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1.La prophétie du fléau - Daniel Guay Auteurdanielguayauteur.com/livres/Atlantide_1_Extrait.pdf · Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec

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1.La prophétie du f léau

Fasciné depuis toujours par la littérature fantastique et la mythologie gréco-romaine, Daniel Guay décide d’appliquer son imaginaire débordant à la création de romans. C’est ainsi qu’il crée d’abord la série Anosios, avant de s’attaquer au mythe de l’Atlantide.

www.SerieAtlantide.com

Depuis des siècles, le mythe du continent disparu d’Atlantide suscite l’intérêt et enflamme l’imagination des différents peuples. L’idée qu’une civilisation avancée ait pu exister plusieurs milliers d’années avant notre ère suffit à piquer notre curiosité. Qui étaient ces gens ? Quelle était leur culture et, plus important encore, qu’est-ce qui a causé leur déclin ?

Dans une région éloignée du continent d’Atlantide, un jeune garçon nommé Alkar vit en compagnie de son père et de sa sœur. Il mène une existence paisible, jusqu’à ce qu’il découvre qu’on lui a volontairement dissimulé des vérités pourtant bien connues de tous les Atlantes. Pour une raison qui lui échappe, son père tient à le garder dans l’ignorance, ce qui ne fait qu’éveiller la curiosité du jeune garçon. Le mystère atteint son apogée lorsque son père décide de quitter précipitamment le village à la suite d’une visite des représentants de l’État. Cet homme, en qui Alkar avait toujours eu entièrement confiance, agit de plus en plus étrangement, sans donner d’explication.

Alors qu’il suit son père et sa sœur dans un voyage interminable, Alkar découvrira qu’il existe une prophétie annonçant la chute du continent d’Atlantide. L’État, composé de trois cultes représentant la science, la religion et la magie, met tout en œuvre pour empêcher ce désastre. Alkar deviendra un élément clé dans cette lutte que mènent les trois cultes contre l’adversité. Il devra affronter de difficiles épreuves et de terribles ennemis se dresseront devant lui : les drakens.

La prophétie du fléauD

aniel Guay

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5 $

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québecet Bibliothèque et Archives Canada

Guay, Daniel, 1981-Atlantide

Sommaire: t. 1. La prophétie du fléau.Pour les jeunes.

ISBN 978-2-89585-275-9 (v. 1)1. Atlantide (Lieu imaginaire) - Romans, nouvelles, etc. pour la jeunesse.

I. Titre. II. Titre: La prophétie du fléau..

PS8613.U26A94 2012 jC843'.6 C2011-942580-7PS9613.U26A94 2012

© 2012 Les Éditeurs réunis (LÉR).

Image de couverture : Denis Gagnon

Les Éditeurs réunis bénéficient du soutien financier de la SODECet du Programme de crédits d’impôt du gouvernement du Québec.

Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

Édition : LES ÉDITEURS RÉUNIS

www.lesediteursreunis.com

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Imprimé au Canada

Dépôt légal : 2012Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliothèque nationale du CanadaBibliothèque nationale de France

Distribution au Canada : PROLOGUE

www.prologue.ca

Distribution en Europe : DNM

www.librairieduquebec.fr

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Daniel Guay

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La prophétie du fléau

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Prologue

Une chaleur cuisante s’abattait sur la majestueuse cité d’Ascalath.Bien que le soleil fût couché depuis quelques heures, les rues de lacapitale étaient presque entièrement désertes. Incommodés par latempérature suffocante, les citadins limitaient leurs déplacementsautant qu’ils le pouvaient. Certains d’entre eux arpentaient néanmoinsles artères principales de la cité dans le but de se rendre aux bainspublics, où ils pourraient se rafraîchir un moment. La canicule avaitdébuté cinq jours auparavant et rien n’indiquait qu’elle était sur lepoint de s’estomper. Le climat était devenu le sujet de conversation deprédilection et chacun était à la recherche d’un ingénieux moyen d’yéchapper.

Depuis les cinquante dernières années, le développement de la citéavait connu un essor considérable, ce qui était aussi le cas pourl’ensemble du continent d’Atlantide. En un temps infiniment restreint,les Atlantes avaient acquis un savoir qui aurait paru hors de portée àleurs ancêtres.

