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Gaz de schistes : intérêts et problèmes Des schistes... ...et du gaz Remarque liminaire : certains concepts utilisés ci-dessous sont expliqués dans les deux articles associés : Le gaz de schistes : sa genèse Le gaz de schistes : son exploitation Tout d’abord, cadrons la problématique dans le temps et l’espace.

2-Gaz de Schistes Interets Et Problemes-juin

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  • Gaz de schistes : intrts et problmes

    Des schistes...

    ...et du gaz

    Remarque liminaire : certains concepts utiliss ci-dessous sont expliqus dans les deux articles associs : Le gaz de schistes : sa gense Le gaz de schistes : son exploitation Tout dabord, cadrons la problmatique dans le temps et lespace.

  • Le cadre de la problmatique de lexploitation du gaz de schistes dans le temps et lespace De quelle priode de temps parlons-nous quand on envisage lexploration et lexploitation du gaz de schistes ? La priode dexploration dun puits est de lordre dun an. Elle se base sur le forage de plusieurs puits. Le nombre exact dpendra dune part de la gologie et dautre part des rsultats obtenus aux premiers puits. Si le niveau gologique est considr comme homogne et que les premiers puits fors fournissent de trs bons rsultats, la phase dexploration sera courte. De mme si les premiers rsultats sont mauvais. Elle sera par contre plus longue dans le cas de rsultats mitigs.

    La priode dexploitation est de lordre de 50 ans. La production dun puits est son maximum au dbut de lexploitation puis elle dcline rapidement, soit jusqu 65 % dans la premire anne. Par la suite, le dclin est beaucoup plus lent. La date de sa fermeture dpendra donc du prix du gaz naturel. Plus ce dernier sera lev plus un puits sera rentable longtemps. Lexploitation du gaz de schistes dune rgion requiert des centaines voire des milliers de puits. De quelle surface parlons-nous quand on envisage lexploration et lexploitation du gaz de schistes ? Comme il sagit de lexploitation dune roche-mre o le gaz na donc pas migr et ne sest pas concentr dans un pige (voir larticle Le gaz de schistes : son exploitation), ce type de gisement peut couvrir des surfaces trs importantes (de lordre de 10 000 km) et imposer deux trois puits par km. Une zone dexploitation comporte rapidement plusieurs milliers de puits. Limpact sur une rgion est donc trs important.

    Pourquoi vouloir exploiter le gaz de schistes en France ? Quel en est lintrt ? Les points positifs essentiels sont la participation la scurit nergtique de la France, les retombes conomiques pour la rgion et la prise en charge de notre faon de vivre. On peut ajouter que le gaz est potentiellement moins polluant que le ptrole et le charbon et potentiellement moins dangereux que les centrales nuclaires. Hors, les nergies alternatives plus cologiques (solaire, vent, biomasse, etc.) ont besoin de temps pour prendre le relais terme et assurer la scurit nergtique de la France. La scurit nergtique de la France Notre socit a besoin de beaucoup dnergie ; en fait, de plus en plus dnergie. Depuis plus dun sicle, nous utilisons essentiellement les combustibles fossiles ou hydrocarbures (charbon, ptrole, gaz qui proviennent dune mme source, voir larticle Gaz de schistes : sa gense) qui dune part spuisent et dautre part proviennent pour lessentiel de ltranger.

  • La scurit nergtique est ncessaire pour la France

    La France est en effet un petit producteur dhydrocarbures : la production nationale de ptrole reprsente 1,5% de la consommation franaise et la production de gaz 4,5% de la consommation de lHexagone. La production franaise de ptrole provient pour moiti du bassin de Paris et pour moiti du bassin dAquitaine. Le gaz quant lui provient 93% du bassin dAquitaine, de deux principaux rservoirs conventionnels, Lacq et Meillon tout deux en Pyrnes-Atlantiques.

