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    Juin2014 /No 14

    Macroconomie&Dveloppement

    Introduction

    Depuis la crise financire internationale de 2008, les paysde la rgion du Moyen-Orient et de lAfrique du Nord(Middle East and North Africa,MENA) ont t affectspar des chocs rptition. Sur le plan macroconomique,la contraction de lconomie mondiale, la hausse descours mondiaux des matires premires et la crise desdettes souveraines en zone euro ont successivement

    impact les performances conomiques de ces pays.Sur le plan politique, les soulvements populaires qui sesont produits dans plusieurs pays du monde arabe ontgnr une nette dtrioration de la situation macro-conomique, en particul ier dans les pays en phasede transition politique.

    Au se in de la r gi on MEN A, le Ma ro c se dis t in gu e plusieurs gards. Dune part, le pays se singularise parune relative stabilit. Dautre part, lconomie marocainea fait preuve dune certaine rsilience. La croissance co-nomique est en effet demeure plus leve que dans les

    autres pays importateurs de ptrole de la rgion surlensemble de la priode. Cette croissance relativementrobuste tient notamment au renforcement de la poli-tique de soutien actif aux facteurs internes de lademande qui caractrise le modle de c roissance maro-cain depuis le dbut des annes 2000. Le rgime desubvention aux produits de base (produits alimentaireset nergie) et la hausse des salaires dans le secteur publicont contribu soutenir le pouvoir dachat des mnages,tandis que linvestissement public sest accru.

    Pour autant, le modle de croissance marocain montreplusieurs signes dessoufflement, notamment une ag-gravation des dsquilibres macroconomiques et unedifficult gnrer des emplois et rduire le chmageen particul ier chez les couches les plus j eunes de lapopulation. La politique de soutien au pouvoir dachatdes mnages a engendr une dgradation des financespubliques. De plus, la baisse de la demande extrieure

    adresse au Maroc a fragilis les exportations maro-caines, tandis que la forte hausse des prix des matirespremires a contribu au renchrissement des importa-tions. Ds lors, le solde de la balance des paiementscourants sest dtrior depuis 2008 pour atteindre undficit de 10 % du produit intrieur brut (PIB) en 2012.Enfin, au vu de la situation socioconomique, notam-ment des dsquilibres qui caractrisent le march dutravail, le modle de croissance marocain demeure insuf-fisamment inclusif.

    Le modlede croissancemarocain :

    opportunitset vulnrabilitsClmence VergneDivision Analyse macroconomique et risque paysDpartement de la [email protected]

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    Cette tude prsente une analyse de la situation macrocono-mique du Maroc. Elle sarticule autour de quatre parties. Lapremire partie prsente les avances ralises au Maroc enmatire de dveloppement humain et met en lumire lesenjeux auxquels demeure confront le pays. La secondepartie sintresse aux volutions structurelles du modlede croissan ce de lconomie marocaine afin danalyser sesforces et ses faiblesses. La troisime partie est consacre auxfragilits des finances publiques. Enfin, la dernire partie sefocalise sur lvolution des q uilibres externes, afin de mettreen lumire les vulnrabilits y affrant.

    Sommaire 1 / DES AVANC ES EN MATIRE

    DE DEVELOPPEMENT HUMAIN EN DPITDUNE CROISSANCE INSUFFISAMMENTPARTAGE 3

    2 / LES ENJEUX DU MODLE DE CROISSANCEMAROCAIN : RENFORCER LA DIVERSIFICATIONET LA PRODUCTIVIT POUR ASSURERUNE CROISSANCE PLUS INCLUSIVE 6

    2.1. Perspective historique de la trajectoire de croissance :le redressement observ depuis 2000 sessouffledepuis quelques annes 6

    2.2. Les limites structurelles du modlede croissance marocain 11

    3 / FINANCES PUBLIQUES : UNE HAUSSE DESTAUX DENDETTEMENT ALIMENTE PARLE CREUSEMENT DU DEFICIT BUDGETAIRE 18

    3.1 . Un taux dendettement public lev,malgr une structure de la dette favorable

    183. 2. La politique budgtaire axe sur le soutiende la demande interne a gnr une dgradationdes finances publiques 20

    4 / UNE DTRIORATION DES COMPTESEXTERNES ET DES RATIOS DE LIQUIDIT 23

    4.1. Un creusement du deficit courant alimentpar un dficit commercial structurel 23

    4.2. Une hausse du besoin de financement externedont la couverture repose davantage

    sur des flux gnrateurs de dette 244.3. Une dgradation des indicateursde liquidit extrieure 26

    CONCLUSION 28

    LISTE DES SIGLES ET ABRVIATIONS 29

    RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 31

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    / Le mo d le de croi ss an ce ma rocain : op po rt un it s et vu ln rab il its / 3

    Au cou rs des anne s 2000, le Maroc a enregist r d impor-tantes avances en matire de rduction de la pauvret, quia recul de 15,3 % 9 % (au seuil de pauvret national [ 1 ] )entre 2001 et 2007 [ 2 ] (tableau 1). Au seuil de rfrence de

    2 dollars par jour (en PPA USD 2005), le taux de pauvret estcertes plus lev (14 %) mais demeure faible en comparaisonsinternationales. Toutefois, cette volution globale masque defortes disparits spatiales. La pauvret demeure un phnomneessentiellement rural au Maroc (14,4 % contre 4,8 % en milieu

    urbain). En outre, les avances en matire de rduction de lapauvret ne doivent pas occulter les situations de vulnra-bili t conomique (quasi-pauvret) qui demeurent rpandues.La dernire carte de la pauvret labore par le Haut-

    Commissariat au Plan indique en effet que le taux de vulnra-bilit la pauvret slevait 18 % en 2007 [ 3] . Ainsi, au total, unquart de la population vit dans une pauvret absolue ou sousla menace constante de la pauvret.

    1 / Des avances en matirede dveloppement humain en dpitdune croissance insuffisamment partage

    MoyennePRITI *

    2005-2012

    2010

    Pauvret et Ingalits

    Coefficient de Gini 39,2 40,6 40,9 30,8 38 36 35,6 41

    Taux de pauvret(seuil national de pauvret, en % de la population) n.d. 15,3 9 25,2 12,5 15,5 20,7 n.d

    Taux de pauvret (seuil de 2 USD PPA) 15,9 24,3 14 15,4 43,3 8 43,4 38,1

    ducation

    Taux dalphabtisation des adultes 41,6 52,3 56,1 72 92,6 93,2 77,6 70,6

    Population ayant suivi un enseignementsecondaire ou suprieur(en % de la population ge de plus de 25 ans) n.d n.d 28 51,2 41,4 26,3 37 n.d

    Sources : Banque mondiale (WDI) ; Barro et Lee (2010). Calculs de lauteur.n.d : non disponible*PRITI : Pays revenu intermdiaire (tranche infrieure).

    Vietnam

    2008

    2010

    Tunisie

    2010

    2010

    Indonsie

    2011

    2010

    gypte

    2008

    2010

    Maroc

    1991

    1994

    2001

    2004

    2007

    2009

    Indicateurs socioconomiques du Maroc : volutions et comparaisons avec plusieurs pays revenu intermdiaire (PRI)

    Tableau 1

    [ 1 ] Le seuil de pauvret est dfini comme la somme du seuil de pauvret alimentaire et dune allocation non-alimentaire quivalente au cot des acquisitions non-alimentairesralises par les mnages qui atteignent effectivement le minimum alimentaire requis (mthode de la Banque mondiale).

    [ 2 ] Les donnes relatives la pauvret seront prochainement actualises grce au recensement gnral de la population qui aura lieu en 2014 et une nouvelle enqute sur laconsommation et les dpenses des mnages.[ 3 ] Le taux de vulnrabilit la pauvret est la proportion des individus dont la dpense annuelle moyenne par personne se situe entre le seuil de la pauvret relative et 1,5 fois

    ce seuil.

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    Le principal dfi du Maroc moyen et long terme tient aucaractre insuffisamment inclusif de son modle de dvelop-

    pement. plusieurs gards, la situation au Maroc tmoigneen effet dun modle de dveloppement qui ne sappuie passuffisamment sur une croissance inclusive, savoir unecroissance partage par la majorit de la population activedu pays dune part, et tendue lensemble des secteurs delconomie, dautre part. En ce sens, une croissance inclusivedoit permettre de rduire les ingalits dopportunits, maisgalement dlargir le champ conomique, notamment viaune diversification de lconomie (cf. section 2).

    Dun point de vue social, le modle de croissance marocainsemble limit en termes de cration dopportunits. Daprslvolution de lindice de Gini, le Maroc tmoigne dunrenforcement des ingalits de revenus et dune situationmoins favorable que dans les autres pays de la rgion MENA(tableau 1). Ainsi, malgr la rduction marque de la pau-vret, le Maroc a enregistr une hausse des ingalits derevenus. Lanalyse de la concentration des revenus au niveaudes tranches suprieures et infrieures donne une imagesimilaire. Le quintile de la population le plus riche disposedsormais de 48 % du revenu total contre 6,5 % pour lequintile le plus pauvre.

    Les indicateurs de pauvret bass sur le revenu ne refltentnanmoins pas lintgralit de la situation, en particulier dans

    la rgion MENA (Breisinger et al., 2012) [ 4 ] . Il convient parconsquent de tenir compte des facteurs hors revenus, telsque la sant et lducation qui chappent aux mesures stan-dards de la pauvret. ce titre, lindice de dveloppe-ment humain (IDH) propose une dfinition plus large dubien-tre et aboutit une mesure composite base sur troislments de base du dveloppement humain : le revenu, les-prance de vie et lducation. LIDH du Maroc slve 0,591, selon le dernier classement du Programme des Nationsunies pour le dveloppement (2013), le situant au 130 erangsur 187 pays classs. Le Maroc se situe ainsi un niveau de

    dveloppement humain significativement en de de celuiqui pourrait tre prdit par son niveau de dveloppementconomique, dans la mesure o il se situe en fin de clas-sement des pays dveloppement humain moyen [ 5 ] . titrede comparaison, la Tunisie, la Jordanie et lgypte se classentrespectivement 9 4e, 10 0e et 112e. Cette situation sexpliquenotamment par la sous-performance du Maroc en matiredducation, qui conduit un cart s ignif icatif entre leclassement en fonction des revenus et l IDH global . Enparticulier, le taux dalphabtisation des adultes demeurebeaucoup plus faible que la moyenne observe dans les pays revenu intermdiaire (PRI) de la tranche infrieure (tableau 1).Une fois encore, ce phnomne touche davantage les zonesrurales, o le taux dalphabtisation est particulirementfaible (45 %).

