2
2S118 79 e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T. Séance du 11 novembre après-midi TRAUMATOLOGIE 192 Faut-il des radiographies standard pour tout traumatisme isolé du genou ? Note de catamnèse Cyril BOERI*, Jean-Yves JENNY INTRODUCTION. Les critères d’Ottawa proposent de ne pra- tiquer des radiographies après un traumatisme du genou que si l’un au moins des critères cliniques suivants est présent : âge supé- rieur à 55 ans, douleur à la palpation de la tête de la fibula, douleur à la palpation de la face antérieure de la patella, impossibilité de fléchir le genou au-delà de 90°, incapacité à faire 4 pas immédiate- ment après le traumatisme et lors de la consultation en urgence. Les auteurs avaient déjà réalisé une étude prospective et continue afin de valider cette règle dans leur pratique quotidienne, mais les patients n’ayant pas eu de radiographies n’avaient pas été suivis de façon suffisante pour affirmer l’absence de toute fracture. MATÉRIEL ET MÉTHODES. Ont été inclus, de février à mars 2002, tous les patients ayant consulté en urgence pour un traumatisme récent isolé d’un genou. Ont été exclus les patients de moins de 10 ans, les plaies isolées, les traumatismes datant de plus de 2 jours, les patients ayant des antécédents traumatiques du même genou. Les patients ont été examinés en urgence, en réperto- riant les critères d’étude, et des radiographies standard de face et de profil en position couchée ont été réalisées de façon systématique. Les patients et les radiographies ont été revus secondairement par un chirurgien orthopédiste et un radiologue confirmés, en notant l’existence d’une fracture nécessitant une prise en charge thérapeu- tique spécifique. Par la suite, tous les patients ont été réexaminés ou réinterrrogés par téléphone 6 mois après l’accident pour recher- cher une éventuelle complication secondaire. La sensibilité, la spé- cificité et les valeurs prédictives positive et négative de la règle d’Ottawa pour la recherche d’une fracture ont été calculés. RÉSULTATS. Cent soixante dix-huit patients ont rempli les critères d’inclusion. Soixante-trois n’ont pas eu de radiographies : aucune fracture n’a été diagnostiquée pendant le suivi. La sensibi- lité et la valeur prédictive négative de la règle d’Ottawa étaient de 100 % ; la spécificité était de 37 % et la valeur prédictive po- sitive de 8 %. CONCLUSION. Cette étude valide donc de façon formelle la règle d’Ottawa dans le contexte d’exercice des auteurs. La diffu- sion de cette règle pourrait permettre d’éviter environ un tiers des radiographies réalisées pour un traumatisme récent isolé du genou. 193 Fracture fémorale interprothétique : est-ce une catastrophe ? Guy PIÉTU*, Luc SOUBIGOU, Joseph LETENNEUR INTRODUCTION. Les fractures fémorales interprothétiques sont rares et ont mauvaise réputation depuis la publication de Kenny en 1998 ne rapportant que des échecs de consolidation sur 4 cas. La revue de nos patients a été envisagée pour connaître le bien-fondé de cette crainte. MATÉRIEL. De septembre 1995 à décembre 2003, 5 fractures fémorales entre prothèse de hanche et prothèse de genou ont été opérées. Il s’agissait de 5 femmes âgées de 72 ans (43-88). Les prothèses de hanche avaient été implantées entre 6 et 110 mois auparavant ; 4 étaient scellées, la dernière étant une prothèse de Moore. Les prothèses de genou avaient été implantées entre 4 et 151 mois auparavant. Elles étaient toutes de resurfaçage sans extension endomédullaire. Aucun descellement n’était noté. MÉTHODES. La stabilisation a été pratiquée 4 fois par enclouage rétrograde à foyer fermé et 1 fois par plaque cablée apposée, le canal médullaire proximal étant trop court. Aucun apport osseux n’a été réalisé. RÉSULTATS. L’intervention a duré 64 minutes (40-75) pour les enclouages et 80 minutes pour la plaque. Une infection est survenue à 3 mois après consolidation, amenant au décès de la patiente. Toutes les autres fractures ont consolidé en moins de six mois. L’alignement fracturaire était toujours satisfaisant. Les fonctions de hanche et de genou étaient retrouvées au dire des patients avant 6 mois. La revision était à 30 mois (3-66). Aucun descellement radiologique n’a été retrouvé. Aucune fracture entre l’implant de hanche et le clou rétrograde n’est survenue. CONCLUSION. Les fractures interprothétiques au-dessus de prothèse à glissement sans extension endomédullaire peuvent consolider sans problème, d’après notre série et plusieurs cas cli- niques isolés. Le choix entre la plaque apposée et l’enclouage rétrograde dépend des habitudes du chirurgien, du type de pro- thèse de genou et de la longueur du canal médullaire libre. 194 Fracture de l’extrémité inférieure du fémur après prothèse totale de genou Philippe HERNIGOU*, Sari CHABANE, Alexis NOGIER, Zaga P EJIN, Alexandre P OIGNARD INTRODUCTION. Cette étude analyse les facteurs de risque et les modalités thérapeutiques de 20 fractures de l’extrémité infé- rieure du fémur survenues après prothèse totale de genou. MATÉRIEL ET MÉTHODE. Vingt fractures de l’extrémité inférieure du fémur ont été traitées entre 1990 et 2000 chez des patients opérés par prothèse de genou pour arthrose ou polyarthrite rhumatoïde. L’âge moyen des patients, au moment de l’interven- *Cyril Boeri, CTO, 10, avenue Baumann, 67400 Illkirch. *Guy Piétu, Service des Urgences, CHU de Nantes, place Alexis-Ricordeau, BP 1005, 44035 Nantes.

