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SAMEDI INTRODUCTION sur la psychothérapie essentielle. La Psychothérapie Essentielle est le résultat de tout un développement qui a commencé dans les années 1970/ 1980, avec différents maîtres bouddhistes qui sont venus en Occident et qui ont rencontrés les psychologues, psychothérapeutes travaillant ici. Il y a eu des colloques, et des groupes de travail et je me suis joins à ce dialogue sur la requête de plusieurs psychothérapeutes qui voulaient en savoir plus du Dharma, c'est-à-dire de l’entraînement bouddhiste pour intégrer leur chemin de psychothérapie dans une vision plus vaste jusqu’à l’Eveil, on va voir ce que cela veut dire. Le souhait des psychothérapeutes est d’avoir une garantie que leur pratique professionnelle amène eux même et leur client dans la bonne direction d’une ouverture qui va bien au-delà de la session thérapeutique et que le travail thérapeutique s’intègre dans une approche globale qui ouvre le cœur et qui se continue dans un travail individuel qui aura un cheminement tout à fait harmonieux pour chacun. Pour les enseignants du Dharma ,enseignants bouddhistes nous avons ressenti le besoin de travailler ensemble avec les psychothérapeutes car nous voyions aussi que les différentes méthodes du Dharma, le mot que l’on utilise pour « entraînement bouddhiste » ne suffisait pas tout à fait pour combler tous les besoins du quotidien, il y avait des gens qui venaient dans nos centres bouddhistes et qui étaient dans des crises émotionnelles, psychologiques et qui avaient besoin d’un accompagnement bien plus fort et plus étroit avec plus de compétences professionnelles, que nous ne pouvions offrir, n’étant pas formés à ça et moi j’ai joué un rôle entre les deux. J’ai une formation de médecin, avec beaucoup de liens entre la psychothérapie et la psychiatrie et dans mes aventures comme étudiant et jeune médecin et avec toutes ces compétences, j’étais dépassé. Donc des besoins de mon coté et besoins aussi de ceux qui viennent vers nous, aussi bien dans les centres du Dharma, ou que cela soit dans un cabinet, le besoin et l’envie des clients qui voulaient savoir « est ce que mon chemin psychothérapeutique

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SAMEDI

INTRODUCTION sur la psychothérapie essentielle.

La Psychothérapie Essentielle est le résultat de tout un développement qui a commencé dans les années 1970/ 1980, avec différents maîtres bouddhistes qui sont venus en Occident et qui ont rencontrés les psychologues, psychothérapeutes travaillant ici. Il y a eu des colloques, et des groupes de travail et je me suis joins à ce dialogue sur la requête de plusieurs psychothérapeutes qui voulaient en savoir plus du Dharma, c'est-à-dire de l’entraînement bouddhiste pour intégrer leur chemin de psychothérapie dans une vision plus vaste jusqu’à l’Eveil, on va voir ce que cela veut dire.

Le souhait des psychothérapeutes est d’avoir une garantie que leur pratique professionnelle amène eux même et leur client dans la bonne direction d’une ouverture qui va bien au-delà de la session thérapeutique et que le travail thérapeutique s’intègre dans une approche globale qui ouvre le cœur et qui se continue dans un travail individuel qui aura un cheminement tout à fait harmonieux pour chacun. Pour les enseignants du Dharma ,enseignants bouddhistes nous avons ressenti le besoin de travailler ensemble avec les psychothérapeutes car nous voyions aussi que les différentes méthodes du Dharma, le mot que l’on utilise pour « entraînement bouddhiste » ne suffisait pas tout à fait pour combler tous les besoins du quotidien, il y avait des gens qui venaient dans nos centres bouddhistes et qui étaient dans des crises émotionnelles, psychologiques et qui avaient besoin d’un accompagnement bien plus fort et plus étroit avec plus de compétences professionnelles, que nous ne pouvions offrir, n’étant pas formés à ça et moi j’ai joué un rôle entre les deux.

J’ai une formation de médecin, avec beaucoup de liens entre la psychothérapie et la psychiatrie et dans mes aventures comme étudiant et jeune médecin et avec toutes ces compétences, j’étais dépassé. Donc des besoins de mon coté et besoins aussi de ceux qui viennent vers nous, aussi bien dans les centres du Dharma, ou que cela soit dans un cabinet, le besoin et l’envie des clients qui voulaient savoir «  est ce que mon chemin psychothérapeutique s’intègre dans ma voie spirituelle ? Est ce que cela va bien ensemble ? Ou est ce que ce sont deux choses qui se contredisent ? »Et puis le besoin du thérapeute lui-même de pouvoir prendre la pratique de psychothérapeute comme un chemin d’éveil, d’en faire vraiment un chemin pour se libérer soi-même, bien au-delà de ce que l’on peut faire dans les thérapies individuelles, un chemin qui continue sur toute une vie.Voilà, ça c’était aux origines, après on a fait en France et en Allemagne, 7 à 8 ans d’échanges avec des psychothérapeutes et les enseignements du Dharma, avec chaque année 4 à 5-6 jours d’échanges pour parler ensemble de tous ces thèmes et de ça est né le souhait de fonder un institut de psychothérapie basée sur la sagesse de l’Orient, du bouddhisme et nous avons choisi le nom « ESSENTIEL » parce que dans ce processus, l’on voulait se défaire de toutes les notions religieuses, qui empêchaient peut être les gens de s’ouvrir à cette approche.

Notre formation est bouddhiste mais notre souhait est de s’ouvrir pour une psychothérapie qui s’oriente vers sur des questions essentielles de l’être humain, le sens de la vie.

Et donc ça fait maintenant déjà 7 ans que l’institut allemand est fondé, nous avons terminé un premier cycle de formation pour des psychothérapeutes « essentiels » avec plus de 400 heures de formation sur trois ans, le deuxième (cycle) est presque fini avec là encore quatorze participants, le troisième cycle de trois ans est déjà plein avant que le cycle ne commence. On

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a commencé maintenant un cycle uniquement pour des professionnels, psychothérapeutes, psychologues et psychiatres avec au moins 1000 heures d’expériences professionnelles, ayant déjà guidé des clients ou 5 ans d’expérience professionnelle et ça c’est déjà beaucoup, et ce cycle dure un an et demi, c’est un cursus un peu raccourci avec moins de 200 heures de formations et mon contact avec Yasmine Lienard a fait que nous avons eu déjà des échanges en France, en Dordogne et puis nous avons pris la décision de commencer ici à Paris et nous avons eu ces 2 WE, c’est le troisième qui débute maintenant.

Nous nous sommes dit que toutes les personnes qui ont un intérêt professionnel peuvent participer car peu à peu on souhaite construire un groupe de ceux qui veulent vraiment s’engager dans une formation plus complète.C’était juste une petite introduction, je ne suis que enseignant du Dharma, je suis professeur de méditation, on m’appelle Lama, c’est un titre pour quelqu’un qui enseigne dans la tradition bouddhiste tibétaine mais je suis aussi formé dans le zen et dans le Vipassana dans la tradition Theravâda avant d’entrer dans le bouddhisme tibétain et en Allemagne, on travaille ensemble avec des enseignants venant de ces différents horizons, ce n’est pas seulement le bouddhisme tibétain, et moi aussi avec vous, je vais à l’ESSENTIEL donc je ne veux pas vous remplir la tête et le cœur avec plein de détails inutiles mais toujours aller à l’essentiel, à ce que je pense, pour que cela soit utile dans votre pratique personnelle et avec les clients.Et maintenant après les 2 derniers WE, comme Yasmine l’a bien dit, le premier était focalisé sur l’essentiel de l’essentiel, la nature de l’esprit : qui sommes nous ( thème : la vraie nature) ? Et le deuxième était focalisé sur le thème de la pleine conscience, l’attention, d’approfondir la compréhension de notre esprit et je vais toujours vous donner des rappels, pour ceux qui n’étaient pas là, vous avez des transcripts des deux WE précédents pour vous former d’avantage, grâce à un travail bénévole.Et là je vous invite à une méditation/contemplation, il est essentiel de se donner de l’espace et faire ami avec le silence, avec le regard intérieur.

Contemplation méditation :

Je souhaite que vous contempliez et que vous preniez dans votre cœur la question : « mais pourquoi suis-je venu ici, c’est quoi que je cherche, c’est quoi mon souhait le plus profond dans mon travail professionnel et sur mon chemin individuel, c’est quoi exactement qui amène mes pas ici aujourd’hui » ?  .Et c’est là-dessus que nous allons partager après . ?Prenez le temps de sentir votre corps……… de vous détendre………. et d’arriver pleinement ici …….Ressentez en vous-même la présence des autres dans cette salle………..Et dans cette détente et ouverture qui commence à s’installer,……… demandons nous ……….quel est mon souhait profond pour ce WE et ce qui vient après ……. c’est quel souhait qui amène mes pas ici………….Et si je devais résumer l’essentiel de ma motivation dans une seule phrase, ça sera quoi ?...........

GONG

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Ce que nous avons partagé là maintenant, c’est souvent aussi ce que nous faisons avec le client quand il arrive en entretien, un instant pour se poser, silence, et se demander : «  j’arrive avec quoi aujourd’hui, quel est vraiment le truc le plus profond que j’aimerai exprimer ? »Ce qui donne un peu le thème et la direction du travail thérapeutique.Aujourd’hui, nous ne sommes pas en session de thérapie, mais nous sommes ensemble pour partager et apprendre ce que pourrait apporter l’approche bouddhiste.J’aimerai entendre vos noms, d’où vous venez, et la petite phrase ou les deux phrases qui résument votre motivation principale.

« Je viens du sud de la France.Ma motivation pour ce WE, dans cette période de ma vie, c’est l’autonomie. Ce mot autonomie pour moi , c’est vraiment accompagner les personnes à retrouver l’autonomie, par rapport aux émotions, de façon à accéder à une joie et à une paix, quelque chose du plus serein, se poser et pouvoir décider dans la vie de façon plus autonome et c’est aussi mon chemin personnel. »

« S’il y a une phrase pour résumer, ça serait agrandir l’espace et ouvrir le cœur, de plus en plus, continuer ce chemin, pour moi et pour les autres. »

« L’expression que j’ai trouvée c’est sentiment de  continuité . »

« Ce que j’aimerai arriver à faire dans la relation aux équipes et aux usagers, c’est arriver à être moins jugeante, moins happée dans des émotions, des jugements qui me rendent moins efficace. »

« J’ai une recherche qui se tourne vers le Dharma de plus en plus, je trouve que l’approche que je reçois ici pour moi est limpide et claire, et vu mon âge, je ne me sens pas partir vers une pratique plus complexe et longue et puis le mot qui me vient c’est cohérence . J’essaie de trouver une cohérence et m’aider à me trouver aussi moi-même, vue que c’est avec moi-même que je vais travailler avec mes patients. »

« J’ai envie continuer mon chemin « d’Etre » avec un grand E, m’approcher toujours de plus en plus de mon cœur, avec plus de justesse. »

« Améliorer le négatif de mes émotions comme la colère, accueillir ce négatif pour le transformer pour moi, mes proches et pour les gens que j’accompagne. »

« Je souhaite mieux guider les gens à se sentir en harmonie dans leur corps et dans l’esprit, pour apprendre plus à les accompagner dans les techniques de méditation, de respiration. »

« J’attends une vraie libération, soulever tous ces voiles, toutes ces injonctions qui font parfois que l’on a une vision du monde étroite . Les précédents stages m’ont permis de faire un lien avec les formations MBCT, MBSR et je transmets à mes patients cette fluidité que je trouve extraordinaire. »

« Je viens pour moi, égoïstement, par plaisir, pour prendre soin de moi pendant 2 jours. Je suis très, très fatiguée et j’ai besoin de reprendre un peu d’énergie pour continuer à avancer et faire des choix dans ma vie future. »

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« Je pratique la méditation et je me sens un peu seule et je suis venue aussi pour ça, dans les centres, c’est bien quand on y est, mais après il n’y a plus personne.T : je me suis permis d’appeler ça : trouver guidance et amitié spirituelle. »

« C’est surtout pour ma pratique professionnelle avec l’idée de réussir à travailler l’authenticité, réussir à me défaire de l’image que je renvoie aux patients et être plus dans une fluidité dans l’accompagnement, plus en cohérence, plus authentique. »

« Je pense qu’il serait important à la fois pour moi et pour la psychologie de mes patients à passer les émotions, à faire corps avec leurs émotions. Je suis avec des gens qui ont un cancer avec des états émotionnels très lourds à gérer, ils se sentent souvent très seuls et moi je ne me sens pas très armée pour affronter ça. »

« Développer l’interrelation avec les gens qu’il y ait quelque chose de la confiance et de l’authenticité qui aide. »

« J’ai besoin de faire un lien entre ma pratique de psychothérapeute et la pratique du Dharma. Je suis persuadée que l’esprit d’éveil, c’est la thérapie absolue ultime et donc voilà je viens avec cette question là. »

« La spiritualité laïque est très présente pour moi et la spiritualité bouddhiste me parle très fort et la phrase qui pourrait exprimer ce que « j’attends » c’est de pouvoir être présente pleinement au patient et ce qui est important pour lui et ce qui est présent pour moi et être conscient de mes difficultés à m’approcher de ce qui essentiel à ce moment là. …. J’aimerais avoir une malle d’outils.

«  Ma motivation c’est surtout d’arriver à faire ce lien entre le spirituel et la psychothérapie et j’ai besoin aussi d’avoir des outils, des choses qui soient plus précises. »

«Cce que j’aimerais travailler ici c’est vraiment cette qualité d’être, cette qualité de présence. Par ailleurs, parfois la souffrance qui s’exprime peut être aussi spirituelle et je voudrai donner cette autorisation aux clients à aller dans cette direction ».

« Ce que je viens travailler ici c’est bien sûr un travail sur les émotions mais aussi sur la bienveillance et sur l’ouverture du cœur. »

«  J’accompagne des gens du corporel au psychologique vers le spirituel mais j’ai besoin aujourd’hui, je m’en rends compte, d’avoir beaucoup plus confiance, de développer cette confiance en mes capacités, et d’être dans ce cœur à cœur, j’aimerai vraiment suivre ce chemin avec cette qualité d’authenticité. »

« C’est le mot essentiel, le lien essentiel fondamental, le lien du cœur, je pense que c’est ça en fait, et donc depuis quelques années, je suis sur ce chemin là, d’aller vraiment vers ce lien qui me correspond profondément et qui m’épanouit. »

«  Ce qui m’est venu moi, c’est « follow your heart »,c’est quelque chose que j’ai entendu il y a des années par un enseignant du Dharma, et j’ai passé quelques années à essayer de comprendre ce que ça voulait dire pour moi, comment ça pouvait se manifester dans ma vie .»

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« Ce qui m’est apparu c’est une expression ce serait la vie pleine, car je travaille avec une population de personnes qui sont en fin de parcours de vie et voir de la détresse, le manque d’amour, la joie « c’est pas trop ça », l’apaisement « c’est pas trop ça non plus », qu’est ce que je fais là, comment je peux leur être utile dans le moment si important de leur vie pour qu’ils puissent partir avec un sentiment de vie pleine et non pas un sentiment de solitude . »

« Le mot qui m’est apparu, c’est « être en paix », avec mes collègues, pour échanger en ayant les mêmes aspirations de cœur et être en paix dans mon travail avec les patients , trop de techniques, de concepts, de séparation avec les patients, je ne me sens pas en paix, pour moi c’est ça, créer un espace de paix. »

« Ce qui me venait c’était en fait trois mots : le mot « source », trouver une source ici dans cet enseignement, je résonnais avec « repère » la source et un ou des repères, et puis je ne sais pas très bien où je vais et où ça va mais ce qui est important, c’est que c’est un chemin.

T : quand j’ai médité sur cette question, c’était le mot «partage » qui venait aussi, partager avec vous, le plus essentiel et le plus bénéfique que je peux trouver dans ma vie, et il y a aussi le mot « amitié » qui m’est venu, partager en amitié et créer à nouveau des amitiés qui vont continuer dans la vie.

Merci pour votre écoute patiente, parce qu’écouter tant de personne se présenter est déjà une pratique. Nous l’avons fait et c’est bien. Et j’aimerais utiliser ce moment pour parler de cette compréhension qui me semble essentielle.

La Bodhicitta

L’Esprit d’éveil est nommé « Bodhicitta » en sanskrit et souvent on traduit « bodhicitta » comme motivation altruiste.La « bodhicitta » c’est, derrière cet esprit d’éveil, de partager ce qui est essentiel, tout ce qui est bénéfique, de le partager avec tout le monde, le plus grand nombre de personnes, de donner le plus simplement pour que ça puisse se répandre dans ce monde. Ça c’est la motivation de base de toute cette formation, de tout ce que nous faisons. C’est à la source, cet esprit d’éveil. Et ce n’est pas la motivation altruiste, je vous explique pourquoi :Nous sommes piégés un peu tous dans des préoccupations personnelles, individuelles. Des fois on appelle ça l’égoïsme parce que « centré sur moi ».Comme remède à ça, on enseigne et on pratique l’altruisme. Mais ce n’est pas encore la solution. Le véritable esprit d’éveil n’est ni égoiste, ni altruiste. Il n’est pas dans un vécu. C’est le « grand nous », vous comprenez ?On est inclu, moi j’en fais partie, et c’est important que je m’occupe de moi, comme plusieurs d’entre vous l’ont dit, vous venez aussi pour vous reposer, vous réjouir, vous faire plaisir d’entrer dans des liens d’amitié pour vous nourrir, pour trouver la source.Cela ne semble pas être des motivations égoistes, ça peut faire partie d’une motivation panoramique où je m’occupe bien de moi pour pouvoir m’occuper des autres, pour pouvoir partager .Le grand esprit de « nous », ça c’est la bodhicitta , et ça c’est la base de ce que nous faisons ici. Le grand « nous » n’est plus un remède, c’est comme cela que pensent les êtres libres de préoccupations personnelles. Ils s’occupent d’eux-mêmes comme ils s’occupent des autres ils

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ne font plus cette grande différence entre moi et les autres. Ils n’essayent pas non plus d’être altruiste, ce qui est un peu artificiel souvent.Mais penser « nous » c’est comme une mère dans la famille, il y a beaucoup de mère ici j’imagine qui pensent pour la famille en s’incluant.Dans notre famille , ce sont les êtres humains , et les animaux, et ce que nous ne voyons pas, les plantes, les montagnes, les vallées , les océans.

Le cœur est venu plusieurs fois dans nos partages. Pendant ces deux jours, pensons « nous » pour le groupe, c’est notre famille pour tout de suite ici. Et chacun de nous combien de connexions nous avons dans le monde ?Avec combien de personnes sommes-nous liés ? donc si je parle à toi (Participante) , tu es liée à des centaines de personnes, à travers toi, il y a un effet sur des centaines de personnes. Donc quand on pense «  nous » dans la bodhicitta on pense aussi pour ceux qui sont affectés par la personne avec laquelle j’entre en relation.Quand je travaille avec mon client dans la session thérapeutique, je travaille dans un « nous » qui est plus que la dyade, la rencontre entre deux. On travaille avec tout ce qui dérive, donc c’est une approche systémique si vous voulez.La bodhicitta est une approche qui prend conscience de l’interdépendance de tout le monde avec tout le reste. Chacun de nous avec le reste du monde.Le « nous », c’est une motivation bienveillante de s’occuper de la grande famille. L’esprit d’éveil bodhicitta s’occupe de ceux qui sont en face et de tous ceux qui sont affectés par les actes que nous faisons. Et il est d’une grande aide de nous rappeler de temps en temps ce qu’ont trouvé quelques chercheurs : Il ne faut que 7 liens , 7 liens de connaissances personnelles, pour atteindre d’ici, n’importe quelle personne sur la planète , des esquimaux ou quelque part au Tibet ou dans l’Himalaya.7 liens suffisent pour contacter n’importe quelle personne sur la planète sans utiliser de téléphone ? juste par connaissances personnelles. Donc vous voyez, ça c’est nous. Pensons large, pensons vraiment  boddhicita, être utile pour la grande famille.Maintenant nous allons faire notre première pause.

La motivation essentielle

Rentrez si possible en silence.Là c’est le bain de communication, et ici c’est un autre bain, on prend un bain dans le silence.J’étais très content de ce que vous avez partagé et c’est étonnant, c’est étonnant.On vient pour une formation sur la psychothérapie essentielle ou un travail sur les émotions, on demande aux participants de dire avec quelles motivations ils viennent vraiment. Vous voyez un peu, vous vous rappelez ce que vous avez raconté ? ça c’est le phénomène que vous allez rencontrer encore et encore quand vous allez à l’essentiel. Une personne vient pour une chose et quand on lui demande pourquoi elle vient vraiment, c’est autre chose derrière.Donc déjà ce que je fais avec vous, c’est une technique trés simple. Vous pouvez noter ça car vous voulez des outils !Première chose : réflexion, entrer dans la présence, accueillir le silence pour pouvoir aller à l’essentiel, et après poser la question, une question, ce n’est pas toujours la même, qui vous permet d’aller à l’essentiel et qui ouvre la porte.Vous voyez, j’ai parlé du « Nous » donc il est évident que moi dans ce que je vous propose, je vais essayer de garder dans mon cœur vos souhaits et vos besoins. D’accord ? Ce sera essentiel pour moi.

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Comme thérapeute aussi et comme enseignant du Dharma, on a besoin de garder dans son cœur les motivations les plus profondes de celui qu’on accompagne. J’ai fais des erreurs dans ce domaine. Les premières années quand j’étais Lama, je pensais que tout le monde venait pour apprendre le Dharma et pour vivre la « Bodhicitta », mais après des années, des fois mes élèves disciples m’ont dit : « Tu sais quand je venais ici, je venais finalement juste pour trouver la joie », ou « je venais pour apprendre à aimer », ou « je me cherchais moi-même ».Et nous on enseignait pleins de choses, mais c’était un peu à côté de la plaque parce que ce n’était pas en phase avec leur recherche essentielle.Et mon expérience est : on peut tirer des personnes un peu sur son côté, sur ce que nous on pense étant le mieux, mais après quelques années , c’est comme un « rubber band », un élastique. Ça revient vers la motivation initiale , essentielle et fondamentale. Il faut toujours s’en occuper et c’est seulement quand on s’occupe de ça que le chemin se développe bien.Le reste c’est un peu à côté, c’est bien, pas mal, mais un peu « pas exactement ça ». Le cœur n’est pas comblé. Donc du fait que je n’arriverai pas à vous combler tous , de mon côté je vous rends la responsabilité, c'est-à-dire chacun de vous, chacune de vous, vous êtes responsables de poser des questions, d’amener des apports dans nos discussions, dans nos échanges, pour combler vos besoins vous-mêmes. Dans la responsabilité et rester fidèles à vous mêmes. D’accord ?Premier point essentiel : encourager chacun que nous rencontrons de rester fidèle à soi même. Et pour ceci il faut savoir ce qu’est notre motivation première, sinon rester fidèle quand je ne me connais pas, pas possible.Donc beaucoup de notre travail va être : aider nous même et les personnes avec lesquelles nous travaillons, de connaitre leurs aspirations profondes, le sens de leur vie, de savoir vers où ils s’orientent. Et comme thérapeute et comme enseignant du Dharma, nous avons toujours cette motivation principale dans le cœur.Toutes nos interventions vont aider la personne à se développer dans cette direction. C’est un peu plus difficile quand il s’agit d’un grand groupe, mais vous avez dû voir, ce n’est pas si différent les uns des autres, vous avez dû vous retrouver au moins dans la moitié des choses qui étaient dites avant ou après. Donc on est quand même un peu sur la même longueur d’onde.Je vais maintenant entrer dans le sujet qui est proposé pour ce week end : les émotions, le travail sur les émotions.

La souffrance et les émotions

Le dharma prend un autre point de vue que la psychologie et la psychothérapie. Tout l’enseignement du dharma vient du point de vue de l’éveil. Ça ne part pas de la maladie ni du problème mais ça part de la découverte de l’éveil. C’est de cette perspective là que l’on regarde ce qui empêche l’éveil. C’est cela que vous trouvez dans les 4 nobles vérités :- la souffrance- les causes de la souffrance- l’éveil qui est possible- le chemin vers l’éveil.Pourquoi est-ce qu’on parle d’éveil ou de s’éveiller ?Parce qu’il y a des entraves ; on n’est pas libre, notre conscience n’est pas claire, notre cœur n’est pas complètement ouvert. Il faut s’éveiller à ce que nous sommes vraiment, ce que l’on appelle le Bouddha en nous, les qualités en nous. S’éveiller à nos qualités inhérentes. Ce qui

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nous empêche de nous éveiller à nos qualités inhérentes (et c’est la tâche de toute approche de guérison et d’éveil), c’est ce qu’on appelle les deux voiles. Le groupe des voiles émotionnels et les voiles cognitifs : ce sont les 2 aspects qui nous empêchent d’être nous-mêmes. Il y a des emprises émotionnelles qui ferment le cœur et l’esprit et qui font regarder le monde en mode « sujet objet », supposition que le monde externe existe indépendamment de nous-mêmes : on appelle cela les voiles cognitifs ;Dans la psychothérapie et dans l’accompagnement, principalement on s’occupe des voiles émotionnels. Il faut que je définisse « émotion ». On utilise un mot de racine latine qui veut dire en mouvement, ce qui nous met en ébullition, ce qui nous agite, c’est un mouvement agité.En sanskrit, on utilise le terme « klesha ». La traduction littérale de émotion, c’est ce qui agite. Donc les kleshas, c’est ce qui nous handicape. C’est une maladie qui me rend incapable de faire ce que j’aimerais faire. C’est ce qui nous plombe, ce qui nous freine, ce qui nous handicape. On ne parle pas des émotions qui ont ce côté handicapant comme la joie, la parole dans notre façon de parler qui exprime la joie, la gratitude, l’amour. Ce ne sont pas des kleshas.Quand on va s’occuper des émotions,on va s’occuper des voiles émotionnels dans le sens : ce qui agite, ce qui handicape. S’il n’y a pas de saisie dans la joie, la joie rend claire, limpide, ouvert. S’il n’y a pas d’identification dans l’amour, elle nous rend tout notre potentiel à disponibilité ; elle nous ouvre, elle nous permet d’être nous-mêmes. La gratitude, c’est pareil. Il y a beaucoup d’émotions qui ne vont pas être traitées comme des voiles émotionnels mais comme des ressources. Il y a une grande différence : ce sont des qualités de notre esprit. Du point de vue de l’éveil, avec le regard de l’éveil, nous avons les qualités qui restent et ce qui disparaît sur le chemin c’est ce qui empêchait l’éveil.Ce qui reste, ce sont les qualités éveillées. Tout notre chemin sera d’amoindrir l’impact de ce qui de toute façon est artificiel, nous bloque et de donner de l’espace aux qualités inhérentes que l’on appelle ressources. Ce qui va disparaître, on appelle cela les voiles, les entraves.Le mot tibétain pour éveil est « sangyé » San veut dire purifier ; gyé veut dire épanoui. Un Bouddha est un sangyé. Un Bouddha est quelqu’un qui a purifié tout ce qu’il y a à purifier et dont toutes les qualités inhérentes sont épanouies. Ceci est le sommet de notre chemin. Nous allons aider nos clients de se sortir, de lâcher ce qui les empêche d’être eux-mêmes et de faire sortir, d’épanouir, vivre pleinement les qualités inhérentes.

On va s’occuper maintenant du processus qui sera toujours la direction de base pour toute la psychothérapie essentielle : faire épanouir ce qui veut être épanoui et purifié c’est-à-dire, donner moins d’importance, moins de nourriture à ce qui nous empêche d’être nous-mêmes. Parfois on ne peut pas tout dissoudre mais on ne veut plus nourrir ces tendances là.Je vais être bref car nous n’avons qu’un we. Derrière chaque mot il y a une montagne d’infos.

Nous allons parler d’une suite de 5 étapes pour faire ce travail. On part sur la base qu’il y a une émotion forte qui arrive, qu’est-ce que nous pouvons faire avec une telle émotion ?

Le Cheminement en 5 étapes   :

1. Première étape : s’arrêter. Stop ; ne plus suivre ; ne pas suivre l’impulsion. Je m’arrête et j’essaie de créer un espace, respirer.

2. Dans cet espace qui est créé par l’effet que je m’arrête, là je peux réfléchir à ce que je veux vraiment. Est-ce que je veux vraiment taper quelqu’un ? Qu’est-ce qui se passe ? Par exemple dans la relation de couple, non je ne veux pas lui faire du mal , je veux me faire comprendre, comprendre l’autre,.

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Dans cette phase, on applique des remèdes. On trouve tous les outils thérapeutiques qui sont de l’ordre de la réflexion, la contemplation, tout ce qui nous pèse, ce qui nous ouvre sur les ressources, les qualités. Par exemple pour la colère : se rappeler les bons côtés de l’autre. Développer de la compréhension pour l’autre et pour soi-même, s’accepter soi-même, faire une prière... Il y a beaucoup de méthodes et on peut appliquer ce que l’on souhaite dans cette phase-là. C’est l’intervention intelligente, sage et bienveillante.

3. Troisième étape : C’est la continuité de la deuxième étape mais ça va plus en profondeur. C’est transformer notre vision des choses, notre regard sur les choses. Qu’est-ce que ça veut dire ? Dans la première étape, le stop : je lutte, j’ai besoin d’une sacré volonté pour m’arrêter et ne pas suivre l’impulsion. Dans la seconde, je deviens un peu plus sage, bienveillant, je peux me calmer, diriger quelque chose de positif, me rappeler de mes motivations… C’est appliquer des antidotes, quelque chose qui m’aide à sortir de l’émotion. Dans la troisième étape, c’est vraiment accepter l’émotion, de la prendre comme une amie ; un regard où je commence à avoir une attitude positive envers le défi. Il s’agit de développer une attitude qui me sort de l’habitude.

Vous savez bien que dans le travail de psychothérapie, vous pouvez donner des outils, des méthodes mais si une personne commence à accepter son problème, sa maladie, le défi de la situation comme un challenge avec une attitude de vraiment vouloir en apprendre quelque chose pour la vie, c’est presque gagné ; c’est le changement essentiel et là, on ne court plus, on n’est plus en train de se battre, on apprend et on peut commencer la recherche des causes , on peut travailler sur le fond. Par exemple : l’aversion contre quelque chose qui me gène mais accepter l’aversion comme un signe important qui me montre des tendances en moi. Développer une autre attitude vis-à-vis de ce qui nous gène, c’est très important pour pouvoir comprendre. La compréhension ne se revèle pas juste en appliquant des bonnes méthodes, des remèdes, des antidotes. Il faut une ouverture à l’expérience et explorer l’expérience. Dans l’approche du Dharma il y a beaucoup d’enseignements à ce niveau-là pour changer notre attitude. Par exemple, voir dans chaque situation notre maître spirituel. On peut aller jusqu’à se visualiser soi-même et les autres qui participent à la situation comme des Bouddhas, des yidams, des divinités. Même moi en colère, je peux prendre contact avec « au fond je suis un Bouddha » et les deux vont ensembles. Se rappeler fortement de nos qualités intérieures et entrer en contact avec l’émotion, le défi de ma vie. C’est le changement de notre regard, de notre attitude radicale : on prend carrément dans le défi le point de vue de l’éveil. Entre le point de vue samsarique où on aimerait fuir les problèmes jusqu’à accepter et travailler avec et finalement arriver à prendre un regard éveillé sur la situation, il y a un grand chemin à faire. Tout cela c’est la troisième étape.

Question d’un participant : P. En psychothérapie dans les émotions, la première étape, c’est l’acceptation de l’émotion elle-même ?T : L’acceptation est avant le stop. Il faut accepter : attention je suis en colère et dire oui à la colère ; cela fait partie du stop. Je dois d’abord accepter que je dois faire stop, que je ne suis plus dans le juste. Quand les patients viennent dans vos cabinets, ils ne sont plus dans le stop. Ils ont pris rendez-vous, ils arrivent pour travailler avec vous sur des méthodes et des changements, des compréhensions profondes.

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4. La quatrième étape est de profondeur essentielle : cela veut dire, voir comprendre la nature essentielle de l’émotion. C’est voir qu’une émotion n’a pas de substance, n’a rien de solide. La colère qui me prend tellement, le désir qui me prend tellement fort que je n’arrive presque pas à me freiner mais j’arrive quand même et je peux tourner mon regard vers l’intérieur et voir ; dès que je regarde, la notion du moi disparaît et l’émotion est introuvable. La nature de l’émotion ne se trouve pas dans toutes les compréhensions : d’où vient l’émotion, la petite enfance, le traumatisme, les tendances habituelles, regarder la vérité en face, tout ceci est encore la phase 3. Voir la nature essentielle : voir sa nature vide. La vacuité, le vide, c’est insaisissable. Voir la nature insaisissable de l’émotion ce qui montre que normalement je n’ai rien à faire pour éliminer l’émotion car elle n’a pas de solidité, elle se dissipe d’elle-même. C’est une découverte que vous avez dû faire devant vous-mêmes ou en accompagnant les autres : vous avez dû remarquer que, il y a des moments où d’un coup, un autre regard s’installe et l’émotion est disparue, elle n’est plus là. La tristesse qui était là avant est partie, la colère qui était là avant est partie. On peut changer dans un seul instant : d’une tristesse en joie ; d’une colère on rigole. Vous avez peut-être eu à des moments des expériences comme cela : cela indique que ni la colère, ni la tristesse a une substance, une solidité. Ça se manifeste très fort mais ces forces sont plutôt vides, autre chose apparaît. Il apparaît un soulagement ; on est soulagé de l’impact des émotions et un état mental exprime ce soulagement après.P. est-ce qu’on peut dire à la limite, avec un peu d’entraînement qu’on pourrait passer de l’étape 1 à l’étape 4 directement sans passer par la 2 et la 3 ?T : on peut. Ceux qui savent regarder la nature d’une émotion peuvent directement regarder. On n’a pas besoin de faire une étape après l’autre. Mais très peu de vos clients sont capables de regarder de cette manière. Ils ont besoin de d’autres outils pour se détendre, ouvrir, regarder, comprendre. Un jour ils pourront regarder sans passer par toutes les étapes.Dans l’étape 4 : c’est libérer l’émotion dans sa nature essentielle.Le Bouddha s’est arrêté là avec la description de ce qu’on trouve dans le karma pali les textes de la tradition « Theravadas » et dans les siècles après lui a été rajoutée une cinquième étape.

5 Cinquième étape : prendre l’émotion comme chemin. Cela ne veut pas dire : et maintenant je peux me mettre en colère et en colère et en colère et c’est mon chemin de libération. Cela veut dire : oui j’accueille, la jalousie, l’orgueil, la peur… Je stimule exprès ces émotions pour chaque fois faire l’étape 4, pour chaque fois regarder dans sa nature pour que ça se libère. C’est un chemin de vouloir accélérer un peu les choses : on gratte, on se stimule, on appuie sur les déclencheurs quand on veut que ça sorte pour regarder chaque fois. C’est une attitude assez active vis-à-vis des émotions et on n’a plus peur, on a vu leur nature essentielle et maintenant on dit : d’accord, allons-y au défi, au challenge. On veut voir chaque fois. Chaque fois on veut libérer l’émotion qui apparaît sans jamais nuire à qui que ce soit, sans la vivre, sans l’externaliser. Ceci s’enseigne dans la retraite des 3 ans et pendant la troisième année et très peu de personnes sont capables de pratiquer ça. Elle nécessite de ne pas être submergé par l’émotion. Normalement, les techniques pour faire ça, c’est de mettre en face les uns devant les autres : se faire des louanges jusqu’à l’orgueil et augmenter les qualités qui sont vraiment là ; après, critiquer à fond sur des défauts qui sont vraiment là jusqu’à ce qu’on puisse toucher l’identification et faire marcher la personne. Ceci est le travail en retraite. Ils appliquent cette méthode et ont un peu de recul et arrivent peut-être à voir l’émotion avant de se faire prendre. Après ils passent à un stade suivant où ils provoquent les émotions chez l’autre pratiquement sans lui dire qu’on est en train de jouer ; et là, ça marche moins bien parce que on se prend facilement au jeu, surpris par une petite attaque !Rimpoché disait qu’ils étaient en train de pratiquer cela dans une retraite et donc pendant la pause, il avait pris tous les bols d’offrande de son voisin et il les a empilés chez lui à côté de

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sa caisse de méditation. Son voisin est rentré en criant : « quelqu’un m’a volé mes bols, où sont-ils ? » Il cherche partout et entre chez Lama Guendune qui a 20 ans à l’époque et il hurle. Lama Guendune riait en racontant. C’était une belle occasion de pratiquer il était vraiment en colère car le premier a fait sortir sa colère et lama Gendune a réalisé qu’il était dans un jeu provocateur et il a fait sa pratique aussi. C’est juste pour vous montrer que c’est délicat. Ce n’est pas le conseil de pratiquer ça avec vos patients. C’est pour avoir une présentation complète du chemin et pour voir jusqu’où on va : plus peur des émotions, plus peur de tout. c’est une sorte de bienvenue et l’occasion de purifier davantage, l’occasion de laver davantage.

