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189 - L'eau souterraine localisée grâce à ses protons Novembre 2003 Fiches d'actualité scientifique Imprimer © IRD / Jean-Michel Vouillamoz L'eau douce représente 3 % des eaux du globe, dont une partie est immobilisée dans les aquifères profonds. L'eau douce représente 3 % des eaux du globe, dont une partie est immobilisée dans les aquifères profonds. Dans le contexte des terrains qui les abritent, souvent accidentés et hétérogènes, le taux d'échec des forages implantés d'après les seules connaissances hydrogéologiques reste important. Les géophysiciens de l'IRD disposent aujourd'hui d'une méthode de caractérisation des aquifères : la résonance magnétique protonique ou RMP, qui permet de localiser précisément les nappes d'eau et d'appréhender l'organisation physique de la roche qui les entoure. L'intérêt de cette technique très fiable est sa capacité à détecter les paramètres liés uniquement à l'eau et non à l'ensemble eau-roche. Des essais ont été conduits dans différents contextes géologiques, dont celui tout à fait particulier du karst. Dans les régions arides du globe, les ressources en eau se limitent bien souvent aux nappes souterraines. Leur prospection depuis la surface s'avère difficile en raison du contexte géologique souvent complexe et hétérogène et le taux d'échec des forages mis en place reste important. Comment détecter l'eau et estimer si elle se présente en quantité suffisante pour qu'un forage puisse être envisagé de manière fiable ?

