Upload
quentin-martinet
View
113
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
1dec 2012
EN DEMOCRATIE,UNE PRESSE
INDEPENDANTEEST-ELLE POSSIBLE
?René de VOSSociologue
Les Amis du Monde DiplomatiqueQuestions d’anthropologie sociale et environnementale
Conquête de la démocratie ?En France, la liberté de la presse a été établie par la loi du 29 juillet 1881
Propagande et violence
symbolique
Le journaliste exaspère ou
désespère
Informer est une activité de
production
Le patron de presse grand
électeur ?
2dec 2012
INDEPENDANCE
• un organe social est indépendant1. s’il n’exécute pas les ordres d’une puissance externe2. s’il n’est pas soumis à un autre organe ou à une autre collectivité
• un acteur social est indépendant s’il ne répond à une aucune autre volonté que la sienne : s’il est LIBRE !
• un acteur social est dépendant s’il est soumis à l’autorité d’un autre acteur dont il est sous L’EMPRISE
• adoption des convictions de l’emprise• soumission aux valeurs de l’emprise• entretien et conservation des positions de pouvoir de l’emprise• contribution à la conquête des positions de pouvoir de l’emprise
• la « violence symbolique » (Bourdieu) est la forme achevée de la dépendance
• elle s’exerce avec le concours et l’accord tacite de ceux contre lesquels elle s’exerce
3dec 2012
EST-IL POSSIBLE D’ENTENDRE UN AUTRE DISCOURS QUE LE DISCOURS DOMINANT?
Exposé composé pour saluer la diffusion en DVDà partir du 4 décembre 2012
du film de Gilles BALBASTRE & Yannick KERGOAT,« Les nouveaux chiens de garde »,
réalisé en 2012
Il veut montrer :•que la presse de grande audience diffuse une pensée dominante, conservatrice d’un ordre établi et nourrie par le désir de dérégulation généralisée de l’économie ;•qu’un petit nombre de journalistes professionnels et d’experts intervenant systématiquement dans les media travaillent au succès des stratégies de pouvoir des partisans de la dérégulation généralisée ;•que le discours médiatique est faussement pluraliste malgré le nombre toujours plus important des moyens d’information.
Le film illustre et complète le livre de Serge Halimi(Liber-Raisons d’agir, 1997)
4dec 2012
OUI...
Serge HALIMI, « Les nouveaux chiens de garde », Liber-Raisons d’agir, 2005
Erick NEVEU, « Sociologie du journalisme », La Découverte, 2009
et d’un sociologue incontournable sur cette question :Alain ACCARDO
http://blog.agone.org/category/La-chronique-d-Alain-Accardo
L’exposé repose essentiellement sur les travaux de :
ET NON
OUI, si l’information est un service non marchandOUI, si l’ensemble des media dispose d’un accès égal aux systèmes de diffusionOUI, si l’ensemble des informateurs dispose d’un égal accès aux moyens de diffusion
NON, si l’information est un produit marchand et concurrentiel ou un outil de propagande
5dec 2012
TROIS ETAPES DANS L’EXPOSE
1. Information, journalisme et journalistes : l’émergence de la presse digitale
2. Le risque de propagande3. Rendre compte du débat public ou occuper le débat public
?Trois conclusions :
1. la presse de grand public n’est pas indépendante
2. les journalistes sont trop nombreux et se dévalorisent
3. la presse peut être indépendante
Ce n’est pas le fond qui tyrannise le journaliste
mais la forme
6dec 2012
Périodes vertes
• la presse dominante se prétend « neutre »
• les débats sont voulus « pacifiés »• les auteurs sont dits « présentateurs
objectifs »• le marché est censé « choisir » son
information• l’écriture est une performance
La presse est marchande
DU JOURNALISME AUX MEDIA
Périodes rouges
La presse est citoyenne
• la presse est une presse d’opinion
• les débats sont polémiques• les auteurs sont engagés• les lecteurs sont « informés »• l’écriture est un art
Insertion dans le champ de la consommation
divertissement
Emergence dans le champ politique
