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Enquête PIRLS décryptage Le ministre avance seul actu Aldebert “Enfantillages” l , interview fenêtres s/ cours 18 janvier 2018 / Numéro 443 Le journal du SNUipp-FSU Les effectifs, ça compte

18 janvier 2018 / Numéro 443 s/ cours...Aldebert : les premières ... geur : chorale le jour de la rentrée, dé-cret signé à la hâte pour permettre le retour à quatre jours et

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Enquête PIRLS

décryptage

Le ministre avance seul

actu

Aldebert “Enfantillages”

l,interview

fenêtres s/ cours

18 janvier 2018 / Numéro 443

Le journal du SNUipp-FSU

Les effectifs,ça compte

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Une nouvelle année commence.Pour elle, Fenêtres sur cours s’habille de neuf, nouveau format, nouvelle concep-tion sans en rabattre sur l’actualité syn-dicale et nos revendications. Dans ce numéro, on parle effectifs, parce que trop c’est trop ! Abaisser les effectifs en éducation prioritaire c’est bien, mais le faire aux dépends des « maîtres en plus »

ou de toutes les autres classes qui ont aussi des élèves fragiles, du remplacement ou des RASED, c’est nette-ment moins bien ! On ne peut pas répondre aux mutat ions de l’école d’aujourd’hui avec plus de 25 élèves par classe. En 2018, on pourrait bien nous trouver la formule magique, un peu de neurosciences

par-là, un neuro psychiatre par-ci, et hop ! Mais nos élèves ne sont pas issus des laboratoires et si l’apport des sciences cognitives n’est pas à négliger, c’est l’ar-ticulation entre la recherche, le terrain et des politiques éducatives ambitieuses qui permettra la réussite de tous nos élèves, comme nous l’avons rappelé avec 56 chercheurs.Que cette année nous garde en bonne santé car qui est malade, est puni avec le jour de carence. Une des raisons pour lesquelles le SNUipp-FSU va vous en-trainer dans une campagne pour récla-mer une vraie médecine de prévention. Bref, une année qui ne manquera pas de rythme et qui nous demandera de ne pas baisser les bras.Je vous souhaite une bonne année atti-tude qui conjuguera nos forces, nos énergies, pour faire ensemble de la place à nos rêves. FRANCETTE POPINEAU

3sommaire

editorial

La bonne année attitude

ON NE PEUT PAS RÉPONDRE AUX MUTATIONS DE L’ÉCOLE D’AUJOUR D’HUI AVEC PLUS DE 25 ÉLÈVES PAR CLASSE

dossier

Les effectifs, ça compte

Les émotions dans les livres

30lire/sortir!

Aldebert : les premières chansons d’« Enfantillages »

34interview

Moins d’élèves par classe pour réduire les inégalités scolaires / 16 Petites classes : un plus ; Nice : faire avec en maternelle / 18 Guidel : tout est plus compliqué / 19 « L’influence est d’autant plus forte que les enfants sont jeunes »

22métier&pratiquesDécryptage : enquête PIRLS / 26 Reportage : parcours santé à Woippy / 28 Portrait d’un maître+ / 29 Questions-Réponses / 29 Lu dans le BO

FENÊTRES SUR COURS DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Régis Metzger RÉDACTION : Francis Barbe, Laurent Bernardi, Mathilde Blanchard,

Laurence Gaiffe, Pierre Magnetto, Arnaud Malaisé, Philippe Miquel, Jacques Mucchielli, Francette Popineau, Virginie Solunto CONCEPTION-RÉALISATION : NAJA www.naja.paris / éditoriale : NAJApresse, graphique : Susanna Shannon pour NAJA IMPRESSION : SIEP Bois-le-Roi RÉGIE PUBLICITÉ : Mistral Media, 12 rue Lafayette 75015 Paris, Tél. : 01 40 02 99 00 PRIX DU NUMÉRO : 1 euro ABONNEMENT : 23 eurosISSN 1241 0497 / CPPAP 0420 S 07284. Adhérent du syndicat de la presse sociale

6actu

5l,enfant3 millions d’enfants pauvres

Le ministre avance tout seul / 9 Dotations académiques : pas assez de postes à répartir / 9 Trois questions : la laïcité en débat

32société

Migrants : le gouvernements’enferreDeux circulaires suscitent la colère des associations.

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AP FENETRE SUR COURS_200x270.indd 1 11/01/2018 11:44

Joint à ce numéro, un flyer Université d e p r i n t e m p s adressé aux ensei-gnants des acadé-mies de Lyon et Grenoble.

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  Pour changer l’école et la société.

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Trois millions d’enfants pauvresÀ l’occasion de la « Journée mondiale du refus de la misère » d’octobre dernier, Emmanuel Macron a annoncé une nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants. Car la situation en France est effectivement inquiétante quand trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté… soit un enfant sur cinq. Avec ce « score », la France se situe dans une peu enviable moyenne des

pays riches relevée par l’UNICEF dans un bilan publié en juin. La France est à la 15e position concernant l’objectif 1 que l’organisation s’est fixé : mettre fin à la pauvreté des enfants, l’une des causes premières de déscolarisation.

UN PLAN DE PLUS ?Le plan pluriannuel 2015-2017 de lutte contre la pauvreté du précédent gouvernement, dont l’un

des axes était la scolarisation à deux ans, n’a pas apporté de gros progrès. Olivier Noblecourt, récemment

nommé délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la

pauvreté des enfants et des jeunes, a expliqué vouloir aller « plus loin » et étudier les moyens d’éradiquer ce phénomène. Dans un premier temps, une concertation de six mois

sera organisé avec les acteurs de terrain et un espace internet dédié pour permettre à tous les citoyens de participer à la réflexion. Le Président l’a annoncé, la prévention et l’éducation seront des axes importants de cette lutte. Le plan promeut par exemple le développement de solutions de garde collective et l’accueil en crèche des enfants des familles défavorisées.

UNE APPROCHE GLOBALELe milieu social et les conditions de vie affectent les résultats scolaires et la difficulté du système éducatif français à corriger cette tendance, doit être au cœur des réponses à trouver pour l’école. Comme le souligne Louis Maurin de l’Observatoire des inégalités : « Il n’y a pas d’enfants pauvres, il n’y a que des enfants de parents pauvres » et c’est bien une politique globale de lutte contre la pauvreté qui doit être menée. Quelques pistes ont été évoquées par la ministre Agnès Buzyn, comme la lutte contre le non-recours aux aides sociales ou l’accompagnement des jeunes adultes issus de l’aide sociale ou sortant du système scolaire sans formation ni diplôme. Mais avec quels moyens ? Pour l’instant, les mesures d’urgence pour lutter contre les drames de la grande pauvreté dont les enfants sont aussi les victimes en ce début d’hiver n’ont pas été au rendez-vous. VIRGINE SOLUNTO

UN NOUVEAU PLAN AUX CONTOURS INCERTAINS

LA LOI ÉGALITÉ ET CITOYENNETÉ de janvier 2017 qui garantit l’accès à la cantine pour tous les enfants scolarisés a bien du mal à être appliquée.

l,enfantPOLLUTION. Un rapport de l’UNICEF alerte sur les dangers posés par la pollution atmosphérique sur les fonctions cérébrales en développement des bébés. L’Asie est particulièrement touchée.

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lNeuf mois après l’entrée en fonction de Jean-Michel Blanquer à l’Éducation na-tionale, les enseignants ont peu de mo-tifs de satisfaction au vu des premières mesures et de l’empilement des déclara-tions d’un ministre dont la politique édu-cative avance masquée et dont le princi-pal objectif semble être de conquérir l’opinion publique. La montagne n’a ac-couché pour l’instant que d’un petit ron-geur : chorale le jour de la rentrée, dé-cret signé à la hâte pour permettre le retour à quatre jours et possibilité de recourir au redoublement, mise en place des CP à 12 dans les REP +. Des disposi-tions loin d’être à la hauteur des enjeux éducatifs au moment où les évaluations internationales pointent à nouveau les difficultés du système éducatif français

JOUR DE CARENCE : LE RETOUR. L’application du jour de carence dans la Fonction publique est de nouveau une réalité depuis le 1er janvier 2018.

Les agents publics (fonctionnaires et contractuels) ne seront donc désormais rémunérés qu’à compter du deuxième jour de leur arrêt maladie. Le retour de cette

mesure apparaît comme une punition pour des fonctionnaires à nouveau touchés dans leur pouvoir d’achat. Rappelons que dans le privé, 64 % des salariés,

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actu(voir p. 22-23), où les conditions de tra-vail des enseignants se durcissent, où la priorité au primaire est en panne avec des inégalités sociales que l’école est impuissante à combattre seule… Le mi-nistre veut se donner l’image de la mo-dernité en s’appuyant sur les neuros-ciences et « en même temps » multiplie les appels du pied médiatiques aux milieux conservateurs en évoquant le retour aux fondamentaux, la dictée quotidienne, la promotion des méthodes et des manuels qui « marchent »…

L’INSTALLATION D’UN CONSEIL SCIENTIFIQUEC’est dans cet esprit que vient d’être installé le 10 janiver dernier, un conseil scientifique dirigé par le neuro-biolo-

LA MATERNELLE DANS LE VISEUR. Le ministre confie une mission à Boris Cyrulnik.

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7relevant majoritairement des entreprises de plus de 250 salariés, voient leurs jours de carence couverts par des accords d’entreprise. Le SNUipp et la

FSU continuent à dénoncer cette disposition injuste et inefficace. Ils en feront l’un des enjeux des mobilisations du mois de mars sur le salaire des fonctionnaires.

giste Stanislas Dehaenne censé mon-trer le bon chemin pédagogique à des enseignants forcément perdus. Même objectif avec l’organisation d’« Assises de la maternelle » et la création d’une mis-sion confiée à Boris Cyrulnik avec pour objectif de faire de la maternelle « l’école de l’épanouissement et du langage ». Pas question de remettre en cause les com-pétences du neuropsychiatre mais il est loin d’être un spécialiste des apprentis-sages. Sa nomination sonne à nouveau comme un désaveu des chercheurs en sciences de l’éducation et les ensei-gnants. Ces derniers sont les grands oubliés des neuf premiers mois de J.M. Blanquer comme le souligne Dominique Bucheton (voir ci-contre). Comme l’en-semble des fonctionnaires, ils subissent

le report des mesures PPCR, le gel du point d’indice. Côté métier, toujours rien sur la formation, sur l’accompagne-ment pédagogique… Celles et ceux qui font l’école tous les jours cherchent dé-sespérément le soutien de leur ministre. Les opérations de carte scolaire qui s’enclenchent dans la période en consti-tuent une nouvelle illustration (voir p. 9). Les créations de postes ne permettront même pas de financer la « mesure-phare » des CP à 12 et les comités tech-niques départementaux vont devoir à nouveau gérer la pénurie et se résoudre à des redéploiements. Dans ce contexte tendu, l’action des élus du SNUipp-FSU sera essentielle tout comme la cam-pagne lancée par le syndicat : « Pas plus de 25 élèves par classe ! ». PHILIPPE MIQUEL

opinion

actu

DOMINIQUE BUCHETON, PROFESSEURE DES UNIVERSITÉS À MONTPELLIER. Comment s’y prend le ministre ? Première stratégie : un discours populiste où

abondent les contre-vérités. Un exemple : les évaluations en lecture sont mauvaises ? La faute aux méthodes de

lecture qui ne travaillent plus la syllabe en CP ! Donc aux enseignants et aux pédagogues ! Fake news : 87 % des enfants qui sortent de CP maîtrisent le principe alphabétique et même commencent à acquérir pour 28 % d’entre eux les premières règles d’orthographe. L’autre stratégie : diviser, déstabiliser les enseignants. Il s’agit, pas à pas, de démolir les réformes de 2015 qui ont pourtant force de loi. Par exemple, l’oubli fâcheux de la notion de cycle, la fausse querelle sur le redoublement, les critiques sur l’école maternelle. On comprend mieux pourquoi les termes « formation », « accompagnement des enseignants » sont absents du discours du ministre. Il suffit de préconiser d’en haut les bonnes pratiques, de donner une journée ou deux aux enseignants pour apprendre à se servir de ces « outils » et roule carrosse. Les enseignants deviennent des techniciens de surface qu’on évaluera à l’aune de la réussite de la bonne application du protocole. Quel mépris pour l’institution, quel mépris pour les enseignants. On est tombé bien bas. »

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Lot-et-Garonne. Pour une éducation prioritaire

Grève à la Réunion

À Agen, le SNUipp-FSU et les équipes de quatre écoles situées dans le quartier défavorisé de Montanou continuent de demander leur classement en REP bien que n’étant plus rattachées à un collège lui-même en éducation prioritaire. À l’appui de leur demande, les enseignantes de ces écoles dites « orphelines » et les représentants du syndicat ont constitué un volumineux argumentaire brossant le tableau précis