Questions.« P : lorsque tu expliques l’étape 5, je comprend que ça va être des situations du présent qui suscitent des émotions ou est-ce que dans cette étape 5, c’est aussi aller creuser pour mettre le doigt sur des émotions refoulées ? »« T : c’est aussi creuser mais tu sais, creuser, mettre le doigt dessus, ce n’est pas encore les prendre comme chemin ; on doit être capable de les libérer ; creuser ne suffit pas ; tout le monde peut creuser. Normalement tu creuses et tu travailles avec l’étape 2 et 3. La plupart des gens doivent faire ça parce que leur regard direct sur l’émotion pour qu’elle se libère sur le coup n’est normalement pas donné aux gens. Même à vous, je ne vous demande pas de faire cela avec vos émotions. Vous pouvez essayez mais ça demande tout un entraînement dans la vision intuitive et pénétrante qui s’appelle « Vipassana » pour développer ce regard. C’est un regard qui regarde vers là où on n’a jamais regardé avant. C’est un regard dans la nature du vécu émotionnel, pas vers l’objet, mais là où on pense qui est émotion. Vous pouvez le faire et ça libère tout de suite parce que l’illusion s’estompe grâce à vous.Est-ce que la première étape semble claire pour vous ? Est-ce qu’il y a des questions concernant la première étape ? »« P : oui, le stop. En pratique avec des patients, pour arriver à ce stop et ne pas être dans l’impulsivité, la réactivité à l’émotion, il faut parfois 1 an ou 2 ans de travail. »« T : oui je suis d’accord. »« P : je trouve que ce qui permet le stop est le travail de la pleine conscience avec les protocoles M B S R ou M B C T ; je pense que la principale avancée de ces protocoles est que les gens apprennent beaucoup le stop : ils s’assoient et méditent avec des espaces de respiration. Les protocoles durent 2 mois et ils doivent pratiquer une demie heure pas jour et là, il y a un déclic, quelque chose avance vraiment chez ces patients quand ils arrivent à faire ce stop. Ils ont beaucoup de mal à s’asseoir pour méditer parce que stopper et regarder l’expérience, ça demande déjà beaucoup de travail. »« T : un travail énorme n’est-ce pas ! Avec ma première femme, on a fait la retraite de 3 ans ensemble dans une cabane dans les bois au milieu de la Dordogne. On avait carrément entre nous un accord : celui ou celle dont l’émotion dépassait un niveau tolérable pouvait dire, stop. Cela voulait dire pour nous 2 que, lorsqu’un de nous disait ça, chacun allait sur son coussin de son côté ; on se séparait immédiatement pour regarder ce qu’il y avait, pour être avec l’émotion et appliquer les remèdes, transformer notre regard et après un quart d’heure, 20 minutes, une demie heure, l’un de nous frappait à la porte : ça va, tu es prêt, je peux entrer ? Non, pas encore ou, oui viens. Et là on pouvait parler, continuer l’échange de manière autre parce que on a fait ce travail entre temps. Mais le stop était le signe d’alarme de notre sécurité. »« P : la plupart du temps, on ne fait pas stop parce qu’on ne se rend pas compte qu’on est guidé par une émotion. On réagit à une agression extérieure, on pense que c’est ça qu’il faut faire. On ne voit pas qu’il y a une émotion qui dirige nos pensées et nos actes. »

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« T : stop est vraiment le début du travail avec l’émotion ; ne plus être impulsif, c’est une prise de conscience et une responsabilité. C’est parce que j’ai ce sentiment de responsabilité pour moi et pour l’autre que je dis stop. Je m’arrête, je ne veux plus nuire, j’évite le pire et c’est limiter les dégâts. C’est là où on se sort des mécanismes automatiques, c’est très important. Vous avez chacun des outils que vous pouvez donner aux patients pour faire stop. Avec chacun de nos patients on va développer l’outil de préférence ; il faut chercher l’outil avec la personne. Qu’est-ce qui va t’aider quand tu t’énerves ? On va faire un accord entre thérapeute et patient : la prochaine fois tu me racontes parce que c’est sûr, l’émotion va arriver pendant la semaine qui va suivre et tu me racontes si tu as pu faire stop et ce que tu as fais dans cette pause, dans ce recul que tu as pu produire ; comment est-ce que tu as pu diriger ton esprit ? On va travailler l’étape 1 et l’étape 2. Ce sera un travail très constructeur.Remarques sur la deuxième étape ? »« P : on accueille souvent des personnes qui tournent avec la colère et n’en ont pas conscience. Avant de dire stop permettre l’expression.»« T : je vais dire stop au refoulement. L’émotion à laquelle je dis stop, c’est l’aversion contre cette émotion. Je dis stop : non, ne juges pas cette émotion comme étant mauvaise, ne juge pas que tu ne puisses pas la vivre et les remèdes : exprime toi ; occupe toi d’une manière à ne pas nuire ; essaye de l’exprimer sans nuire. Pour arrêter un refoulement à l’expression des émotions d’aversion envers l’émotion, le remède est un pardon, c’est exprimer. »« P : quand tu dis qu’il faut trouver pour chacun sa façon de faire stop, tu dis qu’il n’y a pas qu’une voie possible ; il y a comme un apprentissage à l’émotion, c’est bien ça ? »« T : oui, c’est que chacun a des préférences différentes. Par exemple : un va dire, je vais faire stop et je vais respirer 3 profondes respirations. Un autre va dire : dès que je m’arrête, je pose les mains sur le ventre. Un autre va dire : oui je fais stop et je détourne mon regard pour ne pas me fixer sur la personne qui m’agace. Il y aura différentes méthodes. Il faut avec le stop, une méthode, une approche, quelque chose qui stabilise le stop. Dire stop par exemple avec ma femme mais avec le fait d’aller dans sa chambre et de prendre une distance physique. Le stop se combine avec quelque chose qui stabilise le stop. Dans ce recul on peut stabiliser et là, on peut faire un travail un peu plus tranquille. Par exemple : on stoppe en disant, je m’arrête de parler en ce moment, je n’hurle pas et je prend un moment pour réfléchir à l’intérieur. Avec chacun on va trouver sa façon de faire mais on doit être assez précis pour que cela apporte des fruits sinon le stop est trop bref et instable et ça repart tout de suite. Il suffit que la personne soit en face et on se laisse à nouveau emporter car pas assez de recul. »« P : c’est difficile avec des personnes qui n’ont pas l’habitude de la méditation. C’est la méditation qui permet de voir l’émotion, sinon on est sur un mode pulsionnel. »« T : oui mais tu sais vraiment, c’est la capacité sinéquanone sans laquelle ça ne marche pas ; il faut pouvoir remarquer combien on est en émotion. Avec les patients qui ne méditent pas, il faut quand même essayer de développer cette capacité de voir l’émotion, de remarquer la présence de l’état émotionnel. Tu es d’accord ou est-ce que tu vois autrechose, tu vois un autre chemin ? »« P : je dis que c’est difficile. »« T : ben oui, c’est difficile, on ne fait pas un boulot facile. Pour le moment, pour apprendre ce regard très global, tu peux juste le faire avec ta propre émotion, ta propre expérience. Ne pense pas aux clients car tu es médecin et tu fais un travail un peu différemment, pense à toi, aux moments où tu remarques ton émotion avant qu’elle t’emporte et cette capacité de pouvoir dire stop. Tu as à des moments cette conscience n’est-ce pas ? »« P : oui moi je l’ai trouvé grâce à la méditation pleine conscience. »« T : voilà, tu dois probablement proposer aussi à des personnes de développer la méditation, la pleine conscience parce que ça aide énormément. On est clair là-dessus. Méditer, développer la pleine conscience fait partie intégrale de la psychothérapie essentielle parce

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que ça aide énormément. Si on ne le fait pas, on doit arriver avec ses propres moyens de bord de remarquer qu’on est dans l’émotion. Les personnes sont très motivées , elles viennent avec leurs problèmes et on leur dit : quand cela arrive, prend conscience de cela. Et parfois, ça peut prendre un an, deux ans avant de pouvoir dire stop. J’ai la même expérience, je me rappelle d’un jeune français, papa de 5 enfants qui était colérique et son seul souhait était : moi, si je pouvais arrêter de me mettre en colère. Cela lui a pris 2 ans avant d’avoir les premiers grands succès. Ensuite, un succès est tombé après l’autre. La première fois, ça été très long et ensuite il a pu changer et il est devenu plus apaisé. Ça se réalise parfois avec quelqu’un qui a de très fortes émotions mais ça prend du temps. »« P : ça demande de la part des personnes un engagement éthique qui peut-être dépasse simplement un mieux-être, une grande motivation. »« T : ça demande que la personne veut vraiment nettoyer. Surtout pas à ceux que toi tu souhaites que ça se fera (rires). La personne doit être motivée d’elle-même. Ce sont ces personnes là qui vont venir chez les psychothérapeutes. S’ils ne sont pas envoyés par quelqu’un, ils viennent de leur propre gré, ils veulent travailler sur eux et surtout sur leur problème principal. Il faut les aider à appliquer ça. Nous ne pouvons pas dire à la personne qui se trouve en face de nous : écoute, la première étape maintenant, fais stop ; elle n’a pas envie, elle a envie de se mettre en colère, d’être dans le désir, dans la jalousie et elle ne veut pas s’arrêter. Donc on ne parle pas de ça. On parle de personnes qui le souhaitent. C’est la base.»« P : j’ai un peu de mal avec l’étape 2. Pour moi quand on a marqué le stop et qu’on l’a stabilisé, après c’est passer à l’étape 3 pour transformer le regard. A l’étape 2 : appliquer des remèdes, ça me fait penser à une recette. Une fois qu’on a stabilisé le stop, c’est entrer dans la transformation du regard, il n’y a pas d’étape 2 pour moi. »« T : c’est peut-être parce que tu préfères les méthodes de l’étape 3 mais il y a beaucoup de méthodes à l’étape 2. Par exemple, tu as peur du précipice ; tu t’arrêtes quand tu as peur ; là, tu ressens la peur, tu ne cours pas, tu t’arrêtes, tu ressens. La méthode est : tu t’approches, tu t’arrêtes ; tu t’approches un peu plus et tu t’arrêtes à nouveau et tu regardes, est-ce que ça fait vraiment du mal ? tu es encore à 10 mètres du précipice ; tu regardes, est-ce que je suis vraiment en danger ; tu ne transformes pas encore le regard. Tu es en train d’appliquer une méthode progressive.Tu as la colère envers quelqu’un et tu pratiques chez toi à la maison et tu appliques par exemple la méthode de Tonglen : inspirer, s’ouvrir pour ce qui vient de l’autre de la souffrance, le ressenti de l’autre et tu t’ouvres dans le partage avec l’expire ; c’est une méthode qui s’applique à la deuxième étape ; la compassion est un remède pour la colère ; la compréhension est un remède pour la colère.Pour la jalousie : pratiquer la réjouissance : se réjouir, être content que l’autre est heureux pour enlever la rivalité. La rivalité la jalousie ne peuvent pas être maintenues quand on commence à se réjouir pour l’autre. On appelle ça les remèdes et il y en a beaucoup qui sont très précieux. Peut-être tu les classifies déjà dans la troisième étape : transformer un regard. Ce sont des remèdes qui sont encore basés l’idée qu’il y a une émotion à enlever, à dissiper, qu’il faut faire quelque chose contre ou diriger l’esprit ailleurs.La troisième étape est un regard qui accueille complètement l’émotion, qui commence à l’explorer, de voir qu’elle n’a aucun pouvoir nuisible en elle. »« P : il faut dire que les thérapies cognitives et comportementales , elles ont un avantage, elles sont pédagogiques et très utiles au niveau des outils. Avant l’étape du stop, observer l’expérience. »« T : c’est l’étape 2. Tu peux observer l’expérience seulement quand tu as déjà fais le stop. Ces thérapies sont presque toutes de l’étape 2. Quand tu commences à regarder dans

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l’émotion et à appliquer les méthodes cognitives et comportementales, ce sont déjà des remèdes. »« P : j’entend bien. Par exemple, écrire les pensées, l’émotion, les sensations comme dans la colonne de Beck. »« T : tu fais stop et après, tu peux écrire. Sinon tu ne pourrais pas écrire, tu es dans l’émotion, tu vas crier. »« P : je pense que souvent on a à faire de la pédagogie car des personnes viennent sans avoir conscience que ça peut avoir un lien avec les émotions. Faire le lien avec la situation difficile de vie et l’amener à prendre conscience. »« T : cela vient avant, c’est la psycho éducation. »« P : je crois que ce sont des étapes qui s’enchaînent et parfois se chevauchent un peu. On peut dire à la personne : ne changez surtout pas , observez, mais on crée les conditions pour que la personne puisse se voir faire et avoir cette motivation pour faire stop après. Dans l’étape 2, il pourrait avoir encore un élément de ce qui permet le 1 : si je continue à crier comme ça, qu’est-ce qui va se passer ? »« T : voilà cette réflexion est juste. »« P : je voulais réagir par rapport à ce que tu disais ; les gens qui viennent en psychothérapie ont envie de faire ce travail, ils sont motivés. Certains sont attirés par leur vraie nature mais quelques-uns ont des résistance et des défenses qui sont fortes. Je me pose la question : faut-il parfois être moins exigeant et s’arrêter à la troisième ou deuxième étape parce qu’ils ne se sentent pas prêts à aller plus loin ? »« T : je suis tout à fait d’accord. »« P : on a tendance à avoir envie qu’ils guérissent totalement mais parfois il ne vaut mieux pas. Ils viennent pour faire un travail peut-être cognitivocomportemental en surface mais il ne faut pas aller plus loin. »« T : mon expérience est pareille. Nous allons travailler les premières trois étapes avec les clients. Normalement les étapes 4 et 5 ne font pas sujet de psychothérapie. Même dans les longues retraites de méditation, on essaie de travailler la 4 mais on n’arrive pas à la 5. Je vous en parle parce que, à des moments c’est possible et quand cela arrive spontanément qu’une personne a vu la nature essentielle d’une émotion, elle est partie comme ça et nous, on comprend de quoi elle parle. On dit : tu vois là, tu as vu que ta colère n’avait aucune substance, elle est partie comme ça sans laisser de traces, regarde ; et normalement on lui donne tant d’importance comme si elle pouvait diriger nos pensées, nos paroles, nos mouvements alors qu’en elle, elle n’est rien. Du fait que nous, dans notre formation, on commence à comprendre les étapes 4 et 5 ça peut nous aider à des moments de guider d’autres personnes. En travail thérapeutique, ce sont les étapes 1 2 3. C’est rare de pouvoir amener la quatrième étape. Pour le faire, il faudra que la personne ait une émotion forte dans la cession thérapeutique, à ce moment on arrive à la guider à ce regard intérieur. »« P : il ne faut pas forcément provoquer ça. Il faut respecter les défenses.»« T : non ils en ont assez ; il faut toujours respecter ; ce n’est pas notre programme ; on ne va pas faire notre programme sur le patient. On sait que c’est une description, comment les choses évoluent assez naturellement. Les étapes ne se suivent pas logiquement toujours de 1 à 5 mais il y a dedans une certaine progression, c’est clair. »« P : si on essaie parfois trop vite de faire lâcher les résistances, les émotions se transforment en rumination. Il faut effectivement aller très doucement et être dans cette écoute et trouver un équilibre, ne pas aller trop vite. »« P : en réfléchissant, ce que je comprend c’est que le stop n’est pas stop à mon émotion, c’est stop à un comportement : je vais crier, je vais taper, donc stop à ce comportement et donc, on va pouvoir passer à l’étape 2 : qu’est-ce qu’il y a sous ce comportement ? Je découvre qu’il y a une émotion et après, qu’est-ce que je peux en faire ?

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T : ceci est une grille extrêmement vaste

Le processus des 5 étapes est une grille extrêmement vaste. Ce que je voulais vous présenter aura toujours cette qualité de nous amener à un regard très large sur les choses. Vous pouvez classifier les différentes approches thérapeutiques, les différentes méthodes là-dedans. Vous trouverez qu’il y a différents éléments et cela amène un regard très, très vaste sur le travail que je peux faire avec une émotion.Quelle serait l’émotion à travailler dans votre phase de vie maintenant : est-ce l’orgueil, la peur… Réfléchissez et regardez, à des moments cette émotion nous emporte, c’est pour ça qu’elle pose problème car elle est plus forte que notre pleine conscience pour le moment ; mais dès que je la remarque, je peux peut-être trouver un moyen d’arrêter ce processus et de me tourner vers quelque chose qui me fait du bien, appliquer quelque chose qui me fait du bien. Vous faites le lien avec votre émotion préférée là tout de suite ? Même si c’est l’épuisement, même là vous pouvez appliquer ces étapes : transformer le regard. Même l’épuisement n’est pas négatif, ça peut m’adoucir, m’aider à ouvrir le cœur. Appliquez les étapes à votre propre émotion, celle que vous avez choisie. Cette grille vous propose un grand cadre de travail : j’ai différentes possibilités. Où est-ce que j’en suis ? Je suis même pas au stop : respire, accepte, qu’est-ce qui te fais du bien – c’est le remède ?Ce qui me ferait du bien : c’est de poser mon intention là-dessus maintenant, sur une qualité, ou juste être dans la simplicité.Maintenant, je regarde à nouveau l’émotion : qu’est-ce que tu as à me dire ? En quoi es-tu mon amie, chère émotion ? Est-ce que tu veux me montrer le miroir ? C’est la troisième étape. Transformer le regard, c’est prendre l’émotion comme un prof : qu’est-ce que tu veux m’enseigner ? O K : est-ce que j’accepte le message ? Est-ce que je suis prêt à suivre cette consigne ? J’ai des choses à apprendre. C’est naturel, si je n’avais pas des choses à apprendre, je n’aurais pas cette émotion. Donc on peut dire que l’émotion me montre un blocage, là où je ne suis pas dans la fluidité de l’être. J’ai donc à apprendre pour retrouver la fluidité. On peut aller plus loin.Et maintenant : où es-tu ? Où est ce vécu émotionnel ? On tourne le regard vers l’intérieur : je n’arrive pas à cerner mon émotion ; c’est intéressant ; Si je reste avec le regard sur cette nature insaisissable, l’absence de lieu de couleur de forme etc, ce qu’on appelle l’émotion, là je n’arrive même plus à la rattraper, il faudra la recréer ; il faudra restimuler l’émotion car elle est partie.A la cinquième étape, on peut se demander : est-ce que je serais prêt à reconfronter cette émotion pour à nouveau regarder dedans ? Est-ce que je suis prêt à la prendre comme chemin ? Ce sera déplaisant, ce sera un challenge.Je trouve que parmi tout l’enseignement Bouddhiste que j’ai étudié que c’est le meilleur sommaire du travail avec ce qu’on appelle les émotions qui nous enchaînent. Je vous rappelle : on parle ici des émotions qui nous agitent, qui nous rendent infirmes, pas des autres. Il n’y a pas besoin de faire ce travail avec la joie.« P : au tout premier enseignement auquel j’avais assisté, justement on parlait de toutes ces émotions, j’avais posé la question concernant la joie ; on m’a dit qu’on en parlait comme d’une qualité.T : c’est ça. »

Méditation   : «   c’est comment d’être   ?   »

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D’abord ressentir le corps, ça veut dire vivre pleinement le ressenti physique, les sensations physiques en commençant par les pieds, les plantes de pieds, en découvrant les différentes sensations physiques dans le bas du corps et en montant jusqu’au sommet de la tête, en incluant le haut du corps, les bras jusqu’au doigts. Et puis on tourne notre attention sur la question : « et c’est comment exactement de vivre ces sensations physiques ? »« ça se ressent comment ? » et puis «  c’est comment d’entendre, de vivre l’expérience d’entendre des sons, des bruits ? »Ressentir, entendre et puis maintenant voir tous les trois ensembles. « C’est comment voir » ?Voir, entendre, ressentir et maintenant sentir, les odeurs, les parfums. Et peut être il y a encore un goût qui reste des saveurs de notre repas. Goutez. C’est comment d’être pleinement présents avec ces cinq sens extérieurs complètement ouverts ? Et qu’est ce qui se passe dans l’esprit en même temps ?Bien sûr il y a toute ces perceptions. Est-ce qu il y a des penséees qui rentrent avec ? L’esprit est actif. Comment est il actif à ce moment ?Quels sentiments est ce que je peux ressentir ?Et c’est comment d’être là ?C’est comment d’être là maintenant ?

Parmi les anciens, les anciennes, vous avez reconnu la méditation ? Qui d’entre vous serait capable d’écrire pour ceux qui n’étaient pas venus, la petite structure de ce qu’on vient de méditer, on appelle ça notre méditation de base c’est une  méditation de pleine conscience qui sert comme base pour tout le reste, pour vos explorations intérieures. S tu es capable de le faire ?S : le débutT : on va t’aiderS : la première étape ça va, conscience du corpsT : conscience du corps, très bien, première étapeS : tu nous as fait les 5 sens, le corps puis les 5 sensT : oui j’ai fait les 5 sens, et tu te rappelles de l’ordre ?T : oui ça c’est le premier c’est le corps, le corporel, en montant des pieds jusqu’au sommet de la tête. Là on peut inclure un body scan, on peut faire comme vous connaissez déjà la pratique de méditation.Et puis je vous ai demandé quelque chose pendant cette phase de méditation c’était ?...S : comment c’est T : oui, toujours je vous ai demandé « comment c’est ? ». Ça c’est la question clef pour changer du quoi vers le comment. Beaucoup de gens quand ils méditent font une méditation de pleine conscience et s’arrêtent à l’observation des faits, c'est-à-dire qu’est-ce qui se passe. Mais beaucoup plus important pour notre façon d’être dans le monde c’est toujours se demander comment c’est. Parce que c’est le comment qui va créer notre réaction. C’est du comment que je vais interagir avec le monde.Et tu nous fais rapidement les 4 sens extérieurs qui manquent encore. Le deuxième c’était…S : le sonT : oui, le 2. Tu te rappelles pourquoi on continue avec l’ouïe ?S : j’ai pensé que l’on continuait avec l’ouïe parce qu’il y avait le chauffage qu’on entendait beaucoupT : oui, ça aurait été une bonne raison ! Beaucoup de gens commencnte à méditer avec les yeux fermés.

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Vous l’avez fait peut-être aussi ? D’abord le corps, après l’ouïe, l’ouïe est très simple parce qu’on voit bien que le son vient et il passe, on voit bien la fluidité de la perception. C’est plus facile qu’avec le regard, c’est pour ça que je commence avec l’ouïe. Troisième ?S : le regardT : quand dans la vision, la vue, dans notre regard il y a quelque chose qui bouge c’est très facile de voir qu’il s’agit d’un processus, mais quand c’est statique, les gens ne bougent pas, on a l’impression qu’il y a juste le fait de voir et on ne remarque pas tout de suite qu’il y a un processus. Quatrième ? Cinquième tu sais ?S : on a fait les odeurs et les parfums, le goût.T : voilà, odorat et goût. Et toujours la même question, comment c’est ? toujours. Toujours se tourner, par exemple, ouhais « Je sens une rose, je sens les sueurs de moi-même », mais c’est comment de sentir ça ? Ça fait quoi en moi ? Ça c’est le plus important. Parce que c’est ça qui structure nos réactions, notre interaction avec le monde,Et alors pour le sixième sens ? comment fait-on pour introduire ça ?S : tu vois ce que j’ai entendu, retenu, mais je ne sais plus dans quel ordre, c’était, en tous cas il y avait dans quel état intérieur je suis et quelles sont les pensées qui sont associées ?T : voilà, normalement je fais dans l’ordre, d’abord les mouvements, ça c’est le sixième sens, le sixième sens c’est le sens mental, tout ce qui se passe dans l’esprit, sans nécessairement avoir une base dans les 5 perceptions extérieures. Le sens mental d’abord c’est qu’il y a de plus facile à voir ce sont les mouvements mentaux, des pensées, des réflexions, des images. Des sons, des mélodies qui apparaissent ça c’est facile à percevoir. On appelle ça les mouvements mentaux, souvent c’est juste appelé pensées, au sens très large. Et puis le dernier aspect que tu viens d’énoncer.S : les humeurs intérieuresT : c’était les humeursS : les états d’êtreT : les états d’être, les états d’âme, les états intérieurs, c’est le deuxième aspectS : c’est sept ?T : non ça fait partie de ça. C’est dans une autre école bouddhiste que ça fait sept ! (rires)S : humeur intérieureT : oui, c’est les sentiments de base, par exemple vous pouvez vous sentir fatigué, ça serait normal après un repas, après la matinée de se sentir fatigué, mais la fatigue n’est pas vraiment un mouvement mental facile à cerner mais on la ressent très fort comme une humeur, un état d’être, on pourrait aussi être un peu irrité, un peu énervé, et ça ça produit des mouvements mentaux mais c’est comme quelque chose de sous-jacent, qui est toujours là, bon, là on cherche pour, et je me sens comment là ? C’est quoi ma façon d’être là ? Est-ce que je suis ouvert ? Fermé ? Est-ce que je suis intéressé ? Ennuyé ? Après ça lance des pensées mais c’est un peu derrière les pensées. Donc toujours c’est comment d’être. Je te remercie Sophie, est-ce que tu as encore des choses à ajouter ?Donc ça c’est la structure qui a été proposée il y a 2500 ans par le Bouddha. Ça s’appelle satipatana. D’accord ? sati vous avez entendu, ce qu’on appelle mindfulness, la pleine conscience. Et il y a eu 4 enseignements clefs que le Bouddha a donné, le satipatana, le mahasatipatana, anapanasati, et kayagata- sati, c’est sur le corps le dernier et toujours en suivant la même structure. En commençant avec le ressenti physique, en allant, en traversant les différents sens, les autres sens, avec tous les mouvements mentaux et puis l’esprit lui-même, ça c’est ça l’esprit lui-même, et puis la question comment c’est et c’est ce qu’on appelle l’attention au dharma, de réfléchir aux causes et conditions parce que d’abord je ressens comment c’est, et après

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j’ai arrêté là et la prochaine question pourrait être et comment c’est devenu ainsi ? C’est comment quand mon esprit s’est pacifié ? Et c’est comment quand mon esprit s’agite ? Et c’est comment quand il est fatigué ? Et c’est comment quand il est ouvert ? Et ça le Bouddha…

T : Les mots des sutras, il y a le sattipatana sutta, mahasattipatana sutta, ahnapanasatti sutta et kaya gata. Et j’en ai traduit trois sur les quatre qui sont aussi disponibles en français, j’ai fait les traductions dans les trois langues. Sur mon site, vous regardez. (awakening to sanity)La structure sera donc après de réfléchir et là le Bouddha nous amène dans une recherche des quatre nobles vérités. Comment un esprit étroit est devenu étroit, comment un esprit libre est devenu libre. Cause et condition. Qu’est-ce qu’on peut faire alors pour ouvrir le cœur ? Et qu’est-ce qui fait que le cœur se ferme ? Donc ça c’est l’exploration que nous allons faire aussi avec nos clients, c’est le travail thérapeutique par excellence. Et pour nous mettre nous même et mettre nos clients dans une réceptivité, c’est bien d’avoir des petits éléments de calmer, alors regardez, je me sens comment ? Et s’il ya question d’une émotion parce que là je vais revenir sur les émotions, « ah oui tu ressens de la colère, tu ressens de la colère quand ton conjoint il te dit des choses » et tu dis pourquoi et pourquoi il dit ça ? Non on ne va pas s’intéresser à ça, et c’est comment de ressentir cette chose ? D’abord amener plus profondément dans le ressenti. Et ça c’est la même pratique depuis 2500 ans, c’est, et c’est comment ? C’est comment d’être en colère ?

Et après les sentiments derrière la colère, qui accompagnent la colère ? Tout ça ça va sortir. Et on voit, oui bien sûr, ce que dit le conjoint, c’est le déclencheur. Mais il y a beaucoup en moi qui réagis à ça, et je réagis avec bien plus que juste l’émotion à la situation. Il y a un cumul d’expériences de ma vie qui me fait réagir avec cette colère et il y a des colères de l’enfance qui s’ajoutent il y a des déceptions, des tristesses, il y a des attentes et tout ça quand je demande comment ? C’est la question qui ouvre la porte pour toujours ressentir plus. Le quoi ? précise, nous fait revenir mais ça ferme un peu la porte. Ah oui, c’est la colère, et quand je dis mais comment est cette colère ? La personne doit à nouveau regarder ah oui mais c’est chaud c’est dur, elle est un peu triste cette colère. Elle découvre, elle découvre plus. Le comment ouvre. On a bien vu ça la dernière fois, ça c’est une répétition pour nous tous et pour vous inclure dans le jeu. Et maintenant nous allons appliquer ça aux émotions clefs avec les 5 étapesP ? : Simplement une précision dans le sens mental entre est-ce qu’il y a une interdépendance entre. Est-ce que ça va dans les deux sens, mouvements mentaux entrainent état d’âme mais également humeur entraine les pensées ?T : C’est ça, regarde par exemple je suis là et je médite et je me sens un peu irrité. C’est bizarre je ne sais pas d’où vient cette irritation. Je vais rester avec, je vais laisser le jeu des associations se faire librement. Restons avec le sentiment. Et du coup va jaillir un souvenir, ah tiens, ce matin, au petit dej…Ce coup de téléphone qu’on m’a donné, cette nouvelle, ou quand on m’a demandé ça ça m’a agacéEt depuis sans savoir je traîne cet état d’âme. Donc un mouvement mental, une émotion claire qui a produit de l’humeur, un état d’âme qui sera tout à fait capable de reproduire des pensées similaires, des actions, des colères, et à ce moment je serai rapidement énervé, donc toujours aller autour entre les deux

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P ?: excuses-moi, pour être vraiment précis dans le modèle de la détresse émotionnelle c’est bien effectivement il y a bien d’abord un mouvement mental qui se transforme, qui entraine un état d’âme qui lui-même peut surajouter des ruminations etc.T : tout à faitP ? : Un mouvement mental d’abord qui est sous jacent qui peut être à fleur de notre conscienceT : vous avez des mouvements mentaux qui préexistent à chaque sensation physique, à chaque chose qu’on entend, à chaque objet vu, à chaque chose qu’on éprouve, nous avons toujours des mouvements mentaux et qui ne restent pas des mouvements mentaux parce qu’il ya un jugement qui vient avec, j’aime ou je n’aime pas , ça m’est égal, qui crée, qui influence l’état d’âme, c’est-à-dire le sentiment de base, est ce que je suis là de manière fermée, est ce que je suis là de manière ouverte. Ces mouvements là avec le sentiment de base qui sera créé en réponse à tous les différents vécus sensorielsP ?: cybernétiqueT : cybernétique, vous allez voir que le dharma décrit notre vie d’un point de vue cybernétique, ou systémique, toujours. Tout a une influence sur tout le reste. Il n’y a rien qui est sans influence sur l’autre, on appelle ça l’interdépendance dans le jargon bouddhiste, l’interdépendance de toute chose .

Ok, maintenant pour vous dire un peu ce que l’on va faire ce week-end. Je vais vous donner l’essentiel de ce que je fais normalement sur 5 jours, mais on ne va pas pouvoir le faire avec la même profondeur, mais ça nous donne déjà des pistes de réflexion, ça touche peut-être à des compréhensions, et ce que je vous propose c’est que je vous explique maintenant les 5 groupes d’émotions principaux et qu’ensuite nous allons regarder comment les 5 étapes que nous avons vues ce matin se travaillent avec les différentes émotions. Pour bien connaitre l’application de ces 5 étapes sur les grandes émotions du monde.

Les 6 émotions de base

On se base sur les textes écrits dans la langue Pali, textes tirés du Theravada. On parle de 6 émotions présentes qui sont les 6 émotions de base d’où viennent les autres. Il faut savoir que la langue Pali est écrite pour la première fois 70 ans avant Jésus-Christ. Les 3 4 premiers siècles de la transmission étaient orales. La transcription des enseignements a pris 30 ans. De 70 ans avant Jésus-Christ jusqu’à 40 ans avant Jésus-Christ, sur des feuilles de bananiers, ils ont commencé à écrire les enseignements. Le canon sanscrit a vu le jour un demi siècle plus tard ; le Pali est le plus ancien. Mais la tradition dans laquelle j’ai appris , c’est la tradition qui se base dans le sanscrit mais je connais les 2. Juste pour vous dire que le Bouddhisme tibétain, ce n’est pas du Bouddhisme tibétain, c’est du Bouddhisme indien du 8’ème 9’ème jusqu’au 11’ème siècle qui était transporté en passant par l’Himalaya jusqu’au Tibet : tout vient du sanscrit. Il n’y a pas vraiment eu d’innovation faite au Tibet. C’est le dernier développement du Dharma du Bouddhisme en Inde avant les 3 vagues d’invasion Islamiques qui ont à l’époque, détruit toutes les universités Bouddhistes, qui ont brûlé les textes et il en restait très peu à partir du 13’ème siècle. Il n’y a pas eu de développement Bouddhiste en Inde après cette date là. Après, il y a eu les pays du sud comme la Birmanie, la ThaÏlande, le Srilanka, le Laos, le Tibet, la Chine, le Japon, la Corée, le Vietnam où le développement Bouddhiste a continué tandis qu’en Inde, c’était presque éteint. Ce que je vous donne : c’est l’essentiel de ces différentes traditions.Normalement les 6 émotions de bases :

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Le désir et l’attachement, l’aversion colère haine, l’ignorance manque de conscience peur, l’orgueil, les doutes, les vues. Je vous explique les deux dernières.

-Doutes : Ca ne veut pas dire un doute constructif parce que la personne peut se poser des questions et c’est une bonne chose, cela n’est pas une émotion. Ça c’est un questionnement de chercheur tout à fait normal. Il faut avoir ce genre de doute pour mener une recherche et amener à une exploration. On parle ici du doute névrotique : un doute sur notre propre expérience, sur nos propres compréhensions, un doute qui me fait tourner en cercle et qui fait que l’on n’arrive pas à apprendre. On doute toujours parce qu’on a envie de douter, douter parce que, on n’arrive pas à une certitude et ça, ça fait des blocages émotionnels à tout cheminement spirituel et donc, on ne peut pas construire sur ses propres expériences. Vous trouvez des éléments de cela en vous-mêmes : parfois vous avez des expériences très claires, très lucides, très limpides et vous en doutez quand-même. Ça, c’est le côté névrotique. On ne se fait pas confiance soi-même, pas confiance en sa propre clarté.