194 Fracture de l’extrémité inférieure du fémur après prothèse totale de genou

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 194 Fracture de l’extrémité inférieure du fémur après prothèse totale de genou

2S118 79e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T.

Séance du 11 novembre après-midi

TRAUMATOLOGIE

192 Faut-il des radiographies standardpour tout traumatisme isolé dugenou ? Note de catamnèse

Cyril BOERI*, Jean-Yves JENNY

INTRODUCTION. Les critères d’Ottawa proposent de ne pra-tiquer des radiographies après un traumatisme du genou que sil’un au moins des critères cliniques suivants est présent : âge supé-rieur à 55 ans, douleur à la palpation de la tête de la fibula, douleurà la palpation de la face antérieure de la patella, impossibilité defléchir le genou au-delà de 90°, incapacité à faire 4 pas immédiate-ment après le traumatisme et lors de la consultation en urgence.Les auteurs avaient déjà réalisé une étude prospective et continueafin de valider cette règle dans leur pratique quotidienne, mais lespatients n’ayant pas eu de radiographies n’avaient pas été suivis defaçon suffisante pour affirmer l’absence de toute fracture.

MATÉRIEL ET MÉTHODES. Ont été inclus, de février àmars 2002, tous les patients ayant consulté en urgence pour untraumatisme récent isolé d’un genou. Ont été exclus les patients demoins de 10 ans, les plaies isolées, les traumatismes datant de plusde 2 jours, les patients ayant des antécédents traumatiques dumême genou. Les patients ont été examinés en urgence, en réperto-riant les critères d’étude, et des radiographies standard de face et deprofil en position couchée ont été réalisées de façon systématique.Les patients et les radiographies ont été revus secondairement parun chirurgien orthopédiste et un radiologue confirmés, en notantl’existence d’une fracture nécessitant une prise en charge thérapeu-tique spécifique. Par la suite, tous les patients ont été réexaminésou réinterrrogés par téléphone 6 mois après l’accident pour recher-cher une éventuelle complication secondaire. La sensibilité, la spé-cificité et les valeurs prédictives positive et négative de la règled’Ottawa pour la recherche d’une fracture ont été calculés.

RÉSULTATS. Cent soixante dix-huit patients ont rempli lescritères d’inclusion. Soixante-trois n’ont pas eu de radiographies :aucune fracture n’a été diagnostiquée pendant le suivi. La sensibi-lité et la valeur prédictive négative de la règle d’Ottawa étaientde 100 % ; la spécificité était de 37 % et la valeur prédictive po-sitive de 8 %.

CONCLUSION. Cette étude valide donc de façon formelle larègle d’Ottawa dans le contexte d’exercice des auteurs. La diffu-sion de cette règle pourrait permettre d’éviter environ un tiers desradiographies réalisées pour un traumatisme récent isolé du genou.

193 Fracture fémorale interprothétique :est-ce une catastrophe ?

Guy PIÉTU*, Luc SOUBIGOU, Joseph LETENNEUR

INTRODUCTION. Les fractures fémorales interprothétiquessont rares et ont mauvaise réputation depuis la publication deKenny en 1998 ne rapportant que des échecs de consolidationsur 4 cas. La revue de nos patients a été envisagée pour connaîtrele bien-fondé de cette crainte.