L’intersyndicale du 1er degré, dont le SNUipp-FSU de la Réunion, a déposé un préavis de grève pour le 29 janvier, jour de la rentrée dans l’île, pour protester contre la suppression des emplois d’aide à la direction

d’école. Une situation particulièrement difficile dans un département où les écoles ont la taille d’un mini collège mais sans les personnels administratifs qui vont avec. F.B.

d’une situation difficile. Taux comparés de pauvreté des familles, nombre d’enfants allophones, statistiques des résultats scolaires, des prises en charge Rased, des remontées d’incidents, de l’absentéisme… Le dossier est solide, reste maintenant à convaincre les pouvoirs publics du bien-fondé de la démarche et les entrevues s’enchaînent. La municipalité, tout comme

le Conseil départemental semblent convaincus et apportent leur soutien. Autre son de cloche en revanche du côté du Dasen pour qui la rediscussion de la carte de l’éducation prioritaire n’est pas à l’agenda. « Nous avons joué jusqu’ici la carte de la concertation », prévient Sandrine Tastayre du SNUipp. « Notre demande est justifiée et si elle n’est pas entendue, nous irons plus loin. » F.B.

lu/vu SUR SNUIPP.FRSalaires… encore un effort

Les syndicats de la Fonction publique, dont la FSU, le demandaient, le secrétaire d’État Olivier Dussopt ne l’a pas exclu le 9 janvier : le rendez-vous salarial prévu en octobre 2018 pourrait être avancé. Ce léger bougé répond au courrier de huit des neuf organisations syndicales représentatives envoyé le 15 décembre à Bercy. Elles réclamaient en effet une ouverture rapide des discussions autour d’une augmentation réelle des salaires pour tous les agents après les coups

portés tels le gel du point d’indice, le rétablissement de la journée de carence ou encore l’augmentation de la CSG. Les

fédérations se retrouvent le 22 janvier et la FSU porte une mobilisation pour le début du printemps. L.G.

LA CARTE SCOLAIRE AU MENU. La répartition des dotations académiques dans les départements sera arrêtée courant janvier. Avec elle, débutent les opérations de carte scolaire qui risquent de se révéler particulièrement tendues au vu d’un nombre de créations de postes qui ne peut répondre à la mesure de dédoublement et aux besoins de l’école (voir ci-contre). Le SNUipp-FSU et ses élus se tiennent prêts, dans chaque département, à défendre l’ensemble des écoles, notamment celles menacées par des fermetures de classes ou qui demandent des ouvertures. Pour cela, tous les éléments quantitatifs et qualitatifs leur serviront à argumenter dans les instances de concertation. Le syndicat se mobilise donc pour recenser les informations issues du terrain : déplacements dans les écoles, mails, permanences téléphoniques et un site internet dédié (e-carte scolaire). Il invite dès à présent enseignantes et enseignants à se saisir de ces outils pour défendre avec efficacité la situation de chaque école et le nécessaire abaissement des effectifs. RUBRIQUE

ACTUALITÉ/MÉTIER/ÉCOLE

Marseille : les écoles délabrées au calendrier Le « plan Marshall » d’un milliard d’euros annoncé par le maire de Marseille pour la rénovation de 31 écoles sur les 441 que compte la ville ne convainc pas. Outre les inquiétudes liées à son coût du fait du partenariat public-privé engagé, les parents

d’élèves s’insurgent contre l’état de délabrement de l’ensemble du parc faute d’entretien régulier. Ils ont réalisé un calendrier adressé aux élus qui présente mois par mois la vétusté d’une d’entre elles, située dans les quartiers nord. F.B.

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9actu

LA LAÏCITÉ EN DÉBAT Jean-Paul Delahaye, vice-président de la Ligue de l’enseignement en charge de la question laïque

TROIS ANS APRÈS CHARLIE,

QUELLES QUESTIONS SE POSENT AUJOURD’HUI ?Aucun continent n’est épargné. En France, la tuerie de janvier 2015 a été suivie de plusieurs autres. Nos valeurs et la laïcité sont attaquées. Notre pays est resté uni et les assassins ne briseront pas notre démocratie. Mais pour promouvoir la laïcité il faut éviter qu’elle ne soit instrumentalisée pour exploiter les crispations, pour masquer un combat contre les religions ou un racisme inavoué, ou sauvegarder une identité fantasmée et réaction naire de la France. Et la question laïque ne doit pas être agitée pour faire diversion, pour éviter de poser la question sociale. Nous avons besoin d’une pédagogie de la laïcité, la Ligue de l’enseignement compte bien y prendre toute sa part.

QUEL PEUT-ÊTRE LE

RÔLE DU COMITÉ DES SAGES MIS EN PLACE PAR LE MINISTRE ? Un nouvel élan a été donné depuis plusieurs années avec la Charte de la laïcité à l’Ecole en

1.

2.

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2013, les nouveaux programmes de 2015 et un enseignement moral et civique mis en œuvre de l’école au lycée. De multiples formations ont été et sont organisées depuis 2015 et des référents laïcité sont actifs dans les académies. Le « Comité des sages » peut donc renforcer les aides concrètes dont les enseignants ont besoin mais on attend bien sûr de connaître ses attributions officielles.

QUELLES SONT LES QUESTIONS

SENSIBLES POUR L’ÉCOLE ?Toutes les questions sont sensibles à l’école primaire car c’est là que tout commence et que l’élève apprend les règles de vie fondées sur des valeurs essentielles, comme par exemple la liberté de conscience ou l’égalité entre les individus. C’est à l’école que le futur citoyen s’instruit et que les personnalités se forgent. N’oublions pas que l’acte fondateur de la laïcité en 1882 est précisément la séparation à l’école primaire des programmes scolaires de l’enseigne ment religieux. C’est à l’école que l’on commence à apprendre, je cite Jules Ferry, à distinguer les « croyances, qui sont personnelles, libres et variables, et les connais sances, qui sont communes et indispensables à tous ». C’est un travail particuliè rement délicat et il faut tout le professionnalisme des enseignants pour y parvenir. PROPOS

RECUEILLIS PAR F.B.

3 questions

La répartition académie par académie des 3 880 postes créés pour la rentrée 2018 a été arrêtée. Modulée en fonction du nombre de CP à dédoubler en REP et de CE1 en REP+, la dotation ne permettra pas de remplir cet objectif qui à lui seul demanderait près de 6 400 postes. Il faudra donc fermer ailleurs, avec dans le viseur, les moyens de remplacement, le « plus

de maîtres », les Rased, et les postes classe. Ce qui dans bien des endroits aura pour conséquence une nouvelle dégradation des conditions

d’enseignement, résuktat d’un budget 2018 et de choix ministériels

qui ne répondent pas aux besoins de l’école. Dès lors, et un peu partout en France, grèves et manifestations sont à l’ordre du jour sur la carte scolaire. F.B.

Dotations académiques

TROP PEU DE POSTES À RÉPARTIR

*100 postes supplémentaires sont réservés pour les conventions départementales ruralité et 100 autres pour la scolarisation en ULIS-école des enfants en situation de handicap.

8 Martinique

0 Guadeloupe

183 La Réunion

189 Guyane

180 Mayotte

0 Caen

0 Dijon

36 Nancy-Metz

34 Nantes

59 Nice

0 Rennes

63 Rouen

121 Bordeaux

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Aix- Marseille261

103 Amiens

0 Besançon

0 Clermont-Ferrand

44 Corse

88 Grenoble

0 Limoges

26 Orléans-Tours

0 Poitiers

20 Reims

74 Strasbourg

312 Lille

271 Lyon

89 Toulouse

121 Montpellier

682 Créteil

609 Versailles

107 Paris

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« Un laboratoire social et démocratique ». Le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret n’est pas peu fier de la consul-tation qu’il a organisée sur les rythmes scolaires. Le 10 décembre, la population bisontine était conviée dans 36 bureaux de vote de la ville pour exprimer ses préférences sur l’organisation de la se-maine scolaire. Résultat : 57 % pour le retour à 4 jours et 43 % pour le maintien à 4 jours et demi. Un verdict à appré-cier au regard d’une participation limi-tée. La municipalité, forte d’un vote des conseils d’école largement en faveur des quatre jours y voit néanmoins un point d’appui suffisant pour étayer la décision du conseil municipal qui devra in fine être validée par l’inspecteur d’acadé-mie. « Il y a convergence entre les souhaits des usagers et le vote démocratique des Bisontines et des Bisontins », se satisfait Yves-Michel Dahoui, l’adjoint en charge des affaires scolaires.

MAJORITAIRE MAIS PAS UNANIMETous les acteurs éducatifs ne sont pas si enthousiastes. Sur un dossier délicat qui ne fait pas toujours l’unanimité dans les salles des maîtres, le SNUipp-FSU du 25 refuse de prendre une position tranchée. Pour Karine Laurent, la co-se-crétaire départementale, « les ensei-gnants qui préfèrent une organisation sur quatre journées car leurs conditions de vie

s’en trouveraient améliorées ont certaine-ment raison, tout comme celles et ceux qui préfèrent une pause en milieu de semaine avec des journées de 5 heures 15 et donc aller en classe le samedi matin, tout autant que celles et ceux qui souhaitent préserver leurs week-ends et ceux de leurs élèves mais préfèrent des journées assez courtes donc… aller en classe le mercredi ! » La présidente de la FCPE du Doubs, Béné-dicte Bonnet est sévère avec la munici-palité : « ce n’est pas d’une consultation dont les acteurs ont besoin mais d’un ac-compagnement et d’une réflexion de fond centrée sur les besoins des enfants. L’ab-sence de débat préalable dans les quartiers et les conseils d’école conduit les parents à invoquer des arguments pas très solides ».

Pour les enseignants touchés dans leurs conditions de travail, la préférence va aux quatre jours. Avec des avis qui peuvent diverger selon les lieux d’exer-cice. Ainsi, Amandine Clerc, directrice de la petite école primaire des Sapins dans un quartier défavorisé de Besan-çon. « Avec nos élèves, c’est difficile d’avoir un temps d’apprentissage l’après-midi », relève-t-elle « et la cinquième matinée de classe est vraiment un plus ». Amandine souligne l’intérêt des activités périsco-laires pour des enfants dont l’environne-ment culturel reste limité. À une courte majorité, son conseil d’école vient d’op-ter pour le maintien d’une organisation à quatre jours et demi qui a peu de chances de perdurer l’an prochain.

grand angle

Rythmes : dans le Doubs, le débat dureCoup de projecteur sur la question des rythmes scolaires, à Besançon comme dans les zones rurales du département.

À BAUME-LES-DAMES : les 21 écoles de la communauté de communes ont choisi de revenir à quatre jours à la prochaine rentrée.

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l’école maternelle du Centre ont un peu le sentiment de jouer au yoyo. « Au dé-but, on faisait trois heures d’activités pé-riscolaires dont une heure supplémentaire. Depuis, on est passés à trois heures à prendre sur notre temps de travail alors qu’on a toujours les mêmes missions pour le ménage et la préparation des activités de classe. On n’a jamais été formées et on prend en charge les enfants à un moment où ils sont fatigués de la collectivité », té-moigne Fabienne Schwebel, Atsem en petite section. Elle voit d’un bon œil le retour à quatre jours l’an prochain mal-gré les incertitudes liées à son nouveau contrat avec la communauté de com-munes. Élodie Béliard, la jeune direc-trice, regrette les multiples contraintes qui pèsent sur l’organisation et les déci-sions prises d’en haut qui tombent sur l’école. « C’est sûr que ces rythmes ont augmenté la fatigue de tout le monde : des enfants en premier lieu, des ATSEM et puis des enseignantes avec des tâches sup-plémentaires et des enfants plus agités. »

L’INTÉRÊT DES ENFANTS EN DERNIER LIEULes transports représentent un autre élément déterminant dans ce dossier. Comme à Bonnétage, village du Haut-Doubs situé près de la frontière suisse. Ici, l’école est repassée à quatre jours dès septembre malgré la proposition formulée par les enseignants de revenir à une vraie matinée de travail le mer-credi alors qu’elle se limitait jusqu’à présent à 2 heures 20 de classe. « Tous nos projets ont été retoqués sous la pres-sion des sociétés de transport. Notre école est de fait un regroupement qui réunit les élèves des petits villages sans école des alentours. Les bus convoient les élèves avec deux rotations à chaque entrée et sortie de classe », relate Catherine Cherif, ensei-gnante en CM1-CM2 qui a quitté le poste de directrice, lassée par ces revi-rements. « Le péri-scolaire est peu déve-loppé, ce sont souvent des nounous qui as-surent la garde le mercredi qui rechignent à emmener les enfants à l’école ce jour-là », ajoute Catherine qui désespère de voir pris en compte des arguments à ses yeux essentiels : l’intérêt des enfants et le bon déroulement des apprentissages. PHILIPPE MIQUEL

grand angle

LES ÉCOLES DU DOUBS VERS LES QUATRE JOURS. À la rentrée 2017, seulement 116 écoles sur 456 sont repassées à une organisation sur 4 jours soit une centaine de communes sur les 254 qui ont une école. Pour la rentrée prochaine, l’immense majorité des conseils d’écoles et des maires formulent une demande de dérogation pour un retour à 4 jours. En particulier les trois plus grosses villes : Besançon, Montbéliard et Pontarlier. Dans l’attente du positionnement du DASEN, il semble bien que l’organisation sur 4 jours et demi sera marginale à la rentrée prochaine.

