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J ’ai grandi jusqu’à mes treize ans dans une de ces cités HLM typiques de l’Est parisien, construites dans les années 1970 pour héberger les familles dans des conditions qu’on imaginait optimales à l’époque, en termes de rapport qualité/prix et de bien-être social. Une de ces cités si grandes et si complètes que l’on peut y naître, y aller à l’école, au col- lège, y consommer, et même y mourir, si cela doit se terminer ainsi. (…) J’ai vu dans ces endroits la volonté de faire bien et le désespérant échec à y parvenir. Depuis le sol dénué d’horizon (l’un de mes rêves d’enfance était de voir un cou- cher de soleil), nous, enfants nombreux d’une grande mixité ethnique, exploitions ce territoire sans tout à fait comprendre ce qu’on nous avait donné. Malgré toute la verdure mise en place subsistait dans l’inconscient une idée de bétonnage, de laideur et d’inutilité. C’est peut-être dans le ras-le-bol de cet ordre établi pour nous – mais certaine- ment pas par nous – qu’il faut chercher le lointain acte fondateur du Petit traité du jardin punk – un peu comme certains groupes anglais de la fin des années 1970 avaient décidé de monter sur scène sans (presque) avoir jamais touché un instrument pour en finir avec la scène progressive et virtuose de l’époque. Lorsqu’il est paru en 2018, il l’a fait comme un manifeste écologique et libertaire autour de l’idée du paysage et du jardin. Pour diverses raisons, et notamment celle de le rendre acces- sible au plus grand nombre en rédui- sant son coût, il n’était que très fai- blement illustré. En cela, il n’était pas réellement un outil pratique, ni un manuel de jardinage. Et pour cause : l’objet principal en est d’apprendre à ne presque plus jardiner ! Dès l’époque de sa conception, j’avais cependant préparé une version plus étof- fée, destinée à aider les lecteurs à comprendre plus aisément quelques gestes pratiques et à leur proposer des exemples sinon inspirants, au moins éloquents. Il s’agissait aussi de faire la démonstration qu’un jardin pouvait être beau même avec très peu de moyens, d’efforts et de temps. C’est cette première mouture qui a servi de base au livre que vous êtes en train de lire et dont la forme a quelque peu changé, pour l’organiser par types de milieux à « punkiser ». Il comporte de nombreux éléments du petit traité dont certains passages ont été pour l’occasion enrichis. La production végétale y sera ainsi abordée car c’est un sujet important lorsqu’il faut avoir de quoi planter sans dépenser de sous. Un florilège de végé- taux punks ou « punkisables « avec leur photo vous permettra de reconnaître certaines pépites à ne pas louper ou vous donnera des idées pour remplir votre propre champ des possibles. En bref, c’est un manuel pratique du non-jardinage (et du jardinage a minima) que vous tenez entre vos doigts – peut-être fébriles mais assurément experts en quelque chose – qui vous servira à un moment ou un autre pour créer ou imaginer un jardin punk, car l’insoumission jardinière commence avant tout dans la tête ! 2 PETIT TRAITÉ DU JARDIN$ PUNK PETIT TRAITÉ DU JARDIN$ PUNK 3 LE JARDIN$ PAS PUNK LE JARDIN$ PAS PUNK Une zone commerciale au cœur d’une cité de banlieue : bétonnage maximal et artificialisation des sols ! Quand la nature reprend ses droits. Le grignotage des terres agricoles par les villes en expansion dans les années 1970-80. AVANT- PROPOS

2 AVANT- PROPOS Le grignotage des terres années 1970-80. J

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Page 1: 2 AVANT- PROPOS Le grignotage des terres années 1970-80. J

J’ai grandi jusqu’à mes treize ans dans une de ces cités HLM typiques de l’Est parisien, construites dans les années 1970 pour héberger les familles dans des conditions qu’on imaginait optimales à l’époque, en termes de rapport qualité/prix et de bien-être social. Une de ces cités si grandes et si complètes que l’on peut y naître, y aller à l’école, au col-

lège, y consommer, et même y mourir, si cela doit se terminer ainsi. (…) J’ai vu dans ces endroits la volonté de faire bien et le désespérant échec à y parvenir. Depuis le sol dénué d’horizon (l’un de mes rêves d’enfance était de voir un cou-cher de soleil), nous, enfants nombreux d’une grande mixité ethnique, exploitions ce territoire sans tout à fait comprendre ce qu’on nous avait donné. Malgré toute la verdure mise en place subsistait dans l’inconscient une idée de bétonnage, de laideur et d’inutilité.

