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Thème 2 Regards Croisés – Travail, emploi, chômage

2.2 Quelles politiques pour l’emploi ?

A. De la dynamique du marché du travail au chômage

Politiques pour l’emploi : ensemble des politiques publiques qui visent à améliorer l’emploi sur le marché du travail (sauvegarde/création).

Chômage : sous ensemble de la population active (on distingue la population active occupée et les chômeurs). Ce sont des personnes sans emploi qui recherchent du travail et sont disponibles pour travailler.

Le chiffre du chômage (au sens de pôle emploi catégorie A) en mars 2015 est de 3.5 millions de chômeurs.

Joseph Schumpeter, le principe de « destruction créatrice » :

Le chômage augmente lorsque les destructions sont supérieures aux créations : ces 2 flux fonctionnent en permanence et ce sont des flux normaux. Une destruction n’est donc pas nécessairement une catastrophe : il faut faire une comparaison.

Il y a également d’autres paramètres comme la durée du travail, ou les variations de la population active : si celle-ci croît plus vite que les créations d’emplois (démographie, immigration, durée des études, taux d’activité homme/femmes, sortie d’actifs, etc…) par exemple, il y aura du chômage.

Le chômage est donc un stock alimenté par des flux de destruction et de création, et par la croissance de la population active.

« Destruction créatrice » (Joseph Schumpeter) : elle repose sur le progrès technique et les gains de production : ils vont entraîner des destructions d’emploi dans les branches les moins productives et en créer de nouveaux dans les branches les plus dynamiques. Cela peut avoir lieu aussi bien dans un secteur qu’au niveau national). Il y a en permanence une réallocation de la main d’œuvre des secteurs peu productifs vers ceux qui le sont le plus. Ça va permettre à l’économie d’être plus productive au global.

La structure de l’emploi se modifie par secteurs (primaire, secondaire, tertiaire). On a récemment vu la destruction d’emploi peu qualifiés au profit d’emplois qualifiés. On a des réallocations de régions en région et aujourd’hui ce sont les métropoles qui sont les plus dynamiques. Ces destructions peuvent être bénéfiques.

Le PIB et le chômage :

Corrélation : lorsque le PIB augmente, on a des créations d’emploi manifestement supérieures aux destructions le chômage diminue (période de croissance, baisse de chômage), et inversement, en période de récession, les destructions sont supérieures aux créations. (A nuancer par rapport au temps de travail : si le travail est moins long, à croissance égale, il y a plus d’emploi. Ex : 35h sous Jospin.)

Il y a un lien fort entre les fluctuations de la croissance et le chômage qui a une dimension conjoncturelle : il est lié aux variations de l’activité économique.

Taux de chômage =

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Productivité

Il n’y a pour autant pas de relation automatique entre croissance et création d’emploi : les entreprises vont d’abord augmenter leur productivité. La croissance est donc plus ou moins riche en emplois.

Destructions d’emploi :

* Primaire : 1950 – 2007 * Secondaire : 1975 – 2007 * Tertiaire : créations depuis 1950

Durant ces périodes, VA < Productivité. Il y a une baisse de la VA tendancielle pour les 3 secteurs et il y a un ralentissement de la productivité : on a de plus en plus de mal à faire des gains de productivité.

La mesure du chômage :

- Selon le Bureau international du travail :

Etre en âge de travailler. Ne pas avoir travaillé au cours de la semaine de référence de l’enquête.Etre disponible pour travailler dans les deux semaines. Etre à la recherche active d’un emploi.

- Selon Pôle Emploi :

Les chômeurs n’ont pas travaillé dans le mois précédent (pour la catégorie A).Il y a 5 catégories en tout :

* B & C : personnes sans emploi mais ayant eu une activité réduite de 78h maximum dans le mois.

* D & E : ils sont en activité (emploi provisoire ou aidé) donc temporairement dispensés de recherche.

Il y a un « halo » autour du chômage officiel (composé des catégories B à E) : le chômage passe alors de 3.5 millions à 5.5 millions. Ce sont toutes les personnes qui souhaitent travailler mais qui ne sont pas classées dans la catégorie A (pas comptabilisés au sens BIT).

Régulièrement, l’Insee donne les chiffres du BIT et le ministère du travail ceux de pôle emploi.

Plusieures causes du chômage :

Les Flux :

- Flux de création et de destruction.- Flux des entrants et sortants de la population active.

La croissance de la population :

- Les femmes : taux d’activité élevé.- Les seniors : âge du départ à la retraite repoussé.

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- Le dynamisme démographique, alimenté par l’immigration : notre taux de fécondité est plus élevé que celui de nos voisins. La démographie dépend de l’accroissement naturel et du solde migratoire.

- Certains facteurs socio-économiques : (allongement de la durée des études, retardement du départ à la retraite, taux d’activité féminin…).

Taux d’activité : part de la population active dans une population donnée (ex : 80% des femmes travaillent).

≠ Taux d’emploi : part de la population active occupée dans l’ensemble de la population active en âge de travailler dans une

population donnée (ex : 67% des femmes de 20 à 64 ans ayant achevé leur formation ont un emploi, soit – 9pt% par rapport aux hommes ; 30% des femmes n’ayant aucune formation ont un emploi contre 80% d’hommes). Ce taux dit la capacité d’une économie à utiliser ses ressources humaines.