LE POIDS DES KILOMÈTRES.Le Doubs compte deux grosses agglomérations, Besançon et Montbéliard qui dépassent les 100 000 habitants, distantes de 80 km. Le reste du département présente un profil rural avec des zones de moyenne montagne aux conditions de déplacement difficiles en hiver. De nombreux enseignants, débuts de carrière et titulaires remplaçants notamment, sont donc amenés à effectuer des déplacements importants et parfois compliqués pour rejoindre leur poste. Une situation qui joue sur la préférence affichée pour travailler quatre jours par semaine.

LA POSSIBILITÉ DES QUATRE JOURS. Le décret du 28 juin dernier offre la possibilité d’un retour à quatre jours en dérogeant au décret « Peillon » qui cadrait la semaine avec neuf demi-journées s’organisant obligatoirement avec cinq matinées. Les modalités de modification de l’organisation de la semaine restent identiques et reposent sur une proposition conjointe d’une commune (ou d’un EPCI) et d’un ou plusieurs conseils d’école qui doit être adressée au Dasen. C’est ce dernier qui autorise ou non la modification.

en bref

LA DÉPENSE DES COMMUNES POUR L’ÉDUCATION. Sur les 150 milliards de dépense intérieure consacrées à l’éducation en 2016, 24 % proviennent des collectivités territoriales*. À elles seules, les communes, en charge des écoles maternelles et élémentaires, financent 17,8 milliards d’euros, soit 11,9 %. Entre 2012 et 2016, la part des dépenses de personnels augmente nettement (+6 points), notamment du fait de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires sur l’ensemble du territoire. Une charge financière qui pèse sur le choix du retour à quatre jours dans un contexte, de baisse des subventions de l’Etat.*décembre 2017

LE CAS DES ÉCOLES MATERNELLESÀ Baume-les-Dames, petite ville de 5 000 habitants, la question des rythmes scolaires se télescope avec la prise en charge de la compétence sco-laire par la communauté de communes depuis janvier 2017. Changement de rythmes avec un nouveau passage à quatre jours à la prochaine rentrée, changement d’employeur, les Atsem de

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Av e c 1 0 0 0 0 0 classes à plus de 25 élèves, la France fait partie des pays de l’OCDE où les effectifs sont les p l u s c h a r g é s . Des classes dans lesquelles ensei-gner et apprendre se fa i t au pr ix d’énormes difficul-tés. Les études consacrées au su-jet montrent que la r é d u c t i o n d u nombre d’élèves pas classe améliore sensiblement la réussite des élèves et réduit les inéga-lités scolaires.

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Les effectifs, ça compte

Dossier réalisé par Laurent Bernardi, Mathilde Blanchard, Laurence Gaiffe et Pierre Magnetto.

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Les effectifs, ça compte

Près de 100 000 classes comportant 25 élèves ou plus en 2016, dont environ 7 000 à plus de 30 élèves, selon les chiffres fournis par le ministère. Les classes chargées représentent 53 % en primaire et 27 % en élémentaire. L’OCDE enfonce le clou, elle estime qu’en moyenne le nombre d’élèves est de 23 en France, soit 1,7 point de plus que la moyenne des pays membres. Si l’on se réfère aux 11 pays les plus com-parables à l’Hexagone du point de vue socio-économique, qui ont de meilleurs résultats aux évaluations PISA et un système scolaire moins inégalitaire, les effectifs sont, là encore, plus élevés en France (lire p.17). D’après la dernière

étude internationale PIRLS, le niveau des élèves français ne cesse de baisser (lire p.22-23) et, la seule réponse du mi-nistre, est de vouloir comme en 2008 appuyer de nouveau sur les fondamen-taux.Or, nul ne peut ignorer que la taille des classes est un des leviers de la réussite scolaire. Ce n’est pas le seul bouton sur lequel appuyer. Certes il faut aussi re-garder du côté des pratiques ensei-gnantes, de la formation, de la mixité scolaire, des inégalités sociales. Mais

l’influence de la taille des classes ne fait aucun doute. En 2006, les économistes Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire publiaient une étude* qui en faisait la démonstration (lire p.16). Pour eux, « la réduction d’un élève par classe de CE1 conduit à une augmentation de 0,7 point du score obtenu par les élèves défavorisés aux évaluations de mathématiques de début de CE2 (…). La suppression de la légère politique de ciblage des moyens ac-tuellement en vigueur en faveur des ZEP conduirait à une progression de 14 % de l’écart moyen de réussite scolaire entre écoles ZEP et non-ZEP. (…) Une forte poli-tique de ciblage (réduction supplémen-taire de cinq élèves des tailles de classe en ZEP, à moyens constants) conduirait à une réduction supplémentaire de 46 % de l’inégalité de réussite scolaire ». Un consensus se dégage sur cette question de la quasi totalité des études menées

Avec l’abaissement des effectifs, ce qui va changer c’est l’engagement des élèves dans les tâches.

en France et à l’étranger. En sep-tembre, dans une note de synthèse, l’Institut des politiques publiques rele-vait que « les effets estimés de la taille des classes à l’école élémentaire sont globale-ment positifs : sur les neuf études recen-sées, sept trouvent des effets statistique-ment significatifs. »Le ministère en a conscience. N’a-t-il pas instauré le CP à 12 dans les REP+ cette année, en projetant pour la pro-chaine rentrée le dédoublement des CP en REP et des CE1 en REP+ « là où c’est possible » ? Mais la mise en œuvre de cette politique se fait par redéploie-ment de moyens. C’est sur des disposi-tifs indispensables pour le fonctionne-ment de l’école que le ministère puise les moyens nécessaires, notamment en affectant aux CP dédoublés une partie des postes du « Plus de maître que de classes ». Par ailleurs, toutes les collec-

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0,7 point DE PROGRESSION aux évaluations de maths d’entrée en CE2, c’est selon les économistes Thomas Piketty et Mathieu

Valdenaire ce à quoi conduit la réduction d’un élève par classe sur ceux issus des milieux défavorisés.

Réalisée en 2001 aux Etats-Unis, L’ÉTUDE STAR a comparé les résultats de classes de 13 à 17 élèves à des classes dont les effectifs étaient compris entre 22

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tivités ne sont pas en mesure de mettre à disposition les locaux nécessaires. À Marseille, les CP dédoublés, c’est deux enseignants pour un CP habituel.Côté enseignants, les témoignages at-testent de l’impact des petits effectifs sur le climat scolaire, sur la hausse des interactions avec chaque élève, sur les conditions de travail plus apaisées... De plus, pour Pascal Bressoux, professeur en sciences de l’éducation (lire p.19), « l’abaissement des effectifs n’a pas beau-coup d’impact sur les pratiques ensei-gnantes, c’est à dire sur les méthodes et les styles d’enseignement. Ce qui va changer par contre c’est l’engagement des élèves dans les tâches », un vecteur de réussite donc ! En revanche, de gros effectifs riment avec mauvaises conditions d’enseigne-ment et de travail. À Guidel dans le Morbihan, l’école Prat-Foën compte

deux CM2 à 29 élèves. Il devient difficile de vérifier tous les carnets de liaisons, de corriger les cahiers… Des heures passées à l’école après la sonnerie parce qu’autant de cahiers à ramener à la maison « c’est trop lourd »… Les pra-tiques pédagogiques sont, elles aussi, impactées. « Je manque de temps pour chaque élève », raconte Guillaume Watel. À l’école maternelle de Las Planas à Nice, il y a sieste des PS et l’après-midi, l’effectif devient plus réduit, l’ambiance plus sereine, les interactions plus nom-breuses pour entrer dans les apprentis-sages. Les classes surchargées ne manquent pas. Si beaucoup s’accordent à dire que la baisse des effectifs est un levier de la réussite scolaire, pourquoi attendre pour la généraliser à toutes les classes ? (lire ci-dessus).

* L’impact de la taille des classes sur la réussite sco-laire dans les écoles, collèges et lycées

BAISSER LES EFFECTIFS DANS TOUTES LES CLASSES. La baisse des effectifs est une revendication de longue date du SNUipp-FSU pour qui : « il est urgent de baisser le nombre d’élèves pour tendre vers 20 élèves par classe ». D’autant que cette problématique reste la première priorité des enseignants quand on les interroge. Le syndicat propose un palier intermédiaire pour atteindre ce nombre avec un seuil maximum de 25 par classe, de 20 en éducation prioritaire ou classes multiniveaux et 15 en TPS-PS, en comptabilisant les élèves en inclusion. Comme pour les créations de dispositifs de TPS, le SNUipp alerte sur des réductions d’effectifs pour les CP ou CE1 qui se feraient au détriment des autres classes ou dispositifs et appelle à « une baisse indispensable et significative des effectifs pour toutes les classes ».

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‘‘J’ai essayé des travaux de groupe mais impossible de suivre correctement le travail de tous.’’

20 à 30% d’amélioration des résultats de chaque élève, c’est selon une synthèse de neuf études réalisée par l’Institut des politiques

publiques l’effet que devrait produire le dédoublement de classes de 24 à 12 élèves.

et 26. Les résultats notaient déjà un impact significatif d’un nombre réduit d’élèves.

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Petite classe : un plus

Les dernières études en date font consensus : les petites classes favo-risent bien les performances scolaires. Celle des économistes Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire, réalisée en France en 2006, complétée en 2011, fait référence aujourd’hui. Elle tranche avec d’autres en écartant du panel les classes concentrant des niveaux homogènes très bas et des difficultés de comporte-ment. Conclusion: des effets positifs nettement supérieurs à ceux estimés précédemment. Une réduction d’un élève par classe conduit à une progres-sion des résultats aux évaluations d’en-trée en CE2. Et à chaque élève en moins, la progression est significative.

Un, puis encore un, puis encore un, le tapis devient vite trop petit et le bou-chon se forme rapidement. Tout le monde ne réussit pas à jouer aux pe-tites voitures sur le tapis d’accueil de la classe de Julien, directeur et ensei-gnant de l’école maternelle de Las Pla-nas, un quartier populaire du Nord de Nice. 28 élèves de cycle 1 qu’il faut ac-cueillir dans un espace très contraint. Une chanson vient annoncer le regrou-pement et les élèves se serrent pour trouver une place sur les bancs instal-lés face au tableau. Les rituels dé-marrent et l’essentiel de la tâche du maître est d’obtenir l’attention de cha-cun des élèves nombreux, trop nom-breux, au sein de ce groupe. Même scénario dans les deux classes voisines de Julie et Nathalie puisque l’équipe a décidé il y a trois ans de fonctionner avec trois classes de cycle, comprenant chacune des petits, moyens et grands et de travailler en-semble le contenu des ateliers du ma-tin adaptés aux compétences de cha-cun. Le lancement des ateliers reste un moment délicat pour vérifier que les 28 élèves ont compris ce que l’on atten-dait d’eux. L’organisation est facilitée par la couleur attribuée à chaque âge : jaune pour les petits, rose pour les moyens et bleue pour les grands. L’en-seignant vérifie la compréhension de la consigne et les petits parleurs bénéfi-

A contrario, une hausse du nombre d’élèves entraîne une dégradation des résultats dès l’augmentation d’un seul élève par classe en ZEP. Des résultats qui varient fortement suivant l’origine sociale des élèves. De fait, l’impact de la taille des classes est beaucoup plus fort chez les élèves issus de milieux défavo-risés. Considérant ainsi que cette me-sure serait un facteur de réduction des inégalités scolaires, les économistes modélisent, par un modèle statistique, les effets d’une mise en place de moyens en éducation prioritaire. Là encore, sans même une modification des pra-tiques enseignantes, l’effet est notable sur les apprentissages.

NICE

L’ORGANISATION MATÉRIELLE est alourdie par des effectifs chargés.

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L’étude de Thomas Piketty et Ma-thieu Valdenaire sur la réduction de la taille des classes souligne son impact dans la réussite scolaire, en particulier pour les élèves issus de milieux défavorisés. La plupart des écoles mater-

nelles des grandes villes doivent faire face à des effec-tifs importants. C’est le cas à l’école de Las Planas à Nice.

