12 02 13 Argent, l'anti-crise.indd

  • Upload
    voxuyen

  • View
    231

  • Download
    9

Embed Size (px)

Citation preview

  • Argent,l'anti-crise

    Argent,l'anti-crise

    SUPP

    LM

    ENT

    DU

    1er M

    AR

    S, N

    E PE

    UT

    TR

    E V

    END

    U S

    PA

    RM

    ENT

    DIRECTEUR DE PUBLICATION : ABDELMOUNAIM DILAMI

    CHAOS : LES OPPORTUNITS DE LA CRISENizar BARAKA, Mohamed EL KETTANI, Dominique STRAUSS-KAHN... livrent leurs analyses.

    INNOVATION, DVELOPPEMENT... Les stratgies gagnantes

    des entreprises

    LES SECRETS DES GRANDESRUSSITES FINANCIRES

    LES ARMES ANTI-CRISE DES TATS

    COMMENT LE LUXE DFIE LA CRISE

    INNOVATION, DVELOPPEMENT... Les stratgies gagnantes

    des entreprises

    LES SECRETS DES GRANDESRUSSITES FINANCIRES

    CRISE MONDIALELA GENSE

    CRISE MONDIALELA GENSE

    LES ARMES ANTI-CRISE DES TATS

    COMMENT LE LUXE DFIE LA CRISE

    LES MEILLEURS

    PLACEMENTS 2013

    FORUM DE PARIS

    MARS 2013

  • ANP Mercedes Class E - 21x27 - vec.ai 1 22/02/13 15:39

  • Prsident Directeur Gnral & Directeur de Publication : Abdelmouman DILAMI - Directeur Gnral : Khalid BELYAZID Directeur des Rdactions : Nadia SALAH - Directeur Stratgie & Dveloppement : Muriel FLORIN Rdacteur en Chef : Mohamed BENABID - Secrtaire Gnrale de Rdaction : Meriem OUDGHIRI

    Journalistes : Abashi Shamanba / Bachir Thiam / Karim Dronet / Abdessamad Naimi / Laureline Savoye / Ilham Boumnade / Franck FagnonDirection Commerciale & Marketing : Sandrine SALVAGNAC - Directeurs de Clientle : Amal Cherkaoui / Thierry del Valle /

    Mouna El Ouattassi / Imane El Azdi / Khalid El Ja / Adberraouff Jaafari / Fayal Liraki / Benassa Benamar / Hfaiedh Zeramdini /Mohamed HamdaouiDirection Artistique : Carine Birot - Photos : AFP / FOTOLIA / L'ECONOMISTE - Dpt lgal : 100/1991 - Impression : IDEALE - Diffusion : 27 000 exemplaires

    70, Bd Massira Khadra, Casablanca Tl. : 05.22.95.36.00 (LG) - Fax Rdaction : 05.22.36.59.26 et 05.22.39.35.44 Commercial : 05.22.36.46.32

    EDITO

    LA CRISE, UNE MALADIE CONTAGIEUSE INVITABLE ?

    a crise conomique, cette maladie des pays industrialiss contagion immdiate, aurait-elle de manire irrvocable atteint lensemble de la plante ? Pas sr. Pas sr du tout

    mme. Car sommes-nous vritablement en crise ? Pour une moiti du monde, celle qui auparavant souffrait de tous les maux, au contraire la croissance explose. De nouvelles puissances mergent et un certain quilibre Nord-Sud semble se redessiner. Les "BRICS", lAfrique... reclent de niches de croissance et ont su dvelopper des anti-virus puissants qui les maintiennent labri de toute contamination. Des secteurs entiers de lconomie font preuve dune insolente rsilience, des entreprises dploient des stratgies gagnantes et crent de la richesse. Des hommes btissent des empires et des fortunes au plus fort de la tempte conomique, mus par la volont de se dpasser. Ne rendons pas Csar ce qui appartient Romulus. Ne nous approprions pas des maux qui ne sont pas les ntres. Si les potentiels de croissance des pays industrialiss se restreignent, si les politiques politiciennes privilgient les intrts particuliers aux intrts collectifs en entranant dans le sillage de leurs incohrences des nations entires, en ce qui nous concerne, toute notre histoire conomique est encore crire. Le nouvel chiquier mondial qui se dessine nous offre dimmenses opportunits et avec juste beaucoup de sagesse, de volont, de synergie, la croissance nous tend les bras. Encourageons les initiatives, cultivons lconomie du savoir, soutenons nos entreprises et ne fl agellons pas la richesse. Regardons le chemin parcouru en 10 ans et celui qui souvre nous, sinon nous devrons nous prparer soigner la crise que nous nous sommes fabrique. Ce sont les situations complexes qui crent les opportunits, car elles incitent au dpassement. Alors, dpassons-nous !

    La rdaction

  • FAILLITE DES ECONOMIEEurope, tats-Unis

    Les raison dun chec

    20 LES ARMES ANTI-CRISES DES ETATS

    CRISE MONDIALELA GENSE

    CRISE MONDIALELA GENSE

    QUAND CHAOS RIME AVEC PERSPECTIVES,

    LES OPPORTUNITS DE LA CRISE

    Nizar BARAKA, Mohamed EL KETTANI, Dominique STRAUSS KAHN...

    Les experts livrent leurs analyses

    28

    30

    VNEMENT

    RAND ANGLE

    14

    LE MYTHE FERRARI AU MAROC

    LE MYTHE FERRARI AU MAROC

    8

    26

    42

    COMMENT LE LUXE DFIE LA CRISE

    INNOVATION, DVELOPPEMENT...Les stratgies gagnantes des entreprises

    MARCH DE lARTEntre passion & spculationServices PREMIUM pour Hauts RevenusUne nouvelle niche ?

    38

    46

    54

    58

    CRYPTAGE

    SOMMAIRE

    FORUM DE PARISFORUM DE PARIS

    Automobile de LUXE,le nouveau booster du secteur

    Automobile de LUXE,le nouveau booster du secteur

  • Avec nos collections chaque rve devient unique

    LITERIE I CHAMBRE COUCHER I LINGE DE LIT I OREILLERS I AMEUBLEMENT I BANQUETTES

    SHOWROOM A. BEN KADDOUR 50-52, Bd Abdellatif Ben Kaddour Rond point des Sports Casablanca. Tl. : 05 22 20 16 72.

    SHOWROOM AIN SEBAA 2, alle des Sauges Ain Sebaa Casablanca. Tl. : 05 22 35 69 38.

    THE SHOWROOM Marjane Square, Av. Abdlekrim Khattabi, Route de Casablanca Marrakech. Tl. : 05 24 33 05 05.

    www.simmons.ma

    COMMANDE DISTANCECALL CENTER CONSOMMATEURS

    08010 00 330

  • RGENT

    LES MEILLEURS PLACEMENTS 2013

    GAGNER DE lARGENT EST ENCORE POSSIBLE

    FINANCES PUBLIQUES ALERTE ROUGE

    IMPTS, LA NOTE SERA SALE EN 2013

    ENTRE MESURES QUI FCHENTET CAROTTES FISCALES

    64

    67

    60

    LES MEILLEURS PLACEMENTS 2013

    GAGNER DE lARGENT EST ENCORE POSSIBLE

    UCCESS STORY

    GRANDS PATRONS Abdeslam AHIZOUNE, Othman BENJELLOUN, Adil DOUIRI

    Ces Conquistad'OR que rien n'arrte

    73

    LES SECRETS DES RUSSITESFINANCIRES PLANTAIRES

    77

    SOMMAIRE

  • 8 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    a crise ne commence pas en 2007, elle vient de bien plus loin. On peut mme dire quelle

    est dans les accords de Bretton Woods, puisque ceux-ci ont cr une diffrence de nature entre le pays qui matrise la monnaie internationale et les autres, tous les autres... jusqu ce que leuro ap-paraisse. Washington a-t-il voulu, sciem-ment, dominer le monde travers le systme montaire ? En a-t-il t la vic-time comme la vulgate amricaine le soutient mordicus ? Qui peut savoir ? En tout cas, nous avons aujourdhui une conomie qui ne peut se permettre de vivre sans cesse en double dfi cit, car le reste de la plante a une confi ance quasi absolue dans la monnaie, le dollar. Contrairement aux autres pays, quel que soit son niveau de dfi cit, il y a toujours de largent pour le fi nancer. Beaucoup, mme les communistes chinois, consid-rent que la meilleure monnaie comme le meilleur placement au monde sont les Bons du Trsor amricains, en dollars. Sur ce point, les accidents des soixante dernires annes, sont insignifi ants. Mais a, cest une autre histoire.

    Retour sur les drives d'un systme qui a vendu l'illusion de l'opulence.

    LA GENSECRISE MONDIALE

    Harry Dexter White ( droite) et John Mayar Keynes, en mars 1946. Le premier, alors Secrtaire adjoint au Trsor, a impos les vues de Washington au deuxime, pre de la clbrissime doctrine de politique conomique, le keynsianisme. Un nouveau systme montaire mondial venait de natre. Il a servi une immense expansion du commerce, des changes de services et incontestablement la formation dun niveau de vie indit dans toute lhistoire de lhumanit. Ce systme est connu sous le nom de Bretton Woods, le petit village amricain o laccord a t ngoci, Il a aussi pas mal "bugu", sur ltalon, sur les dfi cits, sur les ingalits entre pays Il ne faudrait pas fantasmer sur les vertus Keynes, par opposition White. Keynes est celui qui a invent la drogue des dfi cits budgtaires, largement "deale" par les politiciens qui veulent se faire rlire.

    Ph. A

    FP

  • 10 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    LES AMRICAINS, RESPON-SABLES DE LA PLANTE !Comment les Amricains vivent-ils cette situation ? Pas du tout comme un pri-vilge. Au contraire, ils considrent que leur destine est de soutenir la plante, de partager avec les moins lotis la ri-chesse quils ont su crer. Donc, pour ce faire, ils doivent consommer, mme si cest au-del de ce quils peuvent se payer tous seuls. Bizarre ? Oui, mais cest comme a. Dans le fond, ce nest pas faux, puisque la sant conomique de la plante dpend largement, encore aujourdhui, du taux de croissance de lAmrique. Ce sentiment de respon-sabilit mondiale justifi e beaucoup de choses. Y compris donc le "devoir dtre en croissance".Aux alentours de lan 2000, se forme une norme bulle spculative sur les nouvelles technologies. Que na-t-on entendu sur ce sujet : des milliardaires qui pousseraient comme des champi-gnons dans les garages, une manne mon-diale pour le nouveau millnaire, des centaines de millions de dollars tom-beraient comme la pluie sur de simples ides... Lternel rve humain de lenri-

    chissement merveilleux. Au total, beau-coup dappels, peu dlus, comme pour les emprunts russes ou lor du Prou. Mais de belles histoires raconter. On lira avec intrt la fi n de ce numro les parcours des hommes les plus riches du monde dont la plupart on fait leur fortune eux-mmes, mais bien peu fi na-lement lont fait dans les nouvelles tech-nologies. Une analyse facile aprs coup. Sur le moment en 2000, cest plus com-pliqu et moins comprhensible : on a bel et bien une norme bulle spculative, quil faut sagement faire atterrir avant quelle nclabousse tout le monde.Dans larrire-boutique, nous avons aus-

    si le systme de Bretton Woods dont il est question plus haut. Ce systme, pour tre effi cace et mondial, pose comme une vertu absolue lindpendance des banques centrales. Il faut reconnatre que des guerres sont nes parce que des gouvernements comme celui dHitler, ont mis leur banque centrale leur ser-vice. Mais en toute chose il faut savoir garder la mesure. Or voil qu Washing-ton, le dogme est si puissant quAl-lan Greenspan, prsident de la banque centrale, la Federal Reserve, mne sa politique en toute indpendance, pour le meilleur et pour le pire. Faire atter-rir une bulle spculative, quand, en plus, des terroristes viennent de faire tomber les Tours Jumelles de New York, cest in-jecter de largent et encore de largent. Cest de largent en abondance puisque tout le monde prte volontiers aux Amricains. Le comble du dlice est que quelques annes auparavant, le dmo-crate Bill Clinton avait rendu aux fi nan-ciers leur libert dimagination...Le dcor est plant : des banquiers avec la bride sur le cou et une banque cen-trale qui, au lieu de les surveiller, leur jette de largent pas cher.