Synthèse :

Le dynamisme du marché du travail peut s’expliquer le processus de destruction créatrice, mis en évidence par Joseph Schumpeter. Des activités disparaissent tandis que d’autres se développent en permanence, ce qui engendre nécessairement des destructions d’emploi dans certaines branches et des créations d’emplois dans d’autres. Chaque année, plus de 20% d’emplois sont créés et/ou détruits en moyenne, et près d’un tiers de l’ensemble des travailleurs sont embauchés et/ou quittent leurs employeurs.

La réallocation de la main d’œuvre est un moteur important de la hausse de la productivité, dans la mesure où les entreprises les moins productives ont tendance à détruire plus d’emplois et plus productives à en créer davantage. De ce fait, la structure de l’emploi ne cesse de se modifier par secteur (destruction d’emploi dans l’agriculture, l’industrie / création dans les services), par qualifications (destructions d’emplois non qualifiés / hausse des emplois qualifiés), par sexe, par régions…

Les flux de création et de destruction d’emplois sont indissociablement liés aux fluctuations de la croissance économique. Pourtant la hausse du rythme de croissance n’entraine pas mécaniquement une baisse du chômage : les gains de productivité peuvent suffire dans un premier temps à obtenir le niveau de production prévu. Il faut nuancer la corrélation entre croissance et emploi, car la croissance n’est pas toujours riche en emplois.

La croissance du nombre d’emplois dépend donc d’un certain nombre de facteurs : la croissance de la production et/ou de la demande de biens et de services, la durée annuelle du travail, la productivité du travail.

Globalement, lorsque la croissance de la valeur ajoutée ou du PIB est supérieure à celle de la productivité par tête, le stock d’emplois augmente (création nette d’emploi) car les gains de productivité ne permettent pas de satisfaire la hausse de la production et de la demande. L’entreprise ou le pays a alors besoin de recruter de la main d’œuvre supplémentaire.

Taux d’activité =

Taux d’emploi =

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Un chômeur est une personne sans emploi à la recherche d’un emploi. Le chômage peut donc être défini comme l’inactivité d’une personne souhaitant un emploi. Selon le Bureau International du Travail (BIT, les chômeurs sont les personnes âgées de 15 à 64 ans qui étaient sans emploi durant la semaine de référence (ne pas avoir travaillé une heure), disponibles pour travailler dans un délai de deux semaines suivant la semaine de référence, et à la recherche active d’un emploi. En France, pôle emploi effectue également une mesure du chômage.

Le stock de chômage dépend des variations de l’emploi et de la population active : lorsque la population active augmente plus vite que l’emploi, le chômage augmente et inversement. Outre la démographie (accroissement naturel et solde migratoire, des facteurs socio-économiques font varier la population active : l’allongement de la durée des études, l’âge de départ en retraite, le taux d’activité des femmes (80%).

B. Quelles sont les conséquences du chômage ?

L’indemnisation du chômage :

Taux d’indemnisation : pourcentage des revenus d’activité que l’on touche une fois au chômage ou à la retraite.

En France, le taux de remplacement est assez élevé. Les autres pays de l’OCDE (Allemagne, Danemark, Espagne) favorisent plus les personnes touchant 50% du salaire moyen, le taux est ensuite dégressif, ce qui n’est pas le cas en France inégalités. Le système est peu dégressif et très généreux. L’indemnité maximum pouvant être touchée est la plus élevée d’Europe (> 6000€/mois).

Le fait d’avoir un niveau d’indemnisation pratiquement aussi élevé que le revenu gagné avant protège en partie de la précarité ou de la pauvreté : on a plus facilement accès à la consommation. La façon dont sont accompagnés les chômeurs, soit le traitement social du chômage change l’expérience sociale du chômage. Ex : pôle emploi fournit des informations et aide à rédiger les CV. Obliger les chômeurs à travailler dans des associations peut être bénéfique aussi, etc… Mais en France, l’accompagnement n’est pas très développé. Nous sommes loin des services rendus au Danemark et dans d’autres pays du nord.

Ça dépend aussi de l’articulation avec d’autres instances d’intégration : l’indemnisation va être différente selon le genre, l’âge, et la PCS. Ex : il est difficile de trouver un emploi après 50ans on « coûte » beaucoup plus cher, pourtant l’expérience acquise devrait être précieuse. Dans les entreprises, on a mis en place un système de tutorat : on conserve les séniors qui transmettent leur expérience aux juniors, et on bénéficie d’allègement de charge.

L’intégration par le travail :

Intégration : processus par lequel un individu devient membre d’une société ou d’un groupe social donné.

L’emploi est une source d’intégration car il permet d’avoir une place dans la société (utilité et reconnaissance). C’est la source essentielle des revenus primaires qui permettent d’accéder à la consommation et à la protection sociale. C’est une source de sociabilité, il fournit un statut social et une reconnaissance. Enfin, il peut être le lieu de l’épanouissement personnel.

