’est 5 ans. Au début du siècle encore il y a des religieuses qui enseignent. Les dernières partiront à la retraite à partir des années 1910. Cela s’est fait progressivement mais non sans difficulté. Il a essayé de trouver des solutions qui permettaient d’éviter des oppositions qui rendaient impossible la généralisation de l’école primaire en France.

I. Les caractéristiques communes de l’enseignement primaire

Les caractéristiques communes de l’école primaire :

En France car ce n’est pas le cas dans tous les pays, les choses ne se sont pas organisées partout de la même manière. Le service public de l’enseignement primaire présente une formule qui est assez singulière. En effet, ce service public dépend de trois niveaux : un niveau local : on parle d’école communale, d’un niveau départemental et un niveau national.

A. Niveau local

A la différence des lycées qui sont des bâtiments de l’Etat, les bâtiments des écoles sont des bâtiments communaux. La construction des bâtiments et leur entretien est à la charge des communes. Evidemment, le Ministère va accepter de donner dans certains cas des subventions, va aider les communes à construire selon des modèles pédagogiquement recevables en publiant des opuscules qui expliquent comment faire l’école, quelle est la surface, ce sont des règles extrêmement précises. Les locaux sont à la charge des communes : construction et entretien. Le personnel qui aide au fonctionnement de l’école c’est à dire les femmes de ménages, les personnels qui entretiennent les bâtiments sont des personnels communaux donc rétribués par la commune. Le chauffage, l’électricité, etc. sont payés par la commune. La commune doit aussi loger les instituteurs. La structure architecturale : au centre la mairie, à droite l’école des garçons, à gauche, celle des filles et au-dessus, le logement de l’instituteur. Si pour des raisons quelconques, elles ne peuvent pas le faire, elles doivent assurer une indemnité de logement. Cela va durer jusque la loi de 1989. C’est le minimum obligatoire : construction, entretien, payement du personnel qui aide les enseignants et logement de fonction. Les communes peuvent aller plus loin, à savoir qu’elles peuvent par exemple mais ce n’est pas une obligation et c’est toujours le cas aujourd’hui, organiser une cantine. Elles peuvent aussi prendre en charge les fournitures scolaires et les manuels. En général, la plupart des communes payent cela (pour payer moins d’impôts).

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B. Niveau départemental

Au niveau du département, il y a une double administration qui remplit son rôle : l’inspection d’académie (créer en 1854) et le préfet. L’inspection académique c’est un fonctionnaire qui est nommé par le ministre et chargé d’organiser sous l’autorité du recteur l’enseignement primaire dans son département. Ce sont des employés payés par le département et le bâtiment également. L’inspecteur ne peut pas s’occuper de toutes les écoles alors il va déléguer des tâches à des instituteurs primaires. En France, le directeur d’école n’a pas autorité sur les maîtres. Le chef d’établissement réel est l’inspecteur primaire, c’est lui l’autorité hiérarchique et le directeur n’est qu’un coordinateur pédagogique et il n’a pas de rôle hiérarchique. S’il y a un problème de discipline par exemple, si un enseignement ne fait pas son travail, l’autorité disciplinaire repose entre les mains de l’inspecteur académique et non du maire, celui-ci peut déplacer ou sanctionner un enseignant. Par ailleurs, chaque département dispose de deux écoles normales qui sont construites par le département. Le département joue un rôle au niveau de l’inspection primaire mais aussi de l’école normale. Il doit assurer la construction de son bâtiment et son entretien.

Le préfet jusqu’en 1945 nomme les instituteurs. Leur carrière est organisée par l’inspecteur académique mais c’est le préfet qui les nomme. Il y a trois autorités qui peuvent compliqué les choses parfois, l’autorité du département, du préfet et de l’inspecteur académique qui organise la carrière, la pédagogie des écoles primaire. Et tout cela va se manifester par une structure qui est le conseil départemental où siège le préfet, l’inspecteur académique et les personnes du conseil général.

C. Niveau national

Dans d’autres pays ce niveau n’existe pas. Au ministère de l’instruction public (son nom jusqu’en 1932) il y a une direction de l’enseignement primaire donc qui supervise l’ensemble de l’enseignement primaire en France. Elle va préciser par exemple les grandes lignes des carrières, des salaires, etc. des enseignants cela sera décidé à Paris et surtout le ministère par sa direction intervient en matière de pédagogie, c’est à ce niveau que sont définis les programmes. Les programmes sont nationaux et définis par le ministère. Ensuite, au niveau national, il y a un deuxième élément fondamental c’est l’Etat qui rémunère les maîtres depuis le 1er juillet 1889. Ils sont devenus les fonctionnaires de l’Etat et sont donc comme les collègues du secondaire ou du supérieur pris en charge par l’Etat via la trésorerie générale. Se met en place l’Etat éducateur. L’Etat s’est intéressé d’abord à l’enseignement secondaire et à payer les maîtres, maintenant il s’intéresse à l’enseignement primaire et donc à payer les maîtres aussi et donc il contrôle. L’ensemble du personnel est désormais payé par l’Etat, ce sont des fonctionnaires publics nommé par le préfet jusqu’en 1945. Se met en place une structure que l’on appelle l’ordre du primaire et qui peut rivaliser avec l’ordre du secondaire.

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II. L’organisation scolaire

A. Les écoles maternelles

D’abord, on vient d’un autre monde qui est celui des salles d’asile à celui des écoles maternelles. Il y a une transformation importante qui se produit. Les salles d’asile datent des années 1826 et le mot « asile » signifie « accueille ». Une salle d’asile c’est une salle qui accueille des enfants. La première salle d’asile a été ouverte à Paris dans un local fourni par les hospices de la ville de Paris. Ces écoles ce sont des initiatives privées au départ, elles sont reconnues officiellement en 1837. Elles servent essentiellement de lieu d’accueil social puisque leur fonction (elles ont été créés par des femmes de la haute bourgeoisie, noblesse) c’est d’accueillir des enfants d’ouvrier dont les mères travaillent à la manufacture. C’est une sorte de garderie. Leurs définitions sont des maisons d’hospitalité et d’éducation. Il y a une pédagogie spécifique dans ces écoles qui n’ont rien à voir avec les écoles d’aujourd’hui puisque les écoles maternelles peuvent accueillir de 150 à 300 enfants. C’est une seule école avec une seule classe. Evidement cela suppose une organisation militaire avec des sifflets, commandement. Dans une pareille situation, il est difficile d’avoir une pédagogie adaptée. Les salles d’asile remplissent le rôle de salle d’hospitalité mais moins le rôle éducatif faute de personnel. En revanche, ce sont de bonne garderie, les parents peuvent travailler sans crainte.

