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N°105 4 E TRIMESTRE 2000 MODERNE MODERNE

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N ° 1 0 5 4 E T R I M E S T R E 2 0 0 0 MODERNEMODERNE

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Au cours du XXe siècle,le béton s’est imposécomme un matériau phare qui a permisle renouveau de l’architecture et de l’art debâtir.L’architecte et l’ingénieur font appel à lui pour façonner nos infrastructures et dessiner le paysage urbain de nos villes.Le béton est un matériau qui évolue de façoncontinue.Au cours de la période récente,cette évolution a connu une forte accéléra-tion.Pour aborder une nouvelle ère,l’éventaildes bétons contemporains offre aux concep-teurs et aux créateurs tous les moyens de relever les défis techniques et esthétiques qui leur permettront de construire l’avenir.

Bernard DARBOIS,

directeur de la rédaction

Sommaire – n° 105

s o l u t i o n s b é t o n Les bétons contemporainsPAGES

1320

r é a l i s a t i o n s PÉROU – Maison de plagePAGES

0106Architecte : Henri Ciriani

L’espace,la lumière et la mer...

AIX-LES-BAINS – ThermesPAGES

0712Architecte : Stanislas Fiszer

Confort pour le corps,panorama pour l’esprit

CRÉTEIL – Maison de l’enfancePAGES

3134Architectes : Bernard Valero & Frédéric Gadan

Une ville dont les princes sont des enfants

r é a l i s a t i o n s LE MANS – Collège

Architecte : Jean-Pierre Lott

Un ventde souplesse et de sérénité

b l o c - n o t e s • Actualités• Livres• Exposition

PAGES

2125

VITRY-SUR-SEINE – Logements

Architectes : Paul Chemetov & Borja Huidobro, Édith Girard

Une place pour marquer l’unité

PAGES

2630

PAGES

3536

>>> En couverture : le collège Kennedy au Mans.

La pluralité de l’offre des bétons

CIMCENTRE D’INFORMATION SUR �LE CIMENT ET SES APPLICATIONS

7, place de la Défense • 92974 Paris-la-Défense CedexTé l . : 01 55 23 01 00 • Fax : 01 55 23 01 10

• E-mail : [email protected] •• internet : www.cimbeton.asso.fr •

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Frédéric VelterDIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Bernard Darbois CONSEILLERSTECHNIQUES :Bernard David ;Serge Horvath ; Jean Schumacher

CONCEPTION,RÉDACTION ET RÉALISATION :ALTEDIA COMMUNICATION

5,rue de Milan – 75319 Paris Cedex 09

RÉDACTEUR EN CHEF : Norbert Laurent RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT : Pascale Weiler

Pour tout renseignement concernant la rédaction,contactez Aurélie Creusat – Tél.:01 44 91 51 00

Fax :01 44 91 51 08 – E-mail :[email protected]

éditorial

MODERNEMODERNE

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r é a l i s a t i o n PÉROU - Maison de plage

L’espace,la lumière et la mer…● ● ● DEUX OUVRAGES CONSACRÉS À L’ŒUVRE DE L’ARCHITECTE FRANÇAIS HENRI CIRIANI SONT RÉCEMMENT PARUS.

UN WEEK-END DE RÉFLEXION, PORTANT SUR SES TRAVAUX ET SON ENSEIGNEMENT, S’EST DÉROULÉ EN NOVEMBRE 2000

AU COUVENT DE LA TOURETTE. DANS CETTE ACTUALITÉ, LA MAISON DE PLAGE CONSTRUITE AU PÉROU, SON PAYS NATAL,

S’INSCRIT AU CŒUR DE LA RÉFLEXION THÉORIQUE DE L’ARCHITECTE, DONT IL NOUS LIVRE LES THÈMES PRINCIPAUX

EN COMPLÉMENT DE LA PRÉSENTATION DU PROJET. POUR CETTE MAISON, HENRI CIRIANI A ÉTÉ RÉCOMPENSÉ DU “HEXAGONO

DE ORO” PAR LE COLLÈGE DES ARCHITECTES PÉRUVIENS.

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programme est réparti sur trois niveaux.La maison se développe autour d’unpatio central ombragé qui la traverse surtoute sa hauteur et dans lequel estplanté un palmier. Les matériaux et lescouleurs donnent là une atmosphère de fraîcheur, un sentiment d’être envacances. Encastrée dans la pente, lapartie inférieure du volume fait socle. Elleabrite les chambres de service, les cham-bres des enfants, une chambre d’amis,un garage pouvant contenir 2 voitures etun bateau. Le niveau médian accueilletous les lieux de la vie familiale col-lective : cuisine, repas, salon, piscine etentrée. Longeant l’étroite piscine, leséjour et la loggia qui le prolonge pren-nent la double hauteur du volume déli-mité par l’enveloppe de béton. Dans cegrand espace ouvert vient se nicher levolume du logement du propriétaire.Vude l’intérieur, il pèse de tout son poidsdans l’espace pour délimiter l’emprise dela salle à manger, tandis que vu de l’ex-térieur, il apparaît comme presque vide.Si, dans une maison de plage classique,les pièces principales sont disposées enbalcon pour regarder la mer, ici, tout estconçu pour la tirer, la capter à l’inté-rieur. La maison semble traversée par lamer, à tel point que cela permet à des

propriétés voisines de conserver une vuesur le Pacifique. Le niveau supérieur estuniquement occupé par la chambre despropriétaires et sa terrasse. Cette cham-bre ne possède aucune fenêtre offrantune vue directe sur la mer : elle s’ouvrelatéralement sur la terrasse. Les prises devue sur la mer se font en diagonale. Uneporte de placard coulissante en miroirréfléchit l’image de la mer dans l’espacede la chambre, de telle sorte que par ins-tants on ne sait plus où est la mer et oùest l’intérieur.

● Le béton pour l’essentiel

“L’enveloppe fondamentale en béton”est peinte en blanc. À Lima, il existe untaux élevé d’humidité. Tous les jours larosée du matin se dépose sur les bâti-ments. Le choix d’une peinture plastiquegarantit une bonne protection contrecette humidité qui recouvre les murs.Pour les mêmes raisons, les têtes de

murs sont doublées en médium. En toi-ture, un système de dalles en terre cuiteposées sur une couche d’asphalte, trèsutilisé au Pérou, assure l’étanchéité :l’humidité absorbée par les dalles dufait de leur porosité, s’évapore dans lajournée sous l’effet du soleil tandis quele béton en est protégé par la couched’asphalte. Ce système permet en parti-culier d’obtenir des épaisseurs de dallestrès réduites. Les sous-faces des planshorizontaux sont laissées brutes, mon-trant au cœur de la maison le bétonvivant tel qu’il a été fabriqué. Tout cequi n’est pas l’essentiel de l’architec-ture, c’est-à-dire tout ce qui n’est pasen béton, est traduit dans une poly-chromie de jaune, noir, rose, rouge, etc,rappelant un tableau abstrait.Avec le volume du logement du proprié-taire qui se perçoit différemment selonle point de vue intérieur ou extérieur,Henri Ciriani a développé pour la pre-mière fois dans un projet un élément

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>>> Les propriétés voisines conservent des vues sur

le Pacifique à travers la villa. L’accès piéton se fait par l’arrière.

La maison semble émerger d’un petit fossé qui assure la ventilation

des chambres et permet d’installer la porte d’entrée en retrait

de la voie. Le socle intimiste de la villa supporte un volume

ouvert et accueillant.

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es thèmes de la réflexionthéorique et la “recher-

che patiente” menée par HenriCiriani sont contenus dans la maisonde plage. Une image – un dessin à mainlevée de l’architecte – illustre avec forcele concept qui fonde le projet, et montrece ruban de béton géométrique,minimal(12,5 cm d’épaisseur), presque abstrait,qui définit la “spatialité fondamentale”et la permanence du bâtiment dontparle l’architecte. Le sentiment d’abs-traction se ressent intensément. L’archi-tecture va au-delà du premier usage –une maison de vacances – qui est ins-tallée dans le “manteau de béton” fon-dateur par les éléments de secondœuvre (vitrage, menuiserie, cloisons,etc.) et le mobilier.

● Capter la mer

Ce projet conçu par Henri Ciriani est enfait le cadeau de mariage qu’il fait à sonneveu. Il s’agit d’une résidence secon-daire pour le week-end et les vacances,dont le programme précis a été définipar le futur occupant. La villa se dressesur une plage à 40 km de Lima. Elles’inscrit dans un volume virtuel prochedu cube. Du fait de la pente du terrain, le

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❙❙❙ Niveau 0 ❙❙❙ Niveau 1

❙❙❙ Niveau 2

❙❙❙ Coupe AA ❙❙❙ Coupe BB

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* Dans l’hémisphère sudle soleil est au nord.

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pensée dominante tend à croire quemoins les choses sont définies, plus laliberté est grande. Il existe une fuite desresponsabilités et l’acte majeur quiconsiste à choisir est constammentreporté. De plus, la remise en causeactuelle du fonctionnalisme tient sansdoute de sa difficulté à intégrer le futur.Dans de nombreux cas, l’architecturemoderne hérite de l’obsolescence de safonction. Un grand nombre de bâtimentsdes années 1950, parfaitement fonc-tionnels, sont en fait peu utilisables endehors de leur usage initial.Face à la confusion de notre époque et àl’ambiguïté des programmes, les archi-tectes doivent cependant apporter desréponses et continuer à inventer. Cer-tains développent des démarches, pro-posant un minimalisme architectural dis-sociant l’apparence de la fonction, quipermettent tous les programmes ettoutes les modifications. Un bâtimentdoit répondre au programme, autoriserdes modifications rapides et d’autres

a maison de plage récem-ment terminée par Henri

Ciriani au Pérou s’inscrit aucœur de la réflexion sur l’architec-ture qu’il mène au fil des années et desprojets. L’architecte expose ici les diffé-rents thèmes qui la nourrissent et qu’ilexpérimente au fur et à mesure desconcours et des bâtiments réalisés. Sespropos nous permettent de découvrir etde comprendre les contenus théoriques etpratiques de son travail, comme de situerla maison de plage dans l’ensemble de lapensée et de la production de l’architecte.

● Pérennité et obsolescence

“Depuis plusieurs années, on peut cons-tater que les programmes sont de plusen plus souvent modifiés alors que lesbâtiments sont en cours d’étude, voirede réalisation. Cela témoigne d’unedémission de la société face au pro-gramme, car elle semble être incapablede dire ce qu’elle veut pour le futur. La

architectonique qui permet de concilierdes conditions opposées. Ici les deuxconcepts antagonistes sont “lourd” et“léger” (le plein et le creux).

● Travailler la dualité

“Je souhaite de plus en plus travaillerces rôles inversés dans mes projets. Pluson trouvera des éléments comme celadans l’architecture du futur, plus ellepourra être lourde et légère, opaque ettransparente, etc. Ces binômes sont labase même d’une nouvelle conscienceau moment de faire un projet. Cela per-

met d’avoir deux situations spatiales,deux qualités de lumière, de vues... et dedéfendre notre architecture face à unfutur de plus en plus incertain du point devue de l’usage et du programme. Cettemaison est importante pour moi, car ellecristallise un moment donné d’un sys-tème de pensée.Les formes conçues et dessinées nesont compréhensibles qu’en béton. Ilm’est impossible d’imaginer cette mai-son construite dans un autre matériau.Elle est aujourd’hui, du point de vue de l’architecture, le bâtiment le plussophistiqué que j’aie fait.” ❚

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La permanence,essence de l’architecture

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usages dans le futur ; mais personnelle-ment, je pense que l’architecture sesitue au-delà, car la permanence estl’essence même de l’architecture. Noussommes devant une nouvelle donne etje recherche dans un programme leséléments permanents et ceux qui sontplus évolutifs, afin que l’architecturepuisse assumer cette dialectique de lapérennité et de l’obsolescence. Celaconsiste à définir la partie de bâtimentqui va être invariante, même en cas de

changement de destination, et celle quipourra supporter des évolutions. Jeserais même partisan que, dans lesconcours, le programme explicite lespoints où une réponse forte de l’archi-tecte est attendue, et les points suscep-tibles de connaître des évolutions,nécessitant par conséquent une maté-rialisation plus souple. Je pense qu’ilfaut faire de l’architecture moderneadulte. Une architecture qui intègre lefutur, c’est-à-dire qui le permette.

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>>> La loggia prolonge l’espace du salon et donne accès

à la piscine. Vue du patio, depuis l’étage inférieur (niveau 0),

en direction du garage et du salon. Le patio et la loggia vus

depuis l’entrée (niveau 1). La chambre des propriétaires

s’ouvre sur une terrasse offrant des vues en diagonale sur la mer.

Selon sa position, la porte coulissante en miroir reflète l’image

du Pacifique dans la chambre.

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Dans chaque projet, il est possible dedéterminer les lieux de la véritablerecherche architecturale et les élémentsde l’architecture qui sont redevablesd’une pérennité, d’une permanence. Ilsdéfinissent la spatialité fondamentale del’édifice et lui donnent son identité.”

● Le béton matériau de la permanence

“J’ai l’habitude de dire : “Si tu sais ceque tu veux, fais-le en béton ; si tudoutes, fais-le en métal parce que celapeut se démonter”. Gardons le bétonpour tout ce qui est de l’ordre de la per-manence, de l’architecture. Depuis laMaison de l’enfance de Torcy, je fais deplus en plus une architecture où le bétonest un peu comme un manteau qui pro-tège les particularités d’un programmeet qui a pour fonction essentielle de se

référer au contexte, au lieu, à la présenceessentielle de l’existant (le soleil,l’ombre, les vents, etc).Avec le béton, onraconte l’histoire principale. Pour la mai-son de plage, le béton est au maximumde ses performances architecturales,assurant pratiquement toutes les parti-cularités spatiales et la permanence del’architecture. Tout ce qui est de l’ordredu second œuvre participe de la qualifi-cation du premier usage. On peut ainsiimaginer que, dans le futur, la maisondevienne le poste de secours ou la garde-rie de la plage, mais son architecture res-tera, conservant son émotion, son rap-port au site, au climat et à la géographiedu lieu, ainsi que sa logique programma-tique définie par un socle intimiste,support d’un volume dilaté ouvert,accueillant et fraternel. Les dessins duprojet de l’école d’architecture de Com-piègne montrent aussi ce mouvement de

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r é a l i s a t i o n

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Maître d’ouvrage :Ana Maria & Gonzalo Santillana

Maître d’œuvre :Henri Ciriani, architecte ;

Enrique Santillana,assistant

Ingénieur structure :Francisco Barrantes

Responsables du chantier :Jorge Draxl

Julian Contreras,Duo Diseño Y Construccion

Entreprise gros-œuvre :IPSA

Superficie :226 m2

Coût :

150 000 $

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PÉROU - Maison de plage

>>> Le volume de l’étage supérieur délimite, dans l’espace

double hauteur, l’emprise de la salle à manger et de la cuisine.