    La sant conomique de la plante dpend largement, encore aujourdhui, du taux de croissance de lAmrique

    Alan Greenspan arrive la tte de la Federal Reserve en 1987. Un mois plus tard, il gre remarquablement sa premire crise fi nancire. Les mdias, prompts fabriquer des scenarii de fi lm daventure, en font un gourou omniscient de la fi nance. Se moquait-il de lui-mme, du public ou du pouvoir que ce public lui avait donn, lorsquil disait : "Si vous mavez compris, cest que je me suis mal exprim"? Quand il quitte la Fed, en 2006, le systme fi nancier amricain met dj des craquements inquitants. Quelques mois plus tard, effectivement, il s'effondre.

    Ph. AFP

  • 12 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    SUR LES BULLES, SEKKAT ET JOUAHRI NONT RIEN LCHEn tout cas, non seulement la bulle des TIC se dgonfl e sans trop de remous, mais voila que le systme Greenspan est si malin quil lance un nouveau relais de croissance : limmobilier. Et en plus, cest aussi moral et ducatif que les lgendes des petits gnies de linternet puisque la bulle immobilire enrichit les pauvres (voir encadr sur les subprimes). Le sys-tme paraissait si intressant que beau-coup de pays se sont laisss tents. Mme aux Maroc, la pression des gou-vernements et des fi nanciers devenait de plus en plus forte sur les deux gou-verneurs de la Banque Centrale, Moha-med Sekkat puis Abdelatif Jouahri. Ils ont rsist et nont lch, quun texte sur les hypothques, un texte qui ne fonctionne mme pas. Cest dommage, mais qui au-jourdhui oserait le leur reprocher sans crainte dtre accus de "subprimisme".

    Cest dans la nature humaine de brler ce quelle a ador. Il ny a quune seule chose laquelle elle

    soit fi dle : largent. Cest pour cette raison que lhistoires des subprimes ne meurt pas avec elles. Et lhistoire continue...

    Nadia SALAH

    Quand largent est abondant, que le taux dintrt plafonne 1%, impos-sible de rsister : les familles achtent des logements. Surtout si des courtiers sont commissionns pour faire signer en mme temps lachat et lemprunt. Puisque beaucoup de gens achtent des

    logements, les prix augmentent. Cest la loi du march. Puisque les prix grimpent, les banquiers prennent leur garantie sur le logement, pas sur le revenu de lem-

    prunteur. Et puis, au cas o il y aurait un danger, deux organismes gants, Fannie Mae et Freddie Mac, refi nancent le prt donn par la banque, pour quelle puisse prter dautres emprunteurs.Le systme est gnial, pas seulement parce quil fonctionne toute vitesse

    en sauto-alimentant, mais surtout parce quil permet des gens marginaliss par la vie dacqurir un logement. Le rve des libraux tait devenu ralit: grce

    lingniosit des fi nanciers, mme les pauvres pouvaient venir dner la table des propritaires immobiliers. Politique-ment, le systme est parfait : frappe au cur par le terrorisme, critique par ses partenaires en raison de ses privilges, laudacieuse, la travailleuse et linventive

    Amrique sort grandie de toutes les preuves et vient denrichir les pauvres. Le prsident Georges W. Bush partage gnreusement les trouvailles fi nan-

    PAS SI BTES, LES SUBPRIMES !

    Aujourdhui, personne nose plus reparler de ce systme, qui pourtant ntait pas si bte,...sil avait t gr par des gens sages.

    Abdelatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al Maghrib, ancien charg de mission au Palais, ancien ministre des Finances charg de grer les fi nances marocaines aprs le Krach fi nancier (du mme genre qui nous menace aujourdhui), puis prsident de la BMCE, du GPBM, puis enfi n wali de Bank Al Maghrib. Lors dun entretien avec LEconomiste, justement Abdelatif Jouahri expliquait pourquoi il ne voulait pas voir se dvelopper un systme de refi nancement aussi dbrid que celui qui donnait de si bons rsultats aux Etats-Unis. Le temps lui a donn raison, quelques mois plus tard, tout tait par terre.

    Ph. Bziouat

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 13

    GRAND ANGLE

    1407080 08

    Prts dtenus ou garantisaux Etats-Unis

    Fannie Mae etFreddie Mac

    Autressocits

    (5 200 milliards de $)40%

    60%

    Source : NYTimes

    Montant des prts

    700 milliardsde dollars

    1 500 milliards

    Dette accumule

    800milliards

    740milliards

    Fannie Mae

    Fannie Mae

    Freddie Mac

    Freddie Mac

    cires de ses banquiers avec le reste de la plante et envoie ses troupes ap-prendre la dmocratie aux Irakiens.Aujourdhui, il est facile de voir o le bt blesse et comment tout le systme ne peut pas ne pas tomber. Mais il faut se replacer lpoque. A ce moment-l, cest tout le contraire : on a sous les yeux une histoire o mme la mo-rale trouve son compte. Et cest vrai, car, avant que le systme ne seffondre, une partie des emprunteurs ont russi

    payer leur logement et sont devenus des propritaires. Ou dfaut, en ont tir un petit pcule inespr. Le malheur est tomb sur les suivants, ceux qui ont pris de plein fouet la hausse des taux, quand la machine sest mise marcher dans lautre sens. Quand la mcanique ralentit, le prix de limmobilier cesse de monter. La garantie hypothcaire ne fonctionne plus. Il faut mettre en vente les logements des emprunteurs impcu-nieux. Le march baisse, la garantie hy-

    pothcaire perd encore sa valeur, et ainsi de suite. La contagion fonctionne aussi vite dans un sens que dans lautre.Aujourdhui, personne nose plus repar-ler de ce systme, qui pourtant ntait pas si bte,... sil avait t gr par des gens sages.

    N.S.

    Le gouvernement amricain et la Rserve fdraleont annonc des mesures pour soutenir les deux firmes

    de refinancement hypothcaire menaces

    Fannie Mae et Freddie Mac

    Cration

    Activit

    Source : NYTimes 140708

    1938 1970

    5 700 Prs de 5 000

    Prts dtenus ou garantisaux Etats-Unis

    Sige Washington Etat de Virginie

    Montant des prts

    700 milliardsde dollars

    1 500 milliards

    Dette accumule

    800milliards

    740milliards

    Fannie Mae etFreddie Mac

    Autressocits

    (5 200 milliards de $)

    A lorigine de la premiremission obligatairede titres adosss desprts immobiliers

    Etablissement public crsous limpulsion duprsident Roosevelt.Privatis en 1968.

    Fannie Mae

    Fannie Mae

    Freddie Mac

    Freddie Mac

    Emplois

    40%

    60%

    Fannie Mae & Freddie Mac Tels qu'ils taient en 2008

    En 2008, ltat de faillite virtuelle des deux grandes institutions de refi nancement hypothcaire amricain, Freddie Mac pour les logements de premire main, et Fannie Mae pour les reventes. Bien que ce soient des sortes de coopratives par actions cotes en bourse, les autorits politiques vont garantir les dettes et racheter les titres les plus compromis. Pour avoir une ide de leur taille : 5.200 milliards de dollars, cest plus de la moiti de tout le PIB du Maroc.

  • 14 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    a bulle des subprimes clate en 2007 aux Etats-Unis. Une banque disparat alors corps et

    bien, la Lehman Brothers. Comment est-on pass de la chute des prix de limmo-bilier la chute des banques ? La conta-gion est simple comme bonjour. Les banques ont lhabitude de se prter de largent entre elles, tous les jours et sur une grande chelle. Lemprunteuse an-nonce ses garanties qui sont des pro-duits fi nanciers. La prteuse a confi ance et laffaire se fait. La construction est si bien rode quon va toute vitesse. Pra-tiquement toutes les activits de lco-nomie relle dcoulent directement de ce march fi nancier, des voitures aux chambres dhtel, du pain la mtallur-gie lourde... Un grain de sable survient et tout sarrte.

    DES PRDICTIONS AUTO-RALISATRICESCest ce qui sest pass. Quelle banque prterait une consoeur dont on nest pas sr de la solidit ? Aucune. Le vrai problme, cest que le systme sauto-alimente, la hausse comme la baisse.

    Une banque nest pas forcment en faillite lorsquelle rencontre des diffi -cults, mais ds que ces diffi cults sont connues, il n'y a plus de possibilit d'em-prunt et donc, elle tombe vraiment en faillite. Elle entrane alors dans sa chute les tablissements qui lui avaient fait confi ance avant... La faillite dune seule est contagieuse toutes les autres. Tout

    systme fi nancier est fragile parce quil ne repose que sur la confi ance et quil doit rouler vite. Et parce quil en est ainsi, les prvisions qui sont faites peu-vent devenir auto-ralisatrices : cest le danger absolu. Ds quil y a eu soupon

    Comment la crise, partie du secteur du

    crdit immobilier amricain, a branl le systme fi nancier

    international. Un cataclysme qui a fi nit par touffer

    lconomie relle, et dont le monde ne sest

    toujours pas rtabli. Retour sur leffet

    papillon

    FAILLITE DES CONOMIES

    Tout systme financier est fragile parce quil ne repose que sur la confiance et quil doit rouler vite

    Ph. AFP

    Europe, Etats-Unis Les raisons dun chec

    Europe, Etats-Unis Les raisons dun chec

  • 16 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    sur la qualit des actifs, coup de frein g-nralis !Par orthodoxie politique, le Gouver-nement Bush refuse de sauver les pre-mires banques qui font faillite, dont la Lehman Brothers. Les autres compren-nent bien le message et plus personne ne prte personne, puisque personne ne viendra les sauver. La contagion des faillites menace alors tout le systme bancaire occidental. La contamination touche aussi lconomie relle : pas dar-gent pour fi nancer la consommation, pas dargent pour fi nancer la production. Jusqu ce que le gouvernement amri-cain revienne sur sa politique et annonce quil va soutenir ses banques.Mme cas de fi gure en Europe. Les Banques centrales et les Trsors publics volent au secours des banques, dabord pour protger largent des pargnants,

    ensuite pour que la ma-chine conomique relle reparte. Mais malgr les sommes colossales enga-ges, la rcession est l, avec ses consquences habituelles: chmage, faillite des mnages, dif-fi cults accrues pour les entreprises...Aux Etats-Unis, elle ne dure gure, grce au sauvetage spectaculaire de deux piliers de lco-nomie : lindustrie auto-mobile et les garanties dhypothques. Cela est rendu possible parce que le dollar occupe une place trs particulire dans le monde. Par son rle, il attire des place-ments trangers massifs, lesquels per-mettent aux Etats-Unis de vivre avec un double dfi cit, celui du budget et celui de la balance des paiements, sans avoir en payer le prix. On ne peut cependant pas dire, aujourdhui, que la croissance amricaine est de retour.