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189 - L'eau souterraine localise grce ses protonsNovembre 2003Fiches d'actualit scientifique Imprimer IRD / Jean-Michel Vouillamoz L'eau douce reprsente 3 % des eaux du globe, dont une partie est immobilise dans les aquifres profonds. L'eau douce reprsente 3 % des eaux du globe, dont une partie est immobilise dans les aquifres profonds. Dans le contexte des terrains qui les abritent, souvent accidents et htrognes, le taux d'chec des forages implants d'aprs les seules connaissances hydrogologiques reste important. Les gophysiciens de l'IRD disposent aujourd'hui d'une mthode de caractrisation des aquifres : la rsonance magntique protonique ou RMP, qui permet de localiser prcisment les nappes d'eau et d'apprhender l'organisation physique de la roche qui les entoure. L'intrt de cette technique trs fiable est sa capacit dtecter les paramtres lis uniquement l'eau et non l'ensemble eau-roche. Des essais ont t conduits dans diffrents contextes gologiques, dont celui tout fait particulier du karst. Dans les rgions arides du globe, les ressources en eau se limitent bien souvent aux nappes souterraines. Leur prospection depuis la surface s'avre difficile en raison du contexte gologique souvent complexe et htrogne et le taux d'chec des forages mis en place reste important. Comment dtecter l'eau et estimer si elle se prsente en quantit suffisante pour qu'un forage puisse tre envisag de manire fiable ? Les gophysiciens de l'IRD disposent d'une mthode de dtection des nappes d'eau souterraines par des sondages de Rsonance Magntique Protonique (RMP), mise au point par les quipes du BRGM en collaboration avec diffrents partenaires (1). Cette technique gophysique repose sur le mme principe physique que la Rsonance Magntique Nuclaire, largement utilise par les chimistes, les mdecins et les ptroliers. Son application rcente la recherche d'eau en sous-sol permet de dtecter la prsence des nappes partir de la surface du sol et de les localiser prcisment en profondeur. Elle a montr son efficacit et sa fiabilit dans le contexte des terrains homognes comme le sable et les argiles. Le principe de la RMP repose sur l'analyse du signal de rsonance des noyaux d'hydrogne (ou protons) contenus dans les molcules d'eau en rponse un signal lectromagntique de frquence donne. Le signal d'impulsion est cr par la circulation, dans un cble dispos en boucle au sol, d'un courant trs puissant, pouvant atteindre plusieurs centaines d'ampres et produit par une tension lectrique de plusieurs milliers de volts. Il cre un champ magntique qui modifie l'quilibre nergtique des protons des molcules d'eau prsentes dans le sous-sol. La coupure du courant au bout d'un temps bref - quelques dizaines de millisecondes - provoque un retour l'quilibre des protons qui renvoient alors un signal de relaxation sous la forme d'un champ lectromagntique. Celui-ci, souvent faible, correspond une diffrence de potentiel mesurable, de l'ordre de quelques nanovolts. Son amplitude est directement proportionnelle la quantit d'eau prsente dans le sol. Le temps mis par ce mme signal pour disparatre (le temps de dcroissance) fournit des indications sur l'environnement direct des nappes : il est d'autant plus long que les protons sollicits sont ceux d'une eau peu enserre dans la roche, donc d'une nappe potentiel hydrodynamique lev garantissant un dbit suffisant au pompage. L'intrt majeur de cette mthode est sa fiabilit, car le signal provient directement et uniquement des molcules d'eau. L'interprtation hydrogologique des signaux enregistrs est ainsi plus sre qu'avec les outils classiques d'analyse gophysique des sols (mesure de la rsistivit, mthodes lectromagntiques, sismiques), pour lesquels les paramtres mesurs ne concernent pas directement l'eau souterraine mais l'ensemble du milieu poreux, c'est--dire l'eau plus la roche. La mthode de prospection par RMP vient ainsi complter la gamme des outils mis disposition des gophysiciens et des hydrogologues pour amliorer la perception du milieu souterrain, localiser prcisment les nappes d'eau, estimer leur potentiel hydrodynamique et apprhender l'organisation physique de la roche qui les entoure. Des essais ont t raliss dans diffrents contextes gologiques dans des rgions sahliennes ou arides o les seules ressources en eau sont souterraines (2) , et en France. Les chercheurs ont test la mthode sur un site karstique - le site du Lamalou, dans l'Hrault - o la roche calcaire altre s'organise en un systme de cavits et de conduits dans lesquels l'eau circule. Le couplage de la RMP des mesures de rsistivit (3) du terrain a permis de localiser en profondeur les aquifres. La mthode tablie dans le contexte des sols karstiques peut donc d'ores et dj tre employe dans les rgions du monde o l'on retrouve majoritairement ce type de sols : le pourtour mditerranen et le Moyen-Orient. Les recherches se poursuivent afin d'largir le champ d'application de la RMP et l'tendre diffrents contextes gologiques, tels les socles de granite altrs du Burkina Faso. Rdaction : DIC - Marie GUILLAUME (1) Les premiers travaux de RMP appliqus l'eau reviennent aux scientifiques de l'Acadmie des Sciences de Russie. L'appareillage complexe de RMP (Numis) utilis aujourd'hui a t mis au point en 1996 par ces scientifiques, en collaboration avec des gophysiciens du BRGM (Bureau de recherche gologique et minire, Orlans) et de la socit Iris Instrument. Le concepteur, A. Legtchenko est actuellement directeur de recherche l'unit 027 GEOVAST de l'IRD. (2) Les essais sur le terrain, initis par les quipes du BRGM, impliquent galement l'Universit Montpellier II, Action contre la faim (Paris), CEAS (centre d'tudes atomiques de Syrie, Damas). (3) La rsistivit exprime la plus ou moins grande rsistance d'un sol au passage d'un courant lectrique. Sa mesure est traditionnellement utilise pour cartographier l'organisation physique du sol. Elle rvle la prsence ventuelle de failles ou de fractures. Evaluation des ressources en eau dans le socle par l'tude des fractures l'aide des donnes Landsat (bassin d'Odienn, Cte d'Ivoire)