Volée d’escalier et palier conduisant à la chambre des

propriétaires, celle-ci occupe tout le niveau supérieur de la maison.

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plans horizontaux et verticaux les plusfins possibles constituant l’armaturefondamentale en béton qui assure lapermanence de l’institution. L’école d’ar-chitecture aurait pu évoluer très libre-ment à l’intérieur de ce minimum dematière bien placée. À Rocquencourt, legros-œuvre décoffré du bâtiment del’INRIA est une démonstration en gran-deur nature de ce travail.”

● Équivalence de l’horizontaleet de la verticale

“Il existe aussi, dans tout ce travail, unevolonté d’abstraction, qui est le symbole,le signe de la prétention d’un architecteface à la réalité physique. Pour pouvoiratteindre cette abstraction il faut que l’ho-rizontale soit équivalente à la verticale.Comment faire pour que ce qui s’appuieverticalement et ce qui franchit aient lamême force, la même matérialité? Lebéton est le seul matériau qui permet devoir une ligne ou un plan horizontaux,devenir verticaux et revenir à l’horizontale.Savoir tenir de l’espace, le mettre en ten-sion, transformer la matière même de l’es-pace, ceci est la charge fondamentale dumatériau opaque. Je l’appelle le béton en

liberté. Il plie, il franchit, il monte, il changede direction, il a l’air d’être content de soi.Dans tous les projets de concours récents,Avignon, Compiègne, Rocquencourt, Pon-toise, etc, une sorte d’obsession de l’équi-valence entre l’horizontale et la verticalese développe et installe une nouvelle abs-traction. Cette abstraction calme etsereine accepte et aime la gravité, maisn’en est pas esclave. Quand on sait traiterla gravité, elle donne de l’émotion. Il estfondamental que la gravité soit la raisonmême du travail de l’architecte.”

● Une architecture de l’émotion

“Dans tous ces derniers projets, le travailrevient sur ce qui est essentiel comme lagéométrie, la solidité, la gravité. Il fautinventer une architecture légère qui parlede la gravité aussi bien que les pyramideségyptiennes. À l’Historial de la GrandeGuerre de Péronne, le “poteau brésilien”est dessiné pour ne pas ressembler à unpoteau. Cela insiste sur lui en tant queforme particulière, il ne se perçoit pluscomme un élément porteur. Il montre lebéton en liberté. À Rocquencourt, depuisque le gros-œuvre est décoffré, on voit lemouvement filant et libre des plans de

béton. L’élément porteur en forme de X,qui sort de l’orthogonalité des voiles et desdalles, apparaît dépourvu de “lourdeurgravitationnelle”. Ces éléments porteursinclinés ou aux géométries différentesn’expriment plus l’idée d’un poids porté.Ce ne sont presque plus des poteaux et ilsse perçoivent formellement comme desliens. Lorsqu’un poteau n’est pas dans lamême logique géométrique que les voileset les dalles, on peut s’abstraire du senti-ment de pesanteur induit par la gravité.Le potentiel d’émotion des enchaînementsde grands plans abstraits est en relationdirecte avec leur capacité de franchis-sement. Dans la maison de plage, j’em-ploie des poteaux orthogonaux, maispeints en gris, ils sont intégrés dans lamenuiserie en bois. Le ruban continu enbéton,qui définit la spatialité fondamen-tale de la maison, reste ainsi d’unegrande légèreté.” ❚

PROPOS RECUEILLIS PAR : NORBERT LAURENT

PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS

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r é a l i s a t i o n AIX-LES-BAINS -Thermes

Confort pour le corps,panorama pour l’esprit● ● ● Le bâtiment des Thermes nationaux d’Aix-les-Bains exprime clairement une des préoccupations

fondamentales de son concepteur : quelle place, quelle fonction pour l’architecture face à

l’immatérialité d’une société de plus en plus envahie par le virtuel ? La réponse donnée est celle

d’un éloge du corps et de sa relation sensible à l’espace. Elle s’exprime au travers d’un éclectis-

me qui mélange tradition plastique et expression contemporaine pour produire une œuvre forte,

à contre-courant des modes, et dont l’un des principaux intérêts est bien de poser cette question.

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pécialisé dans les affec-tions rhumatismales, le

bâtiment des Thermes natio-naux d’Aix-les-Bains a été pensé àl’image des espaces conçus, autrefois,autour de l’eau par les Romains. “Lesplus suaves espaces de vie, des palaisdoués d’autres valeurs que fonction-nelles doivent sortir d’autres imagina-tions que de celles de plombiers”,déclare sans détour Stanislas Fiszer.

L’architecte développe ainsi une écriturespatiale guidée par la volonté de placerl’homme au centre du processus concep-tuel. Les patients circulent dans de largesdéambulatoires où les boiseries (tulipier,chêne, cèdre…) et les dalles de pierre(opale, marbre, traversin persan, haute-ville…) côtoient la diversité des aspectsde surface des bétons. Le travail portesur les conventions constructives et surles modes d’assemblage et de mise en

œuvre propres aux matières d’aujour-d’hui. Les pièces et éléments d’archi-tecture en béton associent avec délica-tesse les finitions polies, acidées, lasurées,brutes, sablées… Le luxe des détails, lesoin apporté à chaque articulation fontdéjà de l’édifice un lieu hors du temps,malgré sa livraison récente. Les maté-riaux les plus contemporains sont utiliséspour leurs performances techniques etéconomiques, tandis que le moindre

détail est traité dans un souci décoratif,impliquant un recours au savoir-faire descompagnons mouleurs, coffreurs, ferron-niers,paveurs…

● Une suite de lignes posées dans le paysage

S’inscrivant sur le fond du mont Revardqui domine la ville, le nouvel immeuble aété programmé en complément desThermes nationaux aujourd’hui rebap-tisés Anciens thermes. Il répond avecrigueur au paysage alpin et, par sa pré-sence, transforme la silhouette d’Aix-les-Bains. Malgré sa situation légèrementsur les hauteurs de la ville, il sera bientôtdirectement relié aux Anciens thermespar un transport en site propre. Le futurascenseur incliné dégagera une vue surle nouvel établissement au fur et àmesure de son ascension tandis que,depuis les cabines de verre, les curistespourront profiter du panorama sur le lacdu Bourget et les palaces du début dusiècle du centre-ville.Dès la phase de conception, l’occupa-tion du site s’est établie par trois galeriesde 125 m de longueur, implantées paral-lèlement à la pente. Ce découpage du bâtiment en strates a dessiné un

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r é a l i s a t i o n AIX-LES-BAINS -Thermes

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Thermesnationauxexistants

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paysage linéaire, très structuré, danslequel sont disposées librement les diffé-rentes parties du programme. Une orga-nisation dictée par la topographie dusite, qui trouve aussi son origine dans lavolonté d’édifier un bâtiment souple, àmême de s’adapter à des modificationsde programme importantes. Les galeries,

distantes l’une de l’autre d’une vingtainede mètres, sont orientées est-ouest. Ellessont rythmées dans leur longueur pardes édicules répétitifs implantés tous les12 m. Ces éléments traitent les liaisonsentre les différentes parties du bâtiment.Ils sont surmontés de lanterneaux quiponctuent la silhouette de l’équipement

et en constituent le leitmotiv. Entre lesgaleries, les différentes parties fonction-nelles du programme sont disposéescomme autant de bâtiments indépen-dants : le hall, les bureaux, la piscine, lesunités de soins. Pour parfaitement expri-mer cette idée, les façades des bâtimentssont traitées avec des panneaux devêture en béton, agrafés sur les voilesporteurs, quelle que soit leur situation –qu’elles donnent sur l’extérieur, sur unpatio ou sur des espaces intérieurs.On ne peut évidemment s’empêcher depenser à Louis Kahn et à son conceptd’espace servi et d’espace servant.Pourtant, la forme n’est pas celle d’unquadrillage, mais une trame unidirec-

tionnelle. “C’est une suite de lignesposées naturellement dans le paysage”,précise le concepteur. Dès lors, réfé-rence est faite au travail d’Alvar Aaltoqui posait des traits parallèles et dispo-sait ensuite entre chaque espace unremplissage par des éléments plusaléatoires.

● Luxe des matériaux,générosité des espaces

Physiquement identiques, les grandes circulations qui organisent l’établis-sement se distinguent par leur situationgéographique et leur exposition. La pre-mière fait face à un immense parvis en

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>>> Les trois galeries du bâtiment s’étagent le long

de la pente, ponctuées et articulées entre elles par des éléments

répétitifs. Elles font face à un large parvis de béton blanc, souligné

par des balustres de même nature. Les détails de façade

témoignent du travail effectué sur les modes d’assemblage et de

mise en œuvre propres aux matériaux d’aujourd’hui. Le hall

central organise la distribution générale vers la piscine,

les différentes unités de cure et de soins.

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>>> Sous le mont Revard qui domine

la ville, le nouvel édifice a été programmé

en complément des Thermes nationaux,

aujourd’hui rebaptisés anciens Thermes.

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béton blanc. Positionné en belvédère surla ville, ce dernier est limité par une sériede balustres en béton préfabriqué quiassurent la transition avec le parc quientoure les Thermes nationaux. Le hallcentral, placé au milieu de la façade,dessert sur sa droite une piscine ludiqueaccessible tant aux curistes qu’aux usagers extérieurs. Sur la gauche estorganisé l’accueil des cures. Au centredu hall, un large escalier mène à laseconde galerie à partir de laquelle sontdesservies trois unités de soins iden-tiques. La respiration et l’éclairement de ce bâtiment imposant sont gérés par des patios, accessibles ou non, orga-nisés entre ses différentes parties.Chaque patio est traité différemment :l’un végétal, l’autre minéral ; un autreencore est habité par un escalier extra-vagant en béton lasuré, traité suivant un registre déconstructiviste.

Fortement médicalisé, l’établissementn’est pas un centre de thalassothérapie.Si la cure thermale est un traitement dela douleur à base d’eau, de vapeur et deboue, les techniques les plus modernessont mises en œuvre pour l’accueil et le

soin des patients. L’établissement, quipeut traiter jusqu’à 2 400 curistes parjour, est non seulement un lieu de confortmais aussi un espace à haute technolo-gie que l’on peut aisément rapprocherdes hôpitaux les plus perfectionnés. L’eaude cure est captée à des profondeurs de1 100 m à 45°C et de 2 200 m à 70°Cpour offrir aux curistes la garantie d’uneeau sulfurée et calcique extrêmementpure. Ensuite, elle subit tout un traite-ment dont le process, tout comme celuidu traitement de l’air, est particulière-ment présent : système de désinfectiondouble, systèmes de chloration et de net-

toyage des canalisations, renouvelle-ment total de l’air assurant une déshu-midification et un confort thermiqueexcluant toute circulation d’éventuelsgermes. Pour répondre à l’importancedes réseaux, les niveaux de soins sontséparés par des étages techniques quiabritent la multitude de branchementset d’évacuations nécessaires à l’alimen-tation des plages, bassins, douches, ber-tholaix... Tel un paquebot, le bâtimentabrite ainsi une véritable machinerie der-rière le luxe des matériaux et la généro-sité des espaces. On pourrait penser quela conception des réseaux a été dictée

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>>> Les poteaux des centres de soins sont

traités avec raffinement, alliant pâte de verre dorée et béton brut.

La matière de leurs chapiteaux, coulés dans des moules de bois

sablés, répond à celle plus lisse des prédalles. Certains des

“tabourets” aux spectaculaires poteaux en “drapé” s’éclairent par

des lanterneaux en verre. La structure apparente en béton

gris crée une continuité entre le hall et la galerie qui le surplombe.

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r é a l i s a t i o n AIX-LES-BAINS -Thermes

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>>> La piscine est recouverte

d’une toiture dont l’envolée

participe au caractère ludique

du lieu. Bétons et bois

se répondent ici avec harmonie.

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par les longs couloirs qui structurentl’immeuble. Ce n’est pourtant pas tou-jours le cas, au grand regret de StanislasFiszer, qui voyait dans son plan de massecelui d’une ville, organisée à partir desespaces de circulation sous lesquels lescollecteurs principaux auraient circulépour ensuite distribuer des îlots.L’emploi du béton et sa déclinaison sousde multiples formes (coulé en place, pré-fabriqué, architectonique) témoigne clai-rement de l’intérêt de Stanislas Fiszerpour ce matériau. C’est avec un réel plai-sir et une certaine ironie que le concep-teur en parle : “Le béton est un peu rus-tique et en même temps, extrêmementmoderne. Comme les dessins informa-tiques, il vient de rien et soudain appa-raît. À la différence de la pierre qui pos-sède une histoire ancestrale, il n’a pas deforme initiale, est fait rapidement et peutprendre la forme que l’on veut.”Ainsi présentée, la chose paraît excessi-vement simple ! Surtout au regard dubâtiment et de la dextérité plastique del’architecte à mélanger sans complexeles styles et les écritures en gardant tou-jours comme fil conducteur la véritéconstructive. Le concept constructif serapproche du parti spatial : il se composed’une structure principale, répétitive, sur

laquelle prennent place des élémentsd’habillage en béton préfabriqué. Lastructure est constituée par une robustearmature poteau-poutre-dalle, en bétonarmé coulé en place, de 12 m de portée,réalisée en béton B30 (de 30 Mpa derésistance à 28 jours). Le plus souvent,cette trame est laissée apparente, notam-ment dans les espaces intérieurs où lebéton gris est simplement couvert d’unelasure transparente mate qui protège etstabilise les poussières sans changer l’as-pect du béton brut.