C’est peut-être dans le ras-le-bol de cet ordre établi pour nous – mais certaine-ment pas par nous – qu’il faut chercher le lointain acte fondateur du Petit traité du jardin punk – un peu comme certains groupes anglais de la fin des années 1970 avaient décidé de monter sur scène sans (presque) avoir jamais touché un instrument pour en finir avec la scène progressive et virtuose de l’époque.Lorsqu’il est paru en 2018, il l’a fait comme un manifeste écologique et libertaire autour de l’idée du paysage et du jardin. Pour diverses raisons, et notamment celle de le rendre acces-sible au plus grand nombre en rédui-sant son coût, il n’était que très fai-blement illustré. En cela, il n’était pas réellement un outil pratique, ni un manuel de jardinage. Et pour cause : l’objet principal en est d’apprendre à ne presque plus jardiner !

Dès l’époque de sa conception, j’avais cependant préparé une version plus étof-fée, destinée à aider les lecteurs à comprendre plus aisément quelques gestes pratiques et à leur proposer des exemples sinon inspirants, au moins éloquents. Il s’agissait aussi de faire la démonstration qu’un jardin pouvait être beau même avec très peu de moyens, d’efforts et de temps. C’est cette première mouture qui a servi de base au livre que vous êtes en train de lire et dont la forme a quelque peu changé, pour l’organiser par types de milieux à « punkiser ». Il comporte de nombreux éléments du petit traité dont certains passages ont été pour l’occasion enrichis. La production végétale y sera ainsi abordée car c’est un sujet important lorsqu’il faut avoir de quoi planter sans dépenser de sous. Un florilège de végé-taux punks ou « punkisables « avec leur photo vous permettra de reconnaître certaines pépites à ne pas louper ou vous donnera des idées pour remplir votre propre champ des possibles. En bref, c’est un manuel pratique du non-jardinage (et du jardinage a minima) que vous tenez entre vos doigts – peut-être fébriles mais assurément experts en quelque chose – qui vous servira à un moment ou un autre pour créer ou imaginer un jardin punk, car l’insoumission jardinière commence avant tout dans la tête !

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Une zone commerciale au cœur d’une

cité de banlieue : bétonnage maximal et

artificialisation des sols !

Quand la nature reprend ses droits.

Le grignotage des terres agricoles par les villes en expansion dans les années 1970-80.

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Le jardin est principalement arrivé avec la sédentarisation des populations.

Si l’on trouve encore aujourd’hui des exemples de forêts culti-vées par des tribus nomades dans les régions tropicales, il

s’avère qu’il a, en particulier sous nos climats, toujours consisté à préserver l’humain, devenu agriculteur, et ses ressources des nuisances du monde sauvage et des conditions naturelles. Il a aussi joué un rôle protecteur à l’en-contre de l’Homme lui-même, dès lors qu’il n’y était pas le bienvenu.On a édifié des clôtures, des haies, des murs pour empêcher les bêtes sau-vages et les personnes indésirables de venir piller ce qui s’y trouvait, pour pro-téger cette zone du vent, du froid, d’un soleil trop puissant ou des regards. On a défriché pour que les parasites et les ravageurs ne s’approchent pas des habitations, des greniers et des granges, pour voir « l’ennemi » arri-ver de loin. Ceux qui pouvaient se per-mettre d’avoir un jardin autre que nourricier commencèrent très tôt, au moins dès l’Antiquité, à y établir une représentation d’une nature idéalisée, belle et fonctionnelle. On commença

à sélectionner les fleurs et les plantes utiles et à les organiser. On a amené l’eau grâce à des trésors de technicité et d’inventivité, on a optimisé les ren-dements par des soins appropriés, des tailles, des traitements. Finalement, certains jardins ne devinrent qu’orne-mentaux. En d’autres termes, le jar-din n’a jusqu’ici eu d’autre but que de se préserver de la nature, de démon-trer et établir de façon incontestable la suprématie de l’Homme –le jardinier- sur celle-ci.

En finir avec l’artificialisationDe cette artificialisation du milieu natu-rel à des fins fonctionnelles ou d’agré-ment sont nés de nombreux atavismes qui sont devenus des automatismes à mesure que l’accès à la propriété s’est développé, principalement au cours du 20e siècle. Combien de jardiniers taillent des arbres ou des arbustes simplement parce qu’on leur a dit dans les livres qu’il fallait les tailler ? Combien de proprié-taires tondent leurs pelouses ou dés-herbent leurs allées sans autre ambi-tion que « faire propre » ? Les arbres fruitiers ou les rosiers mourront-ils si la taille n’est pas faite cette année ? Certes, une pelouse bien tondue sou-ligne les massifs, une allée désher-

LEJARDIN

Les jardins du château de Versailles : quintessence du jardin à la française et de

l’artificialisation du paysage naturel.