Issiaka Savane, Institut d'cologie tropicale, Abidjan, Cte d'IvoireBni Goze, CARTEL, Universit Sherbrooke, Canada,Jean Biemi, Dpartement des sciences de la terre, Universit nationale de Cte d'Ivoire, Abidjan, Cte d'IvoireRsumDans le cadre d'un projet de recherche entre l'UREF, l'IET et le CARTEL de l'Universit de Sherbrooke visant valuer le rle de la tldtection dans la recherche des eaux souterraines en milieu cristallin, une tude structurale et gologique par tldtection a t entreprise. Cette tude avait pour but d'tablir l'inventaire des rseaux de linaments principaux pour la slection des sites privilgis des forages.L'interprtation gologique des images et les donnes gologiques dj existantes sur la nature des roches ont permis d'tablir une carte d'units gologiques et des axes structuraux majeurs sur des formations constitues en grande partie de granite et granite migmatique. L'exploitation des donnes provenant la fois des tudes sur l'affleurement, de l'interprtation des photographies ariennes et des images satellitaires a permis de dgager les grandes orientations tectoniques suivantes : N0-20, N30-60, N80-100 et N120-170, dont l'ge varie du palozoque infrieur au crtac.Les diagrammes de frquence ont permis de dterminer les grandes directions de fractures de tension pouvant parfois prsenter des ouvertures productives, savoir les directions NE, NW, NS. Les traitements numriques ont port sur le rehaussement, les rapports et combinaisons entre bandes TM et la classification semi-dirige. On a retenu le filtrage directionnel de Sobel, matrice 77.AbstractA structural and geological study aimed at evaluating the role of remote sensing in the search for underground water in fractured rock environments was undertaken in the framework of a joint UREF, IET and CARTEL (Sherbrooke University) project. The objective of the project was to prepare an inventory of the major lineament networks for the selection of drilling sites.The geological interpretation of images, linked with the existing geological information of the nature of bedrock, has made it possible to establish a map of geological units and of the major structural axes on mainly granite and magmatic granite formation. The combined use of data from the study on surfacing, from the interpretation of aerial photographs and from satellite images has made it possible to obtain the following main tectonic orientations: NW-20o, N30-60o, N80-100o and N120-170o, whose age varies from the lower Paleozoic to the Cretaceous.The frequency diagrams have made it possible to determine the main directions of tension fractures that can at times present productive openings, in particular the NE, NW and NS directions. Digital processing was based on height adjustment, the ratio and the combination between TM bands and semi-assisted classification. A Sobel directional filter with a 7x7 matrix was chosen.

IntroductionDans le cadre de ses activits, le rseau de tldtection de l'UREF, l'IET et le CARTEL ont entrepris un projet de recherche des eaux souterraines en milieu de socle au Nord-Ouest de la Cte d'Ivoire. Ce projet vise situer la place de la tldtection dans la rsolution de ce problme.L'une des mthodes les plus utilises dans la prospection des eaux souterraines dans le socle est la slection des sites d'implantation des forages grand dbit par l'exploitation des fractures. C'est sur cet aspect que nous avons concentr nos efforts. Les problmes d'chelle, lors de la superposition des documents et reproductions photographiques des scnes Landsat aux cartes topographiques, limitent la prcision dans le choix des sites. Les travaux de Bimi (1991) sur la gologie et les linaments rgionaux du bassin de la Marahou et les travaux de Gomine (1982) sur la gologie de la rgion d'Odienn ont t les lments de base de ce travail. Notre contribution a consist en l'inventaire des rseaux de fracture rle hydraulique dans la rgion d'Odienn et en l'tude gologique et structurale des scnes Landsat. Les travaux de terrain et l'analyse des photographies ariennes et de l'imagerie satellitaire ont permis de comparer les grandes directions de fracture. Par l'intgration numrique de ces donnes nous avons ralis la cartographie des linaments de la rgion et tudi l'exploitation des fractures dans la recherche de la productivit des forages. MthodologieL'tude de ce site a ncessit trois scnes Landsat Thematic Mapper. Ce sont des images du 8 janvier 1986, du format 6250 BPI adaptable au logiciel I2S, dont les caractristiques sont les suivantes :Paths RowsQuadrant