    LA CRISE DES TAUX DE CHANGE NA PAS EU LIEUPour lEurope, il en va tout autrement. Pourtant, le remde est peu prs le mme : soutenir, soutenir et soutenir. Le contexte cependant est diffrent sur deux points.Dabord, leuro a englob des pays qui navaient gure de discipline budg-taire, voire qui fraudaient ouvertement sur les chiffres publics. La Grce, plus que tout autre, a vcu sur le crdit de leuro. Quand la situation des marchs vient se tendre, ils sont les premiers tre rejets par les prteurs. L, se noue le mme phnomne de mfi ance quentre les banques, jusquau blocage complet. Toutes les activits fragiles, trop dpendantes des crdits bancaires, sar-rtent.Lautre diffrence avec le cas amricain porte sur le statut de leuro. Il nest pas (ou pas encore) la grande monnaie de

    rserve quest le dollar. Il ny avait pas en Europe un prteur de dernier recours comme lest la Fed, prteur qui est aussi le fabricant de la politique montaire. La banque centrale europenne commence tout juste jouer ce rle. Or, les Etats

    europens sont trs endetts en vertu du keynsianisme qui gouverne ce conti-nent depuis une cinquantaine dannes. Ils ont besoin de refi nancer leur dette en permanence, une dette qui grossit de deux manires. Dabord parce que les recettes publiques stagnent au moment prcis o il faut accrotre les dpenses, pour dvidentes raisons lectorales. Ensuite parce que la dette devient plus

    Leuro a englob des pays qui navaient gure de discipline budgtaire, voire qui fraudaient ouvertement sur les chiffres publics

    En quelques semaines, lactivit immobilire espagnole sest bloque. Plus de fi nancement, donc plus de clients. Leffet a t ressenti au Maroc, quand plusieurs promoteurs espagnols ayant en charge des programmes touristiques ont d jeter lponge, menacs par leur propre faillite en Espagne.

    Quand leuro fut cr en 1999 et mis en circulation dans les porte-monnaies des Europens le 1er janvier 2002, sa valeur tait infrieure celle du dollar. Le rapport sest invers progressive-ment. Aujourdhui il navigue entre 1,20 et 1,30 dollar. On considre que 2007 est la date de la supriorit "irrver-sible" (quel est le sens dune telle quali-fi cation en systme de taux de changes fl ottants ?), parce qu ce moment-l, les pays de la zone euro ont totalis un PIB suprieur celui des Etats-Unis. En plus de la zone, leuro sert de rfrent partiel ou total une dizaine dautres pays, dont le Maroc. Pour calculer tous les jours la valeur du dirham, on utilise un panier o leuro lui tout seul pse plus des deux tiers. Ce qui fait que le di-rham monte deux fois plus vite quil ne baisse par rapport au dollar, entranant sans doute une sur valuation impor-tante mais mcanique de la monnaie marocaine. Ce phnomne contribue, jour aprs jour, alimenter le dfi cit de la balance commerciale.

    EPRE

    Ph. AFP

  • 18 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    Zone euro : le PIB repartirait la hausse dbut 2013

    Par rapport au trimestre prcdentAnnuel

    20112011 20122012 20132013

    20112012

    2010

    -0,4%*

    2

    1,40,6

    -0,3 -0,2-0,2-0,1-0,1

    -0,4*-0,4*

    0,2 0,1 0I

    IIII

    0*0*0,2*0,2*

    IIII

    IVI II III

    IV

    Source : Insee *prvisions

    Mme si le second trimestre de 2013 sannonce en croissance, il faudra du temps pour rattraper les pertes.LEurozone comptait presque 19 millions de chmeurs en dcembre dernier, soit 11,7% de la population active.

    chre au fur et mesure que le risque augmente. La lancinante question que se posent les Europens est de savoir sils ont eu tort ou raison de fabriquer leuro. Naturellement, il ny a pas de rponse univoque. On peut considrer que cest cause de leuro quune partie de lpargne va fondre pour aller soutenir les Grecs. Ce quoi, les Grecs rpondent quils ont fi nanc par avance lexpansion co-nomique de leurs voisins. Le dbat est sans fi n. Une chose est sre : sans leuro, il y aurait eu, en plus de la crise de la dette, de la crise bancaire et de la crise sociale une crise des taux de change montaires.

    Nadia SALAH

    Quand Athnes a pos sa candidature pour lEurozone, les rticences taient trs fortes : aucune convergence, des ratios de fi nances publiques sans doute manipuls Quelquun cependant aurait dit quon "ne laisse pas Socrate la porte". Socrate est entr. Mais Socrate tait tout sauf sage.Pour les Grecs, laccs la zone euro fut une bndiction : leur pouvoir dachat a grimp et presque doubl, sans que leur productivit, la plus basse dEurope, ne progresse. Il sagissait dun pouvoir dachat crdit, crdit qui doit tre rembours aujourdhui. Il ne sera que partiellement rembours car le tiers de la dette a dj t effac. Qui paye pour les Grecs ? Les contribuables europens, les actionnaires des banques qui ont des titres de crances sur la Grce... De leur point de vue, cest le plus grand holdup du sicle. Du point de vue des Grecs, cest une injuste cure damaigrissement.

    OMMENT DIT-ON EURO, EN GREC ? HOLDUP!

    LE COMPORTEMENT DE LA CROISSANCE EN ZONE EURO.

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 19

    GRAND ANGLE

    ENRON, qui fut la plus grande socit du monde devait sa croissance et sa for-tune ces nouveaux marchs fi nanciers construits sur des marchs rels de gaz et dlectricit. En un mot, elle spculait sur la spculation. Thoriquement, dun point de vue mathmatique, cela devait servir effacer la spculation, rguler le march en quelque sorte, selon le principe de la "main invisible". Mais, dans la vie relle, ce nest pas ainsi que les choses se passent. A la fi n des annes 1990, ENRON fraude sur ses comptes pour cacher son endettement rel. Cest la faillite retentissante, qui tue au passage son comptable, le gant Arthur Andersen. Furieux de voir que des pargnants ont t vols, le gou-vernement et le Snat amricains, votent une loi, dite loi Sarbane-Oxley, qui change la gouvernance des entreprises, rendant les comp-tables pnalement responsables... Cerise sur le gteau, les respon-sables de la fraude avaient touch des primes de plus de 1 million de dollars chacun, alors que lentre-prise avait dj fait faillite.Le scandale de la fraude ENRON et de ses primes a cach un vice plus profond. On ne le compren-dra que des annes aprs, quand on dcouvrira le mcanisme des risques des produits drivs, des produits dits toxiques.

    LA KEFTA TOXIQUEAvec le secours des calculs sophistiqus de probabilits, les fi nanciers des Etats-Unis ont d revendre sur le march les titres de prts quils ont consentis des clients trs divers. Des clients tout fait solvables, et aussi des clients ayant bn-fi ci des subprimes. Cest une manire normale de refi nancer le systme et den accrotre les possibilits de crois-sance. Sauf que dans ce cas l, il y avait

    des produits srs, des moins srs et des trs risqus.Dans cette dernire classe, le risque venait de deux sources. Dune part, les placeurs de crdit nen assumaient pas la responsabilit. Dautre part, la qualit du risque dpendait, non pas des capacits de remboursement, mais de la hausse constante du march de limmobilier.

    Na-t-on pas vu cette accumulation de risques ? A-t-on fait trop confi ance aux calculs ? Le systme tait-il trop parcel-lis ? Lappt du gain tait-il trop fort ? Toujours est-il quaujourdhui encore, on ne sait pas trs exactement quels sont les risques qui restent couvrir.Sans entrer dans les dtails, comparons le tas de titres valoir sur le march amricain jusquen 2007, comme un

    gros plat de kefta. On y mlange de la bonne viande, de la graisse pour le fondant, du sel, du poivre... Le cuisinier ne sait pas trop ce quil malaxe mais il est sr que ce sont de bons produits, puisque les agences de notation, toutes aussi respectes les unes que les autres, les ont estampill AAA ou AA. Il y avait bien eu ce coup de tonnerre dENRON,

    mais personne navait vu le vrai problme, considrant quil ne sagissait que dune fraude, monu-mentale certes, mais une fraude, sans plus. Les agences de notation ont-elles fraud en lablisant les produits de notre cuisinier? Sur certains produits, ctait certai-nement des notes frauduleuses, pour pouvoir les revendre avanta-geusement. Pour les autres, pas de fraude, juste de la ngligence, de la hte ce qui est plus grave quune fraude, mais la loi ne sanctionne ni lincomptence ni la prcipitation. Et de nouveau, un super-pouvoir de rgulation log chez un or-gane (les agences) qui nen a ni les moyens ni la morale.En confi ance donc, notre cuisinier prpare ses boules de kefta. En confi ance, vraiment ? Pas toujours !Mme sil sait que sa viande nest pas tout fait frache, il doit faire comme si elle ltait, car il doit les vendre, ses boules. Ses acheteurs les revendent leur tour, et ainsi de suite. Dans chaque boule, il y a donc de la mauvaise viande, m-

    lange la bonne. Ce nest pas grave, di-sent les mathmaticiens, puisque la dose toxique est faible.Quand le march immobilier amricain, qui tait lorigine de la kefta, seffondre, alors toutes les boules pourrissent toute vitesse. Cest une injuste cure damaigrissement.

    N.S.

    Ph. A

    FP

    La chute d' ENRON,ce qu'on avait oubli...

  • 20 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    La crise fi nancire internationale a acclr la rcession des pays occidentaux. Et si limpact de cette dernire se fait ressentir sur le rythme global des changes, elle est loin de plonger certains pays dans le mme marasme conomique. Les BRICS (Brsil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) poursuivent leur ascension, et dautres pays, industrialiss ou en voie de dveloppement, leur embotent le pas. Zoom sur lun des contrastes les plus saisissants de la conjoncture conomique actuelle.

    Les ARMESanti-crise des

    ETATS

    Les ARMESanti-crise des

    ETATS

    Ph. AFP

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 21

    GRAND ANGLE

    i la problmatique de la crois-sance demeure lune des proc-cupations majeures des dci-

    deurs politiques, force est de constater que les recettes sont disparates. Entre attractivit des IDE, richesses naturelles et conomie de savoir, les leviers sont lgion. Dans la conjoncture conomique actuelle, les pays qui arrivent se doter dune capacit de rsilience font claire-ment offi ce dun club ferm. Ils ont des dnominateurs communs : quilibres macro-conomiques, stimulation de la consommation interne, investissement dans la formation et ouverture vers le commerce extrieur.

    LA CHINE ET LA LEON DHUMILITAlors que lempire du Milieu sest ri-g en une sorte "dusine du monde" la fi n des annes 1990, avec une main-duvre bon march et une productivit hors normes, il a progressivement hiss la qualit de ses produits et effectu une monte sur la chane des valeurs. Deng Xiaoping a t l'investigateur principal des rformes ayant fait de la Chine un acteur majeur de lconomie et de la gopoli-tique mondiale. Lhomme a ini-ti de nouvelles relations avec lOccident et impos sa vision librale "laile dure" du parti. Cest ainsi que le mouvement des dlocalisa-tions des entre-prises trangres sest amorc et a drain avec lui le lot de main-duvre qualifi et de savoir-faire. Un ouvrier non qualifi en Chine cote environ un dollar US de lheure, ce qui est

    bien en dessous des minima des pays in-dustrialiss. De plus, il faut ajouter que le pays possde la plus grande force de travail au monde avec 813,5 millions de travailleurs disponibles.

    Une fois que les dcideurs chinois ont pris conscience de la marge de dve-loppement inoue dont ils disposent, le dumping social ne semblait plus tre pour eux une solution durable. Pkin sait que la comptitivit-prix axe sur la main-duvre nest pas ternelle, sauf en abandonnant la fabrication de gadgets pour se tourner vers celle de produits plus sophistiqus (avions, trains). Il lui faut aussi rpondre aux attentes d'un march intrieur qui aspire dsormais au mme confort qu' l'Ouest. Sortir des frontires signifi e donc dsormais ache-

    ter les plus beaux fl eurons du savoir-faire occidental. En 2005, Lenovo, le fabricant chinois d'ordinateurs, a ouvert le bal en se payant la division "matriel informa-tique" d'IBM. Dbut 2011, le groupe de

    luxe Tesiro s'est offert le Chteau Laulan Ducos, un cru bourgeois du vignoble du Mdoc. En mars de la mme anne, Avic, le premier constructeur aronautique chinois, a achet Cirrus, leader am-ricain des petits avions privs. En aot 2011, la Chine a mis fl ot le Shi Lang, son premier porte-avions, un symbole par excellence des grandes puissances.Deux orientations cls expliquent donc cette croissance rapide et continue : tout d'abord la dcision de convertir la Chine l'conomie de march prise la fi n des annes 1970 par Deng Xiao-

    ping, et concr-tise par la nou-velle constitution de 1982, ensuite l'adhsion de la Chine l'Organi-sation mondiale du commerce d-but 2002, qui cou-ronne vingt an-nes de rformes conomiques et lgales soigneu-sement planifi es et quinze ans de diffi ciles ngocia-tions. C'est cette deuxime tape, ardemment at-tendue par les dirigeants chinois, qui a ouvert le march mondial la Chine, et fait

    1re destination de linvestissement et de lexportation de produits High-Tech, 3me nation commerante, la Chine dispose aujourdhui des plus importantes rserves de change au monde

    PUISSSANCE DES BRICS DANS LE MONDE

    PIB Croissance

    Commerce Rserves montaires

    Population

    Les BRICS, nouveaux contri-buteurs fi nanciers du FMI, ont impos leurs conditions avant de verser plus d'argent lors du dernier G20 Los Cabos.

    BRESIL193 millions

    NOMBRE D'HABITANTSRUSSIE 140 millions

    INDE1,2 milliard

    CHINE1,3 milliard

    AFRIQUE DU SUD49 millions

    40%

    40%30%18%

    15%

    Source : FMI, Banque mondiale

  • 22 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    d'elle le premier objectif des investis-seurs trangers. D'ores et dj, la Chine est la premire destination au monde pour les investissements, la premire pour l'exportation de produits lis aux technologies de l'information (ordina-teurs et tlphones portables, appareils photo numriques...), et dispose des plus importantes rserves de change au monde. Cest aussi la troisime nation commerante du monde.Les rsultats de ces politiques se fait ressentir clairement sur la donne des quilibres fondamentaux. Des comptes extrieurs bnfi ciant de la comptitivi-t et de la diversifi cation industrielle, un risque de surendettement externe limi-t grce un niveau lev des rserves de change, et surtout, un taux dpargne des entreprises trs lev et fi nanant la majeure partie de linvestissement.

    LE BRSIL, UN MODLE DE MATRISE BUDGTAIRE Grce dimportantes ressources min-rales et un march au potentiel attrac-tif, le Brsil est arriv se procurer une capacit de rsistance aux chocs exo-gnes grce dimportantes rserves de change et une politique offensive en ma-

    tire dinfrastructure. Et contrairement aux ides reues, les changes commer-ciaux occupent une part modeste dans lconomie du pays (22% du PIB), et sont mme trs faiblement excdentaires (1%). Par contre, leurs destinations sont trs diversifi es (17,% vers la Chine, 10% vers les USA, 15% vers les pays de la r-gion).

    Si le plus vaste pays dAmrique Latine affi che une capacit de rsilience ex-ceptionnelle aux troubles conomiques internationaux, cest parce que sa crise lui, il la connu il y a 15 ans. L'affl ux mas-sif de capitaux dans les annes 1970, en provenance des tats-Unis, de l'Europe et du Japon a t utilis pour subvention-ner des entreprises d'tat et construire plus d'infrastructures dans les rgions

    les plus pauvres, pour encourager leur dcollage conomique. Le rsultat im-mdiat a t sensible : le PIB a connu une croissance de plus de 8 % par an sur la dcennie, malgr le double choc ptrolier. Cependant, les annes 1980 ont vu un retournement de situation et le Brsil fut forc de restreindre ses dpenses publiques. Cette situation de

    crise a aliment une acclration de l'in-fl ation et une augmentation notable du poids de la dette, avant que des mesures de rigueur conomique ne soient prises pour stabiliser la monnaie. Un prt du FMI et des rductions budgtaires plus tard, le Brsil sest remis sur la marche de la croissance, avec une croissance moyenne annuelle de 9% dans le annes 2000 ! En misant sur la multiplicit des moteurs de croissance (consommation interne, hydrocarbures, mines, nergies renou-velables), le pays de Paulo Freyre est arriv maintenir des fondamentaux so-lides grce de considrables rserves de change et un endettement extrieur stable et largement matrisable. Sous la pression de la Banque mondiale, le Brsil rduit progressivement celle-ci, qui est passe de 57 % en 2003 51 % en 2005. L'infl ation est matrise depuis 1994. L'assainissement de la situation budg-taire a conduit le Brsil annoncer en mars 2005 qu'il n'aurait pas recours un nouveau prt du FMI.

    LA CORE DU SUD ET LE PARI DE LCONOMIE DU SAVOIR Qui aurait cru quun oprateur coren (Samsung) serait en train de titiller les gants amricains et japonais sur le

    La Pologne connat une croissance vigoureuse grce une consommation des mnages extrmement performante. Cette vigueur, qualifi e par la commission europenne elle-mme de "performance impressionnante" s'explique d'abord par une demande intrieure trs robuste. Cette composante a apport 3,3 points de PIB la croissance 2011, soit 77 % de la croissance. C'est en grande partie la cl du succs du pays pour absorber les chocs extrieurs. La consom-mation des mnages est un pilier de la croissance polonaise. En 2010 et 2011, elle a progress de 3,2 % et 3,1 % respectivement. En 2009, elle a, malgr la crise mondiale, affi ch une hausse de 2 %. La Pologne est certes un pays exportateur, mais la diffrence de nombre de pays de l'ancien bloc de l'est, elle ne s'est jamais perue comme un simple "atelier" de l'Europe occidentale. Grce sa forte population de 38,5 millions d'habitants, elle a su dvelopper son march intrieur et en recueille aujourd'hui les fruits. Un dveloppement d'autant plus remarquable que, la diffrence de pays comme la Roumanie et la Hongrie, l'endettement priv et public est demeur sous contrle, respectivement 74 % et 55 % du PIB.

    A CROISSANCE EN EUROPE EST ENCORE POSSIBLE. DEMANDEZ AUX POLONAIS

    En misant sur la multiplicit des moteurs de croissance (consommation interne, hydrocarbures, mines, nergies renouvelables), le Brsil est arriv maintenir des fondamentaux solides

  • 24 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    GRAND ANGLE

    march des nouvelles technologies ? La Core du Sud, qui affi chait les mmes donnes macro-conomiques que les pays du Maghreb il y a 30 ans, sest mue aujourdhui en la plus grande puissance exportatrice en matire de NTIC. Le modle de dveloppement sud-co-ren s'est bas sur des liens troits entre le gouvernement et les milieux d'affaires, y compris le crdit dirig, les restric-tions aux importations, le fi nancement de certaines industries, et une ouver-ture vers le commerce extrieur avec plus de 45 accords de libre-change en

    vigueur. Le gouvernement a favoris l'im-portation des matires premires et de la technologie aux dpens des biens de consommation et a encourag l'pargne et l'investissement au dtriment de la consommation.Par ailleurs, la normalisation des rela-

    tions nippo-sud-corennes en 1965 a contribu l'essor conomique de la Core du Sud et, cette infl uence ja-ponaise est venue sajouter par la suite laide fi nancire et technologique mas-sive reu des tats-Unis, notamment via de nombreux transferts de techno-logie, en raison d'un engagement ido-logique anti-communiste sans rserve. L'aide japonaise associe l'aide amri-caine a permis de lancer un plan Mars-hall industriel, des fi rmes d'Etat se sont constitues dans tous les secteurs stra-tgiques : acirie (POSCO), lectricit

    (KEPCO), tlcommunications (Korea Telecom), rseaux ferrs et routier (Ko-rea Railroad et Korea Expressway). Outre ces investissements tatiques, la Core du Sud a fortement mis sur lducation et dispose aujourdhui de lun des systmes denseignement les

    plus performants du monde. Combin au transfert de technologie, la qualit de formation des ingnieurs a permis de faire de ce bastion anticommuniste lun des pays les plus exportateurs en ma-tire de nouvelles technologies.

    Abdessamad NAIMI

    La Core du Sud, qui affichait les mmes donnes macro-conomiques que les pays du Maghreb il y a 30 ans, sest mue aujourdhui en la plus grande puissance exportatrice en matire de NTIC

    Plomb par une crise conomique sans prcdent dans son histoire en 1998, avec une chute de 13% du PIB, lIndonsie a pu se reprendre et affi cher aujourdhui une sant co-nomique enviable (croissance de 6,4% en 2012). Les principales rai-sons dun tel redressement restent sa situation fi nancire solide et une dette publique faible (25% du PIB). Par ailleurs, le renforcement du sec-teur bancaire et la diversit des res-sources naturelles (agricoles, ner-gtiques et minires) ont permis larchipel dlever sa comptitivit et de dynamiser les secteurs tertiaires.

    INDONSIE, LARCHIPEL QUI A SU SE RELEVER

    TAUX DE CROISSANCE (EN %) DES BRICS

  • VNEMENT

    FORUM DFORUM DVivre le C

    O sont les OPPORT

  • DE PARISDE PARISCHAOS...UNITS de la crise ?

  • 28 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    VNEMENT

    Albert MALLET Prsident Fondateur du Forum de Paris

    Adil DOUIRIFondateur de la banque daffaires CFG

    Pr. Philippe CHALMINFondateur et Directeur de Cyclope

    Alain GAUVIN Avocat, spcialiste de la rgulation fi nancire

    Anass HOUIR-ALAMIDirecteur Gnral de la CDG

    Fathallah SIJILMASSISecrtaire Gnral de lUPM

    Daniel HURSTEL, Avocat d'affaires cabinet

    Willkie Farr&Gallagher LLP-Paris

    Christian STOFFAESPrsident du Cercle des ingnieurs-conomistes

    es trois co-organisateurs du Forum de Paris-Casablanca Round (Le Forum de Paris en tant que tel,

    lagence Saga et LEconomiste) staient demand si le mot "chaos" inscrit dans le titre de la 4e dition nallait pas effrayer les participants. Pas du tout bien au contraire. Ce mot trs fort refl te le sentiment de chacun devant les actuels phnomnes conomiques, sociaux et politiques. Quelque 760 personnes et personnalits, parfois debout devant les crans du hall de la confrence, sont venues chercher les explications des experts. Avec lespoir de trouver des recettes soit pour traver-ser sans trop de mal les diffi cults, soit pour trouver des solutions afi n de tirer profi t de cette situation indite.Le nord de la Mditerrane aborde sa deuxime anne de crise des fi nances publiques. Crise qui dbouche sur les re-mises en cause politiques. Le sud de la Mditerrane suit le chemin inverse : de

    fortes crises politiques, avec parfois des pisodes de guerre civile, commencent peser lourd dans les bilans conomiques et fi nanciers des pays du Maghreb et du Machreck. Un poids quon a parfois du mal imaginer au Maroc, puisquil est le seul pays de la rgion qui a su profi ter des rvolutions arabes, sans casser ni ses institutions, ni ses ressorts de croissance.Le Royaume aura fi nalement t celui des pays arabes qui a le mieux tir parti des "Printemps".Ctait le point commun des rfl exions autour du Forum, cette anne. Un point commun qui nest pas all sans interro-gations, comme celles de Dominique Strauss-Kahn : cest un modle qui d-passe le cadre national, mais il faut tra-vailler dur pour garder ce modle, surtout pour lutter contre les dfi cits, qui a servi traverser les rvolutions. En revanche, dautres modles sessouffl ent. Le plus people des banquiers daffaires

    LE CHAOS AU FORUM

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 29

    VNEMENT

    Jaloul AYEDAncien premier Ministre des Finances tunisien

    Claire SPENCER de Chatham House, spcialiste MENA

    Mohamed EL KETTANIPDG du groupe Attijariwafa Bank

    Abdelhak EL KHAIR EL IDRISSIDirecteur Ingnierie Renault Samsung Motors Core du Sud

    Dominique STRAUSS-KAHN Ancien Directeur Gnral du FMI

    Rosa CANADASPrsidente Fundation Tanja

    Jorge ARGUINDEGUIConseiller du gouvernement

    argentin sur les privatisations

    franais, Matthieu Pigasse (qui avait man-qu son avion !) ne cache pas son trouble devant le manque de ressort en Europe. Abdelhak El Khair Idrissi, le cadre ma-rocain de Renault qui avait fait le voyage depuis la Core du Sud, est en total contraste par rapport ce ct-ci de la plante. Des crises, on en a eu, dit-il, des crises dont on nimagine pas la violence, mais en Asie, mais quand la crise arrive, cest la mobilisation gnrale. Il raconte une qute o les citoyens ont donn leurs bijoux pour soutenir les fi nances pu-bliques. El Khair Idrissi dit des vrits que nul nignore mais quici, personne nap-plique: "Travailler, travailler, travailler vite, vite, vite". Et lcole des enfants en Core, cest quelque chose! "Le jour des examens, la police se met la disposition des lves pour quils ne soient pas en re-tard", raconte notre migr de haut vol.La Terre tourne dun tiers et nous voil transports en Amrique latine, avec le

    "diplomate social de lanne", Jorge Ar-guindegui. L-bas, il a fait la couverture de lquivalent du magazine Hola parce quil a trouv un moyen indit de refi nancer des coles et dlever le niveau des lves. L-bas, en Amrique latine, cest le rgne des crises cycliques. Ils ont un cycle davance sur le Maroc, mais cest peu prs le mme systme: lEtat croit se dmocrati-ser en achetant les voix des lecteurs grands coups de subventions. Patatras, en trois ans, tout seffondre, il faut tout re-commencer Ne serions-nous pas entrs dans un sys-tme similaire, de notre ct de lAtlan-tique? Il faut esprer que les participants auront bien entendu le message de Jorge Arguindegui, sinon le chaos ne ferait que commencer. A bon entendeur salut !

    Nadia SALAH

    Nizar BARAKA Ministre de lEconomie et des Finances

    M : bon entendeur, salut !

  • 30 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    VNEMENT

    () La grande opportunit de la crise r-side dans la conjugaison des intrts de toutes les forces actives, lchelle aussi bien de la nation que de la rgion. Il sagit donc de tout mettre en uvre pour rali-ser ce potentiel. Dans cette crise qui dure depuis 2008, les solutions mises en place restent classiques. Or, ce quil faut cest un changement de modle, une rupture oser. Il faut humaniser la mondialisation et corri-ger la d-corrlation entre la sphre relle et la sphre fi nancire qui a provoqu une

    forte volatilit des matires premires... Au niveau national, il nous faut un pacte natio-nal de progrs. Celui-ci devrait runir len-semble des acteurs conomiques, politiques

    et civils dans un effort commun pour faire aboutir les rformes structurelles engages par le Maroc. En revanche, au niveau rgional, lintgration co-nomique du Maghreb devient une n-cessit. Cela permettra de constituer

    un bloc commercial important, bnfi ciant de synergies et dune taille critique pour op-timiser ses changes avec les autres zones gographiques dans le monde.() Nous avons constat un attentisme de la part des oprateurs conomiques particulirement nationaux. Le rythme de linvestissement priv ne sest pas acclr. Mais en parallle, nous avons un retour des investissements trangers et la confi ance de la communaut fi nancire internationale

    ainsi que celle des organismes internatio-naux Nous nous attendons une crois-sance soutenue en 2013. Lanne agricole se prsente bien et le gouvernement va ac-

    clrer le rythme des rformes structurelles. Nous avons lanc plusieurs chantiers qui vont nous permettre de nous inscrire dans un sentier de croissance soutenue et solide. Cest le cas de laccompagnement des PME, la baisse de limpt sur les socits, le d-cret sur les marchs publics, la rforme de la fi scalit.() Le gouvernement continue travailler sur une fl exibilisation du rgime de change. Par contre, nous nallons pas dvaluer la monnaie. Cela serait trs coteux compte tenu de la situation actuelle de la balance des paiements. Tout changement de parit du dirham serait insoutenable sur le plan budgtaire puisquil se traduirait par un creusement du dfi cit. Dans cette logique de fl exibilisation des rgimes de change, nous allons accompagner les opportunits dinvestissement lextrieur. Le gouverne-ment est l pour aider les entreprises qui veulent sinstaller linternational pour ser-vir de relais de croissance et aussi pour faci-liter les possibilits dexportation.() le Maroc a une opportunit historique qui soffre lui condition que chacun y mette du sien. Nous avons un cap diffi cile passer, soit 2013, 2014 et 2015. En atten-dant la reprise et le temps que les stratgies sectorielles produisent pleinement leur effet, lEtat doit se serrer la ceinture.

    "Lintgration conomique du Maghreb devient une ncessit afi n de constituer un bloc commer-cial important pour optimiser ses changes avec les autres zones gographiques dans le monde"

    Nous avons un retour des investissements trangers et la confiance de la communaut financire inter-nationale ainsi que celle des organismes interna-tionaux Nous nous attendons une croissance soutenue en 2013

    Nizar BARAKA Ministre de lEconomie et des Finances

    Ph. Jarfi

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 31

    VNEMENT

    () LEffet Papillon est le point commun entre le Printemps arabe et la crise fi nan-cire internationale : Lhumiliation de Mo-hamed Bouazizi le 17 dcembre 2010 au village de Sidi Bouzid est manifestement un battement dailes de papillon, qui dclencha une tornade dans tout le monde arabe. Le dveloppement des rseaux sociaux et des moyens de communications a aid propa-ger la minuscule onde de choc, provoquant et amplifi ant une surchauffe des sentiments et des ractions dans un contexte de ma-

    laise social et dabsence de droits civiques. Un autre exemple frappant de battement dailes de papillon est incontestablement le dfaut de paiement de plusieurs mnages californiens sur leurs crdits hypothcaires appels subprimes qui cra une tornade conomique plantaire.() La crise fi nancire a eu beaucoup moins deffets sur les secteurs bancaires des pays dits mergents que dans les pays dve-lopps. Pour ceux-ci, la complte drgula-tion a entran un endettement excessif des mnages bien au-dessus de leurs moyens. Cet endettement a t facilit et encourag

    par une trs grande dis-ponibilit de capitaux et de liquidit sans prise en compte du risque sous-jacent. En fait, ce risque tait pris, par-fois consciemment par des intermdiaires sans scrupules, ou le plus souvent "inconsciem-ment" cause de la complexit des pro-duits fi nanciers et une confi ance mal place dans les modles de gestion de risque et les

    modles de notation. Dans la majorit des pays en voie de dveloppement, les garde-fous de la rgulation ont mieux fonctionn : la simplicit des rgles prudentielles et lin-transigeance des autorits sur le contrle et le respect de ces rgles ont permis dviter ces pays des consquences quils nau-raient jamais eu les moyens de grer. () La simplifi cation ou "dcomplexifi ca-tion" des systmes bancaires ne veut pas dire frein linnovation fi nancire, loin de l. Il sagit surtout davoir des rgles com-prhensibles et vrifi ables, qui soient stables et rigoureuses. Une drive prudentielle vers

    lassimilation de plus en plus de complexit peut amener une situation trs instable. Il est du ressort de linnovation fi nancire de sadapter aux rgles prudentielles et non le contraire. Aujourdhui, la tendance nest pas la simplifi cation des rgles pruden-tielles. La dernire version du rapport de Ble III comporte plus de 500 pages et 78 quations de calcul. Nous sommes trs loin des quelques ratios arithmtiques de la premire confrence baloise. La gestion du risque est lessence mme de la banque. Les banques qui survivent aux chocs et aux alas sont les banques qui adoptent des rgles simples, claires et solides. Tels les im-meubles antisismiques, elles survivent aux alas des tremblements de terre. Les autres banques, celles qui sacrifi ent la solidit au profi t de la complexit restent la merci du moindre battement dailes de papillon.

    "La sagesse des autorits montaires et fi nancires nous a pargn la tempte de la crise fi nancire"

    Le lien entre le Printemps Arabe, les subprimes et la crise financire ? Leffet papillon

    MohamedEL KETTANIPDG du groupe Attijariwafa bank

    Ph. Jarfi

  • 32 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    VNEMENT

    Lorsquil ny pas de crise, lorsquil y a le calme plat, aucune opportunit ne se des-sine. En revanche, lorsque lon est dans une situation de crise, diffi cile, trouble et dan-gereuse, on cherche une issue, on cre des opportunits pour sen sortir. Les questions quil faut se poser sont : Y a-t-il vraiment une crise et comment alors en saisir les op-portunits ? () En Afrique du Nord, outre lUnion maghrbine, de laquelle jai toujours t un grand partisan... il reste une autre

    voie possible, celle de mettre en avant le projet port bout de bras par le Maroc, qui pourrait se tourner vers le Sud, c'est--dire lAfrique. Le Royaume peut jouer dans ce sens un rle considrable avec effi cacit. Il reste que pour jouer ce rle, le Maroc doit tre exemplaire En dautres termes, si lon veut que certains pays africains ac-ceptent une collaboration positive avec le Maroc, il faut que celui-ci fasse envie. Pour faire envie, il faut faire voluer beaucoup de choses dans lconomie marocaine, traiter

    des questions issues du pass, parce quelles posent problme, et dautres questions qui ont un impact conjoncturel. Le Maroc sest engag dans une ouverture prcoce en signant de nombreux accords de libre-change, ce qui aurait t une excellente chose si la comptitivit avait t assure. Comme leffort de comptitivit na pas t fait de manire systmatique, cela entrane des tensions en matire de balance, et ce, au moment o le niveau de vie slve

    Mme si des efforts importants sont rali-ss pour amliorer le climat des affaires, les infrastructures fi nancires... on peut diffi ci-lement vouloir faire du Maroc un ple at-tractif pour les pays subsahariens, sans que le pays fasse suffi samment le mnage en matire budgtaire. La crise cre cette op-portunit et cre pour le Maroc la possibi-lit de jouer un nouveau rle. Le Maroc, qui a son statut dassociation avec lUE, peut jouer de lautre ct un rle important en devenant un hub entre le Nord et le Sud,

    condition de raliser les rformes quil faut... Il y a des opportunits positives, mais aussi des consquences ngatives pour qui ne sait pas les saisir Le modle maro-cain est bien plus important que le Maroc lui-mme Ce modle qui montre que des partis ayant des fondements religieux peu-vent accder au pouvoir dmocratiquement et, un jour ou lautre, le quitter de manire tout aussi dmocratique, est un modle dont lensemble du monde a absolument

    besoin Ce modle repose sur la person-nalit du Roi et sur les institutions particu-lires qui montrent un systme diffrentDans le contexte des turbulences fortes du monde musulman, lexemple marocain est dcisif. Mais, pour quil soit vraiment dcisif et illustratif, il faut quil russisse conomi-quement en faisant ce quil faut faire sur le plan des fi nances publiques. Il aura alors saisi les opportunits.

    La crise cre pour le Maroc la possibilit de jouer un nouveau rle

    Ph. Jarfi

    "Il ny a des opportunits que dans la crise"

    DominiqueSTRAUSS-KAHNAncien Directeur Gnral du FMI

  • 34 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    VNEMENT

    () Nous sommes au cur de la troisime crise majeure quait connue le monde contemporain. Au-del de la crise cono-mique, il sagit dune crise morale et de sens. Chaque fois quun conomiste dit que tout va bien, cest le moment de commencer sinquiter. Ce qui est commun ces crises, cest quelles ont t dabord fi nancires, conomiques ensuite, mais aussi, et cest a le plus important, morales, avec une vri-table remise en cause du modle dominant.

    () Dans toutes ces crises, il y a aussi une constante. Cest la critique des marchs, ceux par qui arrive le chaos. Donc, trs lo-giquement, tout le monde critique les sp-culateurs. Les marchs deviennent le bouc missaire idal, non seulement de crises quils nont pas dclenches, mais dont ils se sont contents daccompagner le d-roulement. Jamais le monde na t aussi instable et aussi spculatif, au sens tymo-

    logique du terme. Jamais aussi les marchs nont jou un rle aussi central et nont t aussi insaisissables dans la mesure o ils ne sont plus un lieu physique, mais des rseaux informatiques fonctionnant en permanence sur lensemble de la plante. Le march est le miroir des crises, cest le lieu o peuvent se croisent loffre et la demande, mais aussi les semences des crises. Sachons les cou-ter. Plutt que de vouloir les supprimer, il faut les rguler. Au fond, malgr leurs coups de folie, ils savent nous ramener la raison.

    () Lorsquon analyse les trois grandes crises du monde contemporain, celles de 1929, 1974 et 2008, leurs causes et les manires dont on en est sorti. Par exemple, pour la grande dpression de 1929, les remdes qui ont t choisis, notamment les politiques dfl ationnistes et la rigueur budgtaire, ont aggrav la crise de 1930 1934. Si celle de 1974 a t un peu plus douce, cest parce quelle a t traite par

    des politiques de relance keynsiennes et, surtout, par un remde extraordinaire qui sappelle linfl ation! Pour moi, la seule vraie issue la crise de 2008 est celle de linfl a-tion. () Le pic de la crise conomique est derrire nous. Lconomie amricaine est en train de redcoller car la situation du dollar permet aux Etats-Unis de ne pas tre trop regardants sur leur endettement. Le Japon, quant lui, sera encore sur une croissance nulle en 2013. Concernant lUnion euro-penne, nous assistons la fois une crise institutionnelle et une crise conomique. En bricolant, nous devrions tre autour dune croissance zro cette anne. Mais lon peut imaginer que le pire est pass. La crise de la Grce est peu prs derrire nous. LItalie, pour sa part, devrait tre sur la bonne voie cette anne, mme si elle reste sur des rsultats ngatifs.

    "Savoir mieux couter les marchs"

    Le pic de la crise conomique est derrire nous

    Ph. Jarfi

    Pr. Philippe CHALMINFondateur et Directeur de Cyclope, spcialiste des matires premires

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 35

    VNEMENT

    Alain GAUVIN "Le droit, cens mettre de lordre, peut lui-mme tre source de chaos"

    En imposant aux banques une mobilisation sans prcdent des fonds propres pour faire face des risques qui nexistent pas, le droit est en partie source du chaos actuel. Plu-sieurs banques ont en effet vendu une par-tie de leurs activits des entreprises qui chappent toute rgulation. Et la situation na pas volu depuis le dclenchement de la crise fi nancire en 2008. Lorsque ni le droit ni la politique ne peuvent rsoudre les problmes, cest la guerre qui peut prendre le relais.

    Jorge ARGUINDEGUI

    Recommande la non-cration de mca-nismes de prts automatiques au nom de la dmocratie

    Abdelhak EL KHAIR EL IDRISSI "Lexemplarit du Sud-Est Asiatique : Qualit de la gouvernance, solida-rit et commerce extrieur"

    La Core du Sud et Singapour sont pas-ss dune croissance respective de 6 et 8% contre 0% en 2008, au plus fort de la crise fi nancire internationale, puis de 6% et 15% en 2010. Au lieu dadopter des mesures de protectionnisme, ces pays ont accentu leur ouverture sur lconomie internationale (Plus de 45 accords de libre-change pour la Core du Sud). La qualit de la gouvernance leur a permis danticiper les volutions en misant sur la formation et le dveloppement des fi lires forte valeur ajoute. Lesprit de solidarit qui constitue lun des traits de la personnalit asiatique trs infl uence par le confucianisme a mo-bilis les citoyens sud-corens en 1997, qui ont choisi de cder 200 tonnes de leur or lEtat afi n de rembourser son prt au FMI, plutt que de manifester.

    Claire SPENCER "Laccompagnement des processus de transition est crucial"

    Le recul de lautorit de lEtat en Egypte et en Tunisie pousse les investisseurs tran-gers plus de mfi ance. Les IDE et les re-cettes touristiques sont en constante baisse depuis le dbut des bouleversements poli-tiques. Le choc conomique sur le budget et la balance des paiements a entran un ralentissement de la croissance, une accl-ration de linfl ation ainsi quune remonte du chmage. Laccompagnement par les bailleurs de fonds, des processus de transi-tion des pays qui ont connu des rvolutions, est crucial. Paralllement lappui fi nancier de court terme, il faudrait leur proposer de partager le fruit des expriences interna-tionales sur les mesures sociales durgence ainsi que des dispositifs de solidarit plus prennes.

    Fathallah SIJILMASSI"Oser la rupture par lintgration rgionale"

    Aujourdhui, il ne sagit plus dun choix, mais dun impratif. La complexit rgionale des dfi s actuels est de plus en plus confi rme, or nous constatons actuellement que plus les dfi s sont rgionaux, plus les rponses se situent une chelle nationale.

    Ils ont aussi dit

    Anas HOUIR ALAMI "Il faut agir sans perdre beaucoup de temps analyser le chaos"

    Certains rajustements simposent au ni-veau du mode de gouvernance. La notion du risque a volu vers une situation din-certitude qui se traduit par une incapacit imaginer les scnarios probables. Il est n-cessaire damorcer un changement psycho-logique qui consiste agir et ne pas rester bloqu devant ce genre de situation.

    Jaloul AYED "Repenser le rle de lEtat pour sor-tir de la crise"

    La solution la crise rside dans la pro-motion des investissements. Or, aujourdhui, les investissements dans nos pays sont ma-joritairement publics alors que ce sont les investissements privs qui assurent la p-rennit conomique. LEtat-providence doit se muer en Etat-partenaire qui crerait des conditions pour les investisseurs afi n daider le priv par le biais de fonds dinvestisse-ment jouant le rle deffet de levier.

  • 36 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    VNEMENT

    De gauche droite, Larbi Bencheikh, DG de lOFPPT, Hassan Boulaknadel, DG du CDVM, Driss Bencheikh, PDG de Centrale Laitire,

    et Anass Houir Alami, DG de la CDG

    Claire Spencer, directrice des tudes Mena au Chatham House

    Zouhair Fassi Fihri, directeur communication

    de BMCE bank

    Hassan BERRANNOUNDirecteur charg de Mission aprs du PDG. Groupe OCP

    (Partenaire Premium Forum)

    Mourad Cherif, prsident du Conseil de surveillance

    de la BMCI

    Frdric Debord, DG de Inwi

    Mohamed Chabi, PDG de Ciments du Maroc, et Albert Mallet,

    fondateur du Forum de Paris

    Fathallah Sijilmassi, secrtaire gnral de lUPM (g) et Jamal Chaqroun, prsident-directeur gnral - fondateur de General

    Development Holding S.A.

    Mohamed Rabie Khlie, DG de lONCF

    Le Forum

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 37

    VNEMENT

    Ahmed Baroudi, DG de la SIE El Hadi Chaibainou, DG du GPBM

    Dominique Strauss-Kahn et Hassan Bouhemou, prsident de la SNI

    Chakir Fassi Fihri, PDG du Groupe Saga Communication, et son fi ls Youssef Fassi Fihri (g), DG du mme groupe

    Fathia Bennis, PDG Maroclear, et Nezha Lahrachi, prsidente de lObservatoire du

    commerce extrieure

    Adil Douiri, prsident de lAlliance des conomistes istiqlaliens, co-fondateur de CFG Groupe et patron de

    Mutandis, Philippe Chalmin, professeur, fondateur et directeur de Cyclope, spcialiste des marchs des matires premires et

    Jaloul Ayed, ancien ministre tunisien des Finances et auteur du livre "Les routes des jasmins"

    Abdellatif Mazouz, ministre dlgu auprs du chef du

    gouvernement charg des MRE

    Dr Alexander Moll, charg daffaires, Albert Mallet, fondateur du Forum de Paris, Driss Benhima, PDG de la RAM, Jamal Mikou, membre du directoire en charge du Business dveloppement et Relations publiques chez TMSA, et

    Ahmed Ammor, prsident du Directoire de TMSA

    en images

  • 38 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    DCRYPTAGE

    u dbut de cette anne 2013, Bernard Arnault, le puissant patron du groupe LVMH

    (Louis Vuitton Mot Hennessy), pouvait affi cher un sourire radieux. Loin de ses soucis avec les impts franais et ses projets d'vasion fi scale, la plus grosse fortune de France et 4me mondiale continue d'engranger les bnfi ces d'une industrie du luxe en pleine expansion. Jugez plutt ! Pour l'anne 2012, le groupe LVMH annonce un nouveau re-cord de ses ventes en progression de 19%. Le chiffre d'affaires dpasse les 28

    Ph. AFP

    Vritable insolence en ces temps de crise conomique, le secteur du luxe affi che cette anne encore des rsultats faire plir denvie les tnors de lindustrie. Mme si l'on constate un lger fl chissement, le luxe continue d'enregistrer des recettes record et une croissance en progression de plus de 10%.

    COMMENT LE LUXE

    DFIE LA CRISECOMMENT LE LUXE

    DFIE LA CRISE

    LVMH, un empire qui truste une soixantaine de marques de luxe et emploie plus de 100 000 personnes.

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 39

    DCRYPTAGE

    milliards d'euros et le bnfi ce net s'lve 3,4 milliards d'euros, en pro-gression de 12% sur un an. Pour la troi-sime anne conscutive, LVMH s'af-fi rme encore comme le numro 1 mondial du luxe grce la vitalit de ses marques Louis Vuitton, les champagnes Mot & Chandon, Ruinart, Veuve Clic-quot, Hennessy, les parfums Guerlain, Christian Dior, Givenchy, Kenzo, Cline, Berluti, les marques horlogres TAG Heuer et Hublot ou encore le whisky cossais Glenmorangie. L'euphorie du luxe ne devrait pas s'ar-rter de sitt. Selon une rcente tude publie sur ce secteur par le cabinet Bain & Cie, le march des produits de luxe devrait continuer de progresser de 4 6% par an entre 2013 et 2015. Mme si cette croissance est moins soutenue que par le pass, les ventes mondiales devraient atteindre l'horizon 2015 les 250 milliards d'euros ! Pas d'inquitudes

    donc pour l'industrie du luxe ? Pas si sr ! Dj en 2012, les professionnels du sec-teur ont ressenti un certain ralentisse-ment de leurs activits d notamment la dclration de la croissance chinoise. Le groupe Richemont, qui dtient no-tamment la marque Cartier, a t le pre-mier constater, en mai dernier, cette lgre baisse. Le groupe franais LVMH a connu aussi une baisse de son activit au troisime trimestre 2012 notamment sur ses ples mode et maroquinerie qui reprsentent aujourd'hui 75% de ses ventes. Toutefois, cette baisse de la croissance a t compense par un qua-trime trimestre 2012 trs satisfaisant. Mais ces groupes du luxe restent malgr tout tributaires de l'volution du com-merce l'international. Aujourd'hui, le groupe LVMH, qui ra-lise plus de 60% de ses ventes en de-hors de l'Europe, s'inquite pour l'ave-

    nir et surtout d'un euro fort. Lors de la prsentation des rsultats fi nanciers du groupe franais, Bernard Arnault a laiss entendre que l'anne 2013 pourrait ne pas tre aussi bonne que prvu. "Il y a un risque de bataille montaire, de d-

    valuation comptitive, qui risque d'en-traner un scnario 2013 dans lequel un certain nombre de monnaies baissent", alors qu'une remonte de l'euro est "hlas mon avis prvisible" et "risque d'avoir un impact sur les affaires des ex-

    portateurs franais", a-t-il ainsi affi rm. Bernard Arnault joue-t-il les Cassandre ? En se posant en oiseau de mauvais au-gure, le patron franais semble vouloir attirer l'attention des autres profession-nels du secteur sur un ventuel impact de la crise conomique et fi nancire sur le luxe made in Europe. Pourtant, les marges de manuvre sont, semble-t-il, encore trs larges. On en veut pour preuve les rsultats affi chs au premier semestre 2012 par l'italien Prada qui a enregistr entre janvier et juin une pro-gression de 36,5% de son chiffre d'af-faires 1,5 milliard d'euros ! Ses ventes ont non seulement augment de plus de 45% dans la rgion Asie-Pacifi que, mais plus surprenant encore, elles ont pro-gress de 37,3% en Europe et de 31% sur le continent amricain, deux rgions

    Pour la troisime anne conscutive, LVMH s'affirme encore comme le n1 mondial du luxe

    Les exportations horlogres suisses ont inscrit un nouveau record en 2012, totalisant 21,4 milliards de francs suisses (17 milliards d'euros), soit une hausse de 10,9% sur un an. L'industrie horlogre suisse a connu un essor sans prcdent au cours des trois dernires annes, en particulier en Chine, un march o les achats de produits de luxe sont domins par la clientle masculine. Au mois de dcembre, les exportations de montres suisses ont cependant recul de 5,6% 1,8 milliard de francs suisses, accusant un repli de 15% Hong Kong, le premier march pour les fabricants de montres suisses, et de 32,3% en Chine.

    A CROISSANCE LHEURE SUISSE

    Avec un chiffre d'affaires de plus de 28 milliards d'euros en 2012 et un bnfi ce en progression de 12%, Bernard Arnault peut garder le sourire

    Ph. AFP

  • 40 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    DCRYPTAGE

    durement touches par la crise cono-mique. Selon Franois Arpels (ndlr : le bien nomm), spcialiste du luxe de la banque d'affaires Bryan, ces performances de Prada s'expliquent par le fait qu'en Eu-rope "cette croissance provient sur-tout de l'affl ux de touristes chinois, indiens, russes ou moyen-orientaux, qui cherchent des produits plus so-phistiqus que ceux qu'ils trouvent dans les boutiques des marques ins-talles chez eux. C'est diffrent aux Etats-Unis o de nombreux terri-toires restent paradoxalement d-fricher pour les entreprises du luxe, comme le Midwest, par exemple". Mais qu'en est-il pour les autres oprateurs de l'industrie du luxe. Faut-il s'alarmer du ralentissement de la croissance chinoise ? Apparemment, non !

    TEL LE ROSEAU, LE LUXE PLIE MAIS NE ROMPT PAS...Certes, on pouvait craindre en dbut d'anne 2012 que la baisse de la crois-sance chinoise allait impacter ngative-ment les ventes dans le secteur du luxe. Mme si la Chine a enregistr son plus

    bas taux de croissance depuis trois ans 7,6%, le continent asiatique reste l'une des valeurs sres du dveloppement de l'industrie du luxe. Pour Marc-Andr Kamel du cabinet Bain & Cie, "le po-

    tentiel asiatique reste norme, soutenu par l'mergence de nouvelles classes moyennes la recherche de reconnais-sance sociale. A une condition : savoir s'adapter aux volutions des consom-mateurs". De son ct, le directeur fi nancier du groupe LVMH, Jean-Jacques Guiony, le confi rmait galement la mi-2012 en lanant sans sourciller : "On n'observe pas de changement en Chine" Et les chiffres parlent d'eux-mmes. Dj sur les six premiers mois de l'anne 2012,

    LVMH avait vu ses ventes progresser de plus de 26% pour atteindre prs de 13 milliards d'euros. De mme, chez PPR, l'autre oprateur franais du luxe qui dtient notamment Gucci, les ventes de sa fi liale en Chine continentale ont pro-gress de 16% au deuxime trimestre 2012. Les ventes de Bottega Veneta et de Yves Saint Laurent ont mme ralis des prouesses en progressant de plus de 30%. La famille Pinault a ainsi vu, sur six mois seulement, ses ventes progresser de 30,7% pour atteindre quelque 2,9 milliards d'euros. De son ct, le groupe suisse Richemont, propritaire des marques Cartier, Montblanc, Van Cleef & Arpels ou encore Jaeger-LeCoultre, dirig par le Sud-africain Johann Ru-pert, estimait dj l't dernier que ses rsultats seraient meilleurs que l'anne prcdente. Pourtant, en 2011, le groupe suisse avait enregistr une progression de 43% de ses bnfi ces. En 2012, sur les 6 premiers mois de l'exercice, ils de-vraient progresser de 20 et 40%. Mais, malgr ces rsultats vertigineux, le ralentissement de la croissance de la Chine, premier client du luxe dans le monde, reprsentant 60% des exporta-tions de l'industrie du luxe europenne, pourrait-il, terme, fragiliser le secteur ? Possible, disent certains analystes. C'est ce qu'explique notamment Virginie Jaco-berger-Lavou en dclarant que "la rv-lation de la corruption jusqu'au sommet du pouvoir chinois a, par ricochet, terni l'image du luxe". De mme, la multi-plication des enseignes du luxe et une sur-communication autour des produits de luxe ont fi ni par lasser cette clien-tle chinoise. Alors aujourd'hui, pour compenser leurs pertes ventuelles sur le march asiatique et chinois, les professionnels du secteur s'attaquent d'autres marchs notamment le Brsil, l'Inde et la Russie, sans oublier le terri-toire amricain. Mais la bataille est loin d'tre gagne car ces marchs mer-gents disposent dj d'un savoir-faire en la matire et d'un artisanat de qualit capable de rivaliser avec les plus grandes marques du luxe. Pour Bain & Cie, il faut s'attendre des changements structu-

    En 2015, les ventes mon-diales des produits de luxe devraient atteindre 250 milliards d'euros

    En Chine, les ventes dYves Saint Laurent ont progress de plus de 30%.

    Ph. AFP

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 41

    DCRYPTAGE

    rels dans le secteur qui devra s'y adapter pour rsister. Les jeunes consomma-teurs rclament par exemple "de l'origi-nalit plutt que de la tradition". L'indus-trie du luxe va aussi devoir s'adapter aux nouvelles formes de commercialisation

    traduites par l'explosion des ventes en ligne. A partir de 2015, les professionnels du luxe devront ncessairement s'adap-ter aux mutations du march. Ainsi, le cabinet spcialis prconise dans son rapport que "les enseignes devront se

    concentrer da-vantage sur l'ex-prience d'achat et non plus seu-lement sur le pro-duit en lui-mme". Mais quelle que soit la rvolution de l'industrie du luxe qui se profi le l'horizon, il reste fort parier que les champions du luxe reste-ront toujours les mmes, savoir l'automobile, l'h-

    tellerie, les montres et la maroquinerie. En 2012, les automobiles de luxe ont gnr quelque 290 billions d'euros de recettes, soit 290 000 milliards d'euros ! Les htels arrivent en deuxime position avec des recettes estimes quelques 127 billions d'euros. Les montres et la maroquinerie arrivent bien loin der-rire avec "seulement" respectivement 35 billions d'euros et 33 billions d'eu-ros. C'est la preuve par les chiffres que, comme le disait Voltaire, "le superfl u est une chose ncessaire".

    Karim DRONET

    Un consommateur du luxe sur quatre est Chinois

    Les ventes de Prada ont augment de plus de 45% dans la rgion Asie-Pacifi que, mais plus surprenant encore, elles ont progress de 37,3% en Europe et de 31% sur le continent amricain, deux rgions durement touches par la crise conomique.

    Ph. AFP

  • LE MYTHEAU MAROCOu comment les voitures de LUXE boostent le secteurOu comment les voitures de LUXE boostent le secteur

  • Avec 290 000 milliards d'euros de recettes dans le monde en 2012, lautomobile de luxe s'affi che comme tant "LE" segment booster du secteur. Le Maroc n'chappe pas cet engouement pour les grosses cylindres, dont le volume des ventes a explos. tat des lieux d'un march en pleine expansion.

    FERRARI

  • 44 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    DCRYPTAGE

    orsche Cayenne ou Panamera, Aston Martin, Lamborghini et Ferrari s'affi chent aujourd'hui,

    sans complexe, sur les boulevards des grandes villes marocaines. En 2010, les statistiques de l'Association des impor-tateurs de vhicules automobiles au Ma-roc (AIVAM) l'attestaient, plus de 206 voitures dont le cot unitaire dpasse le million de dirhams ont t vendues. Deux ans plus tard, et en pleine crise conomique mondiale, la tendance ne faiblit pas... bien au contraire! Sur les six premiers mois de l'anne 2012, sur le

    segment des voitures de luxe, on assiste aussi de belles performances chez Mercedes (+36%) avec 872 units ven-dues ou encore chez BMW qui connat une volution de plus de 19% avec 816 voitures coules. Chez Land Rover, la performance est encore plus difi ante :

    614 voitures de luxe vendues en six mois seulement, au lieu de 201, il y a un an. Lintroduction de modles rnovs, mais galement moins chers comme le "Evoque" explique notamment cette progression fulgurante. Cet engouement pour l'automobile de luxe n'a pas chap-p galement Loc Roix, directeur du centre Porsche Maroc : "Aujourd'hui, les produits haut de gamme se dmocrati-sent. Il y avait encore des prjugs sur nos voitures. Depuis, nos clients connais-sent mieux le produit et l'utilisent sans complexe. Le dveloppement d'un sys-

    tme de crdit a galement permis plus de personnes d'accder nos offres. On peut dire que l'on fait face une plus grande maturit du march premium".L'automobile dans l'esprit des marocains reste assurment comme l'un des pre-miers critres de rfrence de la russite

    sociale. Dans une socit o le regard de l'autre compte normment, la voiture de luxe vhicule aisment cette image et cette diffrenciation. C'est la vitrine du statut social. L'arrive offi cielle de Fer-rari au Maroc confi rme ainsi le potentiel du march de la voiture de luxe.

    FERRARI, PORSCHE, ROLLS ROYCE, BENTLEY... LES ELITES...Le groupe Univers Motors, distributeur des marques Honda, Seat et Cherry, a fait le buzz lorsqu'il a annonc l'anne dernire son intention de distribuer la clbre marque au cheval cabr au Maroc. Le concessionnaire marocain a sign en effet un contrat d'exclusivit avec la fi rme de Maranello pour la dis-tribution des voitures Ferrari. Aprs 18 mois d'pres ngociations, Univers Mo-tors ajoute ainsi une marque de prestige son portefeuille. En change de cette exclusivit, le groupe marocain devrait raliser avant 2014 un showroom ddi la marque italienne Casablanca. Sur le plan commercial, les responsables du groupe se sont fi xs des objectifs somme toute assez raisonnables. Il s'agit,

    dans un premier temps, de vendre une vingtaine d'units par an, ce qui reprsente un chiffre d'affaires consquent dans la mesure o ces voitures se vendent aux alentours des 2 millions de dirhams pice ! Mehdi Tak Tak, directeur g-nral du groupe Univers Mo-tors, le confi rme : "Nous avons prsent un business plan srieux, la fois ambitieux et cohrent. Nous avons certes vendu le march marocain, sans toutefois faire miroiter des volumes de ventes fantai-sistes". Pour renforcer sa prsence sur ce segment des voitures de luxe, le groupe compte aussi dvelopper une struc-ture de service aprs-vente capable de rpondre aux be-soins d'une clientle trs exi-

    Bentley Motors, dsormais rattach au groupe Volkswagen, a enregistr en 2011 une progression de ses ventes de 37%.

    Ph DR

    La Chine est devenue le deuxime march mondial de Ferrari

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 45

    DCRYPTAGE

    geante. Cette clientle est aujourd'hui estime une trentaine de personnes mais elle pourrait grossir dans les pro-chaines annes. Le cercle aujourd'hui trs ferm des Amis de la Scuderia est appel s'largir. D'ailleurs, le Maroc ne fait que suivre la tendance mon-diale pour les voitures de luxe. En 2012, la fi rme de Maranello a ainsi enregistr une progres-sion de 10% de ses ventes. La Chine est deve-nue le deuxime march mon-dial de Ferrari. Toutefois, dans l'automobile haut de gamme, ce sont les marques d'origine anglaise qui se taillent la part du lion. En 2011, Rolls Royce Motor Cars, aujourd'hui dtenu par le

    constructeur allemand BMW, a vendu 3 500 vhicules dans le monde, aug-mentant ainsi ses ventes de 31%. Mieux encore, toujours en 2011, la socit Bentley Motors, dsormais rattache au groupe Volkswagen, a vendu plus de

    7 000 vhicules, soit une pro-gression de 37% de ses ventes annuelles ! Mais videmment les infrastructures routires et autoroutires dont disposent aujourd'hui cer-tains pays asia-tiques ou euro-pens favorisent aussi le dve-

    loppement d'une fi lire automobile de luxe. Contrairement aux ides reues, les propritaires de ces vhicules de luxe n'investissent pas uniquement dans

    le paratre, mais aussi et surtout dans le plaisir de la conduite que procure ce genre de voitures. Assurment, la ma-trise de centaines de chevaux fougueux sous le capot est un plaisir qui n'a pas de prix !

    Karim DRONET

    Rolls Royce, non plus, ne connat pas la crise avec plus de 31% daugmentation de ses ventes.

    Ph. AFP

    Grce aux succs de lEvoque, Land Rover a dop ses ventes, passant de 201 berlines de luxe en 2011 614 uniquement sur le 1er semestre 2012

    Bentley et Lamborghini arrive aus-si sur le march marocain. Cest la Centrale Automobile Chrifi enne importateur exclusif Porsche, Audi, Volkswagen qui dtient les cartes. La CAC dploiera pour accueillir les modles mythiques de Bentley un superbe show room Casablanca qui sera inaugur fi n 2013. Lambor-ghini devrait arriver fi n 2014.

    LTIME

  • 46 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    DCRYPTAGE

    Industrie, PME... quels que soient leur taille ou leur secteur dactivit, certaines ont su saisir toutes les opportunits qui se prsentaient et dployer la bonne stratgie pour booster leur chiffre daffaires, crer de la richesse et de lemploi. Innovation, anticipation, dveloppement... les pistes suivre sont nombreuses. Tour dhorizon.

    Innovation, Dveloppement...Les stratgies gagnantes des entreprises

    Innovation, Dveloppement...Les stratgies gagnantes des entreprises

  • l Argent, l'anti-crise l Mars 2013 l 47

    DCRYPTAGE

    HPS

    ourquoi se spcialiser dans une phase du processus montique quand on peut intgrer toute la

    chane dans un logiciel ? Cest le pari r-volutionnaire qu'ont fait 4 amis ing-nieurs il y a 18 ans. Parmi eux, Mohamed Horani. "Ctait un choix stratgique pour nous distinguer de nos concur-rents dont loffre ntait que partielle. Nos clients peuvent opter pour un mo-dule un moment donn et nous leur garantissons la possibilit de rajouter tout autre module qui pourrait les int-resser dans le futur", explique lactuel prsident directeur gnral. HPS (High-

    tech Payment Systems) signe rapide-ment ses premiers contrats: le Groupe-ment Populaire des Banques Marocaines (GPBM) lui fait confi ance peine un mois aprs la cration de la start-up en lui commandant une tude. Un an plus tard, la Socit Gnrale Marocaine des Banques (SGMB) se jette leau en squipant de la solution PowerCARD.Aujourdhui, HPS fournit des solutions de paiement lectronique multi canal 70 pays et, dune certaine faon, fait

    mentir les prjugs sur le Maroc. Le Royaume ne se contente pas de sous- traiter et d'exporter des oranges. Il a de la matire grise revendre. Sa mthode : mi-ser sur la Recherche et Dveloppement (10% du CA), savoir s'entourer de cer-veaux, innover. Une recette qui a permis au groupe de pntrer de nombreux marchs. Une douzaine de banques is-lamiques, Carta Solutions au Canada, Fullerton Holding Singapour. American Express MENA et le Crdit Agricole en France font galement de la longue liste de 300 clients. L'entreprise prvoit dou-vrir, dans les mois venir, de nouveaux

    bureaux en Amrique du Sud et en Asie-Pacifi que. Au Maroc, HPS dtient plus de 60% du march, dont le Centre Montique In-terbancaire (CMI) et les trois opra-teurs Tlcoms. La plus grande fi ert de Mohamed Horani : "fi gurer dans le classement Gartner Froup parmi les 6 entreprises de nouvelles technologies mergentes plus fort potentiel de croissance, HPS est la seule socit afri-caine et arabe classe".

    Qui visite les locaux situs au Techno-park de Casablanca vous dira qu'il y rgne une atmosphre dtendue den-treprises anglo-saxonne. "Chez HPS, il ny a pas de hirarchie, il ny a que des responsabilits. Les bureaux du top ma-nagement sont toujours ouverts leurs collaborateurs. Leffi cacit prime sur toutes autres considrations".La crise, Mohamed Horani na pas lair dy avoir got. Les consquences de la mauvaise conjoncture mondiale ont t minimises "grce la diversifi ca-tion gographique et notre base de clients qui gnre de plus en plus de re-

    venus rcurrents". L'entreprise a ralis un chiffre daffaires de 250 millions de dirhams en 2011 dont 89 % lexport. Aujourd'hui, la solution HPS peut traiter jusqu' 100 millions de cartes. Ce qui est largement suffi sant pour les plus grandes banques du monde. HPS a encore plus d'une PowerCARD jouer !

    Laureline SAVOYE

    Mohamed Horani, PDG d'HPS. "Miser sur la recherche et dveloppement, savoir s'entourer de cerveaux et innover"

    Ph. DR

    La solution montique

    PowerFULL

    HPS figure dans le classement Gartner Froup parmi les 6 entreprises de nouvelles technologies mergentes plus fort potentiel de croissance

  • 48 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    DCRYPTAGE

    Mohamed Khalil, PDG de Dari Couspate. "Lintro-duction en bourse a permis au groupe douvrir une seconde ligne de production, de gagner en crdibilit et de tripler de volume en 7 ans".

    Ph. Bziouat

    n couscous aussi bon qu la maison en vente industrielle... Quand Mohamed Khalil se

    lance en 1995, le pari nest pas gagn davance. "Encore moins Figuig do la famille Khalil est originaire", explique Hassan, son fi ls. "Chez nous, le couscous est une vritable institution". Mohamed Khalil, port par son exprience dan-cien directeur de la fi liale mauritanienne de Famo (spcialise, elle aussi, dans le couscous), estime lpoque quil faut surprendre le consommateur sur la qua-lit en misant sur la semoule de bl dur et sur un emballage moderne : "le sachet qui tient debout" est n. Les dbuts sont diffi ciles. Dari Couspate reconnat avoir pdal dans la semoule avant de trouver sa voie ! Pour pallier au manque de de-mande intrieure, Dari Couspate pro-pose ses produits linternational ds 1998. Aujourdhui, le groupe est prsent dans une quaran-taine de pays. 20 % de ses ventes se font lexport. La Chine et la Russie ont re-joint la liste derni-rement. En 2001, dans leurs usines de Sal, les Khalil ont une ide rvolution-naire : lancer un couscous base de semoule dorge. Le

    "Sakssou al Belboula" provoque un vri-table engouement et est rapidement co-pi. En 2005, Mohamed Khalil accepte l'in-troduction en bourse de son bb, aprs avoir trouv a "grotesque et farfelu" raconte Hassan Khalil. "Nous pensions que ces fi nanciers en costume trois pices, gomins, allaient nous rire au nez ! Quallait-on faire du couscous dans une salle de vente ? Mais le board nous a accueilli sans prjug". Aujourd'hui, la famille Khalil ne le regrette pas. "Lintro-duction a permis douvrir une seconde ligne de production au sein de lusine et de gagner en crdibilit". La socit a tripl de volume en 7 ans. Dari n'a dailleurs que trs peu ressenti la crise qui touche moins les produits de pre-mire ncessit. Il a fallu toutefois grer

    la hausse du prix des matires premires. Pour cela, "nous avons modifi le mode dapprovisionnement et mis en place des moyens d'optimiser la production en

    vitant le gaspillage". Les projets ? Dari Couspate nen manque pas : renforcer

    le march local et relever un nouveau challenge en dmocrati-sant la consommation des ptes. "Les marocains mangent un kilo de ptes par an et par habitant quand un italien en consomme 33 kilos". Dari Couspate sest of-fert limage de Choumicha pour faire entrer les ptes dans les cuisines. Aprs avoir donn au couscous ses lettres de noblesse, Hassan, son frre Amine et sa soeur Saida vont devoir conti-nuer mettre la main la pte !

    L.S.

    Chiffre d'Affaires (Mdhs)

    Source : L'Economiste

    2009 2010 2011 2012 2013 2014

    431,9*

    381,8*360,2*

    295,21 279

    246,7

    Le couscous cot en Bourse

    DARI COUSPATE

    Le groupe est prsent dans une quarantaine de pays. 20 % de ses ventes se font lexport. La Chine et la Russie ont rejoint la liste dernirement

    * Prvisionnel

  • 50 l l Argent, l'anti-crise l Mars 2013

    DCRYPTAGE

    a premire mouture de M2M est ne dbut des annes 90 dans un contexte o lon se

    projette dj dans l'avenir et le dvelop-pement futur des nouvelle