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LA JAUNE ET LA ROUGEREVUE MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ AMICALE DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE

55 Mots croisés par Georges JASKULKÉ (55),Bridge et Récréations scientifiques par M. D. INDJOUDJIAN (41)

56 Allons au théâtre par Philippe OBLIN (46),Œnologie par Laurens DELPECH

58 Discographie par Jean SALMONA (56)

60 Livres

55A R T S , L E T T R E S E T S C I E N C E S

65 Colloque international organisé par les associations d’anciens élèves de l’ENA,d’HEC et de Polytechnique les 15 et 16 juin sur “ l’Europe des responsables :quelles formations pour quelles décisions ? ”Maison des polytechniciens, assemblée générale ordinaire le mardi 30 mai

66 Sabix

67 Un virage à prendre dans votre carrière ? l’A.X. peut vous aider !

68 Emploi : les actions de l’A.X., Groupes X

69 Cotisation 2000

75 Carnet polytechnicien

V I E D E L’ A S S O C I AT I O N 65

76 XMP-Entrepreneur

77 Bureau des Carrières

80 Autres annonces

A N N O N C E S 76

F O R M AT I O N 61

4L I B R E S P R O P O S

4 L’Union européenne au début de la nouvelle conférence intergouvernementalepar M. D. INDJOUDJIAN (41)

7 Les industries de l’Internet par Pierre SCHMITT (76)

13 L’opinion des polytechniciens sur le problème de l’emploi, compte rendud’une enquête par Jacques MÉRAUD (46)

21 Ancêtre peu connue de l’École polytechnique, l ’École royale du génie de Mézièreset sa belle descendance (1748-1794) par Pierre BOULESTEIX (61)

29 Polytechniciens et rues de Paris par Jacques DEJEUMONT (47)

35 1848-1852, la République introuvable par Gérard PILÉ (41)

51 Courrier des lecteurs

V I E D E L’ É C O L E

62 Trophée X-Handisport les 14 mai et 10 juin à Palaiseau

62

La Jaune et la Rouge,revue mensuelle de la Société amicaledes anciens élèves de l’École polytechnique

Directeur de la publication :François AilleretRédacteur en chef :Jean DuquesneRédacteur conseil :Alain ThomazeauSecrétaire de rédaction :Michèle Lacroix

Éditeur :Société amicale des anciens élèvesde l’École polytechnique5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01.56.81.11.00Mél : [email protected] : 01.56.81.11.01

Abonnements, Annuaire, Cotisations :01.56.81.11.15

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Bureau des Carrières : 01.56.81.11.14Fax : 01.56.81.11.03

Rédaction :5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01.56.81.11.13Mél : [email protected] : 01.56.81.11.02

Tarif 2000Prix du numéro : 50 FAbonnements :10 numéros/an : 350 FMembres de l’Association :Promos 89 et antér. : 210 F ;90 à 93 : 160 F ; 94 à 96 : 105 F

Publicité :Ofersop, M. Baratta,55, bd de Strasbourg, 75010 ParisTél. : 01.48.24.93.39Fabrication :Éditions de l’AulneImpression :Loire Offset Plus

Commission paritaire n° 65 147ISSN 0021-5554

Tirage : 12 000 exemplaires

N° 553 - MARS 2000

La Liberté guidant le peuple. Détail.Ce célèbre tableau de Delacroix, exécutépour le Salon de 1830, illustre aussi bien

la révolution de 1848. Voir page 35.© COLLECTION VIOLLET

53I N M E M O R I A M

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MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE4

L I B R E S P R O P O S

C ELLES DES réformes précédentesde l’Europe qui ont apportédes progrès significatifs sont

celles dont la préparation n’a pas étélaissée au hasard des conversationsdiplomatiques et intergouvernemen-tales non préparées, mais celles dontla base de négociation était un plancohérent, élaboré par une personna-lité marquante présidant un comitéde sages – et c’est précisément parceque cette leçon n’a pas été suivie quele traité d’Amsterdam a été un semi-échec. Cette fois, sans aller – et il fautle déplorer – jusqu’à charger un groupede personnalités compétentes d’éla-borer de véritables propositions for-mant un tout homogène, un rapporta été demandé :– par M. Romano Prodi, président dela Commission européenne à MM.J.-L. Dehaene, ancien premier ministrede Belgique, R. von Weizsäcker,ancien président de la République

fédérale d’Allemagne et à LordSimon, ancien ministre du Royaume-Uni ; plus précisément il s’agissaitpour eux de “ donner leur avis entoute indépendance sur les implica-tions institutionnelles de l’élargisse-ment en vue de la prochaine confé-rence intergouvernementale ”. Il étaitprécisé qu’on ne leur demandait “pasde formuler des propositions pré-cises ” (!) ;– et par le gouvernement français auCommissariat général du Plan, ce quia abouti au “ Rapport du groupe deréflexion sur la réforme des institu-tions européennes”, groupe qu’a pré-sidé le professeur Jean-LouisQuermonne.

g

g gD’autres signes positifs sont appa-

rus et nous retenons ici :– les déclarations de M. JohannesRau, président de la République fédé-rale d’Allemagne au colloque del’Institut français des relations inter-nationales (IFRI) qui ont fait l’objetd’un article (3) intitulé “ Une Consti-tution fédérale pour l’Europe ” ;– celles, à la même occasion, de M.Martti Ahtisaari, président de laRépublique finlandaise (article (3)

L’Union européenneau début de la nouvelleconférence intergouvernementale

M. D. Indjoudjian (41) (1)

Les graves insuffisances du traité d’Amsterdam sont bien connues (2).La conférence intergouvernementale – qui commencele 14 février 2000 et s’achèvera en principe à la fin de l’annéeavec celle de la présidence française – n’a pas d’objectifs ambitieux :au mieux comblera-t-elle certaines lacunes et apportera-t-ellecertaines améliorations sans lesquelles tout élargissementserait suicidaire.

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intitulé “ Face aux crises, logique etrapidité ”) ;– les interrogations de M. JacquesDelors et les réponses de M. MichelBarnier, ancien ministre français desAffaires européennes, commissaireeuropéen, chargé précisément de laréforme des institutions.

Il serait trop long et hors de notrepropos de décrire le contenu de cesavis, suggestions et déclarations.L’important est qu’ils mettent bien enévidence, et de façon assez conver-gente, les questions sur lesquelles lesprogrès sont indispensables et les plusurgents.

Toutefois il semble bien que, faceà ces encouragements, les attitudesdes gouvernements des États membres,et notamment ceux des plus impor-tants, soient frileuses ; de la sorte, lemaximum de ce qu’on peut espérerde cette nouvelle conférence inter-gouvernementale est une solution (pasnécessairement très bonne) de toutesou de certaines des questions sui-vantes :– structuration et mode de fonction-nement de la Commission,– pondération des voix au sein duConseil des ministres,– extension du vote à la majorité qua-lifiée,– institutionnalisation des coopéra-tions renforcées,– progrès en matière de sécurité etde défense, en particulier sur le plande l’armement (4).

Quant à l’adoption d’un projet decharte des droits fondamentaux descitoyens de l’Union européenne, ellen’est pas certaine et il ne faudrait pasqu’elle soit seulement un alibi de carac-tère théorique pour faire oublier l’in-suffisance des résultats réels.

g

g gIl est d’ores et déjà certain que la

réforme en cours de négociation man-quera pour le moins de hardiesse.Laissant plusieurs problèmes mal réso-lus, elle conduira, si l’on veut uneUnion européenne efficace – et qui,dans un quart de siècle, compte,comme les États-Unis d’Amérique,parmi les 16 pays du monde de plus

de 100 millions d’habitants –, à envi-sager très vite de nouvelles réformes,causes de trouble à la fois pour lefonctionnement même de l’Union etpour une opinion publique déjà éga-rée. Quel dilemme !

Se résignera-t-on, selon la formulecruelle que m’a proposée P. Goubaux(54), à ce que l’Union européennesoit “ un géant économique, un nainpolitique et un cul-de-jatte militaire”?Auquel cas l’édifice risquera de crou-ler au premier choc important denature économique, politique, socialeou militaire.

g

g gLe véritable objectif à se donner

est celui d’un “ Pacte constitutionneleuropéen”, respectueux des histoireset des identités nationales et élaboréde façon démocratique. Ce pacte entre-rait en vigueur dès son approbation parla majorité simple des États, à la condi-tion que ces États représentent au moinsles deux tiers de la population de l’Union.

Y figureraient les principes rela-tifs aux garanties fondamentales, auxsouverainetés et compétences, et à lasubsidiarité, ainsi que les traits essen-tiels de l’architecture institutionnelle :amélioration du mode d’élection duParlement européen, mesures assu-rant la cohérence du Conseil (5),meilleure pondération des voix, géné-ralisation du système communautaire,mesures assurant l’efficacité et le carac-tère démocratique de la Commission.Par la suite, toute amélioration dufonctionnement respectant le Pactese ferait sans la lourdeur des traitésinternationaux.

Tout cela, comme nous l’écrivionsavec Robert Toulemon (6), supposeque les hommes d’État incitent leursconcitoyens à se demander à la foisce qu’ils attendent de l’Europe et cequ’ils sont prêts à consentir pour elle.

g

g gEncore faudrait-il, plus encore

après les engagements d’Helsinki,inclure dans les réflexions et débatsun examen libre et profond des condi-

tions d’adhésion à l’Union euro-péenne. En effet, pour des raisonshistoriques, la construction euro-péenne a commencé par la coopéra-tion économique ; une extension,pour imparfaite et insuffisante qu’ellesoit, a été possible à d’autres domainesen raison d’une assez grande com-munauté de valeurs et d’une certainehomogénéité culturelle – et c’estnotamment ce qui explique, avec ledésir de paix, l’étonnante réconci-liation franco-allemande. Tandis que,si l’acceptation de l’acquis commu-nautaire, le respect de certains cri-tères économiques et financiers, etde certains principes démocratiquessont jugés suffisants pour l’adhésiond’un nouveau membre, de gravesdéconvenues – pour l’Union euro-péenne comme pour le nouveaumembre – risquent fort d’apparaître,faute de réelles solidarités culturelles,affectives et juridiques avec l’Europede l’Ouest. Que l’on songe par exempleà ce que, en pays musulman, exis-tent de fortes tendances à confondrele droit avec la religion.

Le comportement de beaucoupd’États membres s’explique, en dépitde certains discours, par des consi-dérations purement géopolitiques etl’oubli de considérations politiques ;et Jacques Delors a raison d’inciter àne pas confondre – dans l’analyse etdans les solutions – géopolitique etpolitique européenne.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 5

Aussi faudrait-il que,prioritairement,l’Union européenne incitefortement, aides à l’appui,les pays candidats à créerentre eux des groupements,par exemplede nature fédérale,et au sein desquelsseraient progressivementsurmontéesles oppositions résultantd’une longue histoire.

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Des conditions de cette nature nepourraient d’ailleurs que faciliter lerespect des autres critères, notam-ment économiques. Si l’Union euro-péenne n’a pas le courage d’adopterclairement une telle démarche, lesélargissements successifs se tradui-ront au mieux, comme le souhaitentcertains à l’intérieur ou à l’extérieurde l’Europe, par la réduction de l’Unionà une simple zone de libre-échange,empêchant pour longtemps l’Europed’être un véritable acteur sur la scèneinternationale.

g

g g

Pourquoi donc les États membresne marchent-ils pas résolument versun Pacte constitutionnel tel que nousl’avons défini ?

Parce que les hommes politiquesont peur de ne pas être suivis parl’opinion publique.

Mais pourquoi l’opinion publiqueest-elle hésitante et souvent réservée?

Parce que trop peu de respon-sables lui exposent, avec calme etsérieux, les grands et graves pro-blèmes que rencontre ou rencontrera

bientôt l’Union européenne, notam-ment ceux de l’énergie, de la défense,des restructurations industrielles (avecleurs conséquences sur l’environne-ment), du peuplement de l’Europeen 2020.

Mais plusieurs de ces problèmes,parce qu’ils sont à long terme, neséduisent pas les hommes politiquesdont les principales préoccupations,comme le souci des élections, sontà court terme. En outre ils suppo-sent une compétence et un travaild’approfondissement que l’on trouveaussi dans d’autres cercles.

C’est parce que de telles compé-tences existent bien souvent dans lacommunauté polytechnicienne queles membres du groupe X-Europe,sans chercher aucunement à se sub-stituer aux hommes politiques face àl’opinion, veulent aider ceux-là àinformer celle-ci.

Voilà pourquoi le groupe X-Europea rédigé un “ Manifeste ” qui définitson analyse et ses projets d’action.

Tout lecteur de La Jaune et la Rougequi le souhaite peut obtenir gratui-tement (7) ce Manifeste, de préfé-rence en devenant (ou en renouve-lant sa qualité de) membre du groupeX-Europe. Qu’il donne à cette occa-

sion non seulement son adresse pos-tale et téléphonique, mais aussi sonéventuel numéro de télécopie ou,mieux, de courrier électronique, cartoute évolution saine de l’opinionpublique exige des débats que lesmoyens modernes peuvent, bien sûr,grandement faciliter.

Et ne nous lassons pas de répéteravec Paul Valéry : “ Ce qui étonne dansles excès novateurs de la veille, c’est tou-jours la timidité. ” n

(1) Vice-président du groupe X-Europe.(2) Cf. par exemple mon article “ L’Union euro-péenne, le traité d’Amsterdam et les grands pro-blèmes qui demeurent ” dans la livraison de jan-vier 1999 de La Jaune et la Rouge.(3) Ces deux articles ont paru début novembre 1999dans le journal Le Monde.(4) Il est à cet égard piquant de constater queles militaires semblent avoir, face à l’évolutionde l’Union européenne, une attitude beaucoupplus positive que les diplomates.(5) Alors qu’on souffre actuellement de ce qu’iln’y a pas un Conseil des ministres, mais desConseils de ministres.(6) Cf . “ Une Constitution pour l’Europe ”(Commentaire n° 86, été 1999, p. 389-395).(7) Auprès de Chistophe Dumas, DGA, Cabinetdu délégué, 4, rue de la Porte d’Issy, 00460 ARMÉES.

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000

Considérer l’Internet commerévolutionnaire est devenu un lieucommun. Parce qu’on lui a prêté lacapacité d’engendrer une nouvellesociété dite “de l’information” (voire“ digitale ” ou pourquoi pas “ vir-tuelle ” !), parce que son usage quo-tidien s’est effectivement imposé enquelques années à des millions d’in-dividus, l’Internet a suscité un inté-rêt médiatique exceptionnel et estdevenu un axe de réflexion straté-gique incontournable pour tout acteuréconomique.

L’Internet s’inscrit pourtant logi-quement dans la ligne des progrèsspectaculaires et convergents destechnologies de l’information etde la communication depuis qua-rante ans : la rapidité de son déploie-ment est le fruit enfin mûr d’unemasse critique d’infrastructures (réseauxet PC), de la qualité (intelligence,simplicité et capacité d’adaptation)de technologies Internet universel-lement acceptées et d’une demandeimpatiente de se manifester (aux USAtout d’abord, pauvres en services“ télématiques ”).

L’ampleur du phénomène a tou-tefois surpris, comme une révolu-tion longtemps annoncée qu’on nevoit pas venir. Sa “prise” est ainsi un

bel exemple pour l’histoire indus-trielle de cristallisation massive autourd’un usage après une (relativement)longue maturation où les potentia-lités offertes par la technologie sontpressenties, sans que les modalitésde leur réalisation puissent être défi-nies avec certitude.

Trois facteurs en garantissent lasolidité, l’ampleur et la durée, au-delà des incertitudes ou des excèspropres à toute révolution : les per-formances de l’infrastructure, l’uni-versalité du média, l’émergence d’uneapplication déterminante.

Une infrastructurede plus en plus performante

Les investissements dans lesréseaux (de la pose de nouvelles“ lignes ” de télécommunications àhauts débits (1) aux équipements detransmission de données) croissentactuellement plus vite que ce quiétait généralement escompté il y aquelques années, pour combler undéficit désormais patent de puis-sance. Associée aux progrès de l’in-frastructure “ télématique” (2), la faci-lité d’écriture, d’intégration et desapplications logicielles augure biende la performance des services offertsvia l’Internet.

Tenter de dresser des perspectives dans un domaine aussi mouvantque l’Internet peut apparaître relever de la gageure, tant nousdéroute la confusion apparente de son déploiement multiforme.Il suffit de comparer les analyses effectuées dans les numérosspéciaux de La Jaune et la Rouge d’avril 1997 et de décembre 1999pour constater combien ces deux années ont à la fois confirmé lefulgurant succès de l’Internet, changé la donne stratégique et ouvertdes pistes nouvelles à la prospective.Risquons cependant en ce temps propice aux bilans et aux prévisionsquelques pistes de réflexion pour dégager, du bruit que génère cette“ révolution ” très médiatisée, quelques caractères structurants.

Les industries de l’Internet

Pierre Schmitt (76)

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L I B R E S P R O P O S

Une révolutiondes modesde communication

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Un médium universel

L’Internet est bien le fédérateurde l’interopérabilité des réseaux decommunications “ tout média ”.

Suscitant à la fois une extensionconsidérable des capacités de com-munication et une modification qua-litative spectaculaire de leurs conte-nus, l’Internet s’est rapidement imposécomme réseau de convergence pourla circulation de tout type d’informa-tions, comme support privilégié destransactions et des services “ immaté-riels ” ; même si de nombreux progrèspréparés dans le cadre de la nouvellegénération demeurent indispensables,en matière de sécurité notamment ;même si les prévisions de calendrieravancées pour un déploiement mas-sif des usages grand public sont plusprudentes que pour les relations inter-organisations où les flux de commu-nications de données structurées exis-tent déjà depuis longtemps (3).

Une immense demandelatente

On assiste avec le commerce ditélectronique (au sens large le e-busi-ness des Anglo-Saxons qui vise toutéchange d’information à vocation tran-sactionnelle – marchande ou non mar-chande – sur le réseau) à l’émergenced’une application déterminante, pré-parée certes par des décennies de tran-sactions électroniques, mais dont lespotentialités sont soudainement révé-lées par la puissance des technologiesmises en œuvre.

En rendant tangible la capacité ànouer des relations directes, richesd’un contenu informatif de qualitéprofessionnelle, interactives et peucoûteuses, avec une multitude declients, de citoyens ou tout autre indi-vidu (et non seulement un nombrerestreint de partenaires ou collabora-teurs), l’Internet permet bien la révo-lution depuis longtemps rêvée destélécommunications, à fort impactsur les modalités de l’échange.

À défaut de bouleverser profon-dément notre existence quotidienneet de modifier de fond en comble lesrelations sociales, ce qui est discu-

table et de plus en plus contesté parles esprits sages, l’Internet révèle pro-gressivement une force de restructu-ration du système économique biensupérieure à la diffusion du téléphoneou du micro-ordinateur ; et la com-paraison depuis longtemps tentée avecl’impact de la diffusion large de sourcesd’énergies bon marché (et des outilspour en tirer parti) qui a présidé auxpremières révolutions industriellesne manque pas de pertinence.

Il y a donc bien révolution, révo-lution “ industrielle ” et économiqued’abord, dont l’impact sur la sociétéet les usages sera progressif. Cetterévolution industrielle n’en est pro-bablement qu’à son prélude, et la“nouvelle économie ” qu’à ses bal-butiements. Quelques caractères ensont toutefois désormais mieux cernés,permettant de risquer des investisse-ments de plus en plus lourds sur unenouvelle structuration de l’activitééconomique et les nouveaux métiersassociés.

C’est à cette structuration et cesmétiers nouveaux, ainsi qu’à l’évolu-tion des métiers existants profondé-ment bouleversés par l’Internet, ceuxde l’intermédiation en particulier, quenous nous intéresserons (4).

Les métiersde l’Internet

Une des conséquences majeureset amplement soulignée du rôledéterminant pris par Internet commemédium multimédia de référenceest d’abord le découplage permisentre un réseau à vocation généraleet les types divers d’usages qu’ilsupporte. Entre, pour parler métiers,la gestion de la connectivité d’unepart, l’offre d’innombrables servicesspécialisés d’autre part.

Dualité simplificatrice, à laquelleon peut préférer le triptyque : connec-tivité, intermédiation, usages (5) ;triptyque pertinent à la fois pour lesservices (opération du réseau, ser-vices génériques d’intermédiation,services spécialisés) et pour l’infra-structure de support (infrastructurede connectivité, systèmes d’informa-tion étendus, terminaux).

Alors que les métiers de la connec-tivité pure devraient obéir à une logiqueimplacable de globalisation (et deconcentration des acteurs), ceux desusages se diversifieront d’autant plusque la puissance interactive du réseaufait de tout “usager” un offreur poten-tiel de services.

Une infrastructureen chantier

Une boutade d’un industriel améri-cain exprime bien l’enjeu formidable quereprésente Internet pour des fournisseursd’infrastructure souvent moins média-tisés que les offreurs de services : “ c’estcomme la ruée vers l’or en Californie.Très peu de chercheurs d’or ont fait for-tune. En revanche, ceux qui ont fournil’épicerie, les outils et le transport ontamassé de jolis magots ” (6).

L’infrastructurede connectivité

En tant que médium unifiant decommunication, l’Internet imposeun saut quantitatif et qualitatif dansles réseaux et provoque une évolu-tion profonde des industries des télé-communications.

Après une mauvaise anticipationdes modalités et du calendrier de lafameuse convergence, et l’échec des ten-tatives de constitution de grou-pes mixtes informatique et télécom-munications (ATT-NCR par exemple),après une phase de scepticisme par-fois (reflétant celui des opérateurs his-toriques sur l’ampleur des investis-sements à réaliser (7) ou sur leur nature :part d’adaptation des réseaux exis-

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Entre les deux, les plusincertains, les plusstratégiques sans doute,l’objet des convoitises en toutcas convergentes des acteursen place comme des nouveauxvenus : les métiers del’intermédiation (serviceset systèmes d’informationsous-jacents).

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tants et performance des technolo-gies correspondantes comme l’ADSL),l’Internet redistribue les cartes.

L’accès aux technologies “ infor-matiques ” de transmissions de don-nées en particulier est devenu critique(Nortel-Bay networks, puis Lucent-Ascend, pour évoquer les plus grossesopérations par croissance externe dansce domaine).

Une nouvelle informatiqueau cœurde l’économie nouvelle

L’Internet, fruit et stimulant del’informatisation progressive desactivités professionnelles et per-sonnelles, ouvre des opportunitésexceptionnelles à l’industrie infor-matique, d’ores et déjà exploitées parles spécialistes d’équipements deréseaux (comme Cisco) ou l’industriedu micro-ordinateur, au cœur indus-triel de la première vague Internet.

Le déploiement du commerceélectronique suscite le développe-ment d’une offre tout à fait straté-gique pour la nouvelle économieautour des outils logiciels d’inter-médiation et d’administration sécu-risée des réseaux, des applications etdes données, ainsi que de leur inté-gration efficace au cœur des systèmesd’information et de communicationdes organisations à vocation tran-sactionnelle (logiciels de BEA parexemple). Il suscite en effet un renou-vellement profond des systèmes d’in-formation repensés fonctionnelle-ment (à partir du CRM : CustomerRelationship Management), du “frontoffice ” aux serveurs d’applicationset de stockage de données en réseaux.

L’industrie informatique, à laquellela numérisation généralisée des “infor-mations” ouvre des perspectives quasiillimitées de développement, est bienau cœur de l’économie nouvelle, à lafois fournisseur des spécialistes dela connectivité, des professionnelsde l’intermédiation, et des “ usa-gers ” (de la grande organisation àl’individu).

Elle est aussi certainement, danssa courte mais riche histoire, le pro-totype de la révolution industrielleen cours, avec la spécialisation pro-

gressive de ses métiers (de l’offre d’in-frastructure à l’opération des fonc-tions informatisées, en passant par lesservices d’architecture et d’intégra-tion) et le degré variable de globalisationde ses activités.

Une industrie des terminauxportée parl’explosion des usages

En tant que vecteur de la conver-gence multimédia, l’Internet offre devastes perspectives aux industriels del’électronique grand public pourrépondre à la demande de terminauxbien adaptés d’accès au réseau.

Le combat spectaculaire (pré-Internet) entre la télévision interac-tive et le micro-ordinateur (ou plusrécemment entre le “ network com-puter ” et le micro-ordinateur) pourprétendre au rôle de terminal uniquedu futur paraît bien réducteur, alorsque la diversité des usages de plus enplus véhiculés par l’Internet (se diver-tir, échanger des informations, conclureune transaction...) non seulementdemeure mais s’accroît.

Cette diversité des usages devraitgénérer, pour accéder à la vaste paletted’applications correspondantes, desterminaux optimisés pour les mettreen œuvre, même si le micro-ordina-teur ou ses successeurs directs demeu-rent l’outil dominant. L’histoire destechniques enseigne en tout cas laprudence envers les outils à toutfaire !

La bataille des services

Les services de connectivité

En tant que réseau de convergencede tout type de communications, canaléconomique de transfert de donnéesentre organisations aussi bien que ser-vice souple d’échanges de messagesentre individus, l’Internet s’est ins-tallé rapidement au cœur de la stra-tégie des opérateurs de télécom-munications.

Il constitue d’abord une belleopportunité pour les opérateurshistoriques qui investissent massi-vement pour profiter de la croissance

du trafic engendré par la modernisa-tion de leurs réseaux, la constitutionde “ backbones ” et leur connexionintercontinentale. Il constitue aussiune menace en favorisant l’émer-gence d’opérateurs très agressifsinvestissant directement dans les nou-velles générations technologiques etfocalisant leur stratégie sur l’Internet(Qwest par exemple).

Il provoque logiquement une“ convergence ” dans la compétitionlocale des opérateurs du téléphone etdes câblo-opérateurs, d’où de spec-taculaires opérations de fusions (ATT-TCI).

De ces stratégies tous azimutset de cette multispécialité pour-raient émerger quelques grandsopérateurs de la connectivité (géréeglobalement) et un ensemble plusvaste d’opérateurs de services d’in-termédiation (gérés localement).La nature réelle de cette évolutionest un des enjeux majeurs de lanouvelle économie en gestation.

Un enjeu stratégique :les services d’intermédiation

Entre le développement bouillon-nant d’une myriade d’offres de bienset services spécialisés plus ou moinsdirectement branchées sur le réseauet la gestion de la connectivité quiles relie, s’interpose en effet un métierau contour encore mouvant mais

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 9

Remettant en causeles positions des opérateurshistoriques en attaquant aucœur le modèle économique“ fermé ” qui a fait leur fortune,l’Internet suscite aujourd’huiune vaste palettede stratégies, de la captationmaximale du volumede “ données ” transportéesà l’offre de services plus riches,supports de la nouvelle placede marché ou de la nouvelleéconomie audiovisuelle.

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indispensable : l’opération de ser-vices génériques d’intermédiation,supportés par des technologiesinformatiques de médiation de plusen plus puissantes.

L’intermédiation transactionnelle

Si leur opération va bien au-delàde l’offre d’accès, même assortie deservices de base performants, ils pro-voquent la tentation des opérateursde la connectivité (cf. ci-dessus) d’in-vestir ces champs à haute valeur ajou-tée, où leur contrôle de l’accès à l’uti-lisateur final couplé avec leur maîtrised’outils clés du commerce électro-nique (comme la facturation) consti-tue un atout important. Ils y ren-contrent ceux dont l’intermédiationest le métier : les nouveaux venus,nés avec l’Internet (Amazon parexemple), comme les acteurs établiscontraints de revoir non seulement lefonctionnement, mais le positionne-ment voire la substance même deleurs services.

Pour ces derniers, spécialistesactuels de l’intermédiation à vocationtransactionnelle (logistique, com-merciale, financière…), “ l’Interné-tisation ” est tout à fait stratégique,bien plus que leur informatisationautrefois réussie, elle devrait confor-ter leur position dans la chaîne devaleur ajoutée, contrairement auxvisions simplistes de vente directegénéralisée des biens et services sur leréseau.

Les services richesen information

L’offre de services riches encontenu informatif multimédiadevrait exploser sur l’Internet, en

raison de la qualité de l’outil, de savocation à la véritable interactivitéet de sa capacité à multiplier les acteurs(services d’enchères de E-Bay parexemple).

Dans une large mesure, ces ser-vices devraient se déployer et s’offrirlocalement, contrairement à ce queprédisent les chantres de la globali-sation sur la mondialisation systé-matique des prestations.

L’intermédiation informationnelle

Support de services “ riches eninformation”, “agence” globale d’in-formations, canal de télédistributiondes produits audiovisuels…, cemédium universel qu’est l’Internetpose certainement, comme cela a étédit et redit, les fondements d’unenouvelle économie de l’information,de l’éducation, du loisir.

Par sa vocation multimédia commesa capacité à susciter une croissanceextraordinaire du volume des conte-nus informatifs transmis, il boule-verse les métiers de la communi-cation.

Comme pour l’intermédiation àvocation transactionnelle, il susciteenfin des stratégies spectaculaires deconvergence vers les gisements escomp-tés de valeur ajoutée des acteurs tra-ditionnels et des nouveaux venus(grâce à Internet) dans la captationd’audience (AOL-Time Warner).

Risquons à ce stade un schéma surles métiers de service au cœur de lanouvelle économie.

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE10

Offreurs de bienset services spécialisés

Services spécialisésd’intermédiation“transactionnelle ”

(Finances)

Services génériques d’intermédiation“ transactionnelle ”

Services de connectivité

Consommateur-acteur

Services génériques d’intermédiation“ informationnelle ”

(Commerce)

Offreurs de services richesen informations

Services spécialisés d’intermédiation“ informationnelle ”

(Édition)

Producteurs de contenusmultimédias

LES SERVICES DE LA NOUVELLE ÉCONOMIE

Internet stimule d’abord,même s’il convient de biendistinguer cette autrerévolution, la productionde “ contenus ” multimédias.Il renouvelle ensuiteprofondément les métiersde l’édition d’informationsqui constitue une formed’intermédiation spécialisée(à vocation informative)particulièrement crucialepour la révolution en cours.

Trois caractères principaux :

• Internet autorise (dans une certaine mesure) un effet de miroir où l’offreur etle consommateur non seulement interagissent sur une affaire donnée, mais inter-vertissent régulièrement leur rôle dominant (professionnel et personnel).

• Les métiers de la connectivité, de l’intermédiation et des usages appartien-nent à trois couches fonctionnelles distinctes, celle des intermédiations étanttraversée pour la bonne marche du système global par les flux d’informationgénérés par les “usagers ” et transportés par les spécialistes de la connectivité.

• L’univers des services à vocation transactionnelle et celui des services à voca-tion informative demeurent largement disjoints.

Assurant la bonne gestion dela fabuleuse place de marché“ électronique ” que sous-tendl’Internet, les servicesd’intermédiationtransactionnelle sont au cœurde la nouvelle économie.

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La bataille pour le contrôledes positions stratégiques

Longtemps escomptées de la“ convergence ” des métiers des télé-communications, de l’informatique etde l’audiovisuel, longtemps attenduessur le contrôle de l’ensemble de lachaîne de valeur ajoutée, les plusbelles batailles devraient concerneren fait les champs séparés de l’offrede connectivité d’une part (qui demeu-rera l’offre d’accès primaire), de servicesd’intermédiation d’autre part (avecles batailles correspondantes pour lesinfrastructures physico-logiques sous-jacentes). Ceci même si la technolo-gie unifie de plus en plus les proces-sus mis en œuvre et si les liaisonsstratégiques entre ces offres font l’ob-jet d’appréciations fluctuantes.

L’opération des services critiquespour le bon fonctionnement de lanouvelle économie ou irriguant sonappétit de “contenus” multimédiasest particulièrement stratégique, etau confluent de l’appétit de nom-breux acteurs.

Même si elle suscite une juste vigi-lance, la crainte de la captation de lavaleur ajoutée des transactions éco-nomiques ou des œuvres de l’espritpar les opérateurs de ces services sembletoutefois largement infondée et rap-pelle des débats anciens sur la libertédes contenus informatifs menacée parles maîtres des réseaux (8).

L’importancedes paris industriels

L’importance des paris prisactuellement, en particulier auxUSA, sur chaque maillon de lachaîne de valeur dans une écono-mie nouvelle (déploiement de nou-velles lignes de télécommunicationsà hauts débits et commutateurs dedonnées ; systèmes transactionnelspuissants et stockage en réseaux ;logiciels sécurisant communicationset transactions et outils “intelligents”d’accès à l’information pertinente ;offre d’accès au réseau et “portails ”généralistes ; services d’intermédia-tion spécialisés…) est bien reflé-tée dans la valorisation spectacu-laire des affaires Internet :valorisations aux multiplicateursextravagants déclenchant une vaguede fusions par échange d’actions quistructure, par des opérations ambi-tieuses et à haut risque, la révolu-tion industrielle en cours.

Même les acteurs établis (les four-nisseurs de l’infrastructure en par-ticulier !) voient leur valorisations’envoler s’il est crédible qu’ils soientmassivement portés par la vagueInternet.

La position prise par les acteursaméricains dans ce grand jeu capi-taliste caractéristique des révolu-tions industrielles est qu’en effet toutest stratégique dans l’Internet, avecun cœur à ne pas manquer : les tech-nologies Internet de médiation, l’opé-ration des services d’intermédiation,l’édition de contenus multimédias... !

AOL illustre avec brio cette stratégiecentrée sur la conquête d’audiencesur le réseau.

Compte tenu des imprécisions surles zones futures de création de valeur,il convient de ne pas se laisser piégerpar les anticipations excessives tra-duisant l’effervescence ambiante, quipeuvent conduire à des correctionsboursières brutales. Cette dynamiquetraduit toutefois bien l’importanceréelle des enjeux et les possibilités radi-calement nouvelles offertes par l’Internet,même si celles-ci ne se déploient plei-nement que sur plusieurs décennies.

Le défi américain

Dans ce grand jeu, les États-Unisgarderont probablement longtempsencore une longueur d’avance, tanty sont grands l’appétit de nouveauxusages et la capacité de valorisation(boursière) du risque de l’entrepre-neur qui s’efforce d’y répondre.

Caractère essentiel et élément dis-tinctif de cette révolution industrielle,son développement résulte du dyna-

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 11

(Mds $)

SunEMCCisco

OracleBEA

Qwest

AOLAmazonE-Bay

Chiffre d’affaires

13,15,6

13,4

9,30,4

3,6

5,71,20,2

Multiplicateur

92027

1735

9

2418

100

Capitalisationboursière

(au 27.1. 2000)

123113367

15514

31

1352220

Bénéfice/action

102112179

117175

409

150NS (résultats négatifs)

7678

(Résultats annualisés à fin décembre ou fin septembre 1999.)

Des opportunitésimmensesd’investissement

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misme conjoint des membres d’unevaste communauté d’individus, pion-niers dans les usages, développeursde nouveaux outils, investisseurs dansles affaires Internet... ; communautéparticulièrement en phase, ceci estjustement souligné, avec les valeursfondatrices de l’Amérique.

Parce que cette dynamique indi-viduelle est servie par une redoutableforce de frappe marketing et indus-trielle, et soutenue par les initiativesdûment budgétées du gouvernementaméricain en faveur des nouvellesgénérations de l’Internet, du déploie-ment de réseaux à très haut débit, decalculateurs à très haute perfor-mance... (9), le leadership de la nationaméricaine est réellement impres-sionnant (10).

C’est, et ce sera la conclusion dece bref survol, dans les métiers fon-damentaux de l’Internet, bien plusque dans la croissance des utilisateurssouvent invoquée, que demeure indis-pensable un sursaut de la Franceet de l’Europe. Comme à l’aube desgrandes révolutions industrielles pré-cédentes, l’ampleur des perspectivesouvertes dans la durée justifie en effetpleinement les investissements et lesparis considérables – privés et publics– nécessaires aujourd’hui pour prendreposition (11). n

(1) Du déploiement massif de réseaux conti-nentaux en fibre optique (aux USA et enEurope particulièrement) et de la pose decâbles transocéaniques (TAT 14 à 640 giga-bits/s ; Flag à 1,28 térabits/s) aux projetsambitieux de constellations satellitairesmultimédias.

(2) Cf. pour le progrès spectaculaire desperformances l’article de J.-P. Figer sur l’avè-nement du multimédia dans le derniernuméro spécial de La Jaune et la Rouge.

(3) La mise en avant d’estimations (cellesde Forrester Research par exemple souventcitées) sur la part du commerce électro-nique dans le commerce mondial à tel outel horizon est d’ailleurs étonnante; commes’il eut fallu pour lancer le téléphone jau-ger la part des communications télépho-niques dans l’ensemble des modes de com-munications de l’humanité ; et décider d’yinvestir sur cette inqualifiable prédiction.

(4) En se concentrant sur les services etl’infrastructure qui les met en œuvre (horscomposants électroniques, hors contenusinformatifs).

(5) Cadre d’analyse développé dans le récentrapport sur “ l’Internet du futur ” (disponiblesur le site du RNRT).

(6) Michael Ruettgers, patron d’EMC, leadermondial des systèmes de stockage de données.

(7) Scepticisme qui s’est traduit par unegrande prudence dans l’investissement d’in-frastructure (cf. par exemple les réactionsmitigées aux propositions du rapport Théry enFrance) et une focalisation des opérateurssur les expérimentations d’applications.

(8) IBM, acteur puissant et global auquelon prêtait il y a vingt ans l’ambition de toutcontrôler, a dû abandonner ses prétentionshégémoniques sous la pression de l’élargis-sement et de la spécialisation du champ debataille (plus sans doute qu’en raison desprocès antitrusts) et renoncer en particu-lier, malgré l’ancienneté de son positionne-ment en la matière, à jouer un rôle déter-minant dans le transport de données alorsconsidéré comme stratégique.

(9) Sans suggérer d’actions précises, le rap-port de J.-F. Abramatic sur le développementtechnique de l’Internet rappelle les investis-sements publics massifs consentis par l’ad-ministration américaine pour le déploiementdu réseau et la recherche en technologies del’information, et pose la question de l’op-portunité de mesures exceptionnelles enEurope, en France en particulier, pour com-bler le retard. F. Lorentz évoquait de mêmedans son rapport sur le commerce électro-nique l’intérêt d’une mobilisation des effortspublics sur un programme fédérateur, “l’Internetdu futur ”, à fort impact sur l’économie euro-péenne. À ne pas négliger même si l’essentielse joue ailleurs, dans le cercle vertueux del’innovation, de l’esprit d’entreprise et de laprise de risque financier.

(10) La France même, pourtant précurseuren terme de concept (la télématique du rap-port Nora-Minc a plus de vingt ans), d’infra-structure (Transpac) et de téléservices grandpublic (le Minitel), a été comme fascinée –éblouie et dominée – par cette nouvelle révo-lution américaine.

(11) Un texte de la Commission, parmi d’autres,résume bien un certain défaitisme ambiant surla capacité de l’Europe à se positionner aucœur industriel de la nouvelle économie :

“ the European ICT industry is struggling tomeet the challenge of the US industry domi-nance of Internet-Web technology develop-ment. The EU ICT industry should focus ondeveloping customer solutions geared to spe-cific market needs with the coopération ofusers ” (DG XIII ACTS). Quoique stratégiquement distinct, le mondedes services profite évidemment des perfor-mances de l’infrastructure mise à sa dispo-sition : l’Internet renforçant cette interrela-tion, on se leurrerait gravement à vouloirabandonner la technologie au prétexte del’excellence de l’Europe dans le service.

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE12

Page 15: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000

E N RÉPONSE à l’invitation qui leurétait faite, 300 camarades ontrépondu au cours de l’année

1994. Depuis lors certains d’entre euxont écrit des articles dans La Jaune etla Rouge, qui a consacré en particu-lier aux problèmes de l’emploi et duchômage plusieurs numéros spéciaux.Mais il est apparu également intéres-sant que soit publié un article de syn-thèse mettant en lumière les résultatsd’ensemble de l’enquête.

Dans un premier temps, on a songéà faire un compte rendu rassemblantdes extraits de chacune des réponsesreçues, ou tout au moins des plusremarquables parmi elles, en en men-tionnant les auteurs. Un essai a ététenté dans ce sens. Mais l’ensemble

des réponses constituait un texte de3 000 pages. Certes la moitié d’entreelles n’en comprenaient que trois,quatre ou cinq, conformément au sou-hait des organisateurs. Mais 10 %s’étendaient sur plus de quinze pages,souvent d’un grand intérêt, un nombrenon négligeable dépassant largementcette longueur déjà respectable. Aussiest-il vite apparu que le compte renduenvisagé s’apparenterait par sa dimen-sion à une véritable thèse universi-taire et exigerait de son auteur delongs mois de travail. On a donc viséplus modestement à donner une simpledescription statistique des opinionset suggestions des camarades ayantrépondu à l’enquête. Les matériauxen ont été préparés par une équipede dépouillement animée par JacquesMéraud (46) et comprenant douzecamarades : Jacques Antoine (48),Michel Bétous (55), Pierre Bon (46)(1),Bernard Charpentier (46), Pierre-Henri Chevalier (46), Bernard Gosset(46) (1), Érik Guignard (60), MichelGuillaume (45), Pierre Jars (46),Maurice Mermet (45), Pierre Vacher(46) et Jean Servant (46), avec la col-laboration de Michel Berry (63), lalogistique étant assurée par PhilippeGillieron (51). C’est à partir de cesmatériaux qu’a été rédigé le présentdocument.

L’enquête dont on peut lire ci-après les résultats a été faite en 1994dans le prolongement de la célébration du Bicentenaire de l’X.Il est apparu en effet aux responsables de l’A.X. ainsiqu’aux organisateurs des fêtes du Bicentenaire, en particulierà leur président Christian Marbach (56), assisté en l’occurrencepar Bruno Bernard (76) et Philippe Gillieron (51), qu’il seraità cette occasion du plus grand intérêt de proposer à ceux parmiles anciens de l’École qui le souhaiteraient de s’exprimer sur un sujetdont la gravité était alors évidente et l’est d’ailleurs encoreaujourd’hui : le problème de l’emploi.