19953 2 et 4

198 531 et 3

19854 1 et 2

En plus de ces scnes, une reprsentation photo-satellitaire du site l'chelle de 1/100000 a t utilise. Ces images ont t prises en l'absence de nuages, en pleine saison sche. La cration de la mosaque a ncessit un calibrage radiomtrique (ajustement de la moyenne et de l'cart-type entre les secteurs de recouvrement) et la correction gomtrique a comport un rchantillonnage de la taille des pixels 50 * 50 mtres, compte tenu de la grande superficie du secteur d'tude (13 340 km). Les bandes 3 (rouges), 4 (proche infrarouge), 5 (infrarouge moyen) et 7 (infrarouge lointain) ont t retenues.Les traitements d'images ont port sur la recherche des combinaisons d'images rehausses favorisant la discrimination des ensembles lithologiques et la perception des linaments sur les compositions colores. Ainsi, l'tude gologique a t mene partir des composantes principales, du rapport TM7 - TM4, de la combinaison TM6 + TM7 et des filtres directionnels de Sobel utilisant une matrice 3 * 3 ou 7 * 7. Plus de 200 photos ariennes ont t utilises pour couvrir la zone d'tude, et ont servi aux tudes des linaments et de la gomorphologie. Ces photos sont l'chelle de 1/50 000 en noir et blanc. A ces images et photos s'ajoutent les cartes topographiques de 1/200 000 et les informations gologiques prexistantes ou recueillies lors des tudes gologiques l'affleurement.Principaux rsultats et interprtationCarte gologiqueL'esquisse de la carte gologique (figure 1) met en vidence l'importance des granites biotite d'extension rgionale qui occupent 42 % de la superficie; viennent en deuxime position les migmatites (migmatites anciennes et rcentes) avec 30 % de la superficie. Les granites biotites homognes, les granites deux micas et les granodiorites occupent 11 % de la superficie de la rgion, les mtasdiments et mtavulcanites 5 % et le gneiss 12 %. Les formations impliques dans les orogenses qui affectent la rgion d'Odienn peuvent tre divises en deux groupes (Potin, 1988) : Les roches mtamorphiques, constitues de reliques de roches libriennes, d'un ensemble de roches d'origine volcanique, subvolcanique et sdimentaire qui se sont mises en place dans les sillons d'ge birrimien, d'orthogneiss et d'amphibolites considrs tantt comme libriens, tantt comme prcoces en cycle burnen. Le mtamorphisme qui affecte ces formations est du facis granulite pour les roches libriennes, gnralement du facis schiste pour les mtavulcanites et les associes, et enfin du facis amphibolite pour les orthogneiss et amphibolites. Les plutonites dont l'essentiel est form de granitodes et de roches associes. Toutes ces formations ont subi d'importants phnomnes dont elles portent la marque. L'tude ptrographique des granitodes d'Odienn a permis de distinguer les granodiorites, les granites htrognes, les granites homognes, les granites deux micas, les pegmatites et aplites associes.Les facis sont trs varis, tant par leur texture et leur structure que par leur composition minralogique. Les facis les plus frquents ont un aspect orient avec des alternances limites diffuses de zones leucocrates grains moyens et de zones msocrates, en gnral grains plus fins, biotite ou biotite amphibole (Gomines, 1982). Tous ces facis de roches plutoniques prsentent : une altration hydrothermale qui s'exprime souvent par une sricitisation des feldspaths, une chloritisation de la biotite et une ouralisation de l'amphibole, une cataclase caractrise par des torsions ou ruptures des minraux accompagnes parfois de petits dcrochements de macles ; une lination minrale frquente, l'extinction onduleuse et les bandes de dformations dans le quartz, preuves d'une mise en place syncinmatique, un zonage des feldspaths qui marque le caractre magmatique de ces formations.FIGURE 1Carte gologique de la rgion d'OdiennLe birrimien est reprsent par des mtasdiments et mta-vulcanites prsents surtout dans la partie centrale de la carte. Les migmatites anciennes ont t cartographies dans la partie Est et Nord-Est. Les gneiss traversent la carte du NNO-SSE .FIGURE 2Histogrammes des frquences de fractures