C’est surtout l’emploi typique qui fournit ces avantages. Il permet de s’autonomiser par rapport aux parents, de fonder une famille, les femmes peuvent s’émanciper dans le couple. Enfin, ça permet de

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développer des liens civiques : plus on a une vie de travail et de famille stable, plus on vote (et inversement). Pour finir, le travail structure les temps sociaux (il conditionne les temps de loisirs, passés en famille, …) (d’où la question du travail le dimanche de la loi Macron : il déstructure les temps sociaux ce qui peut conduire à une anomie familiale).

A l’inverse, le chômage va entrainer un manque d’intégration et de régulation (cf. Durkheim) : la sociabilité amicale et familiale diminue, de même que la sociabilité civique et formelle, on vit moins en couple… Le chômage renvoie l’image de a paresse et de l’inutilité ce qui entraine par la suite une rupture sociale. De plus, comme le réseau social s’affaibli (cf. liens forts/faibles), on a moins d’opportunités pour trouver du travail. Enfin, les revenus diminuent, on arrive à l’échéance de son indemnisation, et on finit par tomber dans la pauvreté (ASS, RSA).

Robert Castel, l’effritement de la société salariale et lien social :

Symptômes de l’effritement de la société salariale :

- Développement d’emplois atypiques : remise en cause de la société salariale.- Remise en cause de la protection de l’emploi.- Réduction des droits salariés : remise en cause de l’Etat Providence

Les individus passent d’abord de la zone d’intégration à la zone de vulnérabilité, et pour certains, il arrive de tomber en zone de désaffiliation : on perd progressivement ses relations de travail, puis sa famille et ses amis la sociabilité diminue et cela finit souvent par une rupture.

A cela s’ajoute le phénomène de disqualification décrit par Serge Paugam : cela se produit lorsque le regard des autres stigmatise. Dans certains cas cela peut conduire à la dépression, à des problèmes de santé voire au suicide.

Certains critères favorisent ou non la désaffiliation :

- Les liens familiaux : ils sont plus forts au sud de l’Europe et protègent davantage les individus.

- La forme de protection sociale : plus développée dans les pays du nord. - Histoire personnelle des individus : célibat, alcoolisme, endettement …- Selon que la pauvreté est plus ou moins répandue et acceptée : dans le sud de l’Europe, c’est

courant voire banal et c’est moins disqualifiant qu’en Europe du Nord ou chez nous. En Allemagne, avec les réformes Hartz (politique de flexibilité), ils ont augmenté le nombre d’emplois, mais aussi le nombre de travailleurs pauvres.

Taux de pauvreté monétaire :

Pauvreté : lorsque des individus ou groupes sociaux ne bénéficient pas des ressources nécessaires pour subvenir à leurs besoins dans une société donnée.

En 2009, en France, selon l’ONPES, le taux de pauvreté chez es chômeurs est de 35%, alors qu’elle est de 13% sur l’ensemble de la population. Les chômeurs sont plus exposés à la pauvreté. Mais ils ne sont pas les seuls : inactifs, retraités, travailleurs pauvres, etc.

Pauvreté absolue : lorsqu’un individu est incapable de satisfaire ses besoins fondamentaux, il vit en dessous du minimum vital physiologique. On va fixer un taux en dessous duquel on considère qu’il ne peut pas survivre.

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Pauvreté relative : lorsque l’individu n’arrive plus à satisfaire ses besoins, aussi bien ses besoins sociaux relatifs au développement de la société donnée. Par rapport à une population donnée : il a moins que les autres mais il peut satisfaire ses besoins physiologiques.

La pauvreté dépend aussi beaucoup des paramètres utilisés pour la mesurer : avant, le seuil de pauvreté monétaire était fixé à 50% du revenu médian en France. Aujourd’hui, il est fixé à 60% du revenu médian. Le nombre de pauvres à statistiquement augmenté. On peut aussi le mesurer en biens de consommation.

L’emploi ne protège pas totalement de la pauvreté, en revanche, le chômage expose plus : 2.5 millions de personnes sont pauvres.

Il y a d’autres approches, subjectives, de la pauvreté : on demande à des individus s’ils se sentent faire partie des pauvres ou non.

Nouvelle pauvreté : 2 choses :

- Travailleurs pauvres : c’est-à-dire des travailleurs dont l’emploi ne permet pas de sortir de la pauvreté : ce sont des jeunes actifs qui vont souvent cumuler l’emploi avec des prestations sociales et des minimas sociaux.

- Individus ayant eu des ruptures familiales ou professionnelles ou qui par manque d’information échappent aux « filets de sécurité » de la protection sociale.

35% seulement des bénéficiaires potentiels du RSA le touchent réellement. 65% ne le demandent pas, font des demandent incomplètes ou se le font refuser : ils manquent d’informations, ils sont peu diplômés etc… alors que les dispositifs administratifs sont extrêmement compliqués.

La pauvreté n’est pas forcément une conséquence du chômage : il y a environ 8% de travailleurs pauvres (des indépendants et souvent des agriculteurs).