-Les vues : c’est encore autre chose. Pour ceux qui connaissent un peu le Dharma, il ne faut pas traduire vue erronée. Le Bouddha appelait toute vue, toute opinion un obstacle pour l’éveil. Très important ! Nous sommes dans une approche qui va au-delà des vues, au-delà des opinions pour trouver ce qui est sans avoir un préavis. Tous les préavis, toutes les vues, tous les opinions font obstacles et parmi les opinions qui font obstacles, il y a des vues et des opinions carrément erronés qui font des sous catégories. Même la vue que l’on peut atteindre la Bouddhéité, même cette phrase là est erronée. C’est une prise de position. Qui est ce « on, je, toi » : il n’y a pas la personne qui va atteindre un éveil, la Bouddhéité. C’est quoi la Bouddhéité. On n’arrive pas à trouver de quoi on parle. Si quelqu’un dit : « je suis éveillé », c’est un non-sens complet ; d’accord ?De ce point de vue, toutes ces prises de vues sont erronées, elles font obstacles à la vision directe des choses. C’est pour ça que le sixième facteur est appelé doutes et vues. Ils jouent un grand rôle dans notre cheminement du Dharma mais d’un point de vue émotionnel, ne jouent pas un grand rôle. Les gens ne vont pas venir chez vous en parlant de leurs problèmes de doutes et de leurs problèmes de vues, c’est très très rare. Les gens viennent parce qu’ils ont des problèmes de colère, agressivité et difficulté de se contrôler. Ils viennent avec des problèmes de désir, de vouloir vivre quelque chose, des impulsions obsessionnelles de vouloir se libérer de ça, se libérer de l’addiction et tout ce qui tourne autour du thème du désir. D’autres viennent avec des problèmes narcissiques mais ce ne sont pas eux qui vont le dire, ce sont nous qui vont les voir. Tous ces thèmes sont des problèmes d’orgueil.Se sentir seul parce qu’on se sent tellement mieux que les autres, sous-estime et surestime de soi sont de la thématique de l’orgueil. La comparaison avec l’autre soit en mieux, c’est de l’orgueil évident ; soit on est pire que tout le monde et on y arrivera jamais, c’est l’orgueil inversé.La thématique de la jalousie : ambition, rivalité, comparaison avec l’autre, jamais content, insatisfait ; insatisfait de la vie ; rivalité entre sœurs, frères etc.Certains arrivent avec un mal-être indéfini : on appelle ça ignorance, manque de conscience ; c’est le terme central qui est traduit dans les textes par ignorance. En sanscrit, c’est « Avidya » . Vidya c’est comprendre, être conscient savoir. Le « a » en sanscrit n’est pas la négation directe qui fait « i» gnorance mais ça veut dire souvent : manque de. Là où il y a un manque de conscience émotionnellement, qu’est-ce qu’il y a ? Quand il y a manque de compréhension, il y a la peur. L’expression clé du manque de conscience, c’est la peur. On dit qu’il y a bien sûr une peur derrière la colère : la peur de rencontrer le désagréable, la peur

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que le désagréable continue. Il y a de la peur derrière l’orgueil, est-ce que vous voyez tout de suite ? C’est la peur de ne pas être respecté. La peur de se sentir mal, des comparaisons avec les autres, l’estime de soi ou surestime et sous-estime.La peur derrière le désir : le désir veut vraiment quelque chose. La peur qui l’accompagne et la volonté, c’est la peur de ne pas obtenir ce que l’on souhaite. Les deux s’accompagnent toujours.Vous voyez la peur dans la jalousie ? Il y a la peur de ne pas avoir ce que les autres ont, la peur d’être laissé derrière, la peur de ne pas arriver à faire les choses aussi bien que d’autres, la rivalité, l’ambition. C’est pour ça qu’on dit que le manque de conscience, la peur se trouve partout, dans toutes les émotions. La peur alimente tout. Par votre introspection si vous avez le temps, regardez. Est-ce qu’il y a une émotion qui vous bloque ? Il y a toujours des traces de peur. Ceux qui ont étudié le Dharma, vous voyez que la peur fait absence dans les écritures ; on en parle très très peu parce qu’elle est omniprésente ; c’est cette angoisse de base, c’est cette angoisse de vivre, la peur d’exister, de ne pas exister ; c’est pour ça que c’est appelé « i» gnorance. L’ignorance de base : ce n’est pas savoir qui je suis quand j’arrête la pensée, quand je ne contrôle plus. Qui je suis quand je ne contrôle plus ? Qui est-ce que je suis quand je ne suis plus en contact, quand je n’ai plus de confirmation de mon être par le contact sensoriel, par la pensée, par le mouvement ? Qui est-ce que je suis quand je meurs ? ça c’est la peur existentielle qui est derrière les autres peurs qui sont derrières les différentes émotions.Quand je dis, dans les textes Bouddhistes, je ne parle pas de la deuxième troisième génération de littérature, je parle des textes racines qui sont écrits en pali, en sanscrit, chinois, japonais ; je parle des textes de la base de la tradition… On en parle très peu mais suffisamment pour que ce soit clair que l’ignorance, c’est la peur. Je vous donne un exemple : quand un enfant descend dans la cave qu’il ne connaît pas, là où il fait sombre ou si au cours d’une promenade, on rencontre un grotte et on a envie d’y aller, quand ça devient vraiment sombre, on s’arrête, on ne veut plus aller plus loin et pourquoi ? Parce qu’on ne voit pas. On n’est pas sûr de ce qui est là. Quelle est la meilleure façon pour faire disparaître la peur. ? c’est la lumière. Donc il faut voir, il faut une torche. C’est la même chose avec notre conscience. La peur va disparaître quand il y a la pleine conscience qui entre dans les zones de mal-être. C’est là que l’on commence à être à l’aise, là où la pleine conscience commence à pénétrer dans les ombres et là, les ombres ne sont plus ombres. Elles vont être comme illuminées. Il y aura la lumière de la conscience. Même la peur, si je m’arrête et me questionne : « c’est comment d’avoir peur ? » Je commence à mettre ma conscience dedans, je constate que ce n’est pas si grave que ça, c’est vivable, je ne meurs pas encore. Je commence à me sentir plus à l’aise parce que je prends le temps d’y aller en pleine conscience. Ceci est le principe de la psychothérapie, c’est le principe essentiel. Nous amenons la conscience dans les zones d’ombre pour que ces zones d’ombre viennent à la lumière de la conscience.« P » ?cette métaphore de la grotte est très intéressante. Quand on allume la lumière dans une grotte, c’est qu’on a peur d’un danger réel. On a peur des serpents, un ours… Les patients sont persuadés que, s’ils mettent de la lumière, il va y avoir des dangers réels et en fait, pour l’émotion, il n’y a pas de danger réel. »« T : je ne sais pas si le danger réel d’un ours n’est pas plus réel que le danger d’une émotion. Tant qu’il y a la lumière, on peut voir si il y a danger. Je ne dis pas que le danger est disparu. Dans la colère, dans l’orgueil, dans chacune des émotions, il y a danger. Si je continue avec l’orgueil, je me trouve tout seul dans ma tour d’ivoire, vraiment tout seul et la vie se terminera en tristesse.Le danger dans la jalousie, danger dans le désir, danger dans la colère, oui il y a des dangers surtout quand il n’y a pas la conscience qui va avec. Plus il y a la conscience qui va dedans, plus on va comprendre les mécanismes, plus on verra où sortir, quelles méthodes appliquer,

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ceci est votre travail de thérapeute. Mon job est tout simplement de vous montrer les grandes lignes pour simplifier. Nous amenons de la lumière où il n’y a pas de la pleine conscience.« P : tout le travail avec les traumas, c’est ça, on se rend compte que l’on peut mettre de la distance. peur d’y aller voir, on peut mettre de la distance quand on peut aller voirCe principe –là, vous pouvez l’appliquer maintenant avec n’importe quelle psychothérapie. C’est juste la façon, comment on amène la conscience qui est différente. On peut appeler ça la méthode. Je vous explique le principe essentiel qui est simple. Si nous voulons être psychothérapeutes essentiels, c’est cela que nous devons pratiquer à nos propres états d’âmes les émotions d’avoir le courage d’y aller, rester avec, amener de la conscience, explorer, amener de la lumière. Parce que nous sommes capables de le faire, nous pouvons le montrer aux autres. Auto-thérapie pour faire la thérapie avec les autres. C’est le principe de toutes les psychothérapies et vous voyez, c’est le chemin de guérison qui est proposé dans le Dharma. Il n’y a pas de différence. Je suis ici aujourd’hui ayant résolu la question ? psychothérapie et Dharma, est-ce que ça va ensemble ou pas ? Non ça ne va pas ensemble, c’est la même chose. Dans mon esprit aujourd’hui, il n’y a plus de schisme entre les deux. Je vois, en ayant exploré pendant une quinzaine d’années en direct, le reste de la préparation, je vois qu’il n’y a pas de différences dans les principes. Il y a une différence dans les méthodes. Les méthodes, on les utilise selon comment elles peuvent servir nos clients. Le choix de la méthode se fait suivant les besoins de la situation. On ne peut pas changer les principes, on peut les décrire.Je vais vous expliquer : dans le Bouddhisme Mahayana la liste des six émotions que je viens d’expliquer mais pour le travail émotionnel, on se base sur le mandala des 5 émotions principales qui, quand elles sont purifiées, quand elles sont vues dans la nature essentielle va devenir le mandala des 5 familles de Bouddha. C’est pour cela que c’est un lotus parce que c’est un mandala. Ce sera le sujet de notre week-end.Maintenant je dois explorer avec vous les 4 pétales car j’ai beaucoup parlé de la peur.On voit grâce à ce mandala qu’il y a des énergies qui se jouent. Par exemple, la colère. La colère c’est l’aversion n’est-ce pas ? ça comme avec une irritation qui est basée sur quelque chose de désagréable ; un vécu est senti désagréable. Prenons un exemple simple, Je veux faire une sieste et il y a des bruits dans le jardin. Je me dis qu’entre 13h et 15h les voisins ne sont pas censés de passer la tondeuse et le bruit m’irrite. Donc : bruit, irritation, je juge désagréable ; l’irritation me rappelle des expériences antérieures et la colère monte. Vous pouvez voir l’enchaînement possible si on ne se freine pas : on se lève du lit, on ouvre la fenêtre et aller dans la colère. C’est la colère immédiate et après il y a les rancoeurs, des petites colères qui s’installent, qui vont en profondeur, qui ne s’expriment plus et qui vont se transformer en tristesse. Il y a toutes sortes d’évolution de l’aversion. Vous voyez tout de suite : là où il y a la colère, il y a l’attachement. Je suis attaché au silence, je suis attaché à la paix, au non mouvement, aux règles, je désire avoir une sieste. C’est tout à fait compréhensible parce qu’il y a ce désir, cette envie. Dans le schéma proposé, il faut t’imaginer être le Bouddha central et devant c’est l’est, le soleil levant. Sur la droite la gauche et derrière, d’autres t’accompagnent. Tu seras le centre d’un mandala du bouddha et chacun de tes frères, tes sœurs, va représenter une émotion purifiée. C’est pour ça qu’on donne les directions pour pouvoir se placer dans l’univers directionnel. Donc le désir attachement et la colère se joignent à travers le centre. S’il n’y avait pas manque de conscience le désir attachement au souhait de vouloir avoir la paix pour faire la sieste ne se transformera pas en colère.Pour donner un exemple bien plus fort : dans l’état amoureux, on adore, on est aux cieux, la personne aimée est la meilleure du monde, je veux vivre avec elle. Malheureusement il y a un peu de manque de conscience. Quelques après, ça finit en colère, aversion, rancune et pourtant, c’est la même personne. Qu’est-ce qui a changé ? Rien n’a changé. C’est la même émotion : colère désir sont deux expressions de la saisie. Si je saisis quelque chose d’agréable,

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je vais obligatoirement saisir son contraire, quelque chose de désagréable. C’est pour ça que dans toutes les méditations nous apprenons à ne pas saisir ni l’agréable, ni le désagréable. Nous apprenons à juste être avec ce qui est en pleine conscience. Nous mettons l’accent sur la pleine conscience pour ne pas entrer dans la saisie qui mène vers le désir, pour ne pas entrer dans la saisie qui mène vers la colère, pour ne pas entrer dans la saisie qui mène vers l’orgueil ainsi que la jalousie. C’est une autre forme de saisie. D’abord comprenez, dans le mandala des émotions le lien entre désir et colère est l’expression de la même saisie à cause de ce manque de conscience. Maintenant faisons la même chose pour l’orgueil et la jalousie. L’orgueil classique : je suis le meilleur du monde, je sais tout ; je suis adorable et si vous ne le savez pas, je vais vous montrer à quel point je suis adorable. L’orgueil est une attitude de comparaison où on se compare avec le monde et on trouve qu’on est le plus important, le plus sage, demandez-moi. Dans l’abbhidharma on différencie 7 formes d’orgueil : c’est déjà traduit en français sur le site concernant deux stages d’été sur les émotions ; vous y trouverez la description des 7 formes d’orgueil. Le mécanisme de cette forme de saisie est la comparaison avec l’autre. C’est cette incapacité de juste être mais je suis en comparaison avec l’autre. Quand je sors de l’estime de moi vers le haut, ça s’appelle l’orgueil. Quand je sors vers le bas, ça s’appelle jalousie.« P : est-ce que ce n’est pas une saisie de vouloir absorber les qualités de l’autre ? Je vois chez quelqu’un une qualité : il est beau, il est intelligent et je veux l’avoir. »T : c’est de la jalousie parce que je me sens inférieur, le plus petit, mon estime de moi diminue, j’aimerais absorber les qualités de l’autre.Il y a 2 grandes formes de jalousie/ c’est la jalousie qui veut s’approprier l’autre et c’est un mouvement de vouloir rabaisser l’autre. Très souvent la jalousie s’exprime par des critiques, par des remarques où on essaie par des petites remarques de critiquer, c’est la jalousie qui fait cela. Ramener l’autre à notre niveau ou plus bas si possible.Il y a une autre forme de jalousie : on redresse les manches : c’est la rivalité qui mène à la compétition ; je vais lui montrer que je suis aussi capable, je cours plus vite, je sais plus, je gagne plus d’argent. La jalousie nous amène à toujours rabaisser les autres ou on se tait mais à l’intérieur, on fait tout pour dépasser l’autre. Ce sont les 2 grandes formes.La façon dont je vous explique les émotions, je crois que dans vos écoles de psychologie vous n’avez pas beaucoup entendu ce genre de choses. Ça aide énormément car les gens ne viennent pas avec une étiquette collée dessus, un diagnostic ; ils parlent des émotions ; ils viennent en exprimant leur incapacité, leur mal-être, leurs difficultés de vivre, leurs angoisses. Nous, si on connait les mécanismes de base qui font naître ces émotions-là on devient clairvoyants, simplement parce que nous cherchons en nous les mécanismes des émotions. C’est évident parce que ça marche comme cela. Là où il y a jalousie, il va y avoir orgueil. On déteste les gens orgueilleux parce qu’ils sont dans une prise de pouvoir. Laissez un jaloux devenir chef d’entreprise, il devient imbuvable parce qu’il fait les mêmes erreurs qu’un orgueilleux et devient orgueilleux. Maintenant qu’il a réussi et qu’il est le meilleur, il va se comporter pareil ou pire que celui qu’il critiquait avant. Laissez un orgueilleux perdre dans un jeu de cartes ou perdre son entreprise, il devient jaloux comme un fou. Très rapidement l’orgueil même si on a plus d’abri, on est dans la rue, et bien quand même je suis le meilleur du monde : cela existe aussi. Beaucoup par exemple s’ils ont un premier divorce, un deuxième divorce, un troisième divorce, ils sont cassés. Avoir envie d’être comme les autres, ne pas savoir faire et vous avez tous les mêmes mécanismes de se comparer aux autres qui continuent mais seulement, ils ne s’expriment plus comme orgueil mais comme envie d’être comme les autres, vouloir faire pareil, d’avoir les meilleures conditions et c’est l’insatisfaction. La jalousie c’est l’insatisfaction, la rivalité, la compétition. Ces gens ne peuvent pas être dans la joie. L’orgueilleux est souvent assez joyeux, dominant, exubérant

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parce que pour le moment, tout va encore bien pour lui mais quand c’est cassé, il ne peut plus maintenir l’illusion, c’est l’insatisfaction totale avec la déprime. Vous voyez aussi là : les 2 communiquent à travers le centre. Le centre sera le manque de conscience. Si il y avait conscience que nous sommes tous pareils, tous égaux, tous humains et que personne n’est parfait, personne n’a besoin de prétendre à être parfait et que ce que je fais, c’est déjà assez, pas besoin d’être mieux ; si il y avait cette conscience, on ne pourrait pas basculer d’un côté sur l’autre. Dans le manque de conscience, c’est la fuite. C’est pour ça, toutes approches basées sur le dharma dans le monde s’appuient sur le développement de la pleine conscience. Cette pleine conscience, nous on doit arriver dans les émotions à les comprendre, pour que nos clients les comprennent aussi, comprennent les mécanismes et développent toujours plus de conscience. Ça c’est la solution.« P : moi qui suis orgueilleux colérique jaloux, désireux, je me demande comment cette prise de conscience peut aider à avoir cette clarté. Je parle de mon cas car j’ai une équation qui revient souvent en ce moment. On est dans un monde où il y a à la fois une pensée calculante, des gens qui sont dans : je bâtis, je construis, il faut faire ceci cela et il y a une pensée méditante : des gens qui essaient de trouver un équilibre. Entre ces 2 modes de fonctionnement, la pensée méditante qui est verticale transcendantale et la pensée calculante qui est plus pratique matérialiste. Je trouve que les gens qui sont dans ce mode de pensée calculante qui construisent sont orgueilleux. Je n’ai pas trouvé d’autres modes de communication avec ce type de gens chef d’entreprise tyranique qui s’en fou. La seule solution au jour d’aujourd’hui que j’ai trouvé pour ne pas rester dans l’exclusion de ces gens-là c’est d’essayer de voir que ce sont mes jugements qui font que j’interprète ça comme ça et de l’accepter ; de me dire que le monde a besoin aussi bien de gens qui fonctionnent comme ça que de gens qui sont très spirituels, très hauts et en même temps, ils sont loin de la réalité pratique. Je me dis que c’est une solution de facilité que d’accepter tout ça comme ça. Ce qui m’intéresse dans ce que tu dis c’est cette clarté. Comme je ne l’ai pas, je te demande quelle est la clarté ? Concrètement si on a envie de mettre en pratique ce qu’on apprend ici pour monter un projet par exemple, il faut une comptabilité, des investissements… Comment à la fois rester dans l’engagement profond sincère et rendre ça compatible avec des choses qui sont de l’ordre de la pensée calculante ? »T : c’est simple, il faut que tu sortes de tes 2 coordonnées là. Tu as montré 2 maladies : la maladie verticale et la maladie horizontale. Il faut entrer dans une vision panoramique, le grand nous, la Boddhicitta. Il n’y a pas d’équilibre à trouver là-dedans, les 2 sont stupidités parce que le spirituel qui plane, qui ne sait pas utiliser la technique, il n’est pas capable d’aider dans ce monde, il sera très limité. Ni l’un ni l’autre est une solution. S’il y a 2 mauvaises options, l’équilibre entre les 2 sera une mauvaise option. Donc, qu’est-ce qui aide ?Ce qui aide, c’est trouver la motivation qui est la motivation de Nous, du grand Nous avec de l’amour sagesse dans le cœur avec le projet que tu veux monter pour le bien de tous, réaliste car tu dois en vivre, très clair. Voir ce qu’il me faut pour vivre financièrement par mois et comment faire que le bien de tous s’accomplit à travers ton projet et avec le courage d’en parler très clairement, tu n’as rien à cacher et tu avances. Et parce que tu n’as rien à cacher, ce sera normalement avec beaucoup moins d’obstacles que pour d’autres projets. Et si tu as des obstacles, tu dis à cette motivation que tu ne fais pas juste pour toi mais pour le bien de tous. Ça te donnera la force de la clarté : tu vas méditer, regarder les émotions, entrer dedans, tu vas purifier les motivations jusqu’à ce que tu sois aussi limpide que ton projet. Ceci est la vision panoramique.Je sais exactement de quoi je parle : j’ai monté des projets, le monastère avec 250 chambres que nous avons construit avec nos mains, j’en ai été un des 9 dirigeants de ce monastère ; le petit centre à Croizet qui est une ferme retapée pour un centre laïque ; le centre à Fribourg que j’ai pris avec 700000 euros de dettes sur le dos et on s’en sort et maintenant je suis

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propriétaire d’une maison d’édition qui marche comme une association loi 1905 et je vis, tout est transparent. Je peux vous expliquer l’état d’esprit qui fait marcher toutes ces choses-là. Il faut la confiance, la motivation, être clair, être transparent, il faut trouver les gens avec lesquels on peut travailler qui sont eux aussi prêts à entrer dans cette dynamique et avec ces gens-là on peut construire des choses très belles. C’est parce qu’il y a la vision panoramique que ça va inspirer les autres.

Petit travail sur les émotions

Il me semble qu’avec ce que je viens d’expliquer, probablement vous auriez du mal à classifier des émotions. Si je dis la tristesse, vous sauriez voir ? Beaucoup de gens viennent avec un genre de déprime vers vous. La déprime, c’est quoi ? elle se trouve où dans cette présentation.R : là on parle de processus et de fonctionnement. Quel est le fonctionnement et le processus derrière la déprime ? T : Quels sont les ingrédients que classiquement vous trouvez dans une phase de déprime ?Q : Attachement, désirT : Attachement désir… Attachement à quoi ? Q : Attachement a quelque chose qu’on n’aurait pas ou qu’on aurait perdu.T : Oui, voilà c’est ca Q : La colère tournée contre soi même ou contre les autres, tout. T : Tout, il y a tout. Si vous pouvez l’aider…Q2 : Désir, attachement, dévalorisation. T : Dévalorisation, n’est ce pas ? Et tu le mettrais dans quelle feuille ?Q2 : Dans l’ignorance. T : L’ignorance bien sur, Il y a bcp de manque de conscience dans la déprime. La dévalorisation c’est soit la jalousie soit l’orgueil. C’est lequel des 2 ? Q : L’OrgueilT : Orgueil ?Q : L’orgueil inversé. T : L’insatisfaction. Le désir décu, OK. L’orgueil déçu.Q : Le monde devrait être autrement qu’il n’est…T : C’est ca, c’est ça. Et la comparaison avec les autres. Les autres vont mieux et moi je n’arrive pasDonnez moi une autre émotion que vous rencontrez souvent qui n’est pas mentionnée ici pour qu’on fasse l’exercice.P : la honte, c’est de l’orgueil, c’est tout ca. T : Honte, OK…P : Ah moi c’était l’impatience, je m’étais demandé tout à l’heure.T : L’impatience, l’impatience. Alors donnez moi vos idées…Q : Le désir.P : Moi je pensais à moi, comme je suis impatiente que les patients aillent vite, qu’ils guérissent vite et qu’ils aillent mieux. Et J’ai travaillé sur ca.T : Vous voyez le désir. P : J’avais pas compris que c’était du désir, j’ai compris dans la méditation. J’avais pas vu ca, je croyais que c’était bien moi !T : Que voyez vous en plus que le désir ?P : L’orgueil ? Nan, nan pas l’orgueil ? Naaan… RIRES Q : Un petit peu… RIRES

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Y : Ah bon ? Je l’avais pas vu celui la.Q : Un peu de colère dans l’impatience. P : C’est vrai, maintenant que tu le dis. T : Je trouve aussi. Q : Il peut y avoir de la peur aussi.P : La jalousie est peu liée, pas vraiment. Il y a quand même un sentiment là d’insatisfaction. Ils font toujours pareil, ils vont mieux…. Mais pourquoi moi je dois… ? P : ouais c’est ça… T : OK. D’autres exemples.Q : La honte… culpabilitéT : Honte avec culpabilité…Nous sommes dans un système avec du manque de conscienceEst ce que tu trouves un manque de conscience dedans, de l’ignorance ? Q : oui il y a beaucoup de manque de conscienceT : Il y en a beaucoup, souvent la honte est carrément basée dans un manque de conscience. On a honte de se montrer nu mais c’est quand même notre état naturel. On a honte de ce qu’on ne devrait pas avoir honte et on n’a pas honte des choses dont on devrait avoir honte.RIRESEt alors ? Est ce que dans la honte il y a un désir ?P : Désir d’être bien vuEst ce que dans la honte il y a du désir ? T : Désir de se montrer mieux que l’on est, on veut être bien. Et notre estime de soi prend des claques dans la honteQuoi d’autre ?Q : L’impuissance. T : Le sentiment d’impuissance. Comme on a vu hier soir, en face de la violence de se sentir impuissant ou en face des tendances émotionnelles de quelqu’un d’autre.Quelles sont les forces émotionnelles que vous pouvez identifier ? Q : L’orgueil.T : L’orgueil ? Tu nous expliques.Q : L’impuissance d’aider, je ne suis pas assez bon pour que je puisse aider l’autre comme si je devais aider tout le monde.T : Voilà si j’étais puissant, mon orgueil ne prendrait pas de claque. Là l’impuissance touche à mon orgueil. D’autres aspects.Q : Le désir.T : Tu nous l’expliques ?Q : Eh bien je voudrais tellement que cette personne aille mieux, là ce serait le désir. Mais il peut y avoir aussi que je ne supporte pas de la voir souffrir et ou de sentir qu’elle va mal, ca me gêne, donc là ce serait de l’aversion…T : Ce serait l’aversion, il y a une deuxième forme d’aversion qui est là. L’impuissance elle-même est tellement désagréable qu’il y a de l’aversion contre le fait d’être impuissant et se ressentir cela.D’autres aspects ?Q : La jalousie aussi.T : Oui, comment ? Q : Se sentir impuissant en se comparant à qqn qui pourrait faire mieux.T : Voilà, lui il arrive à aider et moi je peux pas.

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On appelle ca dans le dharma les émotions secondaires. Les émotions secondaires sont des mélanges de forces classiques qui sont ici montrées comme 5.On peut les simplifier également, juste ne pas parler d’attachement mais d’aversion, on pourrait réduire un par une seule émotion c’est toujours le manque de conscience. Mais comme on s’est mis d’accord pour parler de 5-6 émotions primaires qui sont des formes rencontrées presque purement de la colère, presque purement du désir, jamais ce sont les autres d’ailleurs. Mais les autres émotions, appelées secondaires parce qu’elles se produisent par différents aspects de ces forces émotionnelles qui interagissent pour produire une émotion un peu plus compliquée.Et en tant que thérapeute ou accompagnant vous savez que quand les personnes viennent avec un problème il n’y a pas seulement une émotion en cause. Il y a tjrs plusieurs aspects de la situation à regarder.Donc vous allez sans jamais en avoir eu conscience jusqu'à maintenant, vous allez faire un scan de toute cette zone là dans plusieurs sessions de travail sur ce problème, vous allez couvrir tous les différents aspects de ces problèmes et amener de la lumière là dedans.Sans savoir lesquels sont pétales ou centre du lotus.Presque tjrs tous ces 5 aspects sont touchés, ces 5 grandes forces de notre être sont présentes. Presque toujours…Des fois il y a 1 pétale ou 2 qui manquent.Donc ca c’est votre travail, vous allez regarder et désamorcer ce qui peut se désamorcer en 1er.Et après, un autre aspect qui devient plus évident, vous allez mettre votre conscience la dessus, explorer un peu, donner des outils. Ca va désamorcer aussi.Q : Je le vois en ce moment avec ma thérapeute moi en terme de cliente ou patiente, on a abordé plein de sujets différents mais elle fait avec moi ce que tu as dit au début, càd quand j’arrive au début de la cession, déjà Je me pose, je vois dans quel état je suis etc et on part de l’état dans lequel je suis à ce moment là. Donc on ne va pas faire 4 séances sur un sujet puis une fois que c’est réglé on passe. On voit qu’en ce moment je suis triste donc peut être qu’une fois c’est la tristesse, et la fois d’après je suis toute contente parce qu’il y a un truc qui s’est bien passé donc on parle d’autre chose. On reviendra sur la tristesse peut être 2 ou 3 semaines après. Et j’ai l’impression que ça fait un truc un peu… morcelé. C’est l’impatience aussi ? T : c’est à toi de le dire. Je ne vais pas encore une fois approfondir le thème de la dernière fois, C’est toi qui mènes la danse.Q : hmm ouiQ : Tu disais apporter de la lumière dans le cadre de la conscience tout à l’heure …tu disais prise de conscience. Et je trouve que c’est vraiment une question clé, parce que, comment dire… on est habitués à penser qu’il faut prendre conscience, qu’on fasse prendre conscience mais c’est toujours une référence passée intellectuelle. Je trouve que dans cette approche là, du dharma, c’est plus amener de la conscience mais ce n’est pas le même regard. Si tu pouvais développer un petit peu la façon de regarder, d’amener de la conscience. C’est pas intellectuel, c’est regarder autrement T : Oui le regard est extrêmement bienveillant

La posture du thérapeute

J’ai parlé avec une participante, j’ai échangé quelques phrases et on se disait « Mais on a de tout, nous comme thérapeutes, comme accompagnants nous sommes pleinement conscients que nous avons toutes ces émotions, on est pas libres de ça.

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Et le regard que l’on pose sur l’autre n’est pas un regard distant de quelqu’un qui n’a pas ces problèmes. Nous sommes fondamentalement dans le même bateau, on a à traverser cet océan de souffrance qu’on appelle Samsara, qui est fait de ces 5 grosses forces émotionnelles. Il y a un regard extrêmement bienveillant. Et le regard devient encore plus bienveillant quand je vous montre ce qui est le même lotus du point de vue libéré. Ca ce sera le but du cheminement. Qu’est ce qui advient de tout ça avec le travail de guérison, qu’est ce qui en sort ?Je ne sais pas si je le ferai aujourd’hui, je peux le faire à tout moment. C’est le regard que nous portons sur la situation : « oui il y a confusion, je connais la confusion, je la connais en moi aussi. Je sais comment ça fonctionne, je sais comment c’est d’être dans ma … L’orgueil, je compatis, à cause de ma propre expérience.»Et c’est simple parce que nous n’entrons pas dans un diagnostic plus spécifique dont nous avons besoin pour les caisses de remboursement, on reste avec un diagnostic des éléments essentiels (de la vie). Là c’est plutôt cette force qui domine, là c’est plutôt celle-là. Et on commence à avoir le sentiment que l’autre est toujours dans le même processus que moi. A des moments je suis un peu plus libre du désir, là je sais que ça est présent. Et je connais en moi, je peux aller avec. C’est un regard entre égaux, A – U – X. RIRESY : Mais alors qu’est ce qui crée la position du thérapeute ? C’est là où c’est délicat, parce qu’on est égaux dans la souffrance, la vulnérabilité et les tendances mentales mais le thérapeute, qu’est ce qui fait sa posture de thérapeute ? T : La posture du thérapeute, c’est qu’il a déjà fait un peu de chemin. Tu connais déjà des outils qui libèrent, qui nous font sortir de ces entraves. Tu as déjà la tête un peu hors de l’eau, tu as pu grimper sur la terre sûre, à côté des marécages. Tu peux tendre une main, tu connais. Tu peux être encore tout mouillé mais tu es toi-même sur la terre ferme et tu peux donner un coup de main. Tu tends la main et c’est ce qui fait le thérapeute, il donne la main, il accompagne. Y : Mais ce qui est important, et je pose cette question parce que j’ai eu une situation très précise, avec une patiente avec qui j’ai été peut être impatiente, où il y avait quelque chose, où je devais être dans des tendances… et certains patients peuvent voir nos tendances, tu vois ils sont pas dupes, ils savent très bien nos fragilités ou nos failles ou des trucs qui vont pas. Et ça doit faire partie du jeu. Je veux dire on est pas parfaits, mais c’est très difficile parfois pour les patients. T : La posture que je vous conseille c’est admettre. Y : VoilàT : Admettre, parce que plus les personnes dont nous nous occupons sont fragiles, mieux ils voient notre fragilité. J’ai travaillé, peut-être plus que d’autres, avec les patients schizophrènes et psychotiques. Ils ont une hypersensibilité pour mes propres failles, si je suis authentique ou pas. C’est une joie de travailler avec eux. Parce que la seule chose que l’on peut faire c’est être complètement honnête. L’inverse va déclencher un bazar impossible. Q : Comme avec les enfants ?T : Comme avec quelques enfants.Q : Quelques enfants.Y : C’est ça. C’est à dire admettre que peut-être je me suis trompé ou je suis allé trop vite. Voilà, et ça me rend triste.T : OuiiiY : C’est pas toujours évident. T : La posture du thérapeute je dirais, c’est savoir que ça ne se passe pas par les bons conseils mais par l’exemple. Si moi j’arrive à admettre une erreur, que j’ai été trop vite par

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exemple, que j’ai été impatient, ça montre au client « Ah oui, c’est possible, carrément dans un rôle de thérapeute, on peut admettre ses erreurs. Mais alors je pourrais le faire aussi. » Parce qu’on apprend par imitation. Le dharma aussi… Là vous pensez que ça se passe par l’enseignement, non ça se passe autrement. Vous me regardez comment je suis, vous avez vos antennes et vous ressentez quand je ne suis pas authentique et quand je suis authentique. Et c’est ça qui fait passer le message. Ca se sont des mots, mes méthodes, mais ce qui fait vraiment passer le message c’est l’être. Q : C’est la présence. T : C’est la présence. Toute notre psychothérapie essentielle est basée sur la transformation du thérapeute. Et c’est le/la thérapeute, par son travail sur elle-même, sur lui-même, qui se transforme et qui sera l’exemple, par sa présence. Pas par sa super intervention, ça ça sera en plus. Les interventions au bon moment, avec la bonne méthode ça vient parce que nous sommes bien formés mais avec le cœur ouvert. Et c’est le cœur ouvert, cette empathie qui va choisir et qui va dire « ah essayons ça ». Et parce que le cœur reste ouvert quand on tente une méthode et on voit que ça ne marche pas que tout de suite on peut changer, on peut essayer autre chose. On n’insiste pas. C’est pas une attitude d’avoir raison. Q : Et je crois aussi qu’il y a le fait qu’on n’est pas impliqué de la même façon à ce moment là par rapport à ce que la personne a besoin de travailler. T : C’est ça. Q : Du coup on peut être comme un paratonnerre ou comme une corde par laquelle la personne peut descendre et aller vraiment complètement vers quelque chose de très suggestif. On est là pour les ramener si nécessaire. T : C’est ça… Nous ne sommes pas impliqués de la même façon. Si nous avons bien fait notre travail sur nous-mêmes, la psychothérapie sur nous-mêmes, ce qui est une condition nécessaire, nettoyer un peu le fond, normalement on n’entre pas dans les mêmes projections. T : On va voir un peu plus la posture du thérapeute. Donc moi, comment je vis les choses, je vois les problèmes. Imaginez-vous, on parle entre nous et on parle de nos problèmes. Oui j’entends le problème, il y a problème. Il y a jalousie, orgueil. On vient d’être quitté, il y a tristesse. Mais dans nos perceptions, derrière le problème émotionnel, je vois comme une promesse d’autre chose. Je vois comme un soleil derrière. Je commence à ressentir l’énergie libérée, qui bloquait dans cette émotion. J’ai déjà un aperçu de comment la personne sera, comment elle doit se sentir, quand elle est libérée de sa peur, de sa colère. Quand la compassion se libère en elle, quand l’amour se libère en elle, quand le sentiment d’égalité se libère en elle, quand la joie, la réjouissance se libèrent en elle. Quand elle sera libre de ses peurs, et complètement consciente. Il y a le regard thérapeutique, le positionnement thérapeutique qui voit plus loin, voit derrière l’émotion, derrière le problème, déjà la solution. On appelle ça « voir l’être guéri » au moment de la thérapie. On voit la possibilité de guérison. Et c’est la même chose quand dans le dharma ou l’enseignement du dharma, le véritable maître voit déjà l’éveil dans la personne encore confuse. On voit l ‘éveil, on voit la 3ème des 4 nobles vérités. On voit l’éveil comme une possibilité. On voit le problème - dukkha la souffrance - et on voit le chemin qui dissout les causes pour la frustration, le stress, la souffrance. Parce qu’on voit l’être pleinement éveillé, et on voit l’être pleinement confus, on commence à voir le chemin. On le voit parce qu’on l’a traversé soi même, on le voit jusque là où on est allé soi même. C’est difficile de voir un chemin qui va plus loin que ce qu’on a déjà cheminé soi même. D’accord ?Donc si on veut guérir, soigner profondément, il faut faire ce travail sur soi même avec une grande intensité pour vraiment connaître le chemin. Et le fait que nous travaillons sur les mêmes émotions fondamentales, notre chemin comporte tout ce dont nous avons besoin pour aider les autres. Parce que nous avons tout ça.