    Le bassin de Lacq

    En France, llectricit est principalement dorigine nuclaire

    La France doit donc se fournir lextrieur et dpend du prix fix par le march, prix, vu la rarfaction progressive des rserves, qui a une tendance inexorable monter, comme chacun sen aperoit. Pour saffranchir de cette dpendance, De Gaulle a fait le choix dans les annes 60 de dvelopper fortement lnergie nuclaire et le savoir-

  • faire qui lui est li. Llectricit en France est produite 80% par les centrales nuclaires. Nous bnficions ainsidune autonomie nationale et de prix relativement bas par rapport nos voisins. Le prix payer est une gestion difficile des dchets radioactifs produits et la crainte dun grave accident, comme le Japon nous le rappelle dune manire dramatique en ce mois de mars 2011. La volont dexploiter du gaz de schistes en France rpond cette mme logique : moins dpendre de ltranger et de ses alas pour

    lnergie et maintenir le prix du gaz un prix acceptable, dautant que le gisement de Lacq sera quasiment puis en 2013.

    Les retombes conomiques Lexploitation du gaz de schistes engendrerait la cration demplois dans les rgions concernes. Non seulement des emplois directs lis aux forages et lexploitation des puits mais galement des emplois associs au transport, lentreposage et la distribution du gaz naturel, sans oublier les emplois indirects. Au Qubec, les prospectives indiquent la cration de 5000 emplois directs et indirects sur la base du forage et de lexploitation de 150 puits/an et de 19000 emplois sur la base de 600 puits/an.

    Prcisons que certains emplois spcialiss devront tre imports dans la rgion concerne comme les spcialistes de la fracturation hydraulique. Par contre, pour tous les travaux gnraux tels le terrassement, le camionnage, la scurit, etc, des embauches locales pourront tre ralises.

    La prise en charge (partielle) de notre faon de vivre Nous avons besoin de beaucoup dnergie pour vivre de la manire dont nous vivons, que ce soit pour nous dplacer, pour travailler ou pour vivre la maison. Ceci requiert actuellement dexploiter les hydrocarbures, impliquant des nuisances. En exploitant des hydrocarbures en France, nous prenons notre charge de nuisances et ne les laissons pas entirement aux pays pauvres.

    Transport en commun au Sahara, grand pourvoyeur de ptrole et de gaz

  • Quels sont les problmes potentiels de lexploration et de lexploitation du gaz de schistes ? Problme 1 : lutilisation des terres. En France, le Code civil franais indique que si la proprit du sous-sol appartient au propritaire du sol, la gestion du sous-sol minier appartient l'tat qui peut en concder l'exploitation une compagnie minire. Le code minier donne donc le droit l'tat de vendre des concessions des socits sur ou sous des terrains qui ne lui appartiennent pas. La socit ayant obtenu la concession a le droit dutiliser les terrains de surface pour les installations ncessaires son travail y compris routes ou gazoducs, avec ou sans le consentement des propritaires. Ces derniers seront indemniss ou, en cas dopposition, expropris.

    Avec le maillage ncessaire lexploitation du gaz de schistes, des enclavements sont galement craindre. Des droits de passage seront donc ncessaires pour des charrois de camions importants. Par contre, en profondeur, les propritaires en surface nont aucun droit. Les forages horizontaux par exemple (qui peuvent atteindre 2 km), ne requirent aucune autorisation des propritaires en surface.

    Interpntration des sites de forage et des habitations House= maison (+ au-dessus et en dessous, des fermes avec des silos) ; well= puits ; Gas

    processing plant : implantation de traitement du gaz ; compressor station : station de compression ; Water impoundment 4 acres for fracking wells : bassin de stockage des eaux

    sales de fracturation (1,6 hectare)

  • Problme 2 : lutilisation dune grande quantit deau pour la fracturation hydraulique.

    La quantit deau utilise pour la

    fracturation hydraulique varie en fonction de la roche mais lordre de grandeur est de

    10 millions de litres deau douce, cest--dire 10 000 m par puits. Dans les rgions o leau est peu abondante, le problme de la disponibilit de leau se pose : lutilisation de tels volumes deau ne va-t-elle mettre en danger lapprovisionnement de leau ncessaire la consommation humaine, celle du btail, lirrigation des terres, lindustrie agroalimentaire, au tourisme ? Une ncessit vidente est dinterdire une telle consommation lors des priodes sches et de vrifier quil existe une disponibilit suffisante de leau lors des priodes les plus humides.