L’opinion des polytechnicienssur le problème de l’emploiCompte rendu d’une enquête

Jacques Méraud (46)

13

L I B R E S P R O P O S

Page 16: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

Qui a répondu à l’enquête ?

D’abord, qui a répondu à l’en-quête ? Pour répondre à cette ques-tion, on a comparé la composition dugroupe constitué par les 300 “ répon-dants” et la composition de l’ensembledes anciens polytechniciens vivantsen 1994, non compris les anciensélèves étrangers. Les tableaux com-parant ces deux ensembles figurenten annexe. On ne donnera ci-dessousque les conclusions qui s’en dégagent.

Parmi les réponses reçues, 6 éma-naient de camarades appartenant auxpromotions comprises entre la 20 spé-ciale et la 27 et une d’un camaradede la promotion 90. Toutes les autress’échelonnaient entre la promo 30 etla promo 87. La propension à répondreà l’enquête a été d’autant plus forteque la promotion était plus ancienne.Ainsi les promotions 30 à 43, quicomprennent 16% des X vivants, ontfourni 25% des réponses, tandis queles promos 72 à 87, comprenant 33%des X vivants, en ont fourni 19% (cf.annexe I).

Parmi les camarades appartenantà ce dernier groupe de promotions,la proportion des réponses provenant“ d’Xettes ” ne diffère pas de manièresignificative de celle des camaradesmasculins. Mais leur nombre absolun’est que de quelques unités, car dansles premières années où des jeunesfilles entraient à l’École, il n’en estentré en moyenne qu’une pour 15 gar-çons, contre 2 pour 15 dans les annéesrécentes.

Quant aux fonctions profession-nelles exercées aujourd’hui ou naguèrepar les répondants, il n’était guèrepossible d’en décrire le contenu sousune forme simple et de les compareraux fonctions assumées aujourd’hui parl’ensemble des X en activité, ou naguèrepar l’ensemble des X en retraite. Desinformations indirectes ont pu cepen-dant être obtenues sur les unes et lesautres en se référant à la “ situationadministrative ” des camarades à lasortie de l’École, telle que l’indiquela liste alphabétique figurant à la finde chaque annuaire des anciens élèves.

Il apparaît ainsi que la proportiondes X ayant démissionné à la fin deleur séjour à l’École est un peu supé-

rieure parmi les répondants à l’en-quête (39,5 %) à la proportion cor-respondante mesurée parmi les Xactuellement vivants ayant appartenuaux mêmes promos (35,5 %). Cetteconclusion vaut pour toutes les tranchesd’âge, mais l’écart entre les deux pour-centages en question varie considé-rablement d’une tranche d’âge à l’autre :il est très élevé chez les promotionsimmédiatement postérieures à laSeconde Guerre mondiale (promos44 à 53) et chez les plus jeunes (pro-mos 72 à 87) ; il est très faible, voirepratiquement nul chez les promo-tions antérieures à la 44 et chez cellescomprises entre la 54 et la 71 (cf.annexe II).

Les informations fournies par l’an-nuaire de l’École permettent égale-ment de savoir dans quels services del’État les anciens élèves n’ayant pasdémissionné dès leur sortie de l’X ontcommencé leur carrière. On a pu dansleur cas observer que les camarades sor-tis de l’École comme officiers d’activeont répondu à l’enquête plus fré-quemment que ne l’impliquerait leurproportion parmi les X vivants ; cephénomène est en relation avec le faitque les trois quarts d’entre eux appar-tiennent à des promos antérieures àla 40. Les réponses des ingénieursmilitaires, sauf de ceux sortis dans leGénie maritime, sont au contraire sen-siblement moins nombreuses que nele voudrait leur proportion parmi lesX vivants ; ce phénomène n’est passans lien cette fois avec leur apparte-nance dominante à des promos rela-tivement récentes. Il en va de mêmeen ce qui concerne les ingénieurs desTélécom et de ceux qui ont choisi laRecherche. Pour les autres corps de l’É-tat en revanche (Ponts et Chaussées,GM, Mines, Statistique, Génie ruralet Eaux et Forêts, etc.), la correspon-dance est très remarquable entre laproportion des répondants à l’enquêteet l’importance relative de leur caté-gorie professionnelle (toujours repé-rée par leur situation administrativeà la sortie de l’École) parmi les Xvivants (cf. annexe III).

Pourquoi telle catégorie de poly-techniciens a-t-elle jugé bon et pos-sible de répondre à cette enquêtedavantage que telle autre catégorie ?

Chaque camarade était bien entenduentièrement libre de répondre ou des’abstenir (2). Sans doute le choix dechacun a-t-il tenu à des causes mul-tiples : le temps dont il pouvait dis-poser, la durée de l’expérience acquisepar lui, la nature et le poids de sesresponsabilités professionnelles directes,leur proximité plus ou moins grandeavec les problèmes économiques,financiers et sociaux nationaux etinternationaux influant sur l’emploidans notre pays, l’ampleur des enga-gements “paraprofessionnels” ou asso-ciatifs que ses convictions sociales etpolitiques l’avaient amené à prendreau cours de sa carrière ou après saretraite, etc. Il n’est pas étonnant quela composition du groupe des répon-dants ait différé quelque peu de cellequi aurait résulté d’un tirage au sort.Mais on ne cherchait pas a priori unereprésentativité absolument parfaite.Et le “profil” des répondants est en défi-nitive suffisamment proche de celuide la population des X tout entièrepour que les réponses obtenues pré-sentent l’intérêt qu’on en attendait.

Domaine de l’enquête etmodalités de dépouillement

Examinons maintenant le contenudes réponses à l’enquête. Rappelonsd’abord que la lettre invitant la com-munauté polytechnicienne à y parti-ciper distinguait a priori deux typesde réponses possibles, les unes fai-sant part des idées de leur auteur, lesautres relatant une expérience ou desexpériences qu’il avait faites. Il était éga-lement demandé aux répondants depréciser le champ géographiqueconcerné par leur réponse : “le monde,l’Europe, la France, une région ouune ville particulière ”.

La séparation entre “ idées ” et“ expériences ” pouvait apparaître unpeu artificielle, car les idées naissenttoujours plus ou moins des expé-riences faites par leur auteur. Néanmoinsles répondants sont entrés dans le jeuqui leur était proposé, facilitant ainsile dépouillement de l’enquête. Sur les300 réponses reçues, 262 contenaientessentiellement des idées (observa-tions, réflexions, suggestions), 30

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Page 17: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

décrivaient des expériences vécues,8 enfin accompagnaient l’exposé desidées de leur auteur du récit détailléd’une ou plusieurs expériencesconcrètes.

Quant à la délimitation du champgéographique couvert, elle aussi étaitinévitablement – sauf cas particulierd’une réflexion et d’une action concer-nant une ville, un “ bassin d’emploi ”ou une région – un peu artificielle.De fait, la très grande majorité desréponses reçues se sont déclaréescomme visant essentiellement le pro-blème de l’emploi en France, mêmelorsque les analyses et les proposi-tions tenaient implicitement comptede l’environnement européen et de lamondialisation des échanges.

L’examen approfondi des 38 expé-riences par l’équipe de dépouillementde l’enquête a conclu dans la plupartdes cas à l’intérêt de celles-ci. 22 d’entreelles ont même été jugées “d’un trèsgrand intérêt ”. Leur caractère mono-graphique empêche cependant qu’il ensoit davantage rendu compte dans leprésent document, nécessairementbref et au contenu statistique. Plusieursont déjà donné matière à des articlesdans La Jaune et la Rouge. D’autrespourraient y trouver place.

Quant aux 270 réponses exposantles idées de leurs auteurs – que celles-ci soient assorties ou non d’expé-riences –, elles ont donné lieu à l’éta-blissement de 270 fiches, sur lesquellesles idées en question ont été classées,à l’aide d’une “ grille de dépouille-ment ”, en deux catégories : les idéesà caractère “ général ” et les idées àcaractère “spécifique”. À titre d’exemplesd’idées à caractère général, ou – sil’on préfère – de suggestions à finalitélarge, on peut citer : la formation estla clé de l’emploi, ou bien c’est d’abordpar une nouvelle politique interne à l’en-treprise que l’on gagnera la bataille del’emploi, ou encore ce dont souffre notrepays, c’est d’un excès de rigidités. À titred’exemples d’idées à caractère spéci-fique, ou de suggestions d’actions àfinalité précise, on peut mentionner :il faut le plus tôt possible réduire la duréedu travail à 32 heures, ou bien il fautdiminuer l’impôt sur le revenu, ou encoreil faut mettre en œuvre une politiqueplus active d’investissements publics.

La grille de dépouillement a étéconstruite empiriquement à partir del’analyse approfondie du contenu de50 réponses préalablement tirées ausort. Elle comprenait 10 postes à carac-tère général et 78 postes à caractère spé-cifique. Chacun de ceux-ci était rat-taché à l’un des dix postes à caractèregénéral, dont il était en quelque sorteune modalité particulière de réalisa-tion. Sur les 270 fiches recensant lesidées des 270 répondants ont été ins-crites au total 1342 références à despostes de la grille de dépouillement,dont 287 références à l’un des 10 postesà caractère général et 1055 référencesà l’un des 78 postes à caractère spé-cifique.

Les idées ou suggestionsprésentées sous leur formespécifique la plus détaillée

Le poste à caractère spécifiqueauquel il a été fait le plus souventréférence, c’est-à-dire l’idée ou la sug-gestion pour améliorer l’emploi laplus fréquemment exprimée par les270 répondants a été la baisse descharges sociales ; elle a été citée par56 d’entre eux. L’idée ou suggestionla moins citée parmi celles qui figu-raient dans la grille de dépouillementa été citée une fois seulement. On aclassé dans le tableau I ci-après, selonle nombre des citations dont ellesont fait l’objet, les 42 idées ou sug-gestions “spécifiques” ayant été men-tionnées par au moins dix répondantsà l’enquête. Au total, ces 42 sugges-tions ont recueilli 874 citations. Les36 autres idées ou suggestions spé-cifiques figurant dans la grille dedépouillement n’ont pas été retenuesdans le tableau : elles ont recueillientre 1 et 9 citations seulement, soitau total 181 citations.

Cette liste présente l’intérêt d’êtretrès concrète. Mais le lecteur éprouvele besoin d’une synthèse. Celle-ci a étéfaite en deux étapes. Dans un pre-mier temps, les 42 rubriques ont étéregroupées en 22 rubriques, tandis quechacune des 36 idées ou suggestionslaissées de côté jusqu’ici parce quen’ayant recueilli qu’un nombre decitations compris entre 1 et 9 a été rat-

tachée à celle de ces 22 rubriques àlaquelle elle s’apparentait le mieux.Seule une suggestion a paru présen-ter une spécificité qui la rendait dif-ficilement raccordable à l’une quel-conque des 22 rubriques retenues :il s’agit de la réduction de l’immi-gration ; elle a fait ainsi l’objet d’une23e rubrique.

Regroupement des idéesou suggestions précédentesselon l’analyse économiquequi les inspire

Dans une nouvelle et dernièreétape, les 23 rubriques du tableau IIpeuvent être réparties entre quelquesgrands groupes, à l’intérieur de cha-cun desquels seront rassemblées lesidées ou suggestions présentant unecertaine parenté par la philosophieéconomico-sociale qui les inspire.Nous avons constitué cinq groupesde ce type, sachant que les modali-tés des regroupements ainsi effectuéspeuvent être discutées. Ces cinqgroupes sont présentés ci-après.

1) Actions des pouvoirs publicspour faciliter la gestion des entrepriseset alléger leurs coûts

Peuvent être rattachées à ce groupeles rubriques du tableau II numéro-tées 2, 4, 5, 9, 18 et 20. Correspondentà ces rubriques 315 idées ou sugges-tions émises dans l’enquête, un mêmerépondant pouvant avoir cité plu-sieurs d’entre elles. Leur contenu estle suivant : “Assouplir les réglemen-tations, changer la mentalité des admi-nistrations, simplifier les formalités,le droit social, notamment pour lesPME, améliorer le statut des tra-vailleurs indépendants, développerla mutualisation des risques (pré-vention des faillites, etc.), accroîtrel’aide des banques aux entreprises,surtout aux PME, aménager le plancomptable, faciliter le financementde l’innovation, accroître la liaisonentre les entreprises et la recherche,diminuer les charges sociales desentreprises ou changer leur “assiette”,accroître la taxe professionnelle frap-pant les équipements en allégeant

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celle basée sur les salaires, diminuerla protection sociale ou accroître laTVA pour la financer, alléger la fis-calité des entreprises en la transfé-rant aux ménages, aider financière-ment les entreprises créatricesd’emplois, transférer (partiellementou totalement) les indemnités deschômeurs aux entreprises qui lesembauchent, diminuer les salaires,le SMIC, supprimer la 5e semaine decongés payés, faciliter la flexibilitédes horaires de travail, les contratsà durée déterminée, le travail tem-poraire, revenir sur la possibilité deprendre sa retraite à 60 ans. ”

Ces suggestions laissent penserque pour leurs auteurs les raisonsprincipales du chômage et de la crisede l’emploi sont les difficultés ren-contrées par les entreprises et leursdirigeants pour produire non seule-ment ce qu’ils veulent et que leurindique le marché, mais comme ils veu-lent (réglementations excessives, droitsocial paralysant) ; ils sont d’autrepart insuffisamment aidés, et aucontraire leurs coûts sont exagéré-ment alourdis (salaires trop élevés,surtout pour les travailleurs les moinsqualifiés, charges sociales affectantpar trop le coût du travail, fiscalitéexcessive), ce qui nuit à leur com-pétitivité.

2) Aide aux chômeurs, aux candidatsà un emploi ou aux salariés occupés,pour faciliter leur formation,leur recherche d’emploiou leur maintien en activité

Peuvent être rattachées à ce groupeles rubriques du tableau II présentéci-après numérotées 1, 7, 10, 13 et15. Correspondent à ces rubriques294 idées ou suggestions des répon-dants à l’enquête. Le contenu en estle suivant :

“ Repérer les emplois de proxi-mité, les emplois familiaux, ceux desécurité ou de gardiennage, les emploisdans les nouvelles technologies decommunication, recenser les besoinsmal satisfaits en biens et services etprévoir les emplois correspondants,accroître l’efficacité de l’ANPE, faci-liter la mobilité géographique et pro-fessionnelle, améliorer le fonction-

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE16

• Baisse des charges sociales (ou changement de leur “ assiette ”) 56 fois• Protectionnisme sous diverses formes, négociation avec les pays 43 fois

en développement, politique de change• Améliorer le fonctionnement de l’appareil éducatif initial 33 fois• Réforme fiscale de portée générale 31 fois• Repérer les emplois de proximité, les emplois familiaux, 28 fois

les développer par voie associative...• Former davantage les jeunes à plus d’adaptabilité, de prise de risque 27 fois• Assouplir les réglementations 27 fois• Alléger la fiscalité des entreprises, la transférer sur les ménages 26 fois• Aides directes aux entreprises en vue de la création d’emplois 25 fois• Faciliter le travail à temps partiel 25 fois• Politique industrielle (ou dans quelques cas politique agricole, 25 fois

forestière, etc.) plus interventionniste• Investissements publics, grands travaux, programmes de logements sociaux 25 fois• Diminuer le SMIC 24 fois• Diminuer les salaires, accroître leur flexibilité 23 fois• Employer les chômeurs à des travaux d’intérêt général 23 fois• Simplifier les formalités, le droit social, notamment pour les PME 23 fois• Réduire la durée hebdomadaire ou annuelle du travail 22 fois• Modifier l’indemnisation des chômeurs pour les inciter à reprendre 22 fois

un emploi, à accepter des emplois moins payés• Politique monétaire plus souple, création de monnaie plus abondante 22 fois• Faciliter la mobilité géographique (aide au déménagement, 21 fois

fiscalité des mutations, trouver un emploi au conjoint)• Repérer les gisements d’emplois de surveillance, sécurité, gardiennage 20 fois• Inciter les collectivités locales et les associations à créer 19 fois

des emplois d’intérêt général• Réhabiliter le travail manuel 18 fois• Assurer un “Revenu Minimum d’Existence ” à tout le monde 18 fois• Flexibilité interne et non pas externe des emplois, reconversion dans l’entreprise, 17 fois

formation permanente, gestion prévisionnelle des ressources humaines• Réhabiliter le “ non-travail ”, les loisirs, le temps partiel 17 fois• Recenser les besoins mal satisfaits en biens et services 16 fois• Faciliter le financement de l’innovation 16 fois• Faciliter le travail à temps “ partagé ” 16 fois• Politique familiale plus active 16 fois• Aider les chômeurs à se grouper 15 fois• Pousser à une action internationale pour solvabiliser les pays en développement 15 fois• Développer des réseaux de solidarité 14 fois• Décentraliser davantage, aménager le territoire 14 fois• Transférer aux entreprises embauchant un chômeur ou un titulaire du RMI 13 fois

tout ou partie de l’indemnisation de celui-ci• Inciter les femmes à ne pas travailler professionnellement, salaire parental, etc. 13 fois• Revaloriser le travail domestique 13 fois• Renouer avec la planification, promouvoir une croissance plus forte 12 fois• Changer la mentalité des administrations, l’État-employeur doit donner l’exemple 11 fois• Mieux prévoir les besoins d’emplois (cf. La matrice des emplois d’Alfred Sauvy) 10 fois• Privilégier les choix technologiques à forte part de main-d’œuvre 10 fois• Assouplir les statuts 10 fois

Citations 874

TABLEAU I – IDÉES OU SUGGESTIONS POUR AMÉLIORER L’EMPLOI

AYANT UNE FINALITÉ SPÉCIFIQUE, CLASSÉES SOUS 42 RUBRIQUES DÉTAILLÉES,SELON LE NOMBRE DE RÉPONSES LES MENTIONNANT DANS L’ENQUÊTE

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nement de l’appareil éducatif initial,former les jeunes à l’adaptabilité, àla prise de risque, développer la for-mation et la reconversion interne auxentreprises, la gestion prévisionnelledes ressources humaines, instaurerun crédit-formation, privilégier leschoix technologiques à forte main-d’œuvre, limiter le droit à licencie-ment, proposer aux chômeurs destravaux d’intérêt général, inviter lescollectivités locales et les associationsà en créer, créer un service civil natio-nal, “imiter les chantiers de jeunesse”,aider les chômeurs à se grouper, déve-lopper les réseaux de solidarité, inci-ter les syndicats à se soucier davan-tage des chômeurs. ”

Ces suggestions émanent plutôtde camarades qui voient l’origine duchômage dans le mauvais ajustemententre les besoins des entreprises d’unepart et la formation et l’adaptabilitédes candidats à un emploi d’autrepart. Ils mettent l’accent sur le rôlenécessaire des pouvoirs publics (Étatet collectivités locales), des entre-prises et de la société civile (associa-tions, syndicats) en vue de faciliterl’offre d’emplois et l’adaptation desdemandeurs : meilleure formationscolaire, rôle accru des entreprisesdans la formation “sur le tas” et l’aideaux nécessaires reconversions (flexi-bilité interne plutôt qu’externe), créa-tion d’emplois d’intérêt général, soli-darité avec les chômeurs de la part desacteurs de la société civile avec, lecas échéant, pressions en leur faveursur les pouvoirs publics et les entre-prises, etc.

3) Actions publiques relevantde la politique macroéconomique,financière, monétaire,sur l’environnement national,européen et mondial

Peuvent être rattachées à ce groupeles rubriques du tableau déjà citénumérotées 6, 12, 14, 19, 22 et 23.Correspondent à ces rubriques185 idées ou suggestions, dont lecontenu est le suivant :

“Instaurer ou rétablir plus de pro-tectionnisme (au niveau national pourles uns, européen pour les autres)sous des formes diverses, négocier

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 17

Citées1 Repérer les emplois de proximité, familiaux, de sécurité, de communication, 107 fois

recenser les besoins mal satisfaits en biens et services et prévoir les emploiscorrespondants, accroître l’efficacité de l’ANPE, faciliter la mobilité géographique

2 Assouplir les réglementations, simplifier les formalités, le droit social 84 fois(cas des PME), améliorer le statut du travailleur indépendant, mutualiserles risques (faillites), accroître l’aide des banques aux PME, aménager le plancomptable, changer la mentalité des administrations

3 Baisser la durée du travail, faciliter le temps partiel, le temps partagé, 80 foisinterdire ou diminuer les heures supplémentaires, développer le télétravail,accroître le dialogue social

4 Diminuer les charges sociales des entreprises ou changer leur assiette, 72 foisaccroître la taxe professionnelle frappant les équipements et alléger cellebasée sur les salaires, diminuer la protection sociale ou accroître la TVApour la financer

5 Alléger la fiscalité des entreprises, la transférer aux ménages, aider 64 foisfinancièrement les entreprises créatrices d’emplois, transférer les indemnitésdes chômeurs aux entreprises qui les embauchent

6 Protectionnisme sous diverses formes, négociations avec les pays en 62 foisdéveloppement, actions internationales pour mieux les solvabiliser, installerdavantage de commerciaux à l’étranger

7 Améliorer le fonctionnement de l’appareil éducatif initial, former les jeunes 60 foisà l’adaptabilité, à la prise de risque

8 Modifier l’indemnisation des chômeurs pour leur faire accepter un travail 53 foismoins payé, réhabiliter le travail manuel, assouplir les statuts, diminuerla scolarité obligatoire

9 Diminuer les salaires, le SMIC, supprimer la 5e semaine de congés payés 49 fois10 Faciliter la mobilité professionnelle, développer la formation et la reconversion 48 fois

interne aux entreprises, la gestion prévisionnelle des ressources humaines,instituer un “ crédit formation ”, limiter le droit à licenciement, privilégierles choix technologiques à forte part de main-d’œuvre

11 Réhabiliter le non-travail, les loisirs, le temps partiel, inciter les femmes 48 foisà ne pas travailler, revaloriser le travail domestique, faciliter les départsen retraite et les retraites progressives

12 Réforme fiscale de portée générale, faire payer davantage les services publics 48 foisaux usagers, lutter contre la délinquance économique, la fraude fiscale

13 Proposer aux chômeurs des travaux d’intérêt général, inviter les collectivités 47 foislocales et les associations à créer de tels travaux, créer un service civil national,“ réinventer les chantiers de jeunesse ”

14 Mener une politique industrielle plus interventionniste (de même 37 foispour la politique agricole, forestière, etc.), renouer avec la planification,promouvoir une croissance plus forte

15 Aider les chômeurs à se grouper, développer les réseaux de solidarité, 32 foisinciter les syndicats à se soucier plus des chômeurs

16 Créer un Revenu Minimum d’Existence pour tous, solvabiliser certaines catégories 30 foissociales peu solvables, réduire l’Impôt sur le Revenu, rémunérer certains bénévoles,“ découpler ” davantage travail et revenu et en diversifier les sources

17 Augmenter les investissements publics, lancer de grands travaux, 25 foisdes programmes de logements sociaux

18 Faciliter la flexibilité des horaires de travail, les contrats à durée déterminée, 24 foisle travail temporaire, revenir sur la possibilité de retraite à 60 ans

19 Politique monétaire plus souple, création monétaire plus abondante 22 fois20 Faciliter le financement de l’innovation, accroître la liaison entre 22 fois

les entreprises et la recherche21 Politique familiale plus active, politique du logement plus active 20 fois

(prêts bonifiés aux ménages)22 Décentraliser davantage, aménager le territoire 14 fois23 Réduire l’immigration 7 fois

Citations 1 055

TABLEAU II – REGROUPEMENT EN 23 RUBRIQUES DES IDÉES OU SUGGESTIONS

DU TABLEAU PRÉCÉDENT ET CLASSEMENT DE CES RUBRIQUES SELON LE NOMBRE DES RÉPONSES

LES AYANT CITÉES OU LEUR AYANT ÉTÉ RATTACHÉES COMME ÉTANT D’INSPIRATION VOISINE

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avec les pays en développement, agirau plan international pour mieux sol-vabiliser certains pays ou continentspauvres, installer davantage de pré-sence commerciale à l’étranger, réduirel’immigration, au plan national décen-traliser davantage, renforcer l’effortd’aménagement du territoire, menerune politique industrielle plus inter-ventionniste (certains mentionnentaussi la politique agricole ou forestière),renouer avec la planification pourpromouvoir une croissance plus forte,facilitée par une politique monétaireplus souple et une création moné-taire plus abondante, mettre en œuvreune réforme fiscale de portée géné-rale, toujours en vue de la croissancenationale et européenne, certains yajoutant que les usagers devraientpayer davantage les services publics,d’autres que l’État devrait lutter davan-tage contre la délinquance écono-mique, la fraude fiscale. ”

Ces suggestions s’inspirent plu-tôt d’une philosophie économiqueinterventionniste, que certains pro-posent à la France, d’autres à l’Unioneuropéenne.

La cause principale de l’insuffi-sance des créations d’emplois est eneffet, selon eux, l’insuffisance de lacroissance nationale et européenne,freinée à la fois par une concurrenceinégale avec les pays en développe-ment et par des politiques monétaireset parfois budgétaires trop restric-tives, inspirées par une peur de l’in-flation qui n’est plus justifiée, comptetenu de l’évolution des coûts de pro-duction, notamment salariaux.

4) Actions incitatives ou dissuasivessur les entreprises,les demandeurs d’emploiou les salariés en activité,pour partager le travail,accepter un travail moins qualifiéou même ne plus travailler

Peuvent être rattachées à ce groupeles rubriques du tableau précité numé-rotées 3, 8 et 11. Correspondent àces rubriques 181 idées ou sugges-tions dont ci-dessous le contenu :

“Réduire la durée du travail, faci-liter le travail à temps partiel ou àtemps “partagé”, interdire ou diminuer

les heures supplémentaires, déve-lopper le télétravail, accroître le dia-logue social, modifier l’indemnisationdes chômeurs pour leur faire accep-ter un travail moins payé, réhabiliterle travail manuel, assouplir les sta-tuts, diminuer la scolarité obligatoire,réhabiliter le “ non-travail ”, les loi-sirs, le temps partiel choisi, inciter lesfemmes à ne pas travailler profes-sionnellement, revaloriser le travaildomestique, faciliter les départs enretraite et les retraites progressives. ”

Notons que ces suggestions ontété faites en 1994, à une époque oùl’idée d’une forte baisse générale dela durée de la semaine de travail étaitdepuis longtemps débattue, maistrois ans avant que ne se profile àl’horizon le projet de loi gouverne-mental sur les 35 heures. En fait, touten mettant en question la répartitiondu travail salarié entre ceux qui enont et ceux qui n’en ont pas, les sug-gestions de nos camarades se réfè-rent implicitement à des philosophiesdiverses, sinon opposées.

Certains semblent considérer quela croissance de la production estdésormais inévitablement limitée etla productivité trop forte, et que, dansces conditions, la pénurie d’emploisn’a guère de chances de se réduire,sauf par un partage délibéré du travail,selon différentes modalités : celles-ci,dans le cas de l’enquête “X-Emploi ”,prennent plus souvent la forme dutravail à temps partiel ou “ partagé ”,ou de la baisse de la durée annuelle,ou encore du départ en retraite pro-gressif, que celle d’une réduction géné-rale des horaires hebdomadaires ; cessuggestions s’accompagnent assez sou-vent d’une exaltation de l’attrait des loi-sirs ou de la valeur du travail domes-tique ; quelques-unes y ajoutent uneinvitation à un certain partage desrevenus.

D’autres camarades, qui semblents’inspirer plutôt de ce qui est parfoisappelé le “ modèle américain ”, pro-posent au contraire non pas de par-tager le travail de tout le monde, maisd’inciter les chômeurs – surtout lesmoins qualifiés –, par des allégementsde leur protection sociale, à accepterplus facilement qu’aujourd’hui destravaux relativement peu rémunérés.

5) Actions stimulantessur la demande privée ou publique(aide aux ménages, investissementspublics ou locatifs)

Peuvent être enfin rattachées à cegroupe les rubriques du tableau détaillénumérotées 16, 17 et 21. Correspondentà ces rubriques 80 idées ou sugges-tions des répondants à l’enquête :

“ Augmenter les investissementspublics, lancer de grands travaux oudes programmes de logements sociaux,mener une politique familiale plusactive, de même pour la politique delogement (prêts bonifiés aux ménages),créer un Revenu Minimum d’Existencepour tout le monde, solvabiliser mieuxcertaines catégories sociales peu sol-vables, réduire l’impôt sur le revenu,rémunérer certains bénévoles, “décou-pler ” plus le travail et le revenu et endiversifier les sources… ”

Ces suggestions ont une inspirationassez proche de celle des interven-tions économiques proposées au para-graphe 3 ci-dessus. Pour leurs auteurs,la cause essentielle de l’insuffisancedes créations d’emplois est l’insuffi-sance de la croissance de la produc-tion. Mais ils proposent, pour réacti-ver ladite croissance, non plus unensemble d’actions politiques de naturemacroéconomique, tant au plan euro-péen qu’au plan mondial, mais unerelance directe de la demande inté-rieure des ménages et des adminis-trations publiques nationales et locales,d’inspiration que d’aucuns qualifie-ront volontiers de “ keynésienne ”,avec un accent particulier mis surl’aide aux ménages.

Comparaison des idéesou suggestions expriméessous forme généraleavec cellesà contenu plus spécifique

On a signalé plus haut qu’outreles idées ou suggestions que nousvenons de recenser, qualifiées de “spé-cifiques” parce qu’invitant à des actionsà finalité particulière, de nombreuxrépondants à l’enquête ont présentécertaines idées ou suggestions sous

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une forme plus générale. L’équipechargée du dépouillement de l’en-quête en a rencontré 287 de ce genre.Dix postes de la grille de dépouillementont été consacrés à leur classement, pré-senté dans la colonne de gauche dutableau III ci-après.

Pour voir alors si les deux typesd’idées ou suggestions (“ générales ”et “ spécifiques ”) reflétaient des phi-losophies économico-sociales voisinesou différentes, on a affecté chacunedes 1 055 citations spécifiques à l’undes dix postes à contenu général de lagrille de dépouillement, celui bienentendu le plus apparenté à sa fina-lité particulière. La répartition de l’en-semble des citations spécifiques entreces dix postes figure dans la colonnecentrale du tableau III.

Quelques différences notablesapparaissent entre les deux typesd’idées ou suggestions. Celles à carac-tère général expriment principale-ment des souhaits de changement

des structures, des institutions, descomportements sans en décrire defaçon précise les modalités : celaapparaît principalement à travers laplace donnée aux deux postes “ évo-lution des mentalités ” et “ forma-tion ”, qui représentent à eux deux35,5 % du total des citations “ géné-rales ” et 15,3 % seulement du totaldes citations “ spécifiques ” corres-pondantes. Les idées ou suggestionsà finalité spécifique sont davantagerelatives aux moyens concrets àprendre ; elles préconisent explicite-ment des interventions correctrices etinvitent les acteurs économiques etsociaux à les mettre eux-mêmes enœuvre : cela se manifeste notammentà travers la place donnée aux deuxpostes “ aides publiques aux entre-prises ” et “ actions sur les candidatsà un emploi ”, qui à eux deux font16,3 % du total des citations géné-rales contre 36,5% du total des cita-tions spécifiques correspondantes.

Pour aboutir à un classement pre-nant en compte l’ensemble des idéeset suggestions recueillies, qu’ellessoient spécifiques ou générales, on aprésenté dans la colonne de droite dutableau III la synthèse des deux colonnesprécédentes.

Les suites qui pourraientêtre données à l’enquête

En conclusion, observons d’abordqu’il faut éviter toute ambiguïté surla signification de cet article. Il nevise évidemment pas à présenter une“ thèse polytechnicienne ” à proposde l’origine du chômage et des moyensd’améliorer l’emploi. Il en a d’ailleurssuccessivement exposé plusieurs…C’est qu’il n’a voulu être plus modes-tement qu’un recensement des opi-nions et propositions des polytech-niciens en la matière et un témoignagede la diversité et de la richesse decelles-ci (3).

Quels prolongements leur don-ner ? Compte tenu du volume desmatériaux recueillis, il paraît difficilede prendre en considération toutes lesréponses. L’équipe chargée dudépouillement a donc effectué unesélection parmi les 300 réponses eten a retenu en priorité 43. Leursauteurs pourraient soit être invités àfaire part de leurs idées dans La Jauneet la Rouge – quelques-uns l’ont déjàfait –, soit se voir proposer de parti-ciper à un colloque sur un sujet surlequel ils auraient émis des sugges-tions particulièrement intéressantes.

Du fait de l’importance que l’ac-tualité lui a donnée depuis plus dedeux ans, un problème abordé parde nombreux camarades, avec d’ailleursdes opinions fort diverses, celui dela réduction des horaires de travail,a déjà fait l’objet en décembre 1998d’un colloque organisé à la Maisondes X à l’initiative du Groupe X-Action,présidé par Jacques Bouttes (52), pré-sident d’Honneur de l’A.X. et prési-dent en 1994 du Grand Colloque duBicentenaire. D’autres colloques pour-raient suivre, qui, à la lumière desrésultats de l’enquête, pourraient parexemple aborder les problèmessuivants :

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 19

TABLEAU III – COMPARAISON DES IDÉES OU SUGGESTIONS AYANT UNE FINALITÉ SPÉCIFIQUE

ET DE CELLES AYANT UNE INSPIRATION VOISINE, MAIS UNE FINALITÉ PLUS GÉNÉRALE

POSTES À CONTENU GÉNÉRALDE LA GRILLE DE DÉPOUILLEMENT

IDÉES OU SUGGESTIONS

Aides publiques aux entreprises facilitantla création d’emplois

Politiques publiques de naturemacroéconomique

Actions stimulantes ou dissuasivessur les candidats à un emploi

Évolution nécessaire des mentalités,changements de société

Actions en vue de la formation

Repérage des gisements d’emplois

Actions sur la durée du travail

Amélioration de la gestion des entreprisesdans un sens favorable à l’emploi

Réduction des rigidités

Aide aux ménages

À CARACTÈREGÉNÉRAL

11,8%

16,4%

4,5%

20,2%

15,3%

11,1%

6,3%

7,3%

4,2%

2,8%

100%

(287 citations)

À FINALITÉSPÉCIFIQUE

24,1%

19,0%

12,4%

7,7%

7,6%

8,2%

7,6%

5,0%

4,3%

4,3%

100%

(1055 citations)

ENSEMBLEDES IDÉES OUSUGGESTIONS

21,5%

18,4%

10,7%

10,4%

9,2%

8,8%

7,3%

5,5%

4,2%

3,9%

100%

(1342 citations)

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– la réduction des charges sociales etles effets à en attendre dans le cadreeuropéen et mondial,– la politique de formation à l’école etdans les entreprises,– une politique industrielle est-elleaujourd’hui possible en Europe ?– la politique monétaire et la crois-sance,– mondialisation des échanges etsolidarité européenne,

– l’évolution de la politique de pro-tection sociale,– investissements publics, politiquebudgétaire et croissance,– l’indemnisation du chômage, sesmodalités et ses effets,– un Revenu Minimum d’Existencepour tous est-il une perspective réa-liste ?– les grands groupes peuvent-ilsaider les PME? etc.

Ce ne sont là que quelques idées.D’autres thèmes peuvent être envisa-gés, que les autres suggestions figurantparmi les réponses à l’enquête peu-vent inviter à retenir. Ce serait là unutile prolongement de l’enquêteX-Emploi. n

(1) Malheureusement décédé depuis lors. La forteproportion de camarades de la 46 dans l’équipen’est pas sans relation avec la promotion del’animateur.

(2) Lors du lancement de l’enquête, de nom-breux camarades n’en ont été informés que tar-divement compte tenu du délai de réponseaccordé. Mais de ce fait, le délai de réponse aété fortement prolongé. Si de tels aléas ont puréduire légèrement le taux de réponse, il n’y a pasde raison pour qu’ils aient influé notablement surla composition du groupe des répondants.

(3) L’auteur se permet d’ajouter que, tout enayant des idées sur la question, il s’est efforcéde rester aussi objectif que possible dans sa pré-sentation des résultats de l’enquête.

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE20

PROMOS 30 À 43PROMOS 44 À 53PROMOS 54 À 71PROMOS 72 À 87

TOTAL

DES RÉPONSES À L’ENQUÊTE

25203619

100

DES X VIVANTS EN 199418153433

100

ANNEXE I RÉPARTITION EN % DU TOTAL

PROMOS 20 À 43PROMOS 44 À 53PROMOS 54 À 71PROMOS 72 À 87

PNSEMBLE DES PROMOSDE LA 20 À LA 87

PARMI LES CAMARADES AYANTRÉPONDU À L’ENQUÊTE X-EMPLOI

18,6%47,2%36,7%66%

39,5%

PARMI LES X VIVANTSAPPARTENANT AUX GROUPES

DE PROMOS CONSIDÉRÉS

16,7%27%36%50%

35,5%

ANNEXE II PROPORTION DE DÉMISSIONNAIRES À LA SORTIE DE L’ÉCOLE

SITUATION ADMINISTRATIVE

DE SORTIE

DÉMISSIONNAIRES

OFFICIERS (TOUTES ARMES)INGÉNIEURS MILITAIRES

(tous corps sauf GM)PONTS ET CHAUSSÉES

GM

MINES

STATISTIQUE

TÉLÉCOM

GÉNIE RURAL, EAUX ET FORÊTS

ME, ENA, CAP

AUTRES CORPS

RECHERCHE

ENSEMBLE

DES CAMARADES AYANT RÉPONDU

À L’ENQUÊTE X-EMPLOI

39,5%13,57,6

12,56,15,34,21,52,33,82,61,1

100

DES X VIVANTS APPARTENANT

AUX PROMOS 20 À 87

35,5%9,2

13,1

12,56,04,63,05,22,23,03,02,7

100

ANNEXE III RÉPARTITION ENTRE LES DIVERSES ORIENTATIONS

PROFESSIONNELLES À LEUR SORTIE DE L’X

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000

L’École royale du génie de Mézières

Origine et création

Au milieu du XVIIIe siècle, le “dépar-tement des fortifications ”, directiondu ministère de la Guerre, confié aucomte d’Argenson, est rattaché au roi.Jusqu’alors c’était le même corps d’in-génieurs de l’État qui s’occupait, nonseulement des travaux militaires defortifications, mais aussi des travauxpublics, parce que les routes étaient“dimensionnées” (tracé, largeur, résis-tance) en fonction des charrois lesplus lourds, qui étaient ceux de l’ar-tillerie (déjà Sully, 1560-1641, avaitété successivement ou simultanémentsurintendant des finances, surinten-dant des fortifications, grand maîtrede l’artillerie et grand voyer). C’est decette époque que date l’expression“ d’ingénieur civil ” par opposition,non pas à “ ingénieur militaire ” ausens actuel du terme, mais à “ ingé-nieur de l’État ” (cette acception del’adjectif “civil ” fait une nouvelle car-rière depuis quelques années dans“société civile”, antinomique non pasde “société militaire” mais de “sociétéde l’administration et des servicespublics ”).

L’École des ponts et chausséesayant été créée en 1747 par Trudaineet Perronet, par contrecoup le corpsdes ingénieurs des fortifications semilitarise. Les batailles de la guerrede succession d’Autriche (1740-1748),tout spécialement celle de Fontenoyen mai 1745, sont coûteuses enhommes et en ingénieurs, car “ l’or-ganisation du terrain” est insuffisante.Il faut donc “ professionnaliser ” cesecteur ; les circonstances et l’espritdu temps y préparaient, car la paixrevenue permettait de reconstruirel’armée et son administration, et c’étaitl’essor de la pensée des encyclopé-distes dans le Siècle des lumières.

C’est ainsi que, le 11 avril 1748,d’Argenson, ministre de la Guerre,écrit aux “provinciaux” (les directeursdes fortifications) pour que chacunorganise la formation de ses propresingénieurs. Il y eut de premières réa-lisations intéressantes à Embrun et àGrenoble (écoles de topographie), àMetz, à Saint-Omer et à Neuf-Brisach(écoles d’attaque). Mais c’est le projetde Mézières qui apparut comme lemeilleur. Nicolas de Chastillon, gou-verneur des places de la Meuse, estl’ingénieur en chef de Mézières, et,pour fortifier cette ville (bastions dela couronne de Champagne) se fait undevoir de former (en cours du soir au

C’est la mode, actuellement,que de faire de grandes réunionsde famille, basées surla généalogie, pour rassembler,l’espace d’une journée, les descendants dispersésd’un ancêtre marquant.C’est un peu ce qui s’est passé,dans le domaine des grandesécoles, le 7 mai 1999à Charleville-Mézières, dansle cadre de la célébrationdu deux cent cinquantièmeanniversaire de “ l’École royaledu génie de Mézières ”.Sur les lieux où cette aïeulevécut quarante-six ans,se déroula ce jour-là unecérémonie militaire avecles trois drapeaux de l’Écolepolytechnique, de l’Écoledu Génie et du Génie américainqui en sont toutes issues etune exposition fut inaugurée.Ces manifestations faisaientsuite à un colloque sur cettebelle famille qui avait eu lieu aumusée de l’Armée le 22 janvierprécédent : “Des armes savantesà l’ingénierie militaire ”.

Ancêtre peu connue de l’École polytechnique,

l’École royale du génie de Mézièreset sa belle descendance(1748-1794)

Pierre Boulesteix (61)

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début) de nouveaux “ingénieurs volon-taires ”. Parallèlement, tout près de là,à Sedan, Henri de la Tour d’Auvergneavait créé “ l’Académie des exercices ”pour l’étude de la topographie, de lastratégie et de la tactique. Du coup, leroi décide de créer à Mézières uneécole unique pour l’ensemble des ingé-nieurs du Génie. D’ailleurs Mézièresne vient-il pas du latin maceriaemaçonneries, murs, remparts ? Dès1749 l’École du génie de Mézières (quine deviendra “ royale” qu’en 1777) estla seule pour former les futurs officierset les futurs ingénieurs du Génie; natu-rellement de Chastillon en est le pre-mier commandant et assumera la tran-sition de la pensée de Vauban vers leGénie moderne.