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Je pense que nous sommes tous concernés dans la salle par le fait d’avoir les 5 émotions principales en nous, on ne se le cache pas. Q : A ce moment là quand on voit l’être guéri, déjà, comment éviter le danger de lui appliquer la méthode qu’on a prévue pour lui parce que c’est comme ça que ça va marcher pour lui ? Comment lui laisser quand même la liberté de faire son chemin à sa façon ? T : Eh bien en admettant qu’on ne sait pas quel chemin il doit exactement prendre. On connaît la destination mais les détails, c’est dans l’exploration, on va le faire ensemble. C’est une attitude de « je ne sais pas exactement comment ça va se faire ». C’est toi le pilote, c’est toi qui guides. Ok donc là je me suis donné un mot clé parce qu’il faut se rendre compte pas seulement derrière chacune de ces émotions qu’il y a une peur, mais derrière chacune il y a aussi un besoin. Déjà ça. Vous voyez ? Besoin… besoin derrière la colère, souvent besoin d’être entendu. Besoin d’être respecté derrière l’orgueil. Besoin d’être comblé, d’être nourri derrière le désir. Besoin d’être à égalité dans la jalousie. Besoin d’être dans la joie, besoin, envie d’être dans la paix derrière la peur. Vous voyez, c’est une autre façon d’amener les choses qui est aussi importante. Dans notre travail thérapeutique, souvent c’est mieux de commencer à parler des besoins avant de commencer à parler des peurs. Ca s’aborde plus facilement. Les peurs, ça fait peur. Q : surtout que ce ne sont pas des besoins illégitimes, donc ils peuvent tout à fait être satisfaits. T : C’est des besoins tout à fait légitimes. Et les émotions sont juste une façon un peu…hmm…maladroite d’exprimer nos besoins, de travailler pour nos besoins. Donc on va montrer des façons plus habiles d’exprimer nos besoins, les vivre et trouver des réponses satisfaisantes. Et nous on voit déjà, on entend le problème – colère- on a un bon aperçu déjà de ce qui pourrait être le besoin derrière à explorer avec le patient. On va explorer le besoin, on va explorer les peurs, on va explorer des liens avec les autres émotions. On va avoir un tableau assez clair déjà de ce qui est le problème en profondeur. Et maintenant nous allons amener les 5 étapes.

Applications concrètes

T : Très simple, comme toujours ! (Rires)T : On prend n’importe quelle mission, n’importe quel défi dans la vie, on regarde. Alors, c’est quoi ? C’est quoi qui pourrait nuire là-dedans ? Et puis…et çà peut nuire d’entretenir de telles pensées, ça peut nuire de prononcer des paroles, ça peut nuire de se comporter physiquement d’une certaine manière et nous allons voir où il faut tirer des limites, hein ! Si vous avez une obsession, une compulsion, vous allez dire, ok, jusqu’à là, mais pas plus loin. On prend des engagements de ne pas aller plus loin que cela. S’il y a colère, au lieu de dire non, on ne frappe pas, on ne tape pas sur les autres, pas d’agression physique, stop ! Si on voit qu’une agression se fait vers un autre avec des mots extrêmement blessants qui brûlent tout l’amour qui est dans la relation, on doit aussi dire non, ce genre d’expressions verbales, on va dire stop. On va travailler là-dessus, avant que la relation casse complètement, il faut s’arrêter là, il faut trouver d’autres moyens, peut-être sortir de la pièce, faire une petite promenade, respirer un peu, se calmer, avoir des méthodes pour dire à sa femme, à son mari, du calme pour quelques moments, pour 5 mn, on parlera après, plein de méthodes. Il faut voir avec chaque émotion, est-ce qu’il y a des limites, à instaurer pour pouvoir, dans ces limites, dans ce cadre, travailler avec l’émotion. Ça fait du sens ? Besoin de faire l’application concrète ? Oui, tu proposes ?P : Oh là !

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T : Tu proposes l’exemple d’une émotion, ou on fait maintenant… on applique première étape, … ou d’autres peuvent aider aussi, si tu veux te faire aider ? Sinon N, propose une émotion !P : La colère.T : La colère ok, tu nous donnes un petit exemple, de quel type de colère il s’agit ?P : Ben, donc une colère liée à la non-satisfaction d’un désir attachement.T : Ok. P : Quelque chose de plus concret ?T : Plus précis encore.P : Donc être attirée par quelqu’un et puis de…T : La personne vous refuse…P : Oui…ou voilà…ou on n’est pas clair, on a le sentiment qu’on n’est pas clair.T : Et ça fait monter la colère.P : Voilà !T : Ok ! On va passer cet exemple avec les 5 étapes, si tu veux. P : Ouais, avec plaisir.T : Est-ce qu’il y a besoin dans ce que tu as dans la tête, est-ce qu’il y a besoin de mettre des limites, où est-ce que ça peut commencer à nuire, où est-ce qu’il faut dire non, pas plus que ça !P : Alors justement, puisque évidemment, c’est une situation qui me concerne, j’ai vu vraiment la colère monter en moi et j’étais vraiment dans la lucidité d’attention à cette étape, reconnaissance et je me suis dit le remède à appliquer, c’est d’éviter cette personne que j’étais amenée à voir, à rencontrer, l’éviter.T : Ok, donc elle, elle a décidé çà devient trop douloureux. Première chose, stop, j’évite de voir la personne. Ce n’est pas encore vraiment un remède, mais ça nous sort de cette zone où les déclencheurs sont tout le temps appuyés, hein, donc c’est très, très sage de faire comme ça. Quand on se sort de la situation, ce n’est pas encore réglé en nous.P : C’est la protection.T : C’est juste la protection, on se protège. Dans ce cercle de protection, on peut commencer à travailler l’émotion. Quel sera un remède, ou une méthode, quelque chose qui t’aidera ou aidera la personne, dans la deuxième étape ? P : La communication.T : Oui, communiquer !P : Bienveillante. T : Une communication bienveillante. Avec qui est-ce que ce sera aidant de communiquer ? Est-ce que tu penses que ce sera directement avec la personne concernée ou est-ce que ce sera avec une autre ?P : Oui, effectivement, pas forcément avec la personne concernée tout de suite. Euh… avec un proche.T : Voilà. P : Un thérapeute.T : Disons, parler avec un bon ami, ça vous semble pas une grande méthode, mais c’est classique, c’est la chose qui aide le mieux, hein ! C’est échanger, avec quelqu’un qui a un avis désintéressé, lucide, un peu d’expérience de vie, peut-être un thérapeute, mais pas nécessairement.P : Les amis sont de très bons thérapeutes parfoisT : Oui.P : Pas toujours, ponctuellement pas toujours…T : Si vous avez une idée d’une autre méthode, dites-le, parce que bon, c’est bien mieux d’avoir 3 exemples ici en phase 2

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P : D’écrire pour soi. T : D’écrire, oui !P : Pourquoi ça met en colère, juste de la sortir, de tourner autour…T : Sortir, écriture libre, peut-être gratter un peu ce qui va avec. D’autres ? Une 3ème suggestion ?P : Oui, la compréhension.T : Oui, comment ça, comment faire ça ?P : Ou en parlant ou en réfléchissant ou en lisant ou en méditant.T : Oui, dans ces différentes perspectives, comment est-ce que tu arrives à la compréhension. Est-ce c’est la compréhension de toi-même, la compréhension de l’autre, la compréhension des émotions, du mécanisme… A quoi est-ce que tu penses, à quoi est-ce que tu penses ?P : De l’émotion en lien avec la situation ? De l’autre et de soi.T : Donc, par exemple, grattez un peu, pour reprendre causes et effets, comment ça s’est produit, de quelle émotion il s’agit, comment ça s’est produit, qui a… il semble qu’il y a du rejet de l’autre vis-à-vis de moi… de regarder, la compréhension.P : On est un peu dans le 3 déjà, non ?T : On est encore en 2, parce que pour le moment, la compréhension ne change pas radicalement notre attitude vers ce qui nous met en colère, mais on comprend mieux.P : C’est se mettre dans le monde de l’autre, vraiment, effectivement.T : Oui, se mettre dans le monde l’autre, c’est normalement pas la première chose à appliquer, mais à un moment donné, ayant regardé pour soi-même, on est prêt pour aussi se mettre un peu dans les pantoufles de l’autre. Et comment est-ce que, lui ou elle, me regarde. C’est quoi, en moi, qui pourrait le gêner, qui pourrait créer ce... ou est-ce que moi j’étais déclencheur, peut être pour des émotions difficiles chez l’autre. Vous voyez, ça c’est aussi encore une méthode, une méthode très connue de la phase 2. Oui, H?P : J’ai aussi quelque chose à suggérer et que j’ai déjà appliqué pour moi-même, revenir au corps, en fait. La colère, c’est une énergie et lorsque l’on revient au corps, c’est-à-dire, par exemple, aller marcher. En marchant, quelque chose peut s’apaiser, se décanter et on peut y voir plus clair.T : Tout à fait, tout à fait ! Ma femme, elle me dit va courir dans la montagne et elle sait que quand je reviens, j’ai changé, ça s’est libéré.P : La musique, écouter de la musique.T : La musique, tout ça !P : Tout ce qui peut être bienveillant… se faire masser.T : Des fois des choses très simples…P : Ce qui ouvre et ce qui enrichit la perceptionT : Oui, et par exemple…P : Se détendre quoi !P : Ce qui détend, en fait.T : Faire un dessin, exprimer, faire un dessin. Faire… je ne sais pas, un truc qui exprime, la sculpture…P : Dire à d’autre aussi, pourquoi on est en colère.T : Dire à l’autre, oui. Donc, commencer à entamer une communication qui pourrait résoudre, qui ne va pas vers la colère mais qui va vers la compréhension mutuelle.P : Parfois, dire, c’est pas forcément aidant. On croit que c’est aidant, mais parfois ça peut être complètement contre-productif.P : Absolument !T : C’est pour ça que je précise, ce doit être une façon de dire qui est au bon moment, avec une atmosphère, une façon de dire qui n’est pas tout de suite reçue comme une accusation.

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P : Juste, pour aller dans ce que tu dis, moi ce que j’utilise quand je sens que je vais vers la fermeture, c’est que ce n’est pas le bon, quand je vais vers l’ouverture, peut être là, je suis lucide.P : Ouais !T : Est-ce que vous êtes prêts de passer à la 3ème étape ?P : Ah oui, oui moi je suis prête !(Rires)P : Je me sens déjà mieux là !(Rires)T : Et alors, si tu entres dans la 3ème étape, qu’est-ce qui t’arrive, comment ton regard change ?P : Pour moi, c’est très clair que, me mettant dans le monde de l’autre, voyant comment éventuellement l’autre personne me regarde, je vois aussi les mécanismes qui ont fait que j’ai provoqué ça chez l’autre, et donc du coup…ben du coup, forcément ma colère baisse.T : Ta colère baisse…P : Automatiquement.T : Elle a déjà baissée un peu.P : Ouais, un peu, et puis là encore plus, en changeant de regard, en ouvrant, en ouvrant en me disant pas c’est lui, c’est de sa faute, etc., mais en ouvrant, en disant non mais il y a… on est 2 protagonistes on est pris dans des fonctionnements, il n’y a pas de bon et de méchant.T : Voilà, c’est un autre regard. Là quand tu parles des protagonistes, comme ça, tu commences à avoir un regard sur la situation comme si…P : Systémique ! T : Oui, systémique, et comme si tu voyais un film. Tu vois au cinéma, tu commences à voir les protagonistes, ils se prennent la tête, ils se mettent en colère et tout ça. Ah ça, c’est un autre regard, tout à fait.P : C’est le pas de côté, non ?T : C’est le pas de côté. P : Le regard en dissocier.T : Je n’ai pas bien compris ?P : C’est le regard en dissocier, on voit comme si c’était…comme si ça se jouait. On n’est pas acteur, on voit ce qui se passe.T : Voilà, ce qu’on appelle dans la psychothérapie, la « désidentification ». C’est un grand pas qui change le regard, d’autre forme de changer le regard ? Qu’est-ce qui pourrait arriver maintenant ? Ayant fait ce pas là, on est dans la 3ème phase, d’autres chose qui peuvent encore venir ?P : Des fois, moi, ce que je fais, c’est que je me mets à la place de ma meilleure amie ou mon meilleur ami qui me donnerait …qui me parlerait de ma situation de l’extérieur avec toute la bienveillance dont je sais que cet ami est capable et je l’imagine me disant… Enfin, voilà une forme de dissociation aussi, si j’étais… Enfin bref, je ne sais pas si c’est très clair ce que je dis ? T : C’est très clair.P : Tu fais appel à ton guide.P : Oui, un guide, et puis le regard à l’extérieur qui fait que de moi-même, entre moi et moi, je peux être très dure, mais je sais que si je parlais à un ami qui est dans la même situation que moi, je serai très bienveillante et donc j’inverse le truc pour trouver cette bienveillance.T : Oui, si tu continues dans cette optique, tu arrives à un enseignement très courant dans le dharma : soit comme si ton lama était à côté de toi. Donc pour moi, c’était m’imaginer que Guendune Rinpoché soit à côté de moi et qu’il voit chacun de mes actes et qu’il entende chacune de mes paroles.P : Et chacune de tes pensées.

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T : Et chacune de mes pensées. Donc ça c’est …qu’est-ce que ça fait ? Ce n’est pas apprendre à travailler avec la culpabilité, non pas du tout. C’est du fait de s’imaginer la présence du lama, on stimule la sagesse en nous, on stimule le lama en nous, parce que c’est une projection, hein, on travaille avec une projection comme si le lama était présent. Ce que ça fait, on change le regard et on commence à regarder la situation avec les yeux du lama. Et ça c’est énorme. Ce n’est pas seulement une « désidentification », ça stimule les ressources en nous. Si vous connaissez Tara, Tchenrezi, d’autres divinités comme ça, vous pouvez vous imaginer la présence de Tara qui sera à votre côté. Waouh, ça change énormément, notre regard sur la situation.P : J’avais un exemple très, très précis sur çà, mais…T : Vas-y !P : Peut-être je peux en faire part, quand il y avait eu après Charlie Hebdo, cette fameuse scène qui était très violente à côté de chez moi. Quand il y avait la prise d’otage, c’était vraiment à côté et j’entendais la police et tout. J’étais dans la peur et ma peur me disait, toute façon, je vais quitter Paris, de toute façon tout est catastrophique, et j’avais vraiment l’intention de partir de Paris dans les semaines d’après, de m’organiser, je voulais partir à Bordeaux. Et j’ai fait des pratiques et je me suis vraiment concentrée sur Amma, qui est une figure pour moi de la bienveillance. Je me suis dit mais qu’est-ce qu’elle ferait dans cette situation et j’ai eu une autre idée très différente de faire cette méditation pour la paix qu’on a fait ici, et justement de dire que justement il y a besoin de ressources aussi, de bienveillance. Pardon, c’est un exemple personnel, mais c’est vraiment… C’est vrai, ce changement de regard était très, très fort à ce moment-là. Voilà, ce n’est pas toujours facile.T : Ok ! Alors imaginons que nous prenons cette attitudes que c’est notre meilleur guide qui était à notre côté qui nous regardait, qu’est-ce qu’il nous dirait ? Il nous dirait : mais prends le bon côté de cette situation, tu peux en apprendre un maximum, ta colère, cette situation de peut-être…, être un peu refusé, pas bien aimé, mais c’est super, c’est un cadeau.P : Ah, mais ben, c’est bon j’en suis au moins à la 3ème étape. (Rires)T : Ah c’est génial, tu vois !P : C’est exactement ce que je me dis !T : Mais tu vois, N, tu es déjà à la 3ème limite. Est-ce que tu es prête pour changer pour la 4ème ? P : Yes !T : Ok, on y va !P : Juste une chose pour le 3ème, ce qui m’a beaucoup aidé aussi à transformer mon regard, c’est la méditation de l’amour bienveillant, nous sommes 2 êtres humains qui faisons du mieux que nous pouvons. Et pour moi, c’est d’une puissance, ça m’a vraiment aidé à transformer mon regard, envers moi-même, envers mes propres limites, et envers l’autre personne.T : C’est tellement bénéfique, ces vieux outils. Vous avez entendu ce qu’elle a dit ?P : Non, la méditation P : Importante.T : Tu veux expliquer rapidement, en quoi consiste cette méditation ?P : Eh bien, c’est une méditation qu’on pratique dans les protocoles de pleine conscience,surtout MBSR. Elle consiste en fait, il y a des variantes, mais en gros, on peut déjà invoquer, c’est un exercice de visualisation où on va invoquer un être cher, en visualisation dans son esprit. Et on va essayer de voir, comment ça fait à l’intérieur. Comment ça me fait d’invoquer cet être ?Et peut-être qu’on peut contacter de la douceur, de l’amour ou peut-être pas. En tout cas, on essaie d’être connecter à cela. Et on va émettre envers cet être cher des vœux, des souhaits de

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paix, de sécurité, de vivre en … de bonheur, etc., d’éviter toute souffrance. Donc, c’est l’intention qui est suffisante pour déjà transformer les choses à l’intérieur. Et puis, on essaie de rester avec cet état d’esprit, cet état d’âme, cette posture qu’on a peut-être intégrée en faisant venir l’être cher. Et puis après, on va se mettre nous-mêmes, à la place…enfin l’être cher, moi, je dis, il reste… il est toujours là, mais il est au 2ème plan de la conscience. Au premier plan, vous avez-vous-mêmes… vous avez l’image de vous-mêmes. Est-ce que vous pouvez vous appliquer cette même bienveillance qu’avec cet être cher, etc… Et on va de plus en plus en plus éloigné … On va émettre des souhaits avec des personnes qui nous sont de moins en moins proches, jusqu’à, ben, le voisin, la personne du même pays, etc… tous les êtres, englober tous les êtres vivants, etc… Et puis, le must, l’ennemi, notre ennemi du moment, que ce soit une situation, une personne, etc… Et essayer de l’englober dans ce même amour. C’est très, très puissant, je ne sais pas si je…. T : Ouais, c’est une vieille méthode bouddhiste, pas seulement bouddhiste, je crois, mais c’est déjà dans les anciens textes qui datent de 2000 ans, ça se trouve, Jon Kabat Zinn, il a tout pris, c’est tout du bouddhisme, vous en êtes tous conscients. Et se sont des techniques, extrêmement puissantes, quand on les utilise au bon moment. Si une personne est encore en colère, et c’est la 1ère phase, ne lui dites pas de faire des bons souhaits pour l’ennemi du moment. Mais là, comme N, on a envie de le faire, et là on le fait, c’est puissant, parce qu’on n’est pas dans une auto-manipulation. On fait vraiment ce qui est l’envie du cœur, de retrouver cette bienveillance. C’est vraiment tout notre cœur qui a soif de retrouver la bienveillance. Et là de le faire, c’est puissant et ça nous fait entrer dans autre regard. Bien, N, 4ème étape et maintenant tu fais quoi ? P : Alors voir la nature essentielle de quoi, hein? De nous ? De…T : Ben, de cette colère, sentiment de rejet, c’était ça à l’origine, hein ?P : La colère, ouais, voir la nature essentielle de la colère ?T : Ouais !P : La peur, en fait tu veux dire que… T : Non là, tu vois, tu ne regardes pas avec ton intellect, là on passe…P : Ah oui d’accord, ok !T : Là, on passe à la vision pénétrante, à vipassana, laktong, vraiment la nature essentielle de ce vécu. Ouais… et si tu regardes là, tu prends le vécu que tu avais à l’époque… P : Exactement, oui !T : Et qu’est-ce qu’il y a ?P : Ça me rappelle des situations.T : Vous la regardez. Elle n’a plus cette émotion. C’est parti, l’émotion, le vécu de cette… P : C’est bon, je l’ai traversé pendant…T : Oui, mais, là maintenant, c’est parti. C’est trop tard, maintenant pour appliquer vraiment dans le concret cette 4ème étape, parce que l’émotion n’est plus là !P : D’accord, ok !T : On ne peut pas appliquer la 4ème étape, quand il n’y a pas émotion, parce que pour voir sa nature essentielle, il faut qu’elle y soit, d’accord. Mais là, ce qu’on peut faire en restrospect, c’est dire : mais qu’est-ce que j’en ai bavé, j’étais dans un film, bon heureusement, il y a eu ces méthodes, mais je m’étonne que, c’était tellement fort, et rien n’en reste. Juste ce constat là, rien ne m’en reste, alors…P : Oui, ça c’est puissant aussi.T : Pour la prochaine fois, j’en apprendrai en me laissant maintenant, parce que je pourrais faire un peu plus vite peut-être de voir qu’il n’y a rien de substantiel là-dedans. Posez le regard là-dessus, je pourrai faire ça un peu plus rapidement. Et ça, pour nous, thérapeutes, c’est extrêmement important, parce que nous prolongeons des fois la souffrance de nos clients. Pourquoi ? Parce que nous prenons leur problème au sérieux. Nous pensons

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qu’il y a vraiment problème, et c’est là où on prolonge, c’est là, où on est dans la même saisie réaliste, c’est ça le terme technique, saisie réaliste, qu’il y a réellement une émotion problème. P : J’ai un exemple très concret clinique, si tu veux bien. J’ai un patient que je suis depuis un petit moment…depuis quelques années, qui était dépressif, suicidaire même. Il avait fait le premier groupe de MBCT, il y a plusieurs années. Il avait même été pendant le groupe, suicidaire, donc c’est vraiment une dépression grave. Et après, il a beaucoup pratiqué la méditation, il a fait aussi UD, unité dans la dualité, donc vraiment il va loin dans le travail de son esprit. Et récemment, il reprend un peu un travail avec moi pour aller plus loin justement par rapport à la psychologie bouddhiste, il veut aller vraiment plus loin. C’est pour dire pourquoi on est au niveau 4 avec lui. Et il m’a écrit récemment. Mais bon, il consomme encore des fois du cannabis, tout ça, il a encore beaucoup de souffrance. Il m’avait écrit un mail en disant je suis très, très mal, je suis très angoissé, quelque chose de vraiment… Enfin, ça semblait être la catastrophe. Eh, je lui dis ben, c’est très bien, tu vas t’allonger et tu vas pendant 4 h regarder et chercher où est-ce qu’elle est la souffrance. Donc, je n’ai pas répondu à sa demande urgente. En gros, c’était comme si il voulait arrêter le soin, qu’il fallait trouver une urgence, se faire hospitaliser, enfin j’en sais rien, il y avait quelque chose d’urgent. J’ai dit très bien très bien, tu prends le temps, mais pendant 4 h tu ne fais rien d’autre, et tu restes à observer où est-ce qu’elle est, vraiment je pense tu ne la trouveras pas, mais enfin je dis regardes. Et en fait, il m’a raconté, il est venu dans les séances après et il m’a dit en fait je me suis allongé et j’étais parti pour 4 heures. Je lui ai dit tu restes bien 4 heures, tu ne bouges pas. Et en fait, il m’a dit, mais au bout d’une demi-heure il n’y avait plus rien, au bout d’une demi-heure il n’y avait plus rien. En fait, il s’est levé, et il me raconte qu’il a fait plein de choses. Il a rempli un dossier de candidature pour un truc important, ça faisait 6 mois qu’il ne faisait rien. Il a fait le machin, il a trouvé un travail, tout çà s’est passé à la séance d’après. En 1 semaine, 15 jours, il a changé tout, toute sa vie, mais il me dit, mais ouais, çà a servi à rien. Je lui fais, ah bon, quand même ! Il me fait, ah oui, c’est vrai quand même, j’ai fait des trucs que j’avais pas du tout fait. Il a trouvé une énergie, il a fait des choses spontanées. C’est surtout aussi cette spontanéité du passage à l’action, alors que c’est quelqu’un qui procrastine beaucoup quand il est englué dans ses états émotionnels et qui ne fait rien. Il vit chez sa mère et il fait rien, il n’arrive pas à travailler et tout çà. Et là, il y a eu quelque chose qui s’est… passage à l’action par l’acceptation radicale de l’écoute émotionnelle. Et c’était vraiment la 4, en fait, voilà !T : Génial, génial, vraiment je suis touché par cet exemple. Là ça montre même si moi je fais un tiret rouge ici (entre la 3ème et 4ème étape) que ça peut s’appliquer dans le travail thérapeutique avec une personne, ici en l’occurrence, qui a déjà fait beaucoup de travail sur elle, mais très encourageant, il y a tous les signes qui sont présents pour qu’il y ait vraiment eu libération de l’émotion. P : Ouais, ouais !T : On ne sait pas exactement comment, il a cherché, il n’a pas trouvé. Le fait qu’il y a eu cette énergie de faire des choses qu’il n’a pas pu faire avant, qu’il y a une légèreté, ça montre qu’il a eu une libération d’un gros blocage.P : Oui, oui, mais par contre ce qui est très difficile à faire faire aux patients, pourquoi ils n’arrivent pas à faire ça. C’est qu’il y a une confiance, il a une confiance dans le fait que le chemin est le bon et ça, ça met des années …mais vraiment, de dire mais comment ça se fait, la psychiatre - parce que des fois, moi, j’ai des résistances quand même, des confrères ou des autres - le type, il est super mal, comment ça se fait que je ne lui mets pas des traitements, je ne l’hospitalise pas, enfin tu vois. Donc, dire de rester dans l’émotion à la personne, ça parait fou hein, très paradoxal, voilà !

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P : Ben, ouais, parce que d’habitude quand on n’est pas bien, on cherche à fuir ce mal-être et pas augmenter le mal-être, alors que là, tu prescris juste l’inverse, parce que là, tiens 4 h, il essaye de faire et puis pouf !T : Vous voyez là, c’est Y, qui était dans un autre regard sur l’émotion. Elle a dit, reste, ne fuis pas, regarde. Elle était dans la 3ème étape, au moins de dire, c’est très positif, çà peut se transformer dans quelque chose de très positif. Elle a donné l’instruction de la 4ème étape, en sachant que ça peut se libérer. Elle a fait exprès de lui donner 4 h, elle savait que ça allait disparaitre en bien moins que ça, pour qu’il ne cherche pas à ce que ça disparaisse, qu’il s’attende à faire un long travail, il sera surpris lui-même. C’est très important, elle a encouragé de rester avec et d’amener la pleine conscience dans l’ombre.P : Et pourquoi, j’ai pu faire ça, c’est parce que j’ai fait moi-même ça, mais ça m’a duré des jours et des semaines de rester prostrée dans les douleurs et des souffrances aussi. C’est vraiment difficile d’accueillir la souffrance, sans rien faire, de la regarder, c’est difficile !T : Normalement, ce que l’on appelle ici voir et libérer, ça se fait dans un instant. Avant, c’est rester avec, regarder, mais c’est toujours encore l’intellect qui regarde, mais quand il y a véritable vue de ce qui sait, c’est l’instant, c’est là, où ça change, c’est là où ça se libère. Donc ça ce n’est pas un long processus, c’est la préparation, et après le déclic, et on n’arrive plus à rattraper, à retrouver son émotion, tellement, même si on voulait, on ne la retrouve pas.P : Mais c’est primordial ce que tu dis là. Ce n’est pas l’intellect qui regarde, c’est autre chose, c’est la qualité du regard qui est spécialeP : La qualité de présence.T : Vous pensez qu’on va passer, P, à la 5ème étape ? P : Evidement !(Rires)T : Evidement, allons-y !P : Alors prendre l’émotion comme chemin, je ne sais pas… T : Tu n’étais pas là ?P : Je n’étais pas là !T : D’accord, parce que tu n’aurais pas dit oui aussi rapidement ! (Rires)P : Facile !T : Parce que maintenant, ce sera chercher le même type de situation, encore et encore. Chercher cette émotion en toi encore et encore, pour la libérer chaque fois. C’est un travail qui demande beaucoup de courage parce qu’on se met sur la touche.P : Attends, excuse-moi, c’est le faire donc en thérapie ou … ?T : Non, on n’est pas dans thérapie. C’est un travail individuel. On se dit, je n’ai plus peur de cette émotion, je vais voir ce qu’il en reste des traces de ces schémas émotionnels. Et je vais donc provoquer ce sentiment, d’être laissé seul, de ne pas être aimé, de me sentir rejeté, tu vois ! Et chaque fois je vais regarder dedans, chaque fois je vais libérer cette émotion.P : C’est du focusing un peu, non ?T : Non, le focusing… c’est une forme de focusing... mais du focusing éveillé ça. Ça, c’est chaque fois entrer dans la non dualité du vécu, hein, ce qu’on appelle voir l’émotion, c’est entrer dans la non dualité, c’est là où il n’y a plus centre, ni objet, ni sujet ni objet.P : Du coup, on la provoque comment ? C’est pas par des visualisations ? Comment tu l’as provoqué ? T : Tu cherches les difficultés, tu provoques, par les visualisations, par le rappel, tu n’évites pas. Et dans la pratique des 6 Yogas de Naropa, par exemple pour le désir, on s’imagine ce qui nous excite vraiment, le désir jusqu’à en avoir plein et on regarde, pour dissiper. On cherche à ce qui nous énerve vraiment essayer d’entrer dans le film et si on n’arrive pas à faire, on demande à quelqu’un d’autre de nous énerver à fond.

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(Rires)T : Oui, oui !P : Oh, on va faire çà ici, pendant le week-end, se titiller ?(Rires)T : Oui, bien sûr !P : Je trouve que la vie nous donne chaque fois des occasions, jusqu’à ce qu’on les règle, en fait !P : C’est vrai.P : Exactement !P : Sur la colère etc… et que chaque fois, on voit et qu’on travaille dessus, et à un certain moment, eh ben, ça y est !T : Oui, alors à l’exemple de cette situation de colère, sentiment de rejet, nous avons passé les 5 étapes, et nous avons besoin d’une petite pause !

T : je vous propose que vous fassiez la même chose que nous avons fait avec l’exemple de N et que vous faites ça à deux. Il faudra que dans chaque groupe de deux il y a une personne qui propose une situation émotionnelle, où il y a une émotion tangible, et que vous faite passer cette émotion par les 5 étapes, comme nous l’avons fait, vraimentP ? : C’est sur une situation précise ?T : il faut que la situation soit assez précise pour développer des réflexions précises aussi, si c’est trop flou la situation, on a du mal à la travailler, donc donnez quelques précisions même si c’est inventé, il s’agit, le point de cette échange c’est d’intégrer la notion des 5 étapes et de voir comment on peut les appliquer, on peut remplir avec notre expérience de vie, de thérapeute etc.De voir comment on peut travailler ça.Vous allez vous demander avec la situation, l’émotion clef qui est là, la définir, vous dites alors cette émotion là avec laquelle on va travailler, est-ce qu’on a besoin ou est-ce qu’on doit mettre des limites, quelles sont les remèdes immédiat qui peuvent aider dans la situation et dans cet espace qui est crée quand il y a un peu de flux, quand est-ce qu’on arrive à changer le regard, comment ça c’est amené, quelle est la nature profonde, essentielle, de l’émotion, comment on peut amener ça, et si jamais on veut la prendre comme chemin, comment est-ce qu’on fera. Donc vous voyez il y a toujours à peu près les mêmes notions qui reviennent. Dans l’étape 2 et 1,2, 3 il y a beaucoup de possibilités différentes parce qu’il y a beaucoup de possibilité de prendre un peu de distance, de dire stop et beaucoup de différence à admettre, il y a beaucoup de regards différents sur la situation qu’on peut avoir. Donc parlez avec toute votre expérience de vie, ce qui vous a vraiment fait du bien, un regard qui vous a déjà aidé, pas juste inventé mais essayez de trouver un mot comme ça vous faites en même temps un cadeau à l’autre de partager un peu votre expérience de thérapeute, votre expérience de coupleEst-ce que vous avez des questions sur l’exercice ?P ? : Donc c’est une émotion, ce n’est pas une situation ?T : oui, une émotion qui sort d’une situationP ?: c’est juste une personne c’est ça ?T : Oui, ça suffit, les 2 peuvent parler ensemble et trouver une solution ce n’est pas qu’une personne soit le thérapeute et l’autre le client, il y a une personne qui propose la situation et après les 2 travaillent ensemble sur ce qui pourrait aider.Pour le moment c’est plus facile de faire comme ça. On ne joue pas un rôle de thérapeute. Ici on n’a pas besoin de changer de rôle.

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Combien de temps…Je vous donne 15 mnVous êtes les 2 les thérapeutes et vous passez les 2 par les 5 étapes

Ensemble, deux par deux, vous allez retrouver les cinq états et pouvoir les appliquer. J’imagine que vous avez rencontré des difficultés, et maintenant c’est le moment de pouvoir, pas seulement parler de vos compréhensions, mais également de poser les questions sur ce qui n’est pas clair, ou ce qui n’est pas sûr de comment appliquer ces 5 étapes.P : En fait pour nous ce n’était pas complètement clair. Est-ce que dans ces étapes, est-ce qu’il n’y a pas, par exemple un peu du trois dans du deux, ? Est-ce que en appliquant un des remèdes, est-ce que ça aide à transformer ??T: Bien sûr. Les deux réponses sont oui. On ne peut pas tirer une ligne claire entre les étapes, ce n’est pas possible. Et ce n’est pas souhaité, c’est un processusP : C’est un processus qui peut prendre du temps ?T : Oui, ça ne se fera jamais dans une seule session : (rires) !!! Non, normalement pas !! Alors, d’autres questions ?Autre : Moi j’aurais voulu dérouler au moins les trois étapes, voire jusqu’à la quatrième, en 15 minutes, mais on a passé beaucoup de temps à identifier là où dans le processus émotionnel le stop devrait intervenir. C’est pas évident parce qu’il y a aussi les complications de la personne, par rapport à son problème….T : Quand la personne est déjà face de vous et qu’elle vous parle de son problème, plus besoin dans ce moment-là, de Stop. Ce sera voir dans la situation où elle se fait prendre, si il y a un danger pour quelqu’un, si ça devient nuisible, où il faut dire là, non, ne va pas plus loin que ça. Donc, la question est : où est-ce qu’il faut limiter les dégâts? Où est-ce qu’il faut vraiment dire : non là, c’est la zone rouge, n’y rentre pas. Et il y a des exemples émotionnels où ca n’existe pas vraiment, où on peut juste se dire : là, oui, ca ne me fait pas du bien, chaque fois que je continue dans cette direction si je continue ça ne me fait pas du bien, je dois dire stop à cela rapidement et en sortir le plus rapidement possible. Ça fait sens ? Aussi avec votre situation que vous avez eue ?Question : Euh oui, je crois que moi j’ai mis un peu de temps à voir que, on est dans l’acceptation de ce que je ressentais, c’est à dire que je sentais moi que c’était de la jalousie, mais je crois que je n’ai pas vraiment accepté que c’était quelque chose, ou accepté que je puisse être jalouse, et donc du coup on est pas allé très loin. Mais pour moi, c’était déjà très aidant, parce que j’ai essayé de le voir de l’autre côté, et de voir que c’est déjà ça, donc là je peux déjà maintenant être passé un peu plus loin et voir avec quoi je peux faireT: D’accord ? Autre : Moi j’ai l’impression d’avoir touché une émotion qui n’a pas de remède, parce que je pense que c’est une émotion qui est à la base de la fleur qu’on a vue tout à l’heure, qui est le manque. Je pense que l’on ressent tous en tant qu’être humain sur cette terre…T: Le manque ? La ManqueOui le manque que l’on a tous,  c’est pour ça qu’on fait des choses, qu’on aide les gens.. Je ne sais pas si je suis seule Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire….Enfin c’était difficile parce que comme ça moi ça n’avait pas de remède, j’avais l’impression d’être en grande difficulté, de toute façon, il n’y a pas de solution !T: La personne qui ressent le manque et qui a essayé d’en trouver la solution est presque convaincue qu’il n’y a pas de remède. Et, il y en a.Autre : Bonne nouvelle !T: Tu parles d’un manque, un peu le sentiment de manque qu’on peut généraliser.. Ce n’est pas un manque spécifique, ça manque de partout. Tu veux nous donner ?? Non, tu veux  pas??Autre : non non je réfléchis je ne sais pas si c’est généralisé ou pas, en fait.