    Camions-citernes pour la fracturation hydraulique

    Il faut galement relever la contradiction possible entre les campagnes de ltat encourageant le citoyen consommer moins deau jusqu subventionner du matriel pour en rduire la consommation (pommeaux de douche et toilette faible dbit, les citernes deau de pluie, etc.) et par ailleurs autoriser lutilisation et la pollution de centaines de millions de litres deau douce. Un co-citoyen ne peut-il pas esprer vivre dans un co-tat ?

  • Pack eco-citoyen pour lconomie deau

    Problme 3 : le traitement des eaux sales rcupres et boues de forage.

    Site de forage et bassin de rtention deau

    60 80% de leau injecte pour la fracturation va tre rcupre en surface, ce qui est essentiel pour que le gaz puisse migrer. Il faut donc stocker et/ou traiter 6000 8000 m deau sale par puits (ce qui peut faire 40 000 m par puits multiple). Cette eau contient de plus une srie de polluants (voir article Le gaz de schistes : son exploitation). Lors de lexploitation du gaz, de leau sale va galement remonter rgulirement. Le stockage sur place des eaux sales La premire phase consiste rcuprer cette eau agressive et la stocker sur place, le plus souvent dans des bassins de retenue du type des bassins pour lirrigation comme celui de Vivinires Bouzic, mais en bien plus grand puisquun centre de stockage peut avoir une surface de lordre de 2 hectares et une capacit de 40 000 70 000 m. Il est donc essentiel de vrifier ltanchit de ces bassins de rtention et dvaluer le risque de leur dbordement en particulier en cas de fortes pluies. Il est galement essentiel de connatre la dure de vie des membranes gotextiles utilises face ces eaux potentiellement agressives.

  • Touriste en Prigord noir Comme plan deau, va-t-il falloir choisir entre ces deux vues ?

    Bassin de rcupration de leau sale

    Le stockage dfinitif ou le traitement La deuxime phase consiste soit injecter leau rcupre en profondeur dans le sol soit la traiter et ventuellement la rutiliser pour une fracturation suivante.

  • Le stockage dfinitif des eaux sales

    Rinjection de leau sale en profondeur

    Le stockage dfinitif se fait par injection dans le sol grande profondeur. Linjection doit se faire dans un aquifre salin profond localis entre deux niveaux tanches pour empcher ces eaux pollues de migrer. L aussi une tude gologique dtaille doit tre ralise pour tre sr que ces produits polluants ne rapparaissent pas la surface mme des dizaines dannes plus tard.

    Le traitement des eaux sales Le traitement classique est la distillation. Il a comme avantage de produire de leau douce qui peut tre rutilise dans la fracturation mais a comme inconvnient de coter cher et de produire des dchets. Ce traitement tait donc rarement utilis mais les pressions environnementales font que son utilisation est en augmentation. La gestion des dchets se doit dtre transparente.

    Systme municipal dpuration des eaux Mme de bonne taille, ils ne sont pas forcment adapts traiter les eaux sales de la

    fracturation hydraulique

    Une autre solution nettement moins onreuse est de faire traiter ces eaux sales et pollues par les infrastructures municipales dpuration moyennant subvention. Les gestionnaires de ces infrastructures pourraient y voir un apport dargent bienvenu. Cependant, en labsence de systme dpuration adapt et dappareils de mesures

  • adapts aux produits particuliers et inhabituels de la fracturation, ces derniers pourraient tout simplement se retrouver dans la nature linsu de tous jusquau jour o une catastrophe environnementale affectant la faune aquatique se manifestera. Une grande vigilance des lus et des citoyens serait donc de mise dans un tel cas de figure. Les boues de forage Un autre "dchet" des forages est constitu par les boues de forage qui contiennent une partie des produits utiliss pour favoriser le forage et dautre part les dbris de roches remonts lors du forage. Un forage peut engendrer jusqu 150 m de boues rsiduelles et 1 000 tonnes de dblais.