Le 2 aout 1881, un décret organise les écoles que l’on appelle désormais maternelle et elles sont intégrées au primaire. Ces écoles maternelle, il n’est pas obligatoire de les fréquenter à la différence des écoles primaires (c’est toujours le cas aujourd’hui, l’obligation scolaire c’est 6 ans). Les institutrices qui vont être nommées dans ces écoles seront aussi formées à l’école normale avec une formation spécifique. La fonction de l’école maternelle qui remplace les salles d’asile c’est une école de première éducation, elle joue un rôle proche de celui de la mère, elles ne peuvent alors être dirigées que par des femmes jusqu’en 1970. Aucun homme ne pourra diriger une école maternelle.

Le ministère prend une autre décision importante qui va améliorer la situation par rapport aux salles d’asile. En effet, il décide que les écoles maternelles publiques seront divisées en 2 sections (aujourd’hui, c’est 3) et les effectifs sont limités à 150 élèves. Chaque section comporte 75 élèves. Au-delà de 25 élèves, l’institutrice peut être aidée obligatoirement par une femme de service. Il s’agit d’une école qui garde une ambition démesurée. L’âge des enfants est très varié car il va de 2 à 7 ans (il n’y a pas de CP à l’époque). A l’école maternelle, on apprend à lire, à écrire, le dessin, les sciences naturelles, la géographie. Il y a un peu de jeux mais sont peu apprécier.

Très vite va se poser la question de l’adaptation des méthodes à l’âge des élèves et à leurs capacités. Pauline KERGOMARD va inventer l’école maternelle spécifique. Pendant plus de 20ans elle est inspectrice générale des écoles maternelles et elle va orienter la pédagogie en disant que l’école maternelle doit s’appuyer sur le jeu, qu’il n’est pas une distraction mais une façon d’apprendre pour les enfants. C’est un changement de paradigme pédagogique par rapport à l’école primaire. Le jeu n’est pas un moment de détente mais c’est le moment de l’activité par excellence de l’élève.

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Le jeu dans les nouveaux programmes qui sont publiés en 1887 est inscrit comme première matière de l’enseignement. Elle fait disparaitre les leçons que les élèves devaient apprendre et seuls les enfants de 5 ans se voient apprendre quelques éléments de calcul et de lecture donc les plus âgés.

On aboutira en 1921, les institutrices qui souhaitent enseigner en maternelle, vont recevoir une formation spécifique. Il faut choisir d’être en maternelle ou en primaire et elles vont être formées. Pour être directrice, il faut avoir enseigné quelques années. Une institutrice du primaire ne peut donc pas devenir directrice d’une école maternelle si elle n’a jamais enseignée. La pédagogie va être à base d’exercice physique, de jeu de langage, de jeu de lecture, etc. le jeu est central.

Les écoles maternelles au tout début du 20ème siècle vont progressivement devenir une école du petit nombre. En 1900, il y a 700 000 enfants en école maternelle soit 25% des élèves (aujourd’hui c’est quasiment 30% à 2ans, 90% à partir de 3 ans et 100% après 3ans). En 1904, les congrégations religieuses ne peuvent plus enseignées et donc il y a plein d’école privée maternelle qui vont fermer. Elles ne vont pas être remplacées. En 1920, il n’y a plus que 400 000 élèves en maternelle. Cela n’est pas uniquement dû au problème démographique lié à la guerre. Ce nombre a un effet car il va permettre de mettre en place une pédagogie nouvelle, originale et surtout le public des maternelles va changer. Il sera plus favorisé que par le passé car ça joue moins le rôle d’une garderie. Les enfants de milieu populaire vont aller moins souvent à l’école maternelle au début du 20ème siècle qui ne le faisait par le passé. Cette pédagogie de la maternelle est une pédagogie originale, elle se différencie de celle de l’école primaire qui est obligatoire à partir de l’âge de 7ans.

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En Allemagne, on n’a pas d’écoles maternelles mais des jardins d’enfants. Au début du 20ème siècle cette école maternelle est devenue l’école du petit nombre et finalement elle va être brisée par la classe supérieure de la société et moins par les classes populaires alors que c’était l’inverse avec les salles d’asiles.

B. Les écoles élémentaires

L’école élémentaire est l’école obligatoire. A la différence des écoles maternelles, le trait majeur qui caractérise cette école obligatoire c’est la stabilité. En effet entre 1881 et 1936 la durée de la scolarité à l’école élémentaire est limitée à l’âge de 13ans. On va à l’école de 6 ou 7 ans à 13ans. Stabilité à plusieurs niveaux : La stabilité des effectifs et la stabilité des conceptions pédagogiques.