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Autre : Moi j’ai travaillé sur ça, en fait. Peut être que ça peut aider ??T : Tu as entendu elle a travaillé là-dessus M, dans cet exercice. Est-ce que ça vous… vous nous racontez un peu comment vous avez travaillé avec ??M : moi c’est qq chose que j’ai libéré il y a pas très longtemps. C’était un manque précis, donc du coup là comme on a décortiqué… Une partie de l’idée là c’était le problème de désir, le désir attachement.. Il faut que je dise précisément ? Ca ne me gène pas, ce sera peut être plus précis ?T : Si ça ne te gène pas, pour nous c’est un grand cadeau !M : Donc, pour moi c’était le manque, pour moi j’avais la peur de manquer matériellement : voilà, de manquer d’argent. Donc là comme il fallait décortiquer, c’est difficile pour moi de décortiquer parce que je suis arrivé à la solution il n’y a pas très longtemps. Donc du coup j’ai dû raconter l’histoire de ma façon de décortiquer, toutes les étapes, pour qu’on puisse recaler chaque étape, le stop, etc.. Donc je vais peut-être faire pareil du coup…T : Oui, et parle dans la salle, par ce qu’on va mieux t’entendre..M: Donc, du coup..T: Tu as besoin de la liste ?M: Oui Donc : cette peur de manquer, il y a pas longtemps, j’ai eu le déclic, c’est quelque chose que j’ai travaillé avec la psycho généalogie. C’est lié a mon papa qui m’a souvent répété « on ne va pas y arriver »…, c’est une histoire de la famille etc, c’est quelque chose qui est très ancré en moi et vraiment ça me faisait mal au ventre quoi . Alors que, rationnellement, concrètement, ça n’avait pas de raison d’être ; et il y a pas longtemps après, franchement plusieurs années, après être repassé sur ça régulièrement, sans que ça me quitte vraiment, j’ai renversé la façon de me poser la question : en fait ce n’est pas rationnel ce manque, je veux me lier à mon père, etc., dans mon chemin, en fait je suis arrivé à la peur de manquer d’intelligence, et du coup, d’être reconnu dans le regard du père ; et du coup, ça me mettait toujours en stress parce que dans toute relation ; que j’entamais avec qui que ce soit, personnel, professionnel etc., je prouve ma valeur . Donc là, comme on a décortiqué, on est tombé sur une autre émotion qui se trouve être l’orgueil. Donc, la fausse humilité, et un grand manque de confiance en moi. Voilà.. Donc, du coup, après on a recalé, et du coup quand j’ai compris ça , en fait ça fait 15 jours.., le moment où mon esprit a fait comme un espèce de flipper là, a fait tous les liens, tout ce travail, etc, la libération s’est faite : mais vraiment il y a une joie qui est montée, j’étais euphorique quoi ; mais tu es trop con…(rires+++) mais eureka, et doc du coup on a recalé ça, donc, c’était un peu difficile du coup de recaler les étapes, une fois que c’est libéré, c’est un peu difficile. Je ne sais pas si ça peut t’aider..Mais l’idée qui est sous jacente, c’était de voir que je suis partie du désir attachement, et je n’arrivais pas trop à le caler parce que c’était une peur qui était vraiment viscérale quand même, donc j’ai pas trop pu me caler au départ, et j’ai décortiqué l’orgueil, en fait maintenant mais c’était inconscient, cette histoire d’orgueil donc…la mésestime quoi..`T: je reviens à toi après ! Ce que tu as fait, tu t’es arrêtée, c’est nuisible de continuer là-dedans sans regarder, je dis, je m’arrête et je regarde. Tu as regardé, tu as gratté, tu as exploré les causes, les faits. Tu as vu en acceptant une émotion il y a une autre qui est sortie, et tu as pris un regard de plus en plus positifs sur le défi ! Tu voulais en savoir et tu as commencé à vraiment prendre un intérêt bienveillants vis-à-vis de ton problème, jusqu’à pouvoir arriver à ce que tu as pu ressentir : ah oui, ça c’est l’origine véritable, et tu as pu expérimenter le moment où, ta pleine conscience est rentrée là dedans, tu as ressenti une libération. Tu ne peux même pas l’expliquer, ne sait même pas pourquoi ça s’est libéré, et ça, ça c’est l’effet qui se produit souvent quand la pleine conscience, elle comprend, il y a la compréhension qui s’élève. Là où il y a compréhension, on sort de l’entrave, et du coup, ça c’est une façon de libérer l’émotion. Maintenant je ne suis pas sûre si ça repond ce que P a

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proposé, par ce que ça c’était un peu spécifique et je ne ressentais pas exactement, je ne sais pas, je veux vérifier avec toi …P: non, ce n’était pas tout à fait la même chose. T: Il me semblait, quand tu as parlé, je vais prendre la parole, et tu peux intervenir si tu veux mais j’avais vu que tu étais très touchée et je ne veux pas te mettre mal à l’aise.. Pas de problème ? OK !

La question du manque et la solitude

Donc, si tu es prête parle nous de ce manque profond ; parce que tu as dit que tu penses que tout le monde le ressent, tu es convaincue que tout le monde le connaît et je crois que tu as raison, donc si tu prends la parole, pense que tu parles pour nous tous, pas seulement pour toi.. ca t’aidera pour ne pas complètement tomber dedans ; explique nous, de quoi j’ai ressenti comme un manque existentiel que tu as exprimé.P : oui c’est ça c’est une sorte de manque existentiel, un manque de l’autre. Quand je disais que j’ai l’impression que c’est quelque chose contre lequel on ne peut rien c’est qu’ on a tous besoin d’être en relation avec quelqu’un d’autre, à deux en tous les cas.T: oui.P: Et donc, ce que j’ai touché là, c’est cette solitude, en fait, mais je pense qu’on a tous ce sentiment. T: Oui, tu as touché à ce fort sentiment de solitude, avec cette forte envie d’être en contact, en relation d’amour, empathie, une résonance avec une autre personne. C’est un besoin humain très profond . Et c’est douloureux n’est-ce pas, quand on ressent ça ? Quand on touche à cette solitude profonde. Et, on a l’impression que ça, c’est la nature humaine. On ne peut pas trouver de solution parce que comment est-ce que un autre peut combler cela. Par ce que on sera toujours séparé un moment donné, si on trouve cette personne ! C’est ça ?P: oui, ça je n’y pensais pas mais je suis d’accord.T : tu es d’accord, oui.P : et même, si on est avec une personne, de toute façon on ne sentira jamais ou alors dans des moments très succincts…T: des fois, dans notre vie, nous avons de telles personnes à notre côté, oui, on semble être comblé, la solitude n’est pas aussi tangible, ce sentiment de solitude. Mais, ce qui nous travaille en profondeur c’est la peur de perdre ce contact, la peur de perdre cette personne. Ça reste. Souvent, on n’en est pas conscient. On peut se sentir comblé, mais quand la personne part, quand elle s’approche de la mort si elle meurt, là, on touche à nouveau ce sentiment. Des fois, des petites apparitions suffisent pour toucher la solitude, des soirées passées seul parce que l’autre est en voyage, ça peut déjà suffire, pour à nouveau toucher cela. Des fois, on touche à ça, même si la personne est à côté, même si, elle m’aime, complètement, on ressent quand même cette solitude et séparation. Et, vous êtes d’accord que c’est un état mental tendu, c’est une tension, c’est désagréable, et ça ne nous laisse pas être heureux.

Il y a des philosophes qui ont décrit cela comme : il faut s’y faire, c’est comme ça, ça ne peut pas être autrement. Toute la tradition bouddhiste prend un autre sens là dessus, parce qu’ils ont d’autres expériences. J’ai de bonnes nouvelles, très bonnes nouvelles. On n’a même pas besoin d’être éveillé pour s’en sortir (rires), même pas.Pour en sortir, il faut détendre toutes ses envies que ce soit autrement. Donc là, les philosophes ont encore raison de dire : Il faut accepter cette situation. Il faut accepter ces envies de partage, d’être ensemble, à tel point, que ça relâche tout autour. On entre dans un

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profond calme mental par la détente. Ça s’appelle shiné, c’est le calme mental. Les phases initiales de calme mental sont déjà caractérisées par un sentiment moins accentué de la solitude, et quand on touche aux véritables états de calme mental, on s’étonne que la solitude disparaît complètement. Et ça, c’est la même chose pour tous les pratiquants. Mais ce n’est pas le calme mental de la petite concentration sur le souffle. Ca peut aider, mais c’est une détente profonde qui peut se faire seulement dans l’acceptation de ce sentiment de solitude et de manque. Oui, ça s’apprend. C’est quelque chose qu’il faut apprendre. Quand je ressens la solitude, avoir le réflexe de dire : on entretient pas ses pensées de la solitude, les pensées d’être séparé, de ne pas trouver ce dont j’ai besoin, mais applique le remède. Assieds toi. Détend toi. Fait quelque chose qui maintenant te détend. Et maintenant il faut que je sois honnête avec vous. Là, faire du sport ou faire une promenade c’est pas ça qui aide vraiment. C’est comme une palliation. C’est juste palliatif ; ça revient tout de suite, dès qu’on s’arrête. N’appelez pas une personne pour parler au téléphone. Dès que vous raccrochez, c’est tout de suite là. C’est, entrer dans la solitude, s’assoir dans un fauteuil, et se détendre. Et se dire : Alors viens tu es beau, se détendre, se détendre dans la solitude. Ça c’est la méthode. Et là, on commence à entrer en phase III : dis-moi, enseigne-moi , qu’est-ce que je dois apprendre ? Je vous parle de mes maintes expériences avec ce sentiment : à oui, tu te prend pour trop important, tu te prends pour le centre du monde ! C’est ta volonté d’être qui te sépare du reste. Et tu dis d’accord, détend-toi détends toi, et tu continues à te détendre dans la simplicité, avec le souffle, avec tout, avec les sens, peut être tu entends les oiseaux qui chantent autour, peut-être il y a des voisins qui sont aux toilettes, tu entends l’eau descendre, et tu entend tout ce qui t’entoure, et tu acceptes tout ça et tu vas là où tu as peur de toujours être seul, tu y emmènes la conscience là, et tu te détends, même là à cet endroit là, et ce qui se fait si tu maintiens ça pendant 15 minutes 20 minutes, (dont on ne parle pas de grande session de méditation) juste le temps suffisant d’accepter complètement, et se détendre. Tu seras étonnée que le sentiment de solitude est de moins en moins tangible. Tu la retrouves de moins en moins, presque plus, et si tu continues dans cet étonnement là, de te détendre d’avantage, et tu verras que ça aura complètement disparu. Dans juste le travail, de 20 minutes, une demi heure. Ca c’est une approche de vraiment accepter profondément, et de prendre le sentiment de solitude comme un signal d’avertissement de notre tension : je suis entré dans une très forte séparation avec le monde, et je peux remédier à cela par la détente, par l’ouverture, je peux remédier à cela. Il y a des gens qui vont loin là dedans et vont toucher des sentiments d’être unis. D’être unis avec le son, tu connais aussi, des moments où tu te sens comme un avec la nature, et même tu te sens connecté avec des gens très loin, qui ne sont pas présents, et tu ressens une ouverture, une communication, parce que notre propre être, à ce moment, grâce à la détente, n’est plus ressenti comme aussi solide comme avant. Quand on a eu dans la journée, et ça c’est le cas de pratiquement chacun d’entre vous, beaucoup de contacts, et les contacts changent très rapidement, il y a contact, fin de contact, contact, fin de contact .. , et ça passe d’un contact à l’autre, et ça fait toujours que je me sens en contact mais pas vraiment très ouvert. C’est comme si, si je me durcissais un peu dans le contact, être quelqu’un, pour faire une tâche, pour assurer, il faut encore faire ceci, et c’est comme si je me muscle, je dois faire face et je fais un boulot et je rentre à la maison et il faut encore faire le trajet avec le métro fouhhhhhh …. Et quand on arrive à la maison, on a une grande habitude d’être comme ça, et normalement le réflexe c’est de prendre le téléphone, et appeler quelqu’un, allumer la télé, pour au moins ressentir de la même manière le contact, mais, on est conscient que ça ne va pas marcher … c’est maintenir une forme de stress, une forme de tension. Donc le remède, c’est sortir de ce stress, prendre le temps de regarder dans notre stress, et se détendre là dans cette peur d’être seul, éternellement seul, on voit que c’est autour d’un sentiment de moi, pas sûr, pas sûr d’être

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aimé, il faut, comme bercer cet enfant qui a besoin d’être aimé se détendre toujours plus. Et là on commence à toucher à des expériences du calme mental, où on a le sentiment d’être plus en union, ou complètement en union, mais ça aussi, c’est encore des étapes passagères parce que même le sentiment d’être en union, est encore une collection de notre saisie égoïste. On va se détendre davantage, et la solution finale, ça ce n’est plus le calme mental, mais c’est entrer dans cet esprit complètement naturel, qu’on appelle aussi non dualité : on ne ressent plus le centre de l’être, il n’y a plus centre ici et périphérie. Il y a juste être ouvert. Et là, c’est la fin de ce manque que tu décris. Et ça c’est un manque existentiel. Les gens sont poussés à ça, les gens sont poussés dans les contacts, ils sont poussés dans la palliation. On se cherche une compagne, on se cherche un copain, on se cherche des amis, on sort juste pour oublier cette solitude profonde. Et nous, comme psychothérapeutes essentiels, on doit connaitre ce malaise essentiel. On doit trouver aussi en nous, des solutions, par ce que les gens viennent avec ça. Les autres problèmes dont ils parlent sont plutôt superficiels ; ils sont comme pour cacher la misère qui est plus profonde.P :Excuse-nous, est-ce que c’est cela que l’on appelle les Dharma et le Dharma mondain ? Est ce que ça a à voir avec cela ?T : on pourrait faire un lien mais ce n’est pas exactement ça. Là, ça touche à la séparation, à l’illusion de séparation qui s’installe à cause de notre mécanisme de fonctionner en sujet et objet. Et c’est vrai que quand tu as posé ton problème, j’imagine que ta voisine elle a été un peu dépassée par ce que elle a pu ressentir que ça a à avoir avec ça, mais trouver le mot et pouvoir décrire comment faire dans une telle situation, ça c’est plutôt difficile ; Oui, c’est un peu tôt. On voulais aller vers la 4 et 5, et…Tu y vois plus clair ?P : Oui oui oui… Et là, cinquième étape, on n’aurait pas besoin d’avoir peur de la prochaine situation de solitude, parce qu’elle nous montre : Oui je suis encore trop centré sur moi, je suis tendu, besoin de détente, et je m’offre la détente, je tourne le regard vers l’intérieur, ce moi qui se sent tellement séparé, et je regarde à l’intérieur de ce sentiment de moi séparé, moi seul. J’ai du le faire des centaines de fois ; et j’étais très étonné par ce que quand j’étais dans les retraites de trois ans, la première retraite j’ai déjà touché à ce sentiment de me sentir connecté à tout, deuxième retraite ça s’est stabilisé dans une ouverture aussi souvent non duelle, et quand j’ai commencé à être Lama et m’occuper des gens, je rentrais dans ma petite pièce dans mon monastère et je me sentais seul, je n’avais plus connu ce sentiment dans toutes les retraites isolées, et tout ça, et en activité j’ai recontacté ce sentiment., et j’ai appris que c’est par ce que toute la journée j’étais en contact que l’habitude de contact faisait que quand je n’étais plus en contact, il me manquait qq chose, exactement ce contact. J’avais du mal à changer, à faire le switch, pour juste être avec moi-même, et j’ai dû, souvent le soir en rentrant dans ma chambre j’ai dû prendre 15 minutes, 20 minutes pour juste être, jusqu’à sortir de ce sentiment de séparation, de solitude. Après mon esprit est redevenu limpide. C’était très rafraîchissant aussi par ce que tout le stress est parti et je pouvais faire ma soirée.P : Ce que tu dis c’est que plus on est dans le rapport à l’autre, ça peut justement nous séparer ? C’est très paradoxal, mais c’est possible, après, à un moment donné d’être avec les autres sans perdre le rapport à l’être.T : Oui c’est possible, c’est très possible. Normalement, on encourage les tendances duelles, dualiste dans le rapport à l’autre, et quand on se retrouve seul, on est toujours avec ce que l’on a stimulé, dans une dualité, on veut renforcer par le contact. Donc, ce que font la plupart des gens, ils allument la télé, pour avoir un semblant de contact. C’est un semblant de contact, mais pas satisfaisant.

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P : et, le fait que le rapport à l’autre augmente la dualité, c’est vraiment très important ce que tu disT : oui, c’est important : je te parle, et grâce à cela tu te ressens , et tu me parles et tu te sens moi, et le moi et le tu, toi, ça se renforce. Et donc, si j’arrive à te parler sans entrer dans une fixation sur moi et si j’arrive à t’écouter sans entrer dans une fixation sur moi comme centre, là, c’est autre chose.P : oui, c’est là que l’écoute consciente et le faite de s’intéresser plus à l’autre qu’à toi dans la relation peut être aidant pour soi.T : oui ça peut être très aidant, plus que cela, on va du moi égoïste à l’altruisme, s’intéresser à l’autre, c’est avoir conscience de l’espace qui nous entoure, l’espace d’amour, l’espace de présence, les liens avec tout, d’être dans cet espace, et d’écouter dans cet espace et de cet espace c’est encore mieux que l’altruisme.Question : Tilmann, là tu me fais douter énormément. Je connais très bien ce sentiment, et là en t’écoutant, deux choses : La première j’aimerai bien que tu précises sur la relation sujet-objet, par rapport à ça Et en te écoutant, Je me demande de manière perverse: si, quand je suis en contact en recherche de lien avec l’autre, en étant dans l’écoute, si je ne renforce pas un désir égoïste finalement. Ça paraît un peu bizarre de le dire comme ça, mais C’est ce que je comprends de ce que tu dis.T :Oui mais c’est correct.Question : ET alors ok . Donc, si c’est correct, pour dépasser ce stade, le stade où on se sens connecté etc, le stade de l’être,T : tu cherches le lien : Parler et écouter avec un peu moins de moi. P : Je n’ai pas l’impression d’être dans du moi mais je me dit : attention, c’est caché !T : Tu vas le découvrir de plus en plus ! Question : C’est du boulot !!T: On est tellement dans l’habitude d’être comme cela qu’on ne le remarque pas. C’est inconscient. Là je parle des voiles cognitifs. Positionner un sujet et objet, ça c’est un voile cognitif. Vous vous rappelez vu de ce matin ? Les voiles émotionnels et les voiles cognitifs. C’est les deuxièmes. Ces voiles là sont inconscients, complètement. C’est un positionnement automatique de soi-même au centre de la perception. Et l’autre, comme étant à l’extérieur. Et, ce positionnement créée ensuite des sentiments d’exister, d’exister en séparation, de vouloir être dans l’ouverture et de ne pas savoir comment, parce que on ne met pas en question le positionnement.Question : C’est très compliqué à voir, parce que sincèrement, quand je suis avec quelqu’un, je le ressens profondément Je ne suis plus dans mon moi, je suis dans une relation, mais là tu me fais douter, tu vois je me dis non, ce n’est peut-être pas vrai…. Mais je ne vois pas, tu ne m’as pas donné d’outils de travail pour ça…. Je ne sais pas quoi en faire.T : des outils sont par exemple quand tu écoutes l’autre, laisse le non soi en toi, le non moi écouter, quand tu réponds, laisse cette autre dimension répondre entrer. On travaille avec le lama en nous, Question : J’ai l’impression de le ressentirTrès bien ! Si tu le fais, tu verras qu’il n’y aura pas ce sentiment de séparation, de solitude qui en résulte. C’est pas ce que j’ai dit. Je n’ai pas le sentiment maintenant de vide de l’existence. Je l’avais un certain temps, j’en souffrais, et donc, j’ai cherché, j’ai cherché, et donc la seule chose que la méditation m’a apporté et de revenir me centrer sur moi, sur mon bouddha, etc, et l’image qui me vient c’est que je ne me sens pas agir, l’être être. Je suis juste un instrument, ce n’est pas moi qui agit, je suis juste un instrument.

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T: oui ça va dans cette direction que je voulais indiquer. Peut être que tu fais déjà le nécessaire. Il faut juste continuer comme cela.Q : D’accord, d’accord. Je doute moins c’est bon alors (rires).T: Peut-être que les paroles que j’ai utilisées ne touchaient pas directement ton expérience, mais là, tes paroles à toi, quand on se sent instrument, de l’amitié, oui ça ne renforce pas la séparation. Question : Il semble qu’il y a un mot que tu n’as pas utilisé, c’est l’interdépendance ; c’est vrai que ce sentiment de solitude j’y ai été confronté il n’y a pas longtemps et j’ai essayé d’en faire quelque chose d’intelligent avec, et je me suis vue seule, chez moi, mais, physiquement je suis seule mais j’ai tout de même plein d’amis qui sont là quelque part, ils sont là pour moi si je les appelle, je suis là pour eux si ils m’appellent, et j’ai visualisé à ce moment-là par ce que j’en avais besoin, qu’ils m’envoyaient tous des petits brins de lumière. Tu es seule mais tu n’es pas seule. Alors, sur le moment je le visualise avec le cercle de mes amis mais je peux l’élargir autant que je le veux. Et sur le moment, ça m’a aidé à me dire OK physiquement je suis seule, Je vais passer ma soirée seule à la maison , c’est très bien par ce que j’ai des choses à faire etc , mais, fondamentalement je ne suis pas complètement seule. D’un côté oui par ce que je fais ma vie et il faut que j’accepte cette solitude ontologique, mais en même temps, non. Oui et non ;; (rires)Tilman : oui. Deuxième étape, qu’est ce que tu as fait ? Elle a fait la deuxième étape et elle a appliqué ce qui a remédié à son émotion, ce qui a fait rentrer dans une vision un peu plus large, mais ce qui n’a pas encore résolu le problème. Disons, que quand c’est revenu, ça c’est fait plus rapidement. Quand ce sentiment de solitude est venu, il est parti plus viteTilman : oui bien sur, T : Pour terminer avec ce sujet, il faut dissoudre l’illusion que nous sommes séparés comme aussi l’illusion que nous sommes un. Etre, être, nous sommes processus, différents processus ; tu es séparé de moi mais nous avons tant en commun, nous avons des possibilité d’échanges. La réalité, elle n’est ni l’un ni l’autre. Ne pas créer un truc spirituel ésotérique, nous sommes tous liés, jamais personne n’est séparé,… non, non, non, accepter qu’il y a ces expériences là, ne pas à essayer de contrer en renforçant le contraire en disant : oui mais nous sommes tous liés, …Voir, ressentir ce qui est, quand je m’ouvre, quand je me détends, le sentiment de séparation disparaît, le sentiment d’union et d’unité apparaît, mais, quand on se détend davantage, ce sentiment aussi disparaît, ce sentiment d’union et d’unité. Pour finalement arriver sur quoi, finalement ce qui arrive : on n’est plus concerné par la question. La question ne se pose plus. C’est uni, ou séparé, ça ne se pose plus. C’est plus simple que cela. Voilà nous allons méditer qq minutes pour terminer la journée.

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Dimanche 6 Mai 2015 – Les émotions- Tilmann Borghardt- 2ème jour

DIMANCHE

Méditation

Faisons une petite méditation. Au début de la méditation, on prend souvent quelques respirations plus profondes et puis plus besoin de s’en occuper, la respiration se calme. Et nous commençons à ressentir mieux notre corps, un peu plus pleinement. Et regardons aujourd’hui s’il y a des endroits dans le corps qui ne sont pas bien présents dans notre conscience, des endroits que l’on ressent très peu ou pas du tout. Et donnons de l’attention à ces endroits-là…Et puis passons par tout le corps, depuis les pieds jusqu’au sommet de la tête en ayant une attention égale pour tous les endroits. Une attention qui reste fluide, qui ne s’attache pas…Et du sommet de la tête, on redescend jusqu’à la plante des pieds, jusqu’à avoir un sentiment de l’ensemble du corps…Est-ce possible de ressentir l’ensemble du corps ? Toutes ces sensations physiques, comme un ensemble…En inspirant et expirant, ressentant le corps entier avec ses diverses sensations…C’est comment de ressentir ce qu’on appelle « corps » ? Dans le concret, là maintenant, c’est comment ?Incluons maintenant les autres sens avec une attitude un peu similaire. Pour ce qui est de l’ouïe, écoutons, pas seulement les bruits évidents mais écoutons plus finement. Peut-être vous entendez les bruits de votre propre corps. Peut-être vous entendez des sons que vous n’aviez même pas remarqués avant.On peut presque entendre le silence. C’est comment, d’entendre ? Le vécu lui-même d’entendre, c’est comment ?Et puis voir… Et là aussi, même attitude : voyons avec les yeux bien ouverts et regardons pas seulement les choses, mais comme si on voyait l’espace dans lequel se placent les choses, dans lequel il y a des points de lumière, des couleurs. Regardons sans tout de suite identifier les choses. C’est comment de voir toutes ces couleurs, ces impressions sensorielles ? Ou : c’est comment de voir à l’intérieur, ce qui se passe dans notre imagination visuelle ?C’est comment d’être conscient de tout notre champ visuel en même temps ? Regardez sans donner de focus au regard. C’est comment ?Connectons ces trois sens ensemble : ressentir les sensations physiques sans focus, spécialement entendre tous les différents sons sans se focaliser sur aucun, et voir sans focaliser. Qu’est-ce que ça fait ?Ajoutons l’odorat, le goût, juste pour compléter les cinq sens…(Restons là) ouverts à ce qui se passe à l’intérieur, les mouvements mentaux. Et là, pareil  : sans se fixer, sans se focaliser, juste remarquer et laisser. Qu’est-ce qu’il y a entre les mouvements mentaux ? Dans l’espace entre les pensées, qu’est-ce qu’il y a ? Si vous vous détendez dans cet espace, c’est comment ? Pour être sûr de pouvoir contacter cet espace, vous pouvez produire une pensée et quand elle se termine, regardez : c’est comment, juste après la pensée ? Une pensée s’élève et juste après, il y a quoi ?Et détendez-vous complètement, sans plus de recherche.Un dernier regard pour voir avec quelle émotion de base, avec quelle humeur je suis là, je suis présent. Est-ce que l’esprit est ouvert ou fermé ? Il est soucieux, fatigué, clair, bien présent ? C’est comment d’être là ?

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Et la petite question du matin : qu’est-ce qui me ferait du bien là maintenant ? Quelles qualités est-ce que j’aimerais vivre maintenant et mettre au centre de cette journée ? Et si vous voulez, laissez venir une image qui représente cette qualité, une image qui vous inspire, qui peut être le symbole de cette qualité, pour vous la rappeler durant la journée.(Cloche)

Spécificités de cette méditation basée sur l’espace

Normalement, j’aimerais tellement vous demander à chacun, chacune : « Comment vas-tu, est-ce que tu as bien dormi? Comment te sens-tu aujourd’hui ? » J’aimerais vraiment passer vers chacun. Avant, je suis passé par tout le rang, j’ai pris contact avec mon cœur avec chacun de vous, mais il est impossible de le faire en direct, ça ferait perdre trop de temps. Mais je vous souhaite à tous la bienvenue pour cette journée, et j’espère que vous n’avez pas trop mal dormi, que vous pourrez vous reposer maintenant dans la journée. Moi j’ai bien dormi ! Je suis en meilleure forme qu’hier. Il y avait dans la méditation des éléments en plus qu’hier. Ça, c’était la structure d’hier (montre sur le tableau), mais aujourd’hui j’ai ajouté des éléments. Qu’est-ce que j’ai ajouté aujourd’hui ?P: Les zones, les endroits du corps que l’on ne perçoit pas, qui sont absents de la conscience...T : Voilà, très bien. J’ai ajouté les endroits du corps, une attention aux endroits que l’on ne remarque pas toujours, ou presque pas. Qu’est-ce que tu penses, pourquoi je l’ai fait ?P : C’est un peu comme amener de la conscience sur les zones émotionnelles, comme on a fait hier.T : C’est ça, les zones du corps qu’on ne ressent pas sont souvent en connexion avec un refoulement... Donc on n’est pas à l’aise avec ces zones-là, peut-être que ça nous rappelle des choses qu’il y avait, donc c’est une technique, sans trop insister, pour légèrement amener un peu plus d’intégration dans notre présence. D’autres éléments que j’ai ajoutés aujourd’hui ?P : Voir avec tout le champ, sans focalisation.T : Voir tout le champ visuel, sans focaliser. Est-ce que tu as une idée pourquoi j’ai eu l’idée de faire ça ? Qu’est-ce ça amène, quel est l’effet de ça ?P : Juste par rapport à mon expérience... je sais que voir... si tu me dis de voir, je vais me fixer sur certains points, ou me raconter une histoire sur ce que je regarde, donc il y aura une fixation et plus de pensées, mais de voir sans focaliser tout le champ, c’est inhabituel, il n’y a pas de mental sur ce que je vois.T : C’est inhabituel. On ne peut pas se raconter une histoire si on regarde tout.P : C’est pas du mental.T : C’est pas du mental, on sort un peu du mental. D’autres observations que vous avez faites avec ça?P : Ça aide à voir l’espace, aussi.T : Ça aide à voir l’espace...P : A sentir l’espace...T : A sentir l’espace, c’est plus précis, parce qu’on ne peut pas voir l’espace. On ne peut voir que des couleurs. C’est ça que voit notre rétine, notre rétine ne voit pas l’espace, elle voit des couleurs. Et par les deux yeux, on estime les distances, on fait les contours, là où il y a une couleur qui s’arrête et une autre couleur qui commence, on devine s’il y a une forme, la forme extérieure d’un objet qui se termine, on ne voit pas l’objet tout de suite. C’est une interprétation. On voit des couleurs, lumières...P : Du coup, il y a plus de liens entre les différents éléments vus, en fait.T : Plus de lien... oui...P : Comme si tout était relié, en fait.

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T : Oui, comme si tout se reliait un peu. Moi, quand je fais ça, je ressens... c’est comme quand j’active les zones dont je ne suis pas conscient dans le corps, et ensuite on médite sur le corps entier, ce n’est pas exactement que l’on ressent tout entier, ça bouge un peu, mais tout est un peu mieux relié, dans le corps, tout est un peu mieux relié, et pareil dans le visuel, quand on ne se fixe pas tellement sur une chose dominante, le champ visuel commence à se relier.P : Moi, je trouve déjà qu’au moment où tu nous as fait cette méditation avec la globalité du corps, il y a déjà quelque chose qui s’ouvre. Pour moi, déjà voir l’espace, ça commence déjà là.T : Oui, c’est ça, voir l’espace était déjà présent dans la première partie de l’exercice, quand je vous ai invités à ressentir le soi-disant corps entier, parce que... il n’y a pas de corps. Il y a plein de sensations, qui sont ensuite construites avec l’idée du corps, mais on ne sait même pas où le corps s’arrête. Il y a juste des sensations.P : Même par rapport à la vision, ça m’arrive, dans cette façon d’être en rapport avec la vision globale, panoramique, d’avoir le sentiment que les mouvements sont aussi reliés. C’est-à-dire : plusieurs personnes qui bougent légèrement, c’est comme si c’était un truc commun, comme un mouvement... Et ça fait une drôle d’impression, parce que c’est comme si c’était un seul être qui bouge un peu... [rires]T : Voilà, voilà. Oui, c’est tout ce champ d’êtres qui commence à ne plus être tellement comme des trucs individuels qui s’ajoutent, mais comme un ensemble. Et quand quelqu’un bouge, avec cette conscience-là, ça ne gêne pas du tout, parce qu’on ne va pas tout de suite focaliser. On le remarque, bien sûr, on voit que ça bouge, mais on est avec tout l’espace du champ visuel. Maintenant, bien sûr il faut inclure l’ouïe. Qu’est-ce que vous avez remarqué, qu’est-ce qui était d’abord différent aujourd’hui avec les sensations sur l’ouïe ?P : Ecouter le silence, écouter... entre deux sons, en fait...T : Entre les deux sons, écouter le silence... Mon instruction était d’abord comme avec le corps, de vous amener à remarquer les sons... P : ... Plus subtils, intérieurs...T : ... Plus subtils... jusqu’à presque pouvoir entendre le silence. Parce que le silence, on ne peut pas l’entendre. Mais qu’est-ce qui se produit quand on essaie d’entendre le silence ?P : Ça donne de l’espace.T : Ça donne un espace.P (non voyante) : J’ai eu une sensation de volume.T : Tu as eu une sensation de volume! Oui... Quand tu utilises [le mot] « volume », tu l’utilises dans le sens des trois dimensions, ou c’est le volume d’intensité du son ?P : Euh, les trois dimensions...T : Oui, c’est ça, l’espace, ça devient spatial. Notre ressenti de l’ouïe devient spacieuse.P (non voyante) : Oui. J’aurais quelque chose à rajouter pour la vue... c’était spécial, c’est la première fois que je vois, j’ai compris, à un moment tu as dit d’ouvrir les yeux… J’avais laissé les yeux ouverts, et évidemment, l’extérieur, je ne vois rien; et là j’ai vu que je ne pouvais pas voir l’ensemble de la spatialité, enfin... c’était très étrange... comme si j’avais toujours le souvenir... j’ai vu avec un seul œil, à gauche, et dans mon imaginaire, si je vois, je ne peux voir qu’à gauche, tout le temps... J’ai vu que je ne pouvais pas tout voir.T : Ah, c’est intéressant...P : J’ai vu qu’il me fallait tourner la tête, alors que me suis fait la réflexion : «  Ah, mon cerveau a donc une aire qui ne fonctionne pas trop... » [rires] C’était décevant !T : Ah, il y avait une mémoire de la vue, hein, et qui était plutôt à gauche. Et pour toi, j’avais rajouté une instruction, parce que... Tu sais ce que j’avais ajouté pour toi ? Tu te rappelles ? C’était quoi ?P : Oui, tu as demandé de regarder à l’intérieur.T : Oui ! Parce qu’on peut voir à l’intérieur.

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P : A l’intérieur, j’ai pas cette difficulté, il n’y a pas la scission, tu vois, entre gauche et droite. Je vois à l’intérieur, c’est comme un ensemble.T : C’est ça.P : Et si je regarde à l’extérieur, il y a quelque chose qui est tranché.T : Oui. La vue intérieure, qui ne passe pas par les yeux, ne sépare pas les choses, ne dépend pas d’un œil gauche et d’un œil droit. La vue intérieure est toujours entière, elle voit des situations entières. Là où est notre attention, tout est vu, immédiatement, complètement.P : Quand tu dis « la vue intérieure », c’est quand on imagine quelque chose, quand on visualise quelque chose ?T : Imagination, visualisation, des souvenirs visuels du passé - c’est ça que je voulais dire, ici dans ce contexte, la vue intérieure. Donc on est encore avec l’ouïe.P : Moi ça ne me donne pas du tout la sensation d’espace, parce qu’au contraire, quand j’essaie d’écouter le silence et qu’il n’y a vraiment pas beaucoup de bruit, j’entends une espèce de souffle continu, et une espèce de « iiiiiii »... C’est des acouphènes, ou c’est normal ?T : C’est ça... c’est de petits acouphènes normaux. [rires]P : D’accord !T : Beaucoup de gens - je ne sais pas si c’est valable pour tous - quand on se détend et qu’on essaie d’entendre le silence, on entend un bruit de fond. [murmures d’approbation] C’est notre cerveau, notre appareil acoustique, qui produit ces sons. Avant d’entendre ça, on entend peut-être sa propre respiration. On peut aller jusqu’à aller à entendre le battement de son cœur, parfois, des ruminations dans son ventre, on peut entendre plein de choses. Et ainsi, avec ce bruit de fond, il ne faut pas se fixer là-dessus, sinon ça devient de plus en plus fort.P : J’ai entendu quelque chose, je ne sais pas si tu l’as prononcé mais en tout cas j’ai entendu comme ça, quand tu parlais de la vue tu disais... tu as dû dire quelque chose comme « voir pas seulement à partir de vos yeux mais à partir de votre cœur ». Et moi, j’avais l’impression d’avoir des yeux dans mon cœur et d’avoir transporté une qualité de vue à partir de là. C’était absolument génial.T : C’est génial. Mais je ne l’ai pas dit ! [rires]. Je le fais parfois, je le fais parfois dans ces méditations, je vais encore plus loin : je demande aux personnes de voir à partir du cœur, parfois de voir avec le ventre, carrément, aussi, de voir et ressentir, d’entendre avec le corps entier. Donc ce que tu as dû entendre, c’est parce que j’ai mal prononcé le mot « corps », tu as entendu « cœur ». Parce que j’ai fait le lien entre vue, ouïe et le corps. Et ma prononciation est devenue « cœur », et tu as fait un super exercice. Et garde-le précieusement en toi, parce qu’on voit mieux avec le cœur (le Petit Prince). Et c’est vrai que j’essaie de voir avec le cœur, et c’est carrément une instruction de méditation que l’on peut utiliser. Donc, avec l’ouïe, vous avez remarqué qu’il y a eu cet... qu’on a envie de se focaliser sur des sons, n’est-ce pas ? Mais les sons passent. Et après, le son est passé, et on est avec le soi-disant silence. Mais dans ce silence, on découvre... quoi ? On découvre d’autres bruits, d’autres sons plus fins. OK. Je passe l’odorat et les saveurs, parce que bien sûr on ressent des choses, on sent des choses, il y a des goûts. Mais allons directement aux moments mentaux. Quelle était l’instruction que j’ai ajoutée aujourd’hui pour les mouvements mentaux ?P : Observer entre les mouvements mentaux et à la fin d’une pensée.T : Oui, regarder entre les mouvements mentaux et à la fin d’une pensée.P : D’en créer une... T : D’en créer une s’il n’y en a pas ! [rires] Alors, déjà j’aimerais savoir qu’est-ce que vous avez découvert. Je ne suis pas sûr si tout le monde a pu suivre, est-ce qu’il y a eu des difficultés, qu’est-ce que vous avez découvert ?