Régime

Pour les dix à quinze élèves recru-tés chaque année il y a d’abord une pré-sélection (états de service, quartiersde noblesse). Les “ prépas ” sont lesécoles militaires de Paris, Brienne etPont-à-Mousson, ainsi que les pen-sions parisiennes Longpré et Berthaud.Puis c’est l’examen à Paris, essentiel-lement une épreuve de mathéma-tiques ; en effet le recrutement est aumérite alors qu’à la même époque lesÉcoles des mines et des ponts et chaus-sées font une large place aux recom-mandations. Un candidat sur trois estpris; les admis ont de seize à trente ans(vingt ans en moyenne).

Le “ cursus ” complet est de sixannées, avec tout d’abord deux ans àMézières (première année : cours théo-riques, exercices, topographie, sté-réotomie, levers, métrés avec “contrôlecontinu des connaissances”; deuxièmeannée : exercices militaires, forma-tion à l’encadrement).

Au début, les cours sont dispen-sés dans une maison louée et les élèveslogent chez l’habitant ; puis l’Écoles’installe dans ses nouveaux locaux(devenus en 1800 préfecture desArdennes, de 1914 à 1918 ils furentoccupés par le Kronprinz impérial etson groupe d’armées qui y installè-rent le grand quartier général et legrand état-major ; la salle du Conseilgénéral, ancienne salle de dessin del’école, était devenue la salle des opé-

rations aux murs tapissés de cartes).Les repas sont pris dans les aubergesde la ville, en mélangeant les deux“promotions”. Les élèves s’impliquentdans la vie locale (académies scienti-fiques et artistiques, loges maçon-niques). L’ensemble est tout à fait ori-ginal en Europe. Après les deux ansà Mézières, les élèves servent deuxans dans un régiment d’infanterie puisencore deux ans dans une place ouune citadelle pour l’apprentissage auxcôtés d’un ancien. En final c’est encoreun examen pour l’intégration dans lecorps des ingénieurs.

Corps enseignantet encadrement

Charles Étienne Camus, exami-nateur à l’entrée et à la sortie depuisl’origine, meurt en 1768. C’est l’abbéBossut qui lui succède, membre del’Académie des sciences, protecteurde Monge. L’abbé Nollet enseigne laphysique à partir de 1761. Clouet esttitulaire de la chaire de chimie, Lelièvredonne des leçons d’architecture, Leclercenseigne la géographie, Marion pro-fesse la stéréotomie (taille des pierres)et la charpente, Savart se voit confierla mécanique, Hachette assume lagéométrie et les mathématiques, Barréest le bibliothécaire.

Gaspard Monge tient une placetoute particulière. Né à Beaune en1746, fils d’un marchand forain, ilenseigne la stéréotomie en 1764 etdans ce cadre crée la géométrie des-criptive comme méthode universellede représentation et d’étude de l’espace.Il est nommé professeur de mathé-matiques (auxquelles est rattaché ledessin) en 1769 lorsque l’abbé Bossutdevient examinateur, puis fut de sur-croît professeur de physique en 1770.Il entre en 1772 à l’Académie dessciences. Monge sera l’âme de l’Écolede Mézières durant vingt ans de 1764à 1783, année où il devient exami-nateur de la Marine à Paris, remplacéà Mézières par Pierre-Joseph Ferrycomme professeur de mathématiques.

Les directeurs successifs sont d’unecertaine longévité au début : Nicolasde Chastillon 1748-1765, RaultRamsault de Rocourt 1765-1776,

Caux de Blacquetot 1776-1792; puistout s’accélère : Salaignac 1792-février1793, de Villelongue (le seul com-mandant ancien élève de 1751 à 1752)février 1793-septembre 1793.

Les élèves

Au total cinq cent quarante-deuxélèves seront passés par l’École deMézières de 1748 à 1793, dont parla suite quarante-huit sont devenusgénéraux, sept sont morts pour laFrance, et vingt-six auront leur nomgravé sur les murs de l ’Arc deTriomphe ; parmi les plus connus :• Lazare Carnot (1753-1823), élèveen 1771, est “ l’organisateur de la vic-toire ”,• Coulomb (1736-1806), élève en1760-1761, a fait des découvertesessentielles en mécanique des sols,en électricité et à propos de l’électro-statique (loi q.q’/d2),• Borda (1733-1799), élève en 1758-1759, fut un savant (balistique, navi-gation, trigonométrie) et un grandmarin,• Dejean (1749-1824), élève en1766, “ premier inspecteur généraldu Génie ”, fut gouverneur de l’Écolepolytechnique en 1814, puis grandtrésorier de la Légion d’honneur,• Caffarelli du Falga (1756-1799)commanda le Génie de l’expéditiond’Égypte, puis créa l’Institut du Caireavant de trouver la mort sous lesmurs de Saint-Jean-d’Acre,• Haxo (1774-1838), officier duGénie, fit les campagnes de Napoléoncomme général puis devint inspec-teur général des fortifications et enfinpair de France,• Meusnier de la Place (1754-1793),élève en 1774-1775, théoricien del’aérostation, inspira Monge pour lagéométrie descriptive, puis fut tué ausiège de Mayence,• Rouget de Lisle (1760-1836), élèveen 1782-1783, qu’il est inutile deprésenter,• du Portail (1743-1802), élève en1762-1764, créa le Génie américain,• Pierre L’Enfant (1754-1825) futl’urbaniste de Washington et à cetitre est enterré au cimetière militaired’Arlington (son passage à Mézièresest controversé),

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• Bertrand (1773-1844) sapeur-pon-tonnier, grand maréchal du palais,fidèle à Napoléon dans ses deux exilsinsulaires,• Cugnot (1725-1804) se renditcélèbre par la mise au point en 1769de son “ fardier ” à vapeur de troisroues, premier véhicule “ automo-bile ”,• Prieur-Duvernois, dit de la Côte-d’Or (1763-1832), l’un des fonda-teurs de l’École polytechnique,• Marescot (1758-1832) élève en1778, premier inspecteur général duGénie,• Chasseloup-Laubat (1754-1833),général du Génie, etc.

Les élèves de Mézières étaientdemandés partout : Constantinople,Saïgon, Hué, Hanoi, La Guadeloupe,La Martinique, Saint-Domingue, Gorée(Dakar), Canada, Louisiane… L’unest assassiné en Mésopotamie, un autredisparaît avec La Pérouse sur l’Astrolabeen 1788, etc.

En 1791-1792, quatre-vingt-sixémigrent en Angleterre (soixante-huitnobles, dix-huit roturiers) dont troisseront fusillés après le débarquementde Quiberon ; soixante-sept démis-sionnent (trente-neuf nobles, vingt-huit roturiers).

Déclin et fin

À partir de 1781 il faut en prin-cipe quatre quartiers de noblessepour pouvoir entrer à l’École deMézières, ce qui renforce le carac-tère aristocratique du recrutement :la proportion de non-nobles chutede 40% à 14%. Il en résulte de vivestensions au moment de la Révolution.

Au début de celle-ci la situationest calme : en juillet 1791, deVillelongue, les professeurs et lesélèves prêtent serment de fidélité.Mais dès 1792, les tensions s’aggra-vent : les élèves aristocrates s’oppo-sent de plus en plus vivement aux pro-fesseurs engagés politiquement dansles clubs et assemblées de la ville(Ferry et Hachette en particulier).Démissions et désertions sont enre-gistrées chez les élèves. Épuisé, deVillelongue, révoqué, doit se retirerpuis passe un an en prison, commeson adjoint.

Desprez dirige l’École de septembre1793 à novembre 1793 ; sa suite estprise par Lecomte, officier retraité,qui reprend du service comme volon-taire pour “ défendre la liberté et lajustice ”. Mais, n’arrivant pas à s’im-poser, écœuré par les dénonciations,il se suicide le 18 janvier 1794. Devantl’impossibilité de ramener le calme àMézières, Carnot, ancien élève, décidela fermeture de l’École. Elle est recrééele 12 février 1794 à l’abbaye de Saint-Arnould à Metz aux ordres du capi-taine Duhays. Mais, comme l’indiquele grade relativement modeste de cetofficier, il ne s’agit plus que d’uneécole de siège, la formation théoriquesupérieure revenant de fait à l’Écolepolytechnique, en cours de créationà ce moment-là. Longtemps, l’École

d’application de l’artillerie et du géniede Metz sera encore appelée “Écolede Mézières ”, comme a conservé sonnom l’École “de Saint-Cyr” bien qu’ellesoit depuis des dizaines d’années enIlle-et-Vilaine et non plus près deVersailles. Les ouvrages de la biblio-thèque sont partagés entre l’École dugénie de Metz et l’École des ponts etchaussées. Les “ collections de phy-sique ” (ces splendides instrumentsen laiton et en acajou, exposés récem-ment) sont dévolues à l’École poly-technique.

N’ayant existé que quarante-sixans, l’École du génie de Mézières laissele souvenir d’une lacune, d’une impasseet d’une promesse :– une lacune : pas d’enseignement del’histoire,

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Charleville-Mézières, 7 mai 1999 : le drapeau de l’École polytechnique et sa gardedevant l’ancienne École royale du génie de Mézières, actuellement préfecture des Ardennes.

PHOTO 3E RÉGIMENT DU GÉNIE

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– une impasse : la guerre n’est pasrationalisable,– une promesse : l’articulation dessciences théoriques et des techniquesde l’ingénieur.

La filiationde l’École polytechniqueet de l’École du géniede MézièresÀ l’époque révolutionnaire l’École

des ponts et chaussées, fondée en1747, était dirigée par Lamblardie,lequel constatait avec regret que sonétablissement était peu fréquenté parceque l’École du génie de Mézières luienlevait les meilleurs élèves et que larareté des étudiants, liée à l’agitationde ces années-là, ne permettrait pas d’enrecruter d’autres. La même crise durecrutement touchait aussi l’École desmines, l’École des ingénieurs de lamarine, etc. C’est pour y faire faceque Lamblardie eut alors l’idée d’uneécole préparatoire pour les Ponts etChaussées et pour tous les corps d’in-génieurs. Il en parla à Monge, trèsqualifié puisque longtemps profes-seur à Mézières.

C’est ainsi que “ l’École centraledes travaux publics ” fut créée pardécret du 21 ventôse an II (11 mars1794) avec vocation à former des ingé-nieurs pour les Ponts et Chaussées,le Génie, le Service géographique etle Service hydrographique. Quatrepersonnages en sont à l’origine :Lamblardie, Monge, Lazare Carnot etPrieur-Duvernois dit de la Côte-d’Ordont les portraits dans de beaux cadresdorés ovales ornent la salle du Conseild’administration de l’École polytech-nique; les trois derniers étaient anciensprofesseurs ou anciens élèves deMézières. La naissance effective del’école procède de la loi du 7 vendé-miaire an III (28 septembre 1794).Son nom d’École polytechnique luifut donné par la loi du 15 fructidoran III (1er septembre 1795). Une nou-velle loi du 30 vendémiaire an IV(22 octobre 1795) fit de l’artillerie unnouveau débouché pour les élèves.

Pour organiser l’enseignement dela nouvelle école, Monge s’inspirades méthodes de l’École du génie de

Mézières : grande place à la géomé-trie descriptive et à ses applications(stéréotomie – architecture – fortifi-cations), peu de mathématiques, dephysique et de chimie – à tel pointqu’elle sera appelée “ l’école deMonge ” jusqu’à la Restauration(puis “ l’école de Laplace ” lorsquel’analyse mathématique y deviendraprépondérante). Le monopole d’ac-cès des polytechniciens aux écolesd’application de l’époque fut consi-déré dès le début comme un “ privi-lège ” tout de suite attaqué (et cecijusqu’à nos jours, malgré des accom-modements progressifs). L’École deMézières (à Metz) fut très vite hostileà ce “ privilège ” car le corps desPonts et Chaussées attirait plus lesélèves que les carrières d’officiers duGénie ou de l’Artillerie, ce qui étaitdésagréablement ressenti par lesgénéraux du prestigieux “ Comitédes fortifications ”.

Lamblardie fut le premier directeurde la jeune école jusqu’à ce qu’il reprennela direction de l’École des ponts etchaussées en 1796 (il mourra en 1797).Monge lui succéda, avant de “ s’ab-senter ” de mai 1798 à octobre 1799pour cause d’expédition d’Égypte encompagnie de cinq professeurs ouexaminateurs et de quarante-deuxélèves ou anciens élèves. Sous l’Empire,le décret du 27 messidor an XII(16 juillet 1804) instaura le régimemilitaire de l’école. Celle-ci dépendraalors du ministère de la Guerre et nonplus de celui de l’Intérieur, ce qui nemodifiera pas beaucoup la vie cou-rante puisque ce dernier avait déjàimprimé un régime strict : internat,uniforme, solde de sergent d’artillerie…Le classement de sortie unique futinstitué en 1806.

Vers 1811 l’École de Metz relançales critiques contre l’École polytech-nique, fustigeant la faiblesse de sesélèves en dessin, comme si le trait autire-ligne et le lavis étaient les activi-tés primordiales des officiers.

Puis, en 1818, ce fut la mort deMonge qui avait tant fait pour l’École;créateur, directeur, professeur, pro-tecteur, bienfaiteur… après avoir jouéun rôle tout aussi déterminant enfaveur de l’École de Mézières. Aprèsce triste événement pour les deux mai-

sons, la petite sœur ayant clairementpris sa place en amont de l’aînée, iln’y eut plus de relations entre l’Écolepolytechnique et les écoles succes-sives du Génie autres que les relationsnormales et confiantes entre une écolede formation générale et une écoled’application.

Aux États-Unis :Génie et écoles

L’épopée de Du Portail

En cette fin du XVIIIe siècle la guerred’indépendance fait rage en Amérique.À la bataille de Boston, en 1775, lesiège de Bunkerhill met en évidencele rôle de la fortification. Washingtonfait appel à la France pour disposerd’ingénieurs qualifiés, et dépêcheBenjamin Franklin à Versailles pourobtenir de l’aide et négocier unealliance. C’est ainsi qu’au début de1777 Louis XVI accepte l’envoi secreten Amérique (sous couvert d’une dis-ponibilité de deux ans pour conve-nances personnelles) de quelquesofficiers du corps royal du Génie,conduits par le capitaine Le Bèguedu Portail (nommé rapidement lieu-tenant-colonel) les autres étant LaRadière et de Gouvion. Louis Le Bèguedu Portail, né à Pithiviers en 1743,fut élève à Mézières en 1762-1764,scolarité émaillée d’une année de for-teresse pour s’être opposé à l’admis-sion dans sa promotion de quatreingénieurs de la Marine qu’il jugeaitde trop basse extraction.

En juin 1777 l’équipée arrive àPhiladelphie puis rejoint Washingtonà Coryells Ferry. Le Congrès le nommecolonel puis brigadier général et luiordonne de prendre le commande-ment de tous les sapeurs américainsqu’il assumera de juillet 1777 à octobre1783, participant à ce titre aux tra-vaux du Conseil de guerre à ValleyForge, où il installe la première écoledu Génie en juin 1778. En mai 1778Washington crée un “ départementdu Génie”; du Portail organise le corpsdu Génie tout en établissant diversprojets de fortifications et en super-visant la construction des défenses deWest Point.

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En mars 1779, un décret crée l’armedu Génie et du Portail en est nommécommandant en chef, dépendant direc-tement du Congrès. Il se rend alorsdans le sud où la situation militaire estdélicate, ce qui lui vaut d’être fait pri-sonnier (avec L’Enfant) par les Anglaisen mai 1780, lors de la reddition deCharlestown par le général Lincoln.Rochambeau négocie un échange deprisonniers, du Portail se retrouve doncà Philadelphie en février 1781, puisaccompagne Washington et Rochambeauvers le sud pour faire campagne : sousles ordres du second, siège de Yorktown(avec Bechet de Bellefontaine) jusqu’àla capitulation des Anglais le 19 octobre1781. Cela lui vaut d’être nommé majorgénéral (équivalent de général de corpsd’armée) en octobre 1781, à trente-huitans, quatre ans et demi après avoirdéposé ses trois modestes galons decapitaine français.

Dans son “ mémoire de proposi-tion” Washington loue non seulementses compétences et réussites militaires,mais aussi la pertinence de son juge-ment en toutes circonstances.

Du Portail rédige en 1783 unmémoire sur la création d’un corps“de l’Artillerie et du Génie ” et jette lesbases de l’académie militaire devantêtre l’école mère de ces deux armes.De proche en proche ces travaux abou-tissent à la création en 1795 de l’écolemilitaire de West Point, à la fois, commeà Mézières, académie militaire et écoled‘ingénieurs. Ses programmes sontinspirés de ceux de l’École polytech-nique, eux-mêmes héritiers de ceuxde l’École de Mézières. En 1802, sousl’influence de Jefferson, “West Point ”devient l’Académie militaire des États-Unis (“United States Military Academy”),tout en restant la seule école d’ingé-nieurs du pays jusqu’en 1824.

De retour en France en 1783, duPortail est honoré par Louis XVI, sertauprès du roi de Naples, est fait maré-chal de camp en 1788, puis est ministrede la Guerre d’octobre 1790 à décembre1791. Déclaré suspect en tant quenoble il se cache à Paris en 1792 puisémigre aux USA et s’établit fermierprès de Valley Forge (son ancien quar-tier général) de 1792 à 1802. C’estalors que Napoléon le rappelle, maisil meurt durant la traversée.

Les liens entre West Point,le Génie américainet l’École polytechnique

Au début, le français était cou-ramment utilisé à West Point pourl’enseignement des cadets. Le Génieaméricain a comme devise “Essayons”toujours lisible sur les boutons d’uni-forme et sur le blason officiel (unedevise dans notre langue, si elle n’estpas rare en Angleterre “ Dieu et mondroit ”, “Honni soit qui mal y pense ”est exceptionnelle aux États-Unis).Sur les mêmes éléments, le château(stylisé) flanqué de deux tours figu-

rerait la “porte chaussée ” de Verdun.Le “ Corps of Engineers ”, parti desfortifications, a étendu ses compé-tences à presque toutes les branchesdes Travaux publics : routes, canaux(Panama), ouvrages d’art, voies fer-rées, et, plus récemment, aérodromes,génie civil des programmes nucléaires,bases de la NASA. Dans le courant duXIXe siècle West Point devint une aca-démie militaire de formation géné-rale, comparable à notre École de Saint-Cyr ; cela conduisit à créer une écoledu Génie séparée, successivement éta-blie à Wields Point (New York),Washington D.C., Fort Belvoir D.C.,enfin à Fort Leonard Wood (Missouri).

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PHOTO INSPECTION DU GÉNIE

“ Essayons ” est la devise du blason du Génie américain depuis deux siècles.

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Le signe concret le plus visible dulien de West Point et de l’École poly-technique est la statue de Theunissen.L’originale (désormais à Palaiseau enbordure de la cour des cérémonies)fut inaugurée rue Descartes le 8 juillet1914 par Raymond Poincaré, présidentde la République, en hommage à lapart prise par les élèves de l’Écoledans la défense de Paris les 29 et30 mars 1814. Sur son socle cylin-drique est sobrement écrit : “ L’Écolepolytechnique à la Défense de Paris– 1814 ”. Une réplique de cette sta-tue bien connue de tous les poly-techniciens fut offerte par la S.A.S.(Société amicale de secours – ancêtrede l’A.X.) à West Point le 21 octobre1919, en hommage à la fraternitéd’armes franco-américaine née en1776-1778 et renouvelée en 1917-

1918. Sa base en tronc de pyramideporte l’inscription “ L’École poly-technique de France à l’École sœurdes États-Unis d’Amérique entrés dansla lutte pour la liberté du monde le 8avril 1917” (date de l’entrée en guerredes USA). Lors de la cérémonie mili-taire de l’inauguration les cadets amé-ricains défilèrent avec leur grand uni-forme : habit à la française, baudrierblanc croisé, shako à plumet rouge…précisément la tenue des polytechni-ciens de 1814, figée dans le bronzepar Theunissen.

À partir de 1830 les élèves desdeux écoles échangèrent des “adresses”,messages solennels voire emphatiquespour les grands événements : mortde Vaneau (promotion 1829, tombéhéroïquement le 28 juillet 1830 durantles Trois Glorieuses), Guerre mon-

diale en 1918. Le 12 décembre 1944,le “ sesquicentenaire ” (1) de l’Écolepolytechnique fut marqué par unecérémonie militaire à West Point etun grand dîner de gala de 1 200 per-sonnes au Waldorf Astoria de NewYork.

Simon Bernard

Né à Dole en 1779, il entre à l’Écolepolytechnique en 1794 dans la pre-mière promotion (à quinze ans, ce quin’était pas rare à l’époque). Il abordeune carrière classique dans le Génie :École de Metz, armée du Rhin, Italie,fortifications d’Anvers, grands travauxen Dalmatie, puis avec Napoléon jus-qu’à Waterloo (en reconnaissance versune lointaine cavalerie le 18 juin 1815,c’est lui qui rapporte la nouvelle que

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D.R.

PHOTO PIERRE BRAULT

À West Point, la réplique de la statue de Theunisseninaugurée le 21 octobre 1919.

Désormais à Palaiseau, la statue de Theunisseninaugurée rue Descartes le 8 juillet 1914.

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c’était Blücher et non Grouchy ; est-cepour cela que l’Empereur ne voulutpas qu’il l’accompagnât à Sainte-Hélène ?). Il part ensuite aux États-Unis et, recommandé à La Fayette,prend comme général du Génie amé-ricain la tête d’une équipe de bâtisseurspour créer des forts, des routes, descanaux : grand canal Chesapeake-Ohio, Fort Monroë en Virginie “ leGibraltar de la baie de Chesapeake ”où est un musée à la mémoire de celuisurnommé “ le Vauban du nouveaumonde ”. En 1831 Simon Bernardrentre en France et devient ministre dela Guerre en 1834. Il meurt en 1839.

Claudius Crozet et leVirginia Military Institute

Né en 1790, Crozet entre àl’École polytechnique en 1805, puisfait les campagnes napoléoniennes. Ilabandonne ensuite la carrière mili-taire et va en 1816 aux USA où ilrencontre Simon Bernard. Il devientprofesseur de génie militaire à WestPoint dès cette année-là et appliquele modèle de Monge en utilisant lagéométrie descriptive, qu’il traduiten anglais. Puis il se met au servicede l’État de Virginie dont il est “prin-cipal engineer ” au “ Virginia Boardof Public Works” et à ce titre construitde nombreuses infrastructures (routes,canaux, voies ferrées avec en particulierle chemin de fer à travers lesAppalaches).

Pour pouvoir disposer d’ingé-nieurs compétents, il conçoit en 1835le “ Virginia Military Institute ” qu’ilcrée à Lexington. Les élèves, âgés de17 à 21 ans, portent l’uniforme deWest Point (lui-même dérivé de celuide l’École polytechnique), et reçoi-vent une instruction scientifique géné-rale de haut niveau ainsi qu’une for-mation d’ingénieurs militaires.L’inauguration officielle du “V.M.I. ”aura lieu en 1839, la première pro-motion comportant vingt-trois élèves.Président de l’établissement de 1837à 1845, Crozet est honoré en tantque père fondateur, comme Mongepour l’École polytechnique et duPortail pour West Point. Son nom aété donné au hall principal, le “Crozet

Hall ”. Sa tombe fut transférée dansles jardins en 1947. Le 11 novembre1989 fut célébré le “ sesquicente-naire ” du V.M.I. en présence d’unedélégation de l’École polytechniqueconduite par le général Parraud (58),alors son directeur général. Dans lecadre du bicentenaire de l’École poly-technique, un bataillon de trente-sept cadets du Virginia Military Instituteparticipa à la prise d’armes du 10mars 1994 à Palaiseau, et le 29 mars1994, proclamé “ École polytech-nique Day” par le maire de New York,fut organisé dans cette ville un débatentre le président Valéry Giscardd’Estaing (44) et l’ancien secrétaired’État Henri Kissinger “ la démocra-tie représentative et le monde del’après-guerre froide ”.

Pour conclure au sujet des éta-blissements d’enseignement militairesupérieur américains liés à l’Écolepolytechnique, West Point en seraitplutôt la sœur aînée et le VirginiaMilitary Institute la fille cadette.

Les écoles françaisesdu Génie

Recréée donc à Metz en février1794 après sa fermeture à Mézières,l’École du génie connaîtra de nom-breuses évolutions ne faisant que reflé-ter les propres modifications du Génie(et de l’Artillerie) ; mais ces péripé-ties avaient commencé bien avant. En1690 Vauban crée le corps des ingé-nieurs militaires :– ingénieurs ordinaires (construire,améliorer, entretenir les places),– ingénieurs extraordinaires en casde conflit (ingénieurs civils et offi-ciers d’infanterie).

Le terme “ génie ” apparaît offi-ciellement en février 1744. Le corpsdu Génie est réuni à celui de l’Artilleriele 8 décembre 1755 pour former le“corps royal de l’Artillerie et du Génie”.Mais dès le 5 mai 1758 Artillerie etGénie reprennent leur indépendance,le Génie s’appelant “ corps royal desingénieurs ”.

L’ordonnance du roi du 31 décem-bre 1776 est considérée comme ayantvéritablement fondé le Génie, en créantle “corps royal du Génie” et en confé-

rant aux ingénieurs militaires le titre“d’officier audit corps royal”. Au-delàdes désignations, l’essentiel est laréunion de l’arme du Génie (unitéscombattantes, pontonniers, artificiers)et du service du Génie (maîtrise d’ou-vrage et maîtrise d’œuvre des fortifi-cations, casernements et autres infra-structures). Dans un domaine différent,c’est comme s’il y avait fusion entreles officiers de marine et les ingénieursdu génie maritime… C’est aussi à cemoment-là que le Génie est doté d’uninsigne officiel : “corcet d’armes” (cui-rasse) et “ pot-en-tête ” (casque) survelours noir avec liseré rouge. Le21 mars 1793, pour faire face auxbesoins des guerres de la Révolution,sont intégrés dans le Génie des offi-ciers des autres armes, des ingénieursgéographes et des ingénieurs des Pontset Chaussées.

Pour en revenir à “ l’École deMézières”, désormais à Metz, le 20 ven-démiaire an XI (13 octobre 1802)sont réunies les Écoles de l’artillerieet du génie. En 1831 l’Artillerie chercheà imposer des enseignants indépen-dants de leur arme d’origine, d’oùun partage des cours entre les deuxarmes, ce qui entraîne une baisse dela qualité des enseignants (tous lescours ne sont pas rédigés). Il y a“alternance” Génie/Artillerie à la têtede l’École et pour tous les postesimportants (bibliothécaire, etc.). Laréunion des écoles était souhaitéepar l’Artillerie car l’École du génieétait réputée, mais le Génie était réti-cent. L’enjeu était en fait non la seuleréunion des écoles, mais la fusion desdeux armes, rivales pour les rangs desortie de l’École polytechnique deleurs futurs officiers. Au milieu duXIXe siècle, le régime militaire del’École de Metz est de plus en plusmarqué. En 1870, en raison de laguerre avec l’Allemagne, l’École d’ap-plication de l’artillerie et du génie deMetz est fermée, puis est recréée àFontainebleau en décembre 1871,bien que ce site ne soit guère favo-rable : pas de fortification, pas de poly-gone, pas de plan d’eau… En octobre1912, l’École du génie, séparée decelle de l’artillerie, s’installe à Versailles,aux Mortemets (route de Saint-Cyr),s’appelant à partir de 1925 École mili-

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taire et d’application du génie. Dansles années trente de nombreux offi-ciers et sous-officiers sont mutés del’arme dans le service pour la construc-tion de la ligne Maginot. Le Géniedécline, l’ère des savants fait place àl’ère des ingénieurs.

En 1940, l’École du génie s’ins-talle à Avignon. L’arme et le servicesont séparés, seule la première comp-tant dans l’armée de l’armistice limi-tée à 100 000 hommes. En novembre1942, l’École est fermée, après l’en-vahissement de la zone jusqu’alorsnon occupée.

L’École d’application du génie estcréée en octobre 1945 à Angers, où elledispose de plans d’eau et de poly-gones pour former les officiers del’arme. Ceux du service sont instruitsà Versailles où l’École supérieure tech-nique du génie est créée en 1946 etprendra le nom d’École supérieuredu génie militaire en 1974; elle délivrele titre d’ingénieur.

Dissoute en juillet 1995, en faitelle fusionne avec l’École d’applica-tion du génie pour former l’Écolesupérieure et d’application du génie,communément appelée “ École dugénie”, comme en témoigne l’enseigneau-dessus du portail principal, pourfaire plus court (et pour faire oublierl’association d’un adjectif et d’ungénitif). Après la séparation de 1912,l’École d’artillerie reste quelque tempsseule à Fontainebleau, puis va à

Châlons-sur-Marne en 1953 et enfinest transférée à Draguignan en 1976.

Dans l’armée, tout ce qui est nou-veau et technique naît au sein duGénie puis prend son essor :• l’aérostation de 1874 à 1914, avantd’être rattachée à l’aéronautique mili-taire, (il y avait déjà eu des aérostiersmilitaires de 1794 à 1799 avec uneécole à Chalais-Meudon),• les transmissions de 1878 à 1942où elles deviennent une arme auto-nome (les transmissions garderontl’insigne du Génie décrit ci-dessus, sice n’est qu’un liseré bleu remplace leliseré rouge),• l’aviation de 1910 à 1912, avantd’être une arme autonome, “ l’aéro-nautique militaire ”, puis de devenir“ l’armée de l’air ” en 1928 (avec unministère de l’Air),• la topographie en 1793,• les sapeurs-pompiers, dont l’origineremonte aux “ sapeurs de la Gardeimpériale” de 1810, intégrés au Génieen 1965, régiment puis brigade dessapeurs-pompiers de Paris,• et ceci en plus des destins indivi-duels : comme les deux capitaines duGénie, Pierre Vernier 1580-1637(l’inventeur de ce pied à coulisse trèsparticulier pour mesurer les petiteslongueurs à l’œil nu avec une préci-sion d’un dixième ou d’un vingtièmede millimètre), Claude Chappe 1763-1805 (l’homme de la courte et bellehistoire du télégraphe optique), etc.

Lorsqu’il y eut moins de poly-techniciens dans l’armée, il y eutmoins d’ingénieurs. Les besoins res-tant les mêmes, cela conduisit à aug-menter le niveau scientifique dessaint-cyriens, ceux de l’option sciencesy recevant le titre d’ingénieur. Ainsi,après de nombreuses péripéties, per-dure le souci de ne pas laisser diver-ger la technique et la tactique, et dedonner à une partie des officiers uneformation d’ingénieurs généralistes,comme à l’École de Mézières voicideux cent cinquante ans. n

(1) Cent cinquantième anniversaire. Ce termede “sesquicentenaire” n’est rencontré nulle partailleurs que dans l’histoire de l’École polytech-nique et est absent des dictionnaires. Peut-êtrearrivé sous forme de plaisanterie, il n’en est pasmoins “ étymologiquement correct ”, le préfixe“ sesqui ” correspondant au multiplicateur 1,5,comme dans le sesquioxyde de fer Fe2O3 quicomporte bien trois atomes d’oxygène pourdeux atomes de fer. Toujours dans le vocabu-laire polytechnicien (du moins jusqu’en 1975)“ sesqui ” signifie couloir dérobé car dans l’an-cien bâtiment Foch un étage technique de faiblehauteur était desservi par un tel passage et, avecle niveau inférieur, équivalait à un étage et demi,un “ sesquiétage ”.

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE28

D.R.

La nouvelle entrée de l’École du génie à Angers réalisée en 1995 (Caserne Eblé).

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000

A YANT ENTREPRIS D’ANALYSER

systématiquement des patro-nymes figurant sur les plaques

des rues de Paris, je dispose actuel-lement d’environ 2 500 fiches, chacuned’entre elles correspondant à un patro-nyme. Ces fiches contiennent les ren-seignements suivants : vie de l’inté-ressé, nom de la rue correspondante,année de désignation.

Un élément très important dansce travail est l’année de désignationde la rue. À ce sujet, il paraît utile depréciser le processus actuel de dési-gnation, qui est du ressort de la mai-rie de Paris.

Le cabinet du maire de Paris reçoitchaque année de nombreuses demandesémanant de veuves, d’admirateurs,d’associations d’anciens combattants,d’ambassades, etc., désirant immor-taliser le souvenir d’un disparu. Pourchaque nouvel espace, le cabinet dumaire de Paris extrait de ces demandesun seul nom.

Les critères exigés sont les sui-vants :– être décédé depuis au moins cinqannées,– être soutenu par un nombre impor-tant de demandes,– avoir dans la mesure du possible,un lien avec Paris,– s’être illustré dans les domaines dela culture, de la politique, de ladéfense ou de l’industrie.

La proposition est alors soumiseà une commission de dénominationde vingt membres, présidée par l’ad-joint chargé de l’urbanisme. Elle com-porte un projet de désignation, avecexposé des motifs et plan de situa-tion.

Les choix de la commission sontensuite soumis aux conseils d’arron-dissement, puis votés par le Conseilde Paris. Le maire de Paris signe enfinl’arrêté municipal faisant office d’actede baptême.

Entre 1974 et 1994, environ500 désignations nouvelles ont étéfaites, soit en moyenne 24 désigna-tions par an.

Certaines de ces désignations, issuesdu système démocratique exposé ci-dessus, surprennent. Citons parexemple, en 1975, les désignations, dansle XIXe arrondissement, d’une alléeDiane-de-Poitiers et d’une allée Gabrielle-d’Estrées. On a sans doute jugé queces deux dames s’étaient illustréesdans le domaine de la politique...

Avant la mise en œuvre de ce sys-tème, il semble que les désignationsaient été faites de manière plus libre.En particulier, la règle des cinq annéesa souvent été transgressée, principa-lement pour des raisons politiques,et certains personnages ont donnéleur nom à une voie de leur vivant.

En 1912 : avenue Alphonse-XIII(mort en 1941).

En 1918 :– avenue Pierre-Ier-de-Serbie (mort en1921),– avenue du Président-Wilson (mort en1924),– cours Albert-Ier (mort en 1934),– avenue Georges-V (mort en 1936).

La période du second Empire aété très riche en désignations : maré-chaux et généraux d’Empire, bien sûr,mais aussi artistes divers, français etétrangers. Les travaux d’Haussmannont évidemment joué un rôle impor-tant dans ces désignations nombreuses.Les choix ont en général été judicieux,donnant une consécration justifiéeaux personnages désignés.

Ce n’est pas toujours le cas dans lesépoques précédant le second Empire,en particulier pour les désignationsfaites sous l’ancien Régime.

Un fait mérite d’être signalé, quinous fait honneur : parmi les patro-nymes figurant sur les plaques desrues de Paris, 8 % sont étrangers, cequi est énorme. L’Italie est en tête avec48 désignations, suivie par les États-Unis (26 désignations), la Grande-Bretagne (23 désignations), l’Allemagne(18 désignations), etc.

J’ai pensé qu’il pouvait être inté-ressant d’extraire, comme sous-ensemble du fichier général, uneliste des polytechniciens qui ontleurs noms sur les plaques des ruesde Paris.

Polytechnicienset rues de Paris

Jacques Dejeumont (47)

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L I B R E S P R O P O S

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MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE30

1. Chef d’ÉtatCARNOT, Marie, François, Sadi (1837-1894)

2. MilitairesARCHINARD, Louis (1850-1932)AVIA, Pierre (1888-1956)BIZOT, Michel, Brice (1795-1855)BOSQUET, Pierre, Jean, François (1810-1861)CLERGERIE, Jean-Baptiste (1854-1927)COURBET, Amédée, Anatole, Prosper (1827-1885)DENFERT-ROCHEREAU, Pierre, Philippe, Aristide (1823-1878)DUVIVIER, Franciade, Fleurus (1794-1848)ESTIENNE, Jean-Baptiste, Eugène (1860-1935)FAIDHERBE, Louis, Léon, César (1818-1889)FAYOLLE, Émile (1852-1928)FERRIÉ, Gustave (1868-1932)FOCH, Ferdinand (1851-1929)GOURGAUD, Gaspard (1783-1852)JOFFRE, Joseph, Jacques, Césaire (1852-1931)LAMORICIÈRE, Christophe, Louis, Léon, (JUCHAULT DE) (1806-1865)LEMONNIER, Émile, René (1893-1943)MAUNOURY, Joseph (1847-1923)MORTENOL, Sosthène, Hélidore, Camille (1859-1930)NIEL, Adolphe (1802-1869)THOLOSÉ (DE), Henri (1781-1859)VANEAU, Louis, Marie, Anne (1811-1830)

3. PolitiquesCHABROL DE VOLVIC, Jacques, Joseph, Gaspard, Antoine (1779-1843)DAUTRY, Raoul, François (1880-1951)GOUIN, Ernest, Alexandre (1815-1885)LE PLAY, Pierre, Guillaume, Frédéric (1806-1882)LOUCHEUR, Louis, Albert, Joseph (1872-1931)ROQUES, Pierre, Auguste (1857-1920)ROUSSEAU, Paul, Armand (1835-1896)

4. PhilosophesCOMTE, Isidore, Auguste, Marie, François, Xavier (1798-1857)RENOUVIER, Charles (1815-1903)

5. IngénieursALPHAND, Jean, Charles, Adolphe (1817-1891)ARMAND, Louis, François (1905-1971)BELGRAND, Marie, François, Eugène (1810-1878)BERTIN, Louis, Émile (1840-1903)BIENVENÜE, Fulgence, Marie, Auguste (1852-1936)CITROËN, André, Gustave (1878-1935)DEPORT, Joseph, Albert (1846-1926)DURAND-CLAYE, Alfred, Augustin (1841-1888)EMMERY, Henri, Charles (1789-1842)FORESTIER, Jean, Charles, Nicolas (1861-1930)FRANQUET DE FRANQUEVILLE, Albert, Charles, Ernest (1809-1876)JULLIEN, Pierre, Alexandre, Adolphe (1803-1879)LAMÉ (dit DE LA DROITIÈRE), Gabriel (1795-1870)

1857

1868190718111829187418471842181218801838187318871871179918691824191218671880182117971829

1794190018341825189018751854

18141834

1835192418291858187018981866186118051880182718211814

versAvenue Sadi Carnot (XVe) 1895et villa Sadi Carnot (XIXe)

Rue du général Archinard (XVIIe) 1946Rue du colonel Pierre Avia (XVe) 1975Avenue du général Michel Bizot (XIIe) 1864Avenue, rue et villa Bosquet (VIIe) 1864Rue du général Clergerie (XVIe) 1829Rue de l’amiral Courbet (XVIe)Avenue et place Denfert-Rochereau (XIVe) 1879Rue Duvivier (VIIe) 1860Rue du général Estienne (XVIe) 1957Rue Faidherbe (XIe) 1899Avenue du maréchal Fayolle (XVIe) 1931Avenue du général Ferrié (VIIe) 1932Avenue Foch (XVIe) 1929Avenue Gourgaud (XVIIe) 1859Place Joffre (VIIe) 1933Avenue Lamoricière (XIIe) 1932Avenue du général Lemonnier (Ier) 1957Avenue du maréchal Maunoury (XVIe) 1929Rue du commandant Mortenol (Xe) 1984Avenue et villa Niel (XVIIe) 1875Rue Tholosé (XVIIIe) 1877Rue et cité Vaneau (VIIe) 1830

Rue et cité de Chabrol (XIe) 1822Place Raoul Dautry (XVe) 1967Rue Ernest Gouin (XVIIe) 1933Avenue Frédéric Le Play (VIIe) 1927Rue Louis Loucheur (XVIIe) 1932Rue du général Roques (XIVe) 1933Avenue Armand Rousseau (XIIe) 1931

Rue Auguste Comte (VIe) 1885Rue Charles Renouvier (XXe) 1907

Avenue Alphand (XVe) 1907Rue et cours Louis Armand (XVe) 1977Rue Belgrand (XXe) 1879Rue Émile Bertin (XVIIIe) 1934Place Bienvenüe (XVe) 1933Quai André Citroën (XVe) 1958Rue du lieutenant-colonel Deport (XVe) 1932Rue Alfred Durand-Claye (XIVe) 1887Rue Emmery (XXe) 1863Square Jean, Charles, Nicolas, Forestier(XIIIe) 1998Rue de Franqueville (VIIIe) 1904Rue Adolphe Jullien (Ier) 1903Rue Gabriel Lamé (XIIe) 1885

POLYTECHNICIENS ET RUES DE PARIS

LISTE DES X CONCERNÉS PROMOTION ANNÉE DE DÉSIGNATION

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Commentaires

Il me paraît utile d’apporter quelquesprécisions sur certains polytechni-ciens, dont les activités sont peut-êtremal connues.