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1. Stabilité des effectifs :

Si on prend les deux extrémités : En 1881, on a 5,3 millions d’élèves et en 1937, 5,4 millions d’élèves. Il y a quasiment la même chose cela veut dire que presque tous les élèves sont scolarisés mais si on analyse plus finement les choses : c’est 5,3 millions d’élèves dans le public et dans le privé. Il y a une transformation importante qui s’est produite, en 1881, il y avait 2 millions d’élèves dans le privé sur 5,3 millions et en 1937 il y en a plus qu’un million. Il y a eu un renforcement de l’école primaire publique avec un effectif qui va augmenter de façon importante et qui va baisser de façon identique dans le privé. Ce qui fait que l’on retrouve le même nombre d’élèves mais ils sont répartis différemment. Les lois scolaires ont entériné une situation antérieure qui est la suivante : la scolarisation des élèves était quasi achevée avant même Jules FERRY. Qu’est-ce que l’on constate ? Quelques années après le vote de la loi scolaire et l’obligation, on s’aperçoit que les effectifs des élèves scolarisés sont plus importants que le nombre d’élèves scolarisables. C’est-à-dire que l’école est plus attractive, il y a plus d’élèves qui restent plus longtemps dans l’école élémentaire. Les élèves prolongent leur scolarité au-delà des exigences imposées par la loi. Certains vont aller à l’école maternelle et d’autres vont rester un peu plus longtemps. Cette prolongation participe d’un mouvement général qui est celui qui reconnait et traverse la société dès cette époque-là, ce mouvement qui reconnait la scolarisation, qu’aller à l’école à une valeur et permet de mieux s’insérer dans la société. Cette obligation d’être instruit est soumise à de fortes tensions. Quelles sont ces tensions qui expliquent que la scolarisation est encore imparfaite ? Il y a le travail, la France est encore très rurale, les travaux des champs s’imposent à nous, les moissons, les vendanges... en monde rural la scolarisation est encore imparfaite. En ville, c’est un peu moins vrai sauf pour les classes les plus pauvres car ne plus aller à l’école c’est pouvoir travailler et donc ramener un revenu à la maison. Il y a un certain nombre d’enfant ouvrier qui ne vont pas au bout de leur scolarité.

Si tout le monde fréquente l’école, les scolarités sont en grande partie encore inachevées malgré la loi qui impose cette fréquentation et les commissions qui ont été créé pour sanctionner les familles qui ne mettraient pas leur enfant à l’école. Ces commissions qui été municipales ont très mal fonctionnées. Qu’est ce qui va permettre que l’obligation soit véritablement respectée ? En 1932 et 1939 c’est les allocations familiales (on rétribue d’une certaine manière les parents pour qu’ils mettent leur enfant à l’école). L’allocation familiale c’est une compensation par rapport au manque à gagner, par rapport à l’école que les enfants ont fréquenté.

Les illettrés sont l’objet permanent de la préoccupation des inspecteurs de l’académie dans leur rapport annuel au préfet. Pendant toute cette période, cette proportion d’illettré (les enfants qui ne savent ni lire ni écrire) est stable. Il y a environ 4% des enfants qui ne savent ni lire, ni écrire et lorsqu’ils vont au régiment pour les garçons et bien il y a des cours qui sont organisés pour leur apprendre à lire et écrire. En 1914, une partie des jeunes ne savaient à peine parler français (exemple : En Bretagne, ils parlaient bretons entre eux encore au début du siècle). Les effectifs sont restés stable avec un transfert important du privé vers le public. Stabilité également du réseau des écoles. Toutes structures confondues,

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il y a environ 80 000 écoles publiques et privées à l’époque. Comment on enseigne dans ces écoles ?

Il y a des écoles avec des petits effectifs dans les villages avec des classes uniques (plus de moitié sont des classes uniques) avec parfois une double classe (garçons/filles) et dans les bourgs et les villes, on a des écoles de garçons et des écoles de filles.

2. Doctrine pédagogique : la leçon de choses

On met l’accent sur un élément fondamental de la doctrine utilisée en ce temps c’est la leçon de choses et elle ne se pratique seulement en sciences naturelles. Cette leçon de choses est essentiellement en sciences naturelles mais elle est aussi en français, en histoire-géographie… L’idée c’est de montrer. Une autre expression utilisée c’est enseigner par l’aspect. La doctrine a été définit dans 2 documents : un premier document en 1887, c’est les instructions de 1887 et un deuxième en 1923. Il y aura quelques aménagements après 1923 mais on peut dire que l’organisation de l’enseignement en France jusqu’en 1977 dans les écoles élémentaires est organisée sous les instructions de 1923. Les parents vont pouvoir regarder ce qui se passe dans la scolarité de leurs enfants parce qu’ils ont eu la même chose.

Quelle est la caractéristique essentielle de cette pratique pédagogique ? Les premières instructions, elles sont fondées sur une pédagogie que l’on appelle concentrique. Une pédagogie concentrique c’est comme l’image de la coquille d’escargot c’est en spirale, cela répète la même chose mais en même temps cela progresse. Elle est préconisée dans les premières instructions. Fondée sur la progression légère d’année en année mais surtout la répétition afin d’assimiler les programmes en vue de préparer l’examen c’est-à-dire le certificat d’étude primaire. Les instructions de 1887 et 1923 représentent un peu les deux pôles de ce projet. Dans le cas des instructions de 1887, dans les 3 cours : élémentaires, moyen et supérieur et bien dans ces cours on revenait régulièrement sur les même parties du programme que l’on approfondissait. C’est ce que l’on appelle un enseignement concentrique. On refaisait la même chose mais de façon un peu différente. Cela avait un grand avantage, dans une classe unique, tous les élèves suivent le même programme pendant 5 ans mais il est un peu plus approfondi pour les plus âgés. Ce qui permet aux plus jeune de déjà entendre le programme de l’année supérieure et de ne pas être totalement dépaysé par ce que le maitre va leur apprendre. A l’inverse, les plus âgés qui entendront le cours élémentaire ou moyen leur permettra de se rappeler.

En 1923, les programmes vont insister essentiellement sur l’aspect progressif c’est-à-dire d’une année sur l’autre on va faire des choses différentes pour éviter la répétition. On va demander aux élèves de ne plus avoir une position d’écoute mais d’acteur et cela que l’on va retrouver la leçon de choses. Si on veut bien comprendre la difficulté des écoles primaires, il faut savoir que c’est une école qui se suffit à elle-même. Normalement, un élève qui fait l’école primaire, il doit des connaissances complètent puisque La plupart ne poursuivront pas d’études. Certains même n’auront pas le diplôme, 1 sur 2. Il faut leur donner l’essentiel, des connaissances que l’on peut utiliser lorsque l’on vit dans la société française au début du 20ème. Qu’est-ce que l’on va leur apprendre ? On leur apprend les rudiments c’est-à-dire ce que GUIZOT avait demandé en 1833 c’est lire, écrire et compter.