1631: La Gazette
1777 : Le journal de Paris1703 : journaliste
XVIIème XIXème XXème 1935 1945 1960 1983
1835 : Agence France Presse
1846 : Associated Press
1851 : Reuters
XIV ème siècle : journal
Gén
ér a
lisat i
on
d
e la r
ad
i o
Gén
éra
lisati
on
de la T
V
mais ce
tte fr
ise est
réductr
ice
7dec 2012
LE DESIR D’INFORMER EST AUSSI ANCIEN QUE L’HUMANITE SOCIALISEE
• L’invention de l’écriture en est la plus incontestable preuve
LES STRATEGIES DE CONTROLE DE L’INFORMATION SONT AUSSI ANCIENNES QUE LES LUTTES POUR LA CONQUETE ET
L’ENTRETIEN DES POSITIONS DE POUVOIR
• Théocraties de toutes sortes• Invention de l’hérésie• Inquisition• Dogmatisme• Contrôle des savoirs, des écoles et des
universités
8dec 2012
LA PRESSE CONTEMPORAINEN’EST PAS HOMOGENE
• presse écrite quotidienne : le journal (en grande difficulté)• de 2 à une trentaine de pages
• presse écrite périodique : le magazine (très florissante)• de 30 à 150 pages
• presse parlée : la radio• le journal parlé : de 6 minutes toutes les heures à une trentaine de minutes
aux heures de « grande écoute »• les émissions thématiques et le divertissement• l’information en continu
• presse visuelle : la télévision1. le journal en images pendant trente minutes 3 fois par jour
2. les émissions thématiques et le divertissement
3. l’information en continu par séquences répétitives de 6 à 12 minutes
• presse « digitale » : Internet et les réseaux sociaux1. des formules qui s’inventent depuis 10 ans
2. Médiapart a été créé le 2 décembre 2007
9dec 2012
LES MEDIA NE SONT PAS HOMOGENES
• texte écrit pour être lu par le public• support en argile, en pierre, en papyrus, etc...• support papier• support électronique
• texte prononcé pour être entendu par le public• l’annonce et la parole gravée• la radiodiffusion• l’entretien enregistré
• l’image fixe• le dessin• l’affiche• le photo-reportage• le magazine illustré
• l’image animée• la télévision• le cinéma• la séquence vidéo
9
Aucune de ces formes ne détermine a
priori la qualité de
l’information
10dec 2012
IL N’Y A PAS UN JOURNALISMEMAIS DES JOURNALISMES
• Tous les journalistes se réfèrent au principe fondateur énoncé par Charles Scott :
• « Les opinions sont libres, les faits sont sacrés »Charles Prestwich Scott (1846 -1932), fondateur du Manchester Guardian (1929)
• Mais l’art d’informer le public est un risque sociétal
• «le lit de Procuste» est la menace permanente : les hommes sont tous de tailles différentes, c’est un fait ; l’apprécier ou le regretter, c’est un commentaire ;
• on peut diffuser une information sans s’obliger à la commenter ;
• commenter n’est pas informer ;
• et commenter sans informer, c’est faire de la propagande.• La confusion des discours entre journalistes, politiciens, financiers et
commerçants «ravage la démocratie» ( Dominique Wolton, La Tribune, 01/11/2011)
• Il y a plus de 37000 titulaires d’une carte de journaliste en France. Le grand public n’en connait que quelques uns• personne ne connaît publiquement, par exemple, l’un ou l’une des
3000 journalistes de l’Agence France Presse
11dec 2012
Du 1630 à 1960 : partout, la « grande époque »La presse est un support pour le débat polémique
et l’expression d’idées engagées
Les grands noms prennent position et
prennent des risques… les lecteurs sont sensibilisés
LE JOURNALISME EST UN ACTE CITOYEN
Cette phase s’achève lorsque les libéraux imposent « l’objectivité » pour remplacer le débat d’idées
Albert CAMUS
1913-1960
Emile ZOLA1840-1902
Joseph Pulitzer
1846-1911
Raymond ARON
1905-1983
Jean-Paul MARAT
1743-1793
Albert LONDRES1884-1932
Le peuple doit savoir
Le crime ne résiste pas à sa publicité
La réalité doit être montrée
L’opinion doit être libre
On ne peut pas laisser les pouvoirs dominants tout
décider