Indemnisation chômage : un jour de cotisation équivaut à un jour d’indemnisation, dans une limite de 2ans : on regarde les salaires des 12 derniers mois et on touche un pourcentage du salaire journalier de référence. Les allocations ne sont pas dégressives.

Synthèse :

L’expérience sociale du chômage revêt des modalités différentes selon les pays. Elle est liée au niveau et aux conditions d’indemnisation, à l’encadrement des chômeurs par les institutions dédiées à son traitement économique et social. Cette expérience dépend également de l’articulation du travail avec d’autres instances d’intégration comme la famille, et aussi du genre, de l’âge, de la catégorie socioprofessionnelle. Elle est néanmoins marquée par l’affaiblissement des liens sociaux. Le chômage entraîne une diminution du revenu, nuit au réseau de sociabilité, est parfois facteur de dégradation de l’état de santé et des relations familiales. L’emploi stable étant un vecteur essentiel de l’intégration, la pénurie d’emplois stables a conduit à associer chômage et désaffiliation, c’est-à-dire un processus de rupture progressif des liens sociaux.

Les évolutions de l’emploi liées à une flexibilité accrue précarisent les trajectoires professionnelles qui alternent de plus en plus les périodes d’emploi et les épisodes de chômage. Le lien entre travail et intégration sociale se trouve fragilisée pour plusieures raisons. La flexibilité détache tout d’abord les travailleurs des organisations qui emploient : les carrières professionnelles sont de plus en plus

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mobiles. Elle individualise ensuite les relations de travail, ce qui rend difficile d’éprouver des intérêts communs.

L’individualisation du traitement du chômage et de l’accompagnement du chômeur fait par ailleurs du chômage une expérience individuelle qui sera alors plus souvent intériorisée comme un échec personnel. L’impact des politiques de l’emploi se ressent donc au-delà de leurs bénéficiaires immédiats : ce sont bien les normes d’emploi du salariat comme statut étendu et consolidé au cours du XXe siècle qui sont affectées. L’articulation des politiques de flexibilité du marché du travail avec la précarité est une question contemporaine commune à l’ensemble des pays. Ainsi les réformes Hartz en Allemagne, associée à l’institutionnalisation de « mini-jobs » très faiblement rémunérés et largement exonérés de cotisations sociales et d’impôts, ont contribué à une élévation du taux d’emploi et une baisse du taux de chômage, mais aussi exercé une pression à la baisse sur les salaires et contribués à une augmentation du nombre de travailleurs pauvres et à la détérioration des conditions d’emploi de certains salariés.

Le chômage est en effet facteur de pauvreté. La pauvreté peut se définir en termes absolus à partir d’un niveau de consommation minimal en biens considérés comme fondamentaux. Cependant, on privilégie aujourd’hui une définition en termes relatifs, le seuil de pauvreté correspondant à une fraction du revenu médian. La pauvreté est alors envisagée comme une forme d’inégalité, et sous l’angle de l’intégration sociale : c’est parce qu’elle éloigne des normes de consommation propres à une société que la pauvreté peut être facteur d’exclusion. Pour cerner statistiquement la pauvreté, il faut alors en diversifier les approches, envisager conjointement la pauvreté monétaire, la pauvreté de condition de vie en matière de consommation courante, de logement et d’équipement en bien durables, et la pauvreté subjective qui ressort des perceptions par les individus de leur propre situation. Le chômage accroit le risque de pauvreté, cependant les prestations sociales atténuent ce risque, de façon différenciée en fonction des époques et des modèles nationaux. Les politiques sociales peuvent toutefois conduire à la disqualification sociale de leurs bénéficiaires (Paugam).

C. Comment lutter contre le chômage ?

Politique de l’emploi : politique publique qui vise à améliorer la situation sur le marché du travail, soit par la création d’emplois nouveaux, soit par la préservation des emplois. C’est aussi toutes les mesures qui servent à pallier les conséquences du chômage des individus.

Outils des politiques de l’emploi :

- Politiques conjoncturelles qui peuvent avoir un impact (monétaire, budgétaire, Politique de relance keynésienne (PRK)).

- Politiques de flexibilité.- Formations.- Aides aux créations d’entreprises.- Faire baisser les cotisations du travail. - Révisions des minimas sociaux. - …

Les différentes catégories de politiques de l’emploi :

- Mesures conjoncturelles : sur le court terme. Ex : PRK : on soutient l’emploi par la consommation.

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- Mesures structurelles : sur le long terme. Ex : on joue plus sur la démographie, l’âge de la retraite, le taux d’activité féminin, etc…

- Mesures généralistes : baisse des CS. - Politiques ciblées sur une population : contrats entre générations.

Parmi ces mesures on distingue :

- Les dépenses passives : elles consistent à atténuer les conséquences du chômage pour les individus.

- Les dépenses actives : elles cherchent à augmenter le niveau d’emploi et remettre les chômeurs en emploi traitement économique du chômage (subventions aux entreprises, formations…)

Cette distinction active/passive est de plus en plus artificielle car aujourd’hui on cherche à activer les réformes passives (les subventions sont données sous conditions…)

Il y a trois catégories de politiques de l’emploi : les politiques d’allègement du coût du travail (contre le chômage classique), les politiques macroéconomiques de soutient de la demande globale (contre le chômage keynésien), et les politiques de formation et de flexibilisation (contre le chômage structurel).