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Désormais, contrairement à ce que l’on faisait dans les années 1830 on apprend à lire, écrire et à compter en même temps. Dans les années 1830, il y avait une classe de lecture, d’écriture et on pouvait savoir lire sans écrire et une classe pour compter.

On ne se limite plus à ça car l’école primaire à une visée encyclopédique. Un élève de l’école élémentaire doit apprendre de l’histoire, de la géographie, des sciences naturelles, physique, chimie et puis la morale. Tous les jours, le maitre propose une sentence morale et va la commenter et l’élève va l’écrire sur son cahier. La méthode pédagogique c’est la méthode fondée sur la leçon de choses.

La leçon de choses cela veut dire ceci : pour bien comprendre les choses il faut pratiquer non pas une méthode déductive comme on fait dans l’enseignement secondaire mais une méthode inductive c’est-à-dire que l’on part du réel pour essayer de comprendre ce qu’il se passe. Il faut apprendre aux enfants à voir, toucher, à sentir. Bref, on va les faire partir du singulier pour les faire aboutir à l’universel, à l’abstraction. Il s’agit d’un exercice d’expérimentation et d’observation qui peut se faire sur les choses scientifiques, en géographie, la grammaire… c‘est de l’observation qui s’appuie théoriquement. Cela suppose qu’on utilise des méthodes actives c’est-à-dire que l’enfant est en activité, on lui faire chercher, sentir…

Fin 19ème siècle, début 20ème siècle, les livres scolaires vont avoir des images, des reproductions car les techniques les permettent. On va avoir d’autres instruments qui vont aider les enfants à voir, sentir… c’est par exemple ce que l’on appelle le musée scolaire. Dans chaque école, on va avoir soit fait par le maitre et les élèves ou acheté un ensemble de pierre, cailloux, d’animaux empaillés qui vont montrer les choses. Des éléments qui vont servir pour manipuler. Il faut apprendre aux enfants les nouvelles unités de mesure qui sont imposées en France depuis 1840.

La troisième façon de faire qui peut permettre de faire de la leçon de choses c’est d’organiser ce qui était préconisé dans les instructions de 1887, de faire la classe promenade. Au lieu de montrer des plantes dans un livre, on amène les enfants à la campagne et on leur fait ramasser les plantes. Il permet un enseignement plus dynamique et moins magistral. Une discipline qui commence à être reconnue et pratiquée c’est la gymnastique.

3. Une pratique pédagogique fondée sur la mémoire

La pratique pédagogique est en réalité assez éloignée de ce que préconisent les instructions. Ce qui reste fondamental dans ces pratiques pédagogiques c’est la mémoire. Et il y a donc un écart important entre ce que souhaiterait les inspecteurs, le ministère et ce que pratiqueraient les maîtres pour une grande majorité. Dans les années 1930, Célestin FREINET a dû quitter l’école publique pour fonder une école privée car il n’arrivait pas à mettre en place ses idées pédagogiques. La réalité pédagogique pratiquée est une réalité qui s’appuie essentiellement sur la mémoire. Le deuxième élément si aujourd’hui on parle de l’école de la confiance, l’autre élément que l’on peut utiliser pour désigner les rapports des maîtres à l’école aux élèves c’est la défiance.

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Une pratique pédagogique fondée sur la mémoire ou l’écart entre la théorie et la pratique : Raisons : Formation initiale des enseignants, Inspection, exigence de réussite à l’examen du certificat d’études –environ un élève sur deux inscrits le réussit, 90% de celles qui y sont présentés.

Formation initiale des enseignants : cette formation est très théorique, magistrale et met peu en évidence les attendu qu’on retrouvait dans les instructions. L’école normale elle fixe des normes auquel il faut se conformé.

Inspection : L’inspection primaire (les inspecteurs qui sont les vrais responsables des écoles) diffuse une pédagogie qui est à base d’orientation scientifique positiviste. Finalement les contenus d’enseignements sont définis en fonction des exigences des adultes. On ne pense pas que l’enfant à quelque chose à apporter, à sa propre approche des choses, on pense l’enfant comme un adulte en miniature. On va essayer de lui apprendre ce qu’il doit être et non de le faire naitre à ce qu’il est. Il faut donc amener l’enfant au niveau de l’adulte et non favoriser son épanouissement. On va mettre l’accent sur l’apprentissage de la langue écrite plutôt que sur la langue parlée et l’école française est une école de l’écrit. On va donner comme à l’école secondaire, à l’école primaire de nombreux devoirs, de nombreux exercices écrits, on va donc apprendre aux enfants à répéter, à cultiver leur mémoire. Majoritairement, on va peu favoriser l’initiative des élèves ? Une des raisons est qu’on connait mal les mécanismes psychologiques qui régissent les enfants et qui commencent à être découvert. Certains élèves ne comprennent pas ce qu’ils apprennent mais ils répètent. Le certificat d’étude primaire se passe sur une journée donc il faut être capable de mobiliser ses connaissances dans un temps réduit. Il est possédé par la moitié des élèves scolarisés.

Pourquoi on enseigne telle ou telle matière à un enfant ? C’est pour le préparer à la vie adulte et non pas parce que pour eux c’est nécessaire.