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bée évite qu’on s’y mouille les pieds ou qu’on se pique dans les chardons ; une haie taillée se maintient dans un volume contrôlé.Mais ne pourrait-on pas reconsidérer ce qui apparaît comme des nécessités et se révèle en réalité des contraintes afin d’infléchir légèrement leur pré-sence systématique dans les jardins ? La fin du 20e siècle et le tout jeune 21e sont le siège d’une prise de conscience écologique globale, d’une soif pour beaucoup d’entre les humains – en par-ticulier en milieu urbain – de reprendre contact avec la nature de laquelle ils ont été presque totalement séparés, et de compenser les désastreux effets de l’urbanisation passée ou en cours. Parallèlement, le contexte économique est devenu tel que les collectivités autant que les particuliers se voient contraints de revoir tous les dispositifs de création et d’entretien des espaces verts à la baisse. (…)

Renouer avec la natureAujourd’hui, nos jardins ne sont plus vivriers et une erreur n’y est plus syno-nyme pour un particulier de disette ou de ruine. Nous pouvons expérimenter de nouvelles techniques, de nouvelles méthodes (souvent issues du passé mais oubliées lors de la révolution agro-industrielle) et faire de nos jar-dins quelque chose qu’ils n’ont jamais été auparavant, puisque les contraintes de réussite ne sont plus les mêmes, et que la lutte contre « l’adversité sauvage » n’a quasiment plus lieu d’être.

Nous sommes au contraire dans une phase de réconciliation avec la nature, qui s’adjoint malheureuse-ment d’une part d’idéalisme forcené ou inconscient. Ne l’oublions pas, si les jardins ont été ce qu’ils ont été, c’est notamment parce que l’Homme a cher-ché à se préserver de menaces bien réelles. Si nous voulons réapprendre à cohabiter avec le monde sauvage, cela ne se fera pas sans un réalisme conscient des menaces possibles. On ne peut que saluer le retour des rep-tiles en milieu urbain, mais comment, par exemple, seront vécues les pre-mières (et forcément rarissimes) mor-sures accidentelles par des vipères aux portes des lotissements ? Le réap-prentissage n’est pas un vain mot. Nos aïeux ont détruit avec acharnement depuis des siècles tout ce qui leur posait problème dans leur quotidien, qu’il s’agisse du loup qui mangeait les brebis ou de la châtaigne d’eau qui envahissait canaux et étangs. Si leur méthode a été très exagérée dans l’ampleur des dégâts qu’elle a causés aux équilibres naturels, elle est née de contraintes réelles : celles inféo-dées à la démographie et au bien-être des populations au sein de l’espace qu’elles occupent. C’est donc au prix de ce réalisme que la transition éco-logique en cours sera possible, impli-quant un réel travail pour nous, gens du monde post-industriel, pour créer la possibilité d’une cohabitation avec ce dont nos ancêtres ont cherché à se prémunir.

Redevenir punk !Témoins d’une pollution désastreuse, d’une artificialisation ahurissante des sols et d’aménagements paysagers aussi maladroits que grotesques de prétention - entre autres atteintes environnemen-tales- nous sommes un certain nombre de ma génération à avoir développé des stratégies ou des modèles beaucoup plus écologiques que ceux qu’on nous a enseignés. Prosélytes écologistes, idéa-listes, bobos, fadas, rêveurs : les sobri-quets que nous réserve une partie de la vieille garde du métier témoignent des freins que nous rencontrons à faire évo-luer notre domaine.

De mon côté j’ai envisagé un modèle, sorte de pied-de-nez aux conventions assez insupportables qui nous ont menés là où nous en sommes en termes de pay-sages et de biodiversité, c’est-à-dire un peu nulle part. (…) C’est le moment de débrider les chevaux, d’assouplir les équerres et de lâcher prise. C’est le moment de laisser la nature reprendre un peu ses droits ; le moment de prendre une grande bouffée de liberté et, ma foi, de (re)devenir punk !

Marqueur de biodiversité, les carottes sauvages poussent dans des lieux où le sol n’est pas travaillé, dans des prés secs, des

terres incultes ou au bord des routes.

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Après avoir défini succinctement le contexte, on peut maintenant passer aux choses sérieuses…

La définition d’un jardin punk est extrêmement simple. Il doit juste, répondre aux cri-tères suivants : Pas cher à faire, Facile à faire Rapide à

faire, Facile à entretenir (autonome dans la mesure du possible), Pas cher

à entretenir, Résistant aux, agres-sions, Non nuisible, Écologiquement intéressant, Plus beau que l’existant.Voilà. Vous n’avez besoin de rien d’autre, tout est dit. Vous pouvez fermer ce livre et vaquer à vos occupations.