La plupart des gens s’accordaient pour dire que tout avait commencélors de la révolution, qui avait eu lieu précisément cinquante ansauparavant. Durant cet épisode sanglant de leur histoire, les habitantsd’Atlantide s’étaient rebellés contre la monarchie, qui était depuislongtemps devenue sourde à leurs besoins. Certains radicaux avaientmême revendiqué la mort de tous les nobles, mais la majorité de lapopulation avait jugé que ce n’était pas une façon civilisée d’agir. Lanoblesse déchue s’était donc vue contrainte d’intégrer les rangs dupeuple, alors qu’une nouvelle organisation prenait le pouvoir.

Quoi qu’il en soit, la chute de la monarchie n’était pas la seuleresponsable du progrès qui façonnait le continent. D’ailleurs, un grandnombre d’hommes influents disaient que certains changements,apparus bien avant la révolution, avaient marqué un tournant dans laprogression de leur civilisation.

Les opinions différaient sur les raisons qui avaient amené lesAtlantes à connaître une telle poussée en avant, mais tous déclaraientque ce n’était que le commencement. Pourtant, en observant la capitaleparalysée par la chaleur intense qui y régnait depuis quelques jours, il

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était difficile de croire que ses habitants étaient d’infatigables innova-teurs. Paisibles, ils profitaient de ce repos forcé pour prendre le tempsde savourer cette nouvelle vie qu’ils s’étaient forgée.

Sous cette apparente quiétude, une sombre réunion était sur le pointd’avoir lieu dans les soubassements de la cité. Deux hommes, dont lechemin était éclairé par la faible lueur d’une lampe à huile, discutaientà voix basse en prenant soin de ne pas glisser sur les pierres dontplusieurs étaient couvertes de mousse.

— Il est difficile de croire que ces souterrains sont les vestiges del’ancienne cité, dit celui qui ouvrait la marche.

Il était évident que cette remarque avait pour seul but de meubler laconversation, mais son compagnon sauta sur l’occasion pour détour-ner ses pensées de l’inquiétante vérité qu’il venait d’apprendre.

— Je me souviens encore du soir où la monarchie perdit lecontrôle de la vieille capitale, dit-il en fouillant sa mémoire. Pourarriver à leurs fins, les révolutionnaires avaient mis le feu au château,ce qui avait dérouté la garde royale. D’ailleurs, n’étiez-vous pas aucœur des hostilités†?

— En effet, admit le premier homme. Malheureusement, le vents’était rapidement mis de la partie et les flammes s’étaient propagéesaux habitations les plus proches. En un rien de temps, la cité en entieravait été avalée par le feu. À l’époque, nous ne possédions aucunmoyen de pomper l’eau des réservoirs pour maîtriser ce carnage quenous avions déclenché malgré nous. La plus grande ville du continentavait disparu en un clin d’œil, ce qui était une tragédie sans pareil.Comment aurions-nous pu imaginer qu’Ascalath se relèverait de sescendres et qu’une nouvelle cité serait bâtie par-dessus les vestiges dece que nous avions détruit†? Peut-être était-ce nécessaire pour nouspermettre de prendre un nouveau départ.

Le silence s’installa de nouveau entre les deux hommes, qui ne tardè-rent pas à atteindre une vieille porte en bois massif dont les penturesétaient rongées par la rouille. Autrefois, une serrure bloquait l’accès dela pièce que le duo s’apprêtait à visiter, mais il y avait longtemps queson mécanisme était hors d’usage. L’homme qui tenait la lampe poussala porte qui grinça à outrance et s’engouffra dans la pièce circulaire.Pendant que son compagnon s’installait sur l’un des quatre siègesdisposés de chaque côté de la poussiéreuse table carrée, il retira lacheminée en verre de sa lampe et alluma les nombreuses bougies quise trouvaient déjà dans la pièce. L’éclairage était maintenant beaucoup

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plus adéquat et il était possible de distinguer l’apparence des deuxhommes dont les regards étaient emplis d’inquiétude.