“Faire avec” en maternelle

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cient des explications des plus grands. Pas moins de 6 à 7 îlots sont néces-saires pour mettre en place le travail en ateliers et tous les adultes présents, ATSEM et AVS, ne chôment pas pour venir en aide et répondre aux nom-breuses sollicitations.

EN CLASSE DE CYCLE Si le choix de la classe de cycle peut apparaître paradoxal dans cette confi-guration, il s’avère pourtant un point d’appui pour faire face à des effectifs importants. « Quand je prépare, je réflé-chis aux compétences par niveau d’âge et à bien marquer le temps consacré à cha-cun », témoigne Julie. « Une dynamique de classe qui permet aux plus jeunes de s’adapter beaucoup plus rapidement », ajoute Nathalie. « Et puis surtout au début de l’après-midi les « jaunes » et même les « roses » en ce début d’année sont à la sieste, on peut bien travailler en petit groupe avec les grandes sections », renchérit Julien. À 13h30, dans sa classe, changement de ton, l’ambiance est effectivement plus sereine et plus calme. Les interactions nombreuses avec les sept « bleus » présents per-mettent à chacun de profiter pleine-ment de la séance de phonologie et de se confronter aux compétences atten-dues. L’attention est à son point haut… enfin. Dans la classe voisine de Julie, le petit groupe restant se répartit dans la classe pour terminer un travail en cours et les interventions de l’ensei-gnante se centrent sur les besoins indi-viduels. Un élève de petite section, très agité ce jour-là pour rester à la sieste, réussit à se poser au calme, devant un pain de pâte à modeler.

17dossier

Les comparaisons internationales sont sans appel : avec près de 23 élèves par classe, la France se situe au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE et notamment des onze pays aux économies comparables et ayant mieux réussi aux évaluations PISA (comme la Finlande 5e). Il faudrait 13 000 postes-classes pour arriver à cette moyenne.Depuis une dizaine d’années, le nombre d’élèves par classe reste stable en France mais la différence est faible entre les classes en éducation prioritaire, à 22,81 élèves et celles hors EP 23,45 en 2017, alors que l’effort devrait être porté vers les publics les plus défavorisés.

Le nombre d’élèves par enseignant, ou taux d’encadrement, est différent du nombre d’élèves par classe car il prend en compte l’ensemble des personnels enseignants, en charge de classe mais aussi ceux du Rased, les remplaçants, les « Plus de maîtres ». Et là encore la France avec près de 20 élèves par enseignant est loin de la moyenne des onze pays cités plus haut et située à 14,7. Ces pays ont mis les moyens pour permettre les dédoublements, le travail en groupes et prendre en charge la difficulté scolaire. En France il faudrait l’équivalent de 100 000 emplois pour rattraper ce retard.

DES CLASSES FRANÇAISES PLUS CHARGÉES

… ET MOINS D’ENSEIGNANTS PAR ÉLÈVE

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“Faire avec” en maternelle

LES COINS JEUX nécessitent de l’aménagement et de l’espace.

MOYENNE DES 1121,8

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France

France

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Sur plusieurs dizaines de mètres s’étirent les rangs des 29 CM2 pour se rendre à la salle de sport. L’école Prat-Foën, « pré au foin » en breton, à la li-sière des bois à Guidel dans le Morbi-han, compte près de 360 élèves pour 14 classes. Trois sont bilingues français-breton, avec une vingtaine d’élèves. Reste donc onze classes : « on essaie de ne pas charger les cours doubles », ex-plique le directeur Alain Michel « ni les CP et CE1 en plein apprentissage de la lec-ture ». L’équipe a donc choisi par la force des choses d’alourdir le cycle 3 dont deux CM2 à près de 30 élèves dont certains en situation de handicap. « Im-possible d’accueillir les élèves en cas d’ab-sence des professeurs », commentent les deux titulaires Caroline Lagadec et Guillaume Watel. Alors si les deux PE s’attachent à boucler le programme et mener des projets « il faut compter avec l’inertie du groupe » qui pèse sur l’orga-nisation à chaque transition entre deux activités.

LE CASSE-TÊTE DES CORRECTIONSÀ l’accueil, ce matin de décembre, im-possible de vérifier tous les cahiers de liaison. Guillaume reporte ce travail à ce midi, comme les premières corrections de cahiers. Avec sa collègue, il essaie de corriger au maximum pendant l’activi-té, en passant dans les rangs puis au bureau, avec les élèves qui attendent leur tour. Le reste se fait en collectif

puis après la classe, à l’école jusqu’à 18h passé. « C’est trop lourd à ramener à la maison », explique Caroline. Aux va-cances Guillaume consacre « cinq mati-nées à revoir rien que les cahiers de maths ». En EPS, autonomie obligatoire, ce sont les « responsables du matériel » qui installent pendant que l’enseignant regroupe les autres sinon : attente, agi-tation. « Il en suffit d’un pour entraîner les autres. À 29 tout est plus compliqué ». Il a fallu constituer trois groupes avec cha-cun deux équipes. « On essaie qu’un maximum d’élèves jouent mais il y en a toujours qui observent. » Retour en classe pour un travail sur l’accord dans le groupe nominal, la classe bûche sur un exercice commun à tous. Guillaume préfèrerait « des pédagogies plus ac-tives » mais se heurte au nombre. « J’ai essayé des travaux de groupe mais impos-sible de suivre correctement le travail de tous ». Il regrette en général « le manque de temps pour chaque élève » que ce soit en classe, en informatique ou pour les élèves en difficulté. Le tutorat entre pairs et les fichiers autocorrectifs pro-gressifs sont une des solutions trouvées à la fois à la rapidité de certains et aux difficultés d’autres, mais avec des li-mites. « Pour les plus discrets il arrive qu’on s’en rende compte un peu tard, il fau-drait être là dès qu’ils en ont besoin ». Les CM2 eux souhaiteraient « pouvoir parti-ciper plus », comme témoigne Maël, « surtout en sciences et en histoire », mais là encore la prise de parole oblige à des choix. À des renoncements. Plus encore que la fatigue accumulée, cette frustra-tion pèse sur les deux enseignants avec « le sentiment de ne pas pouvoir exercer le métier comme nous le voudrions ».

ÉTUDE SUÈDOISE. Une étude suédoise, publiée par le Quarterly journal of economics d’Oxford en 2013, a suivi des élèves de 10 à 13 ans entrés à l’école entre 1967 et 1982 et conclut que « réduire la taille des classes est bénéfique dans les tests cognitifs et non cognitifs à l’âge de 13 et 16 ans ». Un impact à long terme puisque cette scolarisation en petits effectifs augmente « la durée de scolarité, les salaires et les revenus à 27 ans et à 42 ans. »

UNE BAISSE TRÈS CIBLÉE. La baisse des effectifs a été prise en compte par le gouvernement à cette rentrée mais uniquement en CP de Rep+ et encore : seules 58,5% de ces classes sont effectivement à douze élèves comme le montre la note de la Depp de décembre 2017. La grande majorité, 89%, a quinze élèves au maximum mais hors éducation prioritaire 61,7% des CP ont entre 21 et 25 élèves et 17% dépassent même les 25.

# PASPLUSDE25. Alors que vont se discuter dans les départements les mesures de carte scolaire pour la rentrée 2018, le SNUipp-FSU lance une campagne d’opinion pour pointer du doigt les effectifs chargés dans les classes des écoles primaires françaises. Avec 44 % des classes qui ont plus de 25 élèves, le syndicat entend ainsi montrer qu’il est temps d’investir massivement pour réduire les effectifs qui restent un élément incontestable d’une meilleure réussite scolaire. à suivre sur SNUIPP.FR,

FACEBOOK ET TWITTER.

Cette année les deux CM2 frôlent les 30 élèves. Fatigue et frustration.

“Tout est plus compliqué”

À GUIDEL (56)

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DEUX MINUTES DE CORRECTION POUR un exercice, cela donne au 29e cahier, une heure de travail déjà.

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QUEL EST L’IMPACT DE LA TAILLE DES CLASSES SUR LES APPREN-TISSAGES ? PASCAL BRESSOUX : De nom-breuses recherches ont été menées sur la taille des classes. Elles n’ont pas toutes la même qualité car ce n’est pas facile d’isoler l’influence de cette va-riable sur les résultats des élèves. Les classes qui ont des effectifs plus faibles sont souvent celles qui sont composées d’élèves sociologiquement défavorisés et il a donc fallu étudier des groupes comparables. Actuellement la littéra-ture disponible sur cette question montre qu’il y a un gain significatif à réduire la taille des classes. Cette in-fluence est d’autant plus forte qu’on a affaire à des enfants qui sont jeunes. En particulier au début de l’école élémen-taire. Le gain est plus fort en élémen-taire qu’au collège ou au lycée. Par contre, trop peu de travaux ont étudié cette question pour l’école maternelle. Il y a probablement un gain mais il n’est pas suffisamment documenté. Ce que l’on peut ajouter c’est que la réduction de la taille des classes profite d’autant plus que les élèves sont issus de milieux défavorisés. Ce sont ces enfants qui en bénéficient le plus, même si tout le monde en profite bien sûr. Quand on parle d’effets on ne parle pas d’effets miraculeux. Il y a plus de gain à attendre de la mise en place de pratiques efficaces d’enseignement, mais la taille des classes est une variable plus facilement manipulable.

À QUELLE HAUTEUR UNE RÉDUCTION EST-ELLE UTILE ? P. B. : On ne peut pas parler d’effets de seuil, en tous les cas

pas dans les tailles de classes qui nous concernent. On a quelque chose d’as-sez linéaire. Tout un pan de la re-cherche a dit qu’il fallait réduire d’au moins 5 à 6 le nombre d’élèves par classe pour commencer à mesurer des effets et on trouve une série d’argu-ments pour une réduction drastique. Mais l’étude de Piketty montre qu’une réduction de trois ou quatre élèves aurait déjà un impact assez fort dans les zones défavori-sées. Pour observer des effets on n’est pas obligé de réduire à 12, on aurait déjà des gains dans des classes à 15 ou 16, mais pas aussi forts qu’avec une réduc-tion à 12. Il n’y a, à l’inverse, pas de don-nées sur un nombre minimum d’élèves par classe qui montrerait une limite de ce point de vue sur les apprentissages des élèves.

QUEL EFFET SUR LES PRATIQUES ENSEIGNANTES ? P. B. : Cette question a été étudiée et montre que l’abaissement des effectifs n’a pas beaucoup d’impact sur les pra-

tiques enseignantes, c’est-à-dire sur les méthodes et les styles d’enseignement. Ce qui va changer en revanche c’est l’engagement des élèves dans les tâches. Ils passent plus de temps à travailler. Les ensei-gnants font moins de discipline, interagissent davantage avec les élèves en individuel et cela augmente le temps d’enseigne-ment. L’abaissement des effec-tifs n’agit pas sur les pratiques

mais sur les conditions d’enseignement. Les élèves sont plus visibles aux ensei-gnants, il y a moins de difficulté d’orga-nisation de la classe et ils se mettent donc plus rapidement au travail. La ré-duction de la taille des classes produit en soi des effets en dépit du fait que les enseignants changent peu leurs mé-thodes. Cela ne veut pas dire qu’on ne gagnerait pas encore davantage avec des méthodes adaptées. Tout l’enjeu est peut-être là. Réussir à former pour ex-ploiter encore davantage une réduction de la taille des classes, mais il ne faut pas considérer que l’abaissement ne produit des effets qu’en cas de change-ment de méthodes.

LA RÉDUCTION DES EFFECTIFS DOIT ELLE SE POURSUIVRE SUR PLUSIEURS ANNÉES ? P. B. : Si la réduction des effectifs pro-duit des effets positifs dès la première année, la recherche a également pu montrer que la réduction de la taille des classes doit se poursuivre sur plusieurs

années pour avoir un effet durable. Les enfants qui bénéficient de la réduction d’effectifs en CP seront meilleurs en fin de CP mais pas à la fin du CE1, si l’allè-gement ne s’est pas poursuivi. L’expé-rience américaine STAR, étude longitu-dinale de réduction de taille des classes, a permis de montrer que ceux qui en avaient bénéficié longuement mainte-naient leur avantage jusque tard dans leur scolarité. Il faut que ça se pour-suive au moins au CE1. Est-ce que deux années suffisent ? Un peu plus, c’est toujours un peu mieux et le suivi en CE1 semble important pour que les effets perdurent. On a actuellement des résul-tats scolaires décevants et notre sys-tème génère des inégalités. La réduc-tion de la taille des classes est une mesure qui est à même de réduire ces écarts d’autant plus que la recherche va dans le sens d’un gain important pour les élèves défavorisés.

dossier

“L’influence est d’autant plus forte que les enfants sont jeunes”

INTERVIEW

BIOPascal Bressoux est professeur en sciences de l’éducation à l’université de Grenoble Alpes. Il est également membre du CNESCO.