Ces éléments très succincts doi-vent permettre au moins de situer lepersonnage.• BOSQUET a participé à la conquêtede l’Algérie et à la guerre de Crimée(Alma, Inkermann, Sébastopol). Il a été

blessé à Malakoff et est devenu maré-chal de France et sénateur en 1856.• ARCHINARD a succédé en 1888 àGallieni comme commandant du Haut-Sénégal et du Niger, et assuré la pré-sence de la France au Soudan en 1891.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 31

LE CHATELIER, Louis (1815-1873)MILLE, Adolphe, Auguste (1812-1894)NAVIER, Claude, Louis, Marie, Henri (1785-1836)PERDONNET, Jean, Albert, Vincent, Auguste (1801-1867)PETIET, Napoléon, Félix (1813-1871)POLONCEAU, Antoine, Rémy (1778-1847)RÉSAL, Louis, Jean, Victor, Âme (1854-1919)SÉJOURNÉ, Aignan, Paul, Marie, Joseph (1851-1939)VICAT, Louis, Joseph (1786-1861)

6. MathématiciensCAUCHY, Augustin, Louis (1789-1857)CHASLES, Michel (1793-1880)CORIOLIS, Gaspard, Gustave (1792-1843)HERMITE, Charles (1822-1901)LIOUVILLE, Joseph (1809-1882)OCAGNE (D’), Philbert, Maurice (1862-1938)POINCARÉ, Jules, Henri (1854-1912)POINSOT, Louis (1777-1859)POISSON, Simon, Denis (1781-1840)PONCELET, Victor (1788-1867)

7. PhysiciensBECQUEREL, Antoine, César (1788-1878)BIOT, Jean-Baptiste (1774-1802)CLAPEYRON, Benoît, Paul, Émile (1799-1864)DULONG, Pierre, Louis (1785-1838)FRESNEL, Augustin, Jean (1788-1827)MALUS, Étienne, Louis (1775-1812)

8. ChimisteGAY, Louis, Joseph (1778-1850)

9. AstronomesARAGO, Dominique, François, Jean (1786-1853)LE VERRIER, Urbain, Jean, Joseph (1811-1877)

10. AéronautesFERBER, Louis, Ferdinand (1862-1909)NOGUÈS, Maurice, Charles, Richard (1889-1934)RENARD, Charles (1847-1905)

11. ÉconomistesCONSIDÉRANT, Victor, Prosper (1808-1893)RUEFF, Jacques, Léon (1896-1978)SAUVY, Alfred, Marie, Louis, Bernard (1898-1990)

12. RésistantESTIENNE D’ORVES (D’), Henri, Louis, Honoré (1901-1941)

183418321802182118291796187218711804

1805181218081842182518801873179417981807

180517941816180118041794

1797

18031831

188219091866

18261919S1920S

1921

Rue Le Chatelier (XVIIe) 1881Rue Adolphe Mille (XIXe) 1904Rue Navier (XIVe) 1885Rue Perdonnet (Xe) 1868Rue Petiet (XVIIe) 1905Rue Polonceau (XVIIIe) 1848Rue Résal (XIIIe) 1934Rue Paul Séjourné (VIe) 1953Rue Léon Vicat (XVe) 1965

Rue Cauchy (XVe) 1881Rue Michel Chasles (XIIe) 1900Rue Coriolis (XIIe) 1889Rue Charles Hermite (XVIIIe) 1992Rue Joseph Liouville (XVe) 1943Avenue Maurice d’Ocagne (XIVe) 1956Rue Henri Poincaré (XXe) 1912Rue Poinsot (XIVe) 1864Rue Denis Poisson (XVIIe) 1907Rue et passage Poncelet (XVIIe) 1868

Rue Becquerel (XVIIIe) 1875Rue Biot (XVIIe) 1864Rue Clapeyron (VIIIe) 1867Rue Dulong (XVIIe) 1864Rue Fresnel (XVIe) 1877Rue Malus (Ve) 1881

Rue Gay-Lussac (Ve) 1804

Boulevard Arago (XIIIe) 1864Rue Le Verrier (VIe) 1888

Rue du capitaine Ferber (XXe) 1915Rue Maurice Noguès (XIVe) 1959Rue du colonel Renard (XVIIe) 1939

Rue Victor Considérant (XIVe) 1894Place Jacques Rueff (VIIe) 1984Place Alfred Sauvy (XVe) 1998

Place d’Estienne d’Orves (IXe) 1944

(suite)

Page 34: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

• Michel BIZOT a commandé l’Écolepolytechnique. Il a été tué à Sébastopol.• CLERGERIE a été chef d’état-majordu gouvernement militaire de Paris,en 1914.• DUVIVIER a participé à la conquêtede l’Algérie, et a été tué en juin 1848,en combattant l’insurrection.• GOURGAUD, officier d’ordonnancede Napoléon, a accompagné l’Empereurà Sainte-Hélène. Il a été nommé lieu-tenant-général en 1845 par Louis-Philippe, et élu à l’Assemblée législa-tive en 1849.• Pierre AVIA, après avoir été le plusjeune capitaine français de la GrandeGuerre, a commandé les FFI de l’Île-de-France, à la Libération.• MORTENOL a été le premier Noiradmis à l’École polytechnique.• Henri THOLOSÉ (DE), lieutenant-général sous Louis-Philippe, a parti-cipé à la campagne d’Algérie.• LEMONNIER a été décapité par lesJaponais en 1943.• CHABROL, ingénieur des Ponts etChaussées, a été préfet de la Seine en1812, puis conseiller d’État et député.• LE PLAY a fondé l’économie sociale.• GOUIN a été, de 1843 à 1845, direc-teur des Ateliers du chemin de fer deParis-Saint-Germain.• ROUSSEAU a été gouverneur géné-ral de l’Indochine.• ALPHAND, collaborateur d’Hauss-mann, a dirigé l’aménagement despromenades : bois de Boulogne, parcMonceau, bois de Vincennes, Buttes-Chaumont, parc Montsouris.• BELGRAND s’est occupé de l’ali-mentation en eau potable de Paris.• DURAND-CLAYE s’est intéressé au“ tout-à-l’égout ”.• FORESTIER, ingénieur et sylvicul-teur en 1887 à la préfecture de laSeine. Chargé de la conservation desbois de Vincennes et de Boulogne,puis de l’aménagement de Bagatelleet du parc de Sceaux.• NIEL, maréchal de France. S’estsignalé au siège de Sébastopol. Aconstitué la garde nationale.• ROQUES, général. Ministre de laGuerre en 1914.• DEPORT, un des inventeurs du canonde 75 équipé du frein hydropneumatique.• EMMERY, auteur de grands travauxhydrauliques.

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POLYTECHNICIENS ET RUES DE PARIS

RÉPARTITION PAR PROMOTION

Promotion Personnages Nombre

1794 BIOT, CHABROL, MALUS, POINSOT 41796 POLONCEAU 11797 GAY-LUSSAC, THOLOSÉ (DE) 11798 POISSON 11799 GOURGAUD 11801 DULONG 11802 NAVIER 11803 ARAGO 11804 FRESNEL, VICAT 21805 BECQUEREL, CAUCHY, EMMERY 31807 PONCELET 11808 CORIOLIS 11811 BIZOT 11812 CHASLES 11813 DUVIVIER 11814 COMTE, LAMÉ 21816 CLAPEYRON 11821 JULLIEN, NIEL, PERDONNET 31824 LAMORICIÈRE 11825 LE PLAY, LIOUVILLE 21826 CONSIDÉRANT 11827 FRANQUET DE FRANQUEVILLE 11829 BELGRAND, BOSQUET, PETIET, VANEAU 41831 LE VERRIER 11832 MILLE 11834 GOUIN, LE CHATELIER, RENOUVIER 31835 ALPHAND 11838 FAIDHERBE 11842 DENFERT-ROCHEREAU, HERMITE 21847 COURBET 11854 ROUSSEAU 11857 CARNOT 11858 BERTIN 11861 DURAND-CLAYE 11866 DEPORT, RENARD 21867 MAUNOURY 11868 ARCHINARD 11869 JOFFRE 11870 BIENVENÜE 11871 FOCH, SÉJOURNÉ 21872 RÉSAL 11873 FAYOLLE, POINCARÉ 21874 CLERGERIE 11875 ROQUES 11880 ESTIENNE, FORESTIER, MORTENOL, OCAGNE (D’) 41882 FERBER 11887 FERRIÉ 11890 LOUCHEUR 11898 CITROËN 11900 DAUTRY 11907 AVIA 11909 NOGUÈS 11912 LEMONNIER 1

1919S RUEFF 11920S SAUVY 11921 ESTIENNE D’ORVES (D’) 11924 ARMAND 1

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 33

1CHABROL DE VOLVIC1CLERGERIE1VANEAU

LOUIS-PHILIPPE1POLONCEAU

SECOND EMPIRE1GOURGAUD1DUVIVIER1EMMERY7ARAGO, BIOT, BIZOT, BOSQUET, GAY-LUSSAC, DULONG, POINSOT1CLAPEYRON2PERDONNET, PONCELET

IIIE RÉPUBLIQUE (avant la Grande Guerre)2BECQUEREL, NIEL2FRESNEL, THOLOSÉ (DE)2BELGRAND, DENFERT-ROCHEREAU3CAUCHY, LE CHATELIER, MALUS3COMTE, LAMÉ, NAVIER1DURAND-CLAYE1LE VERRIER1CORIOLIS1COURBET1CONSIDÉRANT1CARNOT1FAIDHERBE1CHASLES1JULLIEN2FRANQUET DE FRANQUEVILLE, MILLE1PETIET3ALPHAND, POISSON, RENOUVIER1POINCARÉ

GRANDE GUERRE1FERBER

IIIE RÉPUBLIQUE (après la Grande Guerre)1LE PLAY2FOCH, MAUNOURY2FAYOLLE, ROUSSEAU4DEPORT, FERRIÉ, LAMORICIÈRE, LOUCHEUR4BIENVENÜE, GOUIN, JOFFRE, ROQUES2BERTIN, RÉSAL1RENARD

ÉTAT FRANÇAIS1LIOUVILLE

GOUVERNEMENT PROVISOIRE1ESTIENNE D’ORVES (D’)1ARCHINARD

IVE RÉPUBLIQUE1SÉJOURNÉ1OCAGNE (D’)2ESTIENNE, LEMONNIER1CITROËN

VE RÉPUBLIQUE (DE GAULLE)1NOGUÈS1VICAT1DAUTRY

VE RÉPUBLIQUE (GISCARD D’ESTAING)1AVIA1ARMAND

VE RÉPUBLIQUE (MITTERRAND)2MORTENOL, RUEFF1HERMITE

VE RÉPUBLIQUE (CHIRAC)2FORESTIER, SAUVY

RESTAURATION 3

1

13

28

1

16

1

2

5

3

2

3

2

182218291830

1848

185918601863186418671868

1875187718791881188518871888188918901894

vers 18951899190019031904190519071912

1915

1927192919311932193319341939

1943

19441946

1953195619571958

195919651967

19751977

19841992

1998

CHRONOLOGIE DES DÉSIGNATIONS

Année Personnages Nombrepar année Gouvernement Nombre

par période

POLYTECHNICIENS ET RUES DE PARIS

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• JULLIEN, directeur de la Compagniedes chemins de fer de l’Ouest.• MILLE, inspecteur général des Pontset Chaussées. Constructeur du dépo-toir municipal.• NAVIER, auteur de la théorie del’élasticité.• VIGNE, ingénieur général des Pontset Chaussées. Auteur de travaux sur la chaux hydraulique à la construc-tion des ponts.• FERBER, officier aviateur. Mort àBoulogne-sur-Mer dans un accidentd’avion.• NOGUÈS, aviateur. A ouvert la ligneParis-Indochine. Mort dans un acci-dent d’avion.• LAMÉ, mathématicien et physicien.• PERDONNET, initiateur de la construc-tion des chemins de fer. Directeur del’École centrale.• POLONCEAU, ingénieur des Pontset Chaussées. Recherches sur l’amé-lioration des routes.• PETIET, ingénieur.• FRANQUET DE FRANQUEVILLE,ingénieur.• RÉSAL, ingénieur des Ponts etChaussées. Constructeur de pontsmétalliques.• SÉJOURNÉ, inspecteur général desPonts et Chaussées. Membre del’Institut.

Répartition des activitésL’importance numérique des ingé-

nieurs et des militaires correspond àla vocation de l’École polytechnique.Les scientifiques sont bien représen-tés. Il faut signaler la présence de deuxphilosophes. Aucun écrivain ne figuresur cette liste.

Le fait d’avoir son nom sur uneplaque de rue constitue une consé-cration populaire pour l’intéressé.Dans l’avenir, il est probable que lesnoms de militaires et de scientifiquesseront de moins en moins choisis pourfigurer sur les plaques de rues : lesmilitaires, parce qu’ils n’ont plus l’auraqui était la leur jusqu’à l’entre-deux-guerres, les scientifiques, peut-êtreparce que leurs travaux sont réaliséspar des équipes, ce qui nuit à la renom-mée individuelle des responsables.Les regrets sont inutiles : il faut vivreavec son temps. n

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE34

POLYTECHNICIENS ET RUES DE PARIS

RÉPARTITION PAR ARRONDISSEMENT

I e

II e

III e

IV e

V e

VI e

VII e

VIII e

IX e

X e

XI e

XII e

XIII e

XIV e

XV e

XVI e

XVII e

XVIII e

XIX e

XX e

2

2

3

7

2

1

2

2

6

3

7

4

1

5

8

11

12

En groupant les promotionspar périodes de dix années,on obtient la répartition suivante :

• 1794 à 1800 8• 1801 à 1810 10• 1811 à 1820 6• 1821 à 1830 12• 1830 à 1840 7• 1841 à 1850 3• 1851 à 1860 3• 1861 à 1870 7• 1871 à 1880 11• 1881 à 1890 3• 1891 à 1900 2• 1901 à 1910 2• 1911 à 1920 3• 1921 à 1930 2

Les promotions les plus favorisées sontdans l’ordre chronologique :– celles comprises entre 1794 et 1800,– celles comprises entre 1801 et 1810,– celles comprises entre 1821 et 1830,– celles comprises entre 1871 et 1880.

À partir de la promotion 1882,les désignations se font plus rares.

RÉPARTITION PAR PROMOTIONS

On a choisi commepériodes de désignationles régimes politiques successifs.

• Restauration 3• Louis-Philippe 1• IIe République 0• Second Empire 13• IIIe République

(avant la Grande Guerre) 28• Grande Guerre 1• IIIe République

(après la Grande Guerre) 16• État français 1• Gouvernement provisoire 2• IVe République 5• Ve République

(De Gaulle) 3(Giscard d’Estaing) 2(Mitterrand) 3(Chirac) 2

Les périodes les plus fastes sont :la IIIe République et le second Empire.

RÉPARTITION PAR PÉRIODEDE DÉSIGNATION

JULLIEN, LEMONNIER

GAY-LUSSAC, MALUS

COMTE, LE VERRIER, SÉJOURNÉ

BOSQUET, DUVIVIER, FERRIÉ, JOFFRE, LE PLAY, RUEFF, VANEAU

CLAPEYRON, FRANQUET DE FRANQUEVILLE

ESTIENNE D’ORVES (D’)

MORTENOL, PERDONNET

CHABROL, FAIDHERBE

BIZOT, CHASLES, CORIOLIS, LAMÉ, LAMORICIÈRE, ROUSSEAU

ARAGO, FORESTIER, RÉSAL

CONSIDÉRANT, OCAGNE (D’), DENFERT-ROCHEREAU, DURAND-CLAYE,NAVIER, NOGUÈS, POINSOT, ROQUES

ALPHAND, ARMAND, AVIA, BIENVENÜE, CARNOT, CAUCHY, CITROËNDAUTRY, DEPORT, LIOUVILLE, VICAT

CLERGERIE, COURBET, ESTIENNE, FAYOLLE, FRESNEL, FOCH, MAUNOURY

ARCHINARD, BIOT, DULONG, GOURGAUD, GOUIN, LE CHATELIER,LOUCHEUR, NIEL, PETIET, POISSON, PONCELET, RENARD

BECQUEREL, HERMITE, POLONCEAU, THOLOSÉ (DE)

MILLE

BELGRAND, EMMERY, FERBER, POINCARÉ, RENOUVIER

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000

C ETTE NOUVELLE série d’articlesfait suite à celle récemmentconsacrée (le dernier en

novembre 1999) au thème inépui-sable de la liberté de l’homme face àson destin, à travers le regard portésur notre siècle par deux témoins,deux grands écrivains quêteurs d’ab-solu : Bernanos et Camus.

Fermons ces pages sur un aver-tissement du professeur LouisLeprince-Ringuet, à propos destemps présents et à venir :

La course effrénée dans laquellenous sommes engagés rend tout juge-ment en perspective malaisé sinonimpossible. Je me bornerai seulement àconstater qu’une soif de spiritualité etde convergence entre la matière et l’es-prit anime malgré tout notre société sousl’emprise de la technique. Sans l’esprit,notre monde aussi sophistiqué, aussiperfectionné soit-il, risque fort de sedéséquilibrer, de se détruire malgré l’ef-fort admirable, le prodigieux potentielde travail, de génie d’invention, de per-sévérance des hommes.

Précisons en premier lieu l’espritanimant ce retour à l’histoire, telqu’il est suggéré à travers les deuxcitations en exergue.

Notre histoire nationale est lareconstitution de notre lignée : lavôtre, la mienne, c’est-à-dire la prisede conscience du cheminementayant conduit à la situation cultu-relle, politique, socioéconomique…qui est collectivement celle de laFrance d’aujourd’hui. Elle est unemanière de mieux se connaître soi-même, de se rendre libre vis-à-visd’un héritage reçu sous bénéficed’inventaire. Pour le reste, hors denotre pouvoir, nous pouvons dumoins en juger dans l’espoir de voirchanger les choses.

Ne dévaluons donc pas l’histoiresous le prétexte qu’elle est insépa-rable de l’historien, gardons-nousd’ajouter “ hélas ! ” mais plutôt “ tantmieux ” sinon que serait-elle d’autrequ’un cimetière sans âme du passé,danger qui n’est peut-être pas sans lamenacer à l’heure actuelle.

Faisons déjà le constat banal etregrettable du peu de considérationque lui témoignent les jeunes géné-rations, en phase avec des pro-grammes d’enseignement qui ne ces-sent de s’amincir et se fragmenter ensorte (à titre d’exemple) que l’histoirede notre siècle devient peu compré-hensible et signifiante, si on la coupede celle du XIXe siècle en bonne voied’oubli profond (vérification facileet… consternante).

Il est vrai que la France en cettefin de siècle n’a plus grand-chose decommun avec celle de son début parsuite de multiples ruptures, notam-ment de son aire originelle (un ruralqui se meurt, un urbain qui explose),du paysage socioéconomique et desinterdépendances de toutes sortes(construction européenne, mondia-lisation des marchés, etc.).

Pour incontestables que soient cesfaits, ils n’autorisent pas à conclure àla fin imminente de notre histoirenationale, justifiant a fortiori et paravance sa dépréciation.

En effet, en dépit de craintes sou-vent exprimées, la dissolution desentités nationales ou des États au seinde l’Union européenne n’est pas pourdemain. Cette dernière n’a d’autrespossibilités d’exister pour longtempsque dans le cadre de nations asso-ciées, ne se privant pas pour autantde leurs identités.

L’Homme n’a vraiment un passé que s’il a conscience d’en avoir un, car seulecette conscience introduit la possibilité du dialogue et du choix.

(RAYMOND ARON, Dimensions de la conscience historique, première partie)

Connaître le passé est une manière de s’en libérer puisque seulela vérité permet de donner assentiment ou refus en toute liberté.

(idem, deuxième partie)

1848-1852,la République introuvable

Avant-propos

Gérard Pilé (41)

35

L I B R E S P R O P O S

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La compatibilité entre unité etdiversité suppose surtout que soientadmises et définies sans équivoqueles “ subsidiarités ”.

Aussi paradoxal que cela puisseparaître, l’évolution en cours estappelée à avoir des effets positifs surle rôle des historiens et l’intérêt deleurs travaux.

Il ne s’agit pas tellement des trans-formations profondes en cours (làcomme ailleurs), des méthodes, descapacités d’exploitation des “ maté-riaux historiques”, mais surtout d’ac-complir l ’effort nécessaire deconfrontation en vue d’une lectureplus consensuelle de l’histoire, aumoins au niveau européen.

Il y a certes des limites imprécisesà sa transparence par rapport à uneprésupposée vérité historique, voiremême plusieurs réponses possibles àune question donnée, mais il existeaussi des seuils en deçà desquels laconciliation est impossible comme lerévèle très vite le moindre travailcomparatif entre les versions demêmes événements communémentadmises chez des nations voisines :ce qui est légitime d’un côté ne l’estpas de l’autre, l’agresseur y devientl’agressé, etc.

En d’autres termes, il y a matièreà réexamen de questions entre histo-riens de bonne volonté, en vue d’as-sainir les mémoires nationales, lesdébarrasser, dans toute la mesure dupossible, des scories accumulées dansle passé par des passions nationalesincontrôlées.

Ce qui, soit dit incidemment, estun travail de longue haleine, tant lepassé historique reste présent, au-delà des apparences, dans l’imagi-naire de chaque peuple.

On a tendance à oublier aujour-d’hui que l’histoire reste un champd’observation incomparable des com-portements humains, lesquels relè-vent plutôt du principe d’inertie sion les compare à l’extraordinairedynamique du progrès scientifiqueet technique.

Elle garde par là valeur d’ensei-gnement sur les facteurs d’ordrehumain générateurs de tensions etconflits, sur les dérives mettant lapaix en danger, les tentations “ impé-

rialistes ” des plus forts, les bons etmauvais remèdes aux crises… Elleest aussi une leçon d’humilité pourles politiques portés à la suffisance, àl’illusion quant à leurs capacités àévaluer les situations, à y faire face…

En un mot l’histoire est à la base dela politologie et on peut s’étonner etdéplorer qu’elle soit trop souvent malconnue et comprise par ceux qui accè-dent aux responsabilités du pouvoir.

Laissons là cette brève apologiede l’histoire pour préciser le thèmeabordé dans cette article : l’éphémèreIIe République si riche d’enseigne-ments par sa brièveté même.

L’année 1848 est dans notrepropre histoire et celle de l’Europe unedate charnière ; non seulement ellemet un point final à la vieille monar-chie française (laquelle doute elle-même de sa survie et n’en prend pasles moyens) mais elle ébranle deproche en proche le vieil ordre euro-péen, prélude à de proches boulever-sements à l’origine des grands conflitsfuturs (objets d’articles ultérieurs).

La révolution française de 1848,aboutissement différé de la précédente(celle de juillet 1830), était en fait pré-figurée dans l ’esprit d’un grandnombre de nos compatriotes restésfrustrés et impatients de “remettre ça”.

Cette phase souterraine, cette “ réa-lité des mentalités ”, fait l’objet d’unepremière partie.

Une fois passée la phase aiguë dela Révolution, c’est-à-dire le “ retour àl’ordre ” après les journées sanglantesde juin 1848, se prépare un événementa priori inattendu et lourd de consé-quences : l’élection le 10 décembre1848 à la présidence de la nouvelleRépublique du prince Napoléon à lafaveur du soutien intéressé apporté parle groupe politique alors dominant,“ le parti de l’Ordre ” de Thiers.

Maître de l’Assemblée après leslégislatives du 13 mai 1849, ce parti,par une accumulation de mal-adresses, va créer le climat favorableau coup d’État du 2 décembre 1851,prélude à l’avènement du SecondEmpire proclamé un an plus tard.

Le déroulement de cette phased’escamotage d’une IIe République, enréalité “ introuvable ”, est traité enseconde partie.

PREMIÈRE PARTIE

LA RÉVOLUTIONEN MARCHE

Au lendemain de la révolution dejuillet 1830 et durant dix-huit ans demonarchie orléaniste, jamais laFrance ne fut aussi difficile à gou-verner.

Edgar Quinet a bien renducompte du sentiment général endisant : La Révolution a rendu son épéeen 1815, on a cru qu’elle allait lareprendre en 1830.

Les hommes qui avaient fait cetteRévolution voulaient l’action, le mouve-ment au-dedans et au-dehors écriraplus tard J. Bainville.

Le malentendu était donc total audépart avec le nouveau roi qui, bonconnaisseur de l’Europe, savait ledanger immanent d’une nouvellecoalition des Alliés.

L’histoire de cette période n’estqu’une longue suite d’émeutes, d’in-surrections, de complots, d’attentats,générateurs d’une tension intérieurepermanente que le roi et ses ministressuccessifs ne surent jamais modérer,sinon apaiser, par des initiativesappropriées à l’état des esprits, avantque l’horloge de la monarchie n’aitsonné tous ses coups.

Louis-Philippe d’Orléans, toutdésigné par ses états de service dansles armées révolutionnaires (à Valmyet Jemmapes) pour réconcilier lamonarchie avec les trois couleursramenées par les “Trois Glorieuses ”,allait se trouver en face d’autant d’ad-versaires résolus à sa perte : le bleudes républicains, le blanc des légiti-mistes, le rouge des socialistes.

Examinons de plus près ces oppo-sants irréductibles.

Les premiers, les plus dangereuxpour le régime par leur militantisme,sont nombreux parmi les professionslibérales, les journalistes, les écri-vains, les cadres techniques et scien-tifiques (Arago, Ampère…) gagnésaux idées saint-simoniennes. Ils exè-crent un régime qui leur semble uneparodie de démocratie, notammentpar les restrictions draconiennesapportées au droit de vote, son peu

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE36

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de zèle à développer l’instructionpublique, son malthusianisme éco-nomique. Leur leader après 1830 estGodefroy Cavaignac (1) (1801-1845)lequel ne dissimule guère ses dispo-sitions d’esprit : Le roi ne vivraqu’aussi longtemps que nous le vou-drons. Fondateur de la clandestineSociété des droits de l’homme, il estincarcéré à la suite de l’insurrectionde 1834, réussit à s’évader, à gagnerl’Angleterre, revient en France en1841 et préside alors cette société.

Les seconds haïssent les orléa-nistes, pour leur avoir confisqué lepouvoir et réprimé sans ménagementleurs conspirations (comme celle dela duchesse de Berry). Leur attitudesera par la suite celle du mépris irré-dentiste et glacé.

Les derniers enfin, initialementproches des républicains au sein dessociétés secrètes, s’en éloignent esti-mant une république “ bourgeoise ”impropre à satisfaire leurs aspirations.Exaspérés par l’immobilisme social durégime, ils ne pensent qu’à la révolu-tion, seul moyen, pensent-ils, d’ins-taurer une véritable démocratiesociale. Leurs leaders, contraints àopérer dans l’ombre, devenus célèbrespar les poursuites, les procès et lescondamnations prononcées contreeux, sont surtout :

• Blanqui, le doctrinaire de la vio-lence (A 1).

• Barbès, “Le Bayard de la démo-cratie ” au dire de Proudhon, se pré-sente sous un jour différent ; chaleu-reux et patriote, la France est pourlui la patrie de l’égalité, de Jeanned’Arc… et du socialisme. Ce prophètede la révolution frappe surtout l’opi-nion (notamment à son procès) parl’agressivité de ses déclarations, maisaussi le pathos du discours (A 1).

• Contrastant avec ces derniersLouis Blanc est le représentant le plusmarquant de la voie pacifique dusocialisme. L’opposant au régime sefait connaître avec une remarquableHistoire de dix ans parue en 1841 (etplus tard, comme Michelet, uneHistoire de la Révolution française).Théoricien du socialisme, il diffuseses idées dès 1839 dans une bro-chure, L’Organisation du travail, prô-nant la création d’ateliers sociaux, de

coopératives ouvrières de produc-tion, concurrentielles du secteurprivé, le condamnant ainsi à plus oumoins long terme.

Trait caractéristique de l’atmo-sphère de violence régnante, le régi-cide est dans l’air, “ à la mode ”presque. Louis-Philippe échappera à8 attentats. Le plus meurtrier (celuide la machine infernale de Fieschi :24 canons de fusils montés en batte-rie, dans l’embrasure d’une fenêtreau 50, boulevard du Temple) fait 40morts dans le cortège royal et parmieux le maréchal Mortier.

Dans les sociétés secrètes, on seplaît à “ charbonner ” sur le mur lasilhouette du roi et on s’exerce à tirerdessus. Les conspirateurs ont mêmeleur égérie : Laure Grouville (2).

Ajoutons deux autres traits signi-ficatifs.

Si le culte du souvenir impérialhabilement cultivé sur les conseils deThiers répond à l’attente du public, iln’a pas les effets escomptés pourrendre plus populaire le roi, souli-gnant plutôt par contraste le carac-tère terne de sa personne et de sonrègne (A 2).

Entre le roi bourgeois et l’élite lit-téraire ou artistique de son temps,l’une des plus remarquables de notrehistoire, il n’y a guère d’affinité : toutce qui écrit, rime, peint, compose etmême invente (la liste en est longue)suscite très peu d’intérêt de sa part(sans doute n’a-t-il jamais écoutéBerlioz). Comment s’étonner dansces conditions de la tiédeur, voire durejet envers la personne du roi mani-festés par ce milieu bouillonnant.

Nous nous proposons maintenantd’aborder plus au fond trois ques-tions principales, trois plaies ouverteslaissées sans soins dont les effetsconjugués vont balayer le régimeavant de peser par la suite sur lecours de notre histoire.

La question socialeen France

Les ponctions meurtrièresd’hommes valides entraînées par lesguerres du Premier Empire avaientraréfié la main-d’œuvre. La paix reve-nue, la reprise économique, la len-

teur du mouvement d’industrialisa-tion n’avaient pas été à la mesure del’afflux accru de main-d’œuvre ruraleen quête d’emploi dans les villes, ensorte que la condition ouvrière quin’était déjà pas fameuse était deve-nue franchement mauvaise et la révo-lution de 1830 n’avait pas arrangé leschoses, bien au contraire. Confrontéà une agitation qui ne s’apaisait pas,Casimir Perier avait donné le ton en1831 à la tribune de l’Assemblée : Ilfaut que les ouvriers sachent bien qu’iln’y a de remède à leurs maux que dansla patience et la résignation.

Déclaration qui n’était pas denature, il va sans dire, à calmer lesintéressés. On a peine à imaginer denos jours l’enfer quotidien vécu parune population ouvrière constituéeen majorité de manœuvres sans qua-lification (les ouvriers qualifiés dansla métallurgie, l’imprimerie, le bâti-ment… vivent un peu moins mal).Elle vit entassée dans des locaux insa-lubres ou des caves dans des condi-tions de promiscuité et d’hygièneépouvantables : malnutrition etrachitisme, alcoolisme, tuberculose,épidémies la ravagent et la décimentréduisant à trente ans la duréemoyenne de vie au lieu de quarante-cinq à cinquante ans pour le reste dela population.

Un rapport célèbre (celui du doc-teur Villermé) nous révèle que, dansl’industrie textile du Nord, l’ouvriertravaille treize heures par jour pourun salaire de 2 F (le kilo de pain vaut30 centimes), la femme 1 F, l’enfant0,5 F. Ces salaires, non protégés encas de crise, baissent, c’est alors lamisère absolue. Que de dommagesirréversibles causés à la santé phy-sique et morale de la nation ! Il s’en-suit, par exemple, que 60 à 90 % des

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 37

(1) Qu’il ne faut pas confondre avec son frèreLouis Eugène (X 1820), général, envoyé en Algérieen 1832, il en est gouverneur général en 1848.Rappelé à Paris, on sait son rôle dans les jour-nées de juin 1848.(2) Rappelons pour l’anecdote qu’elle est la fillede celui qui en 1792 avait signifié à Louis XVI sonarrêt de mort.C’est en vain qu’Arago avait demandé en mariagecelle qui entendait consacrer sa vie à la perte duroi et au bonheur des pauvres.

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jeunes ouvriers sont reconnus inaptesau service militaire tandis que l’ondénombre en 1840 pas moins de130 000 enfants abandonnés.

Les classes possédantes – électoratcensitaire et petite bourgeoisie –n’éprouvent pas dans l’ensemblemauvaise conscience d’une situation,vécue sous le couvert de la légalité(“Loi souveraine” si chère aux rous-seauistes) fût-elle inique comme lafameuse loi Le Chapelier de 1791que l’on s’est bien gardé d’abrogersous tous les régimes qui se sont suc-cédé depuis lors : quel autre usageque révolutionnaire en ferait la classeouvrière si le droit de coalition luiétait reconnu ? (Rappelons qu’elledevra attendre 1901 pour l’obtenir,quant au droit de grève il n’en étaitpas question a fortiori et il reviendraà Napoléon III de l’accorder, plus oumoins à ses dépens d’ailleurs.)

L’interventionnisme officiel seborne en 1841 à interdire l’emploi desenfants de moins de 8 ans et à limiterà douze heures par jour celui d’enfantsde 12 à 16 ans. Or cette mesure va res-ter lettre morte, car on se refuse dansle même temps à créer une inspectiondu travail (au témoignage de Freycinetdans ses mémoires).

Il ne faudrait cependant pas croirequ’il y ait dans la société française decette époque une complicité généraleà exploiter toute cette misère à sonseul profit.

Certes l’Église catholique attachéeà la bienveillance du pouvoir à sonégard, mais dont le crédit et la pré-sence auprès des masses ouvrièressont en chute libre, entend resterpolitiquement neutre, assumer aumieux ses tâches caritatives même sil’ampleur des besoins la dépasse. Desvoix ne s’élèvent pas moins en sonsein pour dénoncer avec véhémencela trahison de la parole évangélique,à commencer par La Mennais grou-pant autour du journal L’Avenir lajeunesse libérale catholique.

Vous dites que vous aimez et beau-coup de vos frères manquent de painpour soutenir leur vie, de vêtementspour couvrir leurs membres nus…,tandis que vous avez toutes choses enabondance… Et il y a un grandnombre de malades qui languissent

faute de secours sur leur pauvrecouche, des malheureux qui pleu-rent…, des petits enfants qui s’en vonttransis de froid de porte à porte…

Quiconque le pouvant ne soulage passon frère qui soufre est l’ennemi de sonfrère, quiconque le pouvant ne le nour-rit pas est un meurtrier… (Paroles d’uncroyant, 1834, chapitre XIV)

On sait les foudres que lui attireson christianisme socialisant maisd’autres prennent la suite comme sonami Lacordaire qui, soumis auxinjonctions pontificales, fait sensationpar ses prêches de carême en 1835 et1836 à Notre-Dame. D’actifs journauxet mouvements catholiques ouvertsau “social” voient par ailleurs le jourtelle la société Saint-Vincent-de-Paulfondée par Frédéric Ozanam et quicompte 10 000 membres en 1848.

Des avancées socialesen Grande-Bretagne

On peut certes faire valoir que lesconditions de vie et de travail sont àpeine meilleures dans les aggloméra-tions industrielles des pays voisins,par exemple en Rhénanie, dans lesmines anglaises, à Manchester… Enrevanche, la prise de conscience duproblème social sous ses différentsaspects y est moins tardive et unpuissant mouvement de réformes estengagé bien avant 1848 chez nospragmatiques voisins d’outre-Manche par des lois sur les usines,les mines, l’hygiène.

La législation des fameuses tradeunions, plus ou moins clandestinesjusqu’alors, est adoptée en 1824 tan-dis qu’en 1829 le cabinet de RobertPeel crée au sein du Home Office (leministère de l’Intérieur) une policespécialisée du travail dont les effectifsallaient croître rapidement à la suitede l’adoption en 1833 d’une législa-tion stricte sur le travail des enfantset des jeunes ouvriers au-dessous de18 ans. Dans l’industrie textile, le tra-vail des femmes est limité à dix heuresjournalières, tandis que la “semaineanglaise” voit le jour en 1850.

Cette évolution favorable était duepour une grande part à une vastecampagne d’information menéeauprès du public par des associations

religieuses fondées par de riches etinfluents tories, telle la Young Men’sChristian Association.

Le deuxième plan d’action s’opèreau niveau du coût de la vie notam-ment des denrées alimentaires.Robert Peel est gagné au libre-échange sous la pression de l’écolede Manchester de Richard Cobden etl’habile campagne orchestrée parl’Association contre les lois sur lesblés, qui diffuse partout une affichemontrant trois miches de pain detailles différentes en France, Grande-Bretagne et Prusse, avec ce commen-taire éloquent : Qu’ils labourent pournous, nous filerons et tisserons pour eux.

Si la condition ouvrière enGrande-Bretagne au cours des années1850 est encore loin d’être idylliquecomme l’attestent les romans deDickens (en particulier la sainte hor-reur inspirée par les workhouses, cesbastilles des pauvres qu’expérimenteOliver Twist) du moins ces substan-tielles améliorations vont préserverdans l’ensemble les masses labo-rieuses anglaises de la contagion dumarxisme en dépit de la présence àLondres de Karl Marx qui y trouverefuge.

La questiondes nationalités

C’est une erreur d’optique assezcommune de considérer l’empereurNapoléon III comme l’inventeur,l ’ instigateur par excellence du“Principe des nationalités”, effective-ment au cœur de sa politique. C’estoublier seulement deux choses :

1) il trouve dans l’imaginaire col-lectif de nos compatriotes un terraintout préparé, acquis d’avance à unepolitique extérieure généreuse etassez folle, propre à restaurer, dumoins le croit-il, le prestige de laFrance dans le monde…, tout enneutralisant au moins sur ce terrainson opposition républicaine ;

2) il ne fait que reprendre à soncompte la politique étrangère britan-nique, largement engagée mais à peude risques après 1840 parPalmerston.

Examinons en détail ces deuxaspects.

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PARMI LES PROPOS indignés ou désabusésdénonçant les conditions de vie inhu-maines du prolétariat urbain et ses

funestes conséquences, on n’a que l’embar-ras du choix. En voici quelques exemples.De Louis Blanc (dans l’Introduction àL’Organisation du travail).“ Pour chaque indigent qui pâlit de faim, il ya un riche qui pâlit de peur.”“ Une nation dans laquelle une classe estopprimée ressemble à un homme qui a uneblessure à la jambe : la jambe malade inter-dit tout exercice à la jambe saine. ”“ Lorsqu’un homme qui demande à vivre enservant la société en est fatalement réduit àl’attaquer sous peine de mourir, il se trouvedans son apparente agression en état delégitime défense et la société qui le frappene le juge pas, elle l’assassine. ”“Ce qui effraie le plus dans les partis ce n’estpas ce qu’ils disent, c’est ce qu’ils négligentou refusent de dire. ”

De Victor Considérant (X 1826) qui succèdeà Fourier en 1837.“ La libre concurrence, c’est-à-dire la libreconcurrence anarchique et sans organisa-tion, a donc cet inhumain, cet exécrablecaractère qu’elle est partout et toujoursdépréciative du salaire…”“ Notre régime industriel est un véritableenfer, il réalise sur une échelle immense lesconceptions les plus cruelles des mythes del’Antiquité…”“ Faire travailler les machines pour les capi-talistes et pour le peuple et non plus pour lescapitalistes contre le peuple…”

De préférence à Blanqui et Barbès, citonsencore plutôt Proudhon, sans doute le pluslucide des théoriciens du socialisme de sontemps, lequel perçoit la dimension univer-selle du problème, sans illusion sur la capa-cité politique des masses et des leaderssocialistes à accomplir la révolution prolé-tarienne.“Les communistes sont avec moi, bien que jene sois pas communiste et je suis avec eux parce que, sans qu’ils le sachent, ils ne sont pas plus communistes que moi. ” (Carnets 2.8.1845)“Une révolution vraiment organique, produit de la vie universelle, bien qu’elle ait ses messagers et ses exécuteurs, n’est vraiment l’œuvre de per-sonne.” (De la capacité politique de la classe ouvrière)“ Si la révolution populaire, satisfaite de faire l’agitation dans ses ateliers, de harceler le bourgeois et de se signaler dans des élections inutiles,reste indifférente sur les principes de l’économie politique qui sont ceux de la révolution, il faut qu’elle le sache, elle ment à ses devoirs et ellesera un jour flétrie devant la postérité. ”“ La Nation française, quoique frondeuse et remuante, curieuse de nouveautés, incapable d’une discipline exacte, riche en esprits inventifs et encaractères entreprenants n’en est pas moins au fond et prise en masse le représentant en toute chose du juste milieu et de la stabilité. ”(Post-scriptum Confession d’un révolutionnaire)“ Tous, tant que nous vivons, dévots et sceptiques, royalistes et républicains, en tant que nous raisonnons d’après les idées reçues et les intérêtsétablis, nous sommes conservateurs. En tant que nous obéissons à nos instincts secrets, aux forces occultes qui nous pressent, aux désirs d’amé-lioration générale que les circonstances nous suggèrent, nous sommes révolutionnaires. ”

(Convenons que cela n’est pas mal jugé.)

PROPOS DE LEADERS SOCIALISTES

Louis Blanc par Delhomme, place Monge à Paris.Ce bronze a été fondu lors de la guerre 1939-1945.

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A) Cette “natiomanie ”, ce démonde l’interventionnisme hors de nosfrontières, au prétexte de libérer lespeuples de l’oppression, exaltés par lesguerres révolutionnaires, avait sur-vécu à l’humiliation des traités de1815 et resurgi en 1830 avec l’ex-plosion des frustrations accumuléespar la Révolution, l ’Empire, laRestauration.

À l’évidence, la monarchie deJuillet a le plus grand mal, s’épuise,se discrédite à contenir l’humeur bel-liqueuse de l ’opinion, trait quin’échappe pas à ses hôtes étrangers :La France était dans le genre sentimen-tal bien plus que dans le genre rationnel(Henri Heine). L’ambiance, l’air dutemps à Paris est à la révolte, non seu-lement dans la presse d’opposition,prodigue de critiques virulentes, maisdans la littérature laquelle ne permetpas de marcher mais de respirer : larévolte est au théâtre avec Hugo, dansles arts avec Delacroix (La Liberté gui-dant le peuple), Rude (La Marseillaisesur l ’Arc de triomphe)…, avecBerlioz…, avec les historiens quiremuent le passé, raniment les épo-pées révolutionnaire et impériale. Ycontribue l’hypertrophie de la capi-tale où convergent toutes les jeunesambitions provinciales, où affluentpar vagues des réfugiés politiques(notamment polonais) après 1830.

Tous les opposants au nouveaurégime s’accordent à reprocher au roiet à ses ministres leur pacifisme, laprudence calculée d’une politiqueétrangère, soumise au nouvel ordreeuropéen. À leurs yeux, la monarchieorléaniste, par son attitude complicede la Sainte-Alliance, humilie laFrance devant l’Europe. Et pourtant !Comment ne pas savoir gré à Louis-Philippe, aidé de Talleyrand, d’avoiren 1831 réglé de la manière la plusheureuse le problème belge. Cettevieille pierre d’achoppement del’Europe, cette Belgique dontMichelet, si peu suspect de sympathiepour la monarchie de Juillet, nousprésente (dans la préface de sonHistoire de France) comme le coin del’Europe, le rendez-vous des guerres,voilà pourquoi elles sont si grasses cesplaines, le sang n’a pas le temps d’ysécher.

Le roi et son ministre eurent lasagesse de refuser l’offre, votée en1831 par le Congrès national belge,de la couronne au second fils du roi(le duc de Nemours) et d’accepter lecandidat de l’Angleterre, Léopold deSaxe-Cobourg à qui il donne enmariage sa fille aînée Louise-Marie.Cette renonciation, cette acceptationspontanée d’une barrière frontalière ànos ambitions, passa aux yeux del’opinion française pour une trahi-son, un lâche abandon des idéaux dela Révolution.