Les politiques d’allègement du coût du travail pour lutter contre le chômage classique

Selon les néo-classiques, le chômage est une conséquence d’une offre supérieure à la demande de travail qui est faible car le coût du travail est trop élevé. Et le marché ne peut pas s’ajuster à un nouveau prix d’équilibre, plus bas, à cause de l’intervention de l’Etat et des conventions collectives qui négocient socialement les salaires. Pour les entreprise, ce n’est donc pas rentable de créer des emplois. Le taux de salaire réel est supérieur à la productivité. Ce n’est donc pas un problème de demande, mais un problème d’offre : l’entreprise ne va pas chercher à la satisfaire car ce n’est pas rentable.

Les travailleurs peu qualifiés sont plus touchés par ce type de chômage car l’écart entre le taux de salaire réel et leur productivité est trop élevé. Le problème de l’analyse néo-classique est qu’elle réside trop dans la comparaison de ces deux facteurs. Le coût du travail n’est pas un problème en soi. Il le devient lorsque la productivité est trop faible.

Mécanismes et politiques économiques de lutte contre le chômage classique :

- Subventions aux entreprises (emplois d’avenir …) - Allègement de cotisations sociales : ex : exonérations = 1.6 x SMIC pour les emplois peu

qualifiés / bas salaires.- On peut enlever l’indexation du SMIC, ou faire en sorte qu’il augmente moins vite que le

revenu médian…- Dérèglementation du travail pour diminuer les coûts d’embauche et de licenciement.

Coûts du travail =

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- On peut rendre les salaires plus flexibles : le salaire va donc en partie dépendre de l’activité de l’entreprise. Souvent dans les salaires il y a une part fixe et une part variable. Ex : Renault a pu faire baisser les salaires de ses employés pour qu’ils puissent conserver leurs emplois.

Effets négatifs et critiques de ces mesures :

- Le coût des subventions et de la baisse des cotisations sociales est supporté par l’Etat, donc par la sécurité sociale qui doit alors faire face à des problèmes de financement.

- L’emploi se précarise. - Il y a un ralentissement de la productivité.- On voudrait que ça profite aux secteurs de production (qualifiés en France), mais finalement,

ça profite aux services (le secteur tertiaire ayant recourt à des salariés peu qualifiés). - On va créer des emplois peu qualifiés dont il est difficile de sortir : on est confiné dans une

trappe à bas salaires. De plus, la grande majorité des emplois créés ces 10 dernières années sont des emplois atypiques alors que les jeunes sont de plus en plus qualifiés.

- Il y a un effet d’aubaine de certaines entreprises qui auraient embauché de toute façon et qui bénéficient alors de la mesure.

Ceci dit, ces mesures créent/conservent des emplois.

Les politiques macroéconomiques de soutient de la demande globale pour le lutter contre le chômage keynésien

Selon Keynes (1883-1946), la décision d’embaucher des employeurs vient de l’estimation de la demande dans un futur proche pour leur production. C’est la « demande anticipée », ou « demande effective ». Keynes ne nie pas que le salaire réel (microéconomique) soit une charge pour l’entreprise, mais c’est aussi un revenu (macroéconomique) et de ce revenu dépend la consommation de biens et de services.

Demande effective : c’est une estimation (microéconomique)

≠ Demande globale : c’est un résultat (macroéconomique)

De fait, une baisse généralisée des salaires entraînerait une baisse du pouvoir d’achat des ménage, soit une baisse de la demande globale, qui se traduirait par une baisse de la production, donc une baisse de l’emploi, etc… Cercle vicieux.

On peut tout à fait avoir un équilibre sur le marché du travail, mais il se peut que cet équilibre soit un équilibre de sous-emploi car il ne permet pas forcément d’absorber tous les chômeurs.

Chômage involontaire (formule choisie par esprit de contradiction avec les néo-classiques) : personnes qui souhaitent travailler mais qui ne trouvent pas d’emploi, alors qu’ils sont tout à fait disposé à travailler pour le prix d’équilibre. Il y a un problème de demande (≠ néo-classiques : problème d’offre). Pour Keynes il faut soutenir la demande.

John Maynard Keynes, La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936

Il souligne que les salaires ne fluctuent pas librement sur le marché du travail, ils sont négociés collectivement mais ne varient pas librement : les salaires sont rigides. De plus, l’emploi ne dépend pas tant du salaire que de la demande.

Les mesures de lutte contre le chômage keynésien :

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Choc de demande positif : variation (ici augmentation) brutale d’une des composantes de la demande globale.

Le but des politiques de relance keynésiennes est de créer de chocs d’offre positifs en jouant sur une ou plusieures composantes de la demande :

- Soutenir la consommation finale des ménages. - Investissement.

Politiques monétaires et politiques budgétaires

Politiques monétaires de relance :

On joue sur la masse monétaire (ici, on cherche à l’augmenter) : on va baisser les taux d’intérêts directeurs de manière à soutenir le crédit des consommateurs et les entreprises qui s’endettent pour investir.

