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8/18/2019 1 Campagne Pas Morte http://slidepdf.com/reader/full/1-campagne-pas-morte 1/3 "La campagne est loin d'être morte!" Jean-Didier Urbain Propos recueillis par Michel Feltin-Palas, publié le 16/10/2014 à 13:03 Il a beau se présenter comme "un indécrottable parisien", Jean-Didier Urbain n'en est pas moins l'un des meilleurs connaisseurs de la vie rurale. ntropologue, linguiste, sociologue, il porte sur nos villages un regard suisamment original pour remettre en cause les clicés #ui circulent sur un su$et #ue les %ran&ais connaissent moins bien #u'ils ne le croient. La preuve. uels sont les avantages de vivre ( la campagne) Aant tout, l!acc"s à l!habitat in#ii#uel : $%& à '0& #es rurau( ient ainsi) Mais il e(iste #!autres aanta*es : la possibilité #!aoir un +ar#in la capacité à s!isoler uan# on le souhaite un .o#e #e ie .oins stressant, enin, u!il s!a*isse #u bruit, #es e.bouteilla*es ou #u stationne.ent) n reanche, +e suis plus sceptiue sur #eu( atouts souent associés à la ca.pa*ne : la sécurité et l!enironne.ent) n eet, la #élinuance en .ilieu rural est plus éleée u!on ne le croit, surtout #epuis la #i.inution #es eectis #e *en#ar.erie) uant à la pollution, elle n! est pas tou+ours né*li*eable en raison #es i.pacts #e l!a*riculture intensie : oe les al*ues ertes en reta*ne) l'inverse, #uels sont les principau* inconvénients de la vie rurale) 5e bu#*et transports, car rien n!est possible sans oiture: il relatiise en partie les écono.ies ue l!on réalise sur le lo*e.ent) 5a pénurie #es serices .é#icau(, ui se sont raréiés, surtout #ans les ré*ions ui peinent à recruter #e +eunes .é#ecins) 5e .arché #u traail, .oins #iersiié u!en ille, ui pose probl".e uan# les #eu( .e.bres #u couple cherchent un e.ploi) e .ets enin en *ar#e contre les #iicultés #!or#re pschosociolo*iue) #uoi pense+-vous, précisément) 7!abor# à l!absence #!anon.at) n ille, on peut .ener à peu pr"s la ie ue l!on souhaite #ans un illa*e, c!est plus co.pliué: on it sous le re*ar# #es autres) 8l aut é*ale.ent saoir ue les enants n!ont souent #!autres choi( ue l!internat à partir #u lcée, parois .9.e à partir #u coll"*e) ette séparation précoce représente une épreue  pour la a.ille) u ond, #uelle #uestion doit-on se poser pour savoir si l'on est ait pour vivre ( la campagne) n théorie, c!est si.ple) ;n #oit se #e.an#er si l!on est pr9t à renoncer au( aanta*es #e la ille et à supporter les inconénients #e la ca.pa*ne -et inerse.ent) Pour certains, la réponse est éi#ente) 8ls sourent phsiue.ent en ille, ils éprouent un besoin irrépressible #e ire à la ca.pa*ne) 7ans ce cas-là, il n! a pas à hésiter) 5es autres, en reanche, #oient lon*ue.ent s!interro*er, sachant ue l!on peut aussi choisir #e ne pas choisir) 'est-(-dire)

1 Campagne Pas Morte

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"La campagne est loin d'être morte!" Jean-Didier Urbain

Propos recueillis par Michel Feltin-Palas, publié le 16/10/2014 à 13:03

Il a beau se présenter comme "un indécrottable parisien", Jean-Didier Urbain n'enest pas moins l'un des meilleurs connaisseurs de la vie rurale. ntropologue,linguiste, sociologue, il porte sur nos villages un regard suisamment original pour

remettre en cause les clicés #ui circulent sur un su$et #ue les %ran&ais connaissentmoins bien #u'ils ne le croient. La preuve.

uels sont les avantages de vivre ( la campagne)

Aant tout, l!acc"s à l!habitat in#ii#uel : $%& à '0& #es rurau( ient ainsi) Mais il

e(iste #!autres aanta*es : la possibilité #!aoir un +ar#in la capacité à s!isoler uan# on

le souhaite un .o#e #e ie .oins stressant, enin, u!il s!a*isse #u bruit, #es

e.bouteilla*es ou #u stationne.ent) n reanche, +e suis plus sceptiue sur #eu( atoutssouent associés à la ca.pa*ne : la sécurité et l!enironne.ent) n eet, la #élinuance

en .ilieu rural est plus éleée u!on ne le croit, surtout #epuis la #i.inution #es

eectis #e *en#ar.erie) uant à la pollution, elle n! est pas tou+ours né*li*eable en

raison #es i.pacts #e l!a*riculture intensie : oe les al*ues ertes en reta*ne)

l'inverse, #uels sont les principau* inconvénients de la vie rurale)