● Le béton brut est omniprésent

Dans certaines circulations, les voiles debéton brut, coulés en place, sont coloréspar une lasure de surface appliquée sanssous-couche opaque, de manière à obte-nir un voile qui ne masque pas la matièredu matériau. Le béton brut est présentjusque dans des espace de soins où il estallié à la richesse des bétons préfabri-qués et des faïences. Ainsi, les poteauxdes vestiaires des centres de soins sontdes éléments cylindriques, coulés enplace, dont la base est marquée par unecouronne en pâtes de verre dorées. Lajonction avec le plafond en béton brut

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 11

3 4

Le “tabouret”, figure emblématique du projet Les “tabourets” sont des sortes de machines de guerre qui consti-

tuent l’estampille du projet. “C’est une idée très orientale que de bor-

ner l’espace par un motif de superposition qui, comme les pièces

d’échec sur un échiquier, permet de marquer les choses et d’orienter

les usagers dans cet espèce de labyrinthe que constituent les

thermes”, précise Stanislas Fiszer.

Pour des raisons économiques et de qualité d’aspect, la structure de

chaque élément qui s’apparente à celle d’un tabouret (quatre

poteaux reliés en tête par des poutres) a été préfabriquée sur site

d’une seule pièce. Le coffrage métallique, une machine impression-

nante, se rétractait vers l’intérieur de l’élément lors du décoffrage.

La particularité de l’élément réside aussi dans la finesse des détails.

Les poteaux en L sont traités intérieurement par un drapé spectacu-

laire qui met en avant les possibilités plastiques du béton. Les

courbes et contre-courbes du moule métallique ont été dessinées en

fonction des rayons admissibles par la tôle. Au niveau des poutres,

des joints creux et des empreintes dessinent des sortes de clefs de

voûte qui correspondent aux clefs d’assemblage du coffrage. De

façon à éviter le risque de bullage, 30 litres de barbotine ont été ver-

sés dans chaque poteau avant le coulage du béton gris.

Ce tabouret se retrouve systématiquement dans le projet. Dans les

niveaux inférieurs, il est surmonté d’une dalle ou d’un staff qui en

traite le plafond. Dans les parties supérieures, il est couronné d’un

lanterneau de verre qui marque et rythme le paysage et, la nuit,

s’éclaire en créant autant de lucioles dans la montagne.

TECHNIQUE

Page 14: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

galbes, joints creux, saillies... Elles dialo-guent avec des éléments plus décoratifs(staffs, boiseries, dallages, carrelages etfaïences) disposés avec parcimonie dansl’espace. Ainsi, les éléments de façadespréfabriqués en béton clair associentdes parties sablées et des parties poliesnotamment au niveau des oculus qui lesperforent. De même, le soubassementde l’équipement est exprimé par unepièce galbée en béton, préfabriquée enusine, de finition sablée, dont la formelinéaire est accusée par une successionde joints creux.La distribution de ces pièces préfabri-quées répond à une stratégie de miseen scène de l’espace mais aussi un soucide gestion économique du projet. Eneffet, la volonté de ne pas insister surun seul lieu, qui serait devenu représen-tatif et médiatique de l’opération, aimposé une attitude dite d’économie,consistant à distribuer un certain capitalsur l’ensemble de l’opération. Au boutdu compte, il en résulte un traitementcomplet des espaces avec une légèreimpression que les choses ne sont pastout à fait achevées, qu’elles restent por-teuses d’un devenir. ❚

TEXTE : HERVÉ CIVIDINO

PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE

s’opère par un chapiteau coulé dans unmoule en planches de bois sablé quiproduit un effet décoratif.

● Mise en scène de l’espace

Ces éléments verticaux supportent unréseau de poutres entre lesquelles sontdisposées des prédalles. Ces pièces sontpréfabriquées en béton gris. Leur traite-ment, qui alterne des motifs en creux eten bosse, permet d’éviter tout habillageou faux-plafond et leur donne une doublefonction de coffrage et de décor.Dans la piscine, la structure supporte unetoiture ondulée habillée de bois. Évidésen leur centre, les poteaux en béton grispermettent le passage des gaines deventilation et de l’éclairage. Ils sont sur-montés d’une couronne en acier inox quisert de grille de ventilation. Leur base esttraitée par une banquette en béton pré-fabriqué de teinte blanche.Les éléments préfabriqués en bétonblanc qui constituent l’enveloppe dubâtiment sont des pièces cyclopéennesqui font pratiquement toute la hauteurd’un étage. Préfabriquées dans un bétonde petits granulats jaune et gris-bleu,elles sont dessinées suivant des modé-natures complexes alternant biseaux,

12 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

r é a l i s a t i o n

Maître d’ouvrage :Établissement Public

des Thermes

Maître d’ouvrage délégué :Société d’aménagement

de la Savoie

Maître d’œuvre :Fiszer Atelier 41

Architectes associés G.Russier - C.Coutin - M.Janik

Architecte suivi d’exécution J-Y Mesle

Paysagiste :ACTAEA Jean Mounier

BET structure :Jacobs SereteT

Entreprise gros-œuvre :Groupement Léon Grosse,

Pegaz & Pugeat & Pugeat-SpieTondella

Préfabriquant :M S A

1 2

>>> Les prédalles

préfabriquées, aux motifs en

creux et bosse, ne nécessitent

aucun habillage en sous-face.

Les poteaux de béton gris,

ponctuent l’espace de la piscine.

À leur base, une banquette

intégrée en béton blanc accueille

les nageurs au repos.

2

1

AIX-LES-BAINS -Thermes

Page 15: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

B É T O N

● ● ● LES PROGRÈS TECHNIQUES DES DERNIÈRES DÉCENNIES OFFRENT

AUJOURD’HUI AUX MAÎTRES D’OUVRAGE, AUX MAÎTRES D’ŒUVRE ET

AUX ENTREPRISES UNE TRÈS GRANDE DIVERSITÉ DE BÉTONS. À TEL POINT

QU’IL FAUT AUJOURD’HUI PARLER DES BÉTONS ET NON PLUS DU BÉTON.

LES PROFESSIONNELS DISPOSENT D’UN MATÉRIAU PRÉCISÉMENT ADAPTÉ

À CHAQUE TYPE D’OUVRAGE, À LA NATURE DU CHANTIER,

AUX CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE, AUX EXIGENCES ESTHÉTIQUES,

QU’IL S’AGISSE DES BÉTONS FABRIQUÉS PAR LES ENTREPRISES SUR

LES CHANTIERS DE GÉNIE CIVIL OU DE BÂTIMENT, DES BÉTONS PRODUITS

DANS LES CENTRALES DE BPE, DES BÉTONS MIS EN ŒUVRE DANS

LES UNITÉS DE PRÉFABRICATION.

Cœur Défense

➜ Béton à hautes performances p 19

Centrale nucléaire de Cattenom

➜ Béton fibré ultraperformant p 20

Centre d’art et de culture de Meudon

➜ Béton autoplaçant ou autonivelant p 20

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 13

solutionssolutionsLes bétonscontemporains

Page 16: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

es bétons contemporains se sontdéveloppés à partir de travaux effec-

tués sur le rôle de l’eau dans le béton. Cettedernière assure l’hydratation du ciment et l’ouvrabi-lité du béton. L’hydratation donne au béton ses quali-tés mécaniques et une petite quantité d’eau suffitpour hydrater le ciment contenu dans le béton. En faitune part importante de l’eau utilisée, en quelquesorte de façon excédentaire, permet d’obtenir labonne ouvrabilité du béton nécessaire à sa mise enplace convenable dans les coffrages. Les nouvelles

trales de BPE, des bétons mis en œuvre dans les unitésde préfabrication. Les bétons ont aujourd’hui des pro-priétés tout à fait programmables. Ceci est vrai pour lesbétons courants. En effet, grâce à une bonne maîtrisede la chimie et de la physique du matériau et à un choixvarié d’adjuvants (réducteurs d’eau, fluidifiants, retar-dateurs de prise, accélérateurs de prise et durcissement,entraîneurs d’air, hydrofuges de masse...) il est possiblede mettre en œuvre des formulations adaptées à l’ou-vrage, aux conditions du chantier et aux conditions cli-matiques. La qualité des bétons courants est servie parcelle des composants de base (ciments normalisés, gra-nulométrie, propreté et contrôle des granulats...). Lesbétons prêts à l’emploi (BPE) sont produits dans le res-pect de la norme XP P 18-305 d’août 1996.

● BHP,hautes performances et faible porosité

Les progrès des vingt dernières années dans le domainedes adjuvants et des méthodes de formulation ontconduit à une évolution notable du matériau béton.La gamme s’est enrichie des bétons à hautes perfor-mances (BHP). Les BHP se caractérisent en premier lieupar la faible porosité de leur matrice.De plus, ils présen-tent une résistance en compression allant de 60 à 120 MPa et offrent aussi une bonne résistance au jeuneâge. La limitation de la porosité implique une très faibleteneur en eau. Il faut pour cela réduire la quantité d’eaude gâchage mise en œuvre lors de la fabrication dubéton. Ceci est possible en utilisant des superplasti-fiants. Les adjuvants de ce type ont pour rôle de s’oppo-ser à l’agglomération (la floculation) des grains deciments entre eux dans le béton frais. Il en résulte unemeilleure répartition des grains de ciment, qui aug-mente leur réactivité, favorise leur hydratation et per-met d’obtenir une résistance plus homogène et amélio-rée. Pour les BHP les rapports E/C (eau sur ciment) sontde l’ordre de 0,30 contre 0,45 à 0,50 pour les bétonsclassiques. Les formulations des bétons à hautes per-formances varient d’un chantier à l’autre. Pour accroîtreles performances du matériau, des particules ultrafines

performances des bétons contemporains sont liées àune réduction des quantités d’eau utilisées essentiel-lement grâce à la défloculation ou à l’optimisation dumélange granulaire .

● Un matériau programmable

Le béton est un matériau plus que centenaire. Les der-nières journées du patrimoine se sont intéressées aupatrimoine du XXe siècle. Elles ont mis ou remis en valeurnombre d’ouvrages de génie civil et d’édifices quitémoignent de l’excellence technique et esthétique dubéton au long du siècle. Ce matériau devenu familierfaçonne aujourd’hui nos infrastructures et nos villes.Son histoire est jalonnée de progrès qui sont obtenuspar des améliorations portant sur les constituants, desadaptations de conditions de mise en œuvre ou desapplications du matériau à de nouveaux types d’ou-vrages. Les progrès techniques des dernières décenniesoffrent aujourd’hui aux maîtres d’ouvrage, aux maîtresd’œuvre et aux entreprises une très grande diversité debétons. Cette diversité permet d’obtenir un matériauprécisément adapté à chaque type d’ouvrage, à lanature du chantier, aux conditions de mise en œuvre,aux exigences esthétiques, qu’il s’agisse des bétonsfabriqués par les entreprises sur les chantiers de géniecivil ou de bâtiment, des bétons produits dans les cen-

14 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

s o l u t i o n s b é t o n

➜ La pluralitéde l’offre des bétons

L

DEPUIS LE DÉBUT DES ANNÉES 80 LE BÉTON EST EN PLEINE ÉVOLUTION.ON PEUT MÊME DIRE QU’IL S’AGIT D’UNE

VÉRITABLE RÉVOLUTION OFFRANT AUX

CONCEPTEURS ET AUX INGÉNIEURS UN

PRODUIT DE PLUS EN PLUS PERFORMANT,VOIRE DE NOUVEAUX MATÉRIAUX. BHP,BFUP, BAN, BAP, ETC SONT AUTANT

D’APPELLATIONS QUI TÉMOIGNENT

DE LA DIVERSITÉ DES BÉTONS. À TEL

POINT QU’IL FAUT AUJOURD’HUI PARLER

DES BÉTONS ET NON PLUS DU BÉTON.

>>> Le tablier du pont d’Avignon est

réalisé avec des voussoirs en BHP, préfabriqués

sur le site.

Page 17: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 15

inférieures au micron (telles que les fumées de silice)complètent dans certaines formulations de BHP lesquelette granulaire du mélange. L’utilisation de parti-cules ultrafines permet de diminuer encore la présencede l’eau résiduelle dans le mélange tout en préservantles propriétés de mise en œuvre. Les grains ultrafins seplacent dans les interstices des grains de ciment. Leciment a alors un volume réduit à remplir avec seshydrates pendant la prise et le durcissement. Les parti-cules ultrafines utilisées actuellement sont des fuméesde silice. Elles entrent en réaction de type pouzzola-nique avec la chaux qui est libérée pendant l’hydra-tation du ciment pour former de nouveaux produitsd’hydratation résistants, renforçant la compacité dumatériau.

● BHP : résistance,durabilité,ouvrabilité...

Résistance élevée à la compression, ouvrabilité, durabi-lité, résistance au jeune âge sont les principales pro-priétés des BHP. En effet, grâce à l’effet lubrifiant dessuperplastitfiants, il est possible d’obtenir des BHP pré-sentant une excellente ouvrabilité pendant plusieursheures, sous réserve d’une formulation initiale adaptéeet rigoureuse. La compacité des BHP leur confère unegrande durabilité. Ils présentent une porosité (inférieureà 5 %) et une perméabilité faibles constituant une bar-

L’optimisation du mélange granulaire Une des évolutions des bétons récents est donc

liée à la réduction de l’eau, l’autre voie de pro-

grès est en relation avec les théories modernes

de la physique sur l’optimisation des empile-

ments granulaires (Pierre-<Gilles de Gennes –

E. Guyon). En simplifiant, on peut dire que du

point de vue de la compacité et de la résistance,

les meilleurs empilements granulaires font

appel à 4 échelles de grains.

Le béton classique fait appel à trois échelles de

grains : l’échelle centimétrique avec les cail-

loux, l’échelle millimétrique avec les sables, les

échelles de quelques dizaines de microns avec

les ciments. Compte tenu des théories relatives

aux empilements de grains optimisés, la qua-

trième échelle de grains à introduire dans les

constituants du béton peut être apportée par

des particules de type ultrafines, dont les

dimensions sont de l’ordre de 0,1 à 0,5 micron.

Ainsi avant même l’hydratation, qui reste bien

sûr essentielle, l’optimisation de la formulation

du béton passe par celle de son mélange gra-

nulaire. Diverses “ultrafines” et en particulier

les fumées de silice correspondent à cette qua-

trième échelle de grains.

TECHNIQUE

>>> Pacific Tower Société

générale : le BHP utilisé dans ces deux tours

a permis de réaliser des structures plus

élancées. Grande Arche : les poutres

de la toiture sont traitées en BHP à l’instar

d’un véritable ouvrage d’art.

Le BHP présente à l’échelle

microscopique une structure plus fermée

qu’un béton courant (grossissement x 5 000).