Politiques budgétaires de relance :

- On augmente les dépenses de l’Etat :

On peut augmenter l’investissement public. On espère que l’effet multiplicateur de la dépense publique (effet sur la production de l’injection d’1€ supplémentaire en circulation dans l’économie) sera élevé de manière à ce que la production augmente plus que proportionnellement par rapport aux autres dépenses. Plus de prestations sociales : cela vise les moins favorisés qui ont une propension à consommer plus importante.Augmentation du salaire des fonctionnaires.

- Ou on baisse les recettes de l’Etat :

On allège la pression fiscale : on baisse les prélèvements obligatoires en baissant la TVA par exemple (mais maintenant il faut demander à l’UE). On peut défiscaliser les investissements (défiscalisation des intérêts d’emprunts).

Politique du New-Deal de Roosevelt : politique « pré-keynésienne ». Il va y avoir des politiques de relance jusque dans les années 1970, ce qui fait également partie du compromis Fordiste (etc…). C’est le panorama global de l’après-guerre, où l’Etat est interventionniste.

Plans de relance des pays en 2008 :

Selon l’OFCE, en France, en 2008, 26 milliards d’€, soit 1.3% PIB, ont été investis dans cette politique de relance. Le plan de relance Allemand est deux fois plus important, surtout en ce qui concerne la politique de l’emploi.

Ce sont des politiques de relance keynésienne : car c’était une crise de débouchés, il y a eu des chocs de demande négatifs. Il faut donc entraîner un choc de demande positif.

Les limites de l’analyse keynésienne :

Une PRK creuse le déficit public : l’Etat dépense plus qu’il n’a de recettes, pour la financer il va donc s’endetter et creuser la dette publique. On constate aujourd’hui que les pays les plus déficitaires sont ceux qui ont le plus de chômage. Mais les pays ayant une dette et un déficit publics faibles ont un chômage faible. Il y a là un paradoxe car c’est l’effet inverse de ce qu’on attendait.

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Dans les années 1970, on constate l’échec des PRK : échec du plan Chirac en 1975, échec du plan Mauroy en 1981 (jour où le PS a commencé à mener des politiques libérales). La France est en déficit permanent depuis les années 1970. Ces pays ont des dettes et des déficits structurels permanents.

Raisons :

- Contrainte budgétaire : le déficit budgétaire devient permanent car l’effet multiplicateur est trop faible. On ne parvient donc pas à créer de recettes fiscales supplémentaires pour rembourser l’effort initial. La dette publique augmente alors et le service de remboursement de la dette devient un des principaux postes du budget de l’Etat qui entre donc en déficit public permanent c’est l’effet boule de neige de la dette. Aujourd’hui, pour beaucoup de pays, ça n’a aucun effet sur le chômage et ça paralyse l’action de l’Etat.

- Les multiplicateurs sont faibles à cause de la contrainte extérieure : en politique ouverte, faire une relance keynésienne bénéficie à nos voisins.

- Equivalence ricardienne/Ricardo Barro : les agents économiques ne se laissent plus dupés car ils savent qu’après une PRK il y aura une hausse des impôts il y aura une hausse d’impôts pour rembourser le déficit.

- Lié aux évolutions de la population active : le chômage n’est pas que conjoncturel. Si l’Etat crée des emplois supplémentaires, ça va attirer des inactifs, et on aura encore du chômage car la population active aura augmenté.

- Ce n’est pas parce qu’il y a une relance de la demande qu’il y aura de l’emploi : les entreprises vont d’abord chercher à faire des gains de production.

Les politiques de formation et de flexibilisation pour réduire la composante structurelle du chômage

Chômage structurel : chômage de long terme qui n’est pas lié à l’insuffisance de demande de travail des entreprises, mais au fait que l’offre de travail ne correspond pas à la demande des entreprises.

Causes :

- Système productif en changement : les qualifications que requière l’emploi changent très vite, les entreprises et leurs besoins évoluent, les qualifications d’un emploi changent également.

- Rigidité sur le marché du travail : rigidités institutionnelles qui gèrent les phénomènes d’appariement entre l’offre et la demande (SMIC, réglementations contraignantes, allocations chômage trop généreuses…).

Solutions :

- Effort de formation : d’abord au lycée et à la fac, puis professionnelle ou continue, ce qui veut dire faire un effort de formation envers les chômeurs.

- Flexibilisation : la flexibilité consiste à ajuster rapidement la quantité de travail ou les salaires à la production : On demande aux salariés d’être indépendants pour les cotisations de retraites, etc…

Plusieurs types de flexibilité :

- Externe : faire varier les effectifs en fonction de la production ce qui nécessite une grande liberté d’embauche et de licenciement, ou de pouvoir externaliser.

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- Variation de l’organisation du travail. On va faire varier le temps de travail et on va faire varier les postes. On peut moduler le temps en fonction de l’activité. Exemples :

Annualisation : on fait le même volume d’heure par an mais il peut être modulé différemment selon les semaines.

Chômage partiel ou technique : on met temporairement l’individu au chômage, mais il n’est pas licencié.

- Rendre les travailleurs polyvalents pour qu’ils puissent changer de poste de travail facilement.