C. Les écoles primaires supérieures ou les écoles d’apprentissage

La plupart des enfants arrêtent l’école au certificat d’étude primaire quand ils l’obtiennent ou à 13ans quand l’école n’est plus obligatoire. Il en reste une toute petite partie qui continue les études et c’est ceux que l’on va retrouver dans les effectifs supérieurs scolarisés. Il y a trois types d’études :

Cours complémentaires : c’est l’ancêtre du collège. On sépare les sexes, on ne mélange pas les garçons et les filles. On fait de l’algèbre (apprentissage des équations à inconnu), ce que l’on ne fait pas à l’école élémentaire car on fait que de l’arithmétique. Le CC c’est une création de FERRY par la loi de 1881. Cette loi créer une nouvelle institution de proximité qui est le cours complémentaire, il complète l’enseignement apporté à l’école élémentaire. Le CC dans un premier temps ça va être juste une année pour les élèves jeunes qui ont eu un certificat d’étude primaire et qui voudraient apprendre encore un peu et bien ils ont une année supplémentaire. Puis progressivement on va passer d’une année à 4 années. On aura 4 années d’étude complémentaires, ces CC sont dans un premier temps annexés aux écoles primaires. C’est en fait souvent une classe en plus puis après ça va grossir puisque la scolarité est d’abord d’un an puis va passer à 4 ans. C’est un appondissent dans un

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premier temps de l’école primaire puis ça va devenir une véritable école autonome. En effet certains élèves, certains parents poussant leur enfant à prolonger leur scolarité au-delà de la scolarité obligatoire. Les meilleurs élèves vont être amené jusqu’au diplôme qui existe au bout de 4 ans qui est le brevet élémentaire. Ce diplôme est une préparation du brevet élémentaire. Peu à peu le CC devient l’équivalent, du point de vue du primaire, du premier cycle du lycée puisqu’on passe d’un an à 4ans. Ce sont des établissements qui sont dans des grands bourgs donc à la campagne et après ce sera dans les villes. La différence avec un premier cycle de lycée à partir de 1919 c’est que les cours complémentaires on ne pratique pas le latin en principe mais on a un enseignement qui est aussi très encyclopédique à visée scientifique, on fait beaucoup de chimie, beaucoup de sciences, de langues vivantes puis on poursuit l’apprentissage de la langue française et de la littérature.Ça devient un enseignement qui se tourne progressivement à la différence de l’école primaire, il devient moins un enseignement professionnel et plutôt un enseignement de culture. On va travailler les grandes pièces classiques (RACINE, CORNEILLE…) ce que l’on ne fait pas à l’école primaire. Cela se rapproche du premier cycle du lycée et ça se clôt par le brevet élémentaire. Le Brevet élémentaire permet de passer un certain nombre de concours administratifs et il permet surtout d’entrer à l’école normale pour devenir enseignant. C’est un diplôme qui est suffisant au début du 20ème siècle pour devenir enseignant. Une école de proximité qui s’est développée de plus en plus et qui va avoir un effectif qui va passer de 20 000 à 200 000.

Ecoles primaires supérieures (EPS) : c’est une institution, cela ressemble à un petit lycée. A l’intérieur de cela il y a une salle de classe. Exemple d’une photo : Il y a une sorte d’amphithéâtre avec que des garçons, c’est un cours de sciences. Les élèves regardent le professeur faire les expériences, ils ne manipulent pas car on n’a peur qu’ils se blessent. En 1917, il change de nom et il devient le diplôme qui est l’aboutissement de l’école primaire supérieure devient le brevet d’enseignement primaire supérieure. D’où viennent ces écoles primaires supérieures ? Elles ont une ancienneté assez grande puisque c’est GUIZOT qui avait imposé dans les communes de 6000 habitants l’existence de cette école primaire supérieure en 1833. En réalité, ce fut l’échec GUIZOT n’a pas réussi à aboutir à ce qu’il souhaité. Il y avait au bout de quelques années, une trentaine d’école sur toute la France. Soit ces écoles mourraient ou elles étaient réactivées. C’est la décision que FERRY a pris en 1881 de réactiver, développer ces primaires supérieures. Il y a une intention de donner une scolarité à tout le monde mais si possible de favoriser une prolongation de la scolarité pour les élèves qui avaient la capacité. Il y a le CC et on réactive une vieille institution qui elle dure plus longtemps puisqu’elle dure 7 ans. c’est la même durée que le lycée. En 1881, il y a un programme, arrêté qui définit les programmes d’études, c’est un enseignement général qui est aussi concentrique comme l’école primaire à l’époque mais qui tend à des fins pratiques. Elle comprend deux niveaux : premier niveau qui est de 4 ans comme le CC qui prépare au brevet élémentaire et puis un petit nombre va poursuivre 3 ans d’études supérieures. Un premier niveau d’étude primaire puis ensuite un brevet et les études supérieures pour ceux qui

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poursuivront leurs études jusqu’au bout. Cette école ne permet pas d’aller au lycée car il n’y a pas de latin et les programmes sont complètement différents. Cela est assez cloisonné, on peut toujours passer le concours des bourses pour aller au lycée mais il y en a très peu qui y parviennent. Ces écoles primaires supérieures comprennent deux types de sections différentes : des sections d’enseignement générales à orientation scientifique et des sections professionnelles. Le nombre de section générale est beaucoup plus important que le nombre de section d’enseignement professionnel. En effet, on a environ 85% des jeunes qui sont dans des sections d’enseignement général. A quoi servent ces écoles ? Elles permettent de préparer au concours administratif. Les meilleurs élèves après le brevet élémentaire vont entrer à l’école normale, passeront le concours d’entrée. Et puis, les autres vont poursuivre leurs études pendant 3 ans et obtenir le brevet supérieur qui leur permettra d’exercer des fonctions de petit encadrement, contremaître… dans la société, entreprise ou administration… Quelques-uns d’entre eux pourront même entrer en faculté de droit grâce à un examen qui est ouvert aux élèves qui n’ont pas leur baccalauréat et qui s’appelle la capacité en droit (existe toujours aujourd’hui). C’est la seule voie possible d’accès dans l’enseignement supérieur pour des élèves qui viennent du primaire. De plus en plus, ces écoles primaires supérieures deviennent des écoles où on incite les élèves à poursuivre des études et les choses s’accentuent encore en 1920 lorsque les programmes deviennent non plus concentriques mais progressifs et insistent davantage encore sur la dimension culturelle.

Ces 3 structurent qui prolongent l’école élémentaire.