Les enseignants font moins de discipline, interagissent davantage avec les élèves en individuel et cela augmente le temps d’enseignement.

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OUI-RECYCLE

C'EST QUOI OUI-RECYCLE ?Oui-recycle vise à recycler des cartouches d’imprimante usagées afin de les valoriser au profit du départ en vacances des enfants. Oui-recycle est un événement porté par la Jeunesse au Plein Air, une association complémentaire de l’école publique, en partenariat avec la société UnisCartouches. Il se déroule dans les écoles, les collèges, les centres de loisirs...

OUI-RECYCLE : UN PROJET PÉDAGOGIQUE

Oui-recycle permet la mise en oeuvre de séquences d’enseignement autour du recyclage de cartouches d’imprimante et de débats sur l’éco-responsabilité, la solidarité et l’engagement. L’enseignant peut apporter des compétences et connaissances dans différentes disciplines et des valeurs humanistes comme la solidarité dans le cadre transversal de l’EMC (Enseignement Moral et Civique). Rendez-vous sur : www.jpa.asso.fr/oui-recycle/

Oui-recycle permet de collecter des cartouches d’imprimante usagées dans des recycleurs commandés sur le site de la jpa (jpa.asso.fr).

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OUI-RECYCLE : UN PROJET DE RECYCLAGE

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En collectant des cartouches d’encre, je fais un geste solidaire au profit des enfants qui ne partent pas en vacances.

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WWW.JPA.ASSO.FR/OUI-RECYCLE/

OUI-RECYCLE

C'EST QUOI OUI-RECYCLE ?Oui-recycle vise à recycler des cartouches d’imprimante usagées afin de les valoriser au profit du départ en vacances des enfants. Oui-recycle est un événement porté par la Jeunesse au Plein Air, une association complémentaire de l’école publique, en partenariat avec la société UnisCartouches. Il se déroule dans les écoles, les collèges, les centres de loisirs...

OUI-RECYCLE : UN PROJET PÉDAGOGIQUE

Oui-recycle permet la mise en oeuvre de séquences d’enseignement autour du recyclage de cartouches d’imprimante et de débats sur l’éco-responsabilité, la solidarité et l’engagement. L’enseignant peut apporter des compétences et connaissances dans différentes disciplines et des valeurs humanistes comme la solidarité dans le cadre transversal de l’EMC (Enseignement Moral et Civique). Rendez-vous sur : www.jpa.asso.fr/oui-recycle/

Oui-recycle permet de collecter des cartouches d’imprimante usagées dans des recycleurs commandés sur le site de la jpa (jpa.asso.fr).

3 RAISONS DE PARTICIPER A

OUI-RECYCLE : UN PROJET DE RECYCLAGE

OUI-RECYCLE : UN PROJET SOLIDAIRE

En collectant des cartouches d’encre, je fais un geste solidaire au profit des enfants qui ne partent pas en vacances.

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Enquête PIRLS

Le sport…aussi pour l’esprit

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LA COMPRÉHENSION, ça s’enseigne dès les classes de maternelle.

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C'EST QUOI OUI-RECYCLE ?Oui-recycle vise à recycler des cartouches d’imprimante usagées afin de les valoriser au profit du départ en vacances des enfants. Oui-recycle est un événement porté par la Jeunesse au Plein Air, une association complémentaire de l’école publique, en partenariat avec la société UnisCartouches. Il se déroule dans les écoles, les collèges, les centres de loisirs...

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Oui-recycle permet la mise en oeuvre de séquences d’enseignement autour du recyclage de cartouches d’imprimante et de débats sur l’éco-responsabilité, la solidarité et l’engagement. L’enseignant peut apporter des compétences et connaissances dans différentes disciplines et des valeurs humanistes comme la solidarité dans le cadre transversal de l’EMC (Enseignement Moral et Civique). Rendez-vous sur : www.jpa.asso.fr/oui-recycle/

Oui-recycle permet de collecter des cartouches d’imprimante usagées dans des recycleurs commandés sur le site de la jpa (jpa.asso.fr).

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OUI-RECYCLE : UN PROJET DE RECYCLAGE

OUI-RECYCLE : UN PROJET SOLIDAIRE

En collectant des cartouches d’encre, je fais un geste solidaire au profit des enfants qui ne partent pas en vacances.

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En collectant des cartouches d’encre, je fais un geste solidaire au profit des enfants qui ne partent pas en vacances.

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C’est sans appel… le niveau en lecture scolaire baisse encore en France. C’est ce que nous apprend l’enquête internationale PIRLS (Progress in international reading literacy study) menée en mars 2016 et publiée en décembre dernier qui mesure la maîtrise de la langue, les compétences en lecture et en compréhension des textes. De quoi s’agit-il exactement ? 320 000 écoliers âgés de 9 à 10 ans (CM1 en

prélever des informations, les élèves français ne savent pas en tirer des inférences pour comprendre le texte mais surtout comprendre ce qu’il ne dit pas et qui doit être déduit, directement du texte ou par des ressources personnelles ou extérieures. En quinze ans, le score des écoliers français a baissé de 22 points en compréhension des textes informatifs et de 6 points sur les textes narratifs. Autre constat de l’étude : ça fuit par le bas mais aussi par le haut. 6 % des élèves français n’atteignent pas le niveau le plus élémentaire de PIRLS et ils sont trois fois moins nombreux (4 %) que dans l’UE (12 %) à atteindre le niveau le plus avancé.

LA FRANCE CHAMPIONNE DES INÉGALITÉS SCOLAIRESSi la taille des classes ou le sous-investissement de la France dans son système éducatif peuvent être incriminés, l’étude pointe deux raisons

MÉTIER& PRATIQUES

LIRE+PIRLS

LE SUJET DE LA LECTURE est bien plus complexe qu’un simple déchiffrage.

Le niveau de lecture des élèves français a encore chuté selon l’en-quête internationale PIRLS publiée en dé-cembre. Quelles en sont les raisons et quels re-mèdes prescrire ?

DÉCRYPTAGE

France) ayant suivi quatre années de scolarité obligatoire ; donc ceux entrés en maternelle en 2008, année de la mise en œuvre des programmes Darcos, devaient lire douze textes courts, soit des histoires, soit des articles, dont le vocabulaire est adapté à leur âge. Les chercheurs ont observé s’ils savaient décoder, mais aussi comprendre ces écrits et les interpréter. Cette enquête est menée dans 50 pays tous les cinq ans. Depuis PIRLS 2001 les performances françaises sont en baisse constante et l’écart se creuse avec les autres pays européens.

UN PROCESSUS COMPLEXESi rien ne semble enrayer cette érosion, c’est que l’on ne s’attaque pas aux vraies raisons : ce n’est pas le processus le plus simple (le décodage) sur lequel les élèves français sont en difficulté mais sur les processus les plus complexes comme prélever, inférer, interpréter et apprécier. S’ils savent

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profondes, la formation des enseignants et les inégalités sociales. Se diriger dans un texte, travailler les relations causales, la capacité à raisonner sur du texte, lire dans les différentes disciplines, travailler le langage oral pour accéder à la complexité de l’écrit... tout ce qui manque aux élèves s’apprend. Mais le faible volume de formation professionnelle et le défaut de formation continue ne permettent pas aux enseignants français de bénéficier des apports de la recherche et d’avoir du temps pour construire à partir de leur expertise professionnelle les réponses pédagogiques dans un apprentissage continué de la lecture qui va bien au-delà du seul CP et se nourrit de ce

qui a été fait en maternelle. Mais l’enquête montre aussi que le sujet de la lecture est bien plus complexe qu’un simple déchiffrage. L’école a changé, ses exigences ont augmenté, elle prétend faire réussir tous les élèves, dont beaucoup d’entre eux vivent dans une grande fragilité socio-économique, dans un monde où savoir lire, interpréter et exploiter les textes est une clé essentielle pour comprendre le rapport au langage et au monde. Quand les modes de socialisation familiale sont éloignées de la culture scolaire, l’école doit tout mettre en œuvre pour ne pas transformer les inégalités sociales en inégalités scolaires. VIRGINIE SOLUNTO

23MÉTIER& PRATIQUES

COMMENT FONT LES PAYS QUI RÉUSSISSENT MIEUX QUE NOUS ?

Souvent, il est dit que les écoliers

français se diversifient trop dans les apprentissages. Pourtant, ils passent, en primaire, 38 % de leur temps scolaire à étudier la compréhension de l’écrit (lecture, orthographe et grammaire) pour 20 % en Irlande, 23 % en Finlande, 18 % en Pologne… Il faut aller chercher les raisons ailleurs. Beaucoup de pays ayant de bons résultats ont mis l’accent sur le primaire en y consacrant un budget important. La Pologne consacre davantage de budget à l’école primaire qu’à l’école secondaire (collège et lycée). En Finlande et au Royaume-Uni, les

budgets sont presque similaires. Par contre, en France, le primaire est le parent pauvre de l’Éducation nationale. Même si la situation s’est un peu améliorée depuis 2012, les dépenses par élève scolarisé à l’école primaire étaient en 2015 de 6 154 €, correspondant à 63 % des dépenses par élève scolarisé au secondaire. Ces dépenses moindres au niveau du primaire se reflètent dans les salaires* des enseignants qui sont inférieurs de 18 % à la moyenne des pays de l’OCDE pour l’enseignement primaire.

EST-CE RÉALISABLE EN FRANCE ? Les priorités données à l’école primaire et aux zones sensibles, à la formation des enseignants et à la lutte contre l’échec scolaire par les derniers gouvernements sont des objectifs importants pour remédier à ces résultats. Mais il faut aller au-delà du primaire et regarder comment améliorer les

compétences des enfants avant leur entrée en cours préparatoire. Quelques pistes possibles : la première serait de revoir la gouvernance de la petite enfance en passant à un système intégré pour les 0-6 ans sous la responsabilité d’un seul ministère comme ce qui se fait dans plus de la moitié des pays de l’OCDE. La seconde serait de valoriser et mieux former les ATSEM en maternelle et les personnels de crèche ; de renforcer le volet pédagogique de la formation initiale et l’accès à une formation continue de qualité pour les enseignants de maternelle ; de faciliter les transitions entre crèche et école maternelle et la coopération entre les personnels. La troisième serait d’améliorer les conditions de travail des enseignants exerçant dans les écoles maternelles en diminuant la taille des classes. * salaire indiciaire après quinze ans d’exercice.

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CORINNE HECKMANN. Analyste à la Direction de l’éducation de l’OCDE

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LA LECTURE DU MINISTRE. Jean-Michel Blanquer, toujours guidé par le retour aux fonda mentaux, a annoncé une batterie de mesures. La plus emblématique est la lecture à haute voix et la dictée quotidienne. Les programmes de 2008, déjà centrés sur les fondamentaux, n’ont pas permis de renverser la tendance et la réponse simpliste du ministre dénote d’une mauvaise lecture de l’enquête qui montre que c’est sur les processus complexes que les élèves sont en difficulté. Un Conseil scientifique présidé par le neuroscientifique Stanislas Dehaene sera chargé de concevoir des évaluations pour le CP et le CE1, mais aussi des « recommandations pour aider les professeurs à bien choisir leurs manuels ». Ces mesures vont dans le sens du dévelop pement de la « culture de l’évaluation », alors qu’évaluer n’est pas remédier, et montrent la préférence du ministre pour les neurosciences quand l’ensemble des disciplines de recherche doit être sollicité. D’autres mesures inquiètent, comme la remise en question de la progressivité des apprentissages au sein des cycles de trois ans, une nouvelle « primarisation » de la maternelle, une formation « orientée » qui nie l’expertise et la professionnalité enseignante ou l’imposition d’un manuel magique.

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00L’ARDEUR

{EN POÉSIE}Du 3 au 19 mars se déroulera la vingtième édition du Printemps des poètes. Autour du thème de « l’ardeur », les écoles, bibliothèques, et autres participants sont invités à produire. Pour accompagner les volontaires, le site propose des ressources en ligne dont un répertoire riche pour faciliter l’accès au plaisir des mots et diversifier les activités habituelles : arbres à poèmes, restitutions dans l’espace public, atelier de diction, brigades d’intervention poétique, carte-poèmes… Une multitude d’entrées à consulter pour partager le goût de la poésie et concevoir librement son printemps. PRINTEMPS

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UNE AFFAIRE DE CLIMAT. Une synthèse réalisée par le Cnesco de différentes études menées en France et dans le monde montre que le climat scolaire a toute son importance dans les résultats des élèves. Plus les enfants se sentent bien à l’école, plus ils se sentent compétents, ce qui a une incidence positive sur leurs performances scolaires. L’ensemble de l’étude sur WWW.CNESCO.FR

COURTS

24MÉTIER& PRATIQUES

APPRENTISSAGE {ÉMOTIONNEL} « Reconnaitre et nommer ses émotions, les réguler, nouer des relations, faire preuve d’empathie », des qualités qui apprises à l’école, permettent des bénéfices tout au long de la vie. C’est le résultat d’une étude américaine menée sur 97406 élèves de la maternelle au lycée.