L’opinion publique doit faire respecter la
justice par delà les passions
12dec 2012
DU JOURNALISME MILITANTVERS LE JOURNALISME PROFESSIONNEL
• accroissement du nombre des titulaires d’une carte de presse 16 000 en 1980 32 000 en 2000 37 307 en 2009
• professionnalisation, technicité et prolétarisation• depuis 1960, un recrutement en majorité sur diplômes universitaires• treize écoles de journalisme en France : les «grandes» et les «petites» !• des formations universitaires à Bac+2 et Bac+3 (Licences, maîtrises, DUT, BTS)• pour l’audio-visuel, deux écoles supérieures de référence : SciencesPo et HEC
• Avec la création des écoles de journalisme et la vocation marchande de la presse, on a transformé la tacite charte déontologique professionnelle de 1918• les liens entre les écoles prestigieuses et le monde des affaires sont très étroits• les enseignants qui forment au brio y dispensent un enseignement facilement
filtré par leurs convictions et leurs fonctions au sein des groupes industriels et financiers
• on y pratique très facilement le mandarinat et le clientélisme• les éditorialistes de la presse à grande diffusion pour les questions économiques
et de politique générale sont très souvent les enseignants qui forment les journalistes des écoles prestigieuses
Evolution très sensible en France (voir Erik NEVEU)
13dec 2012
UNE « PROPAGANDE GLAUQUE »AGIT DE MANIERE TRES EFFICACE
• les propositions du libéralisme économique et surtout du néo-libéralisme économique sont
1. discutables,
2. démenties par la preuve historique
• les non-libéraux pris à témoin interrogés par les journalistes doivent toujours leur démontrer que les propositions néo-libérales sont fausses
• « la propagande glauque a installé dans nos têtes, et surtout dans la tête des jeunes dont la télé est l’éducateur principal, presque tous les corrélats culturels, philosophiques et psychologiques du libéralisme »
Jean-Léon BEAUVOIS, article adressé à
« Libéralisme ou démocratie » le 18 juin 2005
(http://liberalisme-democraties-debat-public.com)
14dec 2012
TROIS CITATIONS A L’APPUI
• Laurent Joffrin (directeur de la rédaction de Libération) :
«On a été les instruments de la victoire du capitalisme dans la gauche» - France 2, 2 juin 1993 [Halimi, p. 50]
• Lewis Lapham ( directeur de rédaction du mensuel Harper’s Magazine,) :
«L’économie globale est un mécanisme très coûteux et très délicat qui exige la participation des investisseurs à la place des citoyens.» in «Economic Correcteness», Harper’s, février 1997 [Halimi, p.50]
• Jean-Marc Sylvestre (éditorialiste sur France Inter et LCI) :
«Comment expliquez-vous qu’en France l’économie soit encore chahutée par le débat public et par les militants d’un parti ou d’un autre ?» Emission Décideurs, LCI, 11 mai 1997. [Halimi, p. 53]
15dec 2012
EN 1932Paul NIZAN écrivait :
« M. Michelin doit faire croire qu’il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui.»
«Les chiens de garde», Maspero, 1976, p. 61
«Depuis, ce qui a surtout changé, c’est que les journalistes parlent comme M. Michelin.»
«Les nouveaux chiens de garde», Liber, 1997, p. 53
et Serge Halimi ajoute :
16dec 2012
OU SONT LES SAVANTS ?
• Ce ne sont pas les grandes signatures qui font la qualité de la presse,
mais la place que cette dernière réserve aux grandes signatures.
La place est occupée par une information homogénéisée
• Par suite de la compétition entre les titres, l’information se boucle : sous la tutelle de la « revue de presse », les informateurs trouvent l’information auprès des informateurs
• les objets observés sont les mêmes ;
• les sujets traités sont les mêmes ;
• les experts consultés sont les mêmes.
La presse marchande nivelle plus ses journalistes
que ses lecteurs-auditeurs-spectateurs
Pourquoi ceux-là et pas les nôtres ?