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P : Je me suis demandé (c’est resté dans ma tête depuis la fin de la méditation) quand tu as dit ça : « Mais qui observe, en fait, les mouvements de pensée et à la fin d’une pensée? », je me suis demandé. « Qui observe ? »T : Oui, très bonne question. Est-ce que tu as réussi à regarder entre deux pensées?P : En fait, je ne sais pas si j’ai réussi à regarder. La sensation que j’ai eue c’est que je n’avais pas un endroit de pensée focalisé, mais c’était quelque chose de plus diffus. C’était un mouvement, en fait.T : Oui, c’est un mouvement et c’est diffus. Et est-ce que tu aurais vu l’observateur ? Le mouvement observateur ?P : Euh, non, non, non, justement, c’était...T : Intéressant. Regarde à nouveau. Continue à regarder. D’autres observations ?P : Ca fait comme des poupées russes, en fait. P : Moi dans cet espace-là, c’était comme si je plongeais dans quelque chose de très moëlleux. T : Oui, je comprends ça. Et là-dedans, dans ce moelleux, c’était comment, là-dedans? Plus que moelleux, est-ce qu’il y avait d’autres aspects ?P : C’était agréable, mais c’était juste une sensation. Par contre, sinon, il y avait une pensée qui arrivait, qui avait conscience d’une sensation.T : Oui, il y avait une conscience des sensations.P : Mais il y avait un espace très court où il ne se passait rien.T : Où il ne se passait rien.P : Mais c’était très court et alors ça arrivait.T : Bien sûr. Est-ce que tu as pu répéter cette expérience ?P : Elle est revenue plusieurs fois.T : Elle est revenue plusieurs fois. Et dans ce petit espace de rien, tu as pu explorer un peu ce que c’était ? P : Un petit peu.T : Qu’est-ce qu’il y a dans ce petit espace de rien ?P : Pour moi, il y avait de la consistance.T : Consistance ?P : Oui, c’était de la consistance... moelleuse.T : Ah, c’est comme une consistance moelleuse, c’est de ça que tu parles, d’accord. J’aimerais revenir là-dessus, mais je demande d’abord aux autres, pour ne pas leur donner des pistes trop... [rires]P : Il y a une autre chose que j’ai vécue quand on était sur le corps... Alors, c’est la pensée d’un côté, l’esprit... comme si d’un coup je me disais : « Tiens, mais il y a un corps d’un côté et un esprit de l’autre ». Et je me disais : « Ce corps, cet esprit dans le corps... le corps, c’est rien. » Comme si cet esprit, le corps une fois mort, cet esprit pouvait être ailleurs aussi.T : Oui, ça ce sont des pensées, ce sont des réflexions.P : Oui, ce sont des pensées, mais qui sont arrivées sur une sensation.T : Mais il y a quelque chose à explorer : quand on est conscient des sensations physiques, où est l’esprit ? C’est bien de l’explorer. Il était séparé dans ta pensée. C’est à explorer davantage.P : Merci.P : Alors moi j’ai eu une expérience, il y a quelque chose qui se déploie, il y a une conscience, mais il n’y a plus de... je ne le commande plus, ça se déploie et je ne m’identifie plus .T : Oui, alors entre les pensées, tu as remarqué qu’il y avait conscience. Tu n’étais pas inconsciente, mais il y avait conscience. Est-ce que si je mets ça en connexion avec P, quand tu as dit « moelleux », qu’est-ce que ça évoque en toi ? Ça a à voir quelque chose ensemble ?P : Moi, c’est plus, là, cette fois-ci, là où j’étais... je suis restée dans la question... comme si j’observais des lumières, en fait.

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T : Oui. Il y avait des lumières qui venaient. Là, tu es entre les pensées ?P : Oui. Et la tendance aurait été, par moments, de commencer un peu à commenter, mais quand j’arrivais à ne plus être dans les pensées et à les commenter, il y a juste quelque chose qui se déploie…T : OK. Donc ce qu’elle décrit, c’est que entre les pensées conceptuelles, il y avait conscience, et des sensations visuelles intérieures. Il y avait des lumières, il y avait une autre activité que tu as remarquée. Il faut que je continue : entre les lumières, qu’est-ce qu’il y avait ?P : [Silence] Rien.T : Rien. Est-ce que tu peux dire plus sur le « rien » ? Est-ce qu’il y avait quelque chose dans le rien, ou c’était rien ? Est-ce qu’il y avait aussi conscience, ou il n’y avait pas conscience ?P : Il y a conscience.T : Il y a quand même conscience, on n’est pas rien. OK ! Ecoutons les autres, vous avez remarqué quoi?P : J’ai senti, euh... c’était plutôt de l’ordre de la saisie de l’attention, quand il y avait la pensée, et puis tout d’un coup c’était comme s’il y avait... paf, il y avait comme une espèce de bulle, ça lâchait, quoi.T : Ça lâchait...P : Et puis très vite, boum, il y avait une pensée qui revenait, qui interprétait en fait ce qui s’était passé.T : Oui. Et ce moment où la bulle a lâché, il y avait quoi juste après ? Il y avait quoi avant la pensée qui commente ?P : Pour moi, c’était quelque chose de calme, de libre, enfin, un truc dont j’ai absolument pas l’habitude, quoi.T : Oui, d’accord, laisse comme ça. Il y avait d’autres...P : Moi j’avais exactement la même chose aussi : une pensée, et puis comme si ça échappait et qu’il y avait un instant de silence. Et j’ai même été étonnée, je me disais : « Mais, j’ai pas de pensées! » Et puis voilà, il y avait d’autres choses qui venaient, je répétais, et c’est comme s’il y avait comme en musique des moments où... « pouf ! »... voilà, des petits moments de silence.T : Oui, de petits silences, de petits silences comme ça. D’autres ? Yasmine.Y : Et bien moi j’ai ressenti un grand désespoir, en fait. Je me suis sentie très triste, comme s’il y avait un relâchement mais j’ai eu des souvenirs de l’enfance qui sont arrivés à ce moment-là, des images, en fait, c’était plus des impressions physiques, corporelles, anciennes. Et il y a eu une tristesse de… je dis ce « rien », mais c’est pas un « rien »... Je ne sais pas, voilà, ça m’a contactée, voilà.T : C’est une grande aide, ce que tu décris, parce que Yasmine a vécu, c’est quand on n’est plus dans la fixation et dans la conceptualité, il y a un espace qui s’ouvre. Si on se détend dans cet espace, on lâche des contrôles. Et ça rend possible [le fait] qu’il y a des choses qui se manifestent. Et ça, c’est quand la méditation aide à une purification karmique. Là, tu t’es détendue, tu t’es ouverte, et une émotion imprévisible est montée, avec un souvenir de l’enfance. Et là, il faudrait rester un peu, accueillir, ne pas s’identifier, laisser se dissiper, prendre en pleine conscience, et laisser faire son chemin.Y : Mais c’est resté après, parce que quand tu as continué les instructions, ce truc était tellement fort que ça a imprégné tout le reste de la méditation.T : Oui, oui, bien sûr, parce que je n’en étais pas conscient, et je n’ai pas donné assez d’espace pour toi, pour accueillir et laisser partir ça. C’est maintenant que je le dis, mais c’est votre responsabilité. Si ça vous arrive, ne suivez pas le reste des instructions, occupez-vous de votre état mental, émotif, et faites le nécessaire pour ouvrir. Mais c’est un grand cadeau, merci aussi de le partager, parce que ça montre ce que nous sommes en train de faire. Dès qu’on se

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détend, on invite ces espaces à se produire, on lâche un contrôle. C’est comme si on enlevait un couvercle. Et il se peut qu’il y ait des choses qui arrivent de l’intérieur. Et c’est pour ça que l’on dit que la méditation peut être déconseillée, parce qu’on sort du contrôle si on médite vraiment, mais c’est très conseillé pour des gens comme vous, qui ont une stabilité suffisante, parce que comme ça notre passé peut être évacué.P : Est-ce que je peux juste rajouter... Parce que moi, ce que j’ai touché, je ne l’avais pas identifié... Vraiment, une sensation d’amour infini, et puis probablement aussi un contact karmique... ça j’ai touché, je ne l’avais pas identifié comme étant [...]T : OK.P: Oui, juste pour préciser, parce que tout à l’heure je n’avais pas les mots. Ce qui m’est venu à l’esprit pour décrire l’état que je ressentais quand on a dit « qui observe entre deux pensées ? », c’est ce que tu as dit par rapport à l’ouïe. C’est comme s’il y avait une activité très, très fine, et que les pensées c’était une activité un peu plus forte. Voilà, c’est comme l’image des bulles, ou des feux, ou des choses comme ça.T : C’est comme un état de base, une conscience de base, avec des pensées, des sensations, des mouvements qui se manifestent.P : Moi j’ai trouvé vraiment très intéressant de le faire à ce moment-là. Il y a eu des perceptions qui se sont arrivées ensemble. C’était comme si je descendais, une sensation de descente... C’est comme si je pouvais presque me dessiner... il y a eu de la peinture, des couleurs qui ont descendu, et cette sensation de descente, et puis j’ai continué, et donc il y avait une ouverture et puis une remontée, que je sentais, et beaucoup de gratitude. Vraiment de la gratitude. Et j’ai continué avec ça, et c’était comme de la gratitude pour le corps. Alors c’est étonnant... C’est-à-dire, maintenant, je trouve cela étonnant, et nouveau. C’est comme si l’espace entre les pensées, cette perception de l’espace m’a vraiment fait revenir dans le corps. Moi j’ai plutôt tendance à sortir du corps, à m’attacher à ces petits grésillements…T : Oui. Pour le moment je ne fais pas de commentaires, je le garde pour plus tard.P : En fait, j’avais une question, mais je ne vais peut-être pas te la poser en question, mais... Ce que j’ai vécu, c’est sur l’histoire de l’observateur. Je ne sais plus, tu as dit tout à l’heure : « Est-ce que tu as senti que c’était l’observateur qui observait? » Et je me demandais si c’était vraiment encore l’observateur qui observait.T : Eh oui ! Et qu’est-ce que tu as découvert ?P : Parce qu’en fait, souvent en méditation et puis même en coaching on utilise l’observateur, celui qui regarde en méta, etc. Et là, c’est marrant mais je ne qualifierais pas ça d’observateur.T : Qu’est-ce qui te fait douter, pourquoi tu ne le qualifierais pas d’observateur, quelle est la différence?P : Parce qu’en fait, l’observateur c’est encore identifier quelque chose. Et que là, l’espace, l’expérience, elle était... enfin, j’ai du mal à la nommer, j’ai pas envie... En fait, c’est un truc, c’est. C’est. Je sais pas quoi, et je me dis que même si je dis que c’est l’observateur, c’est encore pas ça.T : Si vous avez remarqué une qualité observatrice, recherchez plus ; il me semble qu’on ne trouve pas d’observateur. On trouve des mouvements observateurs. Et on trouve des moments où il y a l’observation, et on peut se détendre dedans. Et à nouveau, c’est. Tout simplement, l’être conscient se manifeste. Cette qualité moelleuse est une expérience qui vient de notre corps énergétique, du fait de la détente des concepts. On se sent plus mou, parce qu’il n’y a pas cette fixation, et ça crée dans le corps aussi une souplesse, et ça peut nous amener carrément à nous endormir mais ça peut aussi être rafraîchissant, parce qu’on est beaucoup plus souple, et ce sont des effets de notre énergie subtile qui se détend du fait de ne plus être intéressé par les pensées et les perceptions. C’est la même chose - non, pas la même chose, mais une chose similaire que H à ressentie : descendre. Descendre, c’est parce que quand nous sommes dans l’expérience sensorielle, on a tendance à ce que ça monte.

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Beaucoup de nos sens sont ici, dans la tête, et l’énergie monte. Et quand on ne donne plus d’importance ni au pensées ni aux sensations physiques, visuelles, etc., énergétiquement il y a quelque chose qui descend. Et quand la joie vient, comme dans ton cas, ffffffui, c’est pas que ça remonte mais c’est comme quelque chose qui s’ouvre et nous sommes énergétisés. Ce n’est pas seulement un mouvement comme ça [vers le haut] mais c’est un mouvement comme ça [ouverture, vers l’avant], normalement. Energétiquement.P : Dans le cœur.T: Dans le cœur, mais ça peut même venir de notre chakra secret, une lumière de là et de s’ouvrir, ouvrir le cœur, ouvrir le ventre, ouvrir la gorge, ouvrir l’ensemble.Y : Tilmann, je pense que ça peut avoir un lien avec les gens qui ont des problèmes avec le corps et les troubles du comportement alimentaire. Parce qu’en fait, quand on est dans les émotions, cette descente-là, ce côté moelleux, c’est un sentiment d’être beaucoup plus vaste aussi, plus mou, moins de forme ferme du corps, parce qu’il y a moins de mental. Et j’ai vu qu’on peut contacter des émotions profondes du corps, des souvenirs, un peu d’angoisse, et donc revenir dans le mental et remonter, comme tu dis, redonner du corps et se recontracter, se raffermir, c’est aussi une façon d’être... enfin, je pense qu’il y a un rapport dans la lutte... Quand les émotions sont trop difficiles, il peut y avoir un rapport avec l’image du corps et les émotions.T : OK, très bien. [A une personne] F, tu seras la dernière à partager.P: Hier, quand tu as demandé comment c’est de sentir, de sentir le corps et tout ça, j’avais l’impression de quelque chose de lourd. Le corps c’est lourd, ça pèse, ça empêche des choses, ça fait mal, on ne peut pas bouger comme on veut. Je l’ai senti à ce moment-là comme une entrave à ma liberté. Et aujourd’hui sur plus ou moins la même question, j’ai senti au contraire quelque chose de beaucoup plus léger, et je me suis dit : « Ah, donc ça dépend vraiment de mon état d’esprit, si je suis un peu fatiguée, ou un peu plus gaie, ou moins inquiète, ou je ne sais pas, je peux sentir cette légèreté ». Et associé au fait qu’effectivement les sensations visuelles ou corporelles ou auditives sont très fluctuantes, je me suis fait une réflexion ce matin sur la sensation d’insécurité. Je remarquais que j’étais vraiment dans une insécurité assez forte, et je me suis dit: « OK, de toutes façons, je ne peux m’accrocher à rien, dans tous les cas, mais je peux m’accrocher au fait de pas m’accrocher, ou me détendre dans le fait que de toute façon, ça va changer, bouger tout le temps ». Et donc associé à cette idée que voilà, d’un coup c’est lourd, d’un coup c’est léger, eh bien demain peut-être de nouveau ce sera lourd, après-demain aussi, et puis encore après-après-demain léger, et juste de me dire que pppffff, ça sert à rien de vouloir s’accrocher, et que je peux m’accrocher à l’idée qu’il n’y a rien à quoi s’accrocher. C’est encore une forme de saisie mais c’est déjà une saisie plus souple ! [rires]T : Oui, hein, c’est plus souple! [Rires] On devient souple dans nos saisies ! [rires] Et ce que F décrit, ça va bien avec les autres observations. Elle a remarqué comment son état énergétique - parce que tu es fatiguée, c’est clair que ça semble plus lourd - c’est encore un autre effet. Ça a à nouveau à voir avec notre énergie subtile, et puis aujourd’hui plus de légèreté, d’accord, et on peut apprendre - et ça c’est étonnant -, on peut apprendre à trouver une liberté... même une liberté pas complète, mais une plus grande liberté de son état physique, de son épuisement, son état énergétisé. On peut voir que l’esprit ne dépend pas vraiment de ça, mais il est énormément influencé et ça demande une grande force, une grande maîtrise de pouvoir vraiment laisser l’esprit ne pas être influencé par ce qui se passe dans le corps, jusqu’à pouvoir être vraiment que le corps dort, il se repose, et on peut être pleinement conscient dans le sommeil profond. Ça va jusqu’à là, la capacité de rester clair et présent même si le corps est en train de dormir. Mais ça c’est juste pour vous dire...P : C’est l’entraînement qui fait ça?

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T : C’est l’entraînement, oui, ça se fait dans les écoles tibétaines, et ça travaille sur cette petite saisie dont tu parlais. OK. Je reviens à l’exercice, est-ce qu’on a fait le tour des conseils que j’ai ajoutés aujourd’hui ? Est-ce que j’ai oublié encore quelque chose ?P : Oui, tu as demandé d’associer une image à...T : C’est très important. A la fin, j’ai fait tout autre chose avec vous, j’ai bouclé cette méditation sur les six sens, je vais revenir à ça, et je vous ai invités à vous rappeler de la qualité d’aujourd’hui, et j’ai demandé s’il y a un symbole. [A une participante] Tu as envie de partager ? Alors je t’invite à dire ce que tu as trouvé.P : Oui, ce qui m’est venu, c’est l’accueil, accueillir et non-jugement, et puis j’ai un magnifique bouquet de fleurs que je me suis acheté il y a deux jours et que j’ai vu ce matin brièvement, que j’adore, qui m’est venu en image. Ces fleurs qui s’ouvrent, ces belles pivoines qui allaient s’ouvrir, j’ai associé cette image.T : Super. Ça sera bien pour cette qualité d’accueil, pour qu’elle soit présente en toi, de te rappeler durant la journée, plusieurs fois, ce bouquet de fleurs. Pour vous autres aussi. Pourquoi est-ce que je vous ai invités à associer une image, un symbole à votre qualité ? Que pensez-vous, pourquoi j’ai fait ça ?P : Pour pouvoir retrouver cet état plus rapidement.T : Pour pouvoir retrouver plus rapidement. D’autres raisons ?P : Pour ancrer ? Avec quelque chose de visuel, une sensation visuelle...T : Pour ancrer, d’accord...P : Ce n’est pas un concept.T : Ce n’est pas un concept, une image est plus forte, normalement, qu’un concept... OK. Ca c’est typique de la psychothérapie essentielle. On travaille beaucoup avec l’association entre qualités, c’est-à-dire ressources, et images. On utilise des images, mais des images au sens large. Ca peut être toute une situation, avec des sons, avec des odeurs. Donc on utilise notre capacité d’imagination pour inviter des images qui peuvent nous accompagner, qui sont guérisseuses, qui ont la capacité de nous connecter avec nos ressources. Et c’est comme le bouddhisme tibétain, il travaille avec ça tout le temps, tout le temps il travaille en stimulant tous les sens pour permettre aux ressources, aux qualités de se manifester. Revenons à notre exercice principal, avec toujours cette instruction de découvrir l’espace.

Qui sommes nous quand nous ne pensons pas   ?

Tilmann : Nous allons faire quelque chose d’extrêmement essentiel et ça reprend le premier week-end que nous avons partagé ensemble, où il s’agissait de la nature essentielle de nous-même.Quand on fait comme nous l’avons fait, en essayant de découvrir l’espace, surtout l’espace entre les pensées, entre les mouvements mentaux, se pose la question : Qui sommes-nous, quand nous ne pensons pas ? C’est le contraire de l’affirmation « je pense donc je suis ». Qui suis-je quand je ne pense pas ? Nous remarquons que ce qui nous identifie, c’est que toi, toi, toi,… c’est ce qu’on voit, ce qu’on pense, ce qu’on ressent, on pourrait aussi dire toutes les focalisations, les fixations, les identifications sont le moi. « Je suis ce que je pense » : ça c’est mieux, vous voyez : « je suis ce que je pense ». Et quand je ne pense pas au sens large, quand je ne me fixe pas sur quelque chose : qui suis-je alors ?...Et ça, c’est une question très importante, car c’est la question qui se pose à chacun de nous quand on pense à la mort. « Qui suis-je quand tout le reste s’arrête ? » Très intéressant…P: Un bout d’univers… T: Un bout d’univers ! C’est une belle pensée. Ce n’était pas une question à vous vraiment de résoudre, mais c’est pour explorer davantage. Parce que quand je parle d’avoir confiance en

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soi, en soi-même, dans sa propre nature, je ne parle pas d’avoir confiance en ses pensées, en ses émotions. Je parle d’avoir confiance en ce qu’on appelle la source de notre être, la base de notre être, la conscience fondamentale.Vous l’avez touché un peu, n’est-ce pas ? Plusieurs d’entre vous en ont parlé, vous l’avez décrit, que vous avez trouvé une conscience qui est là, entre les mouvements et c’était très intéressant. Deux d’entre vous ont dit : « il n’y avait rien » et je ne me suis pas laissé bluffer et je vous ai demandé : « et dans le rien, il y avait quoi ? » Parce que c’est trop rapide, trop rapide de dire « il n’y a rien ».Il n’y a pas rien. S’il y avait rien, inconscients, vous n’êtes pas conscients. Il n’y a pas de conscience. Si vous n’êtes pas tombés inconscients, parce là on ne pourrait pas vous demander ce qu’il y avait… Mais il y avait maintien de la vie, tout le long. Personne n’est mort, tous sont là et vous étiez conscients. Et, carrément il y avait encore une conscience qui est capable même de décrire ce qu’il y avait dans le rien, de ressentir. Donc un ressenti, une conscience a continué même là où vous pensez très peu. Il y avait peu d’activité mentale. Je sais que si votre conscience va s’aiguiser un peu, vous allez découvrir une montagne d’activités dans ce que vous avez appelez la détente maintenant.Vous allez voir qu’il y a beaucoup à découvrir là-dedans. Comme déjà il y a eu des lumières, des remontées du passé… Il y a eu des sensations énergétiques dans le corps, il y a eu de la joie qui s’est manifestée et toujours entre. Pas l’activité ordinaire, mais un aperçu d’une conscience qui est là. Être conscient ne s’arrête pas aussi simplement. Même si on voulait, ce serait une autre instruction de méditation, si je vous dis : « Arrêtez d’être conscient », vous ne le pouvez pas. Personne ne le peut, car c’est la nature de votre esprit d’être conscient.Et c’est bien de passer un petit moment là-dessus, parce que quand on parle de psychothérapie essentielle, on parle que ceux qui accompagnent sont à l’aise, sont plus à l’aise avec cette nature fondamentale. Ils savent si ça se détend, si on peut se détendre et qu’on commence à faire face au soi-disant rien et qu’on découvre qu’il y une plénitude dans le rien, on commence à prendre confiance en son propre esprit. Je vous parle d’une découverte progressive qui va vous permettre de vous-même faire face à beaucoup de peurs, toutes ces peurs qui sont normalement appelées des peurs existentielles, parce que vous commencez à développer une confiance en l’être profond, qui est toujours là. Là où ça ne pense pas. Seulement, il n’y a pas un grand je. Le moi disparaît un peu, dans ces espaces entre. C’est là, où nous sommes tous pareils. Plus vous vous détendez là-dedans, et plus nous allons toucher à des expériences où tout le monde va se reconnaître dans la description de l’autre. On n’est plus différent à cette profondeur de l’être. On est différent dès qu’il y a perception, interprétation personnelle, souvenir, etc.

Pensée discursive, mouvements mentaux, conscience de base

P: Je voulais parler de l’expérience de la relation thérapeutique avec les mourants ou avec des gens qui ont leur cognition qui diminue. Il y a pourtant quelque chose qui existe au-delà de la pensée, qui peut s’exprimer à travers le rire. Je pense à deux ou trois patients, ils sont très ralentis ou bien alors ils ont de la confusion mentale mais il y a une relation qui se fait au-delà de la cognition, à travers la sensorialité, mais aussi au travers d’une présence qui est nettement perceptible au- delà de la cognition. Il s’agit bien d’une conscience…T : Bien sûr... Ce dont tu parles, dans la démence, le cognitif s’arrête, devient confus. Mais il y a d’autres aspects qui ne sont pas l’esprit cognitif avec des mots, des paroles qui travaillent. Cela devient imagé. Ils ont des émotions, des pulsions, et ça commence à sortir. Et je vous ai enseigné dans le premier ou le deuxième week-end la différence entre la pensée discursive et les mouvements mentaux qui ne sont pas de l’ordre discursif, dans le sens d’avoir des mots et des paroles. La pensée qui utilise des mots et des paroles est très lente, et il y a une

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vitesse de ressentis non-verbale en nous et ça, ça continue chez les personnes démentes, ça continue et ça donne des expressions. Cela se manifeste par des rires, des expressions spontanées, des sourires. Cela ne vient même pas nécessairement des choses qu’ils ont pensées verbalement, mais ce qu’ils ont pensé sans utiliser le moyen des verbes, des mots, des paroles.Je vous invite à lire les transcripts, car je ne peux pas entrer là-dedans à nouveau. Je vous invite à vraiment les étudier.Notre monde ne se fait pas par la pensée verbale discursive. Avant que l’on pense une phrase, ou que l’on nomme une chose, on a déjà compris, on a déjà ressenti. Le verbe vient après. Les termes, les phrases viennent après. Avant de dire ce que je ressens, je l’ai déjà ressenti, avant de penser ce que je ressens, je l’ai déjà ressenti. Avant de dire je vais aller à droite, à gauche, je l’ai déjà décidé. La décision est déjà là. Il y a plein de recherches là-dessus. Vous connaissez les célèbres recherches des personnes qui entrent chez le dentiste où il y a trois places de libre. Quelle chaise est-ce que vous allez choisir ? Vous ne prenez pas cette décision par la pensée discursive. Vous avez une intuition immédiate, vous regardez les gens et « j’aimerais être à côté de cette personne-là et pas à côté de cette autre. Et là, il y a plus de lumière, et là… » Cela se fait très rapidement, en quelques fractions de secondes. Il y a eu des recherches là-dessus. On sait que la pensée non-verbale donc non-discursive est ce qui décide de notre vie.Et quand je vous ai dit, de regarder ce qu’il y a entre les pensées, je n’ai pas spécifié, mais je vous ai laissé découvrir. Et vous avez d’abord, la plupart d’entre vous, surtout ceux et celles qui n’étaient pas présents avant, vous avez pensé que je parlais de la discursivité, des pensées qui utilisent des paroles, des mots etc. Donc vous vous êtes détendus entre les phrases qui se disent à l’intérieur de la tête et vous avez cherché là-dedans. Et plusieurs d’entre vous, beaucoup d’entre vous, vous avez trouvé qu’il y avait quand même une activité, qu’il y avait des lumières, des mouvements, de la joie, des choses et vous avez découvert toute une activité là-dedans. Et je vous ai invités à vous détendre encore plus et là, j’ai utilisé le mot : mouvements mentaux. Entre les mouvements mentaux, qu’est-ce qu’il y a ? Et là, cela devient plus délicat parce que l’on se détend encore pour aller voir s’il n’y a pas encore ces mouvements mentaux qui construisent normalement le monde, avant de devenir même des phrases, des verbes, des choses que l’on peut exprimer. Et là, seulement on trouve la conscience de base, ce qui est la conscience qui pour le moment ne produit rien de spécifique. D’accord ? Vous avez pu suivre cette petite explication rapide ?P: C’est ce que tu dis à propos de ce qui est au-delà du langage : c’est ce que je ressens parfois en traduction. Parce que j’ai quand même trois langues dans lesquelles je suis très à l’aise. Et parfois d’avoir un concept, nommé avec trois mots différents dans trois langues différentes, c’est comme si cela dessinait un contour et qu’au milieu, il y avait le concept, qui est forcément sans mot. Et chaque mot différent va éclairer ce concept sous un angle différent.En français, on tire un tiroir. En allemand, on le pousse. Et juste cela, c’est le même objet, mais les Français regardent le côté qu’on tire et les Allemands regardent le côté qu’on le pousse. Juste cela permet de dire que c’est un objet que l’on tire et que l’on pousse. [rires]Et parfois, cela m’arrive d’avoir des images d’idées sur lesquelles je ne peux pas mettre de mots, soit parce que cela n’existe pas, ou je ne trouve pas le mot dans la langue. Et le fait comme cela de passer d’une langue à une autre, c’est très riche justement pour aller au-delà du langage.T : Ce que Fabienne vient de décrire, et là aussi, je t’invite à aller au-delà des concepts, parce que tu parles d’une expérience. C’est l’expérience d’ouvrir, de tirer et de fermer un soi-disant tiroir. Et l’expérience donne les mots. Donc, l’expérience, le vécu pour comprendre ce qu’est un tiroir, il faut avoir ouvert et fermé un tiroir, d’accord ? C’est l’expérience, le vécu qui est

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ensuite décrit par la communication. Une partie de l’expérience, parce qu’on ne peut même pas tout décrire.Le travail thérapeutique se fait toujours avec le vécu, avec les expériences. On ne traite pas les concepts, d’accord ? On travaille avec l’interprétation sélective de notre vécu. Donc, ne nous laissons pas tromper par les concepts utilisés, les verbalisations, les idées, mais allons à l’expérience, au vécu immédiat. Parce que là seulement, on comprend. C’est de là que vient la compréhension qui construit notre communication et notre mondeP: Je profite de te poser une question. Quand dans des pratiques de méditation, à certains moments, je suis plus relâchée au niveau des concepts et du mental, à ces moments-là, il m’arrive très souvent d’avoir l’impression d’avoir des compréhensions ou des pensées ou des choses qui se passent, mais que je n’arrive pas à saisir d’un point de vue logique, mais tout d’un coup « Ah, c’est ça! ». Mais je ne sais même pas ce qu’il y a eu avant, comme pensées, c’est comme s’il y avait une intelligence qui se fait d’elle-même, en fait, mais qui est effectivement corporelle aussi, enfin le corps intervient. Je n’ai plus de repères mentaux, mais il se passe une activité de connaissance et de compréhension.T : Tout à fait et en profondeur, c’est ça qu’on appelle compréhension intuitive. Il y a des gens qui réalisent la nature de l’esprit, mais qui ne peuvent l’exprimer. Il leur manque des mots, il leur manque des concepts. Comprendre les choses - intuitivement, tu comprends. Mais pour mettre les mots dessus, il faut rester avec, il faut chercher. On se sent comme un enfant, qui développe la langue, le langage, et qui ne connaît pas l’alphabet. Mais, on sait exactement ce qu’on veut exprimer...Yasmine : Et en même temps, je n’essaie même pas de chercher à mettre des mots… Mais je remarque qu’après ces moments de méditation, il peut y avoir des actions que je vais faire, des choses que je vais faire, qui vont émerger de ces compréhensions. Mais je ne sais pas comment cela s’est déroulé, il n’y a pas de logique, en fait.T: La logique, tu sauras. Quand notre compréhension se développe de plus en plus, on commence à comprend que derrière cela (on n’a pas encore de mots), il y a une logique complètement claire, complètement limpide. Mais il faut avoir cette présence à ces mouvements mentaux non-verbaux, il faut avoir une grande présence à cela.P : Le problème, c’est que je ne veux pas être présente, parce que j’ai peur d’y mettre des concepts en fait. C’est pour ça que je ne l’explore pas. Parce que : explorer sans mental, c’est difficile. T : Tu veux que ton mental s’absente, et comme cela tu enlèves un peu aussi de la présence. Mais tu trouveras les moyens d’être présente, sans te mêler, sans manipuler, sans influencer. Et ça c’est tout le chemin de la méditation. Je vous invite fort à donner une grande place à la méditation dans votre vie pour développer cette capacité de rester conscient sans jugement, d’abord en observation simple, et même de plus en plus en confiance simple qui ne nécessite pas d’observation, de contrôle, de lâcher cela. D’aller vers cette profondeur de l’être où il n’y a pas besoin de contrôler. Et c’est de là que viennent vraiment les compréhensions essentielles.Je vois que vous êtes très animés, là… N, tu voulais dire quelque chose ? Tu seras la dernière avant la pause, saisis ta chance !P: Ce que j’ai vraiment intégré, là, c’est que derrière ce que j’entendais, derrière les sons, pas seulement entre les sons, mais derrière les sons, il y a quelque chose du domaine de la conscience. Derrière la pensée, pas « il y a une pensée et après il y a une conscience », mais derrière, c’est comme s’il y avait quelque chose d’immuable derrière toutes les autres manifestations qui ne sont que processus.Tilmann : Génial.

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P : Et quand tu as dit « le corps, il n’y a pas de corps ». Et moi « mais si, il y a un corps ! ». Et tout de suite après, j’ai compris, mais oui, mais non… La seule chose qui est permanente, à part l’impermanence, c’est cette conscience. Voilà !T : C’est une super conclusion. Je suis tout à fait d’accord. N s’est approchée avec ses paroles au plus près possible, pour décrire ce qu’il y a vraiment… Un grand merci.