5e bu#*et transports, car rien n!est possible sans oiture: il relatiise en partie les

écono.ies ue l!on réalise sur le lo*e.ent) 5a pénurie #es serices .é#icau(, ui se

sont raréiés, surtout #ans les ré*ions ui peinent à recruter #e +eunes .é#ecins) 5e

.arché #u traail, .oins #iersiié u!en ille, ui pose probl".e uan# les #eu(

.e.bres #u couple cherchent un e.ploi) e .ets enin en *ar#e contre les #iicultés

#!or#re pschosociolo*iue)

#uoi pense+-vous, précisément)

7!abor# à l!absence #!anon.at) n ille, on peut .ener à peu pr"s la ie ue l!on

souhaite #ans un illa*e, c!est plus co.pliué: on it sous le re*ar# #es autres) 8l aut

é*ale.ent saoir ue les enants n!ont souent #!autres choi( ue l!internat à partir #u

lcée, parois .9.e à partir #u coll"*e) ette séparation précoce représente une épreue

 pour la a.ille)

u ond, #uelle #uestion doit-on se poser pour savoir si l'on est ait pour vivre ( la

campagne)

n théorie, c!est si.ple) ;n #oit se #e.an#er si l!on est pr9t à renoncer au( aanta*es #e

la ille et à supporter les inconénients #e la ca.pa*ne -et inerse.ent) Pour certains,

la réponse est éi#ente) 8ls sourent phsiue.ent en ille, ils éprouent un besoin

irrépressible #e ire à la ca.pa*ne) 7ans ce cas-là, il n! a pas à hésiter) 5es autres, en

reanche, #oient lon*ue.ent s!interro*er, sachant ue l!on peut aussi choisir #e ne pas

choisir)

'est-(-dire)

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5es rési#ents secon#aires et les <périurbains<, ui ient #ans #es illa*es proches #es

illes, ne sont pas #ans l!irréersible) 8ls ient à la ois en ille et à la ca.pa*ne) t ils

sont no.breu(= 5a population périurbaine est esti.ée par l!8nsee à eniron 10 .illions

#!habitants) uant au( rési#ents secon#aires, ils représentent 36& #e la population

ran>aise un tau( ui atteint 42& #ans les ré*ions #e or#eau( et #e 5on, et carré.ent

4' & à Paris=

elon vous, ce pénomne des résidences secondaires est même déterminant...

?out à ait) Pour sché.atiser, il a eu trois phases #e rési#ences secon#aires) 7ans les

années 1'%0 et 1'60, la pre.i"re a*ue est arriée en aisant étala*e #e sa réussite) lle

repro#uisait en uelue sorte le .o#e #e ie #e la ille à la ca.pa*ne, #ans la tra#ition

#e l!aristocratie et #e la *ran#e bour*eoisie)

5es années 1'@0 ont été .aruées au contraire par l!installation #e <néorurau(<,

inluencés par le .oue.ent hippie : eu( préten#aient i*er l!i.a*e passéiste u!ils

aaient #e la ca.pa*ne c!est #!ailleurs l!une #es raisons #e leur échec) 7epuis lesannées 1'$0, on assiste à un phéno."ne tout à ait #iérent) 8l ne s!a*it ni #!un

co.porte.ent urbain ostentatoire ni #u retour #!une néoruralité nostal*iue, .ais #!une

attitu#e réelle.ent autre)

5es noueau( rési#ents secon#aires ne cherchent pas à ire à la ille ; à la

ca.pa*ne : ils ai.ent les #eu(, ils ."nent une #ouble ie) e aisant, ils .ontrent ue

la ca.pa*ne ne se résu.e plus à ses onctions tra#itionnelles : la pro#uction a*ricole, le

touris.e et la préseration #e la nature) e sont ses supposés #éauts le i#e, le silence,

le cal.e u!ils apprécient) 7!oB l!erreur #es élus locau( ui préten#ent sin*er #ans leur 

illa*e les attributs #e la ille ou #es sites touristiues) Con seule.ent ils n! arrieront

 pas, .ais ils risuent #e aire uir ceu( ui ont #éci#é #e enir che eu()

e n'est pas la seule idée re&ue #ui, selon vous, circule en %rance ( propos de la

campagne. ite+-en d'autres...