    [ 4 ] Ltude de Breisinger et al. (2012) conclut notamment que la rduction des taux de pauvret bass sur le revenu a t plus importante dans la rgion MENA parrapport la moyenne mondiale, alors que les taux de rduction de la malnutrition infantile sont semblables.

    [ 5] LIDH comporte quatre groupes de pays : dveloppement humain trs lev, dveloppement humain lev, dveloppement humain moyen et dveloppementhumain faible.

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    Les annes 1970 se caractrisrent galement par un fortinterventionnisme de ltat visant deux objectifs principaux,la mise en place dune politique de substitution aux impor-tations et la promotion des exportations. Le premier axedintervention fut marqu par des investissements publicsconsquents associs un systme de protection de lindus-trie marocaine naissante. Le second axe dintervention visait promouvoir les exportations (plan quinquennal 1973-1977).Dans cette optique, lEtat a tent de mobiliser linitiativeprive, travers notamment la promulgation de la loi sur lamarocanisation (1973) [ 8 ]. Toutefois, l objectif consistant relancer la croissance par une contribution plus importantede la demande extrieure na pas t atteint, la part des

    exportations dans le PIB tant reste inchange depuis lesannes 1960.

    Lvolution du modle de croissance a permis au Maroc defranchir un palier de croissance au dbut des annes 2000,aprs deux dcennies de croissance relativement faible. Pourautant, le modle de croissance marocain montre plusieurssignes dessoufflement, notamment laggravation des dsqui-libres macroconomiques quil gnre et la difficult rduireun chmage lev en particulier chez les couches les plus jeuneset les plus diplmes de la population.

    2.1. Perspective historique de la trajectoirede croissance : le redressementobserv depuis 2000 sessouffle

    depuis quelques annes2. 1.1. Aprs deux dcennies de croissance faible,

    le Maroc a renou avec la croissance au dbutdes annes 2000

    Sur longue priode, la croissance de lconomie marocainea connu trois phases distinctes (graphique 1). Dans un pre-mier temps, le Maroc a enregistr une acclration de sonrythme de croissance au cours des deux dcennies qui sui-virent lindpendance pour atteindre 5,4 % de croissanceannuelle moyenne au cours des annes 1970. Cette priode

    a t marque par la mise en uvre de plans de dvelop-pement conomique et social visant renforcer le tissu co-nomique et accompagner les transformations socialesdu pays. Les plans des annes 1960 (1960-1964 ; 1965-1967)projetaient notamment le dveloppement de lagricultureet la mise en place dune industrie de base, grce linter-vention de ltat en vue de consolider lindpendance co-nomique du pays et de valoriser ses ressources nationales.

    2 / Les enjeux du modle de croissancemarocain : renforcer la diversificationet la productivit pour assurerune croissance plus inclusive

    [ 8 ] Dans le but de promouvoir les investissements, cette loi limitait 50 % la participation des trangers au capital des socits marocaines. Elle visait ainsi corriger la

    rpartition des revenus largement dfavorable aux nationaux, et rduire le pouvoir des entreprises trangres sur lconomie marocaine. Cette initiative avaitgalement pour objectif la reconqute de la lgitimit par la classe politique au pouvoir qui se sentait menace aprs les deux tentatives de coups dEtat de 1971 et1972. La loi sur la marocanisation a t abolie en septembre 1993.

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    Taux de croissance rel du PIBet taux dinflation (en %)

    17

    12

    7

    2

    -3

    -8

    1960 1970 1980 1990 2000 2010

    Croissance annuelle Taux dinflation Croissance moyenne

    Graphique 1

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    Dans un second temps, la croissance a dclr de manirecontinue, atteignant 2,4 % en moyenne au cours des annes1990, et sa volatilit sest fortement accrue. Suite de nom-breux chocs extrieurs (choc ptrolier, baisse des prix duphosphate, augmentation des taux dintrt, scheresse),la situation macroconomique du Maroc sest nettementdgrade au dbut des annes 1980. Pour faire face cettesituation, le gouvernement a mis en place un programmedajustement structurel (PAS). Un ensemble de mesures de

    stabilisation et dajustement ont t labores par le gouver-nement et appuyes par une srie daccords de confirmationavec le Fonds montaire international (FMI) et de prts dajus-tement sectoriel de la Banque mondiale. Ces mesures visaientnotamment la matrise de la demande interne, la libralisationdu commerce extrieur et du rgime de change, la restruc-turation du secteur public, la drglementation des prix et lamodernisation du secteur financier. Toutefois, dans sa premirephase (1982-1987), la mise en uvre du PAS a engendr unecontraction de la demande intrieure, un ralentissement delactivit conomique et une aggravation du chmage. Au

    cours de la seconde phase du PAS (1988-1995), la situation desfinances publiques et des comptes externes sest amliore.Cette priode a nanmoins t marque par une forte volatilitde la croissance conomique comparativement la priodeantrieure, en raison des frquentes scheresses. En effet, lesecteur agricole reprsente toujours cette priode 17 % duPIB global, emploie 40 % de la population active et constitue40 % des exportations. De ce fait, les fluctuations de lacti-vit agricole se rpercutent sur lensemble de lconomie

    nationale compte tenu de leffet dentranement quil exercesur l ensemble de l activit conomique par le biais desrevenus. Le net ralentissement de la croissance tient gale-ment au flchissement de linvestissement public et priv, la dclration de la demande trangre et principalementeuropenne adresse au Maroc et la baisse de la compti-tivit relative des exportations marocaines par rapport auxautres pays mergents [ 9 ] .

    Enfin, sur la priode rcente, le Maroc est de nouveau entrdans un cycle de croissance relativement soutenue. En effet,celle-ci sest notablement renforce et sest stabilise autourde 5 % en moyenne au cours de la dcennie 2000. La fin desannes 1990 marque une rupture avec la politique cono-mique mene depuis lIndpendance se traduisant par unnouveau rgime de croissance, moins inflationniste que par lepass (graphique 1). Ce nouveau rgime se caractrise par unereprise des investissements publics et privs, par la consolida-tion du PIB non agricole et par une amlioration des quilibresextrieurs, permettant le renforcement des rserves officielles

    de change. Toutefois, le rythme de croissance de lconomiemarocaine est demeur infrieur la moyenne observe dansles pays mergents et en dveloppement (tableau 3).

    La croissance du PIB par habitant du Maroc (en dollarsconstants, PPA) sur la priode 1980-2012 a t de 2,1 % enmoyenne annuel le. Ainsi , la performance de l conomiemarocaine, apprhende travers le PIB par habitant, quiest un indicateur du niveau de vie de la population, sestamliore depuis le dbut des annes 2000 et demeure

    2 / Les enjeux du modle de croissance marocain : renforcer la diversification etla productivit pour assurer une croissance plus inclusive

    [ 9 ] La dtrioration de cette comptitivit relative est imputable la hausse des cots de production suite notamment la revalorisation des salaires (Salaire minimuminterprofessionnel garanti [SMIG]), au renchrissement du cot des matires premires, en particulier du ptrole, et lapprciation du taux de change effectif rel(cf. graphique 24).

    Comparaisons internationales des taux de croissance rels (en %)Tableau 3

    2010-20132000-20091990-19991980-1989

    Monde 3,4 3,1 3,5 3,3

    Pays en dveloppement et mergents 3,5 3,7 6,1 5,8

    Afrique subsaharienne 2,4 2,2 5,7 5,1

    Asie en dveloppement 6,8 7,6 8,5 6,8

    Moyen Orient 1,6 3,8 4,9 4,7

    Maroc 3,8 2,5 5,1 4,3

    Source : FMI (WEO), calculs de lauteur.

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    2.1.2 . Depuis 2008, les performances conomiquessont mises mal par la dgradationde la conjoncture internationale

    Lacclration de croissance enregistre par le Maroc audbut des annes 2000 prsentait trois caractristiquescls. En premier lieu, le Maroc a bnfici dune conjonctureinternationale favorable. Le dynamisme de lconomie mon-diale sest traduit par une forte croissance des IDE et destransferts de migrants (graphique 4). Les investissementsdirects trangers (IDE), majoritairement raliss dans lessecteurs de limmobilier et du tourisme, ont permis de relan-cer la dynamique de croissance aprs la fin de la vaguedinvestissements dans le secteur du textile au cours de lapremire moiti des annes 1990. De la mme manire, lahausse marque des transferts des migrants en part du PIB agalement favoris la croissance de la demande intrieure,au travers de linvestissement et de la consommation. Enfin,le dveloppement du tourisme en provenance dEurope et

    des services off-shore a soutenu les exportations du Maroc.

    En second l ieu , le crdit au secteur pr iv a connu unecroissance exceptionnelle partir de 2005 (encadr 1). Lacroissance du crdit, combine la hausse des IDE, sestnotamment traduite par une hausse notable de linvestis-sement et de la consommation des mnages. Enfin, de manireglobale, depuis le dbut des annes 2000, lvolution de lapolitique conomique sest traduite par un rgime de crois-

    sance orient vers les facteurs internes de la demande(graphique 5). Ltat a engag une politique de soutien actif la consommation et linvestissement. Ainsi, le systmede subventions aux produits de base (produits alimentaireset nergie) a contribu soutenir le pouvoir dachat desmnages, tandis que linvestissement public sest accru. Enoutre, une politique montaire centre sur la lutte contrelinflation a garanti la progression constante du pouvoir dachatdune partie des mnages marocains. Au total, les sources definancement de la croissance et la forte dpendance duMaroc aux pays de la zone euro taient porteuses dincerti-

    tudes quant la prennit de la croissance du pays.

    comparable aux volutions observes dans les autres paysde la rgion MENA (graphique 2). Toutefois, la progression

    du PIB par habitant est nettement infrieure celle enre-gistre en moyenne dans les PRI. De ce fait, la dynamique de

    convergence avec la moyenne mondiale reste quasi inexis-tante. En outre, il sopre une phase de divergence entre le

    Maroc et la moyenne des PRI depuis le dbut des annes1990 (graphique 3).

    volution du PIB par habitant du Marocet de divers PRI (en dollars constants de 2005,PPA, base 100=1984)

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    450

    400

    350

    300

    250

    200

    150

    100

    50

    0

    1984 1988 1992 1996 2000 2004 2008

    Graphique 2

    Vietnam Indonsie Tunisie PRIInde gypte Maroc

    2012

    volution relative du PIB par habitantdu Maroc ( prix constants de 2005 en PPA)par rapport diffrentes catgories de pays(en %)

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    110

    100

    90

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004 2004

    Graphique 3

    Maroc/Monde Maroc/PRI Maroc/MENA

    2012

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    2 / Les enjeux du modle de croissance marocain : renforcer la diversification etla productivit pour assurer une croissance plus inclusive

    Sources : Banque mondiale (WDI) et Office des changes, calculs de lauteur.