- Flexibilité salariale : on va lier les salaires aux évolutions de la production. Les salaires sont segmentés entre une part fixe et une part variable, désindexés et individualisés.

Intérêts pour l’entreprise :

- Diminution des coûts de productions. - Toyotisme : permet de réaliser le juste à temps. - Test des qualités professionnelles d’un salarié. - Instaure une concurrence entre les salariés : lutte contre l’influence syndicale.

Ca concerne aussi l’Etat qui est le plus grand employeur d’emplois atypiques en France. Lorsque l’Etat donne des contrats aidés, ça fait baisser les statistiques du chômage.

Aujourd’hui, on cherche à aller vers la « flexisécurité » :

« Flexicurité » ou « flexisécurité » : modèle danois : combinaison d’une grande flexibilité d’emplois et d’une indemnisation très généreuse, mais de courte durée, avec un accompagnement fort, pour assurer la sécurité.

Accords de janvier 2013 : les entreprises ont la possibilité de faire baisser le temps de travail ou les salaires en période faible, et ils ont des emplois renforcés. Tous les syndicats n’ont pas signés ces accords (syndicats révolutionnaires notamment : CGT et FO).

L’activation des dépenses sociales pour lutter contre les trappes à inactivité

L’activation des dépenses passives :

Les « trappes à inactivités » font partie de l’analyse en termes de chômage structurel : intervention de l’Etat qui dissuaderait les individus de reprendre un emploi l’assistance maintiendrait les chômeurs dans un « trappe à inactivité ».

Le Revenu Minimum d’Insertion (R.M.I) est créé en 1988 par Michel Rocard. Il était censé favoriser le retour à l’emploi mais est finalement devenu un simple dispositif d’assistanat. C’est pourquoi, en 2009, le RSA, créé par Martin Hirsch, en en vigueur. Son but est de favoriser la réinsertion. On distingue alors :

- Le RSA socle : c’est l’équivalent du RMI, un simple revenu d’assistance. - Le RAS Activité : il rend le reprise d’un emploi plus attractive car il est cumulable avec un

salaire jusqu’à un certain niveau de revenu.

Il existe 2 types de dispositifs pour les chômeurs :

- Cotisation : assurance.

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- Pour ceux qui sont en fin de droit ou qui n’ont pas assez cotisé : assistance : allocation solidarité spécifique (ASS) ou RSA.

Mais lorsque l’indemnisation est généreuse :

- La durée du chômage est plus longue et les chômeurs vont augmenter leur offre car ils deviennent plus exigeants. Cette offre est le seuil psychologique à partir duquel ils sont prêts à travailler.

- Ça maintient les gens dans la dépendance : l’écart entre les revenus d’assistance et d’emploi n’est pas suffisamment important. Il y a aussi des « coûts cachés » : garde d’enfant, transports,… on peut perdre un bon nombre d’allocations.

Ca enferme les individus dans des « trappes à inactivité » : le calcul coût/avantage se fait en défaveur du travail.

C’est pour cette raison que dans les années 1980, on est passé du « Welfare » (Etat Providence), au « Workfare » : les prestations sociales s’accompagnent de devoirs : par exemple, aux USA, les bénéficiaires doivent faire 20h de travaux d’intérêt général par semaine. Il y a aussi des incitations financières comme le RSA Activité : on creuse l’écart entre les revenus d’activité et d’inactivité.

Critiques du RSA :

- Les effets du RSA sur la pauvreté sont limités : 1/2 des personnes qui pourraient bénéficier du RSA socle n’en bénéficie pas. De même, 2/3 des personnes qui pourraient bénéficier du RSA Activité n’en bénéficient pas. Ils ne le demandent pas.

- Les effets du RSA sur le retour à l’emploi sont également limités : il y a une crainte de la stigmatisation, des problèmes d’informations et de compétences (démarches complexes), de trajectoire personnelle (personnes en difficultés pouvant difficilement retrouver un emploi).

- Dans la majorité des cas, les individus ne se maintiennent pas volontairement au chômage : critique de l’analyse « trappes à inactivité » : c’est plus l’effet des contraintes de réglementation que le résultat d’un calcul coût/avantage.

La politique du New Deal :

- Aide à la formation contre le chômage structurel.- Avantages fiscaux : activation des dépenses passives. Ex : donner des allocations

supplémentaires à ceux qui retrouvent un emploi. - Courte durée d’indemnisation.- Obligations pour les travailleurs.- Emplois subventionnés : analyse keynésienne du chômage.

Il y a différentes analyses du chômage : Bilan :

- Chômage classique : o Chômage volontaire.o Chômage classique (coût du travail lié aux rigidités institutionnelles).o Chômage frictionnel.

- Chômage keynésienne : insuffisance de la demande.- Chômage structurel :

o Manque de flexibilité.o « trappes à inactivité ».o Mauvaises formations.

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Ces différentes analyses peuvent coexister dans la société. On va alors avoir recourt à des politiques mixtes qui utilisent plusieurs outils et plusieures analyses.