L’Angleterre qui était hostile à uneréunion déguisée était en effet prêteà rameuter contre la France les Alliésde 1815. Rappelons que cette solu-tion de compromis, dirigée contrenotre pays, était assortie d’une garan-tie de neutralité dont la Prusse futalors signataire. Pensons un instantà ses conséquences à terme : c’est laviolation de ce traité par l’Allemagneau siècle suivant qui devait déciderla Grande-Bretagne à se ranger à noscôtés en 1914.

Si, vue à distance, l’ère orléanistefait figure de paix à l’extérieur, sinonde calme et de prospérité à l’intérieur,on ne mesure pas assez à quel pointelle le doit à la politique poursuiviecontre vents et marées par le roi desFrançais dont la situation devient desplus inconfortables à partir dumoment où la fronde contre sa poli-tique étrangère gagne les rangs de sapropre majorité devenue réceptiveaux courants dominants de l’opinion.

Le grand perturbateur en estThiers dont les “ fanfaronnades ” nousamènent à deux reprises, en 1836 eten 1840, au bord de la guerre (ce n’estpas tout à fait par hasard si le PrinceNapoléon choisit ces moments decrise pour se faire connaître, par sesdeux bien vaines tentatives de sub-version de Strasbourg et Boulogne).

Thiers, un temps converti par leroi à l’idée de la conservation enEurope, avait tenté en 1836 un rap-prochement avec l’Autriche, quiserait couronné par le mariage duduc d’Orléans avec une archidu-chesse. Le refus de cette alliance, res-senti comme un échec personnel,amène Thiers à envisager un conflitavec l’Autriche.

Louis-Philippe, qui ne voulait àaucun prix la guerre avec l’Autriche,en Italie ou ailleurs, l’avait alorscongédié pour le remplacer parMolé, bientôt devenu la cible deschefs parlementaires de toutes ten-dances, véritable cabale, attisée parla jalousie et les rivalités person-nelles comme Thiers lui-mêmedevait en faire l’aveu plus tard en seréconciliant avec Molé.

Ainsi, ceux-là mêmes qui avaientfait la monarchie s’employèrent unmoment à la discréditer, provoquanten 1839 une grave crise qui faillitemporter le régime.

Poussé dans ses retranchementsLouis-Philippe n’eut d’autre choixque de rappeler Thiers en 1840comme chef du gouvernement avecle portefeuille des Affaires étran-gères. Thiers ne voulait pas perdre laface devant l’opinion tout en restantfidèle à ses convictions : Ce n’est pasla popularité des rues qu’il faut désirermais c’est celle des champs de bataille.

Il ne fit pas mystère de son inten-tion d’entreprendre une guerrecontinentale contre la Prusse etl’Autriche, souhaitée depuis long-temps par le parti anti-autrichien(qui n’avait jamais désarmé enFrance depuis Louis XV).

Cette initiative intempestive eutpour effet immédiat de déclencheroutre-Rhin une violente flambée denationalisme germanique dont le feucouvait toujours depuis 1813.

Il amène le roi de Prusse, soi-disant libéral, à prendre ouverte-ment position pour l’unité alle-mande.

L’échauffement des esprits devinttel qu’il gagna la famille royale, fai-sant dire au duc d’Orléans : Mieuxvaut périr sur le Rhin ou le Danube quedans le ruisseau de la rue Saint-Denis.

Faisant front contre son ministreet l ’opinion déchaînée, Louis-Philippe tint bon, rallia à la cause dela paix des parlementaires influentsautour de Guizot : l’ex-ambassadeurà Londres fit valoir que l’Angleterrene permettrait jamais à la France dereprendre une politique deconquête, qu’un désastre sur merétait inévitable et une guerre conti-nentale des plus aventureuses.

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Page 43: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

Le renvoi de Thiers, son rempla-cement par Guizot, Soult inauguraientune nouvelle phase de raidissemententre la monarchie et son opinionpublique, faite d’incompréhensionréciproque, de maladresse d’un côté,de bellicisme infantile de l’autre (attisépar une presse irresponsable) dont lavirulence et même la mauvaise foin’ont pas manqué après coup d’éton-ner plus d’un historien.

B) Par la suite, l’entente cordialefranco-britannique, clé de voûte dela politique extérieure de la monar-chie si difficilement préservée, va êtrecompromise une nouvelle fois avec“ l’affaire Pritchard ” (A 3) en 1844,incident apparemment mineur, mais

combien révélateur des susceptibili-tés nationales alors à vif. La guerreavec l’Angleterre est évitée au prixd’excuses du gouvernement françaiset d’une indemnité (qui au demeu-rant ne sera jamais versée). L’opinionanglaise s’apaise mais c’est au tour dela française de se déchaîner contre leroi et son ministre, ne leur pardon-nant pas d’avoir “ déshonoré laFrance ” par leur lâcheté face àl’Angleterre.

En 1846 l’entente va se briser sur“ l’affaire des mariages espagnols ” àcause de la prétention de Palmerstond’imposer un Saxe-Cobourg enmariage à l ’héritière du trôned’Espagne, Isabelle, “ sorte de bouchon

royal flottant sur un océan de turpitudes”.(Une autre affaire de mariage espagnolpréludera à la guerre de 1870.)

Cette fois Louis-Philippe etGuizot tiennent bon n’admettant pasque le trône d’Espagne sorte de lamaison de Bourbon. (Isabelle épouseun Bourbon tandis que le duc deMontpensier (A 4), cinquième fils deLouis-Philippe, épouse l’infante,sœur d’Isabelle.)

Il faut bien voir qu’au cours desannées 1840 le paysage politique del’Europe a changé complètement.

L’Angleterre rompt avec l’interna-tionale dynastique avec l’avènementde la reine Victoria en 1837, laquelleapprend le métier de souverain de

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La Liberté guidant le peuple.La République, bonnet phrygien sur sa chevelure brune entre un gavroche et un insurgé dont le visage est inspiré de celui de l’auteur : Delacroix.Exposée au Salon de 1830 cette toile, qui avait vivement impressionné le public, fut acquise par le nouveau gouvernement… mais, jugée tropsubversive, elle disparut par la suite à diverses reprises.En réalité Delacroix n’entretenait guère d’illusions personnelles sur le cours des événements et l’issue des révolutions de 1830 et 1848.“On parle toujours de liberté, c’est le but aimé de toutes les révolutions mais on ne dit pas ce que c’est que cette liberté… La liberté politiqueest le grand mot auquel on sacrifie précisément dans cet ordre d’idées la plus réelle des libertés, celle de l’esprit, celle de l’âme. ”

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L’opposant à la monarchiede Juillet

Lamartine, poète adulé à Paris depuis 1820,très ouvert aux problèmes politiques de sontemps, avait fait paraître en 1831 une brochureSur la politique rationnelle. Peu importait à sesyeux la forme extérieure de l’État et de son chef,monarchie ou république, l’essentiel était quecertains principes fondamentaux soient res-pectés : liberté de presse, gratuité de l’ensei-gnement, séparation complète de l’Église et del’État, suppression de la peine de mort, etc. Enun mot, le poète appelait de ses vœux l’instau-ration d’une authentique démocratie.

Siégeant à l’Assemblée, dès son retourd’Orient en 1833, il en était vite devenu l’ora-teur le plus remarqué, redouté par ses inter-ventions critiques suscitant l’agacement du roi :“Ah, ces poètes n’ont pas la tête bien réglée, ily manque quelque chose… Ne me parlez pasdes poètes qui se mêlent de politique ! ”

Le libéralisme bien compris de Lamartinene pouvant se satisfaire longtemps de la torpeurdu nouveau régime, il passe ouvertement en1840 à l’opposition :

“ Il ne sera pas donné de prévaloir long-temps contre l’organisation et le développe-ment de la démocratie moderne à ce systèmequi usurpe légalement, qui empiète timidement,mais toujours et qui dépouille le pays pièce àpièce de ce qu’il devait conserver des conquêtesde dix ans, de cinquante ans. ” (Allusion auxrévolutions de 1830 et 1789.)

“ République, constitution, monarchie,alliances, on ne fonde tout cela qu’avec despensées collectives, avec des pensées désinté-ressées et nationales !… Vous voulez bâtir avecdes matériaux décomposés, avec des élémentsmorts, et non avec des idées qui ont la vie et quiauront l’avenir ! ”

On ne peut aujourd’hui que souscrire à lajustesse de ses vues, par exemple quand il s’op-pose en vain à la très coûteuse entreprise defortification de Paris réclamée par Thiers etSoult… et conçue selon les règles de l’art par “ lasape ”.

“ Comment dans une ville entourée d’en-nemis sans communications avec les dépar-tements, contiendrez-vous une masse de300 000 prolétaires, sans travail, je dis quedans une situation pareille les factions lesplus violentes tendraient malheureusement às’emparer du pays. ”

Vues prémonitoires puisque les “ fortifs ”,cette enceinte coûteuse et inutile, contribue-ront surtout à fortifier la détermination de laCommune en 1871 et rendre plus âpres lescombats fratricides du siège de Paris.

À un autre moment, il lui arrive d’exposer laméfiance que lui inspire la Prusse, évoquant “ lejour proche où elle prendra la tête de laConfédération germanique ”.

Déçu dans ses ambitions politiques après1840 (il espérait sans doute obtenir le porte-feuille des Affaires étrangères), condamné àl’inaction sinon au silence par Guizot qui lecraint, Lamartine va employer ses loisirs forcésà élargir son audience dans l’opinion, toujoursréceptive à l’évocation de la Révolution fran-çaise (popularisée par Thiers en 10 volumesparus entre 1824 et 1827, et à laquelle s’atta-quera à son tour Michelet).

Lamartine, écrivain-né, historien à lamanière et selon le goût du temps, va écrirel’Histoire des girondins servie en 8 volumes, sor-tis au fur et à mesure en 1847, qui soulèvent unenthousiasme extraordinaire. (On fait la queueavant l’aube devant les librairies pour être ser-vis.) Il va sans dire que ce véritable “ tabac ”(unique en son genre, s’agissant d’un ouvragehistorique), déconcertant aujourd’hui, est révé-lateur de l’atmosphère prérévolutionnairerégnant en 1847.

L’homme d’État

C’est Lamartine qui rédige la proclamationinstituant un gouvernement provisoire de laRépublique, dont lui-même et Odilon Barrot ontpris l’initiative à la dernière séance de l’Assembléeen février 1848. Âme de la révolution, on luiconfie le portefeuille des Affaires étrangères enraison de son expérience diplomatique.

Il lui faut d’un côté résister à cette manieinterventionniste des partis de gauche impa-tients de lancer à l’extérieur, comme en 1793,les armées de la République, de l’autre rassurerles puissances étrangères. En effet il n’admetpas que la France fasse la guerre en dehors desolides alliances.

“Où en serions-nous si nous étions tenus…d’obéir à tous les condottieres de la liberté, tan-tôt à l’Irlande qui nous somme par ses envoyésd’attaquer avec elle l’Angleterre, tantôt auxProvinces rhénanes qui nous somment par leursclubs d’attaquer la Prusse, tantôt la Pologne,tantôt à Gênes, tantôt à Milan qui nous som-ment d’émanciper la Lombardie de l’Autriche.Une telle exigence serait l’asservissement de laFrance à tout propos et hors de propos…”

Le nouveau ministre des Affaires étrangèress’emploie activement et habilement au coursdes deux mois de son mandat à faire entendreen gentilhomme le langage de la raison auxgouvernements aristocratiques de la Sainte-Alliance. Sa lettre aux ambassadeurs étrangersest un modèle du genre.

“ Les Nations ont comme les individus desâges différents, les principes qui les régissentont des phases successives…”

“ Un peuple se perd en devançant l’heurede cette maturité comme il se déshonore en lalaissant échapper sans la saisir. La Monarchie etla République ne sont pas aux yeux des véri-tables hommes d’État des principes absolus quise combattent à mort, ce sont des faits qui secontrastent et qui peuvent vivre face à face ense comprenant et se respectant…”

“Ce sera un bonheur pour moi de concou-rir par tous les moyens en mon pouvoir à cetaccord entre les peuples dans leur dignité réci-proque et de rappeler à l’Europe que le principede la paix et le principe de la liberté sont nés lemême jour en France. ”

En dépit de ses éminents services, de sonsang-froid et d’initiatives heureuses pour réta-blir l’ordre menacé, Lamartine, après les jour-nées de juin 1848, est mis hors jeu, politique-ment, virtuellement perdu ne pouvant serésoudre, en conscience dans ce climat de vio-lence et de peur déchaînées, à choisir clairementson camp. C’est ainsi qu’il devient suspect decomplaisance envers la “ cause socialiste ” enprenant la défense de son ami Louis Blanc, unexcellent historien au demeurant.

Blanqui va dire de lui non sans humour :“Monsieur de Lamartine est bien toujours

le même, un pied dans chaque camp et surchaque rive, un vrai colosse de Rhodes ce quifait que le vaisseau de l’État lui passe toujoursentre les jambes. ”

En fait, l’opinion effrayée par le désordreet l’incapacité du gouvernement provisoire àsurmonter l’anarchie économique et politiqueinstaurée faisait de Lamartine son premier boucémissaire.

Comme tous ses collègues du gouvernement,il s’était vite trouvé débordé par le cours desévénements et la multicité des défis à relever.

Il n’en demeure pas moins que sa luciditésur les bouleversements politiques de l’Europequi se profilent à l’horizon contraste avec lesvues courtes des élites dirigeantes de son temps.

UN OPPOSANT PROPHÉTIQUE : LAMARTINELa grand passion de ce temps, c’est la passion de l’avenir,

c’est la passion du perfectionnement social.Discours en faveur de la liberté de presse, le 21.8.1834

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son cousin et époux Albert de Saxe-Cobourg, sauvant ainsi la monarchieanglaise dont le prestige était enchute libre sous les Hanovriens.

La “ Sainte-Alliance ” n’est plusqu’une coquille vide : comme nousl’avons vu, l’Angleterre et la Russies’opposent sur la complexe “ ques-tion d’Orient ” tandis que Prusse etAutriche sont rivales en Allemagne.Une véritable volte-face de la poli-tique britannique s’opère progressi-vement sous l ’ impulsion dePalmerston et sous l’influence d’unpuissant courant libéral de l’opinion,hostile aux monarchies autocra-tiques. Dès 1840 Palmerston trouvedésormais plus profitable pour lesintérêts britanniques de soutenir lesmouvements révolutionnaires,notamment en Italie, en Espagne, enAllemagne, en Hongrie, pour enprendre la tête.

En réalité c’est à petits risquesque l’Angleterre, protégée par soninsularité et son pavillon redouté surmer, s’engage dans une voie, propreà précipiter des crises inéluctables àplus ou moins long terme. Lesrisques seront tout autres pour laFrance de Napoléon III.

Un système électoralhors d’âge et funeste

On ne saurait minimiser l’impor-tance de cette question et de sonenjeu politique, quand on saitqu’elle fut à l’origine en février 1848des manifestations vite dégénéréesen révolution. La substitution par leslibéraux du duc d’Orléans au roidétrôné par l’émeute parisienne étaitartificielle, la grande masse du paysy étant étrangère au départ.

La charte de 1814 légèrementremaniée par leurs soins restait lecredo du nouveau régime réservantcomme le précédent le droit de suf-frage aux seuls riches. Cela peut sur-prendre de la part d’authentiqueslibéraux. On s’imagine communé-ment que l’hostilité au suffrage uni-versel n’avait d’autre cause à cetteépoque que la méfiance des possé-dants vis-à-vis des masses populairesporteuses à leurs yeux de la “ révo-lution ”, de la spoliation des biens.

Or cette hostilité était partagée parles libéraux avancés eux-mêmes quijugeaient risqué et prématuré d’avoirà consulter un peuple surtout com-posé de terriens attachés à des inté-rêts bornés à l’horizon de leur vil-lage et par surcroît le plus souventanalphabètes. Seule, pensaient-ils, lafortune, du moins la grande aisance,pouvait affranchir des préoccupa-tions “ vulgaires ”. Il y avait là d’unecertaine manière comme une survi-vance du vieil esprit où chacundevait rester dans l’ordre où l’avaientplacé sa naissance, sa fortune voire lafaveur du prince. Par exemple ceuxqui étaient soldats faute d’argentpour se faire remplacer n’avaient pasà se prononcer par leur vote sur lesgrandes options politiques de lanation. (N’était-ce pas un maréchald’Empire, Soult, qui avait conçu untel système de recrutement !)

Curieuse conception d’unedémocratie ne peut-on s’empêcherde penser ! Or ce concept restaitencore bien vague. L’hostilité au suf-frage universel avait d’ailleursd’illustres références : les consti-tuants de 1790 n’avaient-ils pas jugésage de distinguer entre citoyens“actifs ” et “passifs ”, Robespierre lui-même, refusé tout droit de suffrageaux “ domestiques ”, aux ouvriersagricoles…? Quant à cette fameuseloi Le Chapelier, votée à l’arraché enjuin 1791, aucun esprit réputé senséà l’époque n’aurait osé demanderson abrogation par crainte des bou-leversements incontrôlables quipouvaient s’ensuivre.

En fait, le suffrage censitaire,réservé au privilège de l’argent, loind’être source de stabilité, avait sur-tout de lourds inconvénients ; mal-thusien dans son principe, reposantsur une base bien trop étroite derecrutement, et donc de renouvelle-ment du personnel politique, ilexcluait la plupart des “ intellec-tuels ”, des talents divers, des “ capa-cités” comme on disait alors, il rétré-cissait le champ des ambitionspersonnelles à un petit cercled’hommes, toujours les mêmes,aussi avides et jaloux de pouvoir queprompts à se dégager pour s’opposerentre eux : Ça ne peut être que vous ou

moi aurait confié Thiers à Guizot, unjour de franche explication.

On assista à ce spectacle peu édi-fiant pour une opinion d’autant plusfrondeuse qu’elle se voyait tenue àl’écart : les leaders du pays légal,Thiers en tête, se mirent à scier labranche sur laquelle ils s’étaientassis. Ce dernier fut la plus parfaiteillustration d’un phénomène demétamorphose assez commun enpolitique : l’homme de pouvoiroublie l’opposant, il devient unhomme tout autre. Ce phénomène,qui réserve plutôt d’heureuses sur-prises, se révélait désastreux dans lecas présent. N’en donnons que lepremier exemple : déçu dans sonambition de devenir chef du gou-vernement, Thiers s’était joint à l’op-position parvenue à se mettre d’ac-cord sur deux projets de réformes.

1) L’incompatibilité de mandatsparlementaires et d’exercice de fonc-tions publiques (moyen de débar-rasser la Chambre de 150 fonction-naires votant sur ordre).

2) Un élargissement conséquentdu droit de suffrage.

Appelé par le roi à contrecœur,Thiers tergiverse, explique à ses col-lègues que cette réforme, au demeu-rant souhaitable, n’est pas tout à faitmûre, que l’on a intérêt à attendreencore un peu… Une seule explica-tion à ce changement d’attitude : ilsavait l’hostilité de la France rurale àl’aventurisme extérieur.

Rien de tel qu’une bonne guerre,estimait Thiers, pour sauver le roi deses embarras.

Mais à l ’ inverse, de bonnesréformes internes ne sont-elles pasdes antidotes autrement opportunspour recentrer une opinion, d’autantplus prompte à externaliser ses rêvesde grandeur, sa nostalgie irraison-née d’un passé glorieux, que ceuxqui poussent à la guerre ne sont pasen général ceux qui la font (issussurtout des classes rurales, instruitesdes dures réalités de la guerre et pluspacifiques par tradition).

Le roi et Guizot ne virent pasqu’il n’y avait guère de risque, toutau contraire, à ouvrir plus largementle droit du suffrage, dans la pers-pective d’une bien meilleure repré-

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Page 46: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

sentation de la “ France profonde ”.Anglomanes l’un et l’autre, fort bieninformés (le roi est un lecteur assidudes journaux britanniques), ils avaientpourtant sous les yeux l’exemple dela réforme anglaise accomplie aucours des années 1830, à l’instigationd’un tory : Lord Grey. Aussi désiréepar la petite bourgeoisie que redou-tée par la classe dirigeante, elle n’avaitproduit ni les miracles attendus parles uns, ni les désastres annoncés parles autres : le nouvel électorat s’étaitmontré raisonnable et l’agitation s’étaitdissipée.

On sait que la monarchie de Juilletallait tomber en février 1848 sur laquestion du droit de suffrage bloquéedepuis dix-huit ans. L’entêtement deGuizot et du roi à ne pas lâcher dulest (disons à doubler au mois l’élec-torat), à s’accrocher à un pays légaldevenu une fiction juridique reste dif-ficilement excusable.

Signes avant-coureursd’une révolution

On sait que crises économiquesprofondes et disettes préludent engénéral aux révolutions.

En 1845 les récoltes sont mau-vaises, en 1846 c’est pire, surtout dansles pays où la pomme de terre (quipourrit alors sur pied) est à la base del’alimentation, comme en Irlande (quiconnaît la famine et l’exode de sapopulation), en Allemagne du Nord(où la mortalité devient effrayante àBerlin dans les classes pauvres).

En 1847 les récoltes redeviennentnormales mais dans l’intervalle lesdenrées alimentaires ont renchéri etl’hiver 1847-1848 est rigoureux. Lechômage dû à la crise s’est étendu enFrance : 20 % dans les mines, 40 %dans le textile, frappé selon un pro-cessus économique classique par unemévente consécutive à l’assèchementdes ressources des classes défavori-sées. Les faillites se multiplient. Ce quipar surcroît n’arrange pas les chosesdepuis 1846, c’est le surplus malrésorbé de l’afflux à Paris de main-d’œuvre occasionné par l’énormechantier des “ fortifs ” de la capitalelancé au début des années 1840 parThiers et maintenant achevé.

DEUXIÈME PARTIE

LA RÉPUBLIQUEINTROUVABLE

Les journéesde février 1848

L’opinion était agitée depuis plu-sieurs mois par “ la campagne desBanquets ” menée au nom de laréforme électorale, un banquetmonstre avait été projeté à Chaillotpour le mardi 22 février 1848. Soninterdiction pure et simple parordonnance du préfet de police (l’in-capable et suffisant Delessert) quis’en remettait au général Jacqueminotlequel répondait “ sur sa tête ” duloyalisme, devenu douteux, de lagarde nationale, avait provoqué,selon un processus bien rodé, la levéede quelques barricades dont latroupe s’était vite rendu maître.Louis-Philippe, enfin éclairé sur lesdispositions d’esprit de la gardenationale (et donc de sa “ bourgeoi-sie ”) qui gagnait ses postes au cri de“ Vive la réforme ! ” s’était décidé àlâcher Guizot pour appeler successi-vement Thiers et Odilon Barrot, maisdes événements tragiques allaientprendre de vitesse ces initiatives tar-dives d’apaisement : la nuit venue,une colonne nombreuse de manifes-tants s’était portée boulevard desCapucines où était alors situé leministère des Affaires étrangères,pour y conspuer Guizot. Une bous-culade, un coup de feu, le bataillonde ligne chargé de sa garde s’étantcru attaqué avait riposté par unefusillade couchant sur le sol une qua-rantaine de manifestants. Des insur-gés décidés avaient alors chargé lescadavres sur des tombereaux pour lespromener à travers Paris, excitant lescris de vengeance de la foule. Le len-demain, Paris en insurrection se cou-vrait de barricades.

Le 24 février, le maréchalBugeaud appelé pour rétablir l’ordres’avouant débordé, Louis-Philippemenacé aux Tuileries, mais refusantde donner l’ordre de tirer sur la foule,(ce qui est à son honneur) renonçait

au trône en faveur de son petit-fils, le“ comte de Paris ”, fils du ducd’Orléans mort accidentellement en1842. On sait que cette ultime tenta-tive pour sauver la monarchie allaitéchouer : la foule avait envahi laChambre au moment où elle venaitde se prononcer en faveur de larégence de la duchesse d’Orléans.Odilon Barrot avait alors saisi l’occa-sion pour retourner la situation : Est-ce qu’on prétendrait remettre en ques-tion ce que nous avons décidé par larévolution de Juillet ? Et l’oppositionemmenée par Lamartine proclamaitla République, le droit au suffrageuniversel…

Un certain nombre de personna-lités désignées parmi les opposantsles plus notoires, mandatées parl’Assemblée pour constituer un gou-vernement provisoire, se réunirentle 25 février à l’Hôtel de Ville pourrégler leurs attributions : Lamartineaux Affaires étrangères, Ledru-Rollinà l’Intérieur, Crémieux à la Justice,Arago à la Marine et aux Colonies,Marie aux Travaux publics…Entraient par ailleurs dans le nou-veau conseil : Garnier-Pagès,Marrast, Carnot, Louis Blanc,Flocon… et l’ouvrier Albert que l’ondut aller quérir dans un café voisinpour l’arracher à ses états d’âme. (Ilne savait encore si sa place étaitauprès de ses nouveaux collèguesou… auprès des émeutiers, méfiantsà l’égard d’un nouveau gouverne-ment dont on ignorait les inten-tions.) Sa présence au sein du gou-vernement provisoire semblait eneffet indispensable pour faire face àla confrontation des plus dange-reuses qui s’annonçait : une fouleénorme convergeait dans l’après-midi, vers l’Hôtel de Ville, exigeantla proclamation de la “ Républiquesociale” gagée par l’adoption du dra-peau rouge, symbole de ses reven-dications.

Il faut ici mesurer la précarité dela situation où se trouvait un gou-vernement improvisé, sans pouvoiret moyens réels, n’ayant autour de luique quelques gardes nationaux sansarmes… et élèves de l’École poly-technique venus se mettre à sa dis-position (A 5).

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Page 47: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

Face à lui, une multitude frémis-sante, capable de se porter à tous lesexcès, prompte à se croire trahie,bien décidée cette fois à ne pas voirescamotée, comme en 1830, cequ’elle pensait être “ sa révolution ”.Les membres du gouvernement, crai-gnant le pire, s ’en remirent àLamartine pour faire face. Admirablede sang-froid, d’à propos, d’élo-quence persuasive, ce dernier essayad’abord de faire entendre raison à 7ou 8 délégués de la foule, qui, for-çant les barrages, avaient fait irrup-tion en armes dans la salle desséances. Il protesta d’abord contre lesdoutes injurieux formulés par sesinterlocuteurs : ses collègues et luin’avaient-ils pas donné assez de gagesà la démocratie, n’étaient-ils pasacquis à la cause des travailleurs ?Qu’on les laisse œuvrer en paix à lasolution des problèmes posés… !

Ne parvenant pas à obtenird’eux que l’on fasse confiance à laRépublique, Lamartine, nullementdécontenancé, mit fin à la discus-sion :

Vous réclamez le drapeau rouge,vous voulez sur l’heure l’imposer à laFrance? La question est trop grave pourêtre réglée ici entre nous. Le peuple seulpeut la trancher. Allons le consulter !

Tous quittèrent à cet instant lasalle pour se porter au-devant de lafoule.

Après un long moment pourobtenir le silence, faire taire les crisde “ Vive le drapeau rouge ! ”Lamartine, s’imposant enfin à l’at-tention, lança d’une voix forte por-tant aux extrémités de la place l’apos-trophe célèbre fidèlement notée lejour même par Freycinet (A 5) quel’on peut difficilement omettre derappeler ici :

… Citoyens, le drapeau tricolore afait le tour du monde avec nos libertés etnos gloires, tandis que le drapeau rougen’a fait que le tour du Champ-de-Mars,baigné dans les flots du sang du peuple.Vous le repousserez tous avec moi !

Un bref silence… La foule, sub-juguée, sous le coup de l’émotion, semit à clamer de toutes parts : “Vive legouvernement provisoire ! ViveLamartine ! Vive le drapeau trico-lore!… Tandis que disparaissaient les

uns après les autres, comme saisis dehonte, les drapeaux rouges brandisquelques instants auparavant. ”

Cela peut paraître à peine conce-vable mais c’est bien ainsi, par lamagie du verbe, que les masses pari-siennes firent crédit à la IIe Répu-blique, que la méfiance fit place untemps à l’enthousiasme contagieux,que l’on vit bientôt des prêtres bénirun peu partout des arbres de laliberté.

La cause de la République nou-velle l’emportait sur les sanglants sou-venirs qu’on voulait lui substituer.

L’avènementdu suffrage universel

Faisons grâce ici au lecteur, pourn’en rappeler que les principauxjalons, de l’évolution de la situation,tant économique que politique, enfait de sa dégradation continue jus-qu’à la semaine tragique de juin1848.

L’euphorie générale ne devaitdurer que quelques jours, le tempsde la prise de conscience des défiscontradictoires et des énormes pro-blèmes posés au gouvernement pro-visoire. Les semaines de mars s’avé-rèrent tumultueuses :• Il fallait sans cesse parlementer avecles insurgés réclamant des satisfac-tions immédiates, en premier lieuconcrétiser le “droit au travail ” exigépar Louis Blanc, question d’autantplus redoutable que le nombre dechômeurs s’alourdissait avec la mul-tiplication des fermetures d’usines nerecevant plus de commandes.Décidée le 27 février la création“d’Ateliers nationaux” se heurta à desdifficultés considérables de mise enœuvre, confiée à une Commissionséparée des travailleurs siégeant aupalais du Luxembourg et présidéepar Marie. Il eût sans doute été judi-cieux d’ouvrir divers chantiers d’uti-lité publique notamment d’infra-structure d’un réseau de voies ferréesencore embryonnaire, on trouva plussimple et expéditif de concentrer lamain-d’œuvre, principalement sur levaste terrain encore non aménagé duChamp-de-Mars, et de l’occuper àdes tâches d’intérêt très contestable.

• Il fallait en second lieu calmer l’ar-deur belliqueuse de meneurs exigeantque l’on aille (entre autres choses)délivrer la Belgique de sa monarchiepour y proclamer la république.(Ledru-Rollin, sans en référer àLamartine, se prêta à une opérationdans ce sens qui échoua lamentable-ment.) Ce fut surtout la tâche deLamartine dont il s’acquitta avec effi-cacité comme d’apaiser les craintesdes ambassades étrangères à Paris.

Il était en revanche autrementfacile de donner suite au droit, solen-nellement proclamé, de tous lescitoyens au suffrage… à cela près quel’on commençait à se demandersérieusement si la province restéecalme était à l’unisson de Paris.

C’est du côté de l’aile la plus avan-cée que l’appréhension à ce sujet étaitla plus vive, aussi les socialistes orga-nisèrent-ils le 17 mars une manifes-tation de masse pour réclamerl’ajournement des élections, et faireainsi pression sur le gouvernement.Intimidé, ce dernier accepta dereporter au 23 avril la date du scru-tin. La faction la plus dure de lagauche (les “ communistes ” commeon commençait à l’appeler) voulutmettre à profit ce répit pour tenterde s’emparer de l’Hôtel de Ville maisse heurta sans succès à la garde natio-nale. Cette nouvelle manifestation àhuit jours des élections suscita sur-tout dans l’opinion une vive hostilitécontre les fauteurs de désordre.

Vint le jour tant attendu où le suf-frage universel allait parler pour lapremière fois, avec un taux record departicipation, jamais atteint depuislors, proche de 85 %.

Il fallut se rendre à l’évidence. LaFrance dans son ensemble aspiraitavant tout à l’ordre, la province désa-vouait l’expérience parisienne. Si ellene se prononçait pas explicitementcontre la République, néanmoins surles 800 députés élus, on en comptaità peine 100 dont le républicanismeétait au-dessus de tout soupçon, lesautres étant, dans la plupart des cas,des modérés teintés d’orléanisme oudes légitimistes inavoués, très peud’ouvriers, une vingtaine tout auplus, ainsi que quelques bourgeoissocialisants.

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Ainsi le paysage politique de laFrance n’était plus du tout le même,l’horizon n’était pas plus aux réformesradicales à l’intérieur qu’aux aventuresguerrières pour la délivrance desnationalités. Il serait plus exact de direque la France “ profonde ” ne répon-dait pas à l’image accréditée par lescercles politiques ou les journauxparisiens. Contrairement aux préju-gés à son encontre des milieux conser-vateurs, le suffrage universel n’étaitpas synonyme de montée en puis-sance de la révolution. Décidément la“politologie” était un art encore bienbalbutiant au niveau national.

Le premier geste de l’Assembléefut de dissoudre le gouvernementprovisoire et de le remplacer par uneCommission exécutive de 5 membres(3 modérés plus Lamartine et Ledru-Rollin) excluant ainsi toute partici-pation socialiste.

La gauche révolutionnaire s’esti-mant jouée (on ne lui avait pas laisséle temps de faire campagne…) tentaalors un coup de force le 15 maipour renverser le nouveau gouver-nement : des insurgés excités par lesclubs s’emparèrent de l’Hôtel deVille tandis qu’une foule vociféranteenvahissant aux cris de “ Vive laPologne ! ” le palais Bourbon où lepompier Huber, monté à la tribune,proclamait la dissolution de la nou-velle Assemblée. Il faut préciser quecet épisode pour le moins ridiculeétait la conséquence de l’incuried’un certain général Courtais, res-ponsable de l’ordre à Paris, quin’avait pas jugé opportun deprendre des dispositions de protec-tion de l’Assemblée.

Précisons pour l’anecdote qu’àcette nouvelle les polytechniciens seportèrent en armes pour libérer le

palais Bourbon, ils arrivèrent aprèsque la situation fut reprise en mains,on les dirigea alors vers quelquespoints chauds de la capitale notam-ment à la caserne Saint-Victor pourdésarmer un corps de factieux.

Ceux des députés socialistessoupçonnés de complicité avecl’émeute ainsi que leurs leadersnotoires tels Blanqui et Barbès furentarrêtés pour passer en jugementquand ils ne réussirent pas à prendrela fuite. La gauche parisienne se trou-vait décapitée.

En réalité, des événements trèsgraves se préparaient avec la ferme-ture imminente des Ateliers natio-naux, sources de gaspillage et foyersd’agitation permanente. L’Assembléeayant fixé au 21 juin leur dissolution,la décision fut notifiée le 22 à unedélégation ouvrière sans égards pourses protestations.

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Les Ateliers nationaux du Champ-de-Mars, Paris, mars à juin 1848.L’entassement de main-d’œuvre sur ce terrain (plus vaste qu’aujourd’hui et non aménagé, qui ne répondait à aucune utilité pratique) devintvite un centre d’agitation permanent.

© COLLECTION VIOLLET

Page 49: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

Le lendemain des ouvriers se ras-semblaient place de la Bastille, l’und’eux, un obscur chef de section auxAteliers nationaux (nommé Pujol),les harangua au pied de la colonnede Juillet et donna le signal de l’in-surrection. Le soir même, la popula-tion ouvrière avait pris les armes ; lamoitié est de Paris se couvrait de bar-ricades. Cette fois l’Assemblée ne futpas prise au dépourvu ; écartant lescinq membres de la Commissionexécutive, elle donna tous pouvoirsau général Cavaignac (X 1820, lefrère de Godefroy) pour réprimer la“ sédition ”.

Ce qui fut fait méthodiquementen trois jours au prix de combatsacharnés faisant de part et d’autre pasmoins de mille morts (parmi euxMgr Affre, archevêque de Paris, quiavait tenté de s’interposer entre lescombattants). Suivirent des arresta-tions en masse, dix mille environ, desconseils de guerre expéditifs et quatremille peines de déportation (pour laplupart en Algérie) prononcéescontre les insurgés. Cette sanglantesemaine allait causer dans Paris etdans toute la France une impressionprofonde : la capitale avait cesséd’être révolutionnaire, flétrissant cestentatives de subversion de l’ordresocial et de la propriété, suscitant unpeu partout selon le langage del’époque la haine des “ partageux ”.Au sein du mouvement socialiste trèsaffaibli, le sentiment général tournaau découragement.

Une Constitution“ providentielle ”

Chacun était conscient de l’ur-gence de mettre fin au provisoire endotant d’assises constitutionnellescette jeune République fragile, livréeaux humeurs de la rue.

La nouvelle Assemblée s’étaitelle-même déclarée constituante,déléguant à une commission de18 membres présidée par Marrast lesoin de préparer un projet deConstitution. Elle comptait dans sonsein des personnalités qualifiées,comme Odilon Barrot et surtoutTocqueville (A 6), qui s’étaientimmédiatement mises au travail,

livrant un avant-projet en juin, rema-nié au cours de l’été et finalementvoté le 4 novembre 1848.

Examinons brièvement ses prin-cipales dispositions :

La France se constitue enRépublique dans la fidélité auxidéaux révolutionnaires de liberté,égalité, fraternité, proclame la sou-veraineté nationale, se donnantcomme but d’assurer une répartitionde plus en plus équitable des charges etdes avantages de la société. Le “ droitau travail ” (sur l’insistance de LouisBlanc) et le droit à l’assistance sontplacés parmi les Droits de l’homme.On y inscrit par ailleurs les gratuitésde l’enseignement primaire, de l’édu-cation professionnelle, la propor-tionnalité de l’impôt. (Toutes cesbelles dispositions resteront en fait àl’état d’intention.)

Le pouvoir législatif est confié à uneAssemblée unique de 750 membresélus pour trois ans au suffrage uni-versel, tandis que le pouvoir exécutifest délégué pour quatre ans, mandatnon renouvelable, à un président éluau suffrage universel direct et seule-ment responsable devant lui : il com-mande l’armée et la diplomatie,nomme ministres et fonctionnaires,déclare la guerre, signe les traités.

Ainsi la séparation des pouvoirslégislatif et exécutif est absoluepuisque l’Assemblée ne peut révo-quer le président qui ne peut lui-même la dissoudre.

Qu’un consensus ait pu s’établirsur un projet aussi sommaire entredes politiciens avertis (commeOdilon Barrot), un fin connaisseurde “ la démocratie aux USA ”(Tocqueville), des juristes alorsrenommés (comme Cormenin) nemanque pas d’étonner.

Rien n’était prévu en cas de conflitentre les deux pouvoirs théorique-ment égaux mais tôt ou tard rivaux.Si les ministres pouvaient être choi-sis parmi les parlementaires, leur res-ponsabilité n’était pas clairementdéfinie. En réalité, l’élection au suf-frage universel du président confé-rait à ce dernier un champ d’actionprivilégié, disposant à son gré dupouvoir de nomination aux postesclés (préfets…). Tenant son pouvoir

personnel du suffrage universel, salégitimité apparaissait supérieure encas de conflit avec la futureAssemblée.

Lors de l’examen du projet par lesconstituants, le mode d’élection duprésident de la nouvelle Républiqueretint surtout l’attention en raison del’insistance de certains députés pourqu’il soit l’élu de l’Assemblée et nondu peuple, l’alternative entre uneRépublique parlementaire et unrégime présidentiel leur apparaissantcomme un enjeu majeur.

Intervenant avec fougue dans ledébat, Lamartine avait donné librecours à son éloquence pour rallier denombreux hésitants à son proprechoix du suffrage universel confonduavec l’essence du régime républicain, sile peuple veut la République, qu’il lemontre par son vote…

Je sais bien qu’il y a des momentsd’aberration dans les multitudes, qu’il ya des noms qui entraînent les foulescomme le mirage entraîne les trou-peaux, comme le lambeau de pourpreattire les animaux privés de raison. Je lesais, je le redoute plus que personne caraucun citoyen n’a mis peut-être plus deson âme, de sa responsabilité et de samémoire dans le succès de laRépublique…

Il faut ici bien comprendre qu’àcette époque la doctrine républicaineconsidérait que le régime parlemen-taire était d’essence conservatrice etque le pouvoir exécutif ne devait pasdépendre d’une Assemblée suscep-tible de rétablir le pouvoir monar-chique. En conséquence l’exécutifdevait pouvoir s’appuyer sur le suf-frage universel, ce qui supposait quele président élu soit indépendant etau-dessus des partis de l’Assemblée.

Le risque était grand objecta avecbon sens et insistance un ferventrépublicain, Jules Grévy (le futur pré-sident de la IIIe République, dont leseul tort sera d’avoir un gendrevéreux), de voir quelque prince héri-tier des régimes défunts s’emparer dupouvoir, afin de mieux étouffer laRépublique par la suite. Messieurs lesConstituants éludèrent ces objectionsce qui autorise à nourrir quelquessoupçons quant aux arrière-penséesdes orléanistes et des légitimistes.

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Page 50: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

Il revint à Lamartine de clore poé-tiquement le débat :

Il faut laisser quelque chose à laProvidence.

(On sait en faveur de qui celle-cidevait bientôt se prononcer.)

Le “ Comité de la ruede Poitiers ”

Les orléanistes regroupés autourde Thiers avaient constitué une“ union électorale ” ratissant largeparmi les sensibilités politiques “ ras-surantes ” : Odilon Barrot (l’ex-pro-moteur de la “ campagne desBanquets ” en 1847), Falloux,Montalembert, Berryer, Molé (avecqui il s’était réconcilié), etc. Cecomité électoral, bientôt dénommé“ de la rue de Poitiers ” en raison duchoix de l’hôtel de Poulpry (bienconnu des polytechniciens aujour-d’hui) pour y tenir ses assises, dis-posait de nombreux relais locauxdans chaque département.

Thiers, promoteur et cerveau du“parti de l’Ordre ”, jugeait suicidairele choix d’un candidat au sein de songroupe et des gloires usées desdéfuntes monarchies, il n’eut pas depeine à convaincre ses amis qu’ilétait plus habile d’aller quérir à l’ex-térieur un homme neuf dépourvud’expérience politique et donc pré-sumé malléable. Le prince LouisNapoléon, auréolé du prestige deson nom, objet de la curiosité du

public, depuis sa rocambolesqueévasion du fort de Ham (dans l’habitdu maçon Badinguet), accouru àParis à la faveur des événements, luisemblait avoir le profil recherché.

Bientôt convaincu de la perti-nence de ce choix, le “ Comité de larue de Poitiers ” mit son efficaceappareil électoral au service duPrince lequel ne se fit pas trop prier,admirablement conseillé surtout parson demi-frère Morny et par sonhomme de confiance Persigny (leministre de l’Intérieur du futurempereur), l’un et l’autre habiles àmodeler l’image et le programmepolitique du Prince comme à déci-der des journaux influents à fairecampagne en sa faveur.