Ecoles professionnelles : c’est l’école d’apprentissage, l’école supérieure professionnelle. En 1892, elle va quitter le ministère de l’instruction publique pour dépendre du ministère du commerce et de l’industrie. Il ne s’agit que de section garçon, il y aucune jeunes filles dans ces écoles. C’est ce qu’on appelle les écoles d’apprentissage, de pratique, de commerce et d’industrie. Certaines vont être orientées vers l’industrie, les autres vers le commerce. Il y a deux types d’écoles : des écoles intégrées aux entreprises qui vont utiliser l’alternance (une partie en usine et une partie en école). Puis, on a des écoles d’apprentissage qui ne sont pas intégrées dans les usines, qui font partie du ministère du commerce. Ces écoles publiques ou privées parfois permettent de préparer des adolescents à devenir contre maitre dans une entreprise, dans une manufacture. Ce sont de véritable école d’apprentissage où il y a une dialectique importante entre le travail manuel et le travail en atelier et la culture générale. C’est une véritable formation professionnelle qui est proposée à des personnes qui vont soit en commerce ou en industrie.

Après la première guerre mondiale en 1918, l’école primaire est donc un véritable ordre d’enseignement qui comporte ces petites classes de maternelle, ces classes élémentaires et puis pour la poursuite d’étude après l’école obligatoire à 13ans, on a 3 voies possibles en fonction de nos souhaits. Soit une voie courte qui est le cours complémentaire, soit une voie

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longue qui est l’école primaire supérieure ou bien on a une voie professionnelle. On a un ensemble cohérent avec ces diplômes et avec ses maîtres.

Conclusion partielle Bilan sur la Somme :

1184 : 1421 écoles primaires (dont 152 privées), 1124 écoles publiques (dont 297 tenus par des congréganistes).

89% des classes ont moins de 50 élèves (82% au niveau national) 82 500 élèves fréquentent une école élémentaire, 10 000 dans des écoles privées,

2000 dans des écoles publiques congréganistes. 2000 élèves obtiennent le certificat d’étude (taux de réussite 80%) 2077 maîtres enseignent dont 300 congréganistes 4 EPS de garçon, 1 de filles et 1 cours complémentaire

III. Les instituteurs un groupe social reconnu

A. Etre instituteur

La formation :

Il y a 100 ans, on entrait à l’école normale à 15ans et donc à 18-19ans on était instituteur. Le système va complétement changé. Quel type de formation reçoit-on lorsqu’on devient instituteur ? La loi GUIZOT avait permis la mise en place d’un corps d’instituteur, les lois scolaires de FERRY ont conforté l’existence avec un diplôme, une formation et elles vont conforter cette image notamment dans le monde rural de l’instituteur ou l’institutrice. C’est d’abord l’instituteur car c’est majoritairement des hommes. Entre 1880 et 1930, il va y avoir des évolutions. D’abord, comment entre-t-on dans ce métier ? Depuis 1816 dans l’enseignement public pour être instituteur il faut être titulaire du Brevet élémentaire que l’on a dans les EPS. En 1881, ce principe d’avoir le diplôme pour être instituteur est étendu aux enseignants du privé qui doivent aussi maintenant avoir le diplôme pour enseigner. Avant 1816 il n’y avait aucune condition de diplôme, on aller voir le maire du village et on disait qu’on avait envie d’enseigner. Il n’y avait plus de profession réglementée c’est-à-dire encadrée par l’Etat au nom de la Liberté de choix. En 1816, obligation du brevet élémentaire et d’un brevet qui va reconnaitre les capacités à enseigner qui est le brevet de capacité. Ces diplômes vont être exigé ensuite aux enseignants du privé à partir de 1881. Les exigences vont se poursuivre car en 1932 on va demander non seulement le brevet élémentaire mais le brevet supérieur. Pour enseigner dans le public et non dans le privé il faudra le brevet supérieur. Puis, pendant un bref moment en 1940 et ce sera maintenu après il faudra le baccalauréat. C’est un changement considérable car le bac c’est la culture du secondaire. Les écoles normales vont préparer au bac. Une fois qu’on a acquis notre diplôme le brevet élémentaire ou supérieur, il faut une formation professionnelle qui dure 1an. Une fois qu’on a validé cette formation, on obtient le brevet de capacité c’est-à-dire qu’on est capable d’enseigner, certain l’appel le certificat d’aptitude pédagogique. La profession d’instituteur est en train de se structurer et ça devient une profession réglementée. Elle est réglementée

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par l’Etat, un peu moins dans le privé et un peu plus dans le public. Pour devenir instituteur, il y a deux voix de recrutement.

Depuis 1833 dans chaque département, une école normale de garçon doit s’ouvrir. En 1879, FERRY promulgue une loi où il y a obligation pour chaque département d’avoir une école normale de fille. Tous les départements ont une école et très vite mes écoles normales de filles vont augmenter car on passe de 41 à 85 en 10ans. Comment y entre-t-on à l’école normale ? L’entrée à l’école normale se passe par concours et ce concours est du niveau du brevet élémentaire (brevet des collèges). On recrute des élèves maitres à partir de l’âge de 15ans. On prépare ce concours dans les EPS et les cours complémentaire. La préparation ne se fait pas dans l’enseignement secondaire. Pour entrer à 15ans en école normale, il faut présenter un certificat de moralité c’est-à-dire un certificat de bonne conduite. Il y a une enquête qui est faite pour tester la vocation. On a réussi le concours d’entrée à l’école normale, on ressort du brevet élémentaire et donc on est élève maitre ou maitresse. On doit mettre un uniforme, être interne obligatoirement et tous les frais de scolarité sont à la charge de l’Etat et on a un petit pécule. Pour la plupart des normaliens, entrer à l’école représente une promotion sociale. En effet, il semble que la plupart des élèves normaliens sont des enfants de milieux plus populaire que les enseignants du secondaire (fils de paysans, ouvriers, employés, artisans, commerçants). Le programme qu’ils ont suivi est un programme d’enseignement général et professionnel. Qui enseigne ? Ce sont des instituteurs devenu professeur qui ont passé un concours pour devenir professeur d’école normal. Parfois même, ils ont passé le concours de l’école normale supérieure de l’enseignement primaire. Ce sont des enseignants qui ne sont pas bacheliers puisque ce sont des instituteurs.