Celui qui venait tout juste d’allumer les bougies était le ministre dela magie. Ses longs cheveux gris ébouriffés témoignaient de sa longueexpérience de la vie, mais rares étaient les personnes qui pouvaientdeviner précisément son âge. En effet, Eldan était le genre d’hommeau visage éternellement jeune. Quelques rides trahissaient qu’il avaitvécu plusieurs décennies, mais le charisme qu’il avait acquis durantles soixante-quinze dernières années compensait largement ce détail.Contrairement aux gens de son âge, le ministre des magiciens n’arbo-rait pas une tenue propre à l’époque dans laquelle il avait grandi. Aucontraire, il lui plaisait d’adopter les nouveaux vêtements à la mode.Même durant la canicule, il refusait de quitter sa demeure sans sonlong manteau rouge exubérant. Néanmoins, il avait troqué ses courtesbottes pour des sandales qui laissaient respirer ses vieux piedsmeurtris. Inconfortable sur sa petite chaise en bois, le magicien tuaitle temps en remuant ses longs doigts maigres, au bout desquels dansaitune silhouette formée dans une fumée blanche.

En face d’Eldan était assis un homme d’une soixantaine d’années etqui avait pourtant l’air aussi vieux que son compagnon. Evington, leministre de la religion, avait toujours eu quelque chose d’antipathique.Comme il avait le regard maussade et les traits tirés vers le bas, certainsse demandaient s’il lui était déjà arrivé de rire. Sa coiffure noire étaitcourte et sobre, à l’image de ses habits. Une longue tunique de cotonbrun, par endroits brodée de symboles violets, suffisait à ses maigresbesoins vestimentaires. Seule une ceinture bleue venait contraster avecson naturel austère. Il fallait du temps pour bien comprendre lapersonnalité du ministre de la religion, mais Evington gagnait à êtreconnu. Sous son apparence rigide, il était un camarade aux multiplesqualités. Il était fiable, intelligent, perspicace et parfois même drôlelorsqu’il se sentait à l’aise, et tous ses disciples s’entendaient pour direqu’il était le meilleur précepteur qu’on pouvait rêver d’avoir.

Eldan et Evington se connaissaient depuis plus de quarante ans et ilsne ressentaient plus le besoin de meubler le silence lorsqu’ils n’avaientstrictement rien à se dire. Ce n’était pas précisément le cas cette fois-là, mais chacun jugeait qu’il était inutile de débattre du sujet qui lesintéressait, tant que le groupe ne serait pas complet. Patiemment, ilsfixaient la porte par laquelle celui qu’ils attendaient devait arriver.

— Je crois avoir entendu des pas, déclara Evington.

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Au moment même où il prononçait ces mots, la porte qu’il n’avaitpas quittée du regard commença à grincer, puis l’homme tant attendupénétra dans la pièce circulaire. Svelte, de taille moyenne et lescheveux longs, le maître du culte des sciences était beaucoup plusjeune que ses deux homologues. À peine âgé de trente-neuf ans, il avaitatteint le sommet de la hiérarchie. Son visage portait encore les traitsfins de la jeunesse, bien que ses yeux fussent cernés et quelque peubouffis. Vêtu de façon étrange, l’homme de science portait des couleursassorties de façon discutable. Ceux qui ne le connaissaient pas auraientpu croire qu’il s’agissait d’un abruti, mais cette hypothèse était trèsloin de la réalité. En vérité, le ministre des sciences était passionné deson travail, qui représentait toute sa vie. Il avait du mal à s’arrêter pourmanger ou dormir et son apparence était le cadet de ses soucis.

Lorsqu’il avait reçu une missive lui demandant de se rendre à la sallesecrète du conseil, Nihomed n’avait pas eu à lire la signature pourreconnaître l’écriture soignée d’Evington, son distingué collèguereligieux. Intrigué, il avait délaissé l’invention sur laquelle il travaillaitdepuis maintenant plus d’un mois. Toutefois, son cerveau n’avait pasrompu le lien et des calculs complexes se bousculaient encore dans satête.

— Nihomed†! s’exclama le ministre de la religion. Je suis heureuxque vous ayez pu vous joindre à nous.