Naturellement tout fut mis enœuvre pour faire de l’ex-carbonaroet conspirateur un candidat assagi ettout à fait présentable.

Dépourvu de toute arrière-pen-sée de rétablir le trône impérial, il segarda bien par ailleurs de parlerétourdiment comme tout le mondede réformes sociales (susceptibles deleur nuire aupès de l ’électoratconservateur).

Louis Napoléon (selon le mot deJ. Bainville) s’était métamorphosé“en conservateur avec un langagedémocratique”, un mélange quin’était pas sans rappeler, faut-il lefaire observer, les idées et traditionsdu grand empereur toujours présentdans les mémoires.

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Adolphe Thiers, lithographie d’après nature,par Patout.

© COLLECTION VIOLLET

© COLLECTION VIOLLET

Lithographie de F. Sorrieu figurant le plébiscite du prince Louis Napoléon.

Page 51: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

Le plébiscite de décembre

La Constitution ayant dit que laRépublique devait avoir un présidentplébiscité par le peuple on procédasans délai à l’élection, qui eut lieu le10 décembre 1848, pour décider dusort des quatre candidats (“ le Prince ”,Cavaignac, Ledru-Rollin, Lamartine).

Le résultat fut à la hauteur deefforts déployés et des espoirs mispar le “ parti de l’Ordre ” sur le pre-mier, plébiscité (à la surprise géné-rale d’ailleurs) par 72 % des voix.20% seulement s’étaient portées surCavaignac.

Il est vrai que ce dernier était vic-time d’un malentendu. S’imaginantle sauveur du régime et se présentantcomme tel, certes son loyalismerépublicain était au-dessus de toutsoupçon de césarisme, mais sonimage était bien différente en réalité,celle du militaire zélé, trop zélémême, ayant accompli en bon tech-

nicien la mission ingrate de sauverl’ordre. De leur côté, les massesouvrières le honnissaient pour sabrutalité, rejetant pour longtempsl’image d’une République assassine,insensible à leur misère, comme siMarianne avait troqué sa féminitéentraînante contre… des bottes, uneculotte de peau et une cravache.

Ce furent moins les suffragesrépublicains qui se portèrent sur luique l’électorat légitimiste de l’Ouestplus sensible au soldat personnifiantl’ordre et l’honneur militaires.

Avec 5 % seulement des voix,Ledru-Rollin faisait figure de grandperdant, les départements considé-rés comme les plus “ rouges ” luiavaient préféré Louis NapoléonBonaparte.

Ainsi fut propulsé et mis surorbite ce dernier, devenu par la grâcede Thiers le “Prince-Président ”, maissecrètement bien décidé à se libérerle moment venu de son contrôle.

Remarquons incidemment quecette belle machination avait été our-die par celui qui était considéréparmi ses pairs comme l’oracle, lemaître incontesté de l’astuce politi-cienne… et pourtant amené bientôtà se repentir de son option.

On ne saurait, à simplement yréfléchir, ne pas mesurer l’impor-tance du facteur psychologique surce scrutin. À l’issue d’un passagepérilleux, la main assurée qui se tendsur l’autre bord, vous évitant le der-nier faux pas, ne met-elle pas lepoint final à vos angoisses ?

Ainsi sans doute a pu s’imposeraux Français Louis Napoléon, déjàauréolé du prestige de son oncleillustre, après cette périlleuse tra-versée de la fondrière quarante-hui-tarde.

À suivre

Cf. annexes page 50

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© COLLECTION VIOLLET

Gravure satirique figurative des tendances des différents journaux parisiens avant l’élection présidentielle du 10 décembre 1848(“camphromanie ” pour Ledru-Rollin).

Page 52: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE50

Annexes(A 1) Louis Auguste Blanqui (1805-1881), ex-carbonaro, dont les idées révolutionnaires sont un cocktail

de saint-simonisme, de fouriérisme et surtout de babouvisme, organisateur de sociétés secrètes d’abord républicainesensuite socialistes, conspirateur impénitent, compromis avec Barbès dans l’insurrection de 1839, il est emprisonné pourla deuxième fois mais reprend à sa libération en 1847 la tête du mouvement prolétarien pour connaître de nouveaula prison en 1848. (À l’inverse son frère aîné Jérôme Adolphe se fera connaître comme un économiste libéral.)

Armand Barbès (1809-1870), emprisonné après les journées d’avril 1834 et l’attentat de Fieschi (1835),organisateur avec Blanqui et Martin-Bernard (le typographe) de l’insurrection de 1839, il vit sa condamnation à mortcommuée en prison à vie (grâce à l’intervention de Victor Hugo). Libéré à la révolution de 1848, élu député,instigateur avec Blanqui de la journée du 15 mai 1848, il sera comme lui de nouveau incarcéré.

(A 2) La statue de Napoléon en haut de la colonne Vendôme, l’achèvement de l’Arc de triomphe de Chalgrin… etsurtout les cérémonies grandioses du retour à Paris en 1840 de la dépouille de l’Empereur, de son inhumationsolennelle sous la coupole des Invalides (son tombeau est édifié par Visconti en 1842).

(A 3) Ce pasteur anglican à la fois médecin, pharmacien, consul et… agent d’influence à Tahiti persuade lareine Pomaré de mettre fin au protectorat français sur l’Île. À la suite de son expulsion par l’amiral Dupetit-Thouars, Pritchard à son retour en Angleterre ameute l’opinion contre la France. On est au bord de la rupture etdu conflit. Heureusement Lord Aberdeen et Guizot, qui entretiennent de bons rapports, hostiles l’un et l’autre àun affrontement exigé par leurs opinions, se mettent d’accord sur un arrangement assez humiliant à vrai dire pournotre pays.

(A 4) Le roi n’était sans doute pas fâché d’éloigner de Paris son cinquième fils, libéral convaincu, qui le poussaità se séparer de Guizot dont il jugeait la politique fatale à la monarchie. Rappelons que, devenu héritier du trôned’Espagne en 1859, il en fut exilé en 1868 à cause de ses idées libérales. Prétendant au trône en 1870, il échoua maisréussit trois ans plus tard à y placer son gendre Alphonse XII.

(A 5) Rappelons ici pour mémoire que la révolution de 1848 a déjà fait l’objet de deux articles substantiels dansLa Jaune et la Rouge (numéros de mars 1992 et décembre 1988) à partir des souvenirs de témoins et acteurspolytechniciens, respectivement de Freycinet, alors élève de deuxième année à l’École polytechnique, et dumaréchal Lebœuf (mémoires inédits) nommé commandant en second de l’École (futur ministre de la Guerre duSecond Empire).

Le premier surtout prit une part très active au cours des premières semaines, notamment en assistant Lamartinele “ jour du drapeau rouge ”, ce qui confère à sa relation des événements un caractère exceptionnel d’authenticité.Il est assez singulier que ces souvenirs de jeunesse (consignés au jour le jour) n’aient pas reçu de la part deshistoriens de cette période toute l’attention qu’ils méritent.

Rappelons que les élèves de l’École (alors commandée par Aupick, le beau-père du poète Baudelaire, bientôt“démissionné” par Arago) furent mis en congé. S’étant prononcés en majorité pour le soutien à la République, nombred’entre eux, munis d’ordres de mission, rendirent d’inestimables services : sauver du pillage le pavillon de Marsandu Louvre où étaient entreposés les bijoux de la Couronne ainsi que d’autres objets précieux, récupérer par la forceles clés volées du palais du Louvre, veiller à protéger de l’incendie les châteaux de Versailles et Chantilly, obtenirdes émeutiers la levée des barricades (l’une d’elles dut être prise d’assaut), veiller à l’approvisionnement de lacapitale, etc.

Bien moins heureuse fut l’initiative prise par Ledru-Rollin, à l’insu de Lamartine, d’envoyer 5 polytechniciens enBelgique avec la mission d’appuyer, si possible d’encadrer, un soulèvement de chômeurs : ils devront à la hâterefranchir la frontière et l’un d’eux sera même condamné à mort par contumace, l’opération ayant tragiquementtourné au fiasco.

(A 6) L’auteur alors célèbre de De la démocratie en Amérique dont les deux volumes respectivement parus en 1835et 1840 avaient valu coup sur coup à leur auteur l’élection à l’Académie des sciences morales et politiques et àl’Académie française. n

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000

Le principe de précautionÀ propos du n° 546,juin-juillet 1999

Jacques FROT*

J ’AI LU avec beaucoup d’intérêt l’ar-ticle d’André Cicolella (La Jauneet la Rouge, juin-juillet 1999).

La prise de conscience des pro-blèmes de l’environnement a eu uncertain nombre de conséquences ver-tueuses dans les comportements indi-viduels et collectifs. L’apparition du prin-cipe de précaution est l’une de cesconséquences vertueuses.

Il est regrettable, cependant, quecertains maximalistes de l’écologie entirent argument pour s’opposer à toutesavancées technologiques, ils dénatu-rent le principe de précaution en prô-nant une règle du style : “en l’absencede preuve de non-dangerosité il fauts’abstenir… même s’il n’y a pas depreuve de dangerosité. ” À ce compte,et s’ils suivaient cette règle, les PVDseraient bien loin d’entrer dans l’èreindustrielle. Maintenant que les paysindustrialisés ont, sans vergogne,salopé l’atmosphère et l’eau depuisune bonne centaine d’années, les PVDpourraient “ la trouver saumâtre ” dese voir, eux, soumis à la précautionà l’aube de leur développement.

Et pourtant le principe de pré-caution est un bon principe. Alorscomment faire… pour éviter que cebon principe conduise à ne plus rienfaire ? Car la meilleure précaution si

l’on refuse tous les risques est de sur-tout ne pas se lever le matin ! BrunoComby (80), écologiste (1), proposele principe de notabilité :

Un développement industriel estadmissible tant que l’on respecte les équi-libres naturels aussi bien au niveau localque planétaire, en exploitant les res-sources naturelles, mais sans jamais pro-voquer de modification notable des dif-férents paramètres d’environnement, lesseules modifications admises devant êtrelimitées, dans l’espace et dans le temps.Un changement provoqué par la mainde l’homme dans les valeurs d’un para-mètre d’environnement est, par définition,considéré comme “ notable ” s’il excèdeles variations naturelles de ce mêmeparamètre en fonction du lieu ou en fonc-tion du temps dans un même lieu.

L’association des deux principesde précaution et de notabilité seraitune juste mesure pour un progrèsréfléchi. n

Aidons les enfants maladesd’UkraineÀ propos du n° 547,août-septembre 1999

Père Antoine MICHEL (79)

J ’AI LU avec un grand intérêt lenuméro de La Jaune et la Rougesur l’Ukraine (août-septembre

1999). Il se trouve en effet que la com-

munauté religieuse catholique dontje fais partie, le Foyer Marie Jean, esten lien avec l’Ukraine depuis huit ans.Nous entretenons des relations étroitesavec plusieurs habitants de la régionde Lviv, dont deux sont maintenantmembres de la communauté. Les liensd’amitié et les voyages que nous avonseffectués là-bas nous ont ouverts auxsituations sociales, familiales et per-sonnelles souvent dramatiques quece pays connaît.

À notre mesure, nous avons par-ticipé à plusieurs projets, notammentavec le Centre Caritas de la ville deTchervonograd. Actuellement, nouscherchons à les aider pour un projettourné vers les enfants les plus en dif-ficulté : les enfants malades chro-niques dont la situation familiale dif-ficile ne permet pas un accès normalaux soins et à l’éducation. Ce projetenvisage d’offrir à des jeunes enfantsentre trois et sept ans un lieu où l’onpuisse les accueillir, leur apporterl’attention et les soins dont ils ontbesoin pour une durée de trente jours,renouvelable.

Le projet est déjà très avancé. Unemaison en parfait état a été cédée gra-tuitement au Centre Caritas. Uneéquipe est prête à y travailler : reste

51

L I B R E S P R O P O S

Le courrier des lecteurs

* Jacques Frot, animateur du Groupe de com-munication (GR.COM.) de l’AEPN. Site Internetde l’AEPN : http://www.ecolo.org(1) Bruno Comby, président fondateur del’Association des écologistes pour le nucléaire(AEPN).

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la question du financement. Le bud-get annuel de ce projet est évalué à23 000 $. Divers partenaires se sontengagés à verser 10 000 $ par an pen-dant trois ans. Il manque environ13 000 $ par an. Ceux qui seraientintéressés pour aider cette maisond’enfants et qui voudraient plus derenseignements peuvent me contac-ter à l’adresse ci-dessous. Les donséventuels pourront faire l’objet d’unreçu fiscal.

J’espère de tout cœur que nouspourrons aider nos amis ukrainiensà soigner et éduquer les enfants maladesde Tchervonograd.

Merci d’avance.

Père Antoine MichelFoyer Marie Jean

Maison de la Source d’Eau Vive07690 Saint-Julien-Vocance

Tél. : 04.75.34.73.11.Fax : 04.75.34.75.64.

Dons : “Mission Ukraine ”CCP Lyon 339 64 R

n

Attitude des Britanniquesvis-à-vis duComité national français

À propos du n° 549,novembre 1999

Jean-Nicolas PASQUAY (54)

L’INTÉRESSANT exposé de D. Cordierà l’occasion de l’Assemblée géné-rale de X-Résistance du 8 juin

1999 et dont la synthèse a paru dansLa Jaune et la Rouge de novembre 1999appelle trois remarques – pour ne pasdire mises au point – concernant leComité national français.

On y lit en effet :Si les Anglais ont accepté que soit

créée une force militaire, et même unepetite force administrative, ils ne vou-laient pas entendre parler d’un Comiténational… Il fallut attendre le 24 sep-tembre 1941, un mois avant l’arrivé deJean Moulin, pour que naisse le Comiténational français.

1) Dans ses Mémoires de guerre(L’Appel 1940-1942) éditions Plon,Charles de Gaulle écrit :

Dès le premier instant, j’avais entre-tenu M. Churchill de mon intention deprovoquer, si possible, la formation d’un“ Comité national ” pour diriger notreeffort de guerre. Afin d’y aider, le gou-vernement britannique faisait, le 23 juin(1940), publier deux déclarations. (Pages79-80)

Le texte de ces déclarations figuredans la partie “Documents” desMémoires. Extrait :

Le gouvernement de Sa Majesté déclarequ’il reconnaîtra un comité français decette nature et qu’il traitera avec lui…(Page 270)

Ainsi les textes de base montrentque les Anglais acceptaient le prin-cipe d’un comité national.

2) Faut-il attribuer aux Anglais lefait que le Comité national n’a vu lejour que le 24 septembre 1941 ?

La réponse est non. Dans ces mêmesMémoires au chapitre “La France com-battante ” on lit en effet (pages 219 et220) :

Mais, dès lors que le champ d’actionallait s’élargissant, il me fallait placer àla tête de l’entreprise un organisme adé-quat. De Gaulle ne pouvait plus suffireà tout diriger… Enfin, la forme collé-giale étant, pour tous les États, celle dupouvoir, nous aiderions à nous fairereconnaître en l’adoptant pour nous-mêmes. Par ordonnance du 4 septembre1941, j’instituai le Comité national.

À vrai dire, depuis le début, je ne ces-sais pas d’y penser. Mais le fait qu’enl’espace d’une année j’avais eu à passerhuit mois en Afrique et en Orient, sur-tout le manque d’hommes dits “ repré-sentatifs ” m’avait contraint de différer.

En septembre 1941, de Gaulle dis-posera, pour former le Comité, decompagnons qui avaient eu le temps(un an) de faire leurs preuves et d’ac-quérir la notoriété qui leur faisaitdéfaut au moment de leur ralliement.

De Gaulle n’évoque dans cetteaffaire aucune obstruction anglaise.

3) Comme on le sait, le Généralfait largement état dans ses Mémoiresdes obstacles semés sur son cheminpar les Alliés (les Britanniques et sur-tout les Américains). Les divergencesd’intérêt firent l’objet d’âpres luttes.

Mais pour ce qui concerne le Comiténational, Charles de Gaulle donne deséléments clairs et détaillés qui ne lais-sent aucune place à l’accusation injus-tifiée contre nos amis britanniquesque l’on trouve dans cette partie durésumé de l’exposé de D. Cordier.

P.-S. : on notera l’extraordinairediligence dont a fait preuve Churchillpar ses déclarations, cinq jours seu-lement après l’appel du 18 juin ! n

Temps de travailet temps de vie

À propos du n° 552,février 2000

Jean VILLEMAIN (37)

Bernard Brunhes (58) écrit : “quevont faire ceux qui seront économi-quement inactifs de 55 ou 60 ans à80 ou 85 ans... ? ”

Il me semble que parmi eux,nombre pourraient être utilementemployés dans l’Éducation nationaleoù ils apporteraient expérience humaineet sagesse...

Certains revendiquent avec tapageplus de professeurs et plus d’ensei-gnants en “ créant des postes ”. Maisil n’est pas dit où trouver ces per-sonnes compétentes et motivées alorsque déjà dans quelques filières lavaleur des recrutés, même aux concours,est d’un niveau insuffisant.

Il y a, parmi les jeunes retraités,ou les retraités trop jeunes, un gise-ment considérable de personnesaptes à avoir compétence et auto-rité pour enseigner... mais ça neparaît pas, actuellement, “ politi-quement correct ”. n

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE52

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 53

J EAN-ÉMILE STAUFF est né àStrasbourg, pendant la PremièreGuerre mondiale, de parents alsa-

ciens depuis des générations. Il tenaitsans doute de ses origines une bonnepart des qualités que nous lui avonsconnues, tout au long de nos carrièrescommunes : clarté de vues, calme etfermeté dans ses décisions, persévé-rance dans leur mise en œuvre, toutcela servi par une intelligence horsde pair, alliée à une conception trèshumaine des relations, profession-nelles ou personnelles.

Dès ses études secondaires, il s’estsenti attiré par les sciences et la tech-nique. Orienté vers la préparation desgrandes écoles d’ingénieurs, il réussiten 1937 – en 3/2 – à plusieurs concours,et choisit l’X. Il en sortira, en 1939, dansle corps des ingénieurs de l’aéronau-tique : ce choix aura-t-il été influencépar le fait que le capitaine comman-dant sa compagnie d’élèves était unofficier aviateur ? Toujours est-il quela guerre éclate, et que J.-E. Stauff seretrouve jeune pilote de l’armée del’Air, avant de pouvoir enfin suivreles cours de spécialisation de l’Écolenationale supérieure de l’aéronau-tique, alors repliée à Lyon.

Il est ensuite affecté à l’Arsenal del’aéronautique, service industrield’État qui, de Villacoublay, avait ététransféré à Villeurbanne, pour s’oc-cuper des problèmes posés par leséquipements de l’avion de chasse VB10. Mais après l’occupation de la“zone libre”, en 1943, avec ses cama-rades de “ l’Armée secrète ”, il rejointle maquis : il participera ainsi auxcombats de la Libération, et recevrale grade de capitaine des Forces fran-çaises de l’intérieur.

Après la Libération, l’Arsenal revinten région parisienne s’installer àChâtillon-sous-Bagneux, dans lesanciens Établissements Edgar Brandt.

En 1946, l’ingénieur généralM. Vernisse, directeur de l’Arsenal,décida de créer un nouveau “sous-ser-vice” – en fait, une section de bureaud’études – pour explorer et évaluerles travaux ébauchés durant la guerrepar les Allemands dans le domaine des“ engins spéciaux ” ; il en confia ladirection à J.-E. Stauff : ce fut l’em-bryon de ce qui allait, au fil des ans,devenir le Bureau d’études E5, puisfinalement la Division des engins tac-tiques de l’Aérospatiale.

J.-E. Stauff, qui parlait parfaite-ment l’allemand, fut envoyé en mis-sion en Allemagne pour voir ce qu’ilpourrait y récupérer comme matérielintéressant, et éventuellement commepersonnel technique de haut niveau,ayant de l’expérience en ce domaine :c’est ainsi que d’assez nombreux ingé-nieurs et chercheurs allemands se pré-sentèrent et acceptèrent de venir tra-vailler en France : “ Ils n’étaient pastrès nombreux dans le sud-ouest del’Allemagne, se souvient Stauff, carpresque tous les centres importantsétaient dans le nord. On n’a pu “trou-ver ” que ceux qui étaient dans larégion de Friedrichshafen, c’est làqu’ils se sont présentés aux autoritésfrançaises… C’étaient surtout desthéoriciens, dont plusieurs furentaffectés à E5.”

Ces ingénieurs allemands se sontavérés très utiles pour le démarragede nos premiers programmes de mis-siles, même si par la suite les ingé-nieurs français, par leurs travaux etleurs initiatives, ont pris activementla relève, et assuré l’essor de déve-loppements spécifiquement natio-naux. À part le fait qu’on ne leur ajamais confié de postes de comman-

Jean-Émile Stauff (37)1916-1999

Léon Beaussart (37),ancien directeur adjoint de la Division DE de l’Aérospatiale

et Jean Guillot,ancien directeur technique de la Division DE de l’Aérospatiale

I N M E M O R I A M

D.R

.

Page 56: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

dement, les ingénieurs allemandsétaient traités exactement comme leurscollègues français, et les relations aveceux sont restées en général excellentes;elles ont même souvent duré, sous laforme d’amitiés personnelles, jus-qu’après leur retour en Allemagne,au bout de plusieurs années.

C’est ainsi que commença, pourJean-Émile Stauff, une carrière excep-tionnelle, poursuivie pendant près detrente ans, à travers les vicissitudesde l’industrie aéronautique française.Sa petite mais fervente équipe del’Arsenal, devenue un moment une“mini-société nationale” (SFECMAS),puis intégrée dans Nord-Aviation (ex-SNCAN) est finalement devenue laDivision des engins tactiques (DE) del’Aérospatiale : une croissance conti-nue, motivée et soutenue par le suc-cès technique et industriel de la plu-part de ses produits, a fait passer lepetit noyau initial de 7 ingénieurs, en1946, à la taille d’une “ entreprise ”de quelque 6 000 personnes, dontenviron 1 300 ingénieurs et techni-ciens de laboratoire, en 1974.

En même temps, les quelquesmètres carrés de bureaux du débutont évolué pour comprendre la tota-lité de l’établissement de ChâtillonGâtines, la quasi-totalité de l’usine deBourges-Avions, l’usine de produc-tion d’engins de Bourges, et le centred’essais et de recherches du Subdray,à une quinzaine de kilomètres de là.

Les débuts furent sages et pru-dents. Se méfiant des programmestrop ambitieux, J.-E. Stauff s’arrêta,en accord avec les autorités de tutelle(I.G. Guy du Merlet (27), en parti-culier) et avec son directeur l’I.G.Vernisse, sur trois avant-projets demissiles, vraisemblablement inspiréspar le souvenir de nos déboires de1940, et s’appuyant sur des réalisa-tions ou des projets allemands :• un missile air-air AA 10, avec déjàen vue une adaptation possible sol-air ; on se souvenait de l’écrasantesupériorité de l’aviation allemande en1940 ;• un petit avion cible sans piloteCT 10, pour l’entraînement à la lutte

antiaérienne ; c’était une sorte de V1,plus petit et amélioré ;• un petit missile antichar SS 10, ensouvenir aussi des percées de charsallemands en 1940, et il fallait alorsy trouver une parade moins onéreuseque des chars plus puissants et plusnombreux…

“ Je crois, concluait J.-E. Stauff, queces choix étaient bons : ces matériels ontabouti, parce qu’ils étaient simples. Celanous a permis d’augmenter progressi-vement nos effectifs, et d’installer unepetite équipe industrielle. ” Ils ont effec-tivement abouti, adoptés par les Forcesarmées de la France, et de nombreuxpays étrangers; ce qui, d’ailleurs, nousa amenés à découvrir, puis à résoudre,toute une série de problèmes cruciauxpour leur mise en œuvre pratique(robustesse, maintenance, vieillisse-ment, entraînement du personnel,etc.).

Bien entendu, à mesure que l’uti-lité des “ petits missiles guidés ” s’af-firmait, les besoins se diversifiaient,les contre-mesures aussi, ce qui obli-geait à admettre dans les matériels unpeu plus de complication technique.Ce fut souvent aussi, d’ailleurs, pourrendre l’emploi plus aisé : ainsi, dansles missiles antichars, la “ télécom-mande automatique ”, qui asservit lemissile sur la ligne de visée, permet autireur de ne plus se soucier que demaintenir sa visée, sans devoir “pilo-ter ” l’engin…

Dans d’autres cas (antinavires, parexemple), le recours à des moyensde guidage onéreux se révélait éco-nomiquement rentable. Tous ceschoix étaient fondés sur une évalua-tion à la fois prudente et hardie de cequ’on pouvait faire, et des chancesde succès ; et ce fut un mérite deStauff que d’avoir su non seulementrassembler, au cours des années, lespersonnels compétents qu’il lui fal-lait à tous les niveaux, mais aussid’avoir pu faire régner, dans notrecollectivité grandissante, un véritableesprit de travail en équipe. Il savaitintéresser et entraîner les enthou-siasmes et les énergies, quelles quesoient leur origine, leur formation,

donnant à chacun sa chance et lesmoyens d’arriver au résultat. Le pal-marès est éloquent.

À partir du très modeste programmeinitial de 1946, la Division des enginstactiques avait développé, mis au pointet produit en série, en 1974 :• les engins antichars de premièregénération, SS 10, SS 11, SS 12 ;• les missiles air-air et air-surface,AS 12, AA 20, AS 20, AS 30 ;• les engins cibles CT 10, CT 20,CT 41 et leurs dérivés R 20 (recon-naissance), M 20 (antinavires) ;• les engins antichars de deuxièmegénération Milan, Hot (en coopéra-tion franco-allemande) ;• le système sol-air Roland (encoopération franco-allemande) ;• les missiles antinavires de la familleExocet ;• le système sol-sol nucléaire tactiquePluton.

On notera que la coopérationfranco-allemande – commencée, dansune certaine mesure, dès l’origine – s’estfinalement concrétisée, d’une manièrefructueuse, dans le cas des anticharset du système Roland, pour lesquelselle a abouti à la formation du grou-pement d’intérêt économique“ Euromissile ”. Les développementsactuellement en cours sur le plan euro-péen nous semblent bien confirmerqu’ici aussi, en son temps, J.-E. Stauffavait vu juste…

Quand, pour des raisons stricte-ment personnelles, il a décidé de se reti-rer en 1974, il pouvait certainementconsidérer avec fierté, et avec le sen-timent d’avoir bien servi notre pays,les quelque trente années qu’il avaitpassées à créer et à développer uneactivité qui avait acquis une renom-mée mondiale.

Pour la plupart de ceux qui l’ontconnu, Jean-Émile Stauff fut un exemple,un guide, un conseiller compétent etbienveillant ; et pour beaucoup d’entrenous il fut, tout simplement, un Ami.n

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE54

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 55

ARTS , L ETTRES ET SC IENCES

Horizontalementn I. Ils ont soixante-dix ans de fidèle compagnonnage(trois mots). n II. Où une vie sans oxygène est possible.n III. Hors d’usage – Arrose trois pays du sud au nord etde droite à gauche. n IV. A un tempérament volcanique?– Éclat de rire. n V. Pris du bon côté, s’aligne à gauchedu faucheur – L’armagnac y a droit de cité. n VI. Agressel’odorat – Au courant. n VII. Se distingue – Prête à fairedes petits poissons. n VIII. Presqu’île – De droite àgauche : créateur de l’opéra français. n IX. Ceint – Jaseet ne craint pas de cajoler. n X. Instruit en face deWindsor – Ne fait pas non plus toute seule le printemps,même sur les rivages. n XI. Haler – Ses piliers vacillentdangereusement.

Verticalementn 1. Un grand sud qui, français, connut un drame etquelque célébrité. n 2. Pas communes – Partie d’atome.n 3. Sa dent n’a rien de mythique – Ruminant. n 4. Pointde départ, également en trois mots. n 5. Vient de finir –Remis en ordre, ses ländler précèdent les valses.n 6. Pâtisseries multicouches. n 7. Ses voitures furentprestigieuses (initiales) – Dans les rets – Note enviable.n 8. Reine des fées dans un songe shakespearien – Engeignant. n 9. Manquent nettement d’initiative. n 10. Sesuivent en lisant – Jaillissant. n 11. Chimiste (et X), ilfut un grand maître des équilibres. n 12. La plus bellerobe du monde pour Malraux. n 13. Première –Carnation pour les Anglais : un joli nom, n’est-il pas ?

BridgeM. D. Indjoudjian (41)

Énoncés1) S joue 4ª sur l’entamedu u R. Quelle est lameilleure ligne de jeu de S,les adversaires ayant passé?

2 )

Après ces enchères,

O entame du ªA sur lequel E fournit le ª9. O poursuitdu ªR et du ª4 pris par la ªD d’E que coupe S. Ce der-nier joue la «D prise par le «R d’O qui encaisse alors son«A et rejoue le «4, E fournissant un ª et un u sur les deu-xième et troisième tours d’atout.a. Quelles cartes de sa main et du mort le déclarant doit-iljouer à la levée suivante ?b. S peut-il à coup sûr faire (8) levées ?

RécréationsscientifiquesM. D. Indjoudjian (41)

Énoncés1) Dans un certain pays, un mathématicien sur sept estphilosophe et un philosophe sur onze est mathématicien.Les mathématiciens y sont-ils plus ou moins nombreuxque les philosophes ?

Mots croisésGeorges Jaskulké (55)

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

Solutions dans le prochain numéro

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Solutions page 59

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2) Pour tenter de classer les tétraèdres en divers types,adoptons les définitions suivantes. Un tétraèdre sera dit :A – isocèle si toute arête est égale à l’arête opposée ;B – équifacial si les faces sont des triangles égaux ;C – isopérimétrique si les faces ont le même périmètre ;D – isofacial si les faces ont la même aire.On pourrait croire que ces quatre types sont distincts. Ehbien! montrez qu’en fait ils ne le sont pas : si un tétraèdreappartient à l’un de ces types, il appartient aussi auxtrois autres.

Allons au théâtrePhilippe Oblin (46)

I L NE FAUT pas médire du vaudeville, même désuet.Cet été, le Festival d’Anjou nous en a présenté deux :La Poudre aux yeux (1861) de Labiche, Le Sexe faible

(1929) de Bourdet. Et se joue en ce moment à Paris, àl’Artistic-Athévains, en principe toute la saison L’Habitvert (1912) de G. de Caillavet et R. de Flers.

Ce serait une erreur de croire que la peinture desmœurs bourgeoises du Second Empire n’intéresse plusque les historiens. L’immuable succès des pièces de Labicheprouve le contraire. La Poudre aux yeux raconte les mésa-ventures de deux couples de bourgeois à peine aisés maisdonnant dans l’esbroufe afin de marier richement leursenfants. Sans doute, disposer d’une loge aux Italiens n’estplus un signe extérieur de richesse ; sans doute, les parentsn’interviennent-ils plus guère dans le mariage de leursenfants, à supposer qu’ils se marient ; sans doute n’est-ilplus possible à un médecin sans clientèle de vivre presqueconvenablement, grâce à ses rentes.

Et puis après ? Malgré la mouvante nouveauté deschoses, les comportements humains ne changent pas et l’in-clination à “péter plus haut que son cul”, portée à la scène,demeure un moyen sûr de faire rire. Le Bourgeois gentilhommes’achève en bouffonnerie. Pas La Poudre aux yeux, grâce àl’intervention d’un oncle Robert, marchand de bois defruste apparence, qui remet pourtant les yeux de chacunderrière leurs trous. Parfois n’en fait-on d’ailleurs qu’unemanière de deus ex machina un peu falot, ne servant qu’àterminer la pièce. Ce n’était pas le cas au Festival d’Anjou.Je déplore la fréquente habitude de ne point donner ladistribution aux spectateurs. Elle me prive de vous faireconnaître le nom de ce comédien sachant admirablementécouter. Du grand art : si l’auteur impose ce que l’acteurdoit dire, il le laisse libre de ce qu’il tait.

Faute d’avoir revu Le Sexe faible depuis des décennies,je n’en gardais que le souvenir, incertain et global, d’ungrand plaisir de l’esprit. Je l’ai retrouvé, intact, malgré unemise en route un peu laborieuse. On peine à se retrouvedans la composition de cette famille effervescente. Les

décors, très fidèlement 1930, laissaient planer la crainted’une action un tantinet vieillotte, dans le cadre disparudes années folles : palace Art déco avec maître d’hôtel enhabit, hommes oisifs et entretenus par des femmes richis-simes et impétueuses, issues des deux Amériques.

Mais pas du tout. La cocasserie des situations, le briodu texte, la qualité des comédiens emportèrent mes fugi-tives appréhensions : Rosy Varte en mère de famille sou-cieuse d’assurer une large aisance oisive à ses fils, MichelineDax en vieille comtesse peinturlurée, prête à payer fas-tueusement ses plaisirs nocturnes, Philippe Clay dans lerôle d’Antoine, le maître d’hôtel qui ne s’est pas assis depuisvingt-deux ans, confident de tous, entremetteur ingénieuxcapable de dénouer les pires situations et coupant courtaux remerciements par de dédaigneux Ce n’est rien, Madame.

Les amateurs de vaudevilles, même historiques si j’osedire, se réjouiront aussi de L’Habit vert, monté à l’Artistic-Athévains. On ne s’ennuie jamais, et l’on rit toujours debon cœur à voir et écouter du Caillavet et de Flers. Surtoutquand ils sont bien joués, ce qui est le cas pour l’ineffableAndréa Retz-Rouyet en duchesse franco-américaine quis’embrouille entre français et anglais chaque fois qu’elletombe amoureuse – situation fréquente – et pour PhilippeLebas en Hubert de Latour-Latour, élu à l’Académie fran-çaise en raison de sa rassurante nullité d’homme du monde,mais qui n’en prononce pas moins un noble discours deréception. J’ai bien aimé aussi Claude Guedj en duc deMaulévrier, académicien fortuné et cocu, séchant lesséances du dictionnaire et pour qui tout s’est arrêté enFrance à l’abdication de Charles X. Les autres guigno-laient peut-être un peu trop. M’est avis que les person-nages distingués et creux de Caillavet et Robert de Flerssont tout autres que les marionnettes ahuries de tribula-tions chères à Feydeau.

C’est égal, si vous aimez vous divertir des ridicules aca-démiques et républicains au temps de la naissante Troisième,allez voir L’Habit vert. Malgré ses petits défauts d’interpré-tation, il ne faut pas laisser passer cette reprise. n

La Poudre aux yeux, Le Sexe faible, au Festival d’Anjou 1999.L’Habit vert, dans une mise en scène d’Anne-Marie Lazarini, à l’Artistic-Athévains, 45 bis, rue Richard Lenoir, 75011 Paris. Tél. : 01.43.56.38.32.

OenologieLaurens Delpech

Château Angélus : le carillon du renouveau

L ONGTEMPS, le Château Angélus a été le seul endroitoù l’on pouvait entendre le carillon de l’angélussonné par les trois églises situées au sud de Saint-Émi-

lion : Mazerat, Saint-Martin-de-Mazerat et Saint-Émilion.Puis, peu à peu, les églises se sont tues, mais l’Angélus est

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE56

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Page 59: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

toujours là. C’est même devenu un des meilleurs vins deSaint-Émilion : il a accédé en 1996 au rang de premiergrand cru classé. Le terroir est exceptionnel : 26 hectaresde vignes en amphithéâtre, exposées plein sud et très biendrainées, à un kilomètre à vol d’oiseau du clocher de l’églisede Saint-Émilion. La forme du terroir, son exposition per-mettent à Angélus de bénéficier de ce privilège des trèsgrands crus : la précocité. Les raisins mûrissent ici plusvite que dans les propriétés avoisinantes et ils sont prêts àêtre récoltés assez vite, ce qui permet de réduire l’aléa cli-matique, mais aussi et surtout de récolter des raisins par-faitement mûrs, matière première indispensable pour faireun grand vin, dont le degré alcoolique naturel rend la chap-talisation inutile… L’âge moyen des vignes est d’environtrente ans. Il y a 50% de merlot, 45% de cabernet franc et5% de cabernet sauvignon. La vigne est conduite de façonà obtenir des petits rendements, la culture est tradition-nelle avec labours (sans utilisation de désherbants), effeuillageun mois avant les vendanges, tri à la vigne lors des ven-danges, puis sur table à l’entrée du chai… La fermentationen cuve inox dure une semaine, suivie de trois semaines demacération. Le vin est élevé en barriques de chêne (dont60 à 100 % de neuves) pendant dix à dix-huit mois. C’estégalement en barriques, comme en Bourgogne, qu’a lieula fermentation malolactique. Celle-ci achevée, l’équiped’Angélus, assistée de Michel Rolland, le grand œnologuede la Rive Droite, déguste toutes les cuvées pour détermi-ner celles qui feront partie de l’Angélus et celles destinéesau Carillon de l’Angélus, le second vin de la propriété. Ilest produit chaque année environ 100 000 bouteilles degrand vin et 20 000 de deuxième vin.

Il fallait, pour animer l’amphithéâtre de l’Angélus, un met-teur en scène de génie : Hubert de Boüard assume ce rôleavec aisance et professionnalisme depuis plusieurs années.Habitué au succès, il a décidé de rester sur la scène del’Angélus, tout en se lançant un nouveau défi : reprendrele Château La Fleur-Saint-Georges, à Lalande-de-Pomerol,et y produire un des meilleurs vins du Libournais. Un paridéjà tenu avec la première cuvée produite… La Fleur-Saint-Georges s’étend sur 17 hectares d’un terroir exceptionnelde croupes graveleuses et d’argiles sableuses. Hubert deBoüard y applique les mêmes recettes qu’à Angélus : sélec-tion parcellaire rigoureuse, tris sévères, vinification soi-gnée et élevage attentif en barriques de chêne. La Fleur-Saint-Georges est un vin élégant, aux tannins soyeux, auxarômes subtils et élégants. Depuis 1998, les meilleurescuves sont sélectionnées pour être mises en bouteilles sousle nom de “ La Fleur de Boüard ”, un superbe lalande quiferait rougir bien des pomerols…

La Fleur de Boüard 1998

Belle couleur rubis profond avec des reflets violets.Nez de fruits noirs et d’épices avec des notes toastées. Unvin ample et velouté à la trame serrée, à la fois élégant etsensuel. Il est encore marqué par le bois car nous dégus-tons un échantillon prélevé sur fût : ce vin ne sera mis enbouteille que dans quelques mois.

Carillon de l’Angélus 1996

Robe sombre encore jeune. Le bouquet, naissant, estfin, élégant et fruité, avec une première note d’évolution(forte proportion de merlot dans l’assemblage). En bouche,il est équilibré, frais et gras, avec une bonne matière etbeaucoup de finesse. Belle longueur.

Château Angélus 1996

Couleur intense, pourpre sombre à reflets violines.Bouquet expressif et complexe avec des arômes de fruitsrouges mûrs, les senteurs grillées et brûlées du bois etquelques notes d’épices. En bouche, on trouve une belledensité et beaucoup de complexité. Les tannins sont ser-rés, droits. Très belle longueur.

Château Angélus 1995

À Bordeaux, après 1990, 1995 est le premier millé-sime où les raisins ont été cueillis dans un parfait état dematurité. Angélus 1995 est un vin très coloré, d’un noirpresque opaque. Au nez apparaissent des arômes de pru-neau confit, de violette, de tabac blond, d’épices… Enbouche, l’attaque est suave, il y a beaucoup de matièremais les tannins n’ont aucune rudesse, le vin est ample etsoyeux, bien rond. Très belle finale sur des notes de fruitsmûrs. Sensation générale d’équilibre et de finesse et d’unetrès belle concentration. Un très grand vin, agréable àdéguster, mais qui a son avenir devant lui.

Château Angélus 1993 (en magnum)

Sa couleur sombre se marque de premières nuancestuilées. Au nez, on sent des arômes de cuir (il y a 60% demerlot dans ce millésime d’Angélus) accompagnés denotes de cassis, de myrtille, de fruits confits. La boucheest ample, harmonieuse avec une finale persistante surdes notes de fumé et de cuir.

Château Angélus 1992

Robe grenat. Nez flatteur de fruits rouges, mais ausside réglisse et de tabac. Les notes de figues sèches vien-nent rappeler la belle maturité des raisins au moment dela vendange, cas exceptionnel en 1992, millésime diffi-cile à Bordeaux. La bouche est harmonieuse, élégante etse termine par une trame de tannins soyeux. Un vin quia commencé à atteindre son apogée et pourra s’apprécierpendant encore au moins dix ans. n

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Informations diversesOn me signale la création à Paris, par Grégoire Darmon,d’un service de stockage de vins dans d’excellentesconditions de conservation et de sécurité.Pour plus d’informations, appeler au 01.40.09.20.20.

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DiscographieJean Salmona (56)

Bach, toujoursElle est retrouvée !

Quoi ? l’éternité.C’est la mer mêlée

Au soleil.Une Saison en enfer, ARTHUR RIMBAUD

E T SI LE GOÛT, la passion, de la musique, n’étaienten définitive que le désir d’éternité ? D’abord, etau premier degré, la musique est le seul de tous

les arts qui puisse occuper entièrement l’espace d’un denos sens, donc nous envelopper tout entiers pour peuque nous parvenions à faire abstraction de nos autres sens,par exemple en l’écoutant immobile dans la pénombre,dans un décor neutre. Comme un morceau de musiquepeut se reproduire indéfiniment, rigoureusement iden-tique à lui-même, au gré de notre seule volonté, nouspouvons ainsi revivre la même tranche de temps aussisouvent que nous le désirons.

Mais plus profondément, au-delà de ce phénomèneprimaire, la musique est à même de nous permettre, pourpeu que nous le voulions, de nous évader pour un tempshors du monde palpable, et d’atteindre à des sphèresintemporelles qui dépassent, comme disait un généralconnu, chacune de nos pauvres vies. Mise à part la musique,seule la prière, peut-être, pour les croyants…

Bach – Références

… Pas toutes les musiques, bien sûr, mais certaine-ment celle de Bach. Et la musique de Bach transcende tel-lement notre vie de tous les jours que la qualité techniquedes enregistrements devient secondaire par rapport à l’in-terprétation, ou du moins à certaines interprétations qui,une fois appropriées par notre oreille, s’imposent à toutjamais comme des évidences.