Le lotus de la libération   / la nature de l’esprit semblable au miroir

Tilmann : Un rappel rapide : notre mandala de l’illusion, de la souffrance, est fait à l’intérieur d’une peur existentielle (voir dessin du lotus). Si vous vous détendez plus à la manière de l’exercice de ce matin, vous allez toucher à cette peur. Hésitation à vous détendre davantage. Vous ne voulez pas. Ou même si voulez, il y a révolte intérieure, comme une catapulte. Ca vous sort de la détente par une sorte de réflexe : « Non, interdit ! interdit de se détendre davantage, ça sera ma propre mort ! » C’est le sentiment (qui apparaît). « Si je lâche plus le contrôle, je risque d’entrer dans un domaine où… je ne sais pas ! » Parce que on ne connaît pas ! On ne sait pas ! Manque de conscience c’est : ne pas connaître. On ne sait pas comment est l’esprit quand il n’y a pas du tout de contrôle, pas d’observateur, pas de direction donnée, quand on lâche tout, et qu’il ne reste plus que l’esprit lui-même. Il est génial, je vous promets, mais [on ne le sait pas]. Et moi le nombre de fois où j’ai médité, je me suis détendu et quand je suis arrivé à cette limite-là (qui change d’ailleurs, avec l’expérience)... La réaction intérieure de type concept, observateur etc., ça c’est la peur existentielle d’ou viennent toutes les autres peurs. Finalement, tout est lié à la peur de ne pas exister et donc la peur de ne pas avoir assez pour vivre, la peur de mourir, toutes ces peurs ont finalement leur racine dans le manque de compréhension, de conscience de ce que nous sommes vraiment, qui nous sommes quand on arrête de penser, réfléchir, contrôler, observer. Les autres (voir dessin) : aversion, orgueil, attachement, jalousie, sont les ramifications de la notion du moi. Soit c’est sur les rails du vouloir/ne pas vouloir ou l’autre rail qui est « je suis mieux/je suis pire », comparaison avec l’autre. Ce sont deux grands schémas de fonctionnement, je m’adapte. Soit c’est se comparer tout le temps avec tout le monde ou être tout le temps dans le vouloir mais pas le pouvoir. Ce sont deux grands schémas de fonctionnement que nous utilisons et qui donnent lieu au désir / colère, orgueil / jalousie. C’est la logique derrière ce mandala (voir dessin) de notre existence en souffrance. Parce que tout cela est tension. Tension, stress, fatiguant, et ça bouffe notre joie de vivre. C’est terrible et très malheureux !Maintenant j’aimerais être un magicien qui pourrait dessiner le lotus de la libération au-dessus mais je dois faire un deuxième dessin. Vous imaginez que ce lotus sera le même qui va se transformer. (Tilmann dessine.)La forme de base, c’est une expression : « Ok, je suis comme ça , je suis pleinement épanoui. » C’est une ancienne image dans le bouddhisme : le lotus qui sort du marécage, qui sort de l’eau complètement sale, plein de poussière, etc. Il sort et il s’ouvre au dessus de l’eau complètement pur, étonnamment pur ! Le lotus pousse là où il y a plein de marécages et nous étonne par sa pureté. Donc l’idée est que l’éveil pousse dans le marécage de nos cinq émotions principales (Thich Nhat Hanh dit : « No mud, no lotus. »). Nous sommes dans la boue, plus ou moins, et nous pouvons devenir de très beaux lotus. Et comment ça se fait ? Bien sûr, là où il y a eu manque de conscience, il y a maintenant conscience, vidya. Conscience dans le sens de compréhension. Une conscience qui éclaircit et qui comprend, au centre des choses. Là où il y a eu peur de descendre dans… on pourrait dire : l’ouverture de notre être, il y a maintenant confiance, il y a certitude qu’il n’y a aucun danger. [Il écrit :] Confiance, certitude de l’Être. Et là je me permets d’écrire Être avec une majuscule,

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parce que ça, c’est l’être fondamental. Et ça c’est tout un travail, c’est le travail des méditants, des yogis, des gens qui explorent leur conscience. Pas des yogis qui veulent juste entrer dans des samadhis mais des yogis qui font des méditations intelligentes. Une méditation intelligente creuse, elle explore. C’est une méditation de chercheur, chercheur de la conscience. Ce n’est pas la méditation du repos, tout simplement c’est la méditation qui pose des questions. Et la question essentielle est toujours : quelle est l’origine du stress, dukkha, de la souffrance, quelle est son origine ? de chercher et voir à chaque fois où je suis tendu, comment ça se fait, comment je peux lâcher… Ca c’est la méditation intelligente qui cherche les causes de la souffrance et qui amène de la conscience là-dedans pour détendre les causes, les racines de la souffrance. Quand on fait ça, on prendra, bien sûr, une émotion après l’autre. On prendra les moments d’aversion, irritation, aversion jusqu’à colère, peur, haine, rancœur, etc. Et qu’est-ce qu’on découvre quand on amène sa conscience là-dedans ? On découvre que ça se dissout, on découvre qu’il reste une clarté. Et on découvre que là où on était bloqué (parce qu’il n’y a pas plus bloqué que la colère, là où on bloque le plus, c’est quand nous sommes en colère), on découvre qu’on redevient fluide. Il y a fluidité, clarté et force mais une force qui va de partout, tout le mandala, ce lotus sera joie et force de vivre. Quand on perce l’illusion de la colère, on retrouve une conscience de base, cette conscience dont nous avons déjà parlé comme étant la conscience non-duelle, quand il n’y a pas de saisie. Cette conscience non-duelle a 5 aspects. [Il écrit :] Ici, au centre du dessin du lotus, on l’appelle la conscience non-duelle semblable à l’espace, le terme sanskrit c’est dharmadhatu, l’espace de tout les phénomènes, c’est l’espace de notre esprit où se déploient tous les phénomènes de l’être. Cette conscience non-duelle est au-delà de la notion du temps. Il n’y a pas la notion de passé, présent, futur là-dedans parce qu’il n’y a pas de comparaison. On l’appelle aussi conscience non-duelle intemporelle. Cette conscience non-duelle intemporelle a un aspect très spacieux, pas très spacieux, complètement spacieux. Parce qu’il n’y a ni centre, ni circonférence. Ni centre, ni limites. Quand on perce la colère, que l’illusion de la colère explose, que c’est terminé, fini, on retrouve une fluidité de l’esprit que l’on appelle semblable au miroir. Le mot-clé est miroir. Est-ce que, par hasard, l’un de vous aurait un miroir ? [rires] Ca facilite l’explication… Notre esprit est semblable à un miroir. Quand on tourne un miroir, que fait-il ? Il reflète tout ce qui se présente devant lui, n’est-ce pas ? Là, il reflète S ; si je le tourne, est-ce qu’il hésite à refléter Y? Non, pas d’hésitation. Est-ce qu’il y a un délai dans le reflet ? Non, il n’y a pas de délai dans la réflexion. Quand d’autres choses se manifestent devant le miroir, comme la main qui passe devant, tout de suite il y a image dans le miroir, n’est-ce pas ? Ca, c’est la fluidité, vous voyez, sans retard, sans obstacle, sans hésitation. Il y a production du vécu prochain, notre esprit est comme ça ! Là vous m’entendez parler, vous n’avez pas besoin d’enlever des mots de la dernière phrase, ou des syllabes ou des voyelles de la dernière phrase, c’est une fluidité. Vous entendez et vous comprenez en même temps en toute fluidité. Vous savez quand vous n’entendez plus et quand vous ne comprenez plus, quand vous bloquez. Comme par exemple : vous ne m’avez pas bien entendu et vous êtes en train de dire : « mais qu’est-ce qu’il a dit ? Qu’est-ce que c’était ? » Et du coup le flot est interrompu, parce qu’il y a eu, l’espace d’un moment, des clarifications, une fixation sur autre chose, on était occupé avec autre chose et la fluidité de la réception a été interrompue. Vous voyez ? Mais dès que c’est résolu, vous regagnez votre fluidité et vous pouvez à nouveau entendre, voir, comprendre. Ca c’est la nature de l’esprit, elle est fluide sans obstruction, comme un miroir. Donc le mot-clé ici n’est pas la clarté du miroir mais c’est le fait d’être sans obstruction.Yasmine : Je me permets de réagir tout de suite parce que le miroir en fait n’existe pas en tant que… Enfin, il existe mais il n’est pas aussi vaste et riche que tout ce qu’il perçoit. Il aimerait bien parfois ressembler à ce qu’il reflète, tu vois ?

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T : Voilà. C’est un petit miroir. Et même le miroir qui couvre tout cet espace-là derrière vous quatre, même ce miroir est trop petit parce qu’il ne peut refléter que le visuel. Le miroir de notre esprit est vaste comme l’espace. Dans ce miroir de notre esprit, se passent toutes les expériences des cinq sens, c’est-à-dire avec les pensées, les émotions, les états d’âme, toutes les idées, les mouvements, tout cela et pas seulement les cinq sens. Notre esprit est un miroir multidimensionnel, il a une fluidité. Là par exemple, vous me voyez bouger, vous m’entendez, vous comprenez en même temps, vous êtes conscient de votre corps assis sur votre chaise, vous ne tombez pas ! Vous utilisez finalement tous les six sens en même temps. S’il y avait quelque part quelqu’un qui allume une cigarette, tout de suite, l’odorat est là, bien sûr, vous êtes vigilant, vous êtes prêts. Il y a fluidité simultanée dans les six sens et cette fluidité peut être bloquée. On peut bloquer quelque part. C’est pourquoi j’avais fait cet exercice de rester sans fixation sur les sensations physiques, sans fixation sur les sens, sans fixation sur le visuel pour vous montrer que ça change quelque chose, ça dissout la fixation. On peut fixer, il n’y a rien de mal à fixer. Mais il faut savoir : dès que je fixe par exemple sur cette fleur, là, cet arbuste, plus je fixe, plus ça va être à l’exception de tout le reste. Je peux complètement fixer et c’est nécessaire si je veux connaître cette fleur, il faut que je focalise. Mais c’est toujours en perdant le reste. Il faut donc savoir que dès que je focalise, je sélectionne.Y : Mais le miroir, tu peux décider qu’il s’arrête à un endroit et qu’il va à un autre endroit. T : Lâche le miroir [rires]. Le miroir c’est cette capacité à vivre des expériences sans obstruction. Donc le miroir, lorsqu’il s’approche de la fleur, il ne va vivre que l’expérience de fleur, ok, parce que là, c’est comme un zoom, on fait un zoom. C’est tout à fait ok. La capacité, la qualité de notre esprit d’être inobstrué continue, même dans la focalisation, elle ne s’arrête pas. Le fait que notre esprit soit sans obstruction continue même pendant le moment où je suis en train de réfléchir « Qu’est-ce qu’il a dit ? C’est quel mot ? C’est cœur ou corps ? » Je suis peut être distrait du reste, je ne peux pas suivre l’enseignement après parce que je suis dans mes pensées, mais même dans les pensées, dans la réflexion, cette même qualité de l’esprit inobstruée continue. On ne la perd pas. C’est une qualité inhérente de l’esprit. On ne peut pas la perdre. Elle est indestructible. Vous voyez ? Même dans la fixation, le vécu continue. Mais il est limité. P : Tu dis que dans la fixation, on peut regarder une fleur, etc. Mais il me vient [une question par rapport à] la contemplation. La contemplation, pour moi, c’est une façon de vivre presque des expériences que j’ai vécues tout à l’heure . Et pourtant dans la contemplation il y a quelque chose de… Est-ce que c’est une fixation ? Je n’en sais rien. C’est une fixation très large. Et pourtant, il y a bien un mouvement de l’esprit, un mouvement intentionnel d’être pleinement avec quelque chose. Donc c’est une fixation ?T : D’une certaine part oui, mais ce n’est pas grave, c’est choisi. C’est une focalisation dans laquelle on donne une direction à son esprit qu’on a choisie. Donc, entendez bien : nous, on a fait de la fixation une mauvaise chose. Ce n’est pas mauvais. C’est génial de pouvoir focaliser, c’est une qualité nécessaire de l’esprit qui va surtout être là avec le désir. Le désir focalise : ce que je veux, c’est sur ça que je focalise mon énergie. Et la colère, qui est à l’opposé du désir, fait la même chose, mais la colère focalise sur ce qui est désagréable. Donc le problème dans la colère, ce n’est pas d’être focalisé, c’est qu’on oublie tout le reste. Je me mets en colère contre une personne que normalement j’aime et ça donne l’impression qu’il n’y a plus d’amour, etc., tout le reste est parti. Dans la vision colérique, on pense qu’il y a un ennemi en face, parce que j’oublie le reste. Donc comme remède, c’est l’étape 2, c’est pour élargir à nouveau notre champ de perception. Vous remarquez : « Mais c’est quand même un être humain, c’est quand même aussi quelqu’un qui cherche le bonheur, c’est quand même quelqu’un qui a aussi d’autres êtres autour de lui qui l’aiment, il est chéri par d’autres.

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C’est moi qui le vois comme ennemi mais lui, il aime, il aime pas, etc. » On élargit à nouveau le champ de perception parce qu’on l’avait perdu dans la focalisation.

La méditation est un entraînement à sortir de la fixation/la colère

Beaucoup de remèdes sont juste ça : nous sortir de notre focalisation inadéquate, qui nous donne une image un peu perturbée, distordue, floue de la réalité. Pour mieux voir, on lâche la focalisation. Et ça, c’est l’idée de la pratique du dharma : ça n’est pas abandonner la fixation, la focalisation mais pouvoir à n’importe quel moment sortir de la focalisation, quand elle ne convient plus. Dans la colère on est comme quelqu’un qui a fait un zoom sur quelque chose de désagréable et l’appareil photo n’arrive plus à sortir du zoom et à sortir de l’objet. On est « stuck » en anglais, on est coincé, c’est comme si on n’arrivait plus à retirer le zoom pour avoir une vision panoramique. Ce que l’on fait avec la méditation, et c’est ça qu’on regagne avec la méditation de pleine conscience de la colère, on regagne la fluidité, on peut faire zoom et on peut sortir du zoom, on peut faire zoom et on peut sortir. Et on voit que le zoom crée une illusion. L’illusion n’est pas que ce qui est vu n’est pas vrai, ça c’est encore une autre discussion. Je vois quelque chose qui peut être désagréable, je vois un défaut de l’autre personne et ça peut être vraiment ça, je ne suis pas dupe. Ce n’est pas ça [le problème] mais je perds le reste. C’est parce que je ne vois que ça, que ça devient faux, parce que je ne vois pas le reste, parce qu’il n’y a pas de bienveillance là-dedans, parce que je ne vois pas comment la personne en est arrivée là, à se comporter comme ça. Je ne suis pas dans l’erreur de voir ce que je vois, ça, ça peut se discuter aussi. Mais l’erreur c’est que je n’arrive plus à voir l’ensemble. Retrouver la fluidité avec ce côté sans obstruction, c’est la clé surtout pour la colère. Vous allez voir que les cinq qualités que je vais décrire vont toujours ensemble.T : Quand je dit à Y d’oublier le miroir, est ce qu’il y a encore des questions par rapport à ça ? Parce que là, pour le moment, ça ne convenait pas. Est-ce que le truc est résolu ? Y : C’est parce que je fais un parallèle avec la conscience. J’ai ressenti une angoisse quand tu as dit qu’on était un miroir et à la fois j’ai ressenti une grande joie et une détente. Mais en même temps une grande angoisse. L’idée d’être le miroir qui réfléchit tout… Je me rends compte que la plupart du temps le miroir veut saisir ce qu’il réfléchit. Quelque part, quand je vois la fleur, il y a quelque chose [qui se passe] où je préfèrerais quelque part être la fleur plutôt que le miroir. Le miroir n’est pas très intéressant au final, tu vois ? C’est bête ce que je dis, non ?T : Ce que tu dis, ça exprime la nature humaine. Y : D’être simplement le miroir, j’avais le sentiment que je n’ai pas grand intérêt par rapport à tout ce que je reflète. C’est une vraie angoisse ! [murmures d’approbation]T : Ok, ce dont vous témoignez ici, c’est que l’image est prise à titre personnel, « Je suis miroir. » Non ! Je suis inobstrué, sans obstruction. Y : Ah d’accord, je ne suis pas le miroir, ça va, alors ! [rires].T : Tu n’es pas le miroir, tu es Y, avec toute la résonnance de l’être. Tu vis pleinement, tu n’es pas un miroir. Un miroir c’est froid, ça ne m’intéresse pas de devenir un miroir. […].C’est tout le problème avec les images, s’il y a identification avec ça. Tu n’es pas non plus espace.Y : Ah bon !T : Non ! Je ne suis pas espace, le je est un mensonge, l’espace est un mensonge et ça n’est pas mieux de les connecter. D’accord ? [rires] Je ne suis ni miroir, ni espace, ni le reste !P: Est-ce que ce n’est pas justement le moment, quand on va vers cette détente, où «  Houp je ne suis peut-être plus rien » ?T : Oui, en-dessous, c’est ça. Regardons. [soupir d’effort]

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Y : Ah mais oui, mais tu nous pousses dans des trucs…T : Quand la pleine conscience se met dans l’orgueil, la grande qualité que l’on rencontre, c’est là où l’on s’est senti inégal, c’est-à-dire « plus haut » ou « plus bas », on retrouve « l’égalité ». [murmures] L’équanimité n’est pas une bonne traduction pour ça, c’est l’égalité. L’équanimité, c’est l’ensemble de tout.

La vacuité

L’aspect de cette conscience non-duelle intemporelle qui se manifeste quand on [se] libère [de] la colère, c’est un sentiment d’être égal à tout le monde et que tous les phénomènes ont la même nature essentielle. On découvre cela et c’est cela que veut dire « égalité ». Ce n’est pas une égalité politique, nous ne sommes pas égaux, moi je suis différent, vous aussi, on est tous différents. Au niveau superficiel, vous n’avez pas les mêmes émotions que moi, vous n’avez pas les mêmes pensées, vous n’avez pas les mêmes perceptions. Nous sommes différents. L’égalité, c’est à ce niveau de notre conscience intemporelle, non-duelle. C’est là que nous sommes à égalité complète. Cette nature essentielle où tous les phénomènes sont pareils, on l’appelle la vacuité. D’accord ? Cette égalité, on l’appelle aussi la saveur unique, c’est un autre terme. Et ça va de même pour tout le reste. Dans la colère, on voit que les moments de colère ont la même nature essentielle. Ils sont vides de sens, ils sont insaisissables. Et pareil pour les mouvements de jalousie et du désir. Mais là où on se trompe le plus, c’est dans l’orgueil, parce que l’orgueil c’est vraiment le mouvement émotionnel par excellence où l’on sort de tout sentiment d’égalité. L’orgueil, c’est l’inégalité.P : Tu peux repréciser ce qu’est la vacuité ?T : La vacuité, c’est l’absence d’un noyau d’existence, il n’y a rien de solide. Et pour préciser ça, on peut dire, par exemple : tu me cherches, tu penses que je suis dans la chambre à côté, tu vas dans la chambre et tu regardes dedans et tu fermes la chambre et tu te dis : « Non, elle est vide. » Elle est vide parce que tu as cherché ma personne dedans et en vue de ce que tu as cherché, cette pièce est vide. Mais elle est pleine de choses, il y a plein de meubles, il y a plein de choses dedans. Quand on dit que l’esprit est vide, ça veut dire que notre esprit est vide de ce qu’on pensait qui y était, un « moi ». On a pensé qu’il y avait un « moi », un « je » à trouver. Mais quand on regarde, on ne trouve pas ce « je », cette idée avec laquelle on a toujours vécu. On se dit mais non, l’esprit est vide, ça veut dire qu’il n’y a pas ce noyau qu’on appelait avant « âme », ou « je », ou « moi ». On ne trouve pas un truc, on ne trouve que de l’énergie, des processus, des forces, rien de solide. C’est cette absence de solidité qu’on appelle vacuité. T : La colère, c’est avec des choses désagréables, mais le côté sans obstruction de l’esprit se manifeste vis-à-vis de tous les phénomènes, agréables ou désagréables, orgueil, jalousie, etc. Ce qu’on découvre, les qualités que l’on découvre lorsqu’il y a purification des émotions sont bien plus profondes que ce qui a montré l’émotion. On ressort avec tout un trésor. On ne découvre pas seulement que je suis égal à toi, mais que finalement tout le monde est égal ! Et même entre une pensée et une autre, il y a égalité concernant sa nature essentielle.

Désir et discernement   :

Désir : la qualité du désir, ce que nous adorons aussi avec le désir, c’est qu’il connaît les bonnes choses. Il connaît tellement les bonnes choses que nous sommes capables de différencier, si on a assez de désir, des choses très semblables. Par exemple, le vin venant de la même colline mais de différentes années. Ou un gâteau aux fraises et un autre gâteau aux

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fraises. Dans le désir vous pouvez l’observer quand il se projette sur nous. Les femmes sur les hommes, les hommes sur les femmes… On peut tellement vite distinguer un homme qui nous plaît dans un mouvement de désir et un autre qui ne nous plaît pas. Pareil avec une femme. Le désir a cette capacité de différenciation qui est énorme. Plus il y a désir, plus il y a envie de la bonne expérience, plus ça s’affine. Plus il y a envie, plus nos antennes poussent pour reconnaître encore les petites différences. Vous connaissez ça à fond, pas besoin de donner des exemples. Quand c’est purifié de la saisie, la qualité de différenciation reste. C’est donc la conscience non-duelle intemporelle dans un aspect tout discriminant, tout discernant, quel est le meilleur mot ? [discussions sur le mot] Ici, c’est la capacité de distinguer, de discriminer dans le bon sens. La discrimination est devenue un terme politique. C’est mieux alors discernement. P : Ce n’est pas la même chose que « clarté », en fait ?T: J’ai déjà dit que tout était clarté. C’est une clarté qui voit les petites différences. Par exemple : vous venez juste d’utiliser cette capacité en essayant de trouver le mot juste entre discernement et discrimination. Vous avez cherché, vous avez utilisé vos antennes pour savoir exactement quel est le mot qui me convient, et vous voyez que ça convient aux autres mais ça c’est autre chose. Vous venez juste d’appliquer exactement cette qualité de l’esprit. Elle est nécessaire. Quand un bouddha enseigne il va utiliser cette qualité, sans centre, sans limite, dans son esprit inobstrué où il est conscient de l’égalité essentielle de toute chose. Et il va quand même discriminer, discerner quelles sont les paroles qui vont être les plus utiles pour communiquer l’expérience. D’accord ? Et voir qu’essentiellement, ce n’est pas important si c’est discrimination ou discernement… Au niveau de la nature essentielle, ce n’est pas important. Mais du fait de la différence et des associations, connexions et tout ça, oui, il est important d’utiliser le mot qui convient. Si on se fixe dessus, là parmi vous ceux qui étaient légèrement fixés sur leur suggestion, vous avez eu à ce moment-là le désir que le groupe accepte votre suggestion. Une légère fixation et ça fait qu’on peut quasiment se battre pour ça. Parce qu’il y a envie que ce que j’aime soit la réalité pour nous tous. Il y a envie/désir. Il faut donc purifier le désir. Il faut enlever la saisie mais restaurer la capacité : distinguer, discriminer, discerner. D’accord ?T : C’est donc la capacité de différencier finement, précisément.

La jalousie

Il nous reste la jalousie. Là, je vous demande pardon : on n’a pas un bon terme pour traduire exactement ce que veut dire phrag-dog en tibétain et les mots correspondant en sanskrit. On parle de rivalité, ambition, jalousie, envieux. On parle de tout cela ensemble et la notion de base c’est : pas content, Pas content, je ne suis pas content ! et parce que je ne suis pas content donc je suis jaloux d’un autre, je suis envieux, je suis en rivalité et je veux avoir ce que je n’ai pas... Pas content ! Et même si tu veux essayer de contenter un jaloux, tu n’y arriveras jamais ! [rires] Parce que c’est dans ses tripes, c’est son identification. « Le monde peut m’offrir ce que je veux, je trouverai toujours ce qui ne va pas. » D’accord ?Imaginez-vous que ça se libère, qu’est ce qui va rester de la conscience ? Il y aura la joie, c’est clair, il y aura satisfaction, contentement. On appelle cet aspect de notre conscience : celle qui perfectionne tout, la conscience intemporelle non-duelle toute perfectionnante. Non qu’elle rende les choses parfaites mais elle voit la perfection dans le vécu présent, qu’en ce moment je peux être heureux, je n’ai pas besoin de chercher autre chose. Tout pour être content est déjà là ! Ça, c’est cet aspect de notre conscience. La situation peut être vue comme imparfaite, il y a plein d’aspects susceptibles d’être perfectionnés, on pourrait embellir cette salle, y faire entrer un peu de soleil, s’en protéger quand il y en a trop… On pourrait faire

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plein de choses mais admettons que la situation est déjà parfaite, n’est-ce pas ? Elle est parfaite en soi. On pourrait toujours faire plus, mais il n’y a pas besoin. Elle est parfaite pour ce que l’on souhaite, c’est-à-dire vivre pleinement. Pour vivre pleinement, pour s’épanouir, pour ouvrir l’esprit, la situation est parfaite. Donc, pardonnez car c’est un mot vraiment bizarre : toute perfectionnante, ça, c’est la traduction de ce que c’est, c’est la capacité de l’esprit de voir la perfection inhérente. Ce n’est pas de dire que le monde est parfait, non. Voir la perfection inhérente veut dire : ce monde maintenant, c’est l’endroit parfait pour se détendre. C’est le moment, maintenant. Pas besoin de plus, même si j’ai des crampes d’estomac. C’est le moment parfait pour se détendre. L’energie de la rivalité et de la jalousie est de toujours rendre la situation meilleure. D’accord ? Telle personne ne peut pas se détendre, elle est insatisfaite. Elle doit améliorer la maison, elle doit nettoyer tout le temps, elle doit faire des efforts pour encore mieux faire son boulot, elle doit toujours faire quelque chose, donc c’est une activité incessante. Cette joie de l’être échappe complétement à une personne qui est dans cette comparaison de toujours voir « ça devrait être mieux ». Ça peut toujours être mieux. C’est la maladie de l’être de ne pas pouvoir se poser, se détendre.

Dzogchen

Et quand on voit la perfection en toute chose, c’est ce qu’on appelle dzogchen. Vous avez entendu parler de la tradition Dzogchen. Dans le terme dzog-chen, c’est le même dzog ici…Ce terme dzogchen focalise sur la perfection inhérente de tout les phénomènes. Pas seulement l’égalité de la nature essentielle mais la perfection. Ça veut dire qu’il n’y a rien à ajouter et rien à enlever dans une situation. C’est la conscience éveillée sans obstruction, qui voit l’égalité de tous les phénomènes, qui peut tout discerner, qui voit que la situation n’a pas besoin d’avoir quelque chose en plus ou en moins, qu’elle est parfaite en soi et vaste comme l’espace sans avoir un centre. Ça, c’est la description de notre esprit quand il est libéré de tous les voiles, cognitifs et émotionnels. C’est la description de l’éveil, c’est notre conscience éveillée. Et, avec cette conscience éveillée, on peut discerner ce qui est un bon repas, quelque chose qui a mauvais gout, mais on verra en même temps la perfection dans le fait d’y être. On va se réjouir de ce qu’on a. Je vous remercie. méditation silencieuse sans texte

Travailler avec les émotions

Tilmann : Tout le travail avec les émotions est un travail de conscience, de pleine conscience. Pour la 1 e étape , il faut déjà être conscient qu’il y a émotion, il y a un problème, je suis en train d’entrer dans quelque chose qui ne me fait pas du bien. Donc besoin de trouver l’espace pour sortir de la réaction automatique : déjà, c’est la conscience. C’est une conscience qui est à développer, ce n’est pas tout de suite donné. Quand on était enfant, on n’avait pas cette conscience. D’abord il faut se brûler pour dire « non, je ne veux plus aller dans cette direction. » Donc nous sommes adultes, ça veut dire qu’on s’est assez brûlés, avec des émotions fortes et parfois on se dit « non, pas plus que ça. » Mais sommes un peu aussi dans la peur, on n’est pas naïf, on a parfois un peu trop peur. Mais il y a une conscience qui nous dit « attention, là si je continue, je risque de faire des dégâts. » Je risque de nuire à moi-même et aux autres.

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2 e étape   : diriger en toute conscience mon attention sur ce qui est bénéfique. Ce qu’on appelle « remèdes », ce sont des méthodes bénéfiques. Ce qui me fait du bien, comme c’était évoqué, de développer des pensées de bienveillance. Ça me fait du bien d’ouvrir le champ de vision, regarder plus large, de voir d’autres côtés de la même personne qui m’énerve par exemple, ou d’autres côtés de un objet de désir. Par exemple un remède pour les désirs, c’est voir l’impermanence, la non-permanence de ce que je désire, ça va changer. Ce que je désire va changer, ça ne va pas rester éternellement identique et avec moi. C’est donc une autre application de la pleine conscience. La 2e étape c’est diriger la pleine conscience, pas seulement dans la direction de vouloir éviter ce qui fait mal, mais on va vers ce qui est positif, ce qui est bénéfique.

La 3 e étape , c’est utiliser notre conscience d’une manière plus large, développer un autre regard. Ça veut dire que dans ma conscience, je suis encore un peu limité, j’ai un problème et je veux trouver une solution. Et ça c’est une fixation, de penser que par exemple une émotion est vraiment un problème, c’est déjà une fixation. Je ne suis pas sûr qu’elle soit vraiment un problème. Elle est indice d’une attitude pas très habile, qu’on n’arrive pas bien gérer la situation. Donc on essaie d’y remédier, mais peut-être que ça n’est même pas nécessaire, peut-être qu’il y a juste quelque chose à comprendre et pas vraiment à remédier.Ça, c’est la différence entre étape 2 et étape 3 : on n’essaie pas tellement de remédier à la situation, mais de comprendre, par un autre regard. L’autre regard, c’est le regard que je n’avais pas avant. Ça c’est l’autre regard. Le regard d’avant m’a déjà fait comprendre quelque chose, mais le regard à trouver maintenant, c’est celui qui m’aidera à trouver davantage de compréhension.

La pleine conscience   : une attention qui comprend

Une autre application de la pleine conscience, d’une conscience qui est capable de comprendre… Ce qu’on traduit comme pleine conscience aujourd’hui, c’est un terme qui est initié par Thich Nhat Hanh et ça traduit la mindfulness. Mais mindfulness est une mauvaise traduction pour sati. Aujourd’hui tous les enseignants aux États-Unis, les anglophones changent, ils changent pour awareness. Le mindfulness est devenu un label et on a vu que le mindfulness est un label beaucoup trop restreint. Mindfulness c’est une forme d’attention. Mais le Bouddha ne parlait pas d’une attention qui constate simplement les choses, mais d’une présence consciente qui comprend les choses. Donc awareness est beaucoup mieux, beaucoup mieux. Dans tous les textes de Satipatana, j’ai changé le mot mindfulness que j’avais utilisé aussi au début, pour awareness. Et du coup il y a un sens beaucoup plus profond qui sort de ces vieux textes traduits du pali.

P : Oui, mais en français ?

T : En français, vous êtes coincés. Dans toutes les langues romanes… J’ai le même problème au Portugal, au Brésil avec le portugais, … Il n’y a pas awareness, ça n’existe pas. Les Allemands sont gâtés : il y a Bewusstsein, Bewusstheit, Gewahrsein, Achtsamkeit, achten… Beaucoup de mots, beaucoup de mots pour l’esprit. Et ça, ça manque, donc on va rester avec pleine conscience. Mais il faut comprendre que pleine conscience c’est une conscience qui comprend, qui voit, qui n’est pas seulement attentive, mais grâce à l’attention donnée, il y a une compréhension qui s’élève et c’est cette compréhension-là qui est la pleine conscience. Cette compréhension. Le Bouddha est pleinement conscient parce qu’il comprend. Le Bouddha n’a pas besoin d’être attentif à ses pas pour marcher, non, il marche, il est complétement présent, mais il marche avec compréhension qu’il n’y a personne qui marche.

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P: C’est la vision pénétrante…

T : Disons que la vision pénétrante est une partie de sati. Ce sont les personnes qui ont écrit les commentaires, quelques siècles après, qui ont commencé à faire la différence entre samatha et vipassana. Ça n’existe pas dans les enseignements du Bouddha. Il ne différencie pas ces deux étapes. C’est après, avec une analyse de ce qui c’est produit, qu’on a séparé ça pour des raisons pédagogiques. Le calme mental qui est attentif, qui remarque, amène toujours une compréhension. On ne peut pas les séparer et c’est cette présence en comprenant les choses qu’on appelle sati. C’est ça la pleine conscience, on est pleinement conscient de tout. Le tout c’est ce qui nous arrive, et pourquoi cela nous arrive et quelle est la nature essentielle de ce qui nous arrive, de notre vécu, tout cela ensemble.

Travailler avec les émotions, suite

Ok, donc la 3e étape, c’est l’application de la pleine conscience pour comprendre ce que nous n’avons pas encore compris. C’est différent de la 2e étape, qui consiste à tourner notre regard vers ce qui nous fait du bien vis-à-vis de l’état perturbé que nous avons à gérer. D’abord prenons conscience de l’état perturbé, on s’arrête, on ne poursuit pas dans la même direction. Puis on dirige vers ce qui nous fait du bien, on remédie un peu à ce trouble. Puis on essaie de mieux comprendre, de trouver une autre perspective, un regard qui fait « tiens, c’est… wahou c’est… » Déjà là on peut dire qu’il n’y a pas vraiment de problème, non, il y a un défi, il y a des situations… Mais je commence à comprendre, et finalement je remercie l’émotion de m’avoir montré qu’il y avait quelques chose qui n’allait pas, je comprends mieux maintenant, je comprends mieux moi-même et l’autre.

Et puis la pleine conscience peut être utilisée encore mieux, le regard va être dirigé vers la nature essentielle de l’émotion. C’est-à-dire qu’il ne s’agit plus de comprendre pourquoi elle s’est élevée, comment elle pourrait être notre lama qui se manifeste, qu’elle a des aspects qui est positifs, etc. Non, le regard se tourne maintenant dans le centre du vécu : « c’est comment d’être en colère ? elle est où, la colère ? où est celui, celle qui se met en colère ? » on va vers la nature essentielle. On n’est plus en train de positiver, on n’est plus en train de vouloir comprendre autour, mais on veut comprendre l’émotion elle-même. Comment est-elle en profondeur en profondeur, comment est cet état mental ? La pleine conscience se tourne vers l’expérience elle-même, et c’est ça qui nous fait rentrer dans l’expérience non-duelle de ce vécu.

Grâce à cette 4 e étape on tourne le regard vers ce qu’on n’avait pas regardé avant. On se regarde soi-même. On n’essaie plus de comprendre autour, mais on se regarde soi-même dans le vécu. Et ça ouvre les cinq aspects de la conscience intemporelle sur le 2e lotus. Du coup, fluidité, sans saisie de différence, donc pas pour dire « ha oui, cet état est mieux ou pire qu’un autre état ». C’est la même saveur, saveur de ce côté insaisissable. On voit très clairement la différence, mais on ne saisit pas, et dans ce vécu-là il n’y a rien à améliorer, rien. Ça s’est ouvert maintenant, ça s’est ouvert. Il n’y a plus rien à améliorer, tout est parfait et tout est comme l’espace. Mais c’est un espace vivant, c’est un espace d’ouverture. Ce soi-disant rien est plein de qualités. Vide et plein. Ouvert et mouvement. Stable, calme et en mouvement. Conscience vibrante d’énergie, fluide, sans saisie, claire, lucide, fraiche. Toutes ces qualités sont là.

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P: Pleine de potentiel aussi ?

T : Pleine de potentiel. Donc on perd la peur, on perd la peur des états émotionnels, parce qu’on sait que l’on peut toujours regarder dedans. C’est la 5 ème étape , je peux les prendre comme chemin. Je n’ai plus peur. « Venez les émotions, Venez. Ça fait déjà un jour que vous n’êtes pas venues me rendre visite, venez au café, venez me rendre visite ! J’ai envie de regarder à nouveau. » Il y a un côté ludique, oui. Mais aussi un côté vraiment d’appréciation que tous les mouvements mentaux me montrent la nature de l’esprit.

Voilà, c’était un petit sommaire des cinq étapes en faisant le lien avec la pratique de pleine conscience. Et pour dire que je vous invite à méditer, à pratiquer la pleine conscience, mais de cette manière-là, de cette manière intelligente. De ne pas fuir avec votre pratique de méditation ce que vous vivez, mais de le vivre pleinement, toujours plus essentiellement, avec un regard qui s’ouvre. Ça, c’est la méditation intelligente. La méditation intelligente se dirige vers là où il y a doute, souffrance, stress, frustration, donc émotions.La méditation qui libère se dirige vers là où notre vécu n’est pas libéré. Donc on n’essaie pas de trouver les espaces ailleurs où on est tranquille. Pas du tout. Ça ce n’est pas la méditation bouddhiste. On va vers là où il y a voile, là où il y a obstruction, là où il y a blocage, la où il y a fermeture, elle est là notre pratique.

Voilà. Est-ce qu’il y a des questions là-dessus ?

P : Du coup, ça veut dire que, dans la méditation, on ne cherche pas à sortir de l’émotion parce que l’émotion ce serait mal ou quoi que ce soit, mais parce que c’est un indice, un signe qu’il y a quelque part quelque chose qui est fermé, qui est tendu et on va chercher…

T : C’est ça. On veut connaître sa propre saisie pour savoir où est-ce qu’il faut amener de la conscience, où est-ce qu’il faut amener de la détente. On veut savoir.

P: En la vivant, c’est ça ? En acceptant qu’à un moment, il y a l’idée qu’elle se transforme, cette émotion ?

T : Pas seulement l’idée, l’expérience.

P: Mais du coup, je faisais le lien avec l’activité artistique.

T : Oui.