54

3

21

rière efficace contre les agressions chimiques. La pro-gression de la carbonatation (réaction chimique decombinaison de la chaux formée lors de l’hydratationdu ciment avec le gaz carbonique de l’air) en profon-deur est elle aussi réduite, ce qui augmente la protec-tion des armatures dans le temps. Les BHP sont ainsitrès résistants au gel et à l’écaillage dû aux sels dedéverglaçage. Ils présentent aussi une résistance supé-rieure à l’usure et à l’abrasion mécanique. Les gains derésistance interviennent dés le jeune âge du béton. Parexemple, un BHP de type 60 MPa à 28 jours peutdépasser 15 MPa à 24 heures et 40 MPa à 7 jours.

1 2 3

4 5B30 – 1µm B60 – 1µm

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La fluidité du béton frais et sa résistance mécanique pré-coce se traduisent par une accélération des cadences deproduction sur le chantier comme en usine de préfabri-cation. Du fait de leurs résistances accrues les BHP per-mettent d’alléger les structures de certains types de bâti-ments et de concevoir des structures d’ouvrages d’artplus élancées offrant de plus grandes portées.

● Les BFUP,une rupture technologique

Au cours des années 90, une rupture technologique estintervenue dans le monde du matériau béton avec lamise au point des bétons fibrés ultraperformants (BFUP)dont la résistance en compression peut atteindre, voiredépasser, 200 MPa et la résistance en traction parflexion de l’ordre de 40 MPa en traction par flexion.Cette dernière caractéristique permet d’envisager de sepasser éventuellement des armatures passives dans deséléments porteurs ou non porteurs, sous certainesconditions. Ces bétons sont en développement et leurspremières applications sont très récentes. Les BFUP secaractérisent donc par des résistances élevées allant encompression de 130 à 200 MPa et par leur ductilité.L’obtention de résistances élevées est liée à une réduc-tion très importante de la porosité et plus exactementdu réseau des pores connectés en jouant sur une teneuren eau extrêmement faible et une compacité maximale.Les BFUP ont un rapport E/C < 0,25 qui résulte de l’uti-lisation optimisée de superplastifiants. Ils défloculent lesparticules fines et assurent un meilleur empilement gra-nulaire. De ce fait la quantité d’eau nécessaire au rem-plissage des vides est considérablement réduite et la sur-

16 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

s o l u t i o n s b é t o n

face spécifique des grains est accrue ainsi que par voiede conséquence à terme leur hydratation. La compacitémaximale résulte de l’utilisation de composants de diffé-rentes classes granulométriques choisies de façon àavoir des mélanges optimum de grains qui permettent

>>> Viaduc de Sylans – Exemple

d’utilisation du BHP pour réaliser des éléments

de structure très fins. Ile de Ré – La

faible porosité de ce béton offre une meilleure

résistance aux agressions du milieu marin. Le

BHP a été utilisé pour accélérer le décoffrage.

Pont sur L’Elorn – Il présente la particu-

larité d’un haubanage axial qui nécessite une

grande rigidité transversale du tablier.

Pont de Normandie – Conçu par Michel

Virlogeux, les piles et les viaducs d’accès sont

en BHP. Pour une partie des bétons les ciments

utilisés ont été composés avec des fumées

de silice.

4

3

2

1

1

2

3

4

La défloculationComme toutes les poudres qui sont mélangées

dans un liquide, les grains de ciment ont ten-

dance à s’agglomérer entre eux. Les grains de

ciment présentent un diamètre moyen de 20 à

50 microns. Dans la pratique, quand ils sont mis

en œuvre dans le béton, ils ne restent pas à

l’état de grains isolés et se regroupent pour

constituer des agglomérats (les flocs) bien plus

gros. Ces flocs piègent de l’eau et n’apportent

pas l’ouvrabilité que l’on serait en droit d’at-

tendre, si les grains de 20 à 50 microns du

ciment restaient bien séparés. Cette perte d’ou-

vrabilité est souvent compensée par un taux

d’eau de gâchage accru,avec les conséquences

défavorables que l’on connaît sur les perfor-

mances du béton. Des produits “défloculants”

mis au point à partir des années 1980 et en

constante évolution permettent d’obtenir une

meilleure répartition des grains de ciment.

Grâce à cela, les bétons présentent une meil-

leure rhéologie, les grains étant mieux répartis,

la résistance est plus homogène et améliorée.

TECHNIQUE

État floculé

Eau

Grains de ciment floculés

Défloculant

Ciment

Surface hydratée

Floculat hydraté Grains dispersés hydratés

Page 19: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

aspect de surface proche des céramiques. Leur capacitéà épouser dans les plus fins détails les surfaces cof-frante, en supprimant toute présence de bulles, offreune grande diversité d’aspects de surface (lisse, satiné,mat, brillant, structuré...) enrichie par une large plagede coloris, liée à la possibilité d’utiliser pigments miné-raux et fibres organiques.La résistance des BFUP ouvre la voie à la conceptiond’ouvrages d’art en béton très élancés et légers pou-vant par exemple faire appel à de fines structures entreillis. Dans le bâtiment, les BFUP favorisent des por-tées plus grandes et la réalisation de plateaux libres quiaccroissent les surfaces utiles. Ces bétons contribuerontà l’évolution esthétique des constructions au niveau desformes,des parements,des couleurs...

● BAP ou BAN,une nouvelle voie de mise en œuvre

Tous les prescripteurs et utilisateurs cherchent à obtenirun béton se mettant en place de façon aisée, assurantun bon remplissage des coffrages et un parfait enro-bage des armatures, présentant une forte compacité. Lavibration est le moyen de serrage traditionnel utilisépour aboutir à ce résultat. Convenablement effectuée,elle permet de réduire les vides résiduels du béton, cequi est la condition essentielle de la résistance méca-nique et de la durabilité du matériau. Grâce au dévelop-pement de certains adjuvants (superplastifiants, plasti-fiants réducteurs d’eau ) les bétons sont devenus deplus en plus fluides. Dénommés BAP (bétons autopla-çants) lorsqu’ils sont mis en œuvre verticalement, ouBAN (bétons autonivelants) lorsqu’ils sont mis enœuvre horizontalement, ces bétons ne nécessitent pasde vibration pour leur serrage. Ils offrent une nouvelletechnique de mise en œuvre appelée à se développer àterme en impliquant en particulier une réorganisationdes méthodes au niveau du chantier.

d’obtenir la porosité minimum du système. Les ultrafinesprésentent dans les BFUP sont des fumées de silice dehaute pureté, sous forme de billes submicrométriques.Elles remplissent les espaces intergranulaires et entrenten réaction avec la chaux libérée lors de l’hydratation duciment, ce qui participe à la résistance de l’ensemble. Deplus, la porosité capillaire est supprimée et la porosité àtrès petite échelle (micropores d’une taille de l’ordre dunanomètre) n’est pas connectée et est fermée à la diffu-sion des ions et des gaz. Dans les BFUP, la taille et laquantité des plus gros grains est considérablementréduite. Le squelette granulaire gagne ainsi en sou-plesse, ce qui a pour conséquence de réduire de façonextrême les risques de microfissurations liés au retrait.Les fibres sont aussi un composant clé des BFUP.Lorsque leur dosage est suffisant elles confèrent aumatériau sa ductilité.

● BFUP,des propriétés exceptionnelles

Les propriétés mécaniques remarquables des BFUPsont la ténacité (résistance à la micro-fissuration) et laductilité (déformabilité sous charge sans rupture fragile,capacité à dissiper l’énergie de rupture, par exemple encas de séisme). Ces bétons ont une consistance fluidequi permet un remplissage aisé des coffrages. Ils ont lacapacité d’épouser dans les plus fins détails les surfacescoffrantes. Ils possèdent une plage d’ouvrabilité trèslarge qui rend possible la réalisation de pièces en bétonpar extrusion. Présentant une microstructure extrême-ment dense, les BFUP ont des propriétés de durabilitéexceptionnelles en matière de résistance au gel et audégel, aux sels de déverglaçage, à la carbonatation, à lapénétration des ions agressifs (chlorures, sulfates,acides faibles), à l’abrasion. A titre de comparaison,leurs coefficients de perméabilité et de diffusivité sontde 10 à 100 fois supérieur à ceux des roches naturellesles plus compactes comme le granit. Les BFUP ont un

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 17

s o l u t i o n s b é t o n

>>> Gare SNCF Monaco – La réali-

sation de panneaux acoustiques en BFUP

permet de répondre aux exigences de finesse

de la résille souhaitée par l’architecte.

Passerelle de Sherbrooke (Canada).

Construite avec des éléments préfabriqués en

BFUP. La poutre inférieure présente une section

de 18 x 40 cm. Le hourdis supérieur est une dalle

nervurée dont l’épaisseur en partie courante

est de 30 mm. Siège de la société

Rhodia. La façade est habillée de panneaux

en BFUP.

43

2

1

Malgré la réduction de la quantité d’eau de gâchage,les BAP ou BAN se caractérisent par leur très grandefluidité qui leur permet de se mettre parfaitement enplace dans les coffrages, sous le seul effet de la gravité,sans recours à la vibration. Ils présentent aussi uneabsence de ségrégation et un ressuage très faible. Entrecelle d’un béton et celle d’un mortier, la compositiondes BAP ou BAN présente un fort dosage en sable et enéléments fins. Ils contiennent, outre le ciment, une pro-portion importante d’additions minérales telles quefillers, laitiers ou cendres volantes. En fonction de lanature des fines utilisées, il est possible de couvrirl’éventail allant des résistances en compression debétons courants à celles des BHP. La consistance trèsfluide du matériau est obtenue en utilisant de façon sys-tématique des adjuvants de type superplastifiants ouréducteurs d’eau. Les dosages sont ajustés en fonctionde la fluidité recherchée. Le contrôle strict de la teneuren eau du mélange est un des points les plus impor-tants de la fabrication de ces bétons, qui implique deconnaître précisément la teneur en eau des granulats.

1 2 3 4

Page 20: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

18 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

s o l u t i o n s b é t o n

● BAP et BAN des bétons sans vibration

Les BAP ou BAN peuvent être mis en œuvre sur leschantiers comme dans des unités de préfabrication.Pour les chantiers, ils sont aujourd’hui développés parles centrales de BPE où ils sont formulés dans le respectde la norme BPE XP P 18-305. Les bétons de ce type ontleur place dans tous les secteurs du BTP. Ils sont particu-lièrement adaptés à la réalisation de formes complexeset aux ouvrages nécessitant une forte densité d’arma-tures. Leurs avantages sont nombreux et divers. Le com-pactage gravitaire garantit une homogénéité de cesbétons dans la masse qui est un facteur de qualité et desécurité pour la structure. La fluidité assure naturelle-ment un bon enrobage des armatures et un bon rem-plissage des coffrages. Il en résulte des temps de miseen œuvre réduits qui permettent des augmentations decadences et des économies de main d’œuvre. La qualitédes parements est très améliorée du fait d’une part dela disparition des nids de cailloux et des bulles degrosses dimensions, et d’autre part de la limitation de laségrégation et des remontées d’eau le long des cof-frages. A ces avantages s’ajoute la suppression de lavibration sur les chantiers, mettant fin aux nuisancesliées au bruit produit par les vibrateurs, souvent plus de80 dB(A). Les conditions de travail s’en trouvent aussiaméliorées en terme de pénibilité des tâches et de sécu-rité. Une mise en œuvre réussie de BAP ou BAN exigeun contrôle rigoureux lors de la fabrication (dosages,malaxage) et l’utilisation de coffrages soignés, rigides,étanches et résistants. ❚

TEXTE : NORBERT LAURENT

PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE, F. GLUZICKI,SNCF - CAV - J.-J. D’ANGELO, D.R.

Le béton,un matériau programmable Comme l’a souligné monsieur Yves Malier, Pré-

sident de l’École française du béton lors du col-

loque “Béton, révolution, architecture” à l’école

d’architecture de Paris-Villemin : “ces deux

voies défloculer et optimiser le mélange granu-

laire sont à la base de toutes les évolutions des

bétons contemporains. Ainsi on peut obtenir

des bétons qui ont des propriétés tout à fait pro-

grammables.

Cela signifie que l’on peut désormais agir sur

4 familles de propriétés :

● sur la consistance et l’ouvrabilité du béton

frais. Il est possible d’obtenir des bétons très

fluides (cas du béton autoplaçant) ou au

contraire avoir des bétons de très haute perfor-

mance très fermes (cas des bétons extrudés),

● sur les propriétés mécaniques du béton, qu’il

s’agisse de la résistance à la compression, de la

résistance au très jeune âge, du fluage, de la

résistance en traction, de l’aptitude à résister à

la fissuration,etc.

● sur la durabilité liée à l’évolution interne du

matériau ou de la durabilité liée aux agressions

externes dues à l’environnement,

● sur les aspects esthétiques, au niveau de la

micro rugosité de surface, de la couleur, de l’ap-

titude au moulage de micro-formes, de l’apti-

tude au polissage,au lavage,etc”.

Les propriétés des bétons, désormais program-

mables, induisent la pluralité en matière d’offre.

Cela a des conséquences sur la façon d’aborder

le projet en se posant d’abord des questions de

méthodes de conception, de méthodes de

construction, de maintenance voire d’adaptabi-

lité fonctionnelle future de l’ouvrage pour en

déduire les propriétés requises. Ainsi le choix

du béton le plus adapté est vraiment au cœur du

projet et à travers les possibilités de ce choix le

rôle du maître d’œuvre est considérablement

renforcé,notamment dés la prescription.

TECHNIQUE

>>> Mur du théâtre de verdure

d’Allauch – Le BAP a permis de couler ce mur

en une seule phase, afin d’éviter des reprises

de coulage nuisibles à l’esthétique du parement.

La fluidité du BAP a autorisé une faible épaisseur

(25 cm) malgré les dimensions de l’ouvrage

(2 x 25 m de long, 8 m de haut en partie centrale).

21

1

2

Page 21: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 19

s o l u t i o n s b é t o n

Deux projets importants sont en voie d’achèvement à

La Défense. Les tours jumelles du projet Cœur Défense

se dressent entre les tours Framatone et Europe. La

tour PB 6 se glisse entre le centre commercial des

4 Temps et la tour Atlantique. Les deux ouvrages sont

presque en vis à vis et tous les deux font appel aux

capacités des bétons à hautes performances.