Les élèves dans la semaine ont entre 28 et 30heures d’enseignement théorique par semaine. Par exemple, on a 1heure de pédagogie, 2heures de morale, 4 ou 7 heures de français selon les années, 4 heures d’histoire et géographie, entre 5 et 11 heures de sciences, 2 heures d’agriculture, 3heures d’écriture, 4 heures de dessin, 2 heures de musique et puis de la gymnastique pendant la récréation, 4 heures de travaux manuel et un peu de langue vivante qui est facultatif. Dès la première année, on exerce la pratique de l’enseignement. Dans un premier temps, en assistant aux exercices puis à peu à peu en remplissant les fonctions d’instituteur. Cela se fait dans l’école annexe. Les stages dans les écoles c’est entre 20 et 30 jours par an. La méthode pédagogique c’est la même que l’école primaire c’est-à-dire elle est débord concentrique puis après progressive à partir de 1909, un peu avant l’école primaire. 3 ans de formation générale et 1 an de formation professionnelle pure pour préparer le brevet de capacité.

C’est le recrutement à l’école normale car il y a un autre type de recrutement qui est le recrutement parallèle. En effet, il n’y a pas assez d’élèves dans les écoles normales car le ministère a toujours sous dimensionner ces écoles et donc il recrutait toujours des maitres qui étaient des auxiliaires et donc qui n’avaient pas suivi la formation en école normale. Il va y avoir des instruments comme le dictionnaire de pédagogie de Ferdinand BUISSON et le manuel d’instruction élémentaire qui leur permet d’asseoir leurs connaissances. Il y a un recrutement parallèle qui se met en place et on remplace les titulaires par des suppléants sui

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sont titulaires du brevet élémentaire mais qui ne sortent pas de l’école normale. Le recrutement est plus important chez les jeunes filles en parallèle car il manquait beaucoup d‘institutrice. Ces jeunes filles sont d’un milieu social plus aisé que les jeunes filles qui ont réussi le concours pour entrer à l’école normale. Elles font souvent ce choix après l’échec dans une autre profession.

L’exercice du métier :

Le salaire d’un instituteur est modeste. A la fin du 19ème siècle est à peine celui d’un ouvrier de la mine. De plus, l’échelle de rémunération n’est pas due comme celle d’aujourd’hui une échelle où l’on progresse. Là, ce sont des classes où il y a tant de pourcentage d’instituteur et tant que les personnes ne sont pas parties à la retraite on ne peut pas aller en première classe. Si on a le droit à 15 instituteurs en première classe dans la Somme, si on est le 16ème on attendra qu’il y en ait un qui parte à la retraite. Les institutrices sont mois payées, elles n’ont pas le même salaire, cela changera au début du 20ème siècle. Quand on est jeune instituteur, on est à la 6ème classe. La plupart des enseignants vont avoir un salaire complémentaire comme secrétaire de mairie. D’ailleurs on apprend ce métier à l’école normale, il y a un cours de secrétariat de mairie. Sinon, ils vont faire des assurances, ou des copies d’acte notarié comme il maitrise l’orthographe. Les institutrices jusqu’au début de 1900 sont moins bien payés que les instituteurs et ce n’est qu’en 1902 que ce système va disparaitre et être remplacé par un avancement à l’ancienneté. On reste dans un échelon pendant une certaine durée et on est sûr à la fin de cette durée de passer à l’échelon supérieur. Dans les années 20, le salaire s’est améliorer, cela dépasse largement celui d’un ouvrier mineur, il a celui d’un petit cadre et les institutrices sont payées comme les instituteurs à partir de 1919.

B. L’idéologie laïque jusqu’en 1900

Un aspect qui est souvent oublié c’est la solitude des instituteurs. On a 18 ans et on est envoyé dans un petit village que l’on ne connait pas en charrette car il n’y a pas de voiture ou en train. On arrive dans ce village, on est nommé. On peut être seul dans l’école. Il est isolé dans le village et il est soumis quand il y a le directeur de l’école et au maire. Il est regardé comme un traitre par les personnes du village car c’est un homme de savoir qui a quitté le milieu rural pour aller à la ville et il revient au village pour leur apprendre des choses et cela n’est pas toujours bien perçu. Et puis, nombreux des villageois qui tiennent des fermes considèrent que c’est un métier pas très fatigant. En plus, il y a des vacances longues alors qu’eux n’en prennent pas. Souvent les institutrices ne sont pas mariées, c’est le modèle de la religieuse. C’est au début du 20ème siècle que les choses vont changer. Elles vont se marier, l’idéal c’est avec un instituteur et les écoles normales s’organisent pour que les rencontres aient lieu. Dès l’école normale, on va désigner une marraine ou un parrain. Et il y aura le bal de l’école normale d’organiser. Lorsqu’un maire reçoit un couple d’instituteur c’est l’idéal car il y a qu’un logement et un s’occupe des filles et l’autre des garçons. Il va se dessiner au début du 20ème siècle, la figure du couple des instituteurs. Leur influence va

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croitre, il tienne le secrétariat de la mairie et joue un rôle essentiel dans la vie du village. Ce sont des petits notables, ils participent à l’organisation de la fête du village, ils ouvrent des cours complémentaires du soir pour les élèves qui ont arrêté leur scolarité ou les adultes. Ils deviennent et cela change au début du 20ème siècle une figure reconnue en monde rurale et c’est moins le cas en ville.