Ainsi du Concerto pour deux violons par Menuhin etEnesco, enregistré en 1932 – Menuhin avait 16 ans – avecl’Orchestre Symphonique de Paris dirigé par PierreMonteux (1). Quelle magie rend ineffable ce largo, à lafois profondément humain et au-delà du monde visible ?Une de ces alchimies inexplicables, mais qui font que l’onest un peu plus heureux d’exister. Sur le même disque, enre-gistrés entre 1933 et 1936, les deux Concertos pour violonseul par Menuhin, qui joue également la chaconne de laPartita en ré mineur. Jamais plus, la maturité venue, niMenuhin ni personne d’autre ne joueront ces Concertosen nous donnant une pareille impression de génie fragile,comme Rimbaud.

Cette manière qu’avait Menuhin jeune de jouer clair,naturel, sans effets, sans chercher à séduire, comme en

contact médiumnique avec Bach, se retrouve encore pourune bonne part dans les Sonates pour violon et clavier enre-gistrées avec Louis Kentner au piano en 1951 (2). Le jeus’est affermi, a perdu sa fragilité séraphique, mais la magieest toujours présente. Dans le même ensemble, une autreversion de la Sonate n° 3 en mi majeur avec Wanda Landowskaau clavecin enregistrée en 1944, curieusement lyrique etcomplètement différente de l’autre. Si vous avez oubliéque les Sonates, qui datent de la période heureuse deCöthen, sont parmi les pièces les plus achevées de Bach,celles qui atteignent le plus à l’universalité, courez écou-ter Menuhin et Kentner et préparez-vous à de grandesjoies.

On retrouve Wanda Landowska dans un autre disquede la série Références, les Variations Goldberg, suivies duConcerto italien et de la Fantaisie chromatique et fugue (3).Ici, ce n’est pas la fragilité, mais l’assurance. Mais quelmétier du clavecin ! Grâce à la diversité des registres, ouà cause de cette diversité, les Variations perdent de leur abs-traction et deviennent presque symphoniques. Mais l’onplacera la version Landowska au tout premier rang, toutà côté de la version de Glenn Gould.

Enfin, un autre enregistrement de référence de Bach,celui du Clavier bien tempéré par Edwin Fischer (4). Pourles pianistes, c’est ici la source à laquelle ils reviennentsans cesse, qu’ils soient pianistes de jazz ou classiques. Etpour les amoureux de la musique en général, et les pas-sionnés de Bach en particulier, ces deux livres sont, avecL’Art de la fugue, la bible de la musique tonale. Bach a eu,comme disait Éluard, “ le grand souci de tout dire ”, et ila tout dit, si bien que tous, après lui, de Liszt à Bartok, joue-ront et rejoueront Le Clavier bien tempéré, non comme unexercice nécessaire, mais en tant que nourriture indis-pensable. Du coup, il y en a d’innombrables versions enre-gistrées, dont ressortent, parmi les relativement récentes,au piano, celles de Richter et de Gould. Mais celle deFischer ne peut être comparée à aucune autre : c’est l’abou-tissement de quarante années de pratique, et, pour beau-coup d’entre nous, la leçon de piano ultime. Enregistrésen 1933-1936, ces 48 préludes et fugues constituent unparcours initiatique dans la sérénité absolue, non désin-carné et austère comme chez Gould, mais humain, lumi-neux, d’où irradie une joie extatique. Un grand bonheur,ou plutôt le bonheur.

Chopin à l’X

Patrice Holiner, qui continue inlassablement à révélerà nombre d’élèves de l’X qu’ils sont non des amateursmais de véritables musiciens, a réuni une nouvelle foisquelques-uns d’entre eux dans un disque consacré àChopin (5), dont Jean Abboud (91), Matthieu Darracq-Paries (94), Pierre-Alain Miche de Malleray (97), dans desÉtudes, Valses, Nocturnes, la 2e Ballade. Tous jouent avecconviction mais trois d’entre eux émergent du lot : ÉtienneBrion (96), dans le 2e Scherzo, qui a une excellente tech-nique, Emmanuel Naim (97), avec un toucher très sensibledans deux Mazurkas et une Étude particulièrement bien

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choisies, et enfin Xavier Aymonod (96), qui joue deuxNocturnes et la 1re Ballade véritablement en professionnel.On ne rencontre pas de tels talents dans les autres grandesécoles, et ce n’est vraisemblablement pas par hasard. Pourla Patrie, les Sciences, la Gloire… et la Musique ?

(1) 1 CD EMI Références 5 67201 2.(2) 2 CD EMI Références 5 67203 2.(3) 1 CD EMI Références 5 67200 2.(4) 3 CD EMI Références 5 67214 2.(5) 1 CD MUSICALIX 9902 (disponible auprès de Patrice Holiner, à l’X).

1) S a (4) perdantes : (1)« et (3)¨ ; mais il ne doit pas enconclure que le succès de son contrat suppose le «R enO ou le ¨A en E. En effet, S doit laisser passer le uR. One peut retourner un ¨ sans donner le contrat. Qu’ilretourne donc un ª, un u ou un atout, S pourra défaus-ser un « sur le uA et, après avoir purgé les atouts, jouer,après le «A, la «D sur laquelle, si E ne la couvre pas du«R, il défaussera le ¨2. S perdra ainsi au plus, sauf dis-tribution adverse hautement improbable, le uR et ou bien(1)¨ et (1)« si le «R est en O, ou bien (2)¨ si le «R esten E.En faisant son plan de jeu – et celui-là – avant d’appelerla première carte du mort, S a fait passer la probabilité desuccès de 74% à quasiment 100 %. Les mains adversesétaient

2) a. S doit jouer le ¨2 et faire l’impasse au ¨R. En effet,S a déjà décompté 14h en O et ce dernier, ouvreur d’1SA,ne saurait donc posséder à la fois le ¨R et la uD ; mais ila très probablement une etune seule de ces deuxcartes, car avec une desdeux mains suivantes iln’aurait probablement pasouvert d’1SA.C’est pourquoi, si l’impasse au ¨R réussit, le contrat de2« est fait ; tandis que si elle rate, l’impasse à u sera ten-tée sur E (u5 vers AV) et a toute chance de réussir.b. S fera donc (8) ou (9) levées, sauf dans le cas impro-bable où O aurait l’une des deux mains indiquées en a.

1) Soit m le nombre des mathématiciens, p celui desphilosophes et n celui des personnes qui sont à la foismathématiciens et philosophes. Alors m = 7n et p = 11n,donc le nombre m des mathématiciens est inférieur à celuip des philosophes (et p = 11 m).

7

2) 1. Montrons que Aimplique B. Il est clair, eneffet, que a = l, b = m, c = nentraîne l’égalité des trianglesDBC, DCA, DAB, ABC, cha-cun ayant pour côtés a, b, c.

2. Montrons que C impliqueA et donc aussi B. En effet, 2p désignant la sommea+b+c, on a les égalités a+m+n= l+b+n= l+m+c=2p,donc m +n =2p - a, etc., d’où 2(l +m +n) = 3.2p -2p = 4p,c’est-à-dire l +m + n= 2p, l =2p - (2p - a) = a et, de même,m =b, n = c.

3. Pour montrer que D implique B, démontrons d’abordle lemme suivant : si deux faces issues de l’arête AB ontmême aire, la perpendiculaire commune à AB et à l’arêteopposée CD aboutit sur cette dernière en son milieu J.Soit I le projeté orthogonal sur AB de J et C’, D’ les pro-jetés orthogonaux, également sur AB, de C et D. Soit u levecteur unitaire de AB. Alors les produits scalaires JC.u etJD.u ont une somme nulle, soit IC’ + ID’ = 0 ; mais CC’ =DD’ puisque les triangles ABC et ABD ont même aire,donc les triangles rectangles CC’I et DD’I sont égaux. C’estdire que CI = DI. I étant ainsi dans le plan médiateur deCD, la droite IJ est perpendiculaire à CD en son milieu J.Le lemme est démontré.De ce lemme résulte que si les deux faces issues de AB ontmême aire et si les deux faces issues de CD ont elles aussimême aire, la droite IJ joignant les milieux de ces deuxarêtes opposées est aussi leur perpendiculaire communeet c’est un axe de symétrie du tétraèdre, de telle sorte queles faces ABC et ABD sont égales, mais aussi CDA et CDB.Le même raisonnement appliqué aux deux faces de mêmeaire issues de AC et aux deux faces de même aire issuesde BD montre bien que les quatre faces sont égales.C.q.f.d.

4. Enfin d’une part il est évident que B implique C et D ;d’autre part nous allons voir que B implique A. En effetles triangles BCD et ACD d’un tétraèdre équifacial ayantl’arête CD en commun, ou bien AC = BD et AD = BC, oubien AC = BC et AD = BD.Dans le premier cas, les trois couples d’arêtes opposées secomposent chacun de deux arêtes égales (mais en géné-ral les trois longueurs diffèrent). Alors que, dans le secondcas, les faces BAC et BAD sont des triangles isocèles etl’égalité de ces triangles entraîne AC = AD et BD = BC ;donc quatre arêtes au moins sont égales, les quatre facessont des triangles isocèles et, puisque les triangles ACB etACD sont égaux, AB = CD.Dans les deux cas le tétraèdre est bien isocèle.

gg g

Ainsi a-t-on bien établi que chacune des propriétés A, B,C, D implique les trois autres. C’est l’assertion de l’énoncé.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 59

Solutions du bridge

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Solutions des récréations scientifiques

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Bulletin n° 22 de la SABIXSociété des amis de la bibliothèquede l’École polytechnique

Cette livraison a un caractère spécial : elle est consa-crée à la bibliothèque de l’École elle-même.

Pour des raisons diverses, beaucoup d’anciens élèvesconnaissent mal la Bibliothèque. Ses 300 000 volumes etses 2 500 périodiques bénéficient à Palaiseau d’installa-tions modernes réparties sur 6 000 m2 et comportant15 000 m de rayonnage.

Le premier article présente une histoire drolatique desarchives. Il rappelle in fine que, depuis 1990, la politiqued’acquisition de fonds particuliers d’archives a étéintensifiée.

D’autres articles sont consacrés à l’importance crois-sante de l’informatique à la bibliothèque centrale de l’Écoleet à la préparation d’une “ virtualisation ” des collections ;à l’acquisition de documents non scientifiques ; à la conser-vation et à la mise en valeur du patrimoine de l’École ; auxexpositions organisées à l’École.

Madeleine de Fuentes, conservateur en chef de laBibliothèque, fait le point des efforts de modernisationsuccessifs. Elle met aussi en évidence les problèmesmajeurs qui se posent aujourd’hui : celui des locaux, celuidu budget.

L’importance de ce dernier problème est soulignéepar une dernière chronique sur la nécessité de disposerà l’École d’une puissante bibliothèque scientifique.

Ceux des lecteurs de la présente recension qui n’ontpas encore adhéré à la SABIX seront plus conscients desrichesses de la Bibliothèque. Je les engage à prendrecontact avec la SABIX*. Mme de Fuentes, secrétaire géné-rale, ou la secrétaire de l’Association leur précisera cequ’ils peuvent attendre d’une adhésion, au-delà du servicedu Bulletin.

M. D. INDJOUDJIAN (41)

* Tél. : 01.69.33.40.42.

Les nouveaux marchandsdu NetLes clés du commerce électronique

Philipp Gerbert, Philippe Kaas (71)et Dirk SchneiderParis – Éditions Générales First – 2000(Pour l’édition française)

L’Internet trace aujourd’hui une nouvelle frontièretechnologique et culturelle ; une frontière qui ne sépareplus les petites et les grandes entreprises mais les lenteset les rapides.

L’intelligence technologique, associée à un marketingexceptionnel, permet désormais aux entreprises et auxconsommateurs de tisser des relations d’un type entière-ment nouveau.

L’objectif de cet ouvrage est de faire la synthèse desconnaissances en matière d’e-shopping, de les analyseret de les développer afin de permettre au lecteur deprendre, le moment venu, les bonnes décisions.

Il s’adresse aux jeunes entrepreneurs qui ont comprisqu’une nouvelle fenêtre de tir venait de s’ouvrir et quetout devenait possible ; aux fabricants et distributeurs quise croient prisonniers des systèmes de distribution tradi-tionnels et sont mûrs pour le saut créatif ; et aux consom-mateurs dont la position n’a jamais été aussi forte.

J. R.

L’échange internationalFrançois Benaroya (89) et Jean-Pierre LandauParis – P.U.F. Collection Que sais-je ? – 1999

La mondialisation suscite de nombreuses craintes –peur des délocalisations, du nivellement par le bas dessalaires avec les pays émergents, de la concurrence avecdes nations plus avancées dans certains secteurs techno-logiques, d’une vision “ trop libérale ” des échanges quine ferait que peu de cas du bien-être des individus. Lathéorie économique montre que ces craintes sont loind’être toujours justifiées. Mais elle est souvent présentéede façon excessivement technique ou univoque, ce quipeut entretenir le doute quant au bien-fondé de l’ouver-ture économique.

Cet ouvrage vise à exposer de façon simple les ensei-gnements des théories de l’échange international, maisaussi leurs limites, afin de saisir les conséquences du déve-loppement des échanges sur notre société, ainsi que lescaractéristiques des négociations commerciales interna-tionales.

J. R.

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE60

Les livres

La publication d’une recension n’impliqueen aucune façon que La Jaune et la Rougesoit d’accord avec les idées développéesdans l’ouvrage en cause ni avec celles del’auteur de la recension.

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V I E D E L ’ É C O L E

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE62

U N GROUPE d’élèves de la promo98 a décidé, à son arrivée àPalaiseau à l’automne 99, de

créer le Binet Handisport, appelé BHS,en vue de rencontrer les handicapés.

Son activité principale consiste àorganiser au printemps prochain deuxjournées X-Handisport au sein del’École polytechnique. Celles-ci serontaccompagnées d’une conférence surle thème : “ Handicap, vie en entre-prise et vie sportive ”, avec l’inter-vention de spécialistes sportifs, médi-caux et de directeurs d’entreprises.

Au travers d’événements sportifs,de tournois ou de présentations de leursactivités et dans un climat d’amitié,les handicapés rencontreront, l’espacede deux journées, les élèves et cadresde l’École et des entreprises associéesau BHS.

Les athlètes des Clubs Handisportinvités, dans des disciplines aussivariées que le tennis, le basket, le tirà l’arc, le tennis de table et l’escrime,démontreront que les handicapés ontune place entière dans le sport dehaut niveau et, comme les autres,dans le monde d’aujourd’hui et dedemain.

Le trophée X-Handisport sedéroulera :• le 14 mai 2000 pour les épreuvesde tennis de table, de tirc à l’arc etd’escrime,• le 10 juin 2000 pour les matchsde basket et de tennis.

En participant nombreux à cesrencontres conviviales les X de toutespromotions démontreront que l’in-différence n’est pas de mise sur leplateau et dans la communautépolytechnicienne.

Le président du BHS est :Vincent FÉRAT (98),

que l’on peut joindre au :01.69.33.50.40et sur son mél :

[email protected]

N’hésitez pas à prendre contactavec lui.

Le BHS dispose d’un mél :[email protected]

et d’un site Internet :www.polytechnique.fr/

eleves/binets/handisport/

Trophée X-Handisportles 14 mai et 10 juinà Palaiseau

La Kes X 98Axel DROIN,kessier mili.

Séverine JEULIN,kessière enseignement.

Jean-Noël MAHIEU,kessier enseignement.

Kinapara COULIBALY,kessier international.

Marine HERRMANN,info kessière.

Catherine RÉMY,kessière relations extérieures.

Michaël COUDYSER,kessier relations extérieures.

Chloé LENOIR,specto kessière.

Vincent GRAVIER,specto kessier.

Bruno CAPPE DE BAILLON,kessier binets.

Hervé LETOURNEUR,kessier SIE

(structures, infrastructures, entretien).

Nicolas CASOETTO,tréso kessier.

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 65

V I E D E L ’ A S S O C I A T I O N

Colloque international organisépar les associations d’anciens élèvesde l’ENA, d’HEC et de Polytechnique

15 et 16 juin 2000Grand amphithéâtre de la Sorbonne

L’Europe des responsables :quelles formations pour quelles décisions ?

LA FRANCE s’apprête à exercer la présidence de l’Union au moment où la construc-tion européenne apparaît comme l’une des principales chances du XXIe sièclemais aussi comme un défi ambitieux pour les pays qui la composent.

Ce défi concerne au premier chef les futurs et jeunes responsables : ceux qui par-ticiperont, directement ou indirectement, à la construction de l’Europe, tant dansle domaine politique ou administratif que dans le domaine économique ou social.Les associations d’anciens élèves de grandes écoles, par le regroupement de res-ponsables qu’elles constituent et par le lien naturel qu’elles entretiennent avec lesfuturs cadres que sont les étudiants en scolarité, sont particulièrement bien pla-cées pour les aider à relever le défi.C’est dans cet esprit que, pour la première fois, les associations d’anciens élèvesde l’ENA, de Polytechnique et d’HEC, représentant des secteurs différents, ontdécidé d’organiser ensemble un colloque pour réfléchir à ces questions et tracerdes pistes de solutions.Le problème est européen et se pose dans un contexte de mondialisation. C’estpourquoi les associations ont voulu que ce colloque soit international.Pour vivre l’Europe comme une chance, il faut dépasser la vision que l’on en a entant que source de contraintes nouvelles, pour discerner en quoi elle peut êtresource d’efficacité économique et de progrès social.

Retenez ces dates sur votre agenda.

MAISON DES POLYTECHNICIENS

Assemblée générale ordinaire du mardi 30 mai 2000

Tous les actionnaires sont convoqués en Assemblée générale ordinaire le mardi 30 mai 2000à 19 heures, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

Les documents qui doivent être communiqués à cette Assemblée ainsi que les textes des résolutions quiseront proposées seront tenus, dans les délais légaux, à la disposition des actionnaires au siège social.

Le Conseil d’administration

À SAVOIR

Le dernier Business Week publieun palmarès des dirigeantsqui ont marqué l’année 1999.

• Top 25 managers :18 Américains,3 Japonais,2 Français,1 Anglais,1 Sud-Coréen.Les deux Français sontBernard ARNAULT (69) etThierry DESMAREST (64).

Parmi les 25 “Managersto watch ”, deux Français :Carlos GHOSN (74)et Jean-Marie MESSIER (76).

Les quatre Français cités sonttous des anciens !Il faut faire connaître en Francecette image de réussiteindustrielle reconnue pardes médias étrangers qui n’onthabituellement aucuneindulgence pour les Français.

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SABIX

L A SABIX, c’est la Société des amis de la bibliothèque de l’École polytechnique. Elle a été créée pour appuyer et développerl’activité de cette bibliothèque, constituée dès les débuts de notre École, puis enrichie par des apports et dons successifs ;ainsi occupe-t-elle aujourd’hui une place exceptionnelle pour tous les chercheurs, mais aussi simples lecteurs intéressés

par l’histoire des sciences et de l’enseignement supérieur, et particulièrement l’évolution de notre École.

Étroitement liée à l’École, mais aussi soutenue par l’A.X. et la Fondation de l’École polytechnique, la Sabix développe depuis sacréation (1986) plusieurs types d’activités liées à sa vocation principale.• Enrichissement et restauration des fonds anciens de la Bibliothèque, achat de documents, et recherche de donations en parti-culier auprès de nos camarades. Des fonds importants, comme ceux reçus de Leprince-Ringuet, Danzin, ou relatifs aux travauxde Sauvy sont ainsi entrés à la bibliothèque, pour y connaître une vie et une exploitation bénéfiques.• Soutien à des opérations relatives à l’histoire des sciences ou à celle de l’École : expositions, journées de travail, publications,voyages. C’est ainsi que, en juin 2000, la Sabix organise une journée d’études sur les archives d’entreprise et qu’elle aura organiséfin mars 1999 un voyage auprès des bibliothèques de Florence. Nos camarades pourront se souvenir du rôle très actif que la Sabixa joué pour les manifestations du Bicentenaire en 1994.• Édition de trois Bulletins par an. Tous les adhérents qui nous rejoignent à la suite de cet appel recevront le numéro spécial,n° 22, consacré précisément à la bibliothèque de l’École, et pourront choisir, à titre de cadeau d’accueil, un des numéros précé-dents : à vous de choisir entre une meilleure connaissance des activités d’Arago ou Freycinet, de l’enseignement de l’architectureà l’École ou de sa collection d’instruments scientifiques. Une liste précise et documentée des sommaires de ces numéros vous seraadressée sur simple demande auprès de la Sabix.

L’activité de la Sabix est orientée par un Conseil d’administration, que j’ai l’honneur de présider à la suite d’Emmanuel Grison etde Maurice Bernard. Ce conseil a fixé la politique de la société, résumée par ce bref avis, et les conditions d’adhésion, préciséesci-dessous. Il espère évidemment que de nombreux polytechniciens viendront le rejoindre.

Christian MARBACH (56)

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE66

BULLETIN D’ADHÉSION ET ABONNEMENT POUR L’AN 2000

NOM : ................................................................................................................................................................................

Prénom : ............................................................................................................................................................................

Titre : ..................................................................................................................................................................................

(X, professeur, chercheur, autre...)

Adresse personnelle : ..........................................................................................................................................................

............................................................................................................................................................................................

............................................................................................................................................................................................

Téléphone :.................................................. Télécopie : ..................................................Mél : ..................................................

TARIFS ADHÉRENTSMembre actif Membre bienfaiteurr Cotisation : 100 F r Cotisation : 400 Fr Abonnement aux Bulletins : 100 F r Abonnement aux Bulletins : 100 Fr Total : 200 F r Total : 500 FUn reçu fiscal sera adressé sur demande

TARIF ABONNEMENT AUX BULLETINS (pour collectivités et bibliothèques)r Abonnement seul : 200 F

Mettre une croix dans les cases correspondantesCi-joint chèque de .................. F, libellé à l’ordre de “Société des amis de la Bibliothèque de l’École polytechnique ”Signature :

Bulletin à retourner au Secrétariat de la Société des amis de la Bibliothèque de PolytechniqueÉcole polytechnique – Bibliothèque – 91128 Palaiseau.

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 67

Un virage à prendre dans votre carrière ?

l’A.X. peut vous aider !

Un bureau à votre disposition à l’A.X.,

5, rue Descartes, 75005 Paris,

téléphone, prise de messages,photocopieuse, télécopie, Minitel, Internet,

documentation, presse économique...

Référez-vous à l’encadré qui rappelle l’ensemble des appuis proposés, page 68.

Page 70: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

GROUPES X

X–ENVIRONNEMENT

La réduction continue au niveau mondial dela surface forestière, qui couvre actuellementenviron 27% des terres émergées de la planète,suscite de graves préoccupations pour l’ave-nir de l’équilibre de la biosphère. D’une matière très générale, on assiste à uneréduction significative du patrimoine fores-tier des pays dits en développement dont laplupart sont entièrement ou en grande par-tie situés dans la zone intertropicale, alorsque les forêts des pays dits industrialiséssont stables ou croissent en étendue sinonen qualité.

Ces évolutions contrastées ont des consé-quences économiques et sociales aux niveauxlocal et national dans chaque pays, mais doi-vent aussi s’analyser au regard des deux pré-occupations environnementales majeures auniveau mondial que sont le réchauffement del’atmosphère et la conservation de la diver-sité biologique.Bien que l’on soit loin de connaître toutes lesespèces animales et végétales de la planète,on s’accorde pour considérer que les écosys-tèmes forestiers tropicaux – notamment ceuxdes tropiques humides – en contiennent beau-coup plus de la moitié et que leur réductionet leur fragmentation, quand ce n’est pas leurdisparition et celles des espèces qui leur sontpropres, apparaissent comme la menace laplus grave qui pèse sur le patrimoine naturelde l’humanité.

Par ailleurs, la déforestation et la dégradationdes forêts contribuent de façon significative(de l’ordre de 20 %) à l’augmentation de lateneur en gaz carbonique de l’atmosphère,donc au changement climatique induit quidevrait entraîner notamment des déplace-ments et des modifications de superficie desgrands types de végétation forestière.La diversité des formations ou écosystèmesforestiers de par le monde est considérable.Les écosystèmes forestiers évoluent à diffé-rentes échelles spatiales et temporelles sousles effets combinés ou non des conséquencesde leur propre fonctionnement, des modificationsde climat et des interventions humaines.Les causes, les formes et les vitesses d’évolu-tion de ce patrimoine mondial que constituel’ensemble des forêts du monde varient consi-dérablement en fonction non seulement desconditions physiques et climatiques, maisaussi du contexte économique, social et cul-turel.Mais, on a trop souvent une vision simplifi-catrice, qui conduit à préconiser des mesuresde protection inadaptées.Pour mieux comprendre cette question com-plexe, nous vous invitons à participer à laréunion-débat :

Enjeux de l’évolutiondu patrimoine forestier mondial,

mercredi 26 avril de 18 h à 20 hà la Maison des X.

Les débats, animés par Francis Cailliez (60),chef du département forêts et milieux natu-rels de l’INRA et ancien directeur du Centretechnique forestier tropical, seront introduitspar trois exposés :• Jean-Paul Lanly (57), président de la sec-tion forêt-bois-nature du conseil général du GREFet ancien directeur de la division des res-sources forestières de la FAO, présentera, àgrands traits, l’évolution actuelle du patri-moine forestier mondial, ses causes diverseset les facteurs en jeu ;• Malcom Hadley, de la division des sciencesécologiques de l’UNESCO, traitera des inci-dences écologiques de cette évolution, notam-ment sur la diversité biologique ;• Olivier Laroussinie (83), directeur du GIPÉcosystèmes forestiers (ECOFOR), présen-tera les différents aspects de l’interaction entreforêts et gestion forestière d’une part et effetde serre de l’autre.

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Nous vous rappelons l’organisation, signaléedans le numéro de février, d’une réunion-débat sur le thème :

Molécules toxiquesdans les écosystèmes aquatiques,

mercredi 29 mars de 18 h à 20 hà la Maison des X.

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Pour être informé en temps utile sur lesactivités du groupe, consultez notre site

Internet :http://www.x-environnement.org

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE68

EMPLOI : LES ACTIONS DE L’A.X.

Vous recherchez un emploi salarié :LA MISSION EMPLOI

Richard LAURENT (54), animateur de la Mission Emploi, A.X., 5, rue Descartes,reçoit et conseille (renseignements sur les cabinets de recrutement ou d’outplace-ment...) les camarades qui souhaitent donner une nouvelle orientation à leur carrièreou qui veulent se préparer à anticiper ce changement. Pour les aider dans leurréflexion et élargir le champ de celle-ci, il peut les diriger vers le réseau des 70 Xoccupant des postes de haute responsabilité, prêts à les recevoir.

D’autre part les camarades peuvent :• accéder à des offres d’emploi recueillies par l’A.X., publiées bimensuellement etconsultables en temps réel par Minitel ;• faire publier gratuitement leur demande d’emploi dans La Jaune et la Rouge ;• participer à des séminaires de formation spécialisée (management, consulting,gestion de projet...) ou axés sur la recherche d’une nouvelle activité ;• utiliser un bureau, 5, rue Descartes, 75005 Paris, où l’on peut trouver toute l’aidematérielle souhaitable : documentation, presse économique, ordinateur, téléphone,fax, photocopieuse, Minitel, Internet... ;• bénéficier, après une première phase de recherche infructueuse, d’un appui ren-forcé (audit du projet professionnel, des méthodes...) auprès d’un Conseil enmobilité professionnelle.

Vous vous orientez vers une situation d’entrepreneurou de consultant :

XMP-ENTREPRENEUR

Vous pouvez bénéficier de l’expérience de nombreux camarades et d’un réseaurelationnel pour : • créer une entreprise, dans tous les secteurs d’activités, en particulier sur Internet ;• passer à un statut de consultant ;• reprendre une entreprise ;• échanger des idées sur ces métiers ;• contribuer au développement de l’esprit d’entreprise chez les camarades etnotamment chez les élèves de l’École.

Page 71: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

X-LÉMAN

La réunion de printemps aura lieu à Annecyle dimanche 19 mars. Au programme de cettejournée, le matin, visite guidée de la vieilleville et du château, puis déjeuner dans un res-taurant au bord du lac, à Sévrier. Après ledéjeuner, exposé sur les importants travauxeffectués pour assainir les eaux du lac.

X-DÉFENSE

Prochaine réunion du groupe X-Défense lemardi 28 mars, à 18 heures, au CEA (salle A),31-33, rue de la Fédération, 75015 Paris.Réunion-débat sur la cryptographie avec laparticipation de :• Michel FERRIER (62), directeur scientifiqueau Secrétariat général de la Défense nationale :aspects législatifs, enjeux stratégiques et poli-tiques, fonctions des différents organismes(passés, présents ou futurs).• Bernard BEAUZAMY (68), P.-D.G. de laSociété de Calcul Mathématique SA : mytheset réalités de la cryptographie.

X-CQFD

Communiqué

Un groupe X vient d’être créé, avec pourobjet d’appliquer “Le discours de la Méthodepour bien conduire sa Raison et chercherla Vérité dans les Sciences ” (Descartes1637) à la Recherche scientifique person-nelle libre.

Les camarades qui seraient intéressés par cettenouvelle piste de recherche, qui n’a pas étéexplorée en 1881 (Expérience de Michelsonet Morley), sont invités à se mettre en rap-port avec Montaigne (35), président fonda-teur de ce groupe X-CQFD (Cercle Quadri-dimensionnel Fontenelle Descartes).

X-MUSIQUE

Les prochaines réunions sont fixées auxdimanches 26 mars et 21 mai, à partir de15 heures, chez J.-F. GUILBERT (66).

Jean-François GUILBERT jouera le Concerto pourpiano n° 12 en la majeur (K. 414) de Mozartavec l’orchestre ENA-Musique, les : •dimanche 19 mars à 17 heures 30, auConservatoire Gabriel Fauré, 12, rue dePontoise, 75005 Paris ;• jeudi 23 mars à 21 heures, à la CitéInternationale des Arts, 18, rue de l’Hôtel deVille, 75004 Paris.Le programme comprendra aussi des œuvresde Tchaïkovski (4 pièces de l’Album pourles enfants), Richard Strauss (suite de mélo-dies tirée du Chevalier à la Rose) et Wagner(extraits orchestraux de Lohengrin etTannhäuser).

N. B. Pensez à consulter le site Web X-Musique(voir encadré) !

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 69

LE GROUPE X-MUSIQUE A MAINTENANTUN SITE SUR INTERNET !

Ouvert depuis le 17 janvier 2000, le site Web X-Musique s’adresse nonseulement aux membres du groupe, mais aussi à tous les camaradesqui s’intéressent à la musique.

Il comprend :

• des pages dont l’accès est réservé aux membres d’X-Musique, prin-cipalement consacrées à la vie du groupe ;• des rubriques en accès libre, donnant notamment en dehors d’uneprésentation du groupe X-Musique (avec la possibilité de s’inscrire enligne !) des biographies d’X musiciens d’hier ou d’aujourd’hui (com-positeurs, interprètes...), des liens vers des sites Internet utiles dansle domaine de la musique, la collection des rubriques “discographie ”de notre camarade Jean Salmona parues dans La Jaune et la Rouge...

Adresse Internet : http://xmusique.free.fr

COTISATION 2000Retardataires,

pensez à la régler au plus vite.Chèques à l’ordre de Amicale A.X.

Merci d’inscrire votre promotion au dos du chèque.CCP 2139 F - Paris.

Le prélèvement automatique, fait chaque année fin février, simplifie votrevie et celle de l’A.X. : formulaire envoyé sur votre demande, à retourner à l’A.X.avant le 31 janvier 2001 pour la cotisation 2001.

Montant de la cotisation 2000(dont abonnement à La Jaune et la Rouge)

• Promos 89 et antérieures : 600 F (dont 210)2e membre d’un couple d’X : 195 F (sans abonnement)

• Promos 90 à 93 : 450 F (dont 160)2e membre d’un couple d’X : 145 F (sans abonnement)

• Promos 94 à 96 : 300 F (dont 105)2e membre d’un couple d’X : 100 F (sans abonnement)

Nous pourrons établir systématiquement un reçu fiscal pour les cotisations 2000.Cette annonce ne concerne pas les membres P et F (membres à vie) : ils fontdes dons mais ne paient pas de cotisation.

Page 72: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

X-RÉSISTANCE

Communiqué

1. L’année 1999 a été marquée par l’impactpositif des deux événements que l’Associationavait décidé de mener lors de la résurgencedu groupe X-Résistance en 1997 :• les journées d’études historiques de mars1999,• l’exposition “Des polytechniciens dans laRésistance ”.Cet impact doit se prolonger cette année.L’exposition, qui a été présentée en 1999 àl’École à Palaiseau, à l’Assemblée nationale,puis au Centre Jean Moulin de Bordeaux,doit être inaugurée le 5 avril 2000 au Centred’histoire de la Résistance et de la Déportationà Lyon ; une importante participation d’Xest espérée dans ses locaux, où la Gestapoa succédé en 1943 aux élèves des promo-tions 1939 et 1940.

Après Lyon, c’est à Besançon, puis, à partirdu 20 juin, à Paris, dans la mairie du XIIIe

arrondissement, qu’elle sera visible.

On rappelle ici, en réitérant l’insertion dubulletin de souscription qui figurait dans lenuméro de février, l’intérêt de la brochurereprésentant les panneaux de cette exposi-tion, qui avait conduit le Président de l’A.X.à manifester son appui à X-Résistance.

2. D’autre part, un ouvrage historique dérivédes journées d’études se prépare ; il seraédité et vendu par les Éditions Fayard. LaJaune et la Rouge proposera des moyens d’ysouscrire.

3. La conférence de Madame C. d’Abzac-Epézy sur les armées de Vichy ainsi que ledébat qui l’a suivie font l’objet des comptesrendus voisins.

4. La prochaine réunion ouverte à tous les Xintéressés aura lieu le 27 mars 2000 à laMaison des X (12, rue de Poitiers, 75007Paris). Elle sera centrée sur Toulon, donc surla Marine pendant la guerre, avec un exposéd’Henri Lafaurie (38) qui dévoilera des actionsclandestines qui ont préparé la libération deToulon par les Alliés en 1944 ; celle-ci seradécrite par Jean Debay (31) qui en a été un desacteurs. L’amiral Chaline, qui préside l’Amicaledes anciens des Forces navales françaiseslibres (FNFL), a bien voulu leur donner unepréface avec le point de vue des marins de laFrance libre.

Nous espérons qu’avant l’Assemblée généraleprévue en juin prochain, qui fera l’objet desconvocations régulières, les adhérents aurontbien voulu confirmer leur support aux actionsd’X-Résistance, en particulier par l’envoi deleur cotisation pour 2000 (par chèque de 150 Fà X-Résistance) et que leur nombre s’accroî-tra, notamment avec des X des promotionsd’après-guerre. Car il ne s’agit pas d’une simpleassociation d’anciens combattants, mais d’uneentreprise de transmission de mémoire.

Cette Assemblée générale sera amenée à élire(ou réélire), conformément aux statuts del’Association, la moitié des membres de sonConseil. Il est fait dès maintenant appel à descandidatures à ce Conseil, en particulier afinde le rajeunir en 2000 ou 2001.

Réunion du 8 décembre 1999

Résumé de l’exposéde Madame C. d’Abzac-Epézy

Marc Olivier Baruch présente la conférencière :agrégée d’histoire, elle a soutenu une thèse surl’Armée de l’Air française sous l’occupation, dont unlivre a été tiré et a paru aux Éditions Économica.

Le sujet de cet exposé concerne “Les Arméesde Vichy”, dont l’histoire est indispensable pourcomprendre celle de la Résistance.

Première question :l’Armée de Vichy est-elle, comme on l’acru, une armée symbolique?Deuxième question :comment expliquer son existence pendantles années noires ?En conclusion :quel a été le destin de cette armée?

On parle souvent de l’Armée d’armistice. C’estla convention de Wiesbaden (29 juin 1940)qui l’a définie. Très réduite : 100 000 hommesen métropole, sans armement lourd,30 000 hommes en AFN et 20 000 hommesoutre-mer. Pas de marine active, ni d’avia-tion. Ces dispositions reflétaient l’idée quel’Angleterre abandonnerait la lutte.

Ce ne fut pas le cas ; dans ces conditions, laFrance ne pouvait rester désarmée : en fait,ces clauses n’ont pas été appliquées. En avril1942, 40 % du budget consacré aux traite-ments des agents de l’État français sont affec-tés aux forces armées :• Armée de terre : 400 000 hommes dont125 000 en AFN, 140 000 à 150 000 dans lescolonies,• Aviation : 80 000 hommes,• Marine : 60 000 hommes.

Le matériel n’était pas inexistant : quelquesvéhicules blindés en métropole, mais 200 charsen AFN, automitrailleuses, canons anti-chars.La Marine compte 255 000 tonneaux (lamoitié du chiffre de 1939). L’Aviation :1 800 avions de combat modernes dont 800en unités.

Cet armement est étroitement contrôlé par lacommission de Wiesbaden : la marge d’au-tonomie est très faible.

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE70

Pour recevoir gratuitement le catalogue de l’exposition itinérante “Des polytechniciens dans la Résistance ”(64 pages dont 32 en couleur reproduisant les panneaux de l’exposition inaugurée le 10 mars 1999 à Palaiseau)

prière de remplir très lisiblement le bulletin ci-dessous et de l’adresser à :

ASSOCIATION X-RÉSISTANCE, 5, RUE DU HAMEAU, 92190 MEUDON.

Pour tout exemplaire supplémentaire, joindre un chèque de 100 F à l’ordre de : Association X-Résistance.

Inscrivez ci-dessus EN CAPITALES vos nom, prénom et adresseet à droite les renseignements demandés.

"NOM ET PRÉNOM :

PROMOTION :

DÉSIRE

1 EXEMPLAIRE GRATUIT

EXEMPLAIRE(S) À 100 F

CI-JOINT CHÈQUE DE F

À L’ORDRE DE : ASSOCIATION X-RÉSISTANCE

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L’armée de Vichy n’est donc pas symbolique ;mais son rôle l’a-t-il été? Rôle politique des mili-taires (thèse de R. Paxton)? À certains égards,c’est exact, dans les débuts, sous l’influence dugénéral Huntziger (note du 25 octobre 1940 :“ Obligation stricte de devenir des partisans(...) de la France rénovée ”). D’où une actionéducative sur les appelés des classes 38 et 39,maintenus en activité jusqu’en octobre 1942,ainsi que dans les Chantiers de Jeunesse.Beaucoup d’éducation physique, “régénérationphysique et morale ”.

Rôle très limité dans le maintien de l’ordre,confié au ministère de l’Intérieur.

L’armée de Vichy a, en définitive, surtout servià faire la guerre. Il y eut un nombre importantd’engagements militaires contre les Alliés entre1940 et 1942 : Mers el-Kébir, Gabon, Dakar,Thaïlande, Syrie, Madagascar, Afrique duNord.

Comment expliquer l’existence de cette arméedurant les années noires ?

Tout d’abord, elle n’a été maintenue que parcequ’elle servait les intérêts allemands. L’attaquede Mers el-Kébir fut le prétexte pour deman-der immédiatement des renforcements, quifurent accordés. À diverses reprises il y eutdes projets de collaboration militaire (parexemple octroi de bases militaires à l’Italie enAFN), mais ils furent abandonnés et rempla-cés par une collaboration “ logistique ” dis-crète : participation à des convois maritimes,cession de matériels stockés, aide à l’Afrikakorpsen Tunisie.

Ces faits furent ignorés de beaucoup de mili-taires, qui continuaient à nourrir l’illusiond’une revanche. L’exemple du général Cochetest caractéristique : dès le 17 juin 1940, il dif-fusa des tracts appelant à la reprise de la luttesans qu’il soit inquiété par la suite (note deDarlan) ; mais en avril 1941, il dénonça lapolitique de collaboration, devenant ainsi undanger, ce qui lui valut arrestation et incar-cération.

L’illusion d’une revanche au sein de l’arméede Vichy explique le refus de rejoindre lesFFL, de même que l’existence d’actions clan-destines dans un cadre légal (camouflaged’armes, services de renseignements).

Quel fut le destindes armées de Vichy?

En métropole, humiliation et amertume :sabordage de la flotte, armement livré (ycompris celui qui avait été camouflé). Denovembre 1942 à 1944, 100 000 hommesenviron restent sous l’uniforme dans lesforces du maintien de l’ordre, la défenseaérienne, les ports et arsenaux (certainsdirectement sous les ordres allemands).

Certains, comme la Garde ou le Premierrégiment de France sont associés à la luttecontre les maquis. Beaucoup d’officiersentrent alors dans la Résistance : sur 11 000,1 500 passèrent en Espagne, 4 000 furenthomologués après la Libération comme résis-tants.

En Afrique du Nord, l’armée, équipée parles Américains, reprend le combat en Tunisie,puis en Italie et en France.

Certains ont ainsi justifié l’existence de l’arméede Vichy par son destin (par exemple le géné-ral Bergeret, ministre de Vichy) ; c’est peut-être choquant, mais pas entièrement faux.

Mais il est essentiel de ne pas confondre des-tin et finalité : sans contestation possible,pour les armées de Vichy, cette dernièreétait bien de combattre les Alliés.

Synthèse du débatsur l’exposéde Madame C. d’Abzac-Epézy

Robert Saunal évoque la douloureuse affairede la Syrie, où des forces de Vichy et des FFLse combattirent (par suite de la mise à dis-position par Vichy de terrains d’aviation auxforces de l’Axe) et demande des précisionssur les effectifs des troupes de Vichy et lenombre des ralliements aux FFL.

Les combats ont été très durs et ont entraînéd’importantes pertes – sans compter le chocpsychologique. Il y a eu en fait très peu deralliements : de l’ordre de 200 officiers.

Un auditeur rappelle qu’en 1940 il y avaitbeaucoup de soldats et officiers français enAngleterre, dont très peu ont rejoint de Gaulle ;les Britanniques n’ont d’ailleurs guère aidécelui-ci à avoir des contacts avec eux...