CŒUR DÉFENSE

➜ Deux tours jumellesL’ensemble Cœur Défense comprend deux tours

jumelles décalées de 39 étages et trois corps de

bâtiments de huit étages qui viennent en avancée

sur l’esplanade de la Défense. Un vaste atrium haut

de 40 m relie entre elles toutes les parties du projet.

Cet important édifice de bureaux accueillera à

terme 10 000 postes de travail. Le plan de chaque

tour est un rectangle (79 m x 24 m environ) dont les

Béton à hautes performances

TOUR PB 6

➜ Une minceur profiléeLa tour PB 6 est un immeuble à usage de bureaux

haut de 40 étages. Le volume vertical de la tour se

développe à partir d’un plan en forme d’amande.

Il est découpé, sur la façade nord, par une faille verti-

cale qui va en se rétrécissant jusqu’au niveau 155 NGF,

correspondant à la voûte de la Grande Arche. La

structure de la tour est en béton armé. Les efforts

sont repris par le noyau central et par 16 poteaux de

façade auxquels s’ajoutent 2 poteaux intérieurs. Le

noyau central est excentré afin de dégager des

bureaux plus vastes sur une face et ainsi accroître la

fonctionnalité de la tour. Les poteaux de façades sont

espacés de 9,60 m. Des dalles pleines relient à

chaque niveau noyau et poteaux.

PHOTO : D.R.

Maîtrise d’ouvrage : PB 6 développementAssistant maîtrise d’œuvre : HINES FranceMaîtrise d’œuvre : PEI, COBB, Freed and Partners,architectes ; Saubot ; Rouit et associés, architectesEntreprise générale : BATEG - VINCI

● L’apport du BHP dans les deux tours

L’obtention d’éléments de structure plus fins offre la

possibilité de gagner de la surface utile et permet

au Maître d’Ouvrage de mieux valoriser le projet.

petits côtés sont hémi-circulaires. Les structures et

les planchers des bâtiments sont en totalité réalisés

en béton armé. Dans les tours, les efforts de contre-

ventement sont principalement repris par chaque

noyau et par le noyau situé entre les tours. Cet

ensemble du fait de sa forme générale en H pré-

sente un élancement faible et une forte rigidité. Les

poteaux de façade sont situés à 6,60 m du noyau et

espacés entre eux d’environ 8 m. Noyaux et poteaux

sont reliés par des dalles pleines dont l’épaisseur

varie de 22 à 33 cm.

PHOTO : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE

Maître d’ouvrage : Tanagra (Unibail, Crossroads

Property Investors SCA, Gothaer, Bouygues)Maître d’ouvrage délégué : Bouygues ImmobilierArchitecte mandataire : J-P. ViguierBET et maître d’œuvre d’exécution : Setec, Séchaud & Bossuyt (associé)Entreprise générale : Bouygues

Pour obtenir le meilleur éclairement naturel, les

architectes ont cherché un dégagement maximal des

façades. L’emploi de BHP s’est donc imposé dans la

conception des éléments porteurs soumis à forte

compression. Dans les deux tours, les poteaux, de

sections circulaire, sont réalisés avec un BHP de type

B 80. Les poteaux les plus sollicités sont soumis à

des efforts de compression de l’ordre de 40 MN dans

la tour PB et de 26 MN pour Cœur Défense en état

limite ultime. Leur hauteur peut atteindre environ 8

m dans les halls d’accès. Ils participent aussi à la rai-

deur de l’édifice sous l’effet du vent. Le BHP utilisé a

permis de limiter les diamètres des poteaux les plus

chargés à 1,30 m dans la tour PB 6 et à 1,10 m dans

le cas de Cœur Défense. Par comparaison, l’emploi

d’un béton plus traditionnel de type B 40 aurait

conduit à des diamètres de l’ordre de 2 m, dimen-

sions incompatibles avec les conceptions architectu-

rales. Du fait de leur rigidité, les noyaux des tours

reprennent la plus grande partie des effets du vent.

Compte tenu de le contribution des poteaux de

façade, les noyaux sont principalement soumis à des

efforts de compression. L’emploi d’un BHP s’est logi-

quement imposé pour réduire l’encombrement des

voiles des noyaux.

Page 22: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

20 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

s o l u t i o n s b é t o n

un volume cylindrique haut de 15 m. Ce dernier est

composé de deux murs circulaires. Le mur intérieur

constitue l’ossature porteuse de la salle. Le mur exté-

rieur laissé brut de décoffrage a été réalisé à l’aide

d’un béton blanc autoplaçant. La qualité de pare-

ment et l’unité de teinte exigés, ainsi que l’interdic-

tion de ragréer ont été déterminants dans ce choix.

Cela a permis de couler en une seule fois des hau-

teurs de 8 m sur de grandes longueurs tout en res-

pectant le calepinage horizontal et vertical, ainsi que

les ouvertures déterminées par l’architecte. L’utilisa-

tion de bétons autoplaçants supprime les nuisances

liées à la vibration du béton. Dans le cas du centre

d’art et de culture situé dans un quartier résidentiel,

cela favorise le bon déroulement du chantier en atté-

nuant la gène du voisinage.

PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE, D.R.

Maître d’ouvrage : Ville de MeudonMaître d’œuvre : Atelier d’architecture J. Ripault et D. DuhartBET structure : Betom IngénierieEntreprise gros-œuvre : Quillery

CENTRE D’ART ET DE CULTURE DE MEUDON

➜ Servir le jeu des volumesLe centre d’art et de culture de Meudon conçu par

l’architecte Jacques Ripault se caractérise par une

composition de masses et de parois soulevées qui

délimitent des espaces ouverts et déclinent un riche

jeu d’opacités et de transparences. Cœur de l’édifice,

la salle de spectacle, de 450 places, est inscrite dans

Béton autoplaçant ou autonivelant

CENTRALE NUCLÉAIRE DE CATTENOM

➜ Durabilité et légèretéÀ l’occasion de la rénovation des structures internes

des aéroréfrigérants de la centrale nucléaire de Cat-

tenom 270 poutres et 2 376 poutrelles préfabriquées

en BFUP ont été mises en œuvre. Disposées radiale-

ment autour des aéroréfrigérants, les poutres ont

Béton fibré ultraperformantune longueur de 14 m et sont précontraintes par 10

torons T15S prétendus. Chacune d’entre elles sup-

porte 9 poutrelles, dont la longueur varie de 6 m à

6,9 m, et qui sont précontraintes par 2 torons. Poutres

et poutrelles ne comportent aucune armature pas-

sives. Elles ont été préfabriquées au rythme de

20 unités par jour. Le BFUP utilisé est produit dans

une centrale équipée d’un malaxeur à haut pouvoir

de cisaillement, de 1 m3 de capacité utile. Après prise

du béton et transfert de la précontrainte, les poutres

subissent un traitement thermique de 48 heures à

90°C, à l’issu duquel la résistance en compression du

BFUP atteint 220 MPa en moyenne. Cette production

industrialisée a fait l’objet d’un contrôle qualité ren-

forcé, depuis la réception des composants jusqu’au

stockage des éléments. Se substituant aux anciens

systèmes de poutres, le nouveau réseau de poutre et

poutrelles supporte le corps d’échange thermique

qui assure le refroidissement du circuit de réfrigéra-

tion de la centrale. Il est soumis à de fortes agres-

sions physico-chimiques (gel-dégel, eaux de ruisselle-

ment). Les choix du BFUP s’est imposé en raison de

ses excellentes qualités d’étanchéité et de résistance

au gel-dégel. De plus, ses performances mécaniques

ont permis d’obtenir des éléments plus fins et plus

légers. Le poids de la structure a ainsi été divisé par

trois. En conséquence, il n’a pas été nécessaire de

modifier les fondations initiales, ce qui représente

une importante économie.

PHOTO : D.R.

Maître d’ouvrage : EDF CNPEMaître d’œuvre : EDF CNEPESupport technique : EDF SEPTEN, EDF CEMETEEntreprise générale : HamonPréfabrication : Bouygues TPEssais : LCPC, CEBTP

>>> Mise en œuvre du BAP : grâce à sa

fluidité, il remplit parfaitement les coffrages.

Page 23: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

r é a l i s a t i o n LE MANS - Collège

21

Un vent de souplesse et de sérénité● ● ● Une banlieue si anonyme

qu’elle pourrait appartenir à toute

autre ville que celle du Mans :

Allonnes fait partie des cités

construites au cours des années 60.

Elle possédait un collège constitué

dans l’urgence de bâtiments anodins,

heureusement aujourd’hui remplacé

par un bâtiment dû à Jean-Pierre Lott

où un jeu de coques en béton

s’inscrit dans un site qui renoue avec

la poésie.

Page 24: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

deux barres du collège,la place. Un vide urbain

récemment bordé de boîtes faisantoffice de commerces. D’un point de vuepurement géographique, le site présentepourtant quelques qualités assez peuexploitées jusque-là. Les arbres ne sontpas absents de cette commune, bordéepar une forêt et implantée sur un terrainbien moins plat qu’il n’y paraît. La par-celle allouée au collège bénéficie de cesdeux avantages. Son fond bordé d’unefrondaison apaisante forme un écrinvert, alors que son relief, marqué par une

pente assez forte, permet de développerle nouveau collège sur deux plateaux : unniveau bas côté avenue et un niveauhaut côté forêt, ces deux plans étantreliés par une voie carrossable accessibleaux pompiers. Quel était l’enjeu de cenouveau projet ? Remplacer avantageu-sement les constructions anciennes etproposer une image architecturale quidémontre que la barre ou la tour sontdes modèles à évincer.La somme des contraintes paraît plutôtlourde. Outre le contexte, difficile, le pro-jet doit intégrer un phasage nécessaire

des travaux en trois volets, le collègedemeurant en fonctionnement pendanttoute la durée du chantier. Dernièreépine inévitable et inopérable : la cui-sine, un bâtiment existant et conservé.De cette histoire plutôt triste et lisse estpourtant né un collège mouvant etémouvant – un ensemble de courbes quivibrent et tendent leurs rondeurs vers lesfaçades rigides des logements voisins. Laforêt soutient cette envolée. Jeu lyrique ?Architectures de dessin et de dessein.Jean-Pierre Lott tenait à créer un ensem-ble de bâtiments à priori séparés, maistotalement reliés par la pente et centrésautour de la cour qui n’a pas une formehabituelle mais des limites évidentes, lesmurs. Le programme d’un collège imposela réalisation de constructions basses,constituées au mieux de trois niveaux.Ici, l’apologie n’est pas celle des galettes

mais des coques. Tout ici est jeu decourbes faites de béton ! Douceur etpoésie viennent réveiller un environne-ment où la pauvreté formelle régnait.Face à la cacophonie de fausses cou-leurs déployées sans maîtrise, lesrésines blanches soufflent un vent desouplesse et de sérénité. Elles révèlentla complexité de formes qui appellentau calme et proposent aux barres voi-sines la vision d’une cinquième façadetout en rondeurs.

● En réponse au site

Concevoir une architecture… Se per-mettre les abstractions, oser “des formesqui a priori ne tiennent pas”… Inscriredans un site des “pièces à géométriecomplexe”. Les mots employés par Jean-Pierre Lott témoignent d’une démarche

22 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

r é a l i s a t i o n LE MANS - Collège

À

1 2

A - Musique/dessin.

B - Enseignement général. C - Hall.

D - Cuisine existante. E - Salle polyvalente.

F - Gradins/vestiaires. G - Ateliers. H - Logements de fonction.

A

H

GF

E

DC

B

Page 25: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

formelle qui place le modelé de l’espaceen priorité, mais qui n’oublie pas quecreuser la matière ne dispense pas leconcepteur de trouver des formes quiconviennent à la destination d’un local :“Un bâtiment demeure l’expressiond’un programme et son histoire expliquesa composition.” De l’analyse descontraintes jaillit une composition régiepar un parti qui est un questionnement.Les sept bâtiments qui composent lenouveau collège ont été conçus pourinterpeller leurs occupants, pour créerdes lieux qui questionnent, qui fontperdre la notion de perspective, d’échelle– une dimension pédagogique d’autantplus importante dans le cas d’un collège.Ce dernier est complexe par besoin, celuid’y glisser des épaisseurs, de construiredes impressions, de provoquer des sen-sations qui n’excluent pas le site mais

agissent en réaction à sa structure pro-fonde. Les courbes de ce collège ne peu-vent être considérées comme des gestes,même si elles résultent d’une “architec-ture de dessin”.Alors,quelle différence ?Celle de faire le pari que les moyenstechniques qui sont les nôtres ne doiventpas être un frein, de dire que la multipli-cité des architectures est une nécessité. Ilserait dangereux de penser que les bâti-ments n’expriment plus d’idées, que cesderniers ne sont plus le fruit d’une véritéqui est propre à chaque architecte, à lapart d’intuition qu’il intègre lorsqu’ilconçoit ses projets.Outre le programme, la matière est làpour injecter une part de rationalité, pourrespecter ou détourner les contraintesphysiques. Le béton a l’avantage certaind’admettre des formes étonnantes. Lescoques lui vont à ravir. Elles expriment

pleinement sa personnalité, exploitent samalléabilité, sa capacité à épouser lesparois d’un moule, à condition que cedernier soit parfait.

● Sensations et réflexion

À Allonnes, la composition d’ensembleest profondément liée à l’histoire de laconstruction qui s’est déroulée en troisphases. Exploitant pleinement le terrain,le nouvel établissement est constitué de

bâtiments à tiroirs, tous recentrés autourde la cour de récréation qu’ils délimitentfortement. Cette composition détournele problème de hauteur habituellementrencontré dans la conception des col-lèges. Point de galettes : les parois setendent, se tournent vers un ciel quiaspire ces formes en béton, à la foispuissantes dans leur massivité etlégères dans leur dessin. Embléma-tiques, les salles de dessin et de musiquemarquent l’entrée de l’établissement.

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 23

>>> Les salles de dessin et de musique occupent une place

de prédilection et marquent l’entrée dans le collège.

Le bâtiment d’enseignement général enveloppé dans une coque

qui annihile toute frontière entre façade et toiture. À droite,

le bâtiment occupé par l’administration : sa façade arrondit

la perspective et semble supporter le ciel. Un collège

aux douces courbes qui soutiennent la voûte abritant le hall d’accueil.