— Votre message mentionnait qu’il s’agissait d’une affaire de laplus haute importance, répondit le ministre des sciences. Je suisimpatient de savoir de quoi il retourne†; mais peut-être devrions-nousattendre l’arrivée d’Uriel.

Aussitôt, les visages d’Eldan et d’Evington s’assombrirent. De touteévidence, Uriel n’avait pas été convié à la réunion dont le sujet devenaitde plus en plus mystérieux. Evington invita Nihomed à s’asseoir, sanspour autant lui expliquer la raison pour laquelle le conseil n’était pascomplet.

— Êtes-vous bien certains qu’il soit judicieux de tenir un conseilsans la présence d’Uriel†? demanda le scientifique.

Eldan jeta un regard affligé à son collègue religieux, en espérant quecelui-ci expliquerait la raison qui justifiait tous ces mystères.

— Avez-vous été témoin d’un signe quelconque†? demanda Eving-ton en fixant intensément Nihomed.

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Le ministre de la religion était reconnu pour ses questions froides etdirectes, mais celle-ci était quelque peu nébuleuse.

— Je ne suis pas certain de comprendre à quoi vous faites référence,avoua Nihomed.

— Dans ce cas, répliqua Evington, je dois vous informer que leministre de la magie et moi-même avons tous les deux été témoinsd’une prophétie annonçant la chute du continent d’Atlantide.

Il fallut un moment à Nihomed pour assimiler cette troublante décla-ration. En tant que scientifique, il avait toujours eu du mal à compren-dre la religion et la magie, mais il avait pleinement confiance en Eldanet Evington. Des dizaines de questions se bousculaient dans la tête duscientifique. Deux d’entre elles étaient incontournables†: de quellefaçon la prophétie s’était-elle manifestée et quel était le danger quimenaçait le continent.

Ce fut d’abord Eldan qui relata ce qui lui était arrivé plus tôt dans lajournée. Le magicien, afin d’échapper à la chaleur intense, avait essayéde créer un vent artificiel à l’intérieur de sa demeure. Cela n’avaitencore jamais été tenté, mais le vieil homme aux longs cheveux grisétait reconnu comme un précurseur. Confiant, il avait réussi à produireun faible vent, mais il avait rapidement perdu le contrôle de sacréation, pour une raison inconnue. Poussé par une bourrasque àlaquelle il ne s’attendait pas, il était durement tombé sur le sol, ce quiaurait pu causer la fracture de ses vieux os s’il avait été moinschanceux. Consterné, il s’était rendu compte que la magie étaitdevenue autonome et qu’elle n’avait plus besoin de lui pour semanifester. De fortes rafales fouettaient son visage, mais il était tropintrigué pour fermer les yeux, ne serait-ce qu’un instant. Jamais iln’avait cru que la magie pouvait avoir une telle maîtrise d’elle-même.C’était une découverte prodigieuse, d’autant plus que le vent se regrou-pait progressivement au centre de la pièce. À sa grande surprise, Eldans’était aperçu qu’un paysage apparaissait dans les bourrasques,formant des mots qui vibraient dans le vent. Il avait à peine eu le tempsde lire ce qui était écrit que le vent s’était dissipé sans laisser la moindretrace de son avertissement.

— J’étais certain que personne ne me croirait, expliqua le magicien.Heureusement, moins d’une heure plus tard, Evington venait confir-mer ce que j’avais vu.

Impatient de connaître tous les détails, Nihomed demanda au minis-tre de la magie ce qu’il avait lu, mais ce dernier demeura muet. Avant

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tout, Eldan souhaitait qu’Evington raconte sa propre expérience. Ilétait important pour lui d’établir qu’il ne s’agissait pas d’une simplemanifestation dont il avait perdu le contrôle. Déçu, Nihomed dirigeason regard vers le ministre de la religion, qui prit une profonde inspi-ration avant de prendre la parole.