MATÉRIEL. De septembre 1995 à décembre 2003, 5 fracturesfémorales entre prothèse de hanche et prothèse de genou ont étéopérées. Il s’agissait de 5 femmes âgées de 72 ans (43-88). Lesprothèses de hanche avaient été implantées entre 6 et 110 moisauparavant ; 4 étaient scellées, la dernière étant une prothèse deMoore. Les prothèses de genou avaient été implantées entre 4 et151 mois auparavant. Elles étaient toutes de resurfaçage sansextension endomédullaire. Aucun descellement n’était noté.

MÉTHODES. La stabilisation a été pratiquée 4 fois parenclouage rétrograde à foyer fermé et 1 fois par plaque cabléeapposée, le canal médullaire proximal étant trop court. Aucunapport osseux n’a été réalisé.

RÉSULTATS. L’intervention a duré 64 minutes (40-75) pourles enclouages et 80 minutes pour la plaque. Une infection estsurvenue à 3 mois après consolidation, amenant au décès de lapatiente. Toutes les autres fractures ont consolidé en moins desix mois. L’alignement fracturaire était toujours satisfaisant. Lesfonctions de hanche et de genou étaient retrouvées au dire despatients avant 6 mois. La revision était à 30 mois (3-66). Aucundescellement radiologique n’a été retrouvé. Aucune fractureentre l’implant de hanche et le clou rétrograde n’est survenue.

CONCLUSION. Les fractures interprothétiques au-dessus deprothèse à glissement sans extension endomédullaire peuventconsolider sans problème, d’après notre série et plusieurs cas cli-niques isolés. Le choix entre la plaque apposée et l’enclouagerétrograde dépend des habitudes du chirurgien, du type de pro-thèse de genou et de la longueur du canal médullaire libre.

194 Fracture de l’extrémité inférieure dufémur après prothèse totale degenou

Philippe HERNIGOU*, Sari CHABANE,Alexis NOGIER, Zaga PEJIN, Alexandre POIGNARD

INTRODUCTION. Cette étude analyse les facteurs de risqueet les modalités thérapeutiques de 20 fractures de l’extrémité infé-rieure du fémur survenues après prothèse totale de genou.

MATÉRIEL ET MÉTHODE. Vingt fractures de l’extrémitéinférieure du fémur ont été traitées entre 1990 et 2000 chez despatients opérés par prothèse de genou pour arthrose ou polyarthriterhumatoïde. L’âge moyen des patients, au moment de l’interven-

*Cyril Boeri, CTO, 10, avenue Baumann, 67400 Illkirch.

*Guy Piétu, Service des Urgences, CHU de Nantes,place Alexis-Ricordeau, BP 1005, 44035 Nantes.

Page 2: 194 Fracture de l’extrémité inférieure du fémur après prothèse totale de genou

RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS 2S119

tion était de 72 ans (de 69 à 77). Dans 6 cas, les patients avaientune intervention sur la hanche sus-jacente et, dans 3 cas, surl’extrémité inférieure du fémur homolatéral. Aucune encocheimportante sur la face antérieure du fémur n’était observée aumoment de l’implantation de la prothèse initiale. Le type de lafracture était une oblique courte dans 4 cas, une transversale dans5 cas, une spire longue dans 4 cas et pour les autres une fracturecomminutive. Pour 4 d’entre eux, l’analyse radiologique préopéra-toire laissait suspecter la survenue d’un descellement concomitantde la fracture.

RÉSULTATS. Ces fractures ont été traitées, soit par ostéosyn-thèse, soit par changement de la pièce fémorale lorsqu’il existaitun descellement associé à la fracture, le changement de la piècefémorale s’effectuant à l’aide d’une tige longue. Le recul allait de2 à 10 ans. Les 10 opérés qui ont eu un changement de piècefémorale avec une tige longue ont pu reprendre l’appui de manièreimmédiate. Pour les autres ; l’appui a été différé et la consolida-tion de la fracture obtenue avec un délai moyen de 5 mois (de 4 à12 mois) et a nécessité pour 3 patients une, voire deux interven-tions itératives avant d’obtenir la consolidation. Trois patients sontmorts dans l’année qui a suivi la fracture de l’extrémité inférieuredu fémur. Aucune infection, ni retard de cicatrisation a étéobservé. Au recul maximum, le score du genou et la fonction ontrégressé après traitement de la fracture. Trois patients ont présentéune nouvelle fracture sur le fémur concerné après consolidation dela fracture initiale ou après le changement de la prothèse de genou.