P: Et du coup j’ai l’impression que ça peut fournir un support, l’expression artistique dans n’importe quel cadre, peinture, théâtre, etc. Que ça peut être un moyen justement d’utiliser cette émotion comme un chemin et de la transformer dans l’expression artistique. Je ne sais pas si c’est clair.

T : Absolument. Quand tu travailles avec tes patients et que tu utilises l’art-thérapie, tu les invites pas seulement à exprimer n’importe quoi, mais ce qu’ils ont sur le cœur. Et ils commencent à dessiner, à faire de l’art plastique ou ce qu’ils veulent. Et ça, ce n’est pas l’expression névrotique, c’est une expression qui ne nuit à personne. Ce qu’ils sont avec cette énergie émotionnelle, ils essayent de donner forme, et ça commence par le fait d’exprimer, de vivre, d’être en contact avec ceci en conscience. Et ça, ça commence à faire son chemin. Et ça

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commence à trouver ses solutions. Exactement. Et ensuite c’est plus facile, parce que tu vas peut-être en parler, c’est plus facile d’en parler, tu as le support.

P: Avec certains patients ça peut être très dur d’arriver à cette étape-là. Par exemple, avec les psychotiques je pense, ou les patients très débordés, ça peut être compliqué de faire cette phase.

T : Bien sûr.

P: Et du coup c’est là que l’art thérapie peut apporter… permettre l’expression.

T : Donc je vous invite à développer le réflexe. Quand vous avez une émotion forte : « Ah, tiens, c’est le moment de méditer ». Avec l’émotion, dans le ressenti. Ça, c’est le moment intéressant. C’est là où il faut s’asseoir, c’est là où il faut regarder. D’accord ? C’est parce que c’est l’inverse qui se produit, les gens pensent qu’ils peuvent méditer seulement quand ils vont bien. Ils cherchent le bon moment pour méditer. Mais c’est une erreur, le bon moment c’est là maintenant ou c’est surtout le moment où je suis stressé, là c’est le bon moment.

P : J’observe que j’ai plus de mal à méditer sur les douleurs physiques que sur les douleurs liées aux émotions. Probablement parce que j’ai plus travaillé sur les émotions, j’en sais rien, et donc, ben j’imagine que la réponse… enfin à t’écouter je me répondrais « eh ben quand tu as la douleur physique, vas-y ». Moi ce que j’observe, c’est que, quand il y a douleur physique, j’ai ce que tu décrivais tout à l’heure, tu disais… ça remonte, c’est comme quand on cherche. Et donc les 1es couches de la douleur, je n’arrive pas à aller très bas, je décroche dès les 1es couches.

Méditer avec les douleurs

T : J’ai été en échange avec une participante, ici, qui m’avait parlé de cette difficulté de méditer avec les douleurs. Donc méditer avec les douleurs physiques, vous avez grosso modo trois approches différentes : 1 e approche   : aller vers la douleur mais rester avec la zone autour. Détendre tout ce que vous pouvez détendre autour de la douleur. Ça aide énormément. Par exemple, quand j’avais mon hernie discale, il y a vingt ans, jeune lama. C’est ça que je faisais. Lorsqu’il y a la douleur du pincement du disque, c’était impossible de l’enlever. Mais je pouvais détendre tout autour. Et quand j’arrivais chez mon ostéopathe, elle disait qu’elle n’avait jamais vu un truc pareil. Quelqu’un où ça ne bloque pas toute la colonne vertébrale, où ça reste localisé à ce petit endroit, où c’est là où il y a vraiment le problème. Et le problème il était fort. Fallait pas y toucher, mais tout autour avec notre conscience, on peut y aller et détendre autour. Donc ça convient pour des douleurs qui ont une origine physique. Mais aussi pour d’autres douleurs où on ne sait pas exactement si c’est psychosomatique, si l’esprit… Ça c’est une possibilité que vous pouvez faire. Faire le travail autour.

Vous avez la 2 e possibilité   : c’est d’aller au centre du vécu. Mais pour cela il faut que vous soyez un peu habitué. Comment se détendre dans un vécu. Se détendre directement en lâchant, en acceptant un vécu et en allant dans son centre mais avec un mouvement de détente. Quand on va au centre d’une douleur avec de la saisie et avec la peur, on augmente la douleur, c’est extrêmement pénible. Si on n’arrive pas à se détendre dedans, à voir avec détente, on n’a pas l’effet de soulagement ou de découvrir quoi que ce soit, on aggrave seulement les choses. Ça, c’est la 2e possibilité.

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P : Excuse-moi Tilmann… Comment se détendre alors qu’il y a douleur ? C’est ça qui m’interroge.

T : Mais c’est ça. C’est la difficulté. C’est ça qu’il faut apprendre avec les choses qui sont moins douloureuses. Et si on n’a pas développé cette capacité, par exemple avec une pensée, de pouvoir se détendre dans une pensée, comment allez-vous vous détendre dans une douleur ? C’est difficile.

P: J’amène de la respiration dedans.

T : Voilà, tu peux amener la respiration et avec l’expir, à la fin de l’expir, tu vas vers la zone douloureuse. Et tu peux utiliser ça comme un outil pour te détendre dedans. Comme tu peux lâcher n’importe quelle pensée ; avec la fin de l’expir, tu peux lâcher. Ok.

3 e méthode   (parce qu’on vient d’en discuter, donc c’est présent dans mon esprit), c’est s’ouvrir à l’expérience de la douleur et inviter : « Qu’est-ce que tu veux me dire, c’est quoi ? Tu me parles de quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? qu’est-ce que tu amènes avec toi ? Pourquoi es-tu là ? » Ou s’ouvrir aux associations, aux connotations, aux images, à des vécus qui vont avec. Et là vous trouvez peut-être des éléments psychologiques, émotionnels, c’est lié à une colère, à une tristesse, etc. Vous pouvez en gros utiliser ces trois méthodes. Après pour les détails : moi, j’ai travaillé avec un livre excellent, Who Dies ? de Steven Levine. Ce sont des méditations à faire avant la mort, dans la phase souvent douloureuse de la maladie avant la mort. Il a inclus cette série de méditations dans son livre.C’est un enseignant Vipassana d’ailleurs. Mais jusqu’à maintenant pour moi, parmi les livres du dharma qui parle des douleurs, c’est le meilleur. Je n’ai pas tout lu, mais…Ça existe en français, seulement à un moment donné il était épuisé, l’édition était épuisée, donc je ne sais pas si vous allez trouver.

P : Qui meurt ? Aux éditions Souffle d’or.

T : Ok. D’autres questions ?

Surmonter la honte de regarder ses émotions

P: Ce n’est pas sur la douleur. Je me rends compte que c’est difficile de regarder l’émotion ou même la douleur car souvent, on a honte de ce qu’on perçoit, il y a quand même des résistances. Je vais peut-être donner un exemple concret, précis de ce qui m’est arrivé ce week-end et tout à l’heure pendant ton enseignement. Grâce à toi j’ai pu voir que, par exemple, tout à l’heure j’ai pris un dessert et j’ai pris de la glace au caramel. Je n’avais pas très faim, mais je l’ai pris. Et je me suis rendu compte grâce à tout ce qu’on a fait que c’était du désir pour le dessert, en fait, c’est du désir, c’était pas évident.

T : Ah, j’aurais pensé que c’était de l’aversion ! [rires]

P: Non, mais le fait de voir qu’il y a des émotions, là-dedans, la façon dont on mange, etc. J’avais pas forcément faim, j’ai pris un dessert et je me suis dit : « je vais aller creuser, je vais plonger en fonction de ce que tu dis » et donc au lieu de me dire : « ah oui, je mange alors que j’ai pas faim mais c’est de la gourmandise… ». Tu vois on peut passer outre. Mais d’aller

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regarder vraiment parce que je sais, par exemple, que j’aimerais manger un peu moins parce que ce serait mieux, pour mon corps ou mes articulations… Mais je me dis : « tiens, je vais explorer, comme tu as dit, ce rapport-là à ce dessert-là, et ce désir-là de ce truc et pourquoi je… » Mais il fallait dépasser quelque chose, et on se dit : « tiens, je vais être curieux de quelque chose que j’aime pas trop », ce n’est pas facile de faire ce pas, d’aller regarder vraiment avec curiosité quelque chose dont on a un peu honte. Alors voilà on aimerait le cacher, puis alors on le met dans une étiquette assez générale…Et puis là j’ai découvert un truc vraiment puissant. C’est qu’en fait je veux gouter le dessert parce qu’il est bon et qu’en fait il ne pourra être bon que s’il est dans ma bouche. C’est-à-dire que si je fais l’expérience du gout de ce dessert, je le fais exister en tant que « bon ». Et donc en fait, je me suis dit : « mais c’est pas de l’orgueil ? » Mais si ! C’est fou ! C’est-à-dire que c’est par moi, par mon être, que je peux donner aux sens et aux gouts leur existence. C’est-à-dire que la glace, quand je ne la mange pas, elle n’est pas aussi bonne. C’est-à-dire que j’ai le pouvoir créateur par mon être de créer le bon. Je crée les saveurs. Non mais c’est fou quand même, c’est délirant.

T : C’est génial ! Merci Yasmine. Tu décris d’une manière vivante et c’est exactement comme ça.

P: Non, mais c’est fou ! Je sais que je ne mange pas de dessert pour combler des émotions, pour combler un vide affectif. Je savais que ça n’avait rien à avoir avec tout ça. Mais je ne savais pas pourquoi. Et ça j’ai vu que c’était de l’orgueil. Enfin de l’orgueil ou je sais pas quoi… T : Tu sais, moi ce n’est pas à midi que je suis tombé dedans, parce que je n’ai pas pris de dessert, je suis parti avant. Mais c’est hier soir que je suis tombé dedans. Et tu sais pourquoi  ? Le serveur nous a donné la liste des desserts, et je connaissais tout mais il y avait un nom que je ne connaissais pas et tu te rappelles ce que c’était ?

P: Un cassata.

T : Cassata ! Je me suis dit : « Il ne se peut pas qu’il existe un dessert dans le monde que je ne connais pas ! » [rires] Ce n’est pas de l’orgueil, ça ? [rires] Et il fallait que j’essaie. Et il n’était pas bon… Et j’avais trop mangé et le dessert était vraiment trop et avant j’avais décidé : « non, je n’ai pas besoin de dessert ». Mais quand j’ai entendu le nom dans un restaurant italien où normalement… Si j’étais en Chine je ne connaitrais rien, mais là j’ai dit : « non, là je ne connais pas… » J’ai dû tester… Bon on est puni comme ça….

P: Mais ce qui est surprenant et pourquoi je témoigne de ça, c’est que déjà, la 1 e étape d’aller regarder cette chose qu’on n’aime pas, c’est déjà une étape. Et le fait d’avoir pu discerner que c’était du désir m’a permis d’aller voir. Et comme on fait ce travail ensemble sur les émotions, j’ai été curieuse. Donc, j’étais vraiment subtilement dans le phénomène jusqu’à l’épuiser, c’est-à-dire que j’ai vraiment voulu voir ce qui se passait dans cette tension de la cuillérée de glace. Mais c’est difficile de faire ça…

T : Et tu as dit quelque chose d’important et c’est pour ça que j’ai tourné la page… Tu as dit on a honte, on a honte de regarder.Mais regardez à chacune de ces étapes, dans chacun de ces cinq aspects nous avons honte. Nous avons honte d’admettre que nous sommes dedans. Et un signe de progrès en tant que pratiquant du Dharma, un signe important, c’est de ne plus avoir honte de ces états . Un

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pratiquant du Dharma a tellement bien regardé son esprit, qu’il n’a plus honte. Pas besoin de cacher.

P: Oui parce que tant qu’on a honte, on se raconte des histoires.

T : On se raconte des histoires, c’est ça.

P : Et c’est vrai que la libération ne peut avoir lieu que si on a pu regarder. Parce que j’étais complétement à côté de la plaque dans ce rapport au dessert qui n’était pas la réalité. C’est ça surtout qui est impressionnant.

T : Oui c’est parce que, quand on dépasse la honte, on développe le courage d’aller regarder et là on découvre autre chose que ce qu’on se racontait.

P : On découvre ce qui est, en fait.

T : Cela me fait penser à quelque chose, mais il ne doit pas y en avoir beaucoup parmi vous qui ont reçu cet enseignement sur l’entrainement de l’esprit en sept points, ce qu’on appelle Lodjong, un entrainement du Mahayana.Dans ces enseignements, il y a quatre signes de progrès. Un de ces signes, c’est de ne plus avoir honte de n’importe quel état mental. Ça c’est un de ces quatre signes qui indiquent le progrès dans sa pratique. C’est grâce à la pleine conscience, qui est amenée dans les zones d’ombre, on n’a pas honte, on ne se laisse pas impressionner, on a le courage et on peut même l’admettre devant les autres. Si les autres disent : « Mais tu es orgueilleux comme tout ! ». Je dis : « Malheureusement, tu as raison. » J’ai du mal à admettre ça devant ma femme. [rires] Mais c’est ça exactement. C’est ne plus avoir honte et pouvoir l’admettre.Donc vous voyez, vous ne pensez peut-être pas que ce sera parmi les grands indicateurs de progrès spirituel, mais c’est ça. On parle de ça.

P : Donc ça veut dire que chaque fois qu’on a honte, on peut commencer par aller voir l’émotion qui a derrière.

T : C’est ça. Dès qu’on a honte, dès qu’on veut cacher quelque chose, la pratique est là. Allons-y.

Ok maintenant, c’est l’avant-dernière phase de notre rencontre pour ce weekend.

Maintenant c’est l’espace ouvert, il n’y a plus d’enseignement venant en direct de moi.

Synthèse sur les motivations

T : On regarde la liste des deux pages que nous avons écrites avec les souhaits de chacun sur ce qu’il aurait aimé vivre et développer pendant ce weekend et aussi dans sa vie. Il m’est impossible, là tout de suite, de lire toute la liste car c’est un peu trop long. Mais j’aimerais que vous la regardiez. Et maintenant vous avez reçu des enseignements, bien sûr ils n’étaient pas ciblés là-dessus, mais faites le lien avec votre souhait que vous retrouvez peut-être ou que vous vous rappelez. Est-ce que votre souhait est comblé un petit peu ou est-ce qu’il y a là maintenant quelque chose que vous aimeriez aborder, qui vous aide à faire le lien avec ce qui était votre motivation primaire ? Prenons le temps de voir, de lire.N, tu serais prête à lire à haute voix ce qui est écrit ?

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N: - autonomie - agrandir l’espace, ouvrir le cœur

- être moins happé, être moins dans le jugement- cohérence, limpidité, clarté- continuer le chemin d’être avec le cœur- accueillir, transformer les émotions- être formé, harmonie - vision globale, simple, faire le lien- pour moi, me faire du plaisir, me reposer, partager, amitié- trouver guidance, amitiés spirituelles- approfondir la pratique professionnelle de méditation- créer un espace de paix

Et la deuxième page :

- comprendre en profondeur les émotions- authenticité dans l’inter-relation- apprendre à mieux guider les autres- clarifier le lien entre psycho et dharma- avoir des outils- trouver une approche psychologique en phase avec l’esprit d’éveil - entrer en contact profond esprit à esprit- aller à l’essentiel- savoir ce qui est vraiment utile- savoir répondre aux besoins existentiels, spirituels- accompagner dans la paix- développer la présence- approfondir une approche bienveillante- développer la confiance dans mes capacités- le lien essentiel fondamental : cœur - suivre son cœur

- - vivre pleinement- - trouver une source, faire du chemin

La compassion   : la tige du lotus de toutes les qualités éveillées

T : Merci. Quand j’ai dit qu’on n’avait pas le temps de tout lire, on a le temps. On avait le temps de le lire. Cela a évoqué le début de notre réunion. Qu’est-ce qui surgit en vous maintenant comme besoin ou envie de compléter, de créer le lien, de voir plus clair ? C’est à vous maintenant.P: Moi, il y a un thème qui me touche en ce moment, c’est la compassion. Ça va avec l’amour. Et on n’a pas vraiment parlé de ça. T : Oui, est-ce que tu vois le lien ? Tu me demandes pour le lien, mais est-ce que tu le vois toi-même quand tu y réfléchis ?P : Eh bien... C’est l’essence fondamentale, c’est ce qu’il y a au-dessus de tout.T : Oui, je vais expliquer car il semble qu’il y en ait besoin. Nous avons parlé des cinq émotions, de leur origine, de leur nature. Nous avons rigolé de nos propres émotions, nous avons peut-être versé aussi quelques larmes pour certains, et ça c’est la base de la compassion. Parce que nous avons pu accepter en nous ce côté qui souffre, qui est émotionnel, nous avons pu adopter un peu un autre regard là-dessus, un peu plus acceptant, avec un peu plus d’espoir,

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pour savoir comment libérer ce coté, ce qui va nourrir notre compassion. Déjà entre nous on voit qu’il y a beaucoup de compassion parce que ce travail que nous avons partagé fait qu’il y a une grande acceptation de l’autre et on se reconnaît dans l’autre. Je me reconnais en vous, vous vous reconnaissez en moi et ça c’est la compassion en action sans jamais en parler.P : « C’est ceux qui en parlent le moins qui en font le plus et inversement ? » [rires]T : Peut-être pas, il y en a qui en parlent et qui sont vraiment dedans et il y en a qui en parlent pour en parler… Moi, parfois, je n’en parle même pas, je parle peu de la compassion. Ce qui compte, c’est plutôt de la vivre, et de l’être. Je connais les limites de la compassion, ce sont les mêmes limites que celles de pouvoir comprendre l’autre. Et là où je peux raisonner, je peux comprendre, et c’est ça la compassion : se permettre de raisonner, faire la connexion avec son propre vécu et savoir comment soutenir l’autre.P : Mais quand même à propos de la compassion, c’est vrai que c’est surprenant de ne pas la voir apparaître sur le lotus réalisé.T : Parce que c’est la tige du lotus. La tige du lotus du samsara, c’est la saisie égoïste. Et dans le lotus réalisé, la tige s’appelle bodhicitta. Bodhicitta, c’est l’esprit éveillé, compassion et sagesse, et ça c’est la source, la tige de ce qu’on appelle la conscience éveillée.P : Moi je suis débordé par ce partage, vraiment très touché, et je n’ai qu’une envie  : c’est pratiquer, cela m’a donné vraiment plus envie de pratiquer. C’est tout simplement ça que j’avais envie de dire, merci de partager ce trésor caché.T : Merci…Est ce qu’il y a d’autres questions ? Des remarques ou des clarifications ? Ou pour créer un pont ? Est-ce que vous êtes content de vous-même ? Est-ce que vous étiez dedans, dans votre inspiration primaire ? Est-ce que vous avez pu la vivre un petit peu ?P: Je rejoins un peu ce que disait A tout à l’heure à propos de l’art-thérapie, la pratique artistique qui peut permettre de transformer les émotions. La façon dont je l’ai compris cette fois-ci, c’est qu’il ne s’agit pas de transformer l’émotion mais simplement de décaler un peu. Parce que transformer l’émotion, c’est la prendre et en faire quelque chose, donc c’est la saisir d’une certaine façon. Alors qu’avec les cinq étapes que tu nous as données (j’avais déjà entendu cet enseignement mais à chaque fois c’est une compréhension différente qui s’installe), il s’agit pas de la transformer mais de la voir et de la laisser nous enseigner ce qu’il y a à faire avec ça. Et faire le petit pas de côté qui permet de voir qu’en fait, elle peut être toujours là et puis au bout d’un moment elle n’est plus là. Et je trouve ça tellement plus simple que de dire : « Là, dans cette émotion, j’ai de la colère et je vais la transformer en amour ». T. : Ce n’est pas ça que voulait dire A…P : Oui, mais je me suis arrêtée sur le mot et j’ai fait ma petite fixation dessus. T : Ta compréhension est juste. On ne peut pas faire de la colère une compassion. La colère, c’est une fixation. Ce que l’on appelle transformer, c’est le fait de transformer notre façon de vivre la colère, notre regard sur la colère, tout ça se transforme. Ce qui fait la transformation, c’est que le côté essentiel de la colère, la saisie, quelque chose de désagréable, ça se détend, ca s’ouvre, ca disparaît. Et ce qui reste, c’est la clarté, la fluidité, l’énergie qui se libère à ce moment-là. Donc, si vous entendez quelqu’un vous parler de la transformation des émotions, c’est un peu une façon erronée d’en parler. Ce que voulait dire A, je crois, c’est que l’émotion qui, au début est comme rigide, comme fixe, elle commence à vivre et à devenir fluide, à évoluer. Et c’est dans ce sens-là qu’elle s’est transformée en autre chose du fait du changement qui s’opère dès qu’on commence à l’exprimer. C’est bien ça ?A : Oui.P : Je repense à ce que demandent les entreprises. C’est quelque chose de particulier parce que les entreprises demandent de gérer les émotions et il y a des attentes… En fait, je me rends

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compte qu’il y a une vision très mécanique de la vie dans l’entreprise qui me pèse beaucoup dans la façon dont je suis capable de les accompagner. Et là, je suis avec une vision organique des choses et les demandes autour de la gestion des émotions… Par exemple, quand on coache quelqu’un autour de la gestion des émotions, il y a un truc qui est juste énorme : il faudrait faire de quelqu’un de colérique quelqu’un qui soit tout à fait dans l’équanimité. Ils ont une atteinte très linéaire : « Quelqu’un qui était comme ça, vous me le transformez comme ça ». Et moi je me sens écrasée par cette chose-là. Je me rends compte à quel point le chemin est autour de ce lotus. Et je repars avec beaucoup de questionnements sur la façon de mettre du vivant dans une pratique et dans des espaces qui ne le sont pas du tout. Donc, voilà, je vais repartir avec ça, je ne sais pas… Mais voilà, on entend : « éradiquer les émotions »… [rires] On entend des trucs dingues et c’est vraiment la demande, donc…. T : Derrière ce que tu dis, il y a l’envie d’avoir encore un tout petit échange sur la façon d’amener ça dans la situation de l’entreprise où on te demande en tant que coach d’aider à gérer les émotions. Elles sont malheureusement inévitables mais on aimerait tellement avoir des robots pour que ça fonctionne.P : C’est ce qu’on est en train de faire en entreprise.P : La mindfulness est détournée pour ça aussi. P : C’est la façon de poser le problème qui pose problème. P : Mais c’est vrai pour la mindfulness, c’est terrible. J’entends des gens qui disent : « Je voudrais des techniques de méditation pour gérer le stress. » Et en fait, il y a tout un langage de la finance qui est dans l’entreprise. On gère, on capitalise, on a des ressources… C’est atroce, enfin c’est compliqué. Et en même temps, si on ne reste pas dans le courant, on est sorti de l’entreprise et donc on ne peut plus agir avec l’intention qui est d’accompagner.Je me souviens l’année dernière à un séminaire, il y avait une femme extraordinaire qui avait dit : « Si tous les dégoutés s’en vont, il n’y a que les dégoutants qui restent.  » Cela m’avait beaucoup marquée. Je m’étais dit : « Si je n’ai plus envie d’être avec les dégoutants, je vais aller où ? » Enfin voilà, ça m’engage sur ma mission, mais je me rends compte que pour le faire, c’est colossal.T : Je peux t’offrir un pont qui te permettra d’utiliser ces mots et de rester dans ce contexte de ton travail. Mieux gérer les émotions, c’est devenir plus habile avec les états émotionnels. Tu peux le définir comme ça. C’est une question d’habileté. Ensuite, de toute façon, les chefs d’entreprise sont rarement présents dans tes formations. Et dans ton coaching, tu travailles avec des gens qui ont des émotions. Et c’est clair que leur façon d’exprimer et de vivre leurs émotions, pour le moment, n’est pas très habile, ça les bloque, ça les stresse, ils sont en burn-out. Et tu vas les aider à trouver de meilleures façons de vivre leurs émotions, d’avoir une gestion plus habile. Et tu mettras tout dedans, tout ce que tu apprends. Dans les termes, tu peux glisser comme ça en introduisant le mot « habile », en parlant de « gestion habile » ; « habile » ça veut dire « ce qui répond vraiment au besoin, ce qui dissout le stress, ce qui est dedans, ce qui dissout la tension, ce qui amène vraiment vers plus de santé, plus de guérison ». Et ce n’est pas faire se taire ni refouler l’émotion. Parce que ça, ce n’est pas habile, tu le sais bien, et tu ne vas pas aller dans cette direction-là de faire le petit robot pour l’entreprise. Donc tu vois, tu peux glisser comme ça… Ce sont des gestionnaires, ils vont tout gérer. Ce terme de « manage », en anglais « manage your emotions », c’est terrible ! En anglais, tout le monde saura tout de suite que c’est impossible mais en français on peut le dire. Mais gérer l’entreprise et gérer une émotion, c’est très différent. Il n’y a pas l’objectif de faire disparaître une émotion, l’objectif c’est de voir d’où vient ce stress, cette saisie, et d’aller aux sources de ce stress. Je ne sais pas, est-ce que cela t’aide un peu ?P : En fait, ce qui m’aide, c’est cette sangha. Je me rends compte que je repars avec un sentiment de solitude qui est de l’orgueil mal placé. En fait je me sens seule parfois pour faire ça donc je ressens vraiment le besoin du groupe, du soutien, de l’enseignement.

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T : Là tu évoques un sujet que je voulais aborder bientôt de toute façon. J’aimerais vous inciter à créer des groupes de pairs déjà, de commencer avec ça, d’avoir des groupes, un groupe de pairs. Peut-être au moins deux, mais quatre personnes, ce serait bien.

T : Un groupe de pairs, si possible là où vous pouvez vous rencontrer physiquement, sinon par skype, e-mail, et de temps en temps quand même peut-être une visite chez l’autre. Je vous encourage à créer ça parce que, après tout, les liens d’amitié entre nous, avec des personnes qui pensent un peu pareil, c’est peut-être la chose la plus précieuse qui sort de ces rencontres. P : Ça s’est fait naturellement après le premier stage et le deuxième stage. Là, on est déjà un groupe, ça se fait tout seul.T : Oui, il faut inclure les autres, il faut encourager à le faire. Ce sera plus facile si je le dis une fois, pour que vous le fassiez vraiment. Vous pouvez dire, par exemple : « Écoute, je me sens seule » ou « Je vous connais très peu, je ne suis pas très bavard mais j’ai quand même envie d’avoir un échange. » Et vous pouvez aussi créer un tandem. Un tandem, ce sont deux personnes qui font un groupe et qui se disent : « Écoute, on va s’appeler une fois par semaine et on va parler vingt minutes sur ça, rien d’autre. » C’est pas pour prendre des nouvelles de l’autre, ça peut venir après. Mais voilà : dix minutes chacun où on parle de comment a-t-on travaillé, si on a des nouvelles compréhensions ou des blocages pour appliquer ce qu’on vient de comprendre ici. Voilà, j’aimerais vous encourager à ça. Cela fait partie de mes retraites de méditation aussi, quand elles sont plus longues. J’essaie d’encourager les gens qui sont là à créer les tandems. Et il y a des tandems qui se sont bien trouvés. Normalement on fait ça pour six mois, mais il y en a qui ont tellement envie qu’ils continuent depuis déjà trois ans, quatre ans. Donc créer de tels groupes pas trop grands ni trop petits, la taille qui suffit pour avoir des rencontres et pour apprendre ensemble.

P : Finalement… Il y a quelque chose que j’avais mentionné au début du stage qui n’était pas tout à fait dans le thème… Je crois que j’ai trouvé un endroit où je ne parlais pas et je crois que j’ai beaucoup perdu de temps à faire quelque chose à un endroit où je n’ai plus rien à faire. Je continuais à chercher ou à vouloir faire dans un endroit où je n’ai juste plus rien à faire, juste : être. C’est vraiment ça que je touche là, depuis hier soir et surtout aujourd’hui, juste être… M’autoriser, me sentir légitime dans cet endroit-là et ça, c’est pour moi un cadeau, ça me soulage. Oui, bien sûr il y a quelque chose à faire, mais là je suis dans un endroit où je n’ai plus besoin de chercher, je peux juste être.T : Quel soulagement !P : Et c’est à cet endroit-là que je peux en sortir de me dire : « Là, tu es orgueilleuse, il faut que tu continues », peut-être c’était la peur, peur de ne plus exister. En tout cas, ça a vraiment lâché.T : C’était plutôt un partage, n’est-ce pas ? Ou est-ce qu’il y a une question ?P : Non c’était plutôt un partage, pour te dire aussi merci, parce que c’est tellement puissant, grâce à ce que tu as proposé, j’ai pu toucher ça.T : Ok.

P : Je voulais dire que tout à l’heure, quand tu nous a demandé de chercher une qualité qu’on voulait développer et de mettre une image sur cette qualité : ça a été quelque chose de très fort car m’est venue l’image qui était tellement enfouie au fond de moi. C’était une projection quand j’étais petite fille : je me voyais grande. J’avais toujours cette image, elle est revenue et je ne m’y attendais pas du tout. J’ai vraiment eu ce sentiment d’une boucle. J’avais retrouvé des parties de moi que j’avais perdues sur mon chemin, ou oubliées, je ne sais pas. Et là j’ai vraiment quelque chose d’unifié, et cela a vraiment été très fort. Depuis tout à l’heure j’ai

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cette image dans la tête. Elle me donne un sourire, c’est comme quand on a vraiment perdu quelque chose et qu’on est heureux de le retrouver.T : L’image de toi comme tu peux être, ce qu’on appelle en tibétain, ton yidam, ton être libre, quand tu es grande ; mais maintenant tu es grande. [rires]

Méditation

Tilmann : En ressentant notre corps et aussi notre esprit…Ressentons d’abord l’élément de stabilité, la qualité : oui, c’est stable, je suis assis de manière stable, suffisamment stable. Et dans mon esprit aussi, il y a une conscience. Elle est stable, du fait qu’elle est toujours là. Je peux m’appuyer sur ça, ça va. Le corps et l’esprit ont un côté fiable, stable…Je peux me détendre là-dedans, dans cette stabilité du corps-esprit…Et puis quand je ressens le corps, je le ressens comme une unité, une intégrité. Il y a tout un ensemble, une cohésion… Il y a des articulations entre les membres qui font que c’est fluide, que ça peut bouger. Oui, vous pouvez même bouger en le ressentant, un petit peu. Ça bouge et c’est connecté. Tout est connecté dans le corps…Et pareil dans l’esprit. Il y a conscience qui connecte toute, d’un vécu à l’autre, il y a quelque chose qui continue, il y a présence, conscience. Le vécu continue et connecte les différents aspects de notre vie, les différentes situations…Et dans le corps il y a une certaine chaleur, la chaleur d’être vivant, de la vie… Chaleur, très vivante… Aussi dans notre esprit, il y a une vivacité. Dans notre cœur, notre esprit, il y a comme une chaleur aussi… La conscience vive… C’est-à-dire une conscience vive qui dévore, qui brûle toutes les impressions mais qui revient toujours dans la conscience de base de la vie, vivante, chaleur… Comme le feu digestif qui brûle la nourriture, notre conscience absorbe, dévore les expériences… Il y a plein de mouvements dans le corps et dans l’esprit, mouvements constants… Ça bouge, la respiration qui entre et qui sort, le va-et-vient du souffle, les pulsations, le sang, la lymphe, etc. Tout ce qui circule dans le corps, les vibrations dans les cellules, ça bouge.Et à l’intérieur du corps, comme dans l’esprit, c’est comme s’il y avait de l’espace dans lequel tout bouge. Espace de conscience, espace de perception… Espace pour le mouvement… Ressentons tout cela en même temps : stabilité, connexion, cohésion, chaleur, vivacité, mouvement, espace…

Tilmann : Cette méditation, c’était encore une autre possibilité de vous introduire à la nature de l’esprit par les cinq éléments. Vous avez remarqué ? [Il écrit.]

Terre : stabilité, base, fiable, notre conscience prend conscience, complètement fiable, stable, toujours pareille, toujours égale dans sa nature, on peut toujours se fier à notre esprit parce qu’il est toujours pareil, comme la terre qui porte toute chose. Elle est symbolique, ça symbolise, mais ce sont les mêmes énergies que dans la nature autour de nous et notre esprit comme vous voyez. Pétale un, pétale sud, terre, égalité.

Notre esprit comme l’esprit a beaucoup d’eau, l’élément eau c’est la cohésion. On pense peut-être que l’eau domine par sa fluidité. Ce que fait l’eau, c’est que la terre ne tombe pas. Quand on a de la terre sans eau, elle est comme du sable, elle ne tient pas. Là où il n’y a pas d’eau, les arbres s’écroulent, tout s’effrite sans l’eau. L’eau, c’est ce qui donne de la cohésion.

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C’est ce qui donne de la cohésion dans notre corps, pas seulement les articulations. L’élément eau, c’est ce qui connecte tout. Pareil que dans notre esprit où il y a ce sentiment de continuité ; de ce matin jusqu’à maintenant, jusqu’à ce soir, on a le sentiment que tout se connecte par une qualité. Ce qui est sans obstruction, ça veut dire que ça se connecte, n’est-ce pas ? L’élément eau.

Et puis il y a une dynamique, c’est vivant, c’est comme le feu et ça dévore, comme le désir mais ici c’est le feu de notre esprit qui apprécie tout, qui dévore les expériences… Qui adore vivre, qui adore être vivant, une expérience après l’autre. Ça nourrit le feu de sagesse, ça nourrit le feu de notre vécu intérieur, la richesse de notre vie. Toutes les sensations, ce qui se passe dans les cinq sens extérieurs, et les pensées, et les émotions. Ça nous rend vivant. Mais ça passe, et c’est donc comme l’image, comme le feu, ça tombe dans le feu et le feu est nourri mais après il n’y a rien qui reste. Ça, c’est la nature de la vivacité et que c’est très vivant, c’est vécu pleinement, le feu s’embrase et après il n’y a rien qui reste. Ça, c’est la nature feu de notre conscience.

Et bien sûr dans ce feu, dans cette fluidité, il y a mouvement, l’élément vent, toujours mouvement. Le corps n’est pas sans mouvement, la vie n’est pas sans mouvement, essayez de trouver un esprit sans mouvement. Même la conscience toute stable, les absorptions profondes, des samadhis, du calme mental… Il y a toujours la conscience qui vibre, qui est comme en mouvement, qui remarque, qui est consciente. C’est toujours en mouvement. Une conscience qui s’arrête n’existe pas. Un corps qui s’arrête est mort, ça n’existe pas. Un corps vivant, là où il y a vie, il y a mouvement, toujours, l’élément vent.

Et bien sûr tout cela est possible seulement parce qu’il y a de l’espace pour le mouvement, pour la vivacité, le feu, ça c’est l’espace indéfinissable mais que nous ressentons bien. Il y a bien sûr des espaces dans le corps, bien sûr les poumons peuvent travailler parce qu’il y a espace, la digestion peut travailler parce qu’il y a espace, les intestins, la vessie, etc. Tout est lié à l’espace bien sûr. Je peux bouger parce qu’il y a espace autour et parce qu’il y a espace dans les articulations. C’est nécessaire d’avoir l’espace. Et pareil dans l’esprit : ça bouge, il y a un grand espace sans limites, sans centre, mais ça peut bouger. Ça c’est l’élément espace, ouverture, possibilité de mouvement. Les pauvres qui ont déjà pris deux fois la photo de cette fleur ! [rires]C’est avec ce petit cadeau que je voulais vous dire au revoir.

Participants : Merci, merci beaucoup !

Tilmann : Ce mandala de la nature, des cinq éléments de la nature, fait référence au mandala de notre esprit, notre corps en est l’expression aussi et on peut aller bien plus loin encore. Peut-être une autre fois. Et vous avez peut-être déjà une notion de l’équilibre entre les éléments. Quand il y a trop de feu, trop de terre, trop de vent, trop d’espace, trop d’eau. Vous voyez, il faut que ce soit en équilibre, et l’esprit ouvert est en équilibre. Ces différents aspects de sa nature profonde se manifestent en équilibre et ce langage asiatique qui parle des éléments de cette manière est un langage d’équilibre pour nous montrer : regardez, cela doit être en équilibre. Un feu excessif ça nous brûle, etc. Je dois m’arrêter là.Méditation silencieuse

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