1. Un idéal laïc

Ils vont être structurés autour d’un idéal qui est l’idéal laïc dans lequel ils vont se retrouver. BUISSON qui va être un peu le théoricien de toute cette laïcité. Ce sont des gens qui se retrouvent dans une sorte de religion sans Dieu, une religion sécularisée, une religion débarrassée de toutes attaches ecclésiastiques. C’est un peu la religion civile de ROUSSEAU. C’est un idéal qui reste religieux, spiritualiste mais qui n’est pas cléricale. Beaucoup des instituteurs sont quand même chrétiens mais ne font pas état de leur attache religieuse. C’est une approche hautement spiritualiste et morale, c’est un idéal très profondément républicain. Ils vont être les artisans de la mise en œuvre de la République en France, ils vont être ses défenseurs même si le ministère préfère les avoir comme agents que comme homme politique. Le ministère leur recommande vivement de ne pas s’engager politiquement car leur rôle sera plus important. Cet idéal laïc repose sur une croyance forte au progrès. L’école diffuse les idées nouvelles et va donc améliorer la situation sociale des individus. Cela va améliorer les techniques agricoles, l’hygiène, lutter contre la routine… Ils sont seuls et sont structuré par cet idéal qu’ils ont appris à l’école normale et donc ils vont tenter de se regrouper dans des associations amicales.

2. Dépendance hiérarchique et mouvement des amicales

Ils vont alors se regrouper dans des amicales laïques pour avoir une structuration entre eux pour qu’ils puissent se libérer un peu de la tutelle du directeur et de l’inspecteur primaire. Souvent les instituteurs qui ne sont pas directeur c’est-à-dire les adjoints sont les aides techniques du directeur. Ils corrigent ses copies, faire son jardin… et pendant ce temps il fait la mairie. Ils sont sous pression, ils font une partie du travail du directeur gratuitement. Et puis, les conseils généraux et les maires qui les surveillent donc il faut faire attention.

Ils se regroupent pour essayer de se conforter les uns, les autres dans ces associations. C’est ce qu’on appel le mouvement des amicales qui se met en place progressivement et qui se structure. Ces amicales ne sont pas des organisations syndicales car elles sont interdites pour les fonctionnaires à l’époque. En 1885 il y a une interdiction par le cours de cassation d’être syndiqué. En 1901, une fédération nationale va s’organiser « La fédérations des syndicales de l’enseignement public ».

IV. Transformations de l’idéologie républicaine au début du 20 ème siècle

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A. Le nouvel idéal laïc

Les choses vont encore évoluer à partir du début du 20ème siècle. On a un nouvel idéal laïc. On a deux moments importants : c’est la loi de 1904 qui interdit aux congrégations religieuses d’enseigner et la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. On retire les crucifix d’une école publique et cela se passe très mal, il y a des protestations… Il ne s’agit plus comme c’était le cas à la fin du 19ème siècle de lutter, s’opposer à l’emprise de l’Eglise sur les structures d’enseignement. Il s’agit de s’opposer à toutes traces d’appartenance religieuse. On passe au laïcisme c’est-à-dire la volonté de retirer toutes dimensions religieuses de quelque nature que ce soit.

B. Des amicales au syndicalisme

Les amicales existent toujours et sont bien installées dans le paysage. Elles rassemblent les instituteurs, environ 90 000 des instituteurs sur 100 000 sont membres d’une amicale. Cela prouve leur besoin de se rencontrer. Un certain nombre d’instituteur ne vont pas aimer cette façon de faire et vont donc estimer qu’il faut passer à un autre niveau. Il faut créer les syndicats or c’est interdit. Dans un premier temps, le ministère va continuer d’interdire les organisations syndicales d’instituteurs. L’une de ces organisations s’appelle « l’émancipation de l’instituteur» et ça existe toujours aujourd’hui, c’est un courant des syndicats présents. Tout le débat va être est ce que les instituteurs se rapprochent des syndicats ouvriers ou pas. On va aboutir après la guerre de 14, le ministère va changer et en 1924 vont reconnaitre dans les faits (même si le droit ne sera que reconnu en 1944) la possibilité pour les instituteurs de se syndiquer. Et donc, va se créer le syndicat nationale des instituteurs (le SNI ou le SN) qui regroupe quasiment tous les instituteurs de France. En 1927, ce syndicat va créer un journal qui est tout à fait significatif dans la conception que les instituteurs se font de l’école car ce journal s’appelle « L’école libératrice ». Ce journal va perdurer jusqu’à la disparition du SNI en 1992. Il parait toutes les semaines et donne des informations pédagogiques extrêmement précieuses pour les instituteurs qui vont y voir là une sorte de formation continue. Il y a aussi le code soleil va être publié à partir des années 1925 qui donne tous les éléments nécessaires pour les instituteurs.

C. Du laïcisme au pacifisme

Qu’est-ce qu’il se passe à partir des années 20 ? Il y a un autre courant qui traverse les instituteurs, le syndicat national des instituteurs c’est le courant pacifiste. Des instituteurs sont morts durant la guerre. La guerre étant une horreur va se développé un courant pacifisme à l’intérieur du SNI. Il y a un double courant d’une part la volonté d’affirmer l’école publique avec une laïcisation des écoles privées, ce que l’on va appeler la guerre scolaire dans les années 1920-1930 avec l’idée de nationalisation et cela va se cristalliser en 1931 autour du cinquantenaire de l’école laïque et aussi le centenaire de l’école privée (1831) et cette idéologie pacifisme qui va se dérouler dans les années 1920-40 et qui va rassembler une partie des instituteurs. Certains vont aller très loin, c’est dans le cas la Somme, certains disent qu’il faut comprendre les revendications du peuple allemand qui a besoin d’étendre son territoire donc il vaut mieux vivre allemand que mourir français. Il va y avoir des instituteurs qui vont collaborer en 1940 au nom de l’idéologie pacifisme. Le SNI va soutenir

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en partie ces instituteurs jusqu’au moment où il va découvrir qu’il y a un plus grand danger qui est en train de se faire jour.

Conclusion :

L’enseignement primaire est ne plein développement : il s’est construit dans ces programmes, ses maîtres, son organisation, sa présence et son architecture.

Qu’en est-il de l’enseignant secondaire qui comprend lui aussi des classes élémentaires, y-a-t-il concurrence ?

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