Ah, vous êtes encore là. C’est apparem-ment que cela ne suffit pas. Alors peut-être vais-je vous guider un peu plus pré-cisément sur les moyens d’y parvenir…

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La tonte différenciée permet de concilier esthétisme, développe-

ment de la biodiversité mais aussi réduction du travail humain et de

l’empreinte carbone

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L’idée du « jardin punk » n’a pas germé par hasard dans l’esprit d’un « ancien jeune » à l’esprit rebelle juste pour amu-ser la galerie. C’est plutôt le parallèle entre la notion de sauvagerie liée à la nature et celle de ce mouvement cultu-rel très enclin à s’affranchir d’un ordre établi qui a servi de fil conducteur à son élaboration. Les différentes phases de la conceptualisation d’un projet paysa-ger peuvent tout à fait se construire en s’inspirant de la façon dont les punks vivent dans la société sans vouloir en suivre les règles. C’est même le meil-leur moyen de s’affranchir de celles qui posent problème.

Le punk est fauché, le punk est fai-néant, le punk ne suit pas le droit che-min, le punk est libertaire, le punk sur-vit. Ça tombe fort bien puisque, comme cela a été dit précédemment, collec-tivités et particuliers ont de moins en moins de moyens pour leurs jardins, de temps à y consacrer, cherchent à renou-veler le paysage, accueillir la nature et bien entendu avant tout s’y sentir bien, y éprouver du plaisir. Ainsi, le processus peut s’articuler selon les grandes idées propres au mouve-ment punk, qui ne savait même pas qu’il était écologiste.

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Givre et soleil matinal par-ticipent à l’embellissement d’une zone où la présence

humaine se fait très peu sentir.

Cette allée enherbée marque la volonté d’un entretien minimal par l’homme mais elle est laissée libre de serpenter au milieu d’une végétation naturelle.

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Les espaces délaissés, zone d’expression idéale pour une

action de «punkisation» !

Souvent, on me demande s’il est vraiment possible de faire un joli jardin même sans l’entretenir.

M a réponse, un peu perfide, est toujours la même : « Vous est-il déjà arrivé de vous bala-der dans la nature, dans un lieu très peu marqué par la

présence humaine, de vous arrêter et de regarder autour de vous en vous disant que c’est moche ? »

C’est imparable et sans appel : non, ça n’arrive jamais. La moindre petite par-celle d’existence naturelle laissée libre peut, dès lors qu’on la regarde comme telle, être vectrice de beauté.

Pelouses et massifs, chemins et sen-tiers, talus et terrains secs, zones humides et bassins, sous-bois : tous ces lieux sont susceptibles de (re)devenir des sanctuaires de biodiversité si on par-vient à y limiter l’impact de l’homme. Potagers et vergers, Forêts-jardin, jar-dins-forêts et autres forêts comestibles.

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Et même des lieux a priori impossibles sont également « punkisables ». Et notam-ment les « délaissés ».C’est ainsi que l’on nomme, en particu-lier depuis Gilles Clément, les espaces verts délaissés par ceux qui en ont la charge, souvent pour des raisons tech-niques ou de coût. Devenant rapidement des friches boisées, ces espaces subissent

– quand ils en subissent – des actions de gestion très ponctuelles, coûteuses et radicales. Les délaissés sont le plus souvent des espaces inter-routiers, des

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friches industrielles mais aussi des tron-çons de parcs ou des zones urbaines où la sécurité du personnel d’entretien habi-tuel n’est pas assurée, que ce soit pour des raisons sociales ou d’inaccessibilité. Fréquemment, on y trouve les popula-tions les plus démunies de personnes

sans domicile fixe, de nomades et de migrants qui y trouvent le moyen de se dissimuler.

Il n’y a pas d’antagonisme à l’accueil des populations vulnérables dans la création d’un jardin punk. Un jardin est même un fort vecteur de lien et d’intégration sociale, sitôt qu’on y implique les usagers. Je ne me lancerai pas dans une considération légale de la présence de ces populations, qui est un fait, voire une problématique pour certains élus. Des choix de société ont été, sont, et seront faits concernant cette âpre réalité, que les acteurs locaux gèreront je l’espère avec toute la bienveillance et l’humanité requises. Le jardinier que je suis se contente de savoir que l’on n’ar-rête pas les graines portées par le vent et qu’on gagne à les accueillir là où elles se plaisent sans nuire plutôt que de se battre vainement contre leur inexorable arrivée.

JARDIN TERRE D ACCUEIL

Des plantes pionnières à l’assaut d’un tas de terre de remblai : illustration

de la résilience de la nature.

Des plantations dans une poubelle en ville : c’est

déjà un jardin.