17dec 2012
LA PRESSE NE PARLE PLUS QUE D’ECONOMIE MAIS NOUS NE VOYONS OU ENTENDONS JAMAIS CEUX-LA
Jean TIROLLE
Bernard FRIOT
Thomas PIKETTYAndré
ORLEANS
Michel HUSSON
Jean GadreyDominique PLIHON Frédéric LORDON
QUANT A EUX, ON NE PEUT LES VOIR QU’APRES 22h ET, SEULEMENT,
DE TEMPS EN TEMPS
18dec 2012
UN QUATRIEME POUVOIR ?
• les journalistes ne sont pas des porte-parole de l’opinion publique ils hiérarchisent les évènements en fonction de leurs propres enjeux
ils orientent l’attention du public sur des sujets qu’ils choisissent
ils consacrent des personnes ou des oeuvres de manière autonome
• mais le champ politique et le champ économique leur échappent le champ politique : parce que la puissance publique a toujours le dernier mot
le champ économique : parce que les journalistes ne peuvent pas peser sur les choix des entrepreneurs et des financiers
• «En lisant le journal, les gens croient apprendre ce qui se passe dans le monde. En réalité ils n’apprennent que ce qui se passe dans le journal.»
Philippe GELUCK, le chat
in EriK Neveu, p.84
19dec 2012
FAIRE UN JOURNAL COUTE CHERMAIS IL PEUT RAPPORTER BIEN PLUS D’ARGENT QU’IL N’EN FAIT DEPENSER
• La ligne éditoriale peut être liée à la recherche des profits• Objectif : occuper la plus grande part de marché pour gagner de
l’argent • Identifier des profils de lecteurs et se servir de leurs attentes• Valoriser des sujets à dimension émotionnelle
• La gestion du journal tient plus de l’argent que du contenu• «Assis» ou «de terrain», un journaliste a un coût.• Optimiser les effectifs et les coûts de production ;
limiter les contrats recourir au « pigisme » ;
• Rechercher des recettes externes• publicité (20 milliards d’€ en 2005)• subventions d’Etat (1,2 à 1,8 milliard en 2011)
• Vendre à la clientèle plutôt que lui transmettre l’information
20dec 2012
LES PROPRIETAIRES DES ORGANES DE PRESSE EN FRANCE
Source : le Plan B n° 1
Selon les sources : de 1,2 à
1,8 milliards d’euros en
subventions versées par
l’Etat en 2011
21dec 2012
QUAND ON PARLE D’ARGENTL’AMERIQUE SERT DE MODELE
• Les media y captent, par exemple, sous forme de spots publicitaires la moitié des dépenses de campagne des politiciens• 744 millions de $ pour les représentants de la Chambre
• 705 millions de $ pour les sénateurs
• 1 milliard pour les gouverneurs
Le Plan B, n° 5, janvier 2005, p 3
L’INFORMATION ET L’ARGENT SONT EN MENAGE
DETENIR UN JOURNAL, C’EST DETENIR UN SUPPORT PUBLICITAIRE IRREMPLAÇABLE
• Les entrepreneurs qui possèdent les grands médias possèdent d’abord la surface publicitaire qu’ils représentent
• Adepte du modèle, le groupe Ouest-France, aujourd’hui SIPA-OUEST FRANCE, est une affaire spécialisée dans la publicité qui «pèse» plus d’un milliard d’euros
22dec 2012
LA PRODUCTION DE L’INFORMATION SE TRANSFORME FACILEMENT EN PROPAGANDE
• 1922 : Walter LIPPMAN (Comité Creel)1. « le citoyen américain ne se forge plus ses opinions dans son
environnement interpersonnel, dans les groupes de proximité (comme la famille, le quartier, les relations de travail). Il s’est isolé dans un cocon urbain qui le conduit à emprunter des opinions, des savoirs, des informations… à ces sources distantes et non interactives que sont les medias. »
2. cet ensemble constitue un « pseudo-environnement »• La désinformation passe avant l’argumentation
1. on transmet aux citoyens l’information appuyant un point de vue et on fait silence sur les autres informations
2. le monopole de la source d’information organise la censure discrète
• L’intention politique transforme l’information en argumentation
d’où l’engagement de Serge Halimi contre :le Parti de la Presse et de l’Argent
23dec 2012
LA CHARTE DU JOURNALISTEDEVRAIT POURTANT FAIRE ECRAN
« Un journaliste digne de ce nom prend la responsabilité de tous ses écrits même anonymes :
• tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles ;
• ne reconnaît que la production de ses pages souveraine en matière d’honneur professionnel ;
• n’accepte que des missions compatibles avec la dignité professionnelle ;• s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens
déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque ;
• ne touche pas d’argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées ;
• ne signe pas de son nom des articles de réclame, commerciale ou financière ;• ne commet aucun plagiat, cite les confrères dont il reproduit un texte
quelconque ;• ne sollicite pas la place d’un confrère, ni ne provoque son renvoi en offrant de
travailler à des conditions inférieures ;• garde le secret professionnel ;• n’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ;• revendique la liberté de publier honnêtement ses informations ;• tient le scrupule et le souci de la justice pour des règles premières ;• ne confond pas son rôle avec celui du policier. »
adoptée en 1918 par le Syndicat national des journalistes.