Evington, après avoir convenablement dîné, s’était rendu au templepour effectuer ses prières journalières. Celles-ci prenaient une grandepartie de son après-midi et il tenait à y mettre toute son ardeur.Contrairement à l’habitude, le temple était passablement vide. Laplupart des jeunes religieux n’avaient pas eu le courage de venir affron-ter la chaleur étouffante qui s’y trouvait. Cela n’avait guère enchantéle ministre de la religion, qui se promettait d’appliquer des mesuresdisciplinaires lorsque la canicule serait passée. Quant à lui, il avaitdécidé de suivre sa routine à la lettre. Lentement, il s’était avancé versl’avant du temple, salué à quelques reprises par des prêtres et desprêtresses venus eux aussi accomplir leur devoir journalier. À l’écart,Evington s’était agenouillé sur la pierre dure, ayant pour seul appuiune barre horizontale pour y déposer les coudes. Pour que les Gardiensentendent les supplications des hommes, il était primordial que cesderniers prient le plus humblement possible, ce qui passait aussi parl’inconfort.

Il avait fallu plus de trois heures au ministre de la religion pourterminer ses prières. Lorsqu’il s’était relevé, il s’était aperçu que lachaleur l’avait plus affecté qu’il l’avait cru. Un jeune prêtre à qui il avaitjadis enseigné personnellement était rapidement venu à son secours,lui servant d’appui jusqu’à un pupitre derrière lequel il s’était installé.

— Vous ne devriez pas prier si longtemps dans une telle chaleur,avait dit le jeune ecclésiastique.

Evington n’avait rien répondu. Accablé par la température, il avaitperdu connaissance†; c’est du moins ce qu’avait pensé son ancien disci-ple qui l’accompagnait. Alors que le prêtre demandait de l’aide, leministre de la religion avait étendu son bras pour s’emparer d’uneplume, puis avait trempé l’objet dans l’encrier. Machinalement, il avaitcommencé à tracer des mots sur le parchemin qui était disposé sur lepupitre. Tout cela s’était déroulé sans qu’Evington ait conscience de cequ’il faisait.

Intrigués, plusieurs religieux s’étaient attroupés autour de lui enprenant bien soin de ne pas lui nuire, car ils avaient immédiatementcompris qu’il s’agissait d’une intervention miraculeuse. L’opération

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avait duré plusieurs minutes, puis Evington avait repris connaissance.Les prêtres qui l’entouraient lui avaient relaté de quelle façon il étaitentré en transe et comment il avait couvert le parchemin d’une écriturequi n’était pas la sienne. Tout cela avait semblé bien étrange au minis-tre, ce qui n’était rien en comparaison de ce qu’il avait écrit durant sonmoment d’absence.

— Dois-je comprendre que vous avez consigné par écrit une prophé-tie annonçant la chute du continent d’Atlantide†? s’intéressa Nihomed.

Plutôt que de répondre à la question, Evington sortit un rouleau deparchemin d’une de ses poches et le tendit au scientifique.

— Ce sont exactement les mêmes mots que j’ai pu entrevoir grâceà la magie, précisa Eldan.

Nihomed s’empressa de retirer le ruban qui scellait le parchemin etle déroula rapidement. On pouvait voir ses yeux parcourir nerveuse-ment chacune des lignes. Il ne lui fallut que quelques secondes pourterminer sa lecture, qu’il reprit aussitôt du début, comme s’il voulaits’assurer qu’il n’avait rien manqué. Abasourdi, il déposa le parcheminsur la table et posa la même question qui occupait l’esprit de ses deuxcollègues.

— Que faisons-nous à présent†? demanda-t-il d’un ton anxieux.

Eldan et Evington s’étaient évidemment penchés sur la question. Ilsexposèrent leurs réflexions au ministre de sciences, en précisant queson aide était cruciale pour déjouer le destin. Seuls un travail acharnéet une bonne dose de chance leur permettraient d’empêcher la prophé-tie de s’accomplir.

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Chapitre 1

La région de Lugh, située à l’extrême nord-ouest d’Atlantide, étaitloin d’être développée comme la majorité du continent. Ses paysagesencore vierges n’avaient rien à voir avec la lointaine cité d’Ascalath.Trois siècles s’étaient écoulés depuis l’annonce de la prophétie auxAtlantes, ce qui n’avait pas freiné le progrès de leur civilisation. Ledéveloppement urbain s’était étendu dans le sud du continent, mais iltardait encore à s’attaquer aux régions du nord, où une naturegénéreuse s’étendait à perte de vue, parsemée de villages où leshabitants aspiraient à une vie simple et tranquille.