LES JEUNES QUI ONT SUIVI CE PROGRAMME ONT ÉTÉ :

+11 % à achever leurs études supérieures

-18,5 % à être arrêtés par la police

-13,5 % à avoir des troubles de santé mentale

DYS-LEXIQUE, ± PAS DYSGRA-PHIQUEUne recherche conjointe menée par le CHU de Grenoble et le CNRS montre qu’en situation d’apprentissage de l’écriture, le déchiffrage de l’orthographe par les enfants dyslexiques est tellement coûteux qu’il finit par modifier ou inhiber le geste d’écriture, alors que ces enfants ne sont pas dysgraphiques. Or, quand ils sont diagnostiqués comme tels, la rééducation proposée peut les décourager.

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{REVUE DE PRESSE} DU CLEMI La revue de presse des journaux scolaires 2017 vient de paraître et l’édition numérique complète est en ligne depuis le 12 janvier. « L’élection présidentielle, la présidence de Trump, le voyage de Thomas Pesquet, l’égalité garçon-filles » autant de sujets qui ont donné lieu à décryptage des apprentis journalistes. Mais les sujets ont également concerné l’école avec la question du harcèlement, de la médiation ou encore des phénomènes de mode comme le Hand spinner ou les Pokemon go. en ligne sur CLEMI.FR /

REVUE DE PRESSE.

± REDOU-BLEMENTAprès « un dialogue préalable avec les représentants légaux de l’élève » et l’avis de l’IEN, le conseil des maîtres pourra proposer un redoublement « dans le cas où le dispositif d’accompagnement pédagogique mis en place n’a pas permis de pallier les difficultés importantes d’apprentissage rencontrées par l’élève ».Le SNUipp-FSU a voté contre ce projet de décret, présenté au CSE le 14 décembre dernier visant à le rendre moins exceptionnel. Un seul maintien toutefois sera possible en élémentaire et aucun en maternelle.

{51} LANCEURS D’ÉCRITURE EN LIGNEContre l’angoisse de la feuille blanche, Christophe Rhein, médiateur de ressources numériques à l’atelier Canopé de Corrèze, propose 51 activités de création écrite pour le cycle 3. Les enseignants comme les élèves peuvent y piocher autant de lanceurs d’écriture, avec différents degrés de complexité, de l’acrostiche à la biographie humoristique en passant par le changement de point de vue ou le portrait chinois : CHRISTOPHE-RHEIN.CANOPROF.FR

TRAVAILLER {SUR} L’IMAGELe Nouvel éducateur, revue nationale de l’Icem, Institut coopératif de l’école moderne, propose dans son numéro de décembre un dossier complet sur le travail en classe autour des images, comment les lire, en comprendre les enjeux et en produire, que ce soit sous forme de photos ou de vidéos : ICEM-PEDAGOGIE-FREINET.ORG

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SYLVAIN CONNAC. ensei gnant- chercheur en sciences de l’éducation (Montpellier)

VOTRE LIVRE S’INTITULE « ENSEIGNER

SANS EXCLURE »*, POURQUOI CE TITRE ?Le système éducatif français est connu pour être injuste et élitiste. Si 90 % des enfants de cadres ont leur bac sept ans après leur entrée en 6e ce n’est le cas que pour 40% des enfants d’ouvriers non qualifiés. Les chercheurs ont mis à jour que les formats scolaires inscrits dans les gènes de notre système participent à ces phénomènes de relégation comme le redoublement, les devoirs, le soutien, l’externalisation de l’aide... Ces formats ont des conséquences sur l’inclusion des élèves ou leur exclusion. Est-ce qu’on se satisfait d’une école à deux vitesses, du chacun pour soi ? Ou est-ce qu’il y a encore un espoir du côté de la pédagogie ?

EN QUOI CES FORMATS

ACCENTUENT LES INÉGALITÉS ?Le redoublement en France est devenu une variable d’ajustement pour constituer des classes plus homogènes car dans notre modèle la « bonne classe » c’est 25 élèves du même âge et du même niveau scolaire. Pourtant les travaux notamment de Sylvie Jouan sur la classe multiâge montrent qu’on 25MÉTIER&

PRATIQUES

peut tirer partie des différences de profils des élèves. Les devoirs creusent également les écarts selon que les élèves peuvent être accompagnés à la maison ou non. Si on en donne, ils doivent être possibles en totale autonomie. De même, la différenciation pédagogique est nécessaire mais s’accompagne de précautions. En individualisant trop les parcours on accentue les inégalités.

QUELS DISPO SI-TIFS

PÉDAGOGIQUES POSSIBLES ?Des dispositifs qui agissent sur l’engagement des élèves, leur motivation. Ils allient part du maître et autonomie. Les situations collectives sont essentielles pour lancer le travail et institutionnaliser les savoirs. Dans ce collectif, aucun élève ne se sent différent des autres, chacun bénéficie de ce qui se dit. Mais ce collectif prend du sens quand il part du questionnement des élèves, avec le débat naît un besoin de clarification qu’apportent les savoirs scolaires. Il y a ainsi tous les dispositifs de coopération, de tutorat et de plan de travail mais avec des précautions là aussi pour que ce ne soit pas les meilleurs élèves qui en tirent profit. Les élèves les plus fragiles doivent pouvoir se confronter à la complexité, avec l’accompagnement éventuel de l’enseignant.* « Enseigner sans exclure » (ESF, 2017).

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REPORTAGE

Problèmes de coordination, pratiques sportives insuffisantes et surpoids ont amené le comité d’éducation à la santé et la citoyenneté à proposer le projet Santé + aux élèves de Woippy, banlieue de Metz (57) située en Rep+. Les CP, CE2 et CM2 de l’école Pierre et Marie Curie sont concernés par ce programme

dehors du temps scolaire dans le cadre de l’USEP et de la section d’athlétisme locale, mais également des interventions dans toutes les classes des infirmières scolaires et un travail de prévention en direction des familles. À Woippy, on ne plaisante plus avec la santé... la mairie offre tous les jeudis « Un fruit à la récréation ».

PAS FACILE D’ÊTRE UN ENFANT« Moi je n’ai pas envie de déjeuner le matin », affirme Erwin. « C’est surtout que je n’ai pas le temps », lance Hasbaiy... le cas de plus d’un tiers de la classe de Carole. Même constat côté rythme de vie, Wafa admet ne pas se coucher avant 21h. « Je dors dans la même chambre que ma sœur et elle joue tard à la DS ». L’enseignante confirme « Le projet de la classe c’est d’aborder la santé de manière globale, un bien-être mental, physique et social. On mène des ateliers à partir de « graine de médiateur » pour leur apprendre à gérer leurs émotions, les rendre indépendants dans la résolution des conflits entre eux mais aussi avec eux-mêmes, afin d’être disposés à travailler en classe ». Des petits gestes le matin pour dire comment ils se sentent... plus on descend dans le corps et moins ça va. Une entrée pour dire ou non, le manque de sommeil, les difficultés familiales ou la loi du plus fort à l’extérieur de l’école. Un travail de classe qui anticipe la classe verte sur le thème du sport, de l’hygiène et du bien manger. Cette année, la classe est sportivement diversifiée. Le club d’athlétisme fait des émules, comme Inès qui « a senti du bonheur » ou Jasmine qui pense « avoir gagné en souplesse ». Le club d’arts martiaux fait aussi le plein quand quelques poissons préfèrent le grand bassin. Jena, elle, c’est le handball.

À VOS MARQUES...Laurent Pojer, animateur du club d’athlétisme, commence tambour battant. « On doit être fatigué à la fin de la séance ! » explique-t-il avant

LE SPORT… AUSSI POUR L’ESPRIT

À Woippy, un parcours santé des élèves pour dé-velopper des pratiques sportives et citoyennes.

MÉTIER& PRATIQUES

POUR BIEN APPRENDRE, il faut être bien dans sa tête, bien dans son corps et bien avec les autres.

qui permettra un suivi de cohortes et une évaluation de l’impact des actions engagées. Les élèves de CE2 de Carole Wernert viennent de passer les tests Diagnoform pour définir le profil individuel de chacun en termes de souplesse, endurance, vitesse et coordination. Les tests, pris en charge par l’ARS*, sont réalisés par Laurence Klein du club d’athlétisme A2M. Le diagnostic permet de construire un parcours éducatif de santé pour chaque élève composé d’interventions adaptées en athlétisme en temps scolaire, de proposer une activité physique en

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l’échauffement, pendant qu’une timide élève demande « Est-ce qu’on est obligé ? » Les sauts de grenouille révèlent des problèmes de concentration et de coordination, la course de relais un manque d’anticipation, mais tout le monde participe avec joie. « L’enseignant prend le relais des six séances que j’ai organisées, en fonction des tests des élèves, autour des cinq grandes aptitudes de l’athlétisme que sont la coordination, la vitesse, l’endurance, la force et la souplesse. Les séances sont ludiques, adaptées à l’âge des enfants... l’objectif étant de leur faire prendre des habitudes et leur apprendre à faire le lien entre sport, alimentation et hygiène de vie ». Pari gagné, il y a un bon retour sur la section d’athlétisme de Woippy.

DES ÉCHANGES VALORISANTSDans sa classe de CM2, Martine Pierron mêle les compétences de l’EPS, de l’EMC, des sciences et des maths. « Le travail de coordination en sport a facilité la prise en compte de plusieurs tâches dans une consigne. Les tests ont aussi permis à certains élèves, à un âge difficile, de prendre conscience de leur surcharge pondérale et de vouloir se

dépasser », explique-t-elle. Les élèves se sont engagés avec les CP dans un projet d’ateliers autonomes d’écriture « écrire et faire écrire » à partir du sport et de l’alimentation. L’enseignante poursuit : « En s’associant à une classe de CP, les élèves apprennent à transmettre des valeurs et des savoirs, ils se sentent plus responsables et plus autonomes. Ils ont pris conscience de leurs compétences ». Un travail en classe valorisé par une exposition, des

livrets remis aux parents, l’organisation d’un petit déjeuner… et qui aboutit parfois aussi à leur participation à des activités sportives ou associatives le week-end. Jean-Pierre Auburtin,

le directeur de cette école de 17 classes et deux Ulis conclut : « L’école propose de nombreuses activités et beaucoup de dispositifs pour dynamiser la vie des élèves du quartier. La coordination de la CPC, la disponibilité des deux infirmières du réseau pour les classes et auprès des parents et l’adhésion des enseignants à ce projet ont renforcé le lien qui existait déjà avec le collège. » VIRGINIE SOLUNTO

* Agence régionale de santé

POURQUOI CE PARCOURS SANTÉ + ?

C’est une demande

institutionnelle de développer des projets de prévention pour les élèves. À Woippy, il y a eu aussi la volonté de créer en 2016 un comité interdegré autour d’un projet commun visant à mettre en place les meilleures conditions pour développer l’estime de soi. On a renforcé le partenariat ponctuel qui existait avec Woippy

athlétisme. Il ne s’agit plus seulement de construire des compétences motrices mais, de faire progresser les élèves individuellement au sein d’un groupe.

POURQUOI CENTRER SUR L’EPS ? En améliorant le bien-être des élèves, on augmente l’estime de soi et ils sont plus disponibles pour les apprentissages. Les nouveaux programmes 2016 confèrent à l’EPS la finalité de « former un citoyen lucide, autonome, physiquement et socialement éduqué, dans le souci du vivre ensemble ».

ET EN CLASSE ? La première année, l’articulation avec le travail de classe n’était pas évidente pour les enseignants. Les interventions des infirmières scolaires, sur la nutrition, le sommeil ou l’hygiène dentaire sont très enrichissantes pour les classes. J’ai proposé des pistes axées sur le travail pluridisciplinaire, mais aussi sur l’écrit, un des objectifs majeurs du réseau. Nous commençons à développer un cahier qu’il faut encore formaliser pour travailler l’écrit à partir de l’EPS.