24dec 2012
1935-1945 : LES ANNEES DE PLOMB
la presse n’est qu’instrument de propagande
A part quelques rares titres,partout dans le monde,
à l’exception de la Grande Bretagnela presse est discréditée
25dec 2012
EN FRANCE, LE 9 OCTOBRE 1945ON REAFFIRME LES FONDAMENTAUX DEMOCRATIQUES
• « La presse n'est pas un instrument de profit commercial, mais un instrument de culture ; sa mission est de donner des informations exactes, de défendre des idées, de servir la cause du progrès humain » [art. 1er]
• « La presse est libre quand elle ne dépend ni de la puissance gouvernementale, ni des puissances d'argent, mais de la seule conscience des journalistes et des lecteurs » [art. 3]« Projet de déclaration
des droits et devoirs de la presse libre »,Fédération nationale de la presse française, 2 novembre
1945
La plupart des journaux qui ont poursuivi leur publication pendant la guerre sont interdits de parution, obligés de
changer de nom ou nationalisés
26dec 2012
RENDRE COMPTEDU DEBAT PUBLIC
OUFABRIQUER
UN DEBAT PUBLIC ?
Le journaliste est libre de ses commentairesmais sa responsabilité est immense
si le public ne dispose pas de l’information primaire.
27dec 2012
GEREE PAR L’ARGENT, L’information EST :
• Une production marchande :• les différents médias se concurrencent sur le marché• concurrence non pas dans les contenus mais dans les recettes de publicité
ex: les « gratuits » dans la presse quotidienne• la qualité du travail des journalistes dépend des contraintes financières• les conditions de travail des journalistes se dégradent très facilement• les lecteurs sont traités comme des clients auxquels on adresse des offres
commerciales• des produits dérivés : encyclopédies, DVD, voyages, lieux touristiques
etc…
• des services culturels : manuels scolaires, livres, films, musique, etc…
• Un bien de consommation• le « scoop » choc pour faire vendre• un produit d’appel pour la distribution de tous les biens de
consommation possibles
28dec 2012
LA PRESSE PEUT NE PAS ETRESOUS LA TUTELLE DES PUISSANCES D’ARGENT
• De grands titres sont indépendants du Parti de la presse et de l’argent• Le canard enchaîné
• Le Monde Diplomatique
• Médiapart
• The Guardian (en Grande Bretagne)
• ARTE
• ...