Le long d’une petite rivière, dont le courant était presque impercep-tible, courait un chemin sinueux en terre battue. Autrefois trèsachalandée, cette voie qui reliait la région de Lugh à celle de Cahanétait maintenant presque abandonnée en raison de sa difficultéd’entretien. À l’est, un chemin plus direct avait été défriché quelquesannées auparavant. De plus, cette nouvelle voie avait l’avantage de nepas longer une rivière menaçant de l’inonder chaque printemps.

Malgré tout, une charrette tirée par deux bœufs avançait lentementsur le vieux chemin. Une jeune femme d’une vingtaine d’annéesconduisait les bœufs, ce qui ne demandait pas une grande attention desa part. Ses longs cheveux roux, noués à l’arrière, trahissaient qu’ellen’était pas originaire de Lugh. En effet, Calaé avait connu une enfancedifficile et avait beaucoup voyagé dans l’espoir de trouver sa place dansce monde où personne ne daignait lui laisser sa chance. Heureusement,les choses avaient fini par s’arranger et elle menait maintenant uneexistence agréable. Elle avait troqué ses vêtements en loques de jeunevoyou contre ceux d’une combattante, ce qui faisait beaucoup parler.Par-dessus sa chemise brune à manches courtes, elle portait une courtecuirasse qui lui arrivait au nombril. Cela permettait de soutenir etsurtout de cacher sa poitrine, afin de calmer l’attirance des hommesenvers elle. La plupart d’entre eux n’avaient jamais vu une rouquineauparavant, ce qui les fascinait. De longs bracelets de cuir et un largecollier complétaient le haut de la tenue de Calaé. Comme elle nemenait pas la vie d’une jeune fille paisible, elle portait un simple panta-lon, retenu par une ceinture dont la boucle carrée était surdimension-née. Elle portait aussi des jambières de cuir et traînait constamment

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son épée, ce qui attirait sur elle les regards courroucés de la plupartdes femmes. Afin de calmer les esprits, Calaé s’était résolue à porterune jupe bleue par-dessus son pantalon, qu’elle avait coupé de biaisafin de conserver une grande liberté de mouvement. Depuis son arrivéedans le petit village de Winingam, les vêtements et la nourriture nereprésentaient plus un problème de chaque instant. Tout cela, elle ledevait à l’homme qui était assis à côté d’elle.

Horace était un homme discret qui aimait la routine et qui étaitreconnu pour détester les surprises. Tout devait toujours être planifiéet il était très rare de le voir user de spontanéité. Derrière sa courtebarbe blanche, son visage était à la fois dur et charitable. On ne levoyait jamais sortir de chez lui sans son grand chapeau de paille quijetait de l’ombre sur ses yeux noisette. Il était connu que l’hommed’une quarantaine d’années jouissait d’une certaine prospéritémonétaire, acquise dans le commerce des métaux. Toutefois, cetteindépendance financière ne se reflétait aucunement dans sesvêtements. Une ample chemise de coton bleu tombait sur ses largesépaules et un pantalon noir en lin laissait paraître ses chevilles. Curieu-sement, cette simplicité ne lui allait pas vraiment, mais on n’avaitjamais osé le lui dire. De toute façon, le métallurgiste n’avait pas l’habi-tude de se fier à l’opinion d’autrui.

Calaé avait le plus grand respect pour l’homme qui l’avait recueillieet appréciait les longs voyages qu’elle faisait habituellement avec luidans le plus grand calme. Cependant, le bon samaritain avait pour lapremière fois permis à son jeune fils de les accompagner, ce quimodifiait considérablement l’ambiance du voyage.

— Est-ce encore très loin†? demandait sans cesse le garçon de douzeans assis à l’arrière. Lorsque nous aurons vendu tout notre charge-ment, est-ce que nous pourrons visiter un peu la ville avant de repar-tir†? J’ai entendu dire qu’il y aurait des animaux venus de l’autre boutdu continent. J’aimerais avoir la chance de les voir.