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DIAGNOFORM© Protocole d’évaluation de la condition physique pour tous les publics, il répond aux questions suivantes : Suis-je en forme ? Quels sont mes points forts et mes axes de progrès ? Le logiciel, agréé par la CNIL, se compose d’une série de tests physiques basés sur cinq grandes qualités physiques : la force, l’endurance, la vitesse, la coordination, la souplesse. C’est aussi une approche cognitive au niveau émotionnel : sensations physiques, émotions perçues, comportements mis en œuvre. Deux program mes, Kid et Tonic, proposent des exercices particulièrement adaptés aux établissements scolaires, clubs et associations. WWW.DIAGNOFORM.COM

LA GRANDE ÉCOLE DU SPORT. Canopé propose 115 vidéos libres de droit à utiliser en classe, du cycle 3 à la terminale pour découvrir les sports sous un nouvel angle. Sport et histoire, sport et géographie, sport et santé, sport et littérature, sport et arts, autant d’associations possibles pour enseigner en interdisciplinarité. Des interviews de grands sportifs permettent aussi d’engager des échanges avec les élèves sur les valeurs du sport. Beaucoup de ressources autour des jeux olympiques permettent de développer l’idéal hellénique d’un corps et d’un esprit indissociables. WWW.RESEAU-CANOPE.

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“APPRENDRE À FAIRE LE LIEN ENTRE SPORT, ALIMENTATION ET HYGIÈNE DE VIE.”

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Philosophe. Il faut bien l’être quand chaque année le poste occupé est menacé de disparition. Philosophe aussi parce que Christophe Tixier, « Plus de maîtres » école des Platanes à Abbeville dans la Somme, a longtemps côtoyé Hegel, Kant et Platon dans des études qui l’ont mené jusqu’à la thèse, puis au Capès de philo. L’Auvergnat a été nommé en 1998 titulaire remplaçant

Platanes, « une équipe bien soudée ». Au lancement du dispositif « Plus de maîtres » en 2012, son inspecteur lui propose de postuler. « Il avait déjà une certaine expérience et un certain recul sur le métier », commente Mathieu Pecqueur, maître de CE1 jusqu’à l’année dernière dans l’école et qui a apprécié « ses connaissances très ciblées en lecture et en mathématiques. »

REGARDS CROISÉSLe dispositif dégage « plus de temps pour chaque élève, en difficulté ou non, pour les silencieux aussi qui masquent leurs incompréhensions ». Christophe regretterait que les « Pdm » disparaissent, « il faudrait laisser le temps de l’évaluation et de construction d’outils ». Lui intervient soit en co-enseignement, soit avec quelques élèves dans la BCD mitoyenne « pour les activités de décompte des syllabes ». Souvent il aime inverser les rôles et prendre la classe pendant que le titulaire s’occupe d’un groupe. « Je suis un maître comme les autres », insiste-t-il. C’est important pour lui et pour maintenir de bonnes relations avec ses collègues. Pas question de passer pour un maître spécialisé ou pire, un expert qui les prendrait de haut. « Je travaille avec eux. Ce n’est pas forcément évident d’ouvrir sa classe à quelqu’un, ils ne doivent pas se sentir jugés ». Le quadragénaire se demande d’ailleurs comment les jeunes « Pdm » ont réussi ce délicat tissage de relations professionnelles. Lui s’est beaucoup documenté une fois le poste obtenu. « C’est quelqu’un qui lit beaucoup, des rapports d’inspecteurs généraux, des ouvrages et des articles scientifiques », ajoute Mathieu. Christophe a en effet ressenti le besoin de s’armer intellectuellement, « sur les gestes professionnels comme le co-enseignement ou les mécanismes d’apprentissage ». L’ancien prof de philo a gardé l’habitude de questionner ce qu’il lit ou entend. S’il a été convaincu par les recherches de Roland Goigoux et les transpose, il peut devenir critique sur d’autres auteurs, très médiatiques. Selon lui, ce bagage réflexif manque à la formation des PE. « On est vite dans le pratico-pratique mais c’est important de s’interroger aussi sur des concepts comme le savoir, la culture... » LAURENCE GAIFFE

MAÎTRE++D’abord prof de philo, Christophe Tixier est « Plus de maître » à Ab-beville (80) depuis le lancement du dispositif.

PORTRAIT

CHRISTOPHE TIXIER et ses collègues apprécient les « regards croisés sur la classe qui aident à débloquer certaines situations ».

28MÉTIER& PRATIQUES

dans sa région d’origine, « TZR dans toute l’académie de Clermont-Ferrand ». Les kilomètres, les emplois du temps imposés et le manque d’échanges avec les équipes ne lui conviennent guère. Alors quand son épouse, professeur de lettres est nommée à Amiens, c’est dans cette académie qu’il passe le concours PE il y a dix ans. Il se retrouve de nouveau remplaçant « mais dans un mouchoir de poche, sur la circonscription d’Abbeville ». Il exerce en CLIS-IME et plusieurs années en CP, une classe qu’il affectionne pour l’appétit d’apprendre des 6 ans et l’importance de la lecture. Christophe a la main sur son emploi du temps et peut créer des liens avec ses collègues. Dont ceux de l’école des

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LU DANS LE B.O.

QUESTIONS&RÉPONSES

Q: JE SUIS DÉTACHÉE À LA MAIF, COMMENT VA ÊTRE TRAITÉE MA PROCHAINE PROMOTION ?R: Depuis cette année, tous les personnels en situation de détachement verront leur promotion traitée par la CAPD du département dont ils dépendent. N’hésitez pas à contacter votre section départementale du SNUipp-FSU pour toute précision.

Q: J’AI FAIT UNE DE-MANDE DE CHANGEMENT DE DÉPARTE-MENT ET ENVOYÉ LES PIÈCES JUS-TIFICATIVES. COMMENT SAVOIR EN DÉFINITIVE QUEL SERA MON BA-RÈME ?

POUR LE LU AU BO, VOIR SUR SNUIPP.FR. RUBRIQUE RESSOURCES / LU AU BO

Toutes les informations concrètes (modalités de candidature, de détachement, calendrier, affectation, renouvellement et intégration) figurent dans la note de service 2017-181 du 5 décembre 2017 publiée au Bulletin officiel de l’Éducation nationale (BOEN) n° 43 du 14 décembre.

29MÉTIER& PRATIQUES

R: Les barèmes seront validés par le DASEN après consultation de la CAPD. Le serveur SIAM sera de nouveau ouvert du 1er au 7 février pour vous permettre de consulter ce barème. Signalez toute difficulté rencontrée aux élus du personnel du SNUipp-FSU de votre département.

Q: JE SUIS PROFES-SEURE DES ÉCOLES ET JE SOUHAITE EN-SEIGNER AU MINISTÈRE DE L’AGRICUL-TURE. UN DÉ-TACHEMENT EST-IL POS-SIBLE ?R: Oui, il est possible de demander un détachement vers des administrations et établissements publics relevant d’autres ministères.

CALENDRIER 2018 DES DATES DE VERSEMENT DES SALAIRES ET PENSIONS DES FONCTIONNAIRES

Les dates affichées sont les dates de virement. Selon le fonctionnement des établissements bancaires, il peut y avoir un décalage de 24 heures sur les relevés bancaires.

SALAIRE PENSION

JANVIER Lundi 29 Mardi 30

FÉVRIER Lundi 26 Mardi 27

MARS Mercredi 28 Jeudi 29

AVRIL Jeudi 26 Vendredi 27

MAI Mardi 29 Mercredi 30

JUIN Mercredi 27 Jeudi 28

JUILLET Vendredi 27 Lundi 30

AOÛT Mercredi 29 Jeudi 30

SEPTEMBRE Mercredi 26 Jeudi 27

OCTOBRE Lundi 29 Mardi 30

NOVEMBRE Mercredi 28 Jeudi 29

DÉCEMBRE Jeudi 20 Vendredi 21

salaire

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30 lire/sortir!livre en colère : un zeste de patience, un brin d’humour… sans vous donner tous ses trucs, on peut vous dire que ça marche ! De rouge, le livre passe à l’orange puis au jaune, son expression s’adoucit… Va-t-il finir par rire ? Ce petit album aux pages cartonnées est un régal pour l’enfant qui peut s’identifier au livre en crise ou à celui qui accompagne, ce qui est très valorisant. Apprendre que même une grosse colère est passagère, qu’on a le droit d’être en colère et d’avoir le temps de ne plus l’être, ça peut être rassurant, tout en développant, sans y paraître, l’empathie.

LE LIVRE EN COLÈRE de Ramadier et Bourgeau, Ed. Ecole des loisirs. Que faire quand on est très fâché ?

JARDIN À NANTES

Les poussins au vertLe succès du Jardin des Plantes à Nantes (site français le plus visité l’été après le Mont Saint-Michel) est lié au lancement, depuis 2011, du Voyage à Nantes, grâce notamment aux histoires de Claude Ponti, avec la connivence des jardiniers qui ont donné naissance à tout un tas de personnages végétaux. L’été dernier le poussin géant s’est fait voler la vedette par une histoire de pots : l’aire de jeux Dépodépo reste ou-verte toute l’année : tous à Nantes !

MUSÉE EN LIGNE

Le Muz fait le buzzUnique au monde, le Muz est un musée virtuel qui regroupe plus de 4000 œuvres d’enfants. Sa fonction première est de conserver ces œuvres, de les re-garder comme un patrimoine culturel qu’il faut mettre en valeur et partager. Créé notamment par Claude Ponti, cet espace de référence pour les média-thèques et les classes est mis à leur dis-position en relai de leurs propres activi-tés. Chaque année, en novembre une vente aux enchères permet de soutenir ce projet en achetant des œuvres d’il-lustrateurs jeunesse.

http://lemuz.org/le-musee/expositions/

LIVRE

Les émotions dans les livres Les émotions sont au cœur de toute littéra-ture, mais certains livres aident plus que d’autres à apprendre à identifier et accueillir les émotions qui nous traversent, pour mieux se connaître et com-prendre les autres.

QUE FAIRE quand on est très façhé.

et aussi!

Dans LE LIVRE EN COLÈRE, la couverture donne le ton, rouge, de la colère mais aussi du minimalisme tant dans le graphisme que dans le texte. Le titre l’indique : c’est le livre tout entier qui est en colère ! Et quand on est très fâché, on n’a pas envie d’en parler : ce n’est pas pendant la crise qu’on peut raisonner, bien sûr. En revanche, la présence bienveillante de quelqu’un peut être bien utile pour aider à se calmer. Car tout seul, on n’a pas forcément les outils pour canaliser ses émotions. Ici, c’est une petite souris rose, présente sur la page de gauche, qui reste attentive aux besoins de ce

par Marion Katak

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CYCLE 2

Aquarelles et émotionsUn album tout en douceur qui met en scène les petites émotions du quotidien. Laisser échapper son cerf-volant, rece-voir une carte d’anniversaire, rater son dessin juste à la fin… autant de situations familières, sans commentaires, illustrées par des aquarelles aux teintes sobres : gris, bleus et verts. Et des personnages délicats aux visages neutres, laissant le lecteur y glisser ses propres émotions.

LES PETITES ÉMOTIONS, de Martine Delerm, Ed. Seuil Jeunesse

CYCLE 1

Une déclarationUn texte simple et poétique, un parent qui parle à son petit des jours qui se suivent et qui ne se ressemblent pas : des émotions depuis « ce premier jour » à un futur où on s’aimera toujours. Les mains immenses de l’adulte et un petit bon-homme bleu genre picto qui passe de page en page, le coup de pinceau est ter-riblement expressif et les fonds rouges donnent une belle dynamique. On adore !

UN JOUR d’Elsa Hieramente, Ed. Cépages

CYCLE 2

Humeur de loupUn matin, Virginia s’est réveillée d’une humeur de loup. Que faire pour l’aider à

aller mieux ? C’est la petite sœur qui raconte comment elle reste à ses côtés pour accompagner ce loup qui grogne. La taille des lettres s’adapte à l’intensité des émotions, et les merveilleuses illus-trations mêlent réalisme, imagination et implicites. La couleur revient avec les fruits et les fleurs quand le loup s’éloigne… Savourez.

VIRGINIA WOLF de Kyo Maclear, ill. Isabelle Arsenault, Les Éditions de la Pastèque

CYCLES 2 ET 3

ZenAu moment de se coucher, on est par-fois un brin énervé. Heureusement, on peut apprendre à se calmer, juste en respirant. On peut faire voguer un ba-teau de papier sur son ventre, souffler sur les nuages gris de ses pensées… Contrôler sa respiration pour agir avec davantage de sérénité : c’est un jeu d’en-fant ! Les illustrations, très soignées, et la narration sous forme d’échange mère-fils font de cet album bien plus qu’un manuel de yoga. Allez, en 2018, on respire de mille et une façons.

RESPIRE d’Inès Castel-Branco, Ed. Rue du Monde

des histoires des origines, de Freud et d’autres.