Rseaux de linaments rgionauxLes linaments identifis partir des images TM et ceux identifis sur les photographies ariennes ont t superposs aux fractures observes l'affleurement. Les rosaces de direction, constitues partir de ces trois observations, ont permis de dterminer les grandes directions de fractures rgionales (figure 2).Les deux premires mthodes prsentent des directions presque similaires. Le diagramme de frquence partir des observations sur les affleurements est lgrement diffrent des deux autres observations. Cela s'explique par le fait que la couverture totale et effective sur le terrain d'un site grande chelle tant humainement impossible, le nombre de frquences d'observations de direction des fractures est faible et mme incomplet par rapport aux mthodes de tldtection. L'observation des images satellite offre donc beaucoup d'avantages et permet de gagner beaucoup de temps dans l'laboration d'une carte de fractures.Sur la base de l'analyse statistique et des informations gologiques disponibles, la direc-tion NE, correspondant la direction du birrimien, a t considre comme celle de la dformation tectonique majeure. Ainsi, les fractures proches du NE peuvent tre considres comme des fractures de tension et les fractures d'orientation NW, tant orthogonales aux contraintes de compression, seraient donc situes dans les plans de cisaillement et, de ce fait, peuvent tre considres comme tanches. Les fractures d'orientation NS sont assez nombreuses dans la rgion.FIGURE 3 Filtrage directionnel de Sobel, matrice 77 permettant de rehausser les linaments

D'une faon gnrale, ces accidents s'intgrent parfaitement dans la tectonique cassante de la Cte d'Ivoire. Les couloirs de cisaillement de la rgion d'Odienn correspondent des directions majeures dans le socle africain. Ces cassures du socle seraient apparues au cours des orogenses libriennes (2500 MA), panafricaines (600 MA) et hercyniennes (350 MA) ou au moment de l'ouverture de l'Atlantique, il y a 200 MA (Bimi et al., 1991). Nombre d'entre elles auraient subi des phases de remobilisation depuis le crtac.Recherche des sites d'implantation des foragesL'obtention d'un grand dbit dpend en grande partie du positionnement des forages. La position la plus convoite est celle situe sur l'intersection de deux ou plusieurs fractures kilomtriques.Le rehaussement des images TM par le filtre directionnel de Sobel dans la matrice 77 permet de mettre en vidence les grandes fractures dans les diffrentes directions. Par l'intermdiaire d'un systme graphique, on peut tracer ces fractures et ensuite dterminer les diffrentes intersections qui offrent plus de chances de succs (figure 3).Relation entre fractures, positionnement et productivit des foragesSi l'on tient compte des critres d'implantation des forages dans le socle qui les veulent : dans le croisement de fractures les plus longues, les plus nettes, et si possible les plus nombreuses, en un point topographiquement bas, en aval d'un bassin versant le plus large possible, proximit d'un marigot permanent,on doit admettre que chaque forage ralis dans le socle est positionn par rapport au moins un accident appartenant une direction tectonique dtermine. Par consquent, l'tude des relations entre forages et fractures peut s'avrer intressante pour expliquer le rle hydraulique de certaines directions d'accidents.TABLEAU 1Directions tectoniques et implantation des foragesPourcentage de forages lis chaque direction tectonique