Madame d’Abzac souligne que le sermentd’allégeance n’a été imposé aux armées deVichy qu’en octobre 1941, époque où lafidélité commençait à fléchir (cf. le discoursde Pétain sur “ le vent mauvais ”). Même despropos jugés inopportuns pouvaient êtresanctionnés. Un auditeur précise à ce pro-pos que le serment de 1941 ne comportaitque deux phrases : la fidélité au Maréchal s’en-tendait “pour tout ce qu’il (me) commanderapour le bien du service et le succès des armesde la France ”, alors que le serment actuelprêté par les officiers ajoute “ l’observationdes règlements militaires ”. Henri Frenaydémissionna en alléguant qu’il “ ne pouvaitplus servir avec ferveur ”.

Un autre auditeur témoigne de ce qui se passaà Madagascar. Il fut proposé de reprendre lesarmes à condition de signer un engagementdans les FFL. La plupart refusèrent, faisant étatde leur engagement dans l’armée, au servicedu gouvernement légal. Un deuxième enga-gement leur paraissait ainsi inutile.

Madame d’Abzac indique que les sanctionscontre les “ dissidents ” étaient très sévères :dans l’Armée de l’Air, une évasion à bord d’unavion autorisait à ouvrir le feu contre lui, cequi arriva au moins une fois.

M. O. Baruch remarque que les événementsde novembre 1942 “ délégitimèrent ” Vichyaux yeux de beaucoup. Un cas contraire, maisextrême : l’amiral de Laborde, après avoir faitsaborder la flotte de Toulon, sollicita son enga-gement dans les troupes de l’Axe.

Après novembre 1942, indique Madamed’Abzac, il y eut nombre de tentatives, en pro-venance de Vichy, pour obtenir la recréationd’une nouvelle armée de Vichy; certaines allè-rent assez loin : en particulier il fut envisagéde recréer une marine symbolique, avec ren-flouement de bâtiments sabordés, dont unepartie serait revenue à l’Italie ; également unearmée de l’air sans avions, vouée à la défenseantiaérienne, et une armée de terre dont labase sera à l’origine de la Phalange africaine.Il faut éviter de confondre avec la LVF (Légionde volontaires français) : l’armée étant un ins-trument de souveraineté, il ne pouvait êtrequestion de servir comme mercenaire de l’ar-mée allemande, sous son uniforme ; ceux quiquittèrent l’armée de Vichy pour s’y engageront été méprisés par leurs pairs.

À propos de la livraison aux Allemands, aprèsnovembre 1942, des dépôts d’armes clan-destins, exigée par le Ministre Bridoux, il estprécisé qu’un tiers fut livré, un tiers perdupour tout le monde, et un tiers servit à armerla Résistance.

Madame d’Abzac récuse le terme “ invasion ”de la zone Sud, très souvent employé pourles événements de novembre 1942 : il s’agis-sait, pour les troupes d’intervention (et non d’oc-cupation), de la traverser pour aller préparerla défense sur le front méditerranéen contreun éventuel débarquement anglo-saxon.

Les Allemands se sont notamment installéssur les bases aériennes : pendant une dizainede jours il y a eu cohabitation, et même col-laboration (étude en commun de plans). Dansl’armée de terre, projets de collaboration pourla défense du camp retranché de Toulon. Toutcela prit fin le 27 novembre 1942 avec lesabordage de la flotte et la dissolution de l’ar-mée d’armistice.

Henri Lafaurie rappelle que, dès avant novembre,la Marine française avait coopéré avec lesItaliens, cédant notamment des moyens radio.Mais il y eut sur place des actions de résis-tance, préparant le futur débarquement etaidant au départ du général Giraud.

X-EXPERTISE

Le groupe X-Expertise se réunira le 12 avrilà 18 heures à la Maison des X.Michel BRISAC, Claude BULTÉ et ClaudeMARTIN feront un exposé sur :

“Les expertises extrajudiciaires ”.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 71

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X-HISTOIREET ARCHÉOLOGIE

Depuis 1996 ce groupe rassemble plusieursdizaines de camarades, pour la plupart domi-ciliés dans la Région parisienne, intéressés parl’Histoire et l’Archéologie ; notamment parl’histoire des sciences et des techniques, l’his-toire industrielle, les applications de la scienceà la conservation du patrimoine et à l’histoirede l’art et des civilisations. Les activités dugroupe sont coordonnées avec celles du GPX.

Président : Maurice BERNARD (48),tél. : 01.42.31.71.92,

mél : [email protected]étaire : Paul ALBA (51)

tél./fax : 01.45.67.24.22.

Manifestations prévues• Du 11 au 14 mai 2000Voyage culturel et touristique à Mulhouse etColmar, autour des grands musées techniques(automobile, chemins de fer, impression surétoffe) ou artistiques (retable d’Issenheim).Le coût devrait rester inférieur à 2 500 F parpersonne. Le nombre de places étant trèslimité, inscrivez-vous le plus vite possibleauprès de Paul ALBA ou du GPX.• Lundi 22 mai 2000Les trésors archéologiques de Libye : Apolloniade Cyrénaïque par André LARONDE, pro-fesseur à Paris IV.

Plusieurs projets sont à l’étude :• un voyage à la découverte des sites préhis-toriques du sud-ouest de la France : Périgord(Lascaux, Les Eyzies), l’Ariège (Niaux), leRoussillon (Tautavel). Dates possibles en sep-tembre ou octobre, quatre jours ; prix entre3 000 et 3 500 F ;• une visite d’une journée en Normandie (châ-teau de Crèvecœur, abbaye de Val-Richer,musée Schlumberger) ;• conférences diverses.

Inscriptions et renseignements :au GPX ou chez ALBA (51)

téléphone et fax : 01.45.67.24.22.

Constitution d’un groupe“X-CONSULT”

Site à consulter : http://X-Consult.org

Président : Jean-Claude PÉLISSOLO (58)E-mail : [email protected]

Tél. : 01.44.54.41.06.

Objectifs : favoriser les contacts et élargir lesréseaux de connaissances, afin de contribuerau succès rapide des activités de Consultant(ou assimilées) menées par les X.

Réunion de lancement le 20 avril à 18 h 30(le lieu sur Paris sera précisé début avril surle site).

La participation à cette soirée sera gratuitepour tous ceux qui s’inscriront (le faire direc-tement sur le site) avant le lundi 3 avril 2000.

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE72

Tous les camarades se sont bien sûr précipités le 29 février dernier sur la dernièrelivraison de La Bougie du Sapeur.

Fondée en 1980 par Jacques Debuisson (45), familier du célèbre personnage deChristophe le Sapeur Camember né, on le sait, le 29 février 1844, c’en était la 6e livrai-son. Heureusement grâce à Grégoire XIII l’année 2000 est bissextile et ce précieuxpériodique, quotidien du 29 février, composant irremplaçable du PEF (Paysage écritfrançais), a pu paraître cette année.

On y trouve les rubriques habituelles : la vie politique, la vie internationale, la culture etles loisirs, la société, l’histoire et bien sûr de l’humour.

Et aussi une grille de mots croisés anacycliques concoctés par un autre de nos cama-rades connu de La Jaune et la Rouge.

La rédaction a beaucoup regretté que Jacques Chirac, Lionel Jospin, Martine Aubry etbien d’autres éminentes personnalités politiques aient leur emploi du temps trop chargépour accorder une interview à La Bougie du Sapeur.

On y trouve les plumes de Pierre Bellemare, Félicien Marceau, André Santini, mais on yretrouve aussi Michèle Alliot-Marie, Jean-Claude Gayssot, Alain Juppé et d’autres encore,sans oublier Tristan Bernard, Georges Courteline, Gustave Flaubert et Boris Vian.

Si vous avez des observations ou des commentaires à adresser à La Bougie du Sapeur,ne manquez pas de le faire par Internet. Vous gagnerez du temps. Sachez seulementque pour éviter tout risque de polémique, La Bougie du Sapeur ne répond pas au cour-rier dans la livraison suivante, mais seulement dans celle d’après.Au surplus, un problème se pose : le 29 février 2004 est un dimanche ! Respectueuxde l’obligation du repos dominical, La Bougie du Sapeur ne saurait imposer à ses rédac-teurs une parution un dimanche.

C’est un tout autre journal, ne paraissant que tous les vingt-huit ans (encore que l’an-née 2100 va venir tout bouleverser), dont nous aurons la primeur : La Bougie du SapeurDimanche dont nous ne sommes pas autorisés à publier le sommaire.

Mais rassurez-vous, les camarades dévoués à la publication de La Bougie du Sapeurn’hésiteront pas, dimanche ou pas, à faire face.

Marcel RAMA (41)

Page 75: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 73

GROUPE PARISIEN DES X

12, rue de Poitiers, 75007 Paris.Tél. : 01.45.48.52.04.Fax : 01.45.48.64.50.

E-mail : [email protected]

Au programmedes activités du GPX

CONFÉRENCE-DÎNEREn commun avec le groupe X-Histoire et Archéologie :le mercredi 15 mars à 18 h 30, Jacques DELACOUR (45),s’appuyant sur les souvenirs de sa carrière dans l’industrie pétro-lière, présentera la conférence “L’épopée des frères Schlumberger,de l’invention à l’industrie ”.

VISITES TECHNIQUESProchaines visites :• Musée de l’Outil à Bièvres,• Centre de régulation routière de la préfecture de Paris.

VISITES CULTURELLES• Saint-Merri et son quartier,• Collection de cristaux de Jussieu,• L’École militaire,• La Cité universitaire,• La Maison du fontainier du Roi,• Samedi 27 mai, journée culturelle de détente : châteauxd’Ambleville, de La Roche-Guyon et croisière sur la Seinejusqu’à Vétheuil.

THÉÂTREProchaines pièces programmées :• Raisons de famille au Théâtre Hébertot,• Nouvelles brèves de comptoir au Théâtre Fontaine,• Jésus, la Résurrection au Palais des Sports.

BRIDGETournois tous les lundis de 14 h à 18 h à la Maison des X.Cours de perfectionnement avec M. LEBELY les vendredis31 mars et 21 avril à 14 h 30.Madame ROZINOER, tél. : 01.45.27.98.33.

ACTIVITÉS “ ENFANTS ” (jeunes de 7 à 12 ans)

• Un après-midi “ contes pour enfants ”,• Une visite découverte d’un quartier de Paris,• Un atelier-enfant dans le cadre d’un musée.

VOYAGES• LAC DE CONSTANCE ET FRANCONIE15 au 21 mai : il est peut-être encore temps de s’inscrire autrès agréable voyage en Franconie et sur les rives du lac deConstance, de très beaux paysages et de splendides villes d’artet d’histoire, l’île jardin de Mainau, les abbayes de Reichenauet de Saint-Gall, les châteaux d’Arenenberg et de Sigmaringen,la cité médiévale de Rothenburg et ses remparts, les trésors deBamberg, Würzburg et Nuremberg.Se manifester d’urgence auprès du GPX.• SICILE15 au 22 septembre : le circuit est désormais précisé. Lesgrands sites et les villes de la côte est de la Sicile : Taorminaet la montée vers l’Etna, Catane, Syracuse et ses merveilles,Noto, Raguse ; mais aussi, dès le début, la visite en bateau desîles Éoliennes, Vulcano, Lipari, Stromboli et leurs célèbres vol-cans.Programme détaillé envoyé sur demande.

RANDONNÉE PÉDESTREDimanche 2 avril avec Charles PAUTRAT (54), tél. : 01.45.88.04.70.Les îles de la Marne et la boucle de Saint-Maur.Au départ de la gare RER A, Saint-Maur-Créteil, cette randon-née pittoresque nous conduira à traverser le vieux Saint-Maurpuis à parcourir la boucle de la Marne autour de Saint-Maur-des-Fossés en découvrant les îles et les îlots aux noms curieux(île Brise-Pain, île Catherine, île des Ravageurs, île des Vignerons,île d’Amour, île des Cormorans, île de Pissevinaigre, île desGords, île de l’Abreuvoir, île du Martin-Pêcheur, île Fanac).La terrasse de Chennevières nous permettra d’admirer le pano-rama de Paris.Parcours varié et peu accidenté.Randonnée de 16 kilomètres.Départ : RER ligne A2 (direction Boissy-Saint-Léger, trainNEGE), Auber à 9 h 31, Châtelet à 9 h 34, Gare de Lyon à9 h 37 ; descendre en gare de Saint-Maur-Créteil à 9 h 52 où alieu le rendez-vous (côté rue Leroux).Retour : Gare de Saint-Maur-Créteil à 16 h 04 (train ZEUS),Paris-Gare de Lyon à 16 h 18, Châtelet à 16 h 22, Auber à16 h 24 ou autre (train toutes les dix minutes).P.-S. : en raison des dégâts causés par la tempête le programmerisque d’être modifié, mais les rendez-vous restent valables.

RALLYE TOURISTIQUE X-ECPDimanche 25 juin : voici les premières indications donnéespar nos amis centraliens, organisateurs du Rallye 2000.“ Vous marcherez sur les traces d’@XEC@P, voyageur inter-temporel de la fin du IIIe millénaire !Son peuple a perdu la mémoire de toute l’histoire de la Terrependant les Ier et IIe millénaires, suite à un orage magnétiquequi s’est abattu dans le secteur de Malthus II, extranateur oùl’on gardait toute la mémoire du peuple depuis l’an I jusqu’àl’an 2000 de notre ère.Avec lui, vous devrez remonter siècle après siècle le puzzle del’histoire qui servira de support à extranateur pour la reconsti-tution de la base de données perdue… ”

Suite et bulletin d’inscriptiondans le prochain numéro.

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n 1923Décès de Madame Jacques Chambolle,mère de Dominique Chambolle (56), le25.1.2000.

n 1925Décès de Madame Gabriel Romon le22.12.99.

n 1926Décès de Maurice Mayeur le 5.9.97.Décès de Jean Souloumiac le 27.1.2000.

n 1927Décès de Georges Richard le 11.2.2000.

n 1930

n 1931Décès de Madame Edmond Skibniewski,sœur de Pierre Michel, le 15.1.2000.

n 1933Décès d’André Cassin le 2.2.2000.Décès d’Henri Castelnau le 7.2.2000.

n 1934Décès de Raymond Crenn le 21.1.2000.

n 1935Décès de Jean Peyrat le 19.4.99.

n 1936Décès de Jacques Marchand le 28.1.2000.Décès de Réné Bonnans le 11.2.2000.

n 1937Décès de François-Xavier Poincet, filsd’Eugène-Maurice Poincet (1902 †), le24.10.99.Décès du père François-Paul Dreyfus o.p.,le 18.12.99.Décès de Pierre Janneau le 19.2.2000.

n 1939Décès d’Édouard Debout, père de BrunoDebout (69) et François Debout (73), le17.2.2000.

n 1940Jacques Beyssen f.p. du décès de son épouseFrançoise, le 4.2.2000.

n 1944Décès de Jean-Paul Mathieu le 5.2.2000.Décès de Jean-Claude Simon le 16.2.2000.

n 1946Décès de Bernard Gosset le 4.2.2000.

n 1951Décès de Gilles Dillard le 6.2.2000.Alain Grill f.p. de la naissance de son8e petit-enfant, Simon Rerolle, le 6.2.2000.

n 1953Décès de Raymond Sensfelder le 13.2.2000.

n 1957Philippe Charlet f.p. de la naissance de son4e petit-enfant, Alysée Rambaud, le 1.2.2000.

n 1962Daniel Berthault f.p. du décès de sa mère,sœur de Paul Barçon (29), le 27.11.99.

n 1977Bruno Massiet du Biest f.p. de la nais-sance de son 4e enfant, Alexis, le 3.1.2000.

n 1984Hervé Beust f.p. de la naissance de son3e enfant, Marjorie, le 7.12.99.

n 1986François Stephan f.p. de son mariage avecMarie-Luce le 4.7.98 et de la naissance deleurs filles Léa et Maud, le 21.11.99.

n 1987Yves-Armel Martin f.p. de la naissance deSilouane, le 20.10.99.Aline des Cloizeaux-Guermonprez f.p.de la naissance de son 2e fils Benoît, le19.11.99.

n 1988Hugues Chéritel f.p. de la naissance deBlaise, le 23.1.2000.

n 1989Frédéric Gauvard f.p. de la naissanced’Auriane, le 5.11.99.Sylvie Jéhanno-Senay, f.p. de la naissancede son 2e enfant, Victor, le 7.12.99.

n 1990Jean-Nicolas Théobald f.p. de son mariageavec Violaine Deltombe, le 30.9.95 et de lanaissance de Louis le 16.7.96, de Mathildele 29.12.97 et de Baudouin le 29.3.99.Christelle Piécourt et Olivier Guerret (91)f.p. de la naissance de Marc, le 22.1.2000.Emmanuel Billette f.p. de la naissance deson 3e enfant, Agathe, le 25.1.2000.

n 1991Christophe Ambrosi f.p. de son mariageavec Catherine Masson, le 17.7.99.Philippe de Laharpe f.p. de la naissancede Pierre, le 18.10.99.Olivier Guerret et Christelle Piécourt (90)f.p. de la naissance de Marc, le 22.1.2000.

n 1993Corinne Serrano f.p. de son mariage avecRaphaël Grillet, le 9.9.99.Benoît Lemonnier f.p. de son mariage avecVéronique de Galard Terraube, le 25.9.99et de la naissance de sa fille Élodie.Pierre Marty f.p. de la naissance de Simon,le 23.12.99.Marie-Cécile Labrot f.p. de la naissancede sa fille Clotilde, le 30.1.2000.

n 1994Stéphanie Cuvelier-Crinquette et ThomasJung f.p. de leur mariage le 17.7.99.Nicolas Billecocq f.p. de son mariage avecLorraine de Cagny, le 11.3.2000.Jérôme Pejot f.p. de son mariage avec CécilePicquet, le 29.4.2000.

n 1995Jean-François Barthélémy f.p. de sonmariage avec Sandra Moreels, sœur de PierreMoreels (96), le 21.8.99.

LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 75

Carnet polytechnicien

C’est par erreur que le Carnetpolytechnicien a annoncédans le numéro de février 2000le décès de Jacques Bonnet, X30,il s’agissait d’un homonyme.

L’A.X. renouvelle ses excusesà Jacques Bonnet.

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MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE76

A N N O N C E S

XMP-ENTREPRENEUR12, rue de Poitiers, 75007 Paris

Tél. : 01.42.22.86.45 - Fax : 01.42.22.86.49E-mail : [email protected]

Animateurs

Michel ANTOINE (EMP 59), André BARRE (PC 59),Marcel BOBY (X 59), Philippe BONNAMY (X 61),

Jacques LASSARTESSE (X 57), Gilbert RIBES (X 56),André TYMEN (X 50).

Créer,reprendre,développer

SA PROPREentreprise

XMP-ENTREPRENEUR est une association, loi 1901, regroupant exclusivement desélèves et anciens élèves de l’École polytechnique, des trois écoles des Mines (Paris, Nancy,Saint-Étienne) et de l’École nationale des ponts et chaussées.Son objet est d’apporter à ses adhérents toute assistance pour créer ou reprendre des entre-prises et de développer l’esprit d’entreprise chez les élèves et anciens élèves des écolesconcernées.Son action est soutenue par l’A.X., Intermines et l’Association des anciens élèves des Pontset Chaussées.

Un projet de création d’entreprisesur Internet ?Le groupe de travail de XMP-Entrepreneur dénomméWEBSTARTUP XY3W peut vous aider.

Pour en savoir plus, lire des extraits de la charte de ce Groupe, publiée ci-après,et prendre contact par e-mail à l’une des adresses suivantes :[email protected][email protected]

RÉUNIONSDE XMP-ENTREPRENEURCes réunions sont en principe réservéesaux adhérents, mais tout élève ou ancienélève peut se faire inviter à une réunion,en vue d’une éventuelle adhésion ultérieure,en téléphonant au préalable au bureau.• Lieu des réunions :

Maison des X, 12, rue de Poitiers,75007 PARIS.

• Prochaine réunion :– lundi 20 mars à 18 heures.Ordre du jour : exposé de Denis LEMER-CIER (X 77) sur son expérience de rachatd’entreprise et des difficultés qu’il a dûsurmonter par la suite. Tour de table.Libres discussions autour d’un pot.N. B. : Jérôme GIACOMONI (X 88) prévule 31 janvier interviendra le 15 mai 2000.Bernard BEAUZAMY (X 68) et Jean-FrançoisPRAT (EMSE 72) ont bien voulu intervenirle 31 janvier 2000 à sa place.

• Dates des réunions suivantes :– lundi 15 mai 2000 à 18 heures.– lundi 26 juin 2000 à 17 h 45,

avec Assemblée générale.

n CHARTE DE XY3W – Extraits

XY3W est un club informel, dont les membressont exclusivement des adhérents de XMP-Entrepreneur, créé en vue de promouvoir la créa-tion et le développement d’entreprises commercialessur Internet.La présente charte a pour objet de préciser lesobjectifs du club, de définir les moyens néces-saires pour atteindre ces objectifs, de fixer les règlesinternes de fonctionnement du club ainsi que lesdroits et obligations de ses membres.Cette charte s’appuie, pour l’application des prin-cipes qui y sont définis, sur la déontologie per-sonnelle de chaque membre.

I. Les objectifs de XY3WPour promouvoir la création et le développementd’entreprises commerciales sur Internet, XY3Wmet en commun, de façon bénévole, les compé-tences de ses membres pour atteindre les objec-tifs suivants :a. développer des méthodologies gagnantes pour créerdes entreprises commerciales profitables sur Internet,b. susciter la présentation de projets d’entreprisescommerciales sur Internet, par des membres ou pardes tiers,c. examiner le potentiel des nouvelles entreprisesprésentées par des membres ou par des tiers, etvalider ou non lesdits projets,

d. assurer un suivi du développement des projetsvalidés et, à cet effet, notamment :

d.1. fournir au porteur du projet, pour la créa-tion et le démarrage de son activité, des services,des compétences, des aides, de l’assistance ou duconseil dans tous les domaines nécessaires : tech-nique, stratégique, commercial, juridique, finan-cier, etc.

d.2. constituer avec le porteur du projet le tourde table pour la mise en place des fonds propresnécessaires au financement du projet…

III. Les règles de fonctionnement de XY3W

III.1 Les membres de XY3W

a. Membres fondateursb. Entrée de nouveaux membresLes nouveaux membres sont cooptés, sur pré-sentation d’une fiche de profil personnel, par lesanciens membres, en principe à l’unanimité.

III.2 Participation des membres aux activitésdu clubL’efficacité du club résultera essentiellement del’échange d’informations entre les membres.L’échange d’informations entre les membres sefait :– au cours de réunions périodiques,– entre deux réunions par échange d’e-mails entretous les membres.

III.3 Confidentialité

La confidentialité des informations :– échangées entre les membres, – données par un tiers demandant l’aide du clubpour un projet de création ou de développement, – ou encore données à un tiers appelé à interve-nir pour ses compétences.Doit pouvoir être rigoureusement protégée, lors-qu’elles ne sont pas de caractère public. Toutmembre s’engage à respecter ce principe de baseet notamment :– à ne faire aucune diffusion ni reproduction totaleou partielle des informations par quelque moyenque ce soit,– à ne les communiquer à aucune autre personnequ’aux membres du club, tous engagés sur la confi-dentialité par la signature de la présente charte ouà des personnes directement chargées, dans lesconditions définies ci-dessus, d’une mission d’as-sistance dans l’étude des informations, sous réservequ’elles soient soumises aux règles du secret pro-fessionnel ou à défaut qu’elles aient signé au préa-lable un accord spécifique de confidentialité,– à conserver ces informations dans des condi-tions de sécurité telles qu’une divulgation acci-dentelle ne se produise pas,– et bien entendu à ne pas utiliser ces informa-tions au profit éventuel d’entreprises existantesou à créer.

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LA JAUNE ET LA ROUGE MARS 2000 77

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vision de réseaux, interfaces homme/machine,systèmes embarqués...).Vous rejoindrez Éric LE MER (71) PDG, LionelHUBER (80), Pierre BOUGERET (81), RafikBEN NAJEH (87), Jean-Jacques LAFAY (89),Vincent ESCALIER (90), Jean-Paul QUAN-TIN (93).SYNTEGRA, Tour Pascal A, 6, place des Degrés,92045 Paris La Défense Cedex - Tél. :01.58.13.85.00 - Fax : 01.49.01.97.02 -Internet : www.syntegra.fr - E-mail : [email protected] - Agences à Nancy, Lyon et Toulouse.

n 1212 - EUROGROUP est la société deconseil en organisation et managementd’Eurogroup Conseil, pôle conseil du groupeMazars. Doté d’une culture forte et originale,EUROGROUP connaît une expansion soute-nue depuis plusieurs années dans tous les ser-vices de conseil et d’assistance aux organisa-tions dans les secteurs banque & finances,industrie & services et assurance. EURO-GROUP offre des opportunités importantesà de jeunes polytechniciens ayant, de préfé-rence, une première expérience de l’entrepriseet attirés par une activité indépendante ausein d’un groupe de dimension européenne.Contacter François Frilley (X 83) ou XavierQuilliet (X 90). Tél. : 01.47.96.64.00. TourFramatome, 92084 Paris La Défense Cedex 16.

n 3048 - PRICEWATERHOUSECOOPERSconseil en management, 25 000 consultantsdans le monde, 2,6 milliards de dollars, recrutepour accompagner la croissance de son bureau

A N N O N C E S

BUREAU DES CARRIÈRESA.X.

5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01.56.81.11.14 – Fax : 01.56.81.11.03

E-mail : [email protected]

Pour aiderles camaradesen recherched’emploi,et leur permettrede se rencontrerpour débattrede leursdémarches,l’A.X. met à leurdisposition,gratuitement,un bureausitué à l’A.X.,5, rue Descartes,75005 Paris.

Richard LAURENT (54) du BUREAU DES CARRIÈRES est à la disposition descamarades, en recherche d’emploi ou souhaitant réfléchir sur l’orientation de leurcarrière, pour les recevoir et les conseiller. En effet, un entretien est toujours souhaitableet peut aider plus efficacement avant un changement de situation.Compte tenu de son expérience professionnelle, le Bureau des Carrières peut aussirépondre aux questions que se posent les jeunes camarades avant leur premieremploi, ou, plus généralement, au moment où ils réfléchissent à leur orientation etcherchent à définir leur projet professionnel.Les nouvelles offres d’emploi disponibles sont publiées dans des listes bimensuelles.Il est possible de les obtenir moyennant une cotisation de 200 francs pour six mois,donnant également droit à la consultation par Minitel.Les camarades intéressés par ces offres s’adressent directement au Bureau desCarrières, par écrit, téléphone, fax ou e-mail pour en avoir communication ; ilscontactent ensuite directement les annonceurs, s’il y a lieu.

Page 80: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

de Paris (600 consultants) des jeunes diplô-més polytechniciens ou après une premièreexpérience réussie de deux à sept ans acquisedans le conseil ou une double expérience cabi-net/entreprise.Parfaitement bilingue, vous interviendrezauprès de grands clients nationaux et inter-nationaux, dans les secteurs banque/assu-rance ; industrie/produits de grande consom-mation ; loisirs/télécom média. Vous participerezà des missions de stratégie de transformationet de développement de la valeur, de refontede l’organisation et des process, de mise enœuvre et d’intégration de systèmes d’infor-mation, de mise en place de nouvelles tech-nologies et de gestion du changement.Merci d’adresser votre dossier de candidaturesous référence AX à Catherine VERDIER, PRI-CEWATERHOUSECOOPERS, Tour AIG,34, place des Corolles, 92908 Paris La Défense 2.

n 3290 - A.T. KEARNEY, 2e cabinet inter-national de conseil en stratégie et manage-ment, 60 bureaux dans 34 pays, 3 000 consul-tants dont 200 en France, recherche pourson bureau de Paris des consultants juniors,seniors et managers, bilingues anglais avecsi possible la maîtrise d’une autre langue euro-péenne, ayant eu des expériences diversifiéesdans des entreprises industrielles ou des socié-tés de services ou de conseil. Domaines d’in-tervention d’A.T. Kearney : stratégie de crois-sance/fusion-acquisition, stratégie marketing,e-business, stratégie financière, stratégie dedistribution, stratégie industrielle, stratégie“ supply chain ”, restructuration, conduite duchangement. Adresser CV détaillé et lettre demotivation au service recrutement d’A.T. Kearney,8-10, rue Victor Noir, 92521 Neuilly-sur-Seine Cedex.

n 3963 - A2C, conseil et ingénierie en sys-tème d’information, recherche des ingénieursdébutants (1 à 4 ans d’expérience) passion-nés par l’informatique et le développement, pourrejoindre son équipe de direction. Domainesd’activité : Internet, Intranet, Groupware, CD-Rom, client-serveur, multimédia. ContacterT. de VIARIS (X 77). Société A2C, 374, rue deVaugirard, 75015 Paris. Tél. : 01.48.28.38.18,www.A2C.fr - E-mail : [email protected]

n 7464 - TECHNOGRAM, EUROGRAM,Datec, Eurec, Technam, Apis (Groupe EXPER-NET) consultants en stratégies technologiques,accueillent 1) jeunes camarades voulant sespécialiser en intégration des systèmes d’in-formation, audit économique et scientifique,procédure de sûreté ou de qualité ; 2) cama-rades senior disponibles pour missions d’ex-pertises. P. AUDIGIER (X-Mines 55),J. M. MANOHA (X-Ph. L. 54), 313, rueLecourbe, 75015 Paris. Tél. : 01.45.57.30.24.

n 17510 - GROUPE ASTEK/NAHUA TECH-NOLOGIES est un groupe de services etconseil en technologies et systèmes d’infor-mation totalement indépendant et en pleineexpansion. En 1998 nous avons plus que dou-blé notre chiffre d’affaires et nos effectifs, etnous avons ouvert 3 nouveaux établissementsen régions. Nous prévoyons cette année unecroissance qui portera nos effectifs de consul-tants de 400 à 700.Nous intervenons dans tous les secteurs del’économie (télécom, militaire, spatial, éner-gie, tertiaire, transport), dans toutes les tech-nologies de pointe, dans tous les métiers(consultants seniors, chefs de projet, expertstechniques...).

Notre ambition est de vous faire partager notrepassion et notre force.Contacter Jean-Luc BERNARD (78, PDG) ouFida’a CHAAR (90, directeur d’Agence), 10, ruedu Dôme, 92100 Boulogne. Tél. : 01.46.94.87.00.

n 18357 - STRATORG - Cabinet de conseilde direction générale recherche CONSUL-TANTS INTERNATIONAUX H/F confirmésou débutants - Région parisienne.Rattachés au bureau de Paris (40 consultants),ils devront développer et entretenir des rela-tions confiantes et de longue durée avec les direc-tions générales des entreprises qu’ils conseille-ront en stratégie et en organisation. Ils devrontfaire preuve d’autonomie, d’initiative, de créa-tivité et manifester une réelle capacité de déve-loppement.Nous leur proposons une carrière passion-nante dans une équipe ambitieuse et ouverte,soucieuse de l’épanouissement des individusdans un projet collectif, au sein du Groupe(Paris, Bonn, Londres, Moscou, Détroit, Dallas).Ils apporteront une expérience profession-nelle dans le conseil ou en entreprise, ainsiqu’une réelle connaissance de l’un des sec-teurs suivants : construction, aéronautique etespace, grande consommation, automobile.Adresser lettre et CV à Monsieur GOELLER,directeur général (X 81, ENPC 86, HEC 86),STRATORG, Immeuble Ariane, 2, rue JacquesDaguerre, 92565 RUEIL-MALMAISON CEDEX.

n 19159 - PIXELPARK, filiale du groupe depresse et d’édition Bertelsmann (CA en 1998de 80 milliards de FF), est une société de ser-vices interactifs spécialiste des solutions e-commerce et Intranet. Leader européen surce marché, nous recherchons de nouveauxtalents pour notre développement techniqueet commercial en France. Pixelpark proposedes perspectives de développement intéres-santes : évolution à l’international, modèle derémunération participatif (stock-options) etforte croissance dans un domaine d’activitépassionnant : Internet. Contacter ChristopheHocquet (DG), 97, rue Saint-Lazare, 75009Paris. Tél. : 01.55.07.88.92 ou par e-mail :[email protected]

n 19272 - PRICEWATERHOUSECOOPERSNotre activité de conseil en management,25 000 consultants dans le monde, 600 en Frances’appuie sur la force du plus grand réseau inter-national.Chaque jour, de la stratégie jusqu’à la mise enœuvre de solutions, nous accompagnons les grandesmutations et les efforts d’innovation. Dans tous lessecteurs de l’économie, nos missions répondenttoujours aux enjeux de premier plan de grands clientsnationaux et internationaux.• CHEF DE PROJETS ET DIRECTEUR DE GRANDSPROJETSÀ 30 ans minimum, votre expérience portesur la construction de solutions spécifiquesou sur la mise en place de progiciels (SAP,Oracle, PeopleSoft). Vous contribuerez à vendre,à développer et à encadrer des missions d’in-tégration de systèmes avec nos équipes internesou nos sous-traitants dans un environnementde haut niveau. Réf. : XDir.• CONSULTANT EN MISE EN PLACE DE PROGICIELSProgiciels intégrés SAP, Oracle, PeopleSoft,Outils de gestion des forces de vente Siebel.Débutants ou après 3/4 ans d’expérience, vousrejoindrez des équipes intervenant principa-lement dans les secteurs – finance, industrie,

services – et contribuerez à la réussite de pro-jets de mise en œuvre de nouveaux systèmesde gestion des fonctions financières, commer-ciales ou logistiques. Réf. : XProg.• CONSULTANTS EN SYSTÈMES D’INFORMATIONDÉCISIONNELS, DATAWAREHOUSEÀ 25/32 ans, vous disposez d’une expérienceopérationnelle acquise dans la conception etla mise en œuvre de systèmes d’informationdécisionnels – Datawarehouse. Vous avez éga-lement acquis une expertise en managementde grands projets de développement infor-matique.Vous participerez à des missions de défini-tion des objectifs stratégiques du système d’in-formation décisionnel, de conception et demise en œuvre du Datawarehouse. Réf. : XData.• ARCHITECTE TECHNIQUEÀ 28/30 ans, vous avez acquis une réelle com-pétence dans la conception et la mise en placed’architectures techniques autour de plates-formes distribuées Unix ou NT (serveurs, sta-tions, réseaux) et de leurs outils d’adminis-tration.Vous interviendrez sur de grands projets de miseen œuvre de systèmes d’information, soit enamont pour concevoir et dimensionner lesarchitectures, soit durant la phase de construc-tion, dans un rôle de support technique à noséquipes de consultants. Réf. : XArch.Dans notre activité de conseil en management,nous évoluons et multiplions nos expertises grâceà un environnement de formation ambitieux età des clients prestigieux.Merci d’adresser un CV et une lettre de moti-vation à Catherine VERDIER, responsable durecrutement, PRICEWATERHOUSECOOPERS,Tour AIG, 34, place des Corolles, 92098 ParisLa Défense 2.

n 1606 - Start-up dans le domaine de l’Internet,la Société Etrad’Art a développé un BusinessModel B2B de ventes aux enchères en tempsréel sur le Web.Etrad’Art recherche son Directeur technolo-gique worldwide.Ingénieur des Grandes Écoles, bilingue anglais,ayant dirigé des projets informatiques de tech-nologie, mettant en jeu des applications detype serveurs et bases de données, de préfé-rence dans le domaine de l’Internet, dans leslangages de Sun et d’Oracle.

MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE78

Seules les annonces reçuespar courrier, fax ou e-mail

seront traitées(aucune annonce par téléphone).

Le règlement s’effectueen fin d’année.

Les annonces à publierdans le numéro de mai 2000

devront nous parvenir au plus tardle lundi 10 avril 2000.

Tarifs 2000annonce permanente :

55 F HT la ligne

Page 81: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

Le Directeur technologique supervisera l’équipedu département technique :– le chef du projet e-AuctionRoom,– l’équipe chargée du fonctionnement du site,– les développeurs Oracle, Java, chargés del’évolution du siteet définira les outils complémentaires néces-saires aux développements futurs.Le Directeur technologique sera responsabledes fournisseurs informatiques : hardware,software, hébergement, développeurs exté-rieurs...Il devra assurer la “ veille technologique ” endéveloppant des relations étroites avec despartenaires technologiques innovants dansleur domaine (vidéo et compression d’images,serveurs et réseaux, base de données, fire-walls, etc.) et organiser des “ road show ” auxUSA avec le Président.Jeune, mobile, ambitieux, le DT sera le lea-der des projets futurs B2B dans des domainesconnexes de la Société.La rémunération est motivante et la positionau niveau le plus élevé de la Direction donneaccès au plan des “ stock options ”, (la pro-chaine introduction en Bourse fournira laliquidité).La Société est franco-anglaise et le lieu de tra-vail est Paris ou Londres.Écrire + CV à [email protected]

DEMANDESDE SITUATION

n 2889 - X + INSEAD, 43 ans, forte expé-rience marketing et vente chez des leadersen informatique (produits et services) etcompétence complémentaire en systèmesd’information et CRM/e-business, rechercheun poste de direction de centre de profitdans une industrie de services aux entre-prises.

n 2891 - X 82, 11 ans d’expérience dansle domaine de l’audit financier, bancaire etinformatique dans l’organisation sur les mar-chés financiers, recherche un poste de res-ponsabilité permettant de valoriser cetteexpérience.

n 2892 - X 71, ENST, expériences variéeset réussies de direction commerciale, tech-nique et générale au sein du secteur des télé-coms et des réseaux en France et en Europe,notamment créations, acquisitions, moder-nisations et redressements d’activités, rechercheposte de direction générale et d’entreprisedu secteur ou poste de direction dans grandgroupe.

n 2895 - X 67, ENSTA, expérience deDr d’usine, Dr recherche développement,Dr qualité, DG PME dans secteurs agroali-mentaire & grande imprimerie, rechercheposte Direction industrielle ou qualité ougénérale. Missions possibles.

LA JAUNE ET LA ROUGE FMARS 2000 79

Dans le cadre de son développement, l’ag-glomération de Rennes, encourage actuel-lement l’implantation d’entreprises améri-caines des secteurs de l’informatique et destélécommunications. Pour faciliter ces ins-tallations, le district de Rennes prépare lemontage d’équipes de Recherche etDéveloppement “ clé en main ”.Un site internet se met en place pourrecevoir les candidatures des chercheurset ingénieurs intéressés par de tellesopportunités de carrière en Bretagne.

Pour déposer une candidature :http://www.rennestelecom.com/

index_job.htmPour plus d’information :http://www.breizhoo.fr/

rennes_district/communique.html

MINISTÈRE DE LA DÉFENSEAvis de recrutement sur titres au graded’ingénieur de l’armement dans le corpsmilitaire des ingénieurs de l’armement.Les demandes de dossiers seront reçues àla DGA jusqu’au 9 mai 2000.S’adresser au Bureau des Carrières de l’A.X.au 01.56.81.11.14.n 1896 - SOPHIS développe un logiciel

de trading pour les activités DérivésActions de grandes institutions finan-cières. Tournée vers l’international,SOPHIS connaît une croissance excep-tionnelle. Pour soutenir notre dévelop-pement, nous recrutons des

INGÉNIEURS PRE-SALES

Sur les grandes places financières inter-nationales,• vous présentez le logiciel à nos pros-

pects,• vous guidez les traders dans son uti-

lisation,• vous faites le lien avec nos dévelop-

peurs pour adapter notre produit àleurs demandes,

• vous participez à l’implémentation dulogiciel dans l’environnement infor-matique du client.

Votre rôle est capital dans la vente denotre produit et donc dans le dévelop-pement de SOPHIS. Aussi proposons-nous une rémunération très attractive(fixe + prime) et des possibilités d’inté-ressement via un plan de stock-options.

Nous recherchons des personnes capablesd’être rapidement à niveau en financeet en informatique, avec une forte mobi-lité et un anglais courant.

Contacter

Olivier Cohen (X 90)Corinne Serrano (X 93)Sophis - 10, rue de Castiglione -75001 Paris.Tél. : 01.44.55.37.73.E-mail : [email protected] : [email protected]

Page 82: 00 Couv-4 5/02/04 9:55 Page 1 · PDF file53Jean-Émile STAUFF (37), 1916-1999 par Léon BEAUSSART (37) et Jean GUILLOT. 4 MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE LIBRES PROPOS C

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n S175 - Vve cam. X 33, 86 ans, valide, diff.vue, rech. dame de compagnie temps com-plet, gde disp., calme, non fumeuse, aimantvoyages, lecture, sachant conduire. BaséSanary/Brest. Contact en soirée : 04.94.74.49.21- 02.98.01.28.28 - 02.99.87.24.37 qui trans-mettront.

n S176 - Collaboratrice Bal de l’X 99 - resp.entrep. et média, exp. : attachée de presse,comm., dévelop. commercial en entrep. (Alcatel,Cogedim, Ribourel) puis en agence (Challenge).Resp. de budgets : événementiel médiatisé,sponsoring, incentive et motivation d’équipesaudiovisuel (Média Films TV). Conception etréalisation de : plaquettes, annuaires, com-muniqués, d’un club de fidélisation de clien-tèle (Journal de Tintin). Rech. situation enentrep. ou ds les médias (presse, TV). Formation :EFAP et psycho., 51 ans. Florence OEHMICHEN(fille X 30). Tél. : 01.47.71.29.55.

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MARS 2000 LA JAUNE ET LA ROUGE80

Les annonces sont publiéesà titre de service rendu

aux camarades et n’engagent pasla responsabilité de l’A.X.

Seules les annonces reçuespar courrier ou par fax

seront traitées(pas d’annonce par téléphone).

Le règlement ne s’effectuequ’après parution de l’annonce,une facture vous sera adressée.

Tarifs 2000 : la ligneDemandes de situation : 45 FOffres d’emploi : 55 FImmobilier : 75 FDivers : 85 F

Les annonces à publierdans le n° de mai 2000devront nous parvenir

au plus tard

le vendredi 7 avril 2000.

A N N O N C E S

AUTRES ANNONCES5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01.56.81.11.11Fax : 01.56.81.11.01

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