Synthèse :

Les politiques de l’emploi englobent des instruments très diversifiés. Les politiques publiques pour l’emploi, dans lesquelles on distingue traditionnellement les dépenses dites « actives » (par exemple allègements de charges et subventions à l’emploi, dépenses de formation professionnelles en direction des chômeurs) et les dépenses dites « passives » (indemnisation du chômage, financement de dispositifs pour l’emploi, qui témoignent de la diversité des formes et analyses du chômage.

Les politiques mises en œuvre dépendent en premier lieu du diagnostic posé quant aux origines du chômage.

Le chômage est dit keynésien lorsqu’il résulte d’une insuffisance de la demande globale. Le chômage de masse réapparu dans les années 1970, a d’abord été considéré comme provoqué par un choc de demande négatif à l’instar du chômage des années 1930, et donc analysé comme un chômage keynésien lié à une insuffisance de la demande globale (c’était en réalité une erreur de diagnostic car il s’agissait d’un choc d’offre). On s’attaque alors au sous-emploi par des politiques macroéconomiques de soutien de la demande, par la relance monétaire et la relance budgétaire. Ces politiques stimulent la demande directement par des dépenses immédiates et indirectement en modelant la demande anticipée. Des politiques de relance simultanées ont également été mises en œuvre en 2008 et 2009 dans l’ensemble des pays développés, mais dans des proportions contrastées.

Cette approche diffère fondamentalement de l’analyse néo-classique qui considère que c’est l’insuffisante rentabilité et non l’absence de de débouchés potentiels qui freine l’embauche : on parle de chômage classique pour désigner la situation dans laquelle le chômage s’explique essentiellement par le coût du travail.

L’enracinement du chômage en France et dans une partie de l’Europe conduit également à la mise en œuvre des mesures destinées à lutter contre un chômage diagnostiqué comme « classique » : la législation sur le salaire minimum et le poids des cotisations sociales entraverait la demande de travail. Cette interprétation justifie les politiques d’allègement du coût du travail. La désindexation des salaires contient le coût réel du travail en France à partir de 1982, et depuis 1993 les allègements de cotisations sociales concentrés sur les bas salaires soutiennent l’emploi peu qualifié, particulièrement touché par le chômage de masse.

Le choix et la conduite des politiques pour l’emploi sont compliqués par la coexistence du chômage classique et du chômage keynésien. Par exemple, l’interdépendance entre les marchés fait que le chômage classique dans une branche ou sur un segment du marché du travail peut être facteur de chômage keynésien puisqu’il provoque une diminution du revenu global des actifs et de la demande anticipée.

En retraçant l’histoire récentes des politiques pour l’emploi, on constate que la diversité des explications du chômage se traduit par la pluralité des dispositifs de lutte contre le chômage, mais aussi qu’aucune de ces politiques ne parvient, à elle seule à endiguer le phénomène. Elle fait apparaître également l’existence d’un chômage à caractère structurel qui justifie la mise en œuvre de politiques de formation et de flexibilisation du marché du travail.

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Pour faciliter l’appariement entre offre et demande de travail, on peut introduire davantage de flexibilité sur le marché du travail. Ainsi a été libéralisé dans les années 1980 le recourt aux formes atypiques d’emploi, soit à l’intérim, au contrat à durée déterminée, et au temps partiel, érodant la norme d’emploi du contrat à durée indéterminée (CDI) à temps plein. Autre forme de flexibilité, le chômage technique permet d’éviter des suppressions d’emploi dramatiques pour les salariés, et également coûteuses pour les entreprises qui se privent du capital humain accumulé et incorporé par leurs employés.

La formation a également un rôle important à jouer dans le domaine de l’emploi. On peut tout d’abord renforcer l’employabilité des plus jeunes par davantage de formation initiale. On peut ensuite renforcer l’employabilité des moins jeunes par la formation continue. On peut enfin mettre l’accent sur la formation professionnelle et l’accompagnement des chômeurs.

La flexibilité du marché du travail renvoie aussi à la problématique de l’activation des dépenses passives, qui consiste à envisager des dispositifs permettant à la fois d’assurer aux chômeurs un revenu de substitution et de favoriser leur réinsertion sur le marché du travail. En effet les prestations sociales risquent d’inciter au prolongement du chômage (« trappes à inactivité »), d’où l’instauration du revenu de solidarité active (R.S.A) en 2009. L’activation des dépenses passives, en colmatant la trappe à inactivité, peut ouvrir la trappe à pauvreté : la priorité au retour rapide à l’emploi peut se faire au détriment de la qualité de l’appariement, inciter les actifs à accepter des emplois peu qualifiés. Il peut y avoir une contradiction entre l’objectif du retour rapide à l’emploi (ou « workfirst ») et celui d’accroissement des capacités et opportunités des demandeurs d’emploi dans le long terme (ou « empowerment »).

Plusieurs pays combinent les approches. Le modèle dit de « flexicurité » ou « flexisécurité », inspiré de l’expérience danoise, combine ainsi faible protection de l’emploi, indemnisation généreuse du chômage, politique d’activation vigoureuse axée sur la formation des demandeurs d’emploi, conciliant alors une réallocation très dynamique des emplois et un fort sentiment de sécurité professionnelle des salariés.