Alkar était un jeune garçon sympathique dont les courts cheveuxétaient d’un blond si pâle qu’ils paraissaient presque blancs. Les raresindividus ayant une telle décoloration capillaire étaient surnommés lessin-kulas, ce qui signifiait «†sans couleur†» dans une ancienne languedont il ne restait aux Atlantes que quelques rudiments. La coiffureconstamment en bataille du jeune garçon lui donnait un air malicieux,ce qui contrastait légèrement avec son visage naïf et crédule. Ayantgrandi à Winingam dans la sobriété propre à son père, Alkar cherchait

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souvent à se démarquer et avait du mal à trouver sa propre personna-lité. Un jour, lorsqu’un marchand ambulant s’était présenté à la portede leur maison, le jeune garçon avait piqué une crise pour avoir la vestede cuir rouge sans manches que l’inconnu lui proposait. Horace avaitbien entendu refusé, ce qui n’avait pas arrêté son fils. Au contraire,celui-ci avait immédiatement décidé de trouver un moyen d’obtenirune veste comme celle qui venait de lui échapper.

En secret, il s’était rendu plusieurs jours d’affilée dans les bois, où ilavait entamé la construction d’un piège avec seulement une hache etde la corde. Le mécanisme était simple, mais d’une grande efficacité,ce qui lui avait permis de capturer rien de moins qu’un grand chatsauvage. L’exécution de l’animal avait été la partie la plus difficile, maisAlkar avait fait preuve d’un sang-froid exemplaire. Il s’était ensuiterenseigné sur la façon de tanner la peau, qu’il avait même teinte enrouge. Après un travail acharné, effectué en secret et durant lequel ilavait tout appris de la confection d’un vêtement en cuir, il s’étaitprésenté devant son père avec la veste de cuir rouge qu’il avait tantdésirée. D’abord surpris, Horace avait demandé à son fils de quellefaçon il s’était procuré le vêtement. Il avait écouté avec attention lesexplications d’Alkar, puis l’avait sévèrement puni pour son manque dejugement. D’après le métallurgiste, capturer un chat sauvage étaitextrêmement dangereux et il était hors de question que son garçoncommette de nouveau ce genre de bêtise. L’insouciant sin-kula n’avaitpu éviter les longues heures de corvée imposées par son père. Il avaittout de même eu le droit de conserver la veste qu’il avait fabriquéeavant tant d’ardeur. «†Téméraire†» et «†insouciant†» étaient des qualifi-catifs fréquemment utilisés pour désigner le jeune garçon.

— Était-ce vraiment nécessaire de l’emmener†? demanda Calaé,comme si Alkar ne pouvait l’entendre.

— Je connais mon fils, répondit Horace en souriant. Je ne pouvaisle retenir plus longtemps à la maison sans craindre une nouvelle bêtisede sa part.

Le trio se rendait à la foire bisannuelle qui avait lieu dans la ville deFergol, située dans la région de Cahan. Cela représentait plusieurs joursde voyage, mais c’était le seul moyen de faire du commerce avec lereste du continent. En plus des marchands ordinaires, certains repré-sentants des trois cultes venaient acheter et vendre différents produits.Ce sont eux qui dirigeaient le continent, depuis la prodigieuse citéd’Ascalath.

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Dans l’esprit d’Alkar, qui n’avait encore jamais quitté le village où ilétait né, se rendre jusqu’à Fergol équivalait à voyager jusqu’au boutdu monde. Cela faisait maintenant plusieurs années qu’il suppliait sonpère de l’y emmener, mais ce dernier avait toujours refusé, jugeant queson fils était encore trop jeune. Chaque fois, le pauvre Alkar devaitregarder son père et Calaé s’éloigner sur la route qu’il rêvait tant deparcourir avec eux.

— Êtes-vous bien certains que nous n’avons pas dépassé Fergol†?demanda une nouvelle fois Alkar, qui n’arrivait plus à adopter uneposition confortable. Il est impossible que ce soit aussi loin.

— Depuis le temps que tu veux nous accompagner, répondit Calaé,tu devrais profiter du voyage et essayer d’apprendre à t’orienter. Je neserai pas toujours là pour mener ces bœufs qui n’en font qu’à leur tête.