e n!ai ue l!e.barras #u choi(, en eet) ertains, par e(e.ple, assi.ilent <ca.pa*ne<

et <nature<) ;r la ca. pa*ne n!a rien #e <naturelle< puisu!elle a été enti"re.ent

#o.estiuée par l!ho..e) Deule la .er et la haute .onta*ne Eet encore, pas partout

restent à l!état naturel) ;n croit aussi ue les cita#ins eulent reenir à la ca.pa*ne pour 

#es raisons a.iliales alors u!il s!a*it #!un phéno."ne tout à ait .ar*inal, ui ne se

ériie ue #ans un cas sur cin) 7!autres pensent ue les Fran>ais sont ani.és par unesorte #e re*ret pour le .on#e #!hier, la ie #e illa*e #!autreois) !est absolu.ent au()

5es noueau( ca.pa*nar#s e(i*ent #!aoir 8nternet, le our à .icro-on#es et

l!inté*ralité #u conort .o#erne)

/n entend souvent aussi dire #ue les campagnes se dépeuplent...

ncore un cliché = e ui est rai, c!est u!il a #e .oins en .oins #!a*riculteurs en

France) Mais la ca.pa*ne n!est pas seule.ent peuplée #e pasans, loin #e là) eu(-ci

sont #ésor.ais lar*e.ent .inoritaires #ans le .on#e rural, oB l!on troue en bien plus

*ran# no.bre #es ouriers, #es e.ploés, #es retraités, #es ca#res a#eptes #u

télétraail))) Di bien ue, selon l!8nsee, la population iant #ans une co..une rurale est passée #e 11,$ .illions #!habitants en 1'$2 à 14,1 au+our#!hui) Gen#e-ous co.pte :

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2,3 .illions #!habitants en plus, c!est-à-#ire l!éuialent #e la ille #e Paris = 5a plupart

#es #éparte.ents tr"s rurau( *a*nent beaucoup #!habitants : la orse-#u-Du#, le ?arn-

et-Haronne, les 5an#es, la Ien#ée, les Alpes-#e-Jaute-Proence))) M9.e le Massi 

entral a enraé la spirale #u #éclin)

0e aut-il pas nuancer)

Di, bien sKr) Di le périurbain et les ca.pa*nes touristiues ont bien, il e(iste, +e ne le

nie pas, #es territoires rurau( en #iiculté) !est le cas nota..ent #e certains

#éparte.ents tr"s éloi*nés #es illes le antal ou la reuse, par e(e.ple et #es ré*ions

icti.es #e la crise in#ustrielle, co..e les Ar#ennes) Mais ce sont là #es cas

 particuliers)

omment s'e*pli#ue ce regain global de nos campagnes)

Plusieurs raisons se con+u*uent) ;n assiste #!abor#, +e l!ai #it, à l!essor #es co..unes

rurales situées autour #es *ran#es illes, co..e ?oulouse ou Montpellier, oB no.bre #eFran>ais iennent chercher un enironne.ent a*réable et #es .aisons bon .arché) 8l

a ensuite le succ"s #es littorau( et #es allées touristiues, ui attirent ceu( ui ont

enie #e ire toute l!année #ans un lieu #e acances) nin, il a la réolution #e la

.obilité, #ont on ne .esure pas asse les eets) 5!éléation #u nieau #e ie et la

*énéralisation #e la oiture ont per.is au( Fran>ais #!habiter à la ca.pa*ne tout en

allant en ille pour traailler, se #istraire, aire leurs courses -ou au contraire ne plus en

aire certaines aec l!essor #e la ente #irecte, oire #u troc) re, les rurau( sont

#eenus #es cita#ins ui ient à la ca.pa*ne=

0e subsiste-t-il pas des diérences dans les modes de vie)

Di, bien sKr) 5es rurau( chassent plus, p9chent #aanta*e, +ar#inent plus souent et sont

*lobale.ent .oins #iplL.és) Mais la ten#ance .a+eure est au rapproche.ent) Aec

l!allon*e.ent #es étu#es, le #éeloppe.ent #e l!e.ploi é.inin, le #éclin #e

l!a*riculture et le #éeloppe.ent .assi #es rési#ences #ites <secon#aires<, la ca.pa*ne

n!est plus l!antiille, .ais une sorte #e ille éclatée et #ispersée) !est pouruoi +e

critiue les #iscours lar.oants ou passéistes, tournés ers un passé i#éalisé) 5a

ca.pa*ne est loin #!9tre .orte: elle est tout si.ple.ent en train #e chan*er)

Gea# .ore at http://)le(press)r/re*ion/+ean-#i#ier-urbain-la-ca.pa*ne-est-loin-#-etre-.orteN1610$21)ht.lOui3%1bbQ)''