    IDE entrants, transferts de migrantset recettes du tourisme (en % du PIB)

    Graphique 4

    12

    10

    8

    6

    4

    2

    0

    Transferts des migrants IDE entrants nets Recettes du tourisme

    1985 1990 1995 2000 2005 20101980

    La forte croissance du crdit illustre lvolution structurellequa connue le systme bancaire au cours de la dcennie 2000.Lencours total des crdits au secteur priv reprsentait 73 %du PIB en 2012 contre 42 % en 2003 (graphique 6). Cetteforte croissance de lactivit bancaire a t possible grce une meilleure utilisation des ressources disponibles et la forteaugmentation des dpts bancaires. Pour un quart environ, lesdpts proviennent des transferts des migrants dont le niveaua progress notablement en part du PIB au cours de la dcennie.La croissance du crdit au secteur priv sest traduite par uneforte augmentation du crdit la consommation et aux secteursde limmobilier et du tourisme (les crdits au secteur immobilierreprsentaient 30 % des crdits bancaires en juin 2013).

    En ce sens, le dveloppement du secteur financier a favorislmergence dun modle de croissance assis sur le soutienaux facteurs internes de la demande. Il a en effet contribu canaliser lpargne disponi ble vers linvestissement et la consom-mation des mnages, en profitant du renforcement de la capa-cit dendettement des agents privs non financiers. En 2007et 2008, le taux de croissance de lactif bancaire en valeurnominale a mme atteint un niveau particulirement lev(25 % en glissement annuel (g.a.) en janvier 2008, graphique7), laissant croire au dclenchement dune dynamique dem-ballement du crdit. La crise financire internationale et la chutedes prix q ui en a rsult a toutefois induit une correction forte

    au second semestre 2008. Depuis cette date, lactivit de crditcontinue de crotre des taux notablement infrieurs aux taux

    observs avant la crise. Le flchissement tendanciel du rythmede progression du volume du crdit bancaire sest acclrdepuis mi-2012, en lien avec la dgradation de la conjoncture(+12,8 % en g.a. en 2012 -1,2 % en 2013). En outre, depuis2012, la contribution des crances sur le secteur public sestrenforce dans un contexte o les banques privilgient de plusen plus la dtention dactifs rputs liquides (graphique 7).

    Encadr 1 Le dveloppement du secteur financier a accompagn lessor de la demande interne

    Graphique 6

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    Crdit au secteur priv, pargne bruteet investissement (en % du PIB).

    Investissement pargne domestique brute Crdit domestique au secteur priv

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    0

    1985 1990 1995 2000 2005 20101980

    Exports nets Conso. fin. pub. Conso. fin. priv. FBCF Var. stocks et rs. PIB total

    Contribution des composantes de la demande la croissance relle du PIB (en %)

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    15

    10

    5

    0

    -5

    -10

    19961990 1992 1994 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

    Graphique 5

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    10 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

    La forte croissance des bilans bancaires a conduit unerduction progressive de la liquidit dans l e systme financier :le ratio Prts/Dpts slevait 103 % en 2012 contre 72 % en

    2003 (graphique 8), tandis que les actifs liquides reprsentaient15 % de la dette de court terme en 2012 contre 40 % en 2005.Dans un contexte o laccs la liquidit domestique et inter-nationale est moins ais, les banques ont adopt des stratgiesvisant rquilibrer la liquidit de leur bilan. Lachat de titrespublics sinscri t notamment dans le cadre de cette stratgie.

    c e sta de, la cr ise fi nan ci re inte rnat ional e na p as con dui t la dgradation des indicateurs de rentabilit et de solvabilitdes banques. Si l es indicateurs agrgs traduisent un lgerflchissement de la rentabilit globale du secteur (la rentabi-lit des capitaux propres Return on Equity ROE slevait 12,6 % en 2013, graphique 9), les ratios de qualit de lactif

    et de solvabilit demeuraient satisfaisants en 2013 : les prtsnon performants reprsentaient 5,8 % du total des prts ennovembre 2013, tandis que la capitalisation sest progressi-vement amliore (le ratio dadquation des fonds propres Capital Adequacy Ratio slevait 13,1 %). Lextension dusecteur financier observe depuis le dbut de la dcennie 2000sest accompagne dun assainissement notable des bilans ban-caires. En outre, en raison dun cadre rglementaire strict quia limit la dette publique extrieure et lexposition aux marchsfinanciers trangers, le sec teur marocain na pas t directementimpact par la crise dans la zone euro.

    Il convient toutefois de rester vigilant lvolution desratios de qualit de lactif en raison de la hausse des prtsnon performants depuis 2012 et de lexposition croissante lAfrique subsaharienne (en particulier pour les trois plusgrandes banq ues ).

    Graphique 7

    Source : FMI (IFS), calculs de lauteur.

    Contribution des postes de lactif la croissancedu bilan des banques commerciales (en %)

    Banque centrale Non rsidents Secteur public Institution Financire Secteur priv Total

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    -5

    2005 2007 2009 2011 20132003

    Graphique 8

    Source : FMI (Art. IV), calculs de lauteur.

    Indicateurs de liquidit du systme bancaire(en %)

    Prts/Dpts Actifs liquides/Dettes de (CT)

    100

    80

    60

    40

    20

    0

    2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

    Graphique 9

    Source : FMI (Art. IV).

    Indicateurs de rentabilit, de qualit de lactifet de solvabilit du secteur bancaire (en %)

    2004 2004 201325

    20

    15

    10

    5

    0

    ROA ROE PNP CAR

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    11/32

    11/ Le mo d le de croi ss an ce ma rocain : op po rt un it s et vu ln rab il its /

    Depuis 2008, le Maroc a subi une srie de chocs externesqui ont dgrad notablement ses principaux quil ibres

    macroconomiques. La contraction de lconomie mondiale,lenvole des cours mondiaux des matires premires (enparticulier le ptrole), l instabilit politique rgionale aveclclatement du printemps arabe et la crise europenne ontpes sur les performances conomiques du pays. Dans cecontexte, la croissance marocaine, bien que relativementrobuste par rapport aux autres pays importateurs de ptrolede la rgion, a ralenti depuis 2010 pour stablir 4,3 % enmoyenne, contre 5,1 % au cours des annes 2000. En 2014,la croissance devrait ralentir en raison notamment dunediminution de la contribution de la demande intrieure alors

    que la contribution de la demande externe dem eure ngative. ce st ade, le s pr vi si on s de cro is sance di ffrent se lon le ssources. Daprs le FMI, elle stablirait 3,8 %. Pour le Haut-Commissariat au Plan, le PIB ne crotrait que de 2,3 %, alorsque le gouvernement a fait lhypothse dune croissance de4,2 % dans la loi de finances.

    2.2. Les limites structurelles du modlede croissance marocain

    Si lconomie marocaine sest montre relativement rsiliente

    dans un contexte international et rgional difficile, la criseconomique et financire a mis en exergue ses fragilitsstructurelles, lesquelles risquent de constituer une entrave lavnement dune croissance prenne et inclusive moyen-long terme.

    2. 2.1. Une transformation structurelle limite,marque par les faiblesses du secteur industriel

    Sur longue priode, deux faits saillants caractrisent le modlede croissance marocain : la relative inertie de la structure delconomie, dune part, la volatilit de la croissance, dautre

    part. Toutefois, certaines volutions ont permis au Maroc defranchir un palier de croissance au dbut des annes 2000.

    Au cou rs des 25 dernires annes, lconomie marocaine aconnu une transformation structurelle [ 1 0 ] limite compara-

    tivement celle observe dans certains pays mergents [ 1 1 ].En effet, lexamen de la composition sectorielle du PIB rvleque la rpartition de la valeur ajoute par secteur na passignificativement volu depuis le dbut des annes 1980(graphique 10).

    Le secteur primaire continue de reprsenter environ 15 %du PIB, une part fluctuant danne en anne, ce qui traduitdes scheresses intermittentes et les reprises subsquentes.Aprs avoi r vu sa contr ibuti on la val eur ajoute saffaiblirconsidrablement au cours des annes 1990, cette dernirea connu une amlioration progressive au cours de la derniredcennie, passant de 0 0,8 point en moyenne sur la priode2000-2012. Cette volution rsulte dune moindre dpen-dance de la production agricole aux alas climatiques grceaux efforts de diversification de la production. Lagriculturemarocaine demeure nanmoins marque par une fortediffrenciation entre les zones irrigues, bien desservies etproduisant non seulement des crales mais auss i desproduits plus haute valeur ajoute (fruits, lgumes, lait), etdes zones moins favorises o prdominent une petiteagriculture cralire et une activit dlevage. terme,les rformes mises en uvre pour la modernisation et le

    renforcement du secteur dans le cadre du Plan Maroc Vert(PMV) [ 1 2 ]devraient galement amliorer la productivitdans ce secteur. Ainsi, la baisse significative de linstabilitde la valeur ajoute agricole a contribu au renforcementdu rythme et de la stabilit de la croissance de lconomiemarocaine.

    La tertiarisation de lconomie marocaine sest confirme aucours de la dernire dcennie, comme en tmoigne le ren-forcement de la part des activits de services dans la valeurajoute totale, passant de 43 % 51 % entre 1980 et 2012.Ains i, lacc lrati on de la croissan ce au cou rs de la priode

    2000-2007 est attribuable la contribution significative dusecteur tertiaire, situe 3 points de croissance en moyennesur cette priode (graphique 1 1).

    2 / Les enjeux du modle de croissance marocain : renforcer la diversification etla productivit pour assurer une croissance plus inclusive

    [10] La transformation structurelle dsigne la rorientation de lactivit conomique des secteurs les moins productifs vers des secteurs plus productifs. Cest lun des moteursfondamentaux du dveloppement conomique. Elle comporte deux lments : la monte en puissance de nouvelles activits plus productives et le transfert des ressourcesdes activits traditionnelles en direction de ces activits nouvelles, ce qui relve la productivit globale.