N-SNE-SWE-WNW-SE22,3529,1022,6825,88

La carte de linaments ralise partir des images satellitaires a t introduite dans le systme Arc-Info. Dans ce systme, nous avons class les fractures selon les directions N-S, NE-SO, E-O et NO-SE. Sur ce fichier, nous avons superpos la base des donnes sur les ouvrages la carte de linament, aprs avoir produit une carte thmatique reprsentant la distance de tout point de la zone d'tude par rapport au linament le plus rapproch. Nous avons dtermin par le systme Arc-Info la distance sparant chacun des 134 ouvrages de la fracture la plus proche dans chacune des quatre directions prcites.Influence des accidents sur le positionnement des forages dans le socleTABLEAU 2Pourcentage de gros dbits et des dbits moyens dans chaque directionPourcentage des dbits suprieurs 6 m3/h

N-SNE-SWNW-SEE-W2,7329,8032,3635,12

Pourcentage des dbits compris entre 3 et 6 m3/h

N-SNE-SWNW-SEE-W23,8331,7426,9317,50

Le calcul des pourcentages d'ouvrages lis chaque direction tectonique au moment de l'implantation des ouvrages donne les rsultats figurant au tableau 1.Ces pourcentages permettent de classer les accidents en fonction de leur influence dans le positionnement des forages : NE-SO > NO-SE > E-O > N-S.Les accidents NE-SO et NO-SE, qui s'associent aux directions libriennes et burnennes d'Afrique, sont les mieux visibles sur les images satellitaires.La rpartition des dbits suivant les quatre directions est consigne dans le tableau 2.L'influence des accidents N-S et NE-SW n'est remarquable que sur les dbits moyens. En effet, dans ce cas, 55 % des ouvrages dbits moyens sont lis ces directions de fracture.Rgression des pourcentages des forages en fonction des distances de leur loignement par rapport aux fracturesFIGURE 4Courbe de dcroissance des pourcentages de forages en fonction des distances d'loignement par rapport aux fractures