Alkar n’aimait pas lorsque Calaé faisait référence à sa future carrièredans l’armée. Il la considérait comme sa propre sœur et ne pouvaitimaginer la voir partir à jamais. Heureusement, l’État avait depuislongtemps adopté des mesures pour empêcher l’exode rural et le déclinde la classe ouvrière. À l’unanimité, les trois cultes avaient modifiél’âge réglementaire pour entrer dans l’armée, qui était maintenant devingt-cinq ans. Cela permettait de limiter l’enrôlement massif, qui étaitinutile en temps de paix. La plupart du temps, lorsque les jeunes gensétaient suffisamment âgés pour entrer dans l’armée, ils avaient depuislongtemps fondé une famille et tourné le dos à cette vie rocambolesqueloin de leur foyer. Pour cette raison, Alkar essayait sans cesse d’allumerles passions des jeunes hommes du village à l’encontre de Calaé, ce quise terminait invariablement par un combat dont elle était toujoursvictorieuse. En effet, la jeune femme affirmait ne pouvoir unir sa vie àun homme incapable de la vaincre. C’était le stratagème qu’elle avaitimaginé pour qu’on la laisse tranquille, car rien ne pourrait faire dévierla rouquine du but qu’elle s’était fixé. Avoir un objectif précis était pourelle un moyen de contrebalancer les nombreuses années durantlesquelles elle avait erré sans la moindre volonté, hormis celle de survi-vre. Bien entendu, elle n’était pas indifférente aux nombreux jeuneshommes qui voyaient en elle la beauté à l’état brut. Ses grands yeuxverts, ses courbes parfaites et son visage à la fois doux et farouchefaisaient l’envie de plusieurs. Une ou deux fois, elle s’était même laisséembrasser, avant de repousser l’objet de ses désirs. Pour devenir unevéritable guerrière, elle devait renoncer à l’amour. Cela lui était parti-culièrement difficile, ce qu’elle s’appliquait à cacher.

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— Tu devrais t’entraîner plus souvent avec moi, dit Calaé entournant la tête vers Alkar. Je suis certaine que tu pourrais avoir unegrande carrière militaire.

— Ne lui met pas ce genre d’idées dans la tête, intervint Horace. Jen’ai pas élevé ce garçon pour qu’il aille se faire tuer sans raison. Il n’apas besoin de se battre, car je lui ai appris à être le plus malin.

Le métallurgiste se tourna vers son fils et échangea un clin d’œil aveclui. Calaé admirait la complicité que son protecteur avait su dévelop-per avec son jeune garçon. Peut-être était-ce attribuable au fait quecelui-ci n’avait jamais connu sa mère, qui était morte en couches. Cesujet était rarement abordé, car la réaction qu’il créait chez Horace étaitdifficile à gérer.

— Lorsque je serai grand, déclara Alkar, je ferai partie du culte dessciences. J’inventerai une machine qui fabriquera de la nourriture etles Atlantes n’auront plus jamais à travailler pour se nourrir.

— Je préférerais te voir devenir un guerrier, plutôt que tu t’associesavec cette bande d’imbéciles, rétorqua Horace.

Ses propos étaient durs et sincères, si bien que Calaé crut bond’intervenir.

— Pourquoi êtes-vous toujours si rude envers les trois cultes†?demanda-t-elle. Ce sont eux qui nous ont donné une culture forte,juste et civilisée. Avant la révolution, le continent d’Atlantide étaitdirigé par des rois égoïstes et souvent cruels.

Horace signifia à sa protégée que ses propos étaient ceux d’une jeunefemme qui n’avait encore qu’une courte expérience de la vie. Commeelle, le métallurgiste avait déjà eu vingt ans et il se souvenait d’avoirsouvent répété que l’ascension des trois cultes était ce qui était arrivéde mieux aux Atlantes. Cependant, pour une raison ou une autre, ilavait changé d’opinion.

— Vous ne pouvez pas nier que c’est grâce aux trois cultes que laprophétie ne s’est jamais réalisée, insista Calaé.

Aussitôt, la curiosité du jeune garçon assis derrière elle fut piquée.

— Qu’est-ce qu’une prophétie†? s’empressa de demander Alkar. Jen’ai jamais entendu ce mot auparavant.

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