ÊTES-VOUS UN CRÉATEUR D’ÉMOTIONS ?J’essaie toujours de raconter une histoire au mieux. Il y a un moment magique où je me mets au service de l’histoire. Écrire, ça part de l’intérieur, on ne peut pas intellectualiser. Par contre, quand je vois passer des émotions, je ne me prive pas de les mettre, même la colère, la peur, la mort… Les enfants ont besoin de se

confronter au monde, à l’autre, à l’ailleurs. Une seule fois, il y a longtemps, j’avais fait un livre sur la colère, mais parce que c’est très impressionnant les colères des tout petits.

DANS LA COURSE EN LIVRES*, LES POUSSINS SONT LIBRES ET JOYEUX :

COMME LES ENFANTS ? C’est un livre que j’ai consciemment fait avec des niveaux de lecture différents selon l’âge, la maturité. Les personnages sont extrêmement libres, ils courent sans jamais être prisonniers puisqu’il y a une porte : les poussins sont dans un cercle infini mais ils peuvent s’échapper. À la base, il y a l’enfant qui fait comme l’adulte mais en rigolant et à toute vitesse. C’est une forme de bonheur de liberté. INTERVIEW COMPLÈTE SUR SNUIPP.FR

*La course en livres, de Claude Ponti, Ed. École des loisirs Cycles 1 et 2

Claude Ponti À QUI PENSEZ-VOUS QUAND VOUS FAITES UN LIVRE ?Je travaille pour les enfants. Tous les livres que je fais sont des livres que j’aurais aimé avoir enfant, ou qui auraient plu à ma fille. Je me sers de mon enfance, avec l’idée permanente que les enfants sont en train de se faire : ils sont curieux, ils essaient, recommencent… il est essentiel de préserver ça, de l’exalter. J’ai beaucoup observé les enfants, et puis j’ai aussi été voir du côté des contes, de la mythologie, ©

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32 société

« Tous les étrangers de France ne sont pas des terroristes, ni d’indélicats fraudeurs aux aides sociales. Dire le contraire, c’est jouer avec les peurs ». C’est ainsi que Sonia Krim, députée de la Manche a interpellé le ministre de l’Intérieur le 19 décembre dernier. Ce qui a mis le feu aux poudres, y compris au sein de la majorité macro-niste, ce sont deux circulaires adressées aux services de l’État. La première exige des préfets qu’ils augmentent leurs objec-tifs d’éloignement des personnes débou-tées ou qui doivent faire leur demande dans le premier pays européen où elles ont laissé une trace de leur passage. La deuxième permet aux autorités de contrôler, dans les centres d’hébergement d’urgence, la situation administrative des personnes. Deux circulaires jugées illé-gales par les associations et qui surtout ne prennent pas en compte l’urgence des besoins d’accueil des migrants comme le souligne une tribune de plusieurs édiles de grandes villes parue dans Le Monde du 16 décembre dernier.

LES (PREMIERS DE) CORDÉES SOLIDAIRES « Car accueillir dignement les nouveaux ha-bitants est de nos responsabilités à tous », écrivent les élus, « une obligation éthique et un défi que notre humanité doit relever ». Une solidarité mise en actes par les habi-tants de la vallée de la Clarée près de Briançon. « Des cordées solidaires » sont organisées pour venir en aide aux mi-grants qui tentent de passer la frontière au col de l’Échelle en plein hiver. Une ini-tiative de plus qui démontre que le gou-vernement a tort de vouloir caresser dans le sens du poil une partie de l’opinion pu-blique déboussolée sur cette question et qu’il ferait mieux de se montrer à la hau-teur de ce que l’on peut attendre de la patrie des droits de l’Homme. C’est tout l’enjeu du projet de loi « immigration et asile » qui est prévu pour le mois de mars et qui sera regardé à la loupe par les asso-ciations qui ont lancé sous une même bannière le 18 décembre dernier les états généraux des migrations. L.B.

Deux circulaires sus-citent la colère des as-sociations.

MOBILISATION le 8 janvier pour défendre le « délit de solidarité ».

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JEAN-PIERRE ARCHAMBAULT président de l’EPIEnseignement public et informatique

POURQUOI S’OPPOSER AUX GAFAM

DANS L’ÉCOLE ?Livrer des données scolaires sensibles à des opérateurs privés, c’est s’exposer à ce qu’elles soient utilisées plus tard lors d’entretiens d’embauche par exemple. Aucune raison également d’attenter à la liberté numérique et que l’école et l’éducation rentrent dans la sphère marchande.

OÙ EN EST-ON DE LA

POLÉMIQUE DE MAI DERNIER ?À l’époque un courrier émanant de plusieurs organisations s’opposait à ce qui relevait d’une incitation pour les établissements à utiliser les Gafam. Depuis le nouveau ministère a créé une mission sur les données numériques. Nous jugerons sur pièces dans le rapport d’étape.

COMMENT AGIR ?Déjà,

héberger les données sur le territoire national ou européen, interdire leur utilisation commerciale et imposer leur anonymi- sation. Puis, développer des applications pédagogiques utilisant des logiciels libres et élaborer un cloud éducatif sécurisé. Enfin, agir pour que des entreprises puissent développer des clouds souverains.

Justice : plus de peine pour les pauvres « Selon que vous serez puissant ou misé-rable… » Virginie Gautron, maître de conférence à la faculté de droit à Nantes et Jean-Noël Rétière, sociologue, montrent dans une étude que, pour une même infraction, la sévérité des juge-ments est accrue pour les populations les moins favorisées, SDF, étrangers, sans emploi ou faibles revenus. À situa-tion pénale équivalente, les personnes privées d’emploi sont 1,8 fois plus pré-sentées en comparution immédiate, les étrangers 4,8 fois plus souvent placés en détention provisoire. Les magistrats ne s’appuient pas sur un a priori par rap-port à ces populations pour rendre leur

verdict, mais bien sur des critères pé-naux liés à leur situation sociale. Ils craignent qu’ils ne se présentent pas à l’audience ou ne puissent pas financer des stages. A contrario, ils font preuve de discrimination positive pour ceux qui ont un emploi, leur épargnant le risque de désocialisation qu’engendrerait l’em-prisonnement. Par ailleurs, les plus pauvres ont moins accès à l’aide d’un avocat ou à la connaissance d’une atti-tude conforme en salle d’audience. Le constat final est terrible : exclus sociale-ment, les plus faibles ne bénéficient pas d’une clémence égale et restent éloignés de la justice. MATHILDE BLANCHARD

pouvoir ajouter à leur tableau de chasse la collecte des données individuelles des millions d’élèves et personnels des écoles. En mai dernier, un courrier signé par le directeur du numérique pour l’éducation, donnait la possibilité aux établissements scolaires d’utiliser les outils et services des Gafam. La réaction de nombreuses associations et organisa-tions, dont la FSU, a permis de reconsi-dérer cette décision (lire ci-contre). Un exemple qui illustre la nécessité d’orga-niser un contre-pouvoir citoyen et poli-tique. PHILIPPE MIQUEL

Gaffe aux Gafam !

LES CINQ FIRMES DU GAFAM disposent d’une capitalisation boursière supérieure à la richesse de la France.

Gafam, c’est l’acronyme des géants du web, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft qui dominent le marché du numérique. Sauf à militer pour la décon-nexion volontaire ou vivre dans un dé-sert numérique, difficile de se passer des services de ces géants qui envahissent la vie privée et professionnelle de tout un chacun. Une position dominante qui n’est pas sans inquiéter. L’addiction gé-nérée par l’usage des smartphones, écrans et réseaux sociaux modifie en ef-fet en profondeur les relations sociales, les apprentissages, l’organisation du tra-vail et des loisirs. Sur le plan écono-mique, la situation quasi-monopolistique de ce « big five » américain assoit un impérialisme nouveau qui lui permet de capter une part importante de la ri-chesse mondiale. Le tas d’or sur lequel sont assis les Gafam, c’est le « big data », l’extraordinaire compilation de données numériques personnelles que ces ac-teurs accumulent. Celles-ci leur per-mettent, en cernant au plus près le profil de chaque utilisateur, de développer des nouveaux produits adaptés, des straté-gies commerciales pertinentes en s’im-misçant à bas bruit dans la vie privée de chacun. On comprend dès lors leur inté-rêt à investir la sphère éducative et ainsi

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34l,interview

QUEL CHEMIN AVEZ-VOUS SUIVI POUR ARRIVER À LA CHANSON JEUNE PUBLIC ?GUILLAUME ALDEBERT  : C’est drôle parce que mon parcours entre en résonance avec l’école. J’ai commencé à écrire des chansons et développer un projet de groupe l’année où j’ai obtenu un poste d’emploi jeune dans une petite école du Doubs, à Naisey-les-Granges. C’était en 1999 et en 2000, je commence les concerts avec un répertoire plutôt adulte. Pendant mes cinq ans de contrat, j’ai concilié les métiers d’anima-teur dans l’école la semaine et de chan-teur le week-end jusqu’au jour où en 2004, j’ai opté pour le statut d’intermit-tent du spectacle. Comme j’avais déjà dans mon répertoire adulte un certain nombre de chansons sur l’enfance et

sans doute aussi du fait d’avoir un pied dans le quotidien enfantin de l’école, je décide en 2008 de réaliser un album de chansons pour enfants. Les premières chansons d’Enfantillages sont nées à l’école de Naisey.

QU’AVEZ-VOUS EN TÊTE AU MO-MENT OU VOUS COMPOSEZ ?G.A.: J’ai envie de proposer une écriture de chansons à deux niveaux de lecture. Ne pas infantiliser les jeunes auditeurs ni dans le propos musical, ni dans le texte et aussi pouvoir intégrer l’écoute des

parents. De ce fait, les premiers retours sont un peu timides, on me dit « ce n’est pas vraiment de la chanson pour enfants », « ce n’est pas assez bien ciblé », etc. Mais l’univers d’Enfantillages s’installe pro-gressivement parce que c’est une chan-

son un peu transversale qui parle à toute la fa-mille. Pour écrire, je ne pense pas forcément au public, je suis plutôt dans la peau d’un en-fant de sept ans qui au-rait le bagage et le voca-bulaire d’un adulte. Je parle beaucoup de l’école, de la famille, des

amis et de tout l’imaginaire qui est propre aux enfants. Avec les enfants qui sont beaucoup plus ouverts que les adultes, on a une liberté musicale qui me permet d’aller vers le rock, le hip-hop, les musiques du monde…

AUJOURD’HUI LE SUCCÈS EST AU RENDEZ-VOUS…G.A.: Je pense que ça s’est fait par le lien direct avec le public. Les premiers spectateurs en ont parlé autour d’eux, ont fait écouter à leurs amis et j’ai eu la chance que ça fasse rapidement boule

de neige. Pourtant, je n’ai jamais été tellement médiatisé même si ça com-mence à venir maintenant. Ce qui est intéressant dans mes spectacles, c’est la mixité générationnelle. Les enfants viennent avec leurs parents voire même avec leurs grands-parents. Je suis heureux de pouvoir réunir les gé-nérations autour de mes chansons au lieu que chacun se cantonne dans sa musique.

ON ÉCOUTE DE PLUS EN PLUS VOS CHANSONS DANS LES CLASSES...G.A.: Oui même si ça me fait un peu bizarre. J’ai retrouvé un de mes textes dans un livre de grammaire. Et l’école où j’ai travaillé s’appelle maintenant école Aldebert ! Je garde un pied dans l’Éducation nationale parce que finalement je viens de là. Je parle beaucoup de l’école dans mes chansons et je continue à échanger et à travailler avec les enseignants. J’ai ani-mé et j’anime encore quand je peux des ate-liers d’écriture avec les élèves de cycles 2 et 3. L’atelier s’appelle « De la feuille à la scène » et consiste à faire réaliser par les enfants une véritable production de chanson de la composi-tion jusqu’à l’enregistrement.

QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR LE FONCTIONNEMENT AC-TUEL DE L’ÉCOLE ?G.A.: J’étais un élève plutôt moyen et ne suis pas forcément un bon juge mais je me demande si le système n’est pas un peu rétro par rapport à l’évolution de la société. Le carcan des matières, des notes reste pesant et porteur d’inertie. Je vais prêcher pour ma pa-roisse en vous disant qu’il faut aller à fond sur le dessin, la musique, le théâtre, l’art en général. Souvent quand je fais mes ateliers en classe, on s’aper-çoit que ça révèle chez certains élèves des potentialités qu’ils n’expriment pas dans un cadre plus classique et formel. PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE MIQUEL

“Les premières chansons d’Enfantillages sont nées à l’école”

BIOAldebert, chanteur grand prix SACEM 2017 du répertoire jeune public, remplit les salles dans tout l’Hexagone. Il fêtera en novembre prochain les 10 ans d’Enfantillages, sa collection de CD pour enfants. Le volume 3 (éd. Warner Music) sorti en septembre dernier est déjà disque d’or.

“J’ai retrouvé un de mes textes dans un livre de grammaire. Et l’école où j’ai travaillé s’appelle maintenant école Aldebert !”

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