4

3

2

1

3 4

Page 26: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

Elles occupent chacune un volumepropre qui peut sembler surdimen-sionné pour une seule activité. Ces deuxdisciplines, porteuses d’éveil, de sensibi-lisation et d’imaginaire méritaient large-ment une place de choix, et surtout uneforme qui déstabilise la perception.Accélérer une perspective en inclinantun toit – celui du bâtiment abritant l’ad-ministration. Faire perdre l’échelle d’unlieu en inclinant de quelques degrés uneparoi – l’œil est intrigué, la réflexionengagée. Pour Jean-Pierre Lott, cettenotion est d’autant plus importante qu’ils’agit ici d’un collège. La courbe a unautre avantage : ses rondeurs adoucis-sent la dimension dramatique qu’ontsouvent les bâtiments d’enseignement – ces lieux source d’angoisse, de répri-mande, de sanction et, pour certainsélèves,de sensation d’enfermement.

● Se séparer pour mieux se retrouver…

Ce sont au total sept entités qui compo-sent actuellement le collège, si l’onexcepte les logements de fonction, situésen fond de parcelle à l’orée de la forêt.Les deux premiers éléments, alloués à lamusique et au dessin, donnent le ton et

annoncent les deux suivants, piliers del’établissement : un volume R+2 quiregroupe les classes d’enseignementgénéral ; un autre apparemment aussihaut et occupé par l’administration, leslocaux pour professeurs, le CDI (Centrede Documentation et d’Information), lesfoyers, la loge du gardien. Les deux com-muniquent plus naturellement que l’or-ganisation en plan ne le laisserait suppo-ser. Il est vrai que le corps se laisseemporter, happer sans à-coups. Un cin-quième volume sert de demi-pension età l’occasion de salle polyvalente. Il pro-longe et encercle la cuisine existante,sans intérêt, qui disparaît ainsi.

● Le béton sous toutes ses formes

Bordant ce premier ensemble, une voiepompiers crée un axe parallèle à la penteet délimite un second “plateau” occupépar la sixième figure : le bâtiment abri-tant les ateliers et les sections d’ensei-gnement spécialisé. Juste à côté se situel’aire de sports bordée par le septièmebâtiment formant tribune : les vestiaires.L’architecture de Jean-Pierre Lott ose lepari d’un coup de crayon qui deviendrabéton, utilisé ici sous de nombreuses

24 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

r é a l i s a t i o n LE MANS - Collège

1 2

Emporté par la vague des bétonsFlorent Manuel est ingénieur pour le bureau d’études Etco, chargé

des études de structure pour le collège d’Allonnes. Le béton fait

pleinement partie de son domaine. Plus qu’un exercice de style, il a

trouvé dans le suivi de cette réalisation, la possibilité de mettre en

équation, de modéliser des volumes inhabituels. “Le béton permet de

réaliser des formes étonnantes, des volumes incroyables dans la

mesure où le projet est bien étudié en amont. En effet, on ne peut pas

se permettre de tâtonner au moment du chantier. Les coffrages

doivent être définis avec précision, les calculs parfaitement fiables.

Pour des géométries de ce type, pouvoir couler le béton en place est

un avantage qui permet de conserver l’effet monolithique voulu par

l’architecte. Cela dit, il faut bien admettre que construire en béton

nécessite le respect de certaines cotes : si les architectes souhaitent

laisser le matériau brut et obtenir un bel aspect de surface, construire

un voile d’une épaisseur inférieure à 16 cm ne me semble pas raison-

nable. Le béton se plie à tout dans la recherche de formes exception-

nelles, pourvu que l’on respecte ce type de règles de base. De nou-

velles perspectives s’ouvrent avec les bétons à haute résistance,

mais eux aussi impliquent une grande rigueur pour respecter toutes

leurs qualités ”.

POINT DEVUE

Page 27: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

formes, mais totalement classique danssa composition. Quels ont été réellementles points difficiles ? Avant tout cons-truire en plusieurs étapes. Pour chaquetranche, les modes de mise en œuvre ontdû s’adapter au savoir-faire des entre-prises. La première tranche a entière-ment été réalisée en béton préfabriqué,la seconde en technique mixte, la moitiéayant été coulée en place alors que pourla troisième phase, l’ensemble a été réa-lisé en place.À ces difficultés s’ajoutait lacomplexité de structures très différentes.Un système constructif entièrementfondé sur des murs de refend porteurs,tel est le sort du bâtiment d’enseigne-ment. Côté administration, les choses secompliquent : un réseau poteaux-poutresn’exclut pas quelques refends, le toutabrité derrière une façade inclinée qui aété préfabriquée dans toute son épais-seur – ce qui induit une mise en œuvre

acrylique de finition, appliquée pour for-mer un écran blanc et pur qui ne tientpas forcément ses promesses.D’échelle plus modeste, les poteaux enforme de tulipe qui rythment le hall ontété coulés en place à l’aide d’un coffrageréalisé sur mesure par un menuisier. Cescônes évasés remplissent merveilleuse-ment leur rôle de descente de chargestout en accentuant l’effet de soulève-ment de la toiture courbe.Dans ce collège, Jean-Pierre Lott déve-loppe sans doute moins que dansd’autres projets des volumes intérieursexceptionnels. Le programme et lesnormes de sécurité d’un tel établisse-ment s’y prêtent moins. Les prestationsdemeurent pourtant largement au-des-sus de la moyenne réservée à ce type debâtiment : une lumière naturelle pré-sente partout, des volumes inattendus,dans le hall mais aussi dans le CDI, dansles ateliers, sous le préau… La traverséeest pleine de surprises, de coques quisont autant de morceaux de sphère quiimprègnent l’intérieur du collège d’unsentiment de sécurité. Et ses occupantss’y sentent bien, ce qui n’est pas lemoindre des compliments. ❚

TEXTE : BÉATRICE HOUZELLE

PHOTOS : JEAN-MICHEL LANDECY

difficile et la création de faux joints auxreprises de maçonnerie pour éviter l’ap-parition de fissures particulièrementinesthétiques. Ces façades en porte-à-faux sont reprises en console par lesmurs pignons. Pour le bâtiment d’ensei-gnement spécialisé, faisant partie de ladernière tranche, le béton a été coulé enplace dans des coffrages à vérins quipermettent d’incliner les parois – puisvibré pour obtenir un meilleur placement(qui aurait encore été simplifié par l’utili-sation de bétons autoplaçants).

● La lumière naturelle omniprésente

Sur les coques formant toitures, l’étan-chéité est obtenue par projection àchaud d’une résine. Le procédé est effi-cace, mais il peut poser quelques pro-blèmes esthétiques liés à la peinture

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 25

>>> La façade arrière du bâtiment d’enseignement général

représente l’une des exceptions faites au vocabulaire de la sphère,

supplantée ici par le registre des pare-soleil. Situés en fond

de parcelle, logements de fonction (à gauche) et ateliers (à droite)

profitent de la lisière de la forêt. La salle polyvalente,

lieu d’activités variées investi à l’heure du déjeuner par les élèves

en demi-pension. Art du pliage ou architecture ? Le béton

à l’état de matière.

4

3

2

1

Maître d’ouvrage :Conseil Général

de la Sarthe

Architecte :Jean-Pierre Lott (Dubus & Lott)

Bureau d’études :Etco

Entreprisede gros œuvre :Entreprise Heulin

Surface :5 000 m2

Coût :

47 MF

3 4

Page 28: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

r é a l i s a t i o n VITRY-SUR-SEINE - Logements

26 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

Une placepour marquerl’unité

● ● ● Au centre ville de Vitry-sur-

Seine, à la jonction de la ville

ancienne et de ses extensions

modernes, la nouvelle place du

marché constitue un espace urbain

qui participe à la restructuration

et à la requalification du lieu.

Deux immeubles de logements de Paul

Chemetov et Borja Huidobro et

un conçu par Edith Girard bordent

cette place triangulaire qui favorise

les échanges et la circulation

piétonne.

1

2

3

Page 29: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

e programme du concourslancé en 1989, remporté

par l’agence Chemetov/Huido-bro, établissait l’aménagement completd’un quartier du centre-ville de Vitry-sur-Seine comprenant un élément-clé decette partie de la cité, la place du mar-ché. Une réflexion d’ensemble sur lajonction entre la ville ancienne – avec satypologie particulière – et les quartiersmodernes, a poussé l’équipe d’archi-tectes à composer le plan d’ensembleautour d’une figure maîtresse, le tri-angle. La présence des angles assuraitles transitions par des traitements archi-tecturaux spécifiques, les côtés du tri-gone se prêtant à une implantationlogique des bâtiments. La parcelle enlosange fut donc divisée en deux partieségales autour d’une voie de circulationnouvellement créée, la rue Paul Vaillant-Couturier. C’est un axe majeur, un lienphysique entre des quartiers restés tota-lement isolés les uns des autres.Nous sommes ici au cœur de la banlieueparisienne, lotie d’un côté de maisons derapport en briques et de pavillons, et del’autre, d’immeubles “barres” assezhauts, datant des années 70. L’égliseancienne de style gothique apparaîtégalement comme un élément impor-tant dans l’analyse urbanistique ayantconduit au tracé définitif du secteur, carelle impose sa propre échelle.

● Retrouver l’esprit de quartier

Tout le travail de découpage et d’im-plantation des bâtiments neufs est partide l’idée de ceinturer l’espace dégagé dela place du marché, et de retrouver ainsiune configuration de quartier. Des mailsarborés marquent la circulation automo-bile en l’adoucissant, alors que la placetriangulaire, cernée par les immeublesde Chemetov/Huidobro et d’Edith Girard,favorise les échanges et la circulationpiétonne. Les différents niveaux de circu-lation, l’échelle des constructions envi-

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 27

>>> La Résidence du Château borde la place du marché.

Le bâtiment bloque l’ancienne perspective sur des barres datant

des années 70, déterminant l’emprise du nouveau quartier.

Un porche central permet la communication piétonne entre les deux

secteurs. La Résidence Henri Barbusse longe une importante

voie de circulation. L’immeuble répond à ses voisins par son gabarit

et ses matériaux. L’îlot du Parc occupe le troisième côté

du triangle formé par la place du marché. Le bâtiment fortement

rythmé de volumes en débord, et le mail planté d’arbres qui le borde,

tracent une perspective ouverte vers l’église.

3

2

1

Rue Henri Barbusse

Place du marché

Aven

ue

Paul

Vaill

ant

Cou

turie

r

Rue de Montebello

Ilot du Parc

Résidence Henri Barbusse

Résidence du Château

ronnantes et les matériaux représententles principaux axes de réflexion sur lespartis architecturaux à prendre, sachantque l’opération avait un rôle capital desuture.

● 3 lauréats pour un concours

La réalisation des quatre bâtiments,constituant le plan général, a été répar-tie entre les trois lauréats du concours.Chemetov et Huidobro se sont vu confierla construction de deux immeubles desoixante-six et soixante-douze loge-ments, sur parkings et commerces. Lepremier, la Résidence du Château, estsitué à l’ouest de la parcelle et reliédirectement à la place ; le deuxièmeimmeuble longe la rue Henri-Barbusse,sur son côté nord. Tous deux ont étélivrés entre avril 1997 et mai 1998. EdithGirard, seconde lauréate, s’est vu attri-buer quatre-vingt-quatorze logementsavec parkings et commerces, sur le côtéouest du triangle de la place, livrés audébut de l’année 2000. Enfin, Guy Duvalconstruit actuellement cinquante et unlogements, refermant ainsi le losange.La pratique tout à fait intéressante de lapart des maîtres d’ouvrage – la SEMISEet l’OPHLM de la ville de Vitry – d’accor-der aux premiers lauréats “des lots deconsolation”, a permis un va-et-vientconstant, et donc un vrai dialogue entreles deux premières équipes sur l’échelleà adopter, les gabarits, les niveaux, lesvolumes des bâtiments.Lorsque l’on débouche sur la place dumarché, un immense espace bordéd’arbres, aménagé par Alexandre Che-metoff, le bâtiment de la Résidence duChâteau s’impose au regard commel’élément majeur de l’agencement duquartier. En refermant l’esplanade, ilbloque la perspective sur les immeubleshauts, de quinze et vingt-sept étages,situés en arrière-plan. L’idée était d’as-seoir une hauteur de place par cetteconstruction et de créer un gabarit

L

Page 30: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

urbain qui permette de retrouver uncaractère, et donc une vie, de cœur de ville.

● Maintenir une liaison piétonne

Au centre du bâtiment, un porche traitéen béton brut lasuré et percé du rez-de-chaussée au premier niveau, maintientune liaison piétonne avec les quartierspériphériques. Les balcons en avancée,conçus en panneaux préfabriqués debéton désactivé, créent un rythme hori-zontal, atténuant la hauteur des cinqniveaux du bâtiment ; impression soute-nue par les baies en bandeau placées audernier niveau. Cet étage attique, traitéen écailles, semble situé en retrait et cor-respond à tout un travail des architectessur la mise en volume de la façade prin-cipale. Le jeu sur les matériaux renforcel’idée de décollement de la peau du bâti-ment : au fond, des plaquettes de terrecuite posées verticalement rappellent lebâti ancien, les éléments en saillie sontrevêtus de béton désactivé gris clair.La partie sud de l’immeuble, proche del’église, abrite des duplex et des triplex ets’élève sur trois niveaux seulement.Trai-tée comme un pavillon d’angle, elle

forme une articulation entre l’échelle dumonument et celle des immeublesneufs. Le passage vers la rue de l’Egliseet la rue Montebello, situées à l’arrière,se fait en douceur par un traitement enarrondi de la façade sud, rappelant lamodénature du chevet de l’église.