Nous avons superpos la carte des linaments conue partir des images Landsat celle des ouvrages raliss sur le site lors des campagnes d'hydraulique villageoise dans le systme Arc-Info, et nous avons tudi la distribution des ouvrages l'intrieur des classes d'loignement de 200 en 200 m par rapport aux fractures. La figure 4 permet de distinguer trois parties: une droite des implantations idales localises sur l'axe des ordonnes, value 9,5 % et qui renseigne sur le nombre de forages captant directement les fractures; une courbe de croissance entre 0 et 1000 m, avec un pic 400 m. Cette croissance correspond 69,2 % du nombre de forages. Ce sont les ouvrages la fois les plus proches des accidents et les plus sollicits par les campagnes de forage; une courbe de dcroissance faible entre 1200 m et 3000 m reprsentant 30,8 % du nombre de forages. Ce sont les ouvrages les plus loigns des fractures.En gnral, les ouvrages issus des campagnes d'hydraulique villageoise, raliss dans les annes 1976, ont t implants de faon alatoire: 9,5 % des ouvrages captent directement les fractures et correspondent ceux qui offrent des pourcentages de dbit fort, suprieur ou gal 6 m3/h. Parmi eux, on peut noter Doumbala (20 m3/h), Kadiola (17,6 m3/h), Geouisso (12 m3/h), Nienesso (10 m3/h) etc.; 59,7 % des ouvrages sont plus ou moins proches d'une fracture et offrent des pourcentages de dbit intermdiaires compris entre 2 et 4 m3/h. Ce sont des ouvrages tels que Sl et N'goloblasso (2,9 m3/h), Bougousso (3,3 m3/h), Nabagala (4,5 m3/h) etc.; 30,8 % des ouvrages offrent des pourcentages de dbit infrieur ou gal 2 m3/h.L'idal, dans la recherche hydrogologique en milieu de socle, serait de rencontrer une fracture ouverte susceptible d'offrir un dbit maximum. Si un ouvrage est plac sur des fractures profondes, ou mieux sur l'intersection de deux ou plusieurs fractures, il est possible d'obtenir un grand dbit d'eau souterraine (Parizek, 1976). La cartographie des fractures est donc recommande dans les zones de socle parce que l'eau souterraine se trouve dans les structures secondaires o les vides sont dvelopps par l'action tectonique et l'altration.Le nombre de fractures et le nombre d'intersections de fractures sont des mesures de la permabilit secondaire moyenne de l'aquifre de roche cristalline et, par consquent, de la grandeur d'coulement d'eau souterraine autour du puits (Brook, 1988). Ainsi, on constate qu'un forage ralis dans ces zones, sur la base des photographies ariennes et/ou de la gophysique, doit tre distant d'un kilomtre au maximum d'un accident pour tre productif. Par consquent, chaque forage doit se situer proximit d'au moins une fracture dont il est cens capter les eaux souterraines.L'interpolation des distances, par rapport aux fractures, prsente un certain nombre de sources d'erreurs qui sont : la correction gomtrique, l'interpolation imparfaite, les erreurs dans les relevs des linaments, les traces de crayon, les erreurs de lecture.En raison de sa grande dimension, le pixel du site a t chantillonn 50 m. Compte tenu des diffrentes sources d'erreurs, on a accept pour cette tude une marge de 2 pixels, ce qui correspond la distance de 100 m. ConclusionDans la rgion d'Odienn, en Cte d'Ivoire, une interprtation gologique des images Landsat TM et des photographies ariennes a permis d'tablir la carte des principales units et les rosaces des principales directions des fractures majeures. Sur le plan gologique, cette rgion est caractrise essentiellement par les formations de granito-migmatites, les granites, les granites biotite, les granites deux micas, le gneiss, et les formations volcaniques. Les linaments y sont caractriss par les principales directions suivantes : NO-20, N30-60, N80-100, N120-170. Ces directions de fractures dfinissent plusieurs couloirs de cisaillement et de failles et ces accidents cassants ont un rle hydrogologique important. En effet, pour garantir un dbit optimum des forages en zone de socle, la recherche des fractures ou des intersections de fractures est conseille. C'est ainsi que nous avons inventori plusieurs fractures qui prsentent un intrt certain pour les futures campagnes d'hydraulique villageoise.L'tude des linaments et des fractures prsente certaines limites dans leur interprtation. On doit notamment tenir compte du facteur humain. En effet, pendant l'interprtation, les copies peuvent subir une rotation et les traits des linaments sont alors observs sous des angles diffrents, ce qui peut fausser l'interprtation des images. D'autre part, dans l'interprtation des images Landsat travers un viseur additif couleur, la scne est observe sous des directions angulaires limites.RemerciementsNous tenons remercier l'UREF (Universit des rseaux d'expression franaise) pour nous avoir permis de raliser ce travail grce une subvention de recherche partage.BibliographieBrook, G. 1988. Hydrological factors influencing well productivity in the crystalline rock regions of Georgia South-eastern. Geology, vol.29, p. 65-81.Gomine. 1982. Inventaire hydrogologique appliqu l'hydraulique villageoise. Cahier n 4. Lte, 24p.Potin Koffi, B.K. 1988. Ptrographie et gochimie des formations prcambriennes de la rgion d'Odienn (Nord-Ouest de la Cte d'Ivoire). Thse Doctorat s-sciences naturelles.Bimi, J., Gwyn, Q.H.J., Deslandes, S. et Jourda, P. 1991. Gologie et rseaux de linaments rgionaux du bassin versant de la Marahou, Cte d'Ivoire : cartographie l'aide des donnes Landsat TM et du champ magntique total. Tldtection et gestion des ressources. Vol. VII, Paul Gagnon (dit.). L'Association qubcoise de tldtection. p. 135-145.Parizek, R.R. 1976. Lineaments and ground water. Memurtry, G.T. et Petersen, G.W. (ds) Interdisciplinary application and interpretation of EREP data within the Surquehanna River basin. SKYLAB EREP Investigation # 475, NASA contract n 9, 134076, ORSER SSEL, vol. 4, p.59-86.