    Ds leur arrive la surface, les dblais de forage sont spars de la boue. Cette dernire peut tre rutilise pour un autre forage. Les rsidus rocheux, aprs vrification de leur caractre inerte, sont gnralement achemins vers des lieux denfouissement technique. Les boues de forage servent stabiliser le tunnel de forage, transporter les particules de forage, suspendre les particules pour une meilleure vacuation, lubrifier et refroidir la tige de forage, la tte de forage et lalseur et donc optimiser la

    performance des quipements de forage. Ces boues contiennent la base de la bentonite (argile) mais galement des polymres pour amliorer lenrobage, un additif pour faire monter le pH 8,5 ou 9 et des additifs surfactants (agents "mouillants", dispersant, lubrifiant). Ces boues ne sont donc pas anodines. Elles peuvent tre rcupres et rutilises mais pas indfiniment. Un moment donn, elles sont stockes sur place dune manire adapte pour tre soit enfouies, soit traites. Car si les boues elles-mmes peuvent tre biodgradables, elles sont en gnral charges de polluants.

    Problme 4 : la contamination potentielle de leau potable et des eaux de surface. Cette contamination peut provenir des eaux sales servant la fracturation mais galement du gaz lui-mme. La contamination par le gaz

    Si, suite la fracturation, le gaz trouve un chemin au travers de formations gologiques permables, rien ne le retiendra de migrer loin et de contaminer les eaux de puits traditionnels et de forage pour leau potable. Le gaz se mlange bien leau et suivra prfrentiellement le mme chemin que leau. Aux USA, on a observ la prsence de mthane et de sulfure dhydrogne (H2S, le gaz odeur duf pourri qui sert faire les boules puantes) dans leau potable, provoquant maladie par ingestion ou maladie de la peau en prenant des douches. Ce nest apparemment pas frquent mais cest arriv.

  • La contamination par les produits chimiques de la fracturation et contaminants naturels

    Les produits chimiques utiliss lors de la fracturation ne reprsentent en gnral que 0,5% de leau injecte. Mais comme un puits requiert en moyenne 10 millions de litres, cela signifie linjection de 50 000 litres de produits chimiques dans le sous-sol. Ils seront partiellement transforms en sels et partiellement rcuprs en surface mais une partie non ngligeable restera en profondeur. Fractur, le rservoir de gaz de schistes leur sera-t-il tanche ? Vu leur agressivit et vu laugmentation de la permabilit dans la zone de fracturation (par un facteur de 500), cest peu probable.

    Par ailleurs, les schistes sont susceptibles de contenir des lments problmatiques sils sont concentrs comme luranium, trs soluble dans leau, et les mtaux lourds qui pourront se mlanger aux fluides de fracturation. Il est donc essentiel de rgler deux problmes :

    (1) connatre la nature et la concentration de ces produits chimiques considrs comme secret industriel. Pour tenir compte de ce dernier aspect, la rglementation pourrait prvoir lobligation de fournir la liste complte des produits chimiques utiliss et leur concentration une entit gouvernementale qui, elle, aurait lobligation de protger ce secret industriel. Une vrification a posteriori devra tre ralise en analysant lments majeurs et en traces des boues et des eaux de forage et de fracturation, de la radioactivit et de la liste des produits complexes pralablement obtenue. (2) imposer une tude gologique y compris par des moyens gophysiques pour connatre la nature exacte de la roche-mre et sa composition prcise y compris en lments en traces. Cette tude permettra galement dvaluer la possibilit de propagation de ces polluants hors de la roche-mre via les fissures naturelles ou via les fissures cre par la fracturation.

    Coupe gologique et structurale Cette coupe montre comment les failles peuvent tre des chemins vers la surface pour les

    fluides

  • Noublions pas quune partie de ces produits chimiques a pour but de faciliter la propagation de leau dans les schistes en diminuant sa viscosit pour ainsi amliorer la fracturation. Ce qui implique galement une plus grande facilit diffuser dans ces schistes et dans les formations gologique voisines et finalement dans les nappes phratiques utilises pour leau potable. Cette propagation potentielle dpendra de la nature gologique des sols de la rgion et leur structure tectonique, ce qui ne peut tre valu que par une tude gologique prcise et indpendante. Ce type dtude gologique est en gnral indisponible avec une prcision suffisante et celles vocation hydrogologique se limitent en gnral aux terrains situs moins de 100 m de profondeur ou gure plus, cest la profondeur des aquifres potables et accessibles- et ne concernent certainement les roches situes plusieurs milliers de mtres de profondeur, celle o se trouvent les schistes gaz. