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Pour une définition du concept de déviance Pour perdurer, toute société (comme tout groupe) cherche à maintenir et à renforcer la cohésion de son groupe social, la cohérence étant la résultante de toutes les forces agissant sur tous les membres afin de les amener à demeurer dans le groupe et à agir selon les objectifs fixés par le groupe. Les valeurs, les règles et les normes sont les outils que se donne le groupe social pour atteindre ces objectifs de cohésion. Parmi la gamme des comportements sociaux, certains sont donc définis comme ne renforcissant pas la cohésion sociale et d'autres comme participant à une rupture du lien social. Cette rupture peut être bénigne ou bien grave. Il s'agit d'un continuum où la délinquance se situerait à un extrême. La déviance peut donc se définir à partir de la norme fixée, la norme pouvant être considérée comme le comportement habituel des membres d'un groupe (moyenne),

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Pour une définition du concept de déviance

Pour perdurer, toute société (comme tout groupe) cherche à maintenir et à renforcer la cohésion de son groupe social, la cohérence étant la résultante de toutes les forces agissant sur tous les membres afin de les amener à demeurer dans le groupe et à agir selon les objectifs fixés par le groupe.

Les valeurs, les règles et les normes sont les outils que se donne le groupe social pour atteindre ces objectifs de cohésion.

Parmi la gamme des comportements sociaux, certains sont donc définis comme ne renforcissant pas la cohésion sociale et d'autres comme participant à une rupture du lien social. Cette rupture peut être bénigne ou bien grave. Il s'agit d'un continuum où la délinquance se situerait à un extrême.

La déviance peut donc se définir à partir de la norme fixée, la norme pouvant être considérée comme le comportement habituel des membres d'un groupe (moyenne), comme le comportement le plus caractéristique du groupe social ou comme règle acceptée par les membres.

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La déviance:

Un continuum de rupture avec les normes sociales

Si on se donnait des synonymes de déviance.

Si on se donnait des exemples comportements déviants.

Si on les situait sur un continuum de rupture avec les normes sociales.

_______________________________________________________________

Rupture faible Rupture élevée

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Qu’en était-il de la déviance avant le 18e siècle ?

Le domaine du religieux avait le pouvoir de définition sur ce qui était du normal, du surnaturel et du pathologique et des conséquences qui s’appliquaient.

Le religieux et le pouvoir politique s’interinfluençaient.

Le Seigneur avait droit de vie et de mort sur ses vassaux, définissait à son bon gré ce qui était du permis et de l’interdit. Ce qui s’appliquait à ses commettants n’était pas nécessairement appliqué à lui-même et à ses propres.

On assistait à une justice privée, des châtiments et peines exemplaires, par des recours à l’intimidation et à la torture, par une présomption de culpabilité devant les tribunaux, par l’arbitraire des procédures judiciaires, par des sentences barbares de condamnations à mort... »

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L’école classique et le courant d’hygiène sociale (XVIIIe et XIXe siècle)

Pour l’école classique, l’être humain est doué du libre arbitre. Nous évaluons les gestes que nous posons selon qu’ils produisent des avantages, du plaisir et de la satisfaction et qu’ils permettent d’éviter des désavantages, de la douleur et de l’insatisfaction.

Chacun doit donc être tenu responsable de ce qu’il à fait. Il propose l’idée de contrat social entre l’individu et la société basé sur le rapport mutuel que doivent entretenir la propriété privée et le bien-être collectif.

Il démontre la nécessité d’inscrire les crimes et les peines dans un texte connu par tous, et il édicte en dernier lieu la nécessité de reconnaître les droits du prévenu.

Le courant d’hygiène social quant à lui répond à la nécessité de gérer la déviance des exclus de la révolution industrielle en Europe. On assiste à la naissance des hospices, des maisons de redressement où les miséreux seront « recueillis » et où on essaiera de leur inculquer les nécessités pour qu’ils parviennent à s’insérer dans la normalité sociale.

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LES PARADIGMES ÉTIOLOGIQUE ET DE RÉACTION SOCIALE

La modernité s’installe !

PARADIGME ÉTIOLOGIQUE:

Centré sur l'auteur de la transgression. Le déviant est vu comme générateur et acteur de sa propre déviance (en particulier pour les théories psychologiques et biologiques).

Qui est-il ? Pourquoi agit-il ainsi ?

On y retrouve les explication biologiques, psychologiques et sociologiques.

PARADIGME DE LA RÉACTION SOCIALE:

Centré sur: comment l'organisation sociale définit-elle et gère-t-elle la déviance ?

Elle part du postulat que la déviance a une utilité sociale en tant que légitimation du contrôle social.

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Le paradigme étiologique

Les explications biologiques

Les explications psychologiques

Les explication sociologiques

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Explications biologiques

Lombroso (1876)…. Un peu d’histoire

Le criminel serait une survivance de l'homme primitif (après avoir examiné le crâne d'un criminel célèbre). Il a décrit la déviance comme un phénomène naturel, déterminé par l'hérédité.

Il a été le premier à faire une approche positiviste. Il a fait entrer la personne du déviant dans le processus explicatif (il y a quelque chose qui cause !).

Plusieurs développement du même ordre lui ont succédé:

Étude des facteurs chromosomiques.

Effets neurologiques des traumatismes.

Intoxications dues aux drogues et à l'alcool.

Influences hormonales. Désordres alimentaires.

Impact des neurotransmetteurs sur l’humeur, les variations comportementales

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Explications psychologiques

Garofalo (1905):

Il pose les premiers regards sur la psychologie liée au développement de

la déviance: Quelles en sont les causes psychologiques ? Est-ce que les

déviants diffèrent des non déviants au niveau des caractéristiques

psychologiques ?

De ses travaux sont nées diverses typologies prétendant différencier les

déviants des normaux: Psychopathes, Caractériels, Immatures....

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Freud (1856-1939)

La déviance est le résultat de traumatismes enfouis dans l’inconscient de

l’individu. Il s’agit en définitive du retour de refoulé qui renvoie dans le

réel son drame intérieur.

La culpabilité reliée à l’agir déviant n’est pas consécutive au geste posé.

C’est en fait cette culpabilité qui incite dans plusieurs cas des personnes

à agir d’une manière socialement inadmissible.

Dans une de ses premières théories explicatives des problématiques de

santé mentale, Freud fait état du « Complexe de séduction » où il soutient

qu’un nombre importants de désordres mentaux, en particulier chez les

femmes, seraient consécutifs à un abus sexuel vécu dans l’enfance.

Devant le tollé qu’une telle hypothèse soulève, Freud se rétracte et met

de l’avant le « Complexe d’Œdipe » reléguant l’abus sexuel dans la

fantasmatique de l’enfance.

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John Bolby ( 1907-1990)

Souligne l’importance du lien d’attachement dans la construction d’un soi sécure

et socialement fonctionnel.

Dans les années 40, René Spitz et John Bowlby émettent l’hypothèse que toute

privation d’environnement affectif arrêtent le développement des êtres vivants qui

ont besoin d’attachement pour s’épanouir .

Depuis de nombreuses études soulignent l’importance de l’attachement dans la

prévention des troubles de comportement et de santé mentale.

La théorie de l’attachement est à la base de ce qu’on entend par “tuteurs de

résilience” (Boris Cyrulnik).

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Bartholomew (1993) et Ward (1997) ont élaboré une typologie des comportements reliés à l’intimité à partir des considérants de Bolby. Le modèle reprend deux axes principaux:

1) Le modèle de soi qui réfère au niveau d’indépendance émotionnelle aux autres: Niveau faible (anxiété relée à la crainte d’être accepté ou rejeté par autrui). Niveau élevé ( sens positif de la valeur de soi qui ne dépend pas d’une validation continue auprès de tiers )

2) Le modèle des autres qui réfère à la perception de la disponibilité du support des autres: Niveau faible (perception négative, donc évitement de l’intimité). Niveau élevé (perception positive, donc recherche de l’intimité).

En découle une typologie du type d’attachement à autrui:

1. Le type sécure (modèle positif de soi et des autres)

2. Le type préoccupé (modèle négatif de soi et positif des autres).

3. Le type démissionnaire (modèle positif de soi et négatif d’autrui).

4. Le type apeuré (modèle négatif de soi et négatif d’autrui).

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Modèle positif d’autrui

Anxiété faible

Modèle négatif de soi

Modèle positif de soi

Modèle négatif d’autrui

Évitement faible

Évitement élevé

Anxiété élevée

Sécure

(Sécure)

~ 60-65 %

Préoccupé

(Anxieux-Ambivalent)

~ 10-14 %

Démissionnaire

(Évitant)Apeuré

(Évitant)~ 20-25 %

Les 2/3 enfants ayant un trouble de l’attachement développent un t.c. ou de santé mentale à l’adolescence. Cependant, ce pourcentage diminue graduellement et, à l’âge de 40 ans, seulement 15% présentent des déficits sociaux ou mentaux. (Werner & Smith, 2001)

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Pinatel (1969):

Théorie du noyau central du criminel:

Agressivité (suffisante pour vaincre les obstacles qui se posent entre lui et la matérialisation de l'acte).

Indifférence affective qui ne crée pas d'effet inhibiteur quant au tort causé.

La labilité qui réfère à l'imprévoyance quant à la sanction prévisible.

L'égocentrisme qui occulte la désapprobation sociale reliée à l'infraction.

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Les théories du moi (Lemay, Guindon, Klein):

Pour les tenants de la théorie du moi, la déviance est causée par des

perturbations au niveau du moi. C'est à dire au niveau de l'instance qui

transige entre les besoins et désirs de la personne et les contraintes de la

réalité en établissant des mécanismes de défense adaptés et sains.

Moi anémique: le moi est le jouet des pulsions du Ça. Il ne peut élaborer

des défenses saines et appropriées, ne peut maintenir une évaluation

adéquate de la réalité: les besoins ont préséances sur les exigences de la

réalité.

Pathologie du surmoi: les interdits parentaux rigides et envahissants ont

amené une identification négative et une introjection des désirs inconscients

des parents invitant au comportement déviant.

Diffusion du moi qui se caractérise par un sentiment d'aliénation, de non

valeur, par l'appropriation d'une identité négative et d'exigences irréalistes

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Les théories behaviorales

Les théories behaviorales soutiennent que les gens adaptent leurs comportements aux réactions qu’ils perçoivent de leur environnement.

Le comportement est supporté par les récompenses et les punitions que nous recevons.

La déviance apparaît lorsque les séquences comportement—récompense (punition) renforcent le comportement déviant.

Le traitement sera tributaire d’un ajustement approprié des conséquences (récompenses, punitions) au comportement de l’individu.

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Les théories cognitivo-comportementales

(Ellis, Beck, Kolberg, Yoselson & Samenow)

Quels sont les shémas et processus mentaux permettant le développement et le maintien du comportement déviant ?

1) Les distorsions cognitives (erreurs de pensée, minimisations).

2) Les scripts personnels ( les croyances ) déviantes.

3) Les stratégies de maintien du comportement déviant

Les stratégies de résolution développées par ces modèles

1) La confrontation des croyances et distorsions

2) La compréhension du cycle du comportement inapproprié

3) La prévention de la rechute

4) Le développement d’habiletés de résolution de problèmes

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Les théories sociologiques

Les théories de la structure sociale se sont développées

sur les assises données par Marx (1848) quant à

l’importance de la position de classe dans l’émergence

des comportements asociaux, et celles de Durkeim (1897)

quant aux implications des phénomènes d’anomie sociale

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Ferri (1900)

Il substitue la responsabilité sociale à la responsabilité morale dans le

comportement humain. Pour lui il existe diverses formes d'influence sur le

comportement des individus. Parmi celles-ci les courants collectifs sont

prépondérants aux autres.

Selon lui les facteurs influençant le comportement sont:

Les facteurs anthropologiques (caractéristiques somatiques, constitution

mentale, langage...)

Les facteurs physiques (climat, longueur des journées et des saisons)

Les facteurs sociaux (densité de la population, opinion publique, moeurs,

religion, famille, conditions de vie économique et sociale, industrialisation)

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Sutherland(1966): la théorie de l'association différentielle

Il nous donne une explication du phénomène de la déviance et de la criminalité basée sur un processus d'apprentissage social, soit:

1) Le comportement criminel est appris. Ce qui signifie que le comportement en tant que tel n'est pas héréditaire ni congénital.

2) Le comportement criminel est appris au contact d'autres personnes dans un processus de communication. Cette communication est surtout verbale, mais le modelage peut aussi être tributaire de l'observa tion.

3) Le comportement s'apprend surtout à l'intérieur d'un groupe restreint de relations personnelles.

4) Lorsque la formation criminel est apprise, elle comprend les techniques de commission, les mobiles, les tendances impulsives, les raisonnements et attitudes.

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5) L'orientation des mobiles et des tendances impulsives est fonction de l'interprétation favorable ou défavorable des dispositions légales. Le conflit de culture intervient lorsque l'individu se trouve entouré de personnes dont certaines optent pour l'observation de la loi et d'autres penchent pour la violation de ces dispositions.

6) Un individu devient criminel ou déviant lorsque les interprétations défavorables au respect de la loi et/ou des normes l'emportent sur les

interprétations favorables.

7) Les associations différentielles peuvent varier quant à la fréquence, la durée, l'antériorité et l'intensité.

8) La formation criminel met en jeu les mêmes mécanismes que toute autre formation.

9) Le comportement criminel est l'expression d'un ensemble de valeurs et de besoins mais ceux-ci n'expliquent pas ce comportement, puisque le comportement non criminel obéit aux mêmes dynamismes. L'explication du comportement criminel s'explique par les mécanismes d'apprentissage et d'assimilation de modèles culturels, assimilation proportionnelle à la quantité et à la qualité de l'exposition.

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Merton (1970): Explication par le concept d'anomie

Merton a développé une théorie de la déviance qui s'appuie sur le concept d'anomie tel

que formulé par Durkeim. L'anomie se définissant comme "cette crise de la structure

culturelle que l'on peut spécialement vérifier quand il y a une forte divergence entre les

normes et les buts culturels d'une part, et d'autre part les possibilités structurées d'agir en

conformité à ceux-ci".

Il propose donc des modèles d'adéquation individuelle entre les buts culturels (ce que la

société propose comme objectifs légitimes à atteindre) et les moyens institutionnels (des

modèles de comportements institutionnalisés concernant les modalités et les moyens

légitimes pour atteindre les buts). Ces modèles sont:

1) Le conformisme: réponse positive aux valeurs et aux moyens institu tionnels.

2) L'innovation: acceptation des buts culturels sans le respect des moyens institutionnels.

3) Le ritualisme: respect, simplement pour la forme, des moyens sans rechercher les

buts culturels.

4) La rébellion: négation des buts et des moyens et substitution par des moyens et des

buts alternatifs.

5) Le retrait: rejet total des moyens et des buts de la société.

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Shaw& McKay (1942): Théorie écologique

Pour les tenants de la théorie écologique, les conditions et surtout les milieux de vie

sont des facteurs déterminants dans l'apparition et le maintient des comportements

délinquants et déviants:

1) Les zones urbaines détériorées produisent de la désorganisation sociale: totale

absence de sens communautaire dans les zones de taudis.

2) Les voisinages socialement désorganisés conduisent à une carence de contrôle social sur les enfants. L'absence d'idéaux et de standards communautaires communs évacuent la possibilité d'activité sociale de type coopératif qui pourraient supprimer la délinquance.

3) L'absence de contrôle social encourage le développement de bandes de rue.

4) Les traditions délinquantes sont transmises d'une génération de bande de rue à une autre. La perpétuation de la délinquance en termes de techniques et de valeurs se fait par apprentissage.

5) Les traditions délinquantes produisent et perpétuent un haut taux de délinquance

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Cohen (1955)

Reprenant le modèle de Merton, Cohen propose une explication du

phénomène de la délinquance juvénile appuyée sur la théorie de l'anomie.

1) Les classe défavorisées intègrent l'éthique du succès de la classe

moyenne.

2) La socialisation des enfants des classe inférieures les inhibe dans la

course à la compétition.

3) Cette carence d'habilité produit de la tension.

4) Cette tension croissante produit une identification à la culture

délinquante.

5) Cette identification produit des comportements délinquants

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2) LE PARADIGME DE LA RÉACTION SOCIALE

Ce paradigme remet en question la primauté et l'antériorité de la déviance sur

les normes socio-morales ou pénales. La déviance est donc considérée

comme un construit social, une créature des coutumes, des morales ou du

système pénal.

La personnalité du déviant cède donc le pas à la création des normes et de

leur application, à la criminalisation des comportements et au pouvoir formel et

informel de définition: On passe du "mal en soit" au "mal parce que prohibé".

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2.1) La théorie de l'étiquetage:

Les normes et les valeurs ne sont pas universelles, rationnelles, immuables et

objectives. Elles sont des définitions que l'on donne à un comportement ou une

attitude particulière (d'où la notion d'étiquette).

Premier courant de pensée: Lemert (1967)

Il amène la notion de déviance secondaire, c'est à dire l'effet de l'application de

l'étiquette de déviant sur la personne faisant l'objet de l'étiquetage.

La réaction sociale ou la punition d'un premier comportement déviant (déviance

primaire) entraîne souvent comme conséquence son renforcement (déviance

secondaire): le sujet est dépouillé de son identité sociale antérieure pour se voir

investi d'une autre. Ainsi stigmatisé, il aura tendance à aligner son comportement en

fonction de son nouveau statut (le mouton noir, la prophétie qui se réalise). On

demeure cependant encore lié à l'étiologique, même si le réseau de transaction prend

peu à peu forme d'élément moteur.

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Second courant de pensée: Baratta (1983)

La déviance n'est pas une qualité inhérente, intrinsèque au comportement, mais le

résultat de l'interaction entre la personne qui pose l'acte et les autres qui y

réagissent.

La question qui se pose est la suivante: par quel processus certaines formes de comportement et les personnes qui y sont associées en viennent-elles à être perçues, définies et traitées par d'autres comme déviantes en général ou délinquantes en particulier ?

Le comportement déviant doit être entendu comme un processus dans lequel les partenaires, d'un côté celui qui se comporte de manière déviante, et de l'autre, ceux qui définissent ce comportement comme déviant, se trouvent placés l'une en face de l'autre.

Le comportement déviant sera donc celui que d'autres définissent comme étant déviant. Ce n'est pas là une qualité ou une caractéristique qui concerne le comportement en tant que tel, mais qui d'une fois à l'autre est relié au comportement.

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Cette définition sera liée à la position d'autorité qu'occupe l'acteur dans le

système et qui lui donne la puissance requise pour imposer ses normes et

inclure la défense de ses intérêts dans le droit pénal.

Il nous amène de plus des approches alternatives pour gérer les événements

indésira bles:

A) Changements dans la conception symbolique d'un événement: changement

des valeurs, évolution des moeurs, augmentation de la tolérance,

recadrage... les deux visages de la réalité (Gestalt).

B) Favoriser l'approche structurelle où les événements indésirables peuvent et

sont définis comme liés à la structure même des organisations en présence.

C) Modifier le contrôle social (trouver d'autres approches que la punition pour

gérer les événements indésirables).

Il y a des situations qui posent réellement problème, mais cela ne signifie pas

que le crime ou la déviance existent en soi. Baratta met de plus l'emphase sur

la victime dans son implication de la résolution des conflits

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2.2) Le radicalisme

Le crime est le reflet du système pénal actuel basé sur le pouvoir et les privilèges.

On y dénonce l'inadéquacité entre la définition étatique du crime et des

comportements réellement criminels (racisme, sexisme, impérialisme, corruption).

Pour les tenant de ce courant, les droits individuels sont déterminés

historiquement et sont toujours à conquérir par des batailles politiques.

Il existe des systèmes sociaux criminels en ce sens que les conditions socio-

économiques qu'ils construisent sont des moteurs de criminalité et que d'autre

part, certaines conditions inhumaines d'existence sont perpétrées par le système

social.

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2.3) L'abolitionnisme

Les tenant de ce courant de pensée prônent la disparition de la catégorisation des crimes comme moyen de définir les situations problématiques et d'y faire face.

Ils soutiennent que lorsque nous estimons un certain événement qui survient comme indésirable nous l'attibuons à un individu et que nous approchons ce genre particulier de comportement individuel par un mode spécifique de contrôle social: le mode punitif du système de justice pénal ou de traitement psychiatrique (tout dépendant si l'individu a rencontré un juge ou un psychiatre)... Il existerait peut être d'autres formes de gestion des comporte ments déviants que la punition.

Ils présentent par ailleurs d'autres alternatives:

Des changements dans la conception symbolique des événements qui peuvent conduire à une modification de l'évaluation.

On parle aussi de l'approche structurelle qui permet de déplacer l'attribution de la responsabilité au-delà de la personne pour atteindre les causes structurelles de l'événement.

Ils soutiennent qu'il faille amener différents niveaux et différents styles de contrôle social... augmenter de plus les voies de sortie.

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Le courant néo-classiqueLe courant néo-classique

Avec les années 80, on assiste à un certain retour aux racines individuelles de la Avec les années 80, on assiste à un certain retour aux racines individuelles de la délinquance, avec une description du crime comme le résultat d’acteurs individuels délinquance, avec une description du crime comme le résultat d’acteurs individuels exerçant des choix rationnels tout en étant influencés par leur milieu de vie.exerçant des choix rationnels tout en étant influencés par leur milieu de vie.

le passage à l’acte est lié essentiellement à l’évaluation d’un bénéfice jugé le passage à l’acte est lié essentiellement à l’évaluation d’un bénéfice jugé supérieur au coût à payer.. La logique pousse donc à augmenter le coût pour supérieur au coût à payer.. La logique pousse donc à augmenter le coût pour dissuader le comportement inacceptable.dissuader le comportement inacceptable.

On assiste aussi à une revisite de la « pensée criminelle » où l’activité délinquante On assiste aussi à une revisite de la « pensée criminelle » où l’activité délinquante est liée à la présence dans la personnalité de l’individu d’un processus de pensée est liée à la présence dans la personnalité de l’individu d’un processus de pensée pathologique. On parle de présence de distorsions de la pensée, d’erreurs pathologique. On parle de présence de distorsions de la pensée, d’erreurs cognitives… Mais où se retrouve la responsabilité sociale ?cognitives… Mais où se retrouve la responsabilité sociale ?

De la même manière la maladie mentale est considérée comme un handicap De la même manière la maladie mentale est considérée comme un handicap physico-chimique, identifiable selon des normes (DSM) et traitable par un physico-chimique, identifiable selon des normes (DSM) et traitable par un processus du même ordre. L’individu n’est pas tenu responsable de son état, mais processus du même ordre. L’individu n’est pas tenu responsable de son état, mais le devient de son traitement. La responsabilité sociale est ici aussi évacuée.le devient de son traitement. La responsabilité sociale est ici aussi évacuée.