● L’alternance comme leitmotiv

À l’est, il s’agissait de recréer un lien archi-tectural, mais aussi une communication“physique” avec ce que le bâtiment lui-même, dans sa composition et dans saposition, tentait de nier : les “barres” desannées 70. Un traitement particulière-ment soigné des abords et du sol ménagele passage entre l’extérieur et l’intérieur del’immeuble : les sols des halls d’entréesont en béton laissé brut, ce qui privatiseen quelque sorte la chaussée. On joue surune alternance de l’asphalte et du pavé,sur des petits dénivelés, des jardinières oudes murets. Le lien architectural se fait parl’intermédiaire des quatre boîtes en avan-cée qui reprennent le gabarit de bâtimentscubiques voisins, et reposent sur une sériede piliers, formant une coursive d’accès.Le principe est le même que sur la

façade est : les parties en saillie sont enpanneaux préfabriqués de béton, ce quidonne une prédominance gris clair, avecau fond un habillage de briquettes deparement, collées sur la structure debéton coulé en place. L’étage attique estégalement conçu en écailles, sculptant lafaçade, produisant un jeu d’ombres et delumière, renforcé par la toiture en débord.La répartition des baies, en bandes hori-zontales, ou des fenêtres en hauteur, par-ticipent de la diversité de traitement decette façade, malgré la symétrie desquatre éléments principaux.Du côté nord, la cheminée du bassin dedécantation, situé en sous-sol, est monu-mentalisée, couronnée de métal, for-mant une colonne où s’accrochent unesérie de balcons.De retour sur la place du marché, côtérue Henri-Barbusse, au nord de la par-celle, le deuxième immeuble réalisé parl’équipe Chemetov/Huidobro s’alignesur cette importante voie de circulation,et se retourne sur la rue Louise-AglaéCretté. Une problématique urbaine dif-férente est posée par l’orientation parti-culière du bâtiment et les contraintes dubâti existant, contre lequel se niche l’im-meuble neuf. Au centre de la façade, le

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1 2

r é a l i s a t i o n VITRY-SUR-SEINE - Logements

rez-de-chaussée et le premier niveausont creusés pour ménager une sorte deporche, correspondant à l’entrée dugymnase, situé juste derrière le bâti-ment. Le plan masse exprime la com-

RÉSIDENCE DU CHÂTEAU

66 logements PLA 427 m2 de commerces

Maître d’ouvrage :OPHLM de la Ville de Vitry-sur-Seine

Maître d’ouvrage délégué :Semise

Maître d’œuvre :Chemetov/Huidobro

Chef de projet :Gérard Liucci

BET :Berim

Entreprise :SAEP

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C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 29

>>> Résidence du Château - La façade arrière donnant

sur la rue Montebello, reprend le gabarit en blocs des bâtiments

environnants. L’immeuble se retourne sur l’église.

La paroi cintrée adoucit le passage d’une échelle à une autre.

Résidence Henri Barbusse : la façade est percée par le porche

d’accès au gymnase, formant une brèche sur toute la hauteur

du bâtiment. îlot du Parc - Les boîtes en saillie s’inspirent de

la modénature de l’église.

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3

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plexité d’un édifice qui ne présente quetrois façades, dont une complètementmorcelée à l’arrière, qui rattrapent lagéométrie de la parcelle en triangle.L’immeuble de cinq étages, avec un rez-de-chaussée comprenant une série decommerces, présente sur la rue unelongue façade composée de trois partiesdistinctes. Les dimensions sont ainsiramenées à l’échelle du quartier, échap-pant à l’uniformité d’un traitementunique. À l’ouest, les appartements sonttraversants, car le bâtiment épousel’angle du terrain et se termine en pointepar des petits balcons. Des panneaux pré-fabriqués de béton désactivé alternentavec des bandes de fenêtres. Cette partieplane se prolonge par le transfert de l’ali-gnement par rapport à la géométrie de laplace : en rez-de-chaussée, l’accès augymnase présente une large façade vitréeponctuée de piliers de béton brut, et dans

les étages, la paroi se décroche pour for-mer une succession de terrasses.

● Nouvelles solutions urbaines

Dans sa partie ouest, la façade travailléeen relief répond à sa voisine, celle de laRésidence du Château, par l’emploi desplaquettes de terre cuite, en fond de pan.Toutes les parties en saillie, les nez de bal-cons, les bandeaux marquant le premieret le dernier niveaux sont en béton désac-tivé. Cette modénature est reprise sur larue Louise-Aglaé Cretté, avec un déca-lage des deux derniers étages qui s’ali-gnent sur la typologie ancienne desimmeubles de rapport environnants,créant ainsi de grandes terrasses acces-sibles aux appartements culminants.Faisant face à la Résidence Henri Bar-busse, l’immeuble réalisé par Edith Girardapporte de nouvelles solutions urbaines

et architecturales, tout en conservantcertaines homologies avec ses voisins. Lareprise de gabarit des bâtiments ancienset des pavillons, l’utilisation de la bri-quette, les transitions soignées entre lesdifférentes échelles, sont autant d’élé-ments communs, mais traités ici dans unregistre propre à l’architecte. La forme dela parcelle en triangle imposait un plan encompas. Deux bâtiments, conçus dans unesprit totalement différent, en fonction deleur position dans la ville, se rejoignent etforment un angle au carrefour de voies decirculation importantes, les avenues PaulVaillant-Couturier et Jean Jaurès. La partieouest n’a pas été conçue en alignementavec la rue, ouvrant plus largement laperspective sur l’église,dont la typologie ainspiré le découpage.Les cent trente mètres de façade don-nant sur la place ont été fragmentés enun jeu de volumes, de façon à ne jamaisen présenter une vision en enfilade.Cinq boîtes en saillie, formées de pan-neaux préfabriqués de béton poli, accro-chés à la structure coulée en place, abri-tent les séjours, les cuisines, et lesbalcons des appartements, et au rez-de-chaussée, les halls d’entrée. La doubleorientation de ces bow-windows – fron-

tale et latérale – procure aux intérieursun apport de lumière maximal.Les parties en panneaux de béton poli, labriquette,dialoguent avec l’enduit grattéocre rouge, le gris clair des éléments en

RÉSIDENCE HENRI BARBUSSE

53 logements PLA 9 logements PLI

109 places de parkings

Maître d’ouvrage :Semise

Maître d’œuvre :Chemetov/Huidobro

Chef de projet :Bernard Guilien

BET :Berim – André Mizrahi

Entreprise :SICRA

Page 32: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

fanion. Ceux-ci comprennent les deuxderniers niveaux de l’immeuble. Ils cou-ronnent le bâtiment et rythment la faça-de en la dynamisant. La disposition en Vdes deux bâtiments crée un espace tri-angulaire, qui présente une ambianceparticulière, presque méditerranéenne.La façade Est, travaillée en relief, estcreusée de balcons, dont les garde-corpsen béton, les bandeaux de fenêtres,créent un effet d’horizontalité.

● Différencier les ambiances

L’enduit ocre jaune des murs répond àcelui qui couvre la dizaine de maison-nettes situées en face. Elles compren-nent chacune deux appartements, etrappellent, dans leur modénature, l’ar-chitecture méditerranéenne ; les toituresen terrasse, les ouvertures frontales peunombreuses, les balcons situés entrechaque petite boîte, la luminosité descouleurs employées. Cette conceptionen “maisons de ville” répond égale-ment à la configuration du quartierenvironnant, et correspond à l’échellede la place Jean Martin.L’architecte s’estappliquée à un travail sur la couleur, quel’on retrouve à l’intérieur comme à l’ex-térieur, créant des atmosphères diverses.

30 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

r é a l i s a t i o n VITRY-SUR-SEINE - Logements

Chaque cage d’escalier a une teinte dif-férente (peinture et pâte de verre), et dis-pense ainsi une lumière particulière, quechaque habitant peut s’approprier. L’en-duit gratté, ocre rouge ou ocre jaune, lebéton poli blanc cassé, et la briquettejaune clair, habillent les façades, selonleur orientation, et différencient chaquepartie du vaste ensemble. L’angle, traitéen arrondi, est habillé de brique, lereliant aux quartiers anciens qu’il jouxte.Le niveau de prestation de l’ensemble,assez élevé, a permis aux architectes dedoter presque tous les appartements deterrasses ou de balcons, d’habiller deparquet le sol des séjours, et d’envisagerde belles surfaces de logements. Larecherche d’apports de lumière naturelleest constante, et lisible sur les façades, àl’origine des multiples jeux sur les ouver-tures et les orientations.L’opération réunit en un seul site desréalisations de plusieurs équipes d’archi-tectes qui se confrontent et se répondenten un ensemble assez réussi. Architec-ture et urbanisme ont été la base d’untravail qui, s’il n’a pas été réellementmené en commun, l’a été dans l’esprit,et l’homogénéité qui en résulte. ❚

TEXTE : CLOTILDE FOUSSARD

PHOTOS : OLIVIER WOGENSCKY

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ILOT DU PARC

94 logements PLA 191 places de parkings 2000 m2 de commerces

Maître d’ouvrage :Semise

Maître d’œuvre :Édith Girard

BET :J.-P. Tohier SA

Entreprise :Bouygues

>>> À l’intérieur de l’îlot, l’atmosphère change du tout

au tout. Des petites maisons aux couleurs méditerranéennes imposent

une échelle pavillonnaire. La façade arrière s’aligne sur l’habitat

individuel du quartier. Les cages d’escaliers sont l’objet

d’un travail important sur la couleur (peinture et pâte de verre).

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1

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r é a l i s a t i o n CRÉTEIL – Maison de l’enfance

Une villedont les princes sont des enfants● ● ● Épousant le sens d’une forte pente, la Maison de l’enfance de Créteil présente trois

éléments en peigne, étagés, reliés par un bâtiment fédérateur. Deux groupe scolaires,

une crèche et des équipements divers constituent ce vaste programme, réalisé par les architectes

Bernard Valero et Frédéric Gadan. La contrainte du site a été la base de la réflexion

architecturale et fonctionnelle de l’ensemble sur la répartition des volumes et des masses,

les détails constructifs, ou la fluidité des circulations.

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 31

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a Maison de l’enfance deCréteil réunit en un mê-

me complexe architectural uneécole primaire, une école maternelle– dotées chacune d’un chef d’établis-sement – et une crèche indépendante,dont l’administration dépend de la muni-cipalité. Ce type de programme, encoreassez expérimental, semble en passe dese développer dans les nouveaux centresurbains (quartiers neufs, villes nou-velles), et de s’imposer comme un équi-

pement structurant de la vie de quartier.Elle regroupe ici huit classes de primaire,huit classes de maternelle et leurs équi-pements collectifs, les locaux d’un centreaéré, et une crèche de quatre-vingts ber-ceaux, dans un secteur résidentiel deCréteil en cours d’achèvement.L’ensemble a été réalisé en plusieursphases,dont le découpage fut assez déli-cat. Le bâtiment regroupant les servicescommuns aux deux établissements sco-laires – ou “bâtiment fédérateur”–, une

demi-aile de la maternelle, ainsi quel’ensemble du gros-œuvre, ont étéconstruits entre 1997 et 1998. La tota-lité de l’aile primaire, la seconde moitiéde la maternelle et la crèche furentlivrées en 1999. Bernard Valero et Frédé-ric Gadan, les architectes, durent envisa-ger ce phasage dès les premières esquis-ses du concours.Une seconde contrainte,de site cette fois, est à l’origine de laconception en peigne de l’édifice : laforte pente (10 %) sur laquelle il estimplanté. Les concepteurs ont véritable-ment exploité cette déclivité naturellepour en faire le point de départ d’uneréflexion sur l’organisation de l’espaceet des communications ainsi que sur lamise en relation des trois établisse-ments, créant une solide liaison entre lesenfants d’âges différents. “Nous avionségalement le souci d’intégrer et d’har-moniser notre architecture à l’environ-nement, en tenant compte de la pré-sence du parc en gradins situé à l’ouest.Sachant aussi que notre équipementréunit plusieurs secteurs, il devait pré-senter une image forte et homogène”,souligne Bernard Valero.C’est donc dansle sens de la pente que les trois élémentsont été amarrés, formant chacun commeune gigantesque marche. Les cours de

récréation, dans l’intervalle des peignes,forment le lien entre les trois unités etpermettent aux enfants de communi-quer. Elles sont en continuité avec le parcurbain, offrant des échappées et desvues sur le paysage.

● Une répartition claire

Le bâtiment fédérateur, regroupant lesservices communs aux deux écoles (lehall d’accès, une bibliothèque, une salled’informatique, deux salles de restau-rant scolaire, le centre aéré, une salle polyvalente et des bureaux, ainsi que deux appartements de fonction),construit le long de la rue des Sarrazins,suit l’inclinaison du terrain et présente àl’intérieur un système de circulation endemi-niveaux.L’aménagement d’une placette donnantaccès aux écoles et à la crèche,en contre-bas, permet d’embrasser d’un regard lafaçade d’entrée du bâtiment fédérateur,élément dominant du complexe archi-tectural. “Il y a un sens de lecture de cebâtiment qui va du sud vers le nord”,précise Bernard Valero. Conçu en stratessuccessives, ce bâtiment reflète la com-plexité de sa fonction d’articulation desespaces et des circulations entre les

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r é a l i s a t i o n CRÉTEIL – Maison de l’enfance

L

Rue des Sarrazins

Rue des Corbières

Voie

bus

1 2

Page 35: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

différentes parties du programme : lecentre aéré communique ainsi avec lasalle polyvalente, la cantine, et la cour deprimaire, mais pas avec les classes,formant ainsi une unité fonctionnellehomogène, alors que les deux écolespeuvent accéder au restaurant scolaire,aux cours, mais pas aux salles du centreaéré. Celui-ci s’ouvre sur un petit jardinplanté de bambous, situé en contrebasde la façade principale. Les espaces inté-rieurs sont aussi vastes que possible, à larecherche de la lumière, par une ouver-ture maximale et l’utilisation constantede seconds jours.À l’extérieur, le bâtiment présente unaspect minéral, une forme et une grilletrès dessinées. Le travail sur l’orthogona-lité et le graphisme annonce la composi-

tion des façades sur cour de la primaireet de la maternelle. Le socle habillé depâte de verre noire, complété par lesmurets de pierre de même teinte, affirmel’effet d’ancrage du bâtiment dans lapente. Le rythme horizontal, dû à l’alter-nance des bandeaux de béton clair et debaies vitrées aux menuiseries en aciernoir, est équilibré par la masse blancheen béton enduit qui abrite les logementset l’avancée en pâte de verre grise.

● Jeux d’écriture

Bernard Valero et Frédéric Gadan portentune attention particulière aux détails quidéterminent une écriture architecturaletrès personnelle et moderne : un retourde façade crée une brèche verticale ou

un porte-à-faux, un décrochement demaçonnerie agrandit une fenêtre, unbandeau de toiture se décolle, créant unbrise-soleil. Certains éléments se prolon-gent et se métamorphosent : un acrotèreou un appui de fenêtre deviennent ungarde-corps de terrasse ou de balcon,qui parfois lui-même s’épaissit en unmur aveugle. L’accroche des différentscorps de bâtiment, toujours traitée en

creux, donne une meilleure lecture del’emboîtement des différentes parties etdes articulations du plan. Les passagesde l’extérieur vers l’intérieur sont mar-qués par la continuité d’utilisation d’unmatériau : pâte de verre colorée, bétonbrut, verre.