• Des titres modestes sont parfaitement détachés d’intentions de profit• on ne peut pas passer sous silence tous les titres de la presse dite alternative
• On ne peut pas généraliser une situation particulière• L’indépendance des journalistes est juridiquement très protégée aux Etats Unis, en
Italie, en Allemagne, au Portugal ou aux Pays Bas
• Les compromissions ou l’insuffisance professionnelle des uns ne doit pas cacher la rigueur et l'honnêteté intellectuelle des autres
• Le caporalisme de certains présentateurs vedettes, éditorialistes ou rédacteurs en chef ne doit pas masquer l’engagement citoyen sincère des fantassins du journalisme
29dec 2012
L’INDEPENDANCE DES JOURNALISTES…
• se mesure à leurs capacités de passeurs1. transcrire et transmettre ce qu’on a vu et entendu à ceux
qui n’ont ni vu ni entendu2. gérer scientifiquement ses appréciations personnelles3. au besoin : taire ses appréciations4. respecter ses sources
• elle ne peut pas se mesurer pas à leurs talents• d’animateur,
• de commentateur,
• ou de saltimbanque
La mise en perspective doit être distinguée de la mise en scène
et, dans le fond, peu importe qui rémunère le journaliste
30dec 2012
MAIS LA PRESSE TELEVISEE OU RADIO DIFFUSEE A UNE TRES FAIBLE DENSITE
INFORMATIVE• Domination du présentateur• Faux débats• Uniformisation du discours • Vulgarisation par l’image• Réflexion impossible dans l’urgence• Tyrannie du « temps rare »
Le support audio visuel, en tant que tel, a fait la preuve de sa très forte capacité à informer
• films documentaires• films de fiction• reportages photographiques
la responsabilité
des directeurs de
rédaction est
imm
ense
La presse écrite digitale a donc un aveniret c’est tant mieux pour la planète si nous n’avons plus recours
au papier
De trop rares exceptions faites de savoir et de
modestie
31dec 2012
PREMIERE CONCLUSION
• leurs liens avec les puissances d’argent ne sont pas dissimulés
• leur «médiatisme compact», comme le nomme Serge Halimi, toujours favorable aux pouvoirs en place est exaspérant
• leurs mises en scène devant l’objectif des caméras décrédibilisent leurs témoignages
• leur fréquentation assidue des espaces chics et sélects les éloigne bien plus de leur public qu’ils ne le pensent sans doute
• ils s’attachent au monde des puissants et ils agissent en cette qualité
Les journalistes français qui occupent le devant de la scène sont loin d’être indépendants
32dec 2012
DEUXIEME CONCLUSION
• ils s’exposent à la concurrence de leurs confrères et consœurs
• qui accepteront de travailler dans le strict respect des exigences des rédactions
• qui accepteront des rémunérations trop faibles
• qui accepteront des statuts précaires et incertains
• ils sont victimes de la violence symbolique qui menace toute
société qui ne se pense plus que dans l’instantané et le court
terme
• la déréglementation généralisée de l’activité
professionnelle peut leur faire courir le danger de ne
plus pouvoir s’adresser à leurs propres concitoyens
les journalistes connaissent sans doute une crise de surpopulation
33dec 2012
TROISIEME CONCLUSIONla presse peut être indépendante si :
• elle relève d’un service public de l’information :• indépendant du gouvernement ;• protégeant la liberté d’expression, le droit de retrait et le droit
d’association de ses rédacteurs ;• financé par des fonds publics ;• sous contrôle démocratique.
aux citoyens, le soin d’en concevoir les modalités
• et/ou elle est constituée en système associatif :• sans but lucratif ;• sous contrôle :• de l’association de ses rédacteurs ;• de ses lecteurs.
• et/ou un statut légal du journaliste• efface le contrat de subordination du journaliste avec
son employeur • instaure un droit de retrait du journaliste
34dec 2012
RESSOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
• Alain ACCARDO, « Journalistes précaires, journalistes au quotidien », Agone, 2007
• Jean-Léon BEAUVOIS, « Les démocraties, la télévision et la propagande glauque » dans Courbet & Fourquet, « La télévision et ses influences ». Bruxelles, de Boeck, 2003
• Pierre BOURDIEU, « Sur la télévision », Liber, 1997• Noam CHOMSKY & Edward S. HERMAN, « La fabrique de l’opinion
publique », Le serpent à plumes, 2003• Serge HALIMI, «Les nouveaux chiens de garde», Liber-Raisons d’agir,
1997• Serge HALIMI & Dominique VIDAL, « L’opinion, ça se travaille », Agone,
2002• Bernard MIEGE, « La société conquise par la communication », PUG, 1989• Erik NEVEU, « Sociologie du journalisme », La découverte, 2009• Ignacio RAMONET, « Propagandes silencieuses », Folio, 2004• «Le temps des média», revue d’histoire, nouveau Monde
éditions, (direction scientifique : Christian DELPORTE)• «Gilles Balbastre, journaliste repenti», http://www.homme-
moderne.org/societe/media/balbastr/textes/periphs.html