    [11] Pour une comparaison avec la Chine, la Core du Sud et la Thalande, se reporter ltude de la Banque africaine de dveloppement (2012), tude comparative sur lespolitiques dexportation de lgypte, du Maroc, de la Tunisie et de la Core du Sud .[12] Le Plan Maroc Vert a t lanc en 2008.

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    12/32

    12 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

    A contra rio, la part du secteur industriel a accus un certain

    recul passant de 26 % du PIB en 1980 22 % du PIB en 2012.En outre, si le secteur avait enregistr une amlioration de sacontribution la croissance de la valeur ajoute au dbutdes annes 2000, cette dernire accuse un repli significatifdepuis 2008 (graphique 11). La baisse de la contribution dusecteur secondaire la valeur ajoute est notamment attri-buable au dclin du secteur manufacturier. Le modle dedveloppement marocain, qui a repos au cours des annes1990 sur le secteur manufacturier lger (textile notamment),a connu une volution notable depuis le dbut des annes2000 : la part de ce secteur dans le PIB a fortement diminu,

    passant de 15,8 % en 2000 12,8 % en 2012 (graphique 10).La dcomposition sectorielle dtaille du PIB prsente dansle tableau 4 permet de dcrypter davantage les volutionsen cours.

    Premirement, malgr la volont affiche des autorits depromouvoir le secteur industriel (notamment vi a le pactenational pour lmergence industrielle 2009-2015), celui-ciconnat dimportantes difficults. Il convient de souligner quela diminution du poids et de la contribution la croissancedu secteur secondaire se produit malgr les performancesrelativement bonnes de lindustrie dextraction (phosphates)et de la construction. Ces volutions sont relier aux per-formances mitiges du secteur exportateur marocain, et plusparticulirement du secteur exportateur manufacturier. Eneffet, loin de sinscrire dans une d ynamique exportatrice fortetelle que celle observe dans de nombreux pays mergents,les parts de march du Maroc lexportation nont pas pro-gress depuis le dbut des annes 2000.

    Taxes nettes Secteur industriel Secteur agricole Secteur tertiaire

    Secteur manufacturier (chelle de droite)

    Dcomposition du PIB par secteur (en %)

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    Graphique 10

    100

    90

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    0

    19

    17

    15

    13

    11

    9

    7

    5

    3

    1

    1980 1985 1995 20101990 20052000

    Agriculture Industrie Services

    Contributions sectorielles la croissance du PIB

    (en points de PIB)

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    Graphique 11

    1980-1989 2000-20071990-1999 2008-2012

    3

    2

    1

    0

    -1

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    13/ Le mo d le de croi ss an ce ma rocain : op po rt un it s et vu ln rab il its /

    La faible comptitivit du secteur industriel marocain repr-sente une fragilit structurelle majeure, qui tient plusieursfacteurs :

    La structure des exportations marocaines rvle un manquede diversification et une spcialisation dans des produits

    faible valeur ajoute.En effet, les exportations marocainesrestent largement marques par la prdominance desproduits dits traditionnels : le textile, lagroalimentaire, les

    phosphates et produits drivs reprsentent toujoursplus de 60 % des exportations de marchandises en 2012(graphique 12). Sur ce plan, il convient toutefois de noter ledveloppement rcent de nouveaux secteurs (automobile,aronautique). En outre, les exportations marocainessont domines par les demi-produits et les produits finisde consommation qui reprsentent plus de la moiti desexportations totales [ 1 3 ].

    2 / Les enjeux du modle de croissance marocain : renforcer la diversification etla productivit pour assurer une croissance plus inclusive

    Contribution des branches dactivit la croissance du PIB (en points de croissance)Tableau 4

    Contribution la croissancedu PIB (en pointsde croissance)

    Contribution la croissancedu PIB (en pointsde croissance)

    Croissancemoyenne

    Croissancemoyenne

    Part(en % du PIB)

    Part(en % du PIB)

    Secteur primaire 14,2 4,5 0,8 15,3 8,3 1,1

    Agriculture, fort et pche 14,2 4,5 0,8 15,3 8,3 1,1

    Secteur secondaire 26,6 5,7 1 25,04 2,2 0,64

    Industries dextraction 2,2 5,0 0,1 1,9 2,5 0,04

    Industrie (hors raffinage de ptrole) 15 3,5 0,5 13,1 2,0 0,3

    Raffinage de ptroleet autres produits dnergie 0,2 6,0 -0,1 0,04 -12,5 0

    lectricit et eau 2,9 6,7 0,2 3,2 5,9 0,2

    Btiment et travaux publics 6,3 7,5 0,3 6,8 4,3 0,1

    Secteur tertiaire 59,2 5,8 3,3 58,2 4,5 2,84

    Commerce 11,6 3,4 0,4 10,7 2,9 0,3

    Htels et restaurants 1,9 4,1 0,1 1,8 1,6 0,04

    Transports 4,8 5,7 0,2 5 4,4 0,2

    Postes et tlcommunications 4,9 17,5 0,6 6,5 12,1 0,8

    Activits financires et assurance 5,5 5,3 0,6 5,3 3,5 0,2

    Immobil ier, locationet services rendus aux entreprises 11,2 6,3 0,6 11,7 2,8 0,4

    Autres services non financiers 1,7 2,8 0,1 1,5 1,0 0

    Administration publique gnraleet scurit sociale 8 3,0 0,3 7,7 5,7 0,5

    ducation, sant et action sociale 9,6 4,4 0,4 8 6,2 0,4

    Source : Haut-Commissariat au Plan ; calculs de lauteur.

    2008-20122000-2007

    [ 1 3] Les produits finis de consommation sont domins par les vtements confectionns (43 %) et les articles de bonneterie (17 %).

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    14/32

    14 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

    Les exportations marocaines demeurent concentres surlEurope, et en particulier la France (21 %) et lEspagne

    (17 %). Cette forte dpendance accentue la vulnrabilitdes exportations marocaines la conjoncture dans la zoneeuro. Toutefois, une hausse des exportations vers les payshors Union europenne sest amorce (Brsil, Inde, Afriquesubsaharienne).

    Lindisponibilit dintrants sur le march national freinelvolution de loffre exportable plus forte valeur ajouteet rode les avantages comparatifs du Maroc en termes de

    cots et de dlais. Lexemple de la faible intgration dusecteur du textile-habillement est difiant cet gard. Eneffet, la faiblesse de lamont de la filire a accentu la

    sous-traitance avec une part oscillant entre 50 et 70 % duchiffre daffaires global. De ce fait, les entreprises du secteurrecourent aux importations massives, notamment partirde lEspagne, de la France, de la Turquie et de la Chine.

    Les cots des facteurs (SMIG, nergie et transport) sontrelativement levs en comparaison internationale, notam-ment le cot de la main duvre[ 1 4 ]. Selon le rapportmondial sur les salaires de lOrganisation internationaledu travail (OIT) portant sur la priode 2010-2011, le salairemensuel minimum marocain exprim en parit de pouvoirdachat est suprieur celui en vigueur dans la plupart

    des pays de la rgion MENA, comme lAlgrie, la Jordanie,la Tunisie ou encore lgypte. Sur le plan international,le SMIG marocain dpasse, et de loin, celui de la Bulgarieet de la Roumanie, membres de lUnion europenne(graphique 13).

    La faible qualification des ressources humaines et linad-quation entre loffre et la demande de travail constituentun handicap majeur de la comptitivit du tissu productifmarocain et freinent le dveloppement de filires plusforte valeur ajoute.

    [14] Le SMIG marocain est de 12,64 DH/heure (1,12 Euro/heure). Selon la Banque centrale Bank Al-Maghrib, il a augment en moyenne denviron 6 % par an en termes

    rels depuis 1980.

    Salaire mensuel minimum (PPA USD)

    Source : BIT (2010), calculs de lauteur.

    Graphique 13

    400

    350

    300

    250

    200

    150

    100

    50

    0

    Maroc TunisieRoumanie Algrie Thalande Jordanie

    Exportations par secteurs en 2012(en % du total des exportations)

    Source : Office des changes, calculs de lauteur.

    Graphique 12

    Autres

    16,8 %

    Industriepharmaceutique

    0,5 %

    Automobile

    13,6 %

    lectronique

    3,8 %

    Aronautique

    3,6 %

    Phosphateset drivs

    26,2 %

    Agricultureet Agro-alimentaire

    17,7 %

    Textile et cuir

    17,9 %

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    15/ Le mo d le de croi ss an ce ma rocain : op po rt un it s et vu ln rab il its /

    Le deuxime point marquant concernant les volutionssectorielles en cours au Maroc tient la tertiarisation crois-

    sante de lconomie. ce titre, les bonnes performances dusecteur tertiaire relvent de deux dynamiques. Dune part,ladministration publique, lducation et la sant continuentde reprsenter environ un tiers de la croissance du secteurtertiaire. Dautre part, les branches des postes et tlcom-munications, et de limmobilier savrent galement prpon-drantes en termes de contribution la croissance (tableau 4).

    Ces volutions se retrouvent dans la rpartition de lemploi(tableau 5). Ainsi, la part des emplois dans le secteur primaireet lindustrie (except le secteur du BTP) a diminu au profitdu secteur des services.

    2. 2.2. Une productivit des facteurs en progrs

    Sur longue priode, le modle de croissance marocain

    repose avant tout sur un effort daccumulation des facteursde production, et en particulier du capital physique. En effet,sur la priode 1980-2010, laccumulation du capital et dufacteur travail explique lessentiel de la croissance du PIBrel marocain, 45 % et 40 %, respectivement. Ainsi, la produc-tivit globale des facteurs ne reprsente que 15 % de lacroissance (graphique 14). Toutefois, si la croissance marocaine

    2 / Les enjeux du modle de croissance marocain : renforcer la diversification etla productivit pour assurer une croissance plus inclusive

    Distribution de lemploi par secteurs(en % de lemploi total)

    Tableau 5

    20122000

    Agriculture, fort et pche 45,1 39,2

    Industrie (y compris artisanat) 13,4 11,5

    Btiments et travaux publi cs 6,2 9,9

    Commerce 12,6 13,2

    Transport, entrepts et communication 3,3 4,5

    Administration gnrale et services sociaux 10,4 10,2

    Autres activits de service 8,9 11,4

    Source : Haut-Commissariat au Plan ; calculs de lauteur.

    demeure principalement tire par laccumulation des fac-teurs, lacclration de croissance enregistre au cours des

    annes 2000 tient aux gains de productivit, plus prcisment la hausse de la productivit globale de s facteurs, qui mesurelefficacit avec laquelle les ressources conomiques sontemployes dans le processus de production et inclut leprogrs technologique.