DISCUSSION ET CONCLUSION. La fracture de l’extrémitéinférieure du fémur après prothèse totale de genou est une compli-cation grave par la mortalité qui en résulte et les difficultés théra-peutiques qui entravent la récupération fonctionnelle des patients.Les facteurs de risques les plus importants apparaissent l’existenced’une intervention sur la hanche sus-jacente, et une interventiondéjà réalisée sur l’extrémité inférieure du fémur avant l’implanta-tion de la prothèse totale de genou. Le descellement de l’implantfémoral associé à la fracture peut être de diagnostic difficile sur lesradiographies (méconnu dans 2 cas). Les difficultés thérapeuti-ques concernent le type d’incision cutanée, la position des vis parrapport au composant fémoral, la nécessité ou non d’un apportosseux concomitant et enfin la nécessité de changer le composantfémoral pour une pièce comportant une tige centro-médullaire.

195 Fixation externe fémoro-tibiale dyna-mique avec mobilisation précocedans les lésions graves du genou :technique originale à propos de 4 cas

Stéphane LEVANTE*, Nasser MEBTOUCHE,Charles COURT, Olivier GAGEY,Jacques-Yves NORDIN

INTRODUCTION. La prise en charge des traumatismes gravesdu genou, luxations ou fractures comminutives, fait souvent appel

à l’utilisation de fixateurs externes fémoro-tibiaux, pontant demanière statique l’articulation. Laissés en place jusqu’à l’obten-tion d’une stabilité suffisante ils peuvent entraîner une raideur arti-culaire. Nous avons utilisé récemment dans ces lésions, un fixateurexterne femoro-tibial articulé, permettant la mobilisation précocede l’articulation. Nous présentons les résultats à court terme d’unetechnique originale.

MATÉRIELS Et MÉTHODES. Quatre patients ont été traitésainsi pour des lésions graves du genou. Il s’agissait de patients jeu-nes (28-40 ans) victimes de traumatismes à haute énergie à l’ori-gine de lésions complexes : une luxation pure avec pentadepostéro-externe associées à une ouverture cutanée de stade III ;3 fractures épiphysaires complexes associées 2 fois à des lésionspériphériques (pentade externe et avulsion osseuse fémorale duLLI). L’intervention a débuté par l’ostéosynthèse épiphysairecomplétée par fixateur hybride tibial. La décision de compléter lemontage par un deuxième anneau fémoral a été prise par nécessitédevant une instabilité résiduelle ou d’emblée pour la luxation dugenou ou la comminution fracturaire. L’axe de flexion fémorotibiale sur lequel étaient montées les charnières a été déterminé parméthode radiologique. Une certaine distraction articulaire pouvaitêtre appliquée.

RÉSULTATS. La rééducation a été débutée vers le 8e jour pos-topératoire. Le genou a été libéré entre la 6e et la 10e semaineselon le type de lésion. À la libération, l’amplitude moyenne fut de90°. Deux patients souffrant de troubles psychiatriques gravesn’ont pu être mobilisés dans le secteur prévu. Un genou a étémobilisé sous anesthésie. Nous n’avons pas observé de déplace-ment secondaire, de pseudarthrose ou de laxité latérale résiduelle.

DISCUSSION. L’utilisation des fixateurs articulés, relative-ment ancienne, s’est récemment développée en traumatologie,notamment pour le coude ou la cheville. Seules deux publicationsrécentes décrivent des cas cliniques isolés avec de bons résultatssur le genou. L’utilisation d’un montage original nous a permis demobiliser rapidement l’articulation et les résultats sont comparésavec ceux d’une série de fixateurs statiques. Le problème de larotation automatique du genou et de la cicatrisation ligamentaireest discuté.

CONCLUSION. La fixation dynamique du genou est une voiede recherche. Ses applications en traumatologie et en chirurgiesecondaire restent à définir.

196 Réparatition des ruptures tendineu-ses de l’appareil extenseur du genoupar suture trans-rotulienne

Cédric LAPORTE*, Antoine ATALLAH,Georges KASSAB, Dominique JÉGOU

INTRODUCTION. Les ruptures des tendons quadricipital etrotulien sont des lésions rares. Leur traitement est chirurgical etconsiste en une suture tendineuse. Le résultat fonctionnel est

*Philippe Hernigou, Service de Chirurgie Orthopédique,Hôpital Henri Mondor, 51, avenue de Lattre-de-Tassigny,

94010 Créteil.*Stéphane Levante, Service de Chirurgie Orthopédique,

CHU de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc,94275 Le Kremlin-Bicêtre.