● Trouver la lumière

En contrebas, le bâtiment de la crècherépond à la même volonté d’allier lafonctionnalité et le confort des toutpetits à une conception architecturalesans concession. Ce bâtiment constituela dernière “marche” de l’ensemble. Lacour de récréation de l’école maternelle,et dans le prolongement les espacesextérieurs du deuxième étage de lacrèche, surplombent ce niveau bas,réservé aux plus jeunes. Les architectesont résolu le problème des apports de

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 33

>>> Les façades sur rue sont traitées en fonction

de leur orientation, et laissent entrevoir la complexité du projet.

Le bâtiment fédérateur présente une imbrication de volumes,

qui abritent les locaux communs aux deux groupes scolaires.

Les espaces extérieurs ont été particulièrement soignés ;

ici un plancher habille la cour haute de la crèche. Les cours

de récréation sont en continuité visuelle avec le parc urbain.

4

3

2

1

>>> LÀ l’intérieur, la diversité des équi-

pements a imposé un système complexe

d’accès aux différents locaux. L’accent

est mis sur la fluidité des circulations,

et la convivialité des espaces d’accueil.

dolor fuga

3 4

Page 36: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

lumière dans la partie enterrée, en éclai-rant ces unités de vie (comprenant unesalle de motricité, une salle de repos etun espace de service) par des puits delumière formés d’un patio vitré sur sesquatre côtés. En partie sud, les espacesservants et les bureaux sont, à l’étage,coiffés par les quatre unités de vie desenfants plus grands, qui ouvrent sur delarges passerelles et communiquentdirectement avec la cour de maternelle,mettant ainsi en relation progressive lesenfants et leurs aînés.La façade publique de la crèche, trèsopaque, reposant sur son socle noir,animée de corbeaux de béton brutposés au droit des fenêtres, présente unétablissement assez peu ouvert sur l’ex-térieur, pour une totale sécurité desenfants qu’il accueille.Les deux peignes s’étageant le long dela pente, qui constituent l’ensemble dugroupe scolaire, ont été conçus sur unmodèle identique. Le plan en enfiladedes classes sur deux niveaux s’enrichit,côté maternelle, de salles de repos, debureaux et de salles de motricité, orien-tés sur la cour de l’école primaire. Lesfaçades sur cour sont symétriques, dessi-nées comme un tableau de Mondrian,dont la teinte jaune vif est révélée par les

34 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

Maître d’ouvrage :Ville de Créteil

Maître d’ouvrage délégué:SEMAEC

Maître d’œuvre :Bernard Valero & Frédéric Gadan

Responsable de l’opération :

M.Lemaire,SEMAEC

BET :LGX Ingénierie

BET économiste :MD ETC Ducroux

Entreprise :Olin Lanctuit

>>> La façade de la crèche présente un aspect assez

opaque. Les petites ouvertures en brèche sont dotées de corbeaux

de béton brut. Une série de patios cernés de baies vitrées,

forment des puits de lumière naturelle.

2

1

stores, produisant de vastes aplats colo-rés. Largement ouvertes en rez-de-chaussée, les façades semblent plusopaques au premier étage, malgré lebandeau vitré en hauteur qui se retour-ne en baies verticales, soulignées par uncorbeau de béton brut faisant office depare soleil. Une résille rapportée d’élé-ments préfabriqués en béton poli estaccrochée à la façade. Elle en soulignele rythme et la symétrie, et donne à laparoi le relief propice à un jeu d’ombreet de lumière. Les préaux, conçus dansun esprit ludique, sont constitués d’unauvent en béton armé revêtu de pâte deverre, reposant sur des poteaux en V quirappellent les piliers d’auvent de sta-tion-service des années 50. Ils sontvolontairement dissociés du bâtimentfédérateur le long duquel ils sont posés,créant ainsi un joint creux.

● A l’échelle des enfants

Les façades arrière s’échelonnent sur undemi niveau, ce qui n’a pas empêché lesconcepteurs d’éclairer coûte que coûteces espaces de circulation ou de servicesemi-enterrés par des baies au ras du solextérieur, décollant ainsi le bâtiment deterre. La salle polyvalente, située à l’angle

culminant au nord-est, est presque tota-lement enfouie, et a été dotée égale-ment d’une série de fenêtres au ras dusol extérieur, et d’une verrière zénithale,ainsi que de baies intérieures, ouvrantsur la circulation vers l’école primaire. Lesespaces intérieurs, particulièrement leséquipements communs et les circula-tions, sont étudiés pour créer une atmo-sphère conviviale, tout en se conformantà l’échelle des enfants. La couleur n’estjamais absente ; la pâte de verre, lesrevêtements de sols aux teintes vives, oules huisseries peintes, confèrent une noteludique à ces 6 000 m2 de locaux parfai-tement fonctionnels.L’ensemble est fidèle à une conceptionmoderne de l’architecture où l’emploi dubéton autorise un vocabulaire architec-tural caractéristique : l’orthogonalité, lagéométrie, les jeux de contraste entre lespleins et les vides, l’utilisation d’élémentscomme les acrotères, les porte-à-faux,les piliers, confèrent une élégance auxfaçades. ❚

TEXTE : CLOTILDE FOUSSARD

PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS

1 2

r é a l i s a t i o n CRÉTEIL – Maison de l’enfance

Page 37: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

a c t u a l i t é s

Séminaire brèves➜ Distinction

Le mercredi 29 novembre

2000, Michel Virlogeux

a reçu des mains de

Roger Lacroix, président

honoraire de la Fédération

Internationale

de la Précontrainte et

de l’Association Française

pour la Construction,

les insignes d’Officier

de l’Ordre National

du Mérite. La cérémonie

s’est déroulée dans

les salons de la Société

d’Encouragement pour

l’Industrie Nationale, place

Saint-Germain-des-Prés

à Paris. Elle a été suivie

d’un apéritif convivial. ❚

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5 35

Les nouveaux bétonsd’aujourd’hui et de demainL’Ecole Française du Béton – EFB – et l’Institut pour la recherche appli-quée et l’expérimentation en génie civil – IREX – organisent trois sémi-naires identiques pour présenter à Paris, Marseille et Strasbourg “lesnouveaux bétons d’aujourd’hui et de demain”, à partir des conclusionset recommandations de trois projets nationaux qui viennent de s’ache-ver et dont les thèmes sont tout à fait complémentaires :

• CALIBÉ : “Qualité du Béton”, dont l’objectif était de discerner,pour chaque poste de la chaîne qui va de l’amont de la fabricationà l’aval de la mise en œuvre, les facteurs essentiels sur lesquelson peut agir pour que le béton utilisé dans les constructions cou-rantes soit un “béton de qualité”.

• BEFIM : “Béton de Fibres métalliques”, projet national quis’est proposé de dynamiser le développement des bétons de fibresmétalliques dans le génie civil.

• BHP 2000 : “Béton à Hautes Performances”, qui a pris en1993 le relais du projet national “voies nouvelles du matériaubéton”, s’intéresse à toutes les performances du béton et, en pre-mier lieu à sa durabilité.

Son objectif est de définir les conditions permettant d’obtenir lesbétons les mieux adaptés à l’utilisation des ouvrages et dont onpuisse garantir une durée de vie importante.

Les séminaires qui s’adressent aux architectes, ingénieurs, pro-fesseurs et techniciens, se dérouleront :

• à Paris, les 30 et 31 janvier 2001FFB Région Paris Île-de-France 10, rue du Débarcadère – 75017 Paris,

• à Marseille, les 7 et 8 mars 2001ISBA – Technopole de Château Gombert 13451 Marseille Cedex 20,

• à Strasbourg, les 20 et 21 mars 2001ENSAIS – 24, bld de la Victoire – 67084 Strasbourg.

Montant des frais d’inscriptions (non assujettis à la TVA).

3 000 F pour les entreprises et les administrations.

2 500 F pour les membres des projets nationaux et les universitaires. ❚

Plaquette de présentation des séminaires – Renseignements et inscriptions :EFB c/o CIMBETON – 7 place de la Défense – 92974 Paris-la-Défense CedexTél. : 01 55 23 01 07 – Fax : 01 55 23 01 10 E.mail : [email protected]

Informat ion

Toute l’équipe

de CIMBÉTON

et toute

la rédaction

présentent

leurs meilleurs vœux

pour

l’année 2001aux lecteurs de

Construction moderne

La voirie en béton :“esthétique et performance”CIMBÉTON et le Syndicat Nationaldu Béton Prêt à l’emploi – SNBPE –animent une importante campagne d’information sur les applications

du béton dans les domaines de la voirieurbaine et de la voirie rurale.

Côté ville, la solution béton répond auxnombreuses exigences liées à l’universurbain et apporte sécurité, confort et esthétique.

Côté campagne, le béton apporte sa résistance aux conditions climatiques,aux charges lourdes, etc. tout en limitantl’érosion des terres.

Côté innovation,des solutions nouvelles et originales alliant elles aussiesthétique et performance, contribuent à la sécurité des usagers et à la valorisationde leur cadre de vie.

Des “rencontres” entre maîtres d’ouvrage,maîtres d’œuvre, élus, entrepreneurs et professionnels du ciment et du béton sont organisées dans toutes les régions de France. Lancée en 2000, la série des rencontres se développera en 2001.

Les dates et lieux vous seront indiquéspar le SNBPE – 3 rue Alfred Roll – 75017 Paris – Tél. : 01 44 01 47 01Fax : 01 44 01 47 47 E.mail : [email protected] vous adressera sur simple demande le dossier “La voirie en béton, esthétique et performance”. ❚

Page 38: 000854 ¥ CM 105 ¥ Couv - Infociments

b l o c - n o t e s

villes et dirige à l’université d’Harvard un sémi-naire sur ce thème. Sont également présentés lestravaux du philosophe américain Sanford Kwinterqui livre un essai critique sur la dernière étape demodernisation de la ville américaine et dontHouston pourrait représenter le cas limite. L’ar-chitecte italien Stefano Boeri donne, quant à lui, àvoir la spécificité de la ville européenne

Arc en rêve centre d’architectureExposition du 24 novembre 2000 au 25 mars 2001Entrepôt, 7 rue Ferrère, BordeauxTél. : 05 56 52 78 36

Avec Mutations, Arc en rêve centre d’architec-ture organise de novembre 2000 à mars 2001,un rendez-vous international de la rechercheprospective sur la condition urbaine contempo-raine. Placée au cœur du dispositif de Muta-tions, une exposition investit sur 2 500 m2 lagrande nef de l’Entrepôt. Elle s’appuie sur lestravaux de l’architecte et théoricien néerlan-dais Rem Koolhaas qui mène depuis plusieursannées un véritable travail d’enquête sur les

➜ Splendeur des villas

Ovidio Guaita

De la villa impériale romaine à la villa contemporaine, celivre propose un parcours historique et géographiquesur tous les éléments spéci-fiques de la villa, qui sontgages de sa noblesse, imagesde son opulence, de sa gran-deur, voire de son kitsch. Pronaos, frontons, tympans,attiques, escaliers, blasons,cadrans solaires, balcons,mansardes, heurtoirs, portails,salons et chapelles : chacunde ces “signes particuliers” est illustré par de nombreusesphotographies et dessins.L’ensemble présente pourchacun de ces éléments unrépertoire varié et hétérogènede ses expressions. L’auteurs’est attaché à représenterchaque style, chaque époqueet chaque zone géographique,caractéristique de l’art des villas.

Éditions du Seuil

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➜ Maisons d’architectes IVJoël Cariou

La série “Maisons d’architectes”de Joël Cariou s’enrichitaujourd’hui d’un quatrièmevolume. L’auteur nous présentedans le détail vingt réalisationsrécentes construites en Franceet en Belgique. Qu’il s’agisse demaisons de ville, de campagne,de bord de mer, d’extension oude rénovations, l’auteur s’inté-resse à tous les types d’habita-tions individuelles. Pour chaquemaison, un texte et un ensem-ble de photos situent et pré-sentent la réalisation. Plans etcoupes complètent l’exposé.Toutes différentes par leur dessin, leur taille, les matériauxemployés, les finitions et leursbudgets, elles composent unelarge palette de la créationarchitecturale contemporaine. L’ensemble de ces réalisationstémoigne de l’inventivité desarchitectes dans le domaine dela maison individuelle.

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➜ Henri CirianiArchitecture 1960 - 2000

Mauro GalantinoBibliothèque d’architecture Skira

Cette monographie consacrée à Henri Edouard Ciriani présentel’ensemble des projets et réali-sations de l’architecte. L’auteurdéveloppe une analyse théma-tique et critique de la pensée de l’architecte et de la réflexionqu’il mène sur son travail au fildes années et des projets. “Dans l’essai exhaustif deMauro Galantino, le parcoursd’Henri Ciriani est évoqué etdéchiffré pas à pas. Les œuvressont placées dans leur contextephysique et temporel avec uneattention et une sensibilité critique, les liens les plus mar-quants qui mettent en relationles qualités intrinsèques aux projets sont analysés avec précision et avec une forteadhésion aux argumentscomme aux modalités…”, précise Franco Purini dans la préface de ce livre.

Éditions Skira/Seuil

L ivres

MUTATIONS, événement culturelsur la ville contemporaine

36 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 0 5

➜ Freyssinet,La précontrainte et l’europe

Jupp Grote et Bernard Marrey

Le béton armé ne s’est pasimposé dès son inventioncomme un matériau de construction unanimementreconnu. Il en fut de mêmepour l’histoire de la pré-contrainte du béton. Dans cetouvrage, les auteurs rappellentles circonstances dans lesquelles naquirent et sedéveloppèrent les techniquesde la précontrainte en Franceet en Europe. La figure d’Eugène Freyssinet est centrale. Entre son projet pourle sauvetage du port du Havreet le pont de Luzancy, il a conti-nué à réfléchir, à travailler, inventant les câbles de pré-contrainte, les cônes d’ancrage, le vérin-sac, l’étuvage du béton,etc. Il a aussi mis en évidence et identifié les déformationsdifférées, qu’il a combattu parla précontrainte.

Éditions du Linteau

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p o r t f o l i o

La maison de plage contient tous les thèmes

de la "recherche patiente" menée par Henri Ciriani.

Elle cristallise un moment donné d’un système

de pensée et en est aujourd’hui l’expression la plus

sophistiquée et la plus aboutie.

4e de couverture :Thermes d’Aix-les-Bains

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