    Disposer dune forte accumulation de capital via linvestis-sement intrieur et les IDE est une situation favorable, si lacroissance est plus que proportionnelle et si lemploi accom-pagne ce processus. La situation est en revanche plus dlicatesi laccumulation du capital nest pas suffisante, se traduitpar une forte substitution du capital au travail ou si elle estextensive et nengendre pas de croissance de la produc-tivit. Dans le cas le plus favorable tel quon lobserve danscertains pays mergents, l accumulation importante ducap ital (avec des taux dinvestissements qui avoisinent, voiredpassent, 30 % du P IB) saccompagne de croissances signi-f icatives de la p roductivit globale des facteurs. Cest lacombinaison de ces deux lments qui donne les niveauxde croissance ncessaires la convergence du PIB par tteavec les pays dvelopps (autour de 7 % par an ncessairesen Mditerrane) [ 1 5 ]. Nanmoins, la productivit est le fac-teur le plus dterminant dans le long terme. La quasi-totalit

    de la littrature conomique souligne, en effet, que les diff-rences de revenu par tte sur longue priode sexpliquentpour lessentiel par les diffrences de p roductivit.

    Au Maroc, laccumu lat ion du capi tal ne sacco mpagn e pasdune croissance suffisante de la productivit. En effet, laproductivit du travai l , mesure par le PIB produit paremploy, apparat beaucoup plus faible que dans les autrespays de la rgion (graphique 15). De manire gnrale, lecaractre l imit de la productivit globale des facteursreflte notamment linsuffisance des innovations. Selon leGlobal Innovation Index(GII) (Dutta et Lanvin, 2013) [ 1 6 ], le

    Maroc se situe la 92eplace sur 142 pays classs.

    [15] FMI (2013c).

    [16] Le GII tablit le classement de 142 pays partir dun nombre de critres importants (autour de 90 critres regroups en 5 domaines diffrents : le capital humain, lesinfrastructures, les institutions, le degr de sophistication des marchs, la sophistication dans la conduite des affaires) considrs soit comme des input s dans le processusdinnovation, soit comme des outputs ( le rsultat).

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    16 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

    2. 2. 3. Un retour sur investissement limit

    Le Maroc a enregistr une hausse significative du taux din-vestissement global, lequel est pass de 22 % du PIB enmoyenne au cours des annes 1990 plus de 30 % du PI Ben 2012 (graphique 16). Si linvestissement a contribu demanire notable la croissance au cours des annes 2000,le Maroc affiche un taux dinvestissement particulirementlev par rapport ses pairs rgionaux et la moyenneobserve dans les PRI (graphique 17). Or, ses performancesen matire de croissance sont modres par rapport lamoyenne observe dans les conomies mergentes et endveloppement. Ce dcalage invite sinterroger sur leffi-

    cience de linvestissement au Maroc.

    Source : FMI (2013).

    Capital Capital humain Travail Productivit globale des facteurs

    Dcomposition de la croissance marocaine(1980-2010)

    Graphique 14

    100

    80

    60

    40

    20

    0

    -20

    -40

    1980-2010 1990-19991980-1989 2000-2010

    Maroc PRI MENA gypte Tunisie

    PIB par employ (en USD constants 1990, PPA)

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    Graphique 15

    20 000

    18 000

    16 000

    14 000

    12 000

    10 000

    8 000

    6 000

    4 000

    2 000

    01991 1994 2000 20091997 20062003 2012

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    FBCF du secteur public FBCF du secteur priv

    Taux dinvestissement public et priv(en % du PIB)

    Graphique 16

    35

    30

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    1970 1975 19951985 20051980 20001990 2010

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    17/32

    17/ Le mo d le de croi ss an ce ma rocain : op po rt un it s et vu ln rab il its /

    Une premire explication rside dans lallocation des inves-tissements par secteur dactivit, dans la mesure o le secteurdu btiment et des travaux publics (BTP) est largementprdominant. Ainsi, les ressources alloues aux activits duBTP constituent plus de 50 % du volume global de linvestis-sement depuis le dbut des annes 2000. Or, une partie deces investissements est destine la construction de logementsdont leffet dentranement sur le reste de lconomie est assezlimit. En revanche, linvestissement destin au secteur indus-triel sinscrit, quant lui, la baisse, dans la mesure o ce secteurreprsente dsormais 38 % de linvestissement total contre43 % en 2008 [ 1 7 ].

    Une seconde explication rside dans la prsence de contraintesinstitutionnelles et rglementaires. Le Maroc nest pas parti-

    culirement bien class par les diffrents indicateurs de climatdes affaires. Ainsi, la Banque mondiale le positionne la 87 e

    place sur 189 pays dans son dernier rapport Doing Business,soit loin derrire la Tunisie (51) ou la Turquie (69). Quant auForum conomique mondial, il situe le Maroc la 77e placesur un total de 148 pays. Si les indicateurs utiliss par les deuxinstitutions diffrent quelque peu, ils mettent en exerguecertaines contraintes qui entravent le dveloppement dusecteur priv au Maroc, aux premiers rangs desquelles lescarences au niveau de ladministration et les problmes decorruption, les difficults daccs au foncier et les difficults

    en termes de transfert de proprit, les problmes daccsau crdit pour les PME, et linefficience du march du travailimputable notamment la faiblesse du capital humain. Enfin,les cots logistiques, estims prs de 20 % du PIB contre 15 %et 10 % respectivement pour les pays mergents et les paysdvelopps (Banque africaine de dveloppement, 2012),demeurent levs. Cette situation dcoule principalement :(i) dune offre de services logistiques peu performante (entermes de cot, de qualit et de dlais), (i i)de la faible dis-ponibilit dinfrastructures spcialises, et (iii)du manque desophistication des oprateurs du secteur (prs de 45 % desoprateurs appartenant au secteur informel).

    2 / Les enjeux du modle de croissance marocain : renforcer la diversification etla productivit pour assurer une croissance plus inclusive

    Source : Banque mondiale (WDI), calculs de lauteur.

    Comparaisons du taux dinvestissement auMaroc et dans diffrentes catgories de pays(Moyenne 2000-2012, en % du PIB)

    Graphique 17

    30

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    PRIMaroc Asie MENA

    [ 1 7 ] Les donnes sur la structure de linvestissement sont issues du Haut-Commissariat au Plan. Lagriculture et les services reprsentent 2 % et 7 % de linvestissementglobal, respectivement.

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    18 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

    3.1. Un taux dendettement public lev,malgr une structure de la dettefavorable

    Au cours de s an nes 20 00 , l t at a me n une po li ti qu e dedsendettement du secteur public qui lui a permis de ramenerla dette publique (hors dette extrieure des tablissementset entreprises publics [EEP]) de 68 % du PIB en 2000 47 % en2009 (graphique 18). Ltat disposait ainsi de marges demanuvre budgtaires avant le dclenchement de la crisefinancire internationale. Loption de maintenir les mesures desoutien aux facteurs internes de la demande a constitu unchoix de p olitique conomique stratgique visant amortirles consquences de la crise internationale. Par la suite, ce choixsest vu confirm lors du dclenchement des mouvements decontestation dans la rgion MENA. En effet, cette politiqueconstitue un facteur de stabilit politique et sociale au Maroc,notamment vi a l augmentation de diverses catgories dedp ens es p ubliques (cf. section 3.2). Toutefois, cinq ans aprsle dclenchement de la crise internationale, lorientation de lapolitique budgtaire pse sur le niveau dendettement public,qui avoisine 62 % du PIB en 2013. Ainsi, entre 2009 et 2013, ladette publique du gouvernement central a augment de prsde 15 points de pourcentage de PIB. En prenant en compte ladette des EEP et des collectivits locales, la dette du secteurpublic slverait 72 % du PIB en 2013, ce qui est relativement

    lev par rapport ce que lon observe en moyenne dans lespays mergents. Ainsi, si laugmentation du taux dendettementpublic ne menace pas ce stade la solvabilit de ltat marocain,laugmentation rapide de la dette publique doit faire lobjetdune attention particulire.

    Si le niveau lev dendettement public pourrait laissercraindre une hausse non matrise de la dette, la structurede cette dernire reste toutefois favorable. La dette du gou-

    vernement central libelle en monnaie nationale reprsenteles trois-quarts du stock de la dette publique. Ainsi, la detteextrieure du gouvernement central ne reprsente que 15 %du PIB. Toutefois , la dette extrieure du secteur publicdans son ensemble slve 25 % du PIB (graphique 18).Lvolution de la composition de la dette extrieure pardevises se caractrise par le renforcement de la part de ladette libelle en Euro (76 %) au dtriment de celle libelleen USD et en Yen (19 %), lobjectif tant dattnuer lexpo-sition au risque de change [ 1 8 ].

    3 / Finances publiques : une hausse des tauxdendettement alimente par le creusementdu dficit budgtaire

    [18] Le rgime de change marocain est un rgime de parit fixe avec un rattachement de la monnaie nationale, dans des marges de fluctuation infrieures +/- 0,6 % depart et dautre du taux central, un panier de monnaies (80 % Euro, 20 % USD).

    Source : Direction du Trsor et des finances extrieures, calculs delauteur.

    120

    100

    80

    60

    40

    20

    0

    Dette extrieure des tablissements et entreprises publics Dette extrieure du Trsor Dette intrieure du Trsor

    Taux dendettement public (en % du PIB)

    20011998 2004 2007 2010 2013

    Graphique 18

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    19/ Le mo d le de croi ss an ce ma rocain : op po rt un it s et vu ln rab il its /

    La politique dendettement extrieur du Trsor sarticuleautour de deux axes principaux : (i) le recours matris len-

    dettement extrieur en privilgiant les financements assortisde conditions financires concessionnelles pour le finan-cement de projets socio-conomiques et des programmesde rformes, et (ii) le recours prudent au march financierinternational pour attnuer la ponction du Trsor sur lesressources domestiques. Ainsi, 85 % de la dette extrieure estcontracte auprs des bailleurs multilatraux et bilatraux des conditions concessionnelles (graphique 19).

    3 / Finances publiques : une hausse des taux dendettement alimentepar le creusement du df icit budgtaire

    Structure de lendettement public extrieurpar crancier en 2012 (en % du total)

    Source : Direction du Trsor et des finances extrieures, calculs de lauteur.

    Graphique 19

    Bilatraux

    35 %

    Multilatraux

    49 %

    March financierinternational

    16 %

    Structure par maturit de la dette publiqueen 2013 (en % du total)

    Source : Direction du Trsor et des finances extrieures, calculs de lauteur.

    Graphique 20

    Court terme

    20 %

    Moyen terme

    39 %

    Long terme

    41 %

    La structure de lendettement public en termes de maturitet de taux demeure galement favorable. La dette de moyen-

    long terme, dont les maturits sont suprieures ou gales 5 ans, reprsente 80 % du total de la dette (graphique 20).Il convient toutefois de souligner la hausse rcente de ladette de court terme, dont la part est passe de 14 % en2011 20 % en 2013. Par ailleurs, lessentiel de la dette estassorti de taux dintrt fixes et le gouvernement continuede se financer des taux relativement satisfaisants (4,75 %pour les obligations du Trsor 5 ans). Le taux dintrt surla dette publique a toutefois augment au cours des cinqdernires annes : le taux moyen pondr annuel sur la detteintrieure du Trsor a ainsi augment de 75 points de base

    depuis 2009.

    Principales caractristiques de la dette publique intrieure et extrieure du TrsorTableau 6

    MaturitMoyenne

    Paiement dintrt(en % du PIB)

    Dette publique intrieure 407 4,8 % 2 % 4,2 ans

    Dette publique extrieure 122,5 3,3 % 0,4 % 9 ans

    Source : Direction du Trsor et des finances extrieures ; calculs de lauteur.

    Cot moyenapparent

    Montant nominal(Mds de DH)

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    20 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

    3.2. La politique budgtaire axe

    sur le soutien de la demande internea gnr une dgradation des financespubliques

    La rduction de lendettement public au cours des annes2000 rsulte la fois des bonnes performances du pays entermes de croissance conomique durant cette dcennie(cf. section 2), mais galement dun niveau relativementmodr du dficit public. La crise financire internationaleet les implications des soulvements dans le sillage du prin-temps arabe ont enray cette tendance. En effet, lampleur

    du dficit public na cess de crotre depuis 2009, pouratteindre 7,5 % du PIB en 2012. Ainsi, alors que le dficitbudgtaire tait de 3 % du PIB en moyenne au cours de lapriode 2000-2008, il stablit en moyenne 5,2 % depuis2009 (graphique 21). Parmi les diffrents facteurs daccrois-sement du taux dendettement public, la contribution dudficit budgtaire sest par consquent considrablementrenforce ces dernires annes.

    Deux volutions expliquent cette tendance. Dune part,alors quelles avaient considrablement augment jusquen2009, les recettes publiques, notamment les recettes fiscales,

    ont baiss en raison du ralentissement de la croissance etdes mesures de soutien lactivit mises en place par legouvernement. En effet, de nombreuses drogations conti-nuent marquer le systme fiscal marocain sous formedexonrations, abattements ou taux p rfrentiels. Ces dro-gations, appeles dpenses fiscales, reprsentent un enjeubudgtaire important dans la mesure o elles reprsententenviron 4 % du PIB. Dautre part, les dpenses publiques ontfortement progress depuis le dbut des annes 2000 pouratteindre 36 % du PIB en 2012 [19 ](graphique 21). En lien avecla politique de soutien aux facteurs internes de la demande,l ensemble des postes de dpense a cr au cours de ladernire dcennie. La pression a t particulirement forteen 2011 et 2012 quand le gouvernement, tout en poursui-vant son effort dinvestissement, a d grer la monte desrevendications sociales et la forte hausse des cours interna-tionaux du ptrole. Ainsi, lana lyse de la structure dtaille des

    dpenses publiques indique que ce sont surtout les dpensescourantes qui constituent un enjeu majeur pour le budget

    marocain. En particulier, la masse salariale et les dpenses desubventions aux produits de base (nergie et produits alimen-taires) ont vu leur poids saccrotre au cours des derniresannes pour atteindre respectivement 13 % et 6,6 % du PIBen 2012 (tableau 7). Ainsi, le Maroc affiche la masse salarialela plus leve de la rgion MENA (FMI, 2014). linverse, lesdpenses en capital accusent un certain recul depuis 2010.

    [19] y co mpr is les acqui siti ons nettes dact ifs non fin ancie rs, soit 4,3 % d u P IB e n 2 012 .

    Source : FMI (WEO) ; calculs de lauteur.

    Excution budgtaire (en % du PIB) Solde budgtaire (chelle de droite)

    Recettes (chelle de gauche) Dpenses (chelle de gauche)

    Graphique 21

    40

    35

    30

    25

    20

    15

    10

    20

    15

    10

    5

    0

    -5

    -10

    1990 1993 1996 1999 2002 201120082005

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    3 / Finances publiques : une hausse des taux dendettement alimentepar le creusement du df icit budgtaire

    Le niveau de dficit public ntant pas soutenable moyenterme, le gouvernement entend ramener ce dernier 3 %du PIB dici 2017 afin de stabiliser le niveau dendettementpublic 60 % du PIB.

    En 2013, le dficit budgtaire a t ramen 5,4 % du PIB.Sur le plan des recettes budgtaires, la d iminution des recettesfiscales a t en partie compense par la hausse significativedes dons dans le cadre du Partenariat de Deauville. Les paysdu Conseil de coopration du Golfe (CCG) se sont en effetengags accorder au Maroc des subventions hauteurde 5 mill iards de dollars sur 5 ans compter de 2012 [ 2 0 ].Paralllement, les dpenses publiques se sont inscrites labaisse en raison notamment de la rduction de prs de 2 pointsde pourcentage de PIB des dpenses de subventions. La

    baisse de ces der nires rsulte de la baisse des cours interna-tionaux du ptrole et des rformes mises en uvre depuis2012 pour limiter le poids de ces dpenses (cf. infra). Enfin,les autorits ont dcid de geler les crdits dinvestissementqui navaient pas encore t engags fin octobre dans lop-tique de ne pas dpasser lenveloppe annuelle dvolue auxdpenses dinvestissement.

    En vue de rduire le dficit public, le gouvernement entendpoursuivre les rformes engages afin de limiter les dpensespubliques. En particulier, le gouvernement a entam unerforme du systme de compensation. La hausse consquentede cette charge, l accumulation da rrirs et le recours lendettement pour le financement de cette dpense consti-tuent une source de vulnrabilit importante et rduisent

    Excution budgtaire du gouvernement central (en % du PIB)Tableau 7

    2013201220112010200920082007

    Recettes totales et dons 27,9 30,9 26,4 27,5 27,9 28,3 27,6

    Recettes fiscales 24,9 27,2 23,4 23,4 23,6 24,3 22,6

    Impts directs (sur le revenu, les bnfices et la proprit) 9,8 11,8 9,8 9,3 9,8 10,6 9,8

    Impts indirects (sur les biens et services B&S) 10,9 11,6 10,2 11,6 11,8 12,0 11,4

    Taxes sur le commerce extrieur 2,3 2,1 1,7 1,8 1,3 1,1 0,9

    Autres recettes fiscales 1,9 1,7 1,7 0,7 0,7 0,6 0,5

    Recettes non fiscales 2,5 2,3 2,5 3,9 4,1 3,9 4,0

    Dons 0,5 1,4 0,5 0,2 0,2 0,1 1,0

    Dpenses totales 28,8 30,9 29,5 32,0 34,6 35,8 33,0

    Dpenses courantes 24,2 25,4 23,2 23,8 27,5 29,1 27,3

    Salaires et pensions 10,7 10,2 10,3 11,6 12,4 13,1 12,8

    Biens et services et transferts 7,7 8,0 8,7 6,3 6,7 7,0 7,3

    Paiements dintrts 3,1 2,6 2,4 2,3 2,3 2,4 2,5

    Subventions 2,7 4,6 1,8 3,6 6,1 6,6 4,7

    Dpenses en capital et acquisition nette dactifs non financiers 4,6 5,5 6,3 8,2 7,1 6,7 5,7 Solde budgtaire global -0,9 0,0 -3,1 -4,5 -6,7 -7,5 -5,4

    Solde budgtaire hors dons -1,4 -1,4 -3 ,6 -4,7 -6,9 -7,6 -6,4

    Sources : Ministre de lconomie et des finances, FMI ; Calculs de lauteur.

    [20] Pour lheure, le Qatar na pas encore vers ses subventions.

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    hauteur de 6,65 Mds de DH qui devront tre apurs en2014. Ainsi, pour lh eure, le gouvernement ne parvient pas

    faire concider, sur une anne donne, les montants de com-pensation distribus par la Caisse et ceux inscrits dans la loide finances en dbut de chaque exercice budgtaire. Parailleurs, dautres postes de dpenses continuent de sinscrire la hausse. En particulier, selon la loi de finances initiale de2014, les charges de personnel devraient augmenter de 5,8 %et les dp enses relatives la dette publique intrieure de 60 %en raison de la hausse du remboursement du principal de ladette intrieure.

    Afin de renforcer les recettes budg tai res , un ensem ble de

    mesures ont t inscrites dans la loi de finances de 2014 : (i)lintroduction progressive de la taxation du revenu desgrandes exploitations agricoles [ 2 5 ] ; (ii) la rforme de la TVAqui comprend un largissement de lassiette (en supprimantcertaines exonrations) et la mise en place d un rgime deuxtaux ; (iii) des rformes de ladministration fiscale visant amliorer la collecte de limpt (allgement des obligationscomptables pour les contribuables soumis au rgime for-faitaire, obligation de la tl-dclaration et du tlpaiementpour les professions librales).

    ce stade, des incer tit udes demeurent quant la capacit

    du gouvernement atteindre son objectif visant ramenerle dficit budgtaire 3 % du PI B dici 2017. Non seulementle redressement de la croissance conomique marocainenest pas assur, car en partie corrl celui de la zone euro,mais surtout, la capacit mener bien la poursuite de larforme de la caisse de compensation et rduire le poidsde la masse salariale reste sujette caution au regard ducontexte social.

    considrablement les marges de manuvre en matiredinvestissement. En outre, les subventions lnergie (en

    particulier lessence) savrent rgressives dans le sens oelles bnficient davantage aux quintiles les plus riches de lapopulation [ 2 1 ]. En septembre 2013, un systme dindexationpartielle des prix de vente de lessence, du gasoil et du fuelindustriel a t mis en place [ 2 2 ]. Ce systme consiste rviserles prix de vente mensuellement, tous les 16 du mois, sur labase des moyennes mobiles des prix de reprise des deuxmois prcdents des produits concerns. L indexation esttoutefois l imite en ce sens que laugmentation des prixne pouvait dpasser un plafond que le gouvernement fixaitannuellement pour chaque produit soumis lindexation [ 2 3 ].

    Le 17 janvier 2014, le gouvernement a annonc avoir sup-prim totalement les subventions au prix du fuel industrielet de lessence [ 2 4 ]. Quant au gasoil, il continuera de suivre lemcanisme dindexation partielle mis en place en septembre2013 qui consiste oprer des rajustements des prix laconsommation ds que lincidence des variations sur les prixde vente dpasse 2,5 %. Toutefois, ltat continue de subven-tionner le gaz butane, le fuel industriel destin la productionde llectricit par lOffice national de llectricit et de leaupotable (ONEE), le sucre, certains produits destins auxprovinces sahariennes, et la farine nationale du bl tendre

    qui relve de lOffice national interprofessionnel des craleset lgumineuses (ONICL). Lensemble de ces produits repr-sente plus de 50 % de la charge de compensation. Ainsi, endpit du nouveau systme dindexation, et de la baisse descours, les dpenses au titre de la caisse de compensationdemeurent leves en 2013 (42,7 Mds de dirhams [DH], soitenviron 4,7 % du PI B, contre 40 budgts dans le projet de loide finances de 2013). En outre, ltat a accumul des arrirs

    3 / Finances publiques : une hausse des taux dendettement alimentepar le creusement du dficit budgtaire

    [21] Le gouvernement estime que seulement 9 % des subventions bnficient au quintile le plus pauvre contre 43 % pour le quintile le plus riche.[22] Le prcdent systme dindexation avait t supprim en 2000 en raison de lacclration de la hausse des cours internationaux des produits ptroliers. partir de

    2004, il a t procd intervalle rgulier des rpercussions partielles ad hocdes hausses des cours sur le prix de vente.[23] Pour lanne 2013 arrt N3-69-13, ces plafonds sont de 0,8 DH/L pour le Super, 2,6 pour le gasoil et 930 DH/T pour le fuel N2.[24] Les prix seront rviss le 1eret le 16 de chaque mois, conformment la structure des prix publie par le ministre de lnergie, des Mines, de lEau et de lEnvironnement,

    et linstar des autres produits ptroliers non soutenus.

    [25] La fiscalisation des exploitations agricoles se fera selon un calendrier progressif : compter de 2014, pour les exploitants qui ralisent un chiffre daffaires suprieurou gal 35 M DH, compter de 2016 p our un chiffre daffaires suprieur ou gal 20 M DH, compter de 2018 pour un chiffre daffaires suprieur ou gal 10 M DH.Les exploitations agricoles ralisant un chiffre daffaires annuel infrieur 5 M DH resteront exonres, ce qui reprsente les trois-quarts des exploitants agricoles du p ays.

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    4.1. Un creusement du dficit courantaliment par un dficit commercialstructurel

    Les comptes extrieurs du Maroc se sont dgrads au coursdes cinq dernires annes. Jusquen 2007, le Maroc affichait

    un dficit commercial qui tait compens par un excdentde la balance des services et des transferts courants [ 2 6 ](gra-phique 22). La crise financire internationale, qui a entranune contraction du solde de ces deux balances, a conduit ladgradation rapide du solde de la balance des paieme nts cou-rants, qui a atteint -10 % du PIB en 2012 contre un excdentmoyen de 2,4 % du PIB entre 2001 et 2007. Il faut remonter aumilieu des annes 1980 pour retrouver des dficits courantsdamplitude similaire.

    La nette dgradation du dficit commercial sexplique par lacombinaison de plusieurs facteurs. Du ct des importations,

    le pays a considrablement pti de lalourdissement de safacture ptrolire, principal poste dimportations (27 % desachats ltranger du pays en 2012). En pourcentage du PIB,les importations dnergie sont ainsi passes de 6 % enmoyenne sur la priode 2001-2007 10 % lors des cinqdernires annes. En outre, les nouvelles orientations depoli tique conomique adoptes depuis le dbut des annes2000 expliquent galement la forte hausse des importations.En effet, le soutien important aux facteurs internes de lademande (investissement et consommation) a entran uneaugmentation des importations de biens dquipement et de

    consommation.

    4 / Une dtrioration des comptes externeset des ratios de liquidit

    [26] La balance des transferts courants comprend notamment les flux de transferts de migrants.

    Balance courante Balance des revenusBalance commerciale Balance des transferts courants

    Balance des services

    Balance courante et dcomposition (en % du PIB)

    Source : FMI (IFS et WEO) ; calculs de lauteur.

    Graphique 22

    15

    10

    5

    0

    -5

    -10

    -15

    -20

    -25

    1980 1984 1992 2000 20081988 1996 2004 2012

    Taux de couverture Exportations de biens Importations de biens

    Exportations et importations (en % du PIB)Taux de couverture des importationspar les exportations (en %)

    Source : FMI (IFS et WEO) ; calculs de lauteur.

    Graphique 23

    100

    90

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

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    Paralllement, les exportations de biens ont t impactespar la baisse de la demande extrieure adresse au Maroc,

    manant pour lessentiel de lUnion europenne qui absorbeentre 50 et 60 % des exportations marocaines suivant lesannes. Toutefois, les contre-performances des exportationsmarocaines ne sont pas uniquement imputables laffaiblis-sement de la demande extrieure depuis 2008. En effet,les exportations stagnent depuis le dbut des annes 2000.La dprciation continue du taux de change effectif rel(graphique 24) suggre que cette tendance semble davantagelie au manque de comptitivit du secteur industriel marocainqu une survaluation du dirham (cf. section 2).

    Taux de change effectif relet taux de change nominal DH/Euro

    115

    110

    105

    100

    95

    00

    85

    0,105

    0,1

    0,095

    0,09

    0,085

    0,08

    1990 1993 1996 1998 2001 2009 201120062003

    Taux de change effectif rel (chelle de gauche)Taux de change DH/Euro (chelle de droite)

    Graphique 24

    Source : FMI (IFS) ; calculs de lauteur.

    Au total , les im po rt ati on s au gmenten t un ry th me pl ussoutenu que les exportations. Dans ce contexte, le taux de

    couverture des importations par les exportations rgressedepuis le dbut des annes 2000 (graphique 23) et le dficitcommercial sest considrablement aggrav pour stablir plus de 20 % du PIB en 2012.

    4.2. Une hausse du besoin de financementexterne dont la couverture reposedavantage sur des flux gnrateursde dette

    Le creusement du dficit courant implique une hausse dubesoin de financement externe (BFE) du Maroc. Ainsi, le BFEslve en moyenne 9 % du PIB depuis 2008, contre 2 % aucours de la priode 2003-2007 (tableau 8). En outre, la cou-verture du BFE sest galement modifie. Dune part, la partdes f lux gnrateurs de dette sest accrue. Ainsi depuis2008, lendettement public et priv contribue au finance-ment externe du pays hauteur de 60 %. Dautre part, tantdonn lampleur du BFE, la faiblesse des flux de financementexterne est devenue problmatique ce qui a entran unpuisement dans les rserves de change comme l i l lustrelvolution ngative de ces dernires en 2011 et 2012.

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    4 / Une dtrioration des comptes externes et des ratios de liquidit

    Toutefois, le Maroc nest pas expos aux sorties massives etbrutales de capitaux en raison de sa trs faible exposition auxflux de portefeuille, imputable aux contrles de capitauxtoujours en vigueur. En outre, les IDE ont sensiblement rebon-di depuis 2011, p our atteindre 3,1 % du PIB en 2013. Mme sicette hausse des IDE est relativiser dans la mesure o elletraduit un rattrapage, elle nen a pas moins permis dallger

    quelque peu la pression sur la balance des paiements. Deplus, les IDE semblent davantage destins que par le pass ausecteur industriel (graphique 25).

    Besoin de financement externe du Maroc (en % du PIB)Tableau 8

    2013p*2012201120102009200820072006200520042003

    (1) Dficit courant hors dons -2,8 -1,6 -1,3 -1,5 0,4 6,5 5,8 4,5 8,5 10,2 8,2

    (2) Amortissement de la dette externe publique 5,0 3,7 3,2 2,4 2,5 1,9 1,2 1,4 1,5 1,7 1,6

    A - Besoin de financement externe (BFE = 1+2) 2,2 2,1 1,8 0,9 2,9 8,4 7,0 5,9 10,0 11,9 9,8

    B - Couverture du besoin de financement externe(1+2+3) 6,2 6,3 6,7 5,9 6,9 7,6 7,7 7,7 8,0 8,9 11,7

    (1) Flux non gnrateurs de dette 5,6 3,7 4,0 4,0 3,9 4,3 3,0 1,8 3,1 3,5 5,0

    a. IDE 4,6 1,6 2,7 3,0 2,5 2,3 1,7 0,8 2,4 2,6 3,1

    b. Flux de portefeuille 0,0 1,1 0,2 -0,5 -0,1 -0,1 0,0 0,1 -0,2 0,0 0,1

    c. Dons 0,2 0,2 0,3 0,5 0,4 1,3 0,4 0,2 0,3 0,2 1,0

    d. Autres 0,8 0,9 0,8 0,9 1,1 0,9 0,9 0,7 0,6 0,7 0,8

    (2) Flux gnrateurs de dette 1,2 3,2 3,4 2,7 2,9 3,8 5,4 6,4 5,0 5,6 6,8

    a. Dette publique long terme (LT) 2,8 1,6 2,9 2,9 3,6 3,3 3,9 4,2 3,2 4,6 4,9

    b. Dette prive LT -1,6 1,6 0,5 -0,2 -0,7 0,6 1,5 2,2 1,8 1,0 1,9

    (3) Erreurs et omisions (nettes)et dette de court terme -0,6 -0,5 -0,7 -0,8 0,1 -0,6 -0,7 -0,4 -0,2 -0,2 0,0

    C- Variation des rserves (- augmentation) -3,2 -3,3 -4,0 -4,1 -2,9 1,7 0,2 -1,3 2,6 3,6 -1,1

    2013p*: projectionsSource : FMI (Article IV), calculs de lauteur.

    2012* : estimationsSource : Office des changes ; calculs de lauteur.

    Rpartition sectorielle des IDE entrants(en % du total)

    Graphique 25

    Industrie Immobilier nergie et mines Holding Banque Tourisme Commerce Autres Services Grands Travaux Transports tudes Agriculture Assurances Pche Tlcommunications Divers

    10090

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    0

    2008 2009 2010 2011 2012*

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    26 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

    4.3. Une dgradation des indicateurs

    de liquidit extrieure l a fave ur du ne rduction importante de l a dette extrieu reau dbut des annes 2000, le Maroc a bnfici dune margede manuvre significative pour absorber la conjonction deschocs que lconomie a subie depuis 2008. Ainsi, bien quenforte augmentation, la dette extrieure totale demeure cestade modre (35 % du PIB), voire faible pour le secteurpriv (9 % du PIB) (graphique 26). En outre, le profil de ladette extrieure demeure favorable. Si la dette de courtterme a eu tendance augmenter depuis 2010, el le nereprsentait que 12 % du stock total de la dette extrieure

    et 24 % des rserves de change en 2012, ce qui limite lerisque de refinancement (graphique 27).

    Si la solvabilit externe de lconomie marocaine nest pasmenace, il convient de suivre le niveau de liquidit externe

    qui sest notablement dgrad depuis 2008. Alors que lesrserves de change couvraient 8 mois dimportations audbut de lanne 2009, cette couverture sest contracte 4,2 mois dimportations en dcembre 2013 (graphique 28).En valeur, les rserves de change ont connu une baisse de 25 %depuis le dbut de lanne 2011. Ainsi, si le niveau des ratiosde liquidit demeure satisfaisant ce stade, le rythme deleur dgradation a t particulirement rapide. La situation duMaroc en termes de liquidit savre dornavant relativementplus fragile que ce que lon observe dans de nombreux paysmergents, alors mme que le Maroc a un rgime de change

    fixe (graphique 29). Or, ce type de rgime de change requiertun niveau de rserves extrieures plus leves (FMI, 2013 d).

    Dette prive extrieure Dette publique extrieure

    Dette extrieure publique et prive (en % du PIB)

    Source : Banque mondiale (WDI) et Office des changes ; calculs de lauteur.

    Graphique 26

    90

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    0

    1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

    Dette de court terme (en % du total) Dette de court terme (en % des rserves) Dette de court terme (en % des exportations)

    volutions des indicateurs sur la dettede court terme

    Source : Banque mondiale (WDI et GDF) ; calculs de lauteur.

    Graphique 27

    2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

    25

    20

    15

    10

    5

    0

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    27/ Le mo d le de croi ss an ce ma rocain : op po rt un it s et vu ln rab il its /

    Pour modrer la crainte des partenaires financiers du Maroc,

    le gouvernement a sign un accord de deux ans avec le FMIen aot 2012 permettant daccder rapidement des res-sources en devises. Cette ligne de prcaution et de liqui-dit [ 2 7 ], q ui a t re nouvele e n 2014, slve 6 ,2 mi lli ardsde dollars, soit lquivalent denviron 36 % du niveau actueldes rserves de change. Cet accord constitue une assurancesolide contre le risque de crise de balance des paiements.Cela a permis damliorer la confiance des investisseurstrangers, comme latteste la baisse des primes de risqueexiges sur les titres souverains depuis lannonce de cetaccord. Ces dernires restent nanmoins bien plus leves

    quen 2010 (graphique 30).

    4 / Une dtrioration des comptes externes et des ratios de liquidit

    [27] Suite la crise financire internationale, le FMI a mis en place la ligne de prcaution et de liquidit (LPL), qui a remplac la ligne de crdit de prcaution (LCP). La LPL

    est conue pour rpondre de faon souple aux besoins de liquidit des pays membres dont lconomie est solide, mais qui restent exposs certains facteurs devulnrabilit les empchant davoir recours la ligne de crdit modulable (LCM). A lheure actuelle, seuls le Maroc et la Macdoine ont eu recours la LPL.

    Source : FMI (IFS) ; calculs de lauteur.

    Rserves officielles de change(en Mds USD et en mois dimportations)

    En mds USD (chelle de gauche)En mois dimports (chelle de droite)

    Graphique 28

    35

    30

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    12

    10

    8

    6

    4

    2

    0

    2006 2007 2008 2009 2010 201320122011

    Source : FMI (IFS) ; calculs de lauteur.

    Rserves de change (en mois dimports)

    Comparaisons du niveau de liquidit externeavec plusieurs PRI (dcembre 2013)

    Graphique 29

    14

    12

    10

    8

    6

    4

    2

    0

    Maroc Ind

    e

    Colom

    bie Brsil

    Philip

    pines

    Afriqu

    e

    duSud

    Rgimede change

    fixe

    Source : Reuters ; calculs de lauteur.

    Credit Default Swap (CDS) 5 ans

    (en points de base)

    Graphique 30

    550

    450

    350

    250

    150

    50

    -50

    2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

    AccordFMI

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    28 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

    Ap rs de ux d cenn ies ma rq ues pa r un e cro is sa nce fa ib leet erratique, le Maroc a franchi un palier de croissance audbut des annes 2000. Le renforcement du rythme et de lastabilit de la croissance marocaine tient deux lmentsessentiels. Dune part, le Maroc a bnfici du dynamismede lconomie mondiale au cours des annes 2000 via uneforte croissance des IDE, des transferts de migrants et le d-veloppement du tourisme. Dautre part, ltat sest engag

    dans une politique de soutien actif la consommation desmnages et linvestissement. Cette volution de la politiquecon omi qu e , as s oc i e au dv e l oppemen t du s ect eu rfi na ncier, sest traduite par une rorientation du modle decroissance marocain vers la composante domestique de lademande. Depuis 2008, les performances conomiques dupays sont toutefois mises mal par une srie de chocs(c ri se financire internationale, hausse des cours du ptrole,instabilit politique rgionale, crise europenne).

    Si lconomie marocaine sest montre relativement rsiliente,les chocs extrieurs rptition ont rvl les vulnrabilits

    internes au pays. En particul ier, le modle de croissancemarocain montre plus ieurs s ignes dessouff lement etcertaines contraintes structurel les risquent de pe ser surl avnement dune croissance plus robuste et inclusivepermettant notamment de rsorber les dsquilibres quicaractrisent le march du travail. En premier lieu, la trans-formation structurelle de lconomie marocaine, marquepar une tertiarisation relativement rapide, traduit les fai-blesses du secteur industriel et le manque de comptitivitdu secteur exportateur manufacturier marocain. En secondlieu, le modle de croissance repose essentiellement sur uneffort daccumulation du capital. Pour relever le potentiel decroissance au niveau considr comme ncessaire pourendiguer le chmage ( savoir 6 %), lamlioration de la pro-ductivit est indispensable, ce qui implique notamment unerorientation des investissements vers des secteurs plusforte valeur ajoute, le dveloppement des innovations etlamlioration du climat des affaires.

    Paralllement, la politique de soutien aux facteurs internesde la demande a contribu accentuer les dsquilibresmacroconomiques. Maintenir les investissements publics etla consommation intrieure des niveaux levs a entranle creusement du dficit budgtaire, gnrant une haussede lendettement public qui a atteint 72 % du PIB en 2013,soit un niveau lev en comparaison internationale. Lasolvabilit de Ltat nest toutefois pas menace ce stade

    grce un profil dendettement qui demeure favorable. Lesquilibres extrieurs se sont galement dtriors. La haussedu dficit commercial a accentu le dficit de la balancecourante. La progression rapide du besoin de financementexterne de l conomie marocaine sest traduite par uneaugmentation de la dette extrieure et une dgradation desratios de liquidit externes.

    Rsorber les dsquil ibres macroconomiques tout enamliorant le potentiel de croissance de lconomie consti-tue un dfi majeur pour les autorits marocaines. Dans uncontexte o les marges de manuvre se sont considrable-

    ment amoindries, un rglage fin de la politique conomiqueapparat indispensable pour concilier une stratgie de soutien la croissance et un objectif de rtablissement des qui-libres macroconomiques tout en veillant la stabilit sociale.Deux principaux scnarios sont envisageables. Le premierconsisterait modrer la demande intrieure, ce qui risqueraitdengendrer une hausse des tensions sociales. Le secondscnario viserait un rquilibrage du modle de croissanceconsistant dvelopper loffre grce lamlioration de laproductivit et de la comptitivit.

    Conclusion

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    / Le mo d le de croi ss an ce ma rocain : op po rt un it s et vu ln rab il its / 29

    B&S Biens et services

    BF E Besoin de financement externe

    BTP Btiment et travaux public s

    CCG Conseil de coopration du Golfe

    CDS Credit Default Swap

    CT Court terme

    DH Dirham

    EEP Etablissements et entreprises publics

    FEMIP Facilit euro-mdi terranennedinvestissement et de partenariat

    FEMISE Forum euro-mditerranen des Institutsen Sciences conomiques

    FM I Fond montai re international

    GA Glissement annuel

    GII Global Innovation Index

    IDE Investissement direct tranger

    IDH Indice de dveloppement humain

    LCM Ligne de crdit modulable

    LCP Ligne de crdit de prcaution

    LPL Ligne de prcaution et de liquidit

    LT Long terme

    M Million

    Md Milliard

    MENA Middle East and North Africa

    OI T Organisation internationale du travail

    ONEE Office national de llectricit et de leau potable

    ONICL Office national interprofessionnel des crales

    et lgumineusesPAS Programme dajustement structurel

    PI B Produit intrieur brut

    PM E Petites et moyennes entreprises

    PMV Plan Maroc Vert

    PNUD Programme des Nations uniespour le dveloppement

    PPA Parit de pouvoir dachat

    PRI Pays revenu intermdia ire

    PRITI Pays revenu intermdia ire (tranche infrieure)

    ROE Return On Equity

    SMIG Salaire minimum interprofessionnel garanti

    USD Dollar amricain

    WD I World Development Indicators

    WE O World Economic Outlook

    Liste des sigles et abrviations

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    30 AFD/ Macroconomie &Dveloppement / Juin 2014

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    Conceptionetralisation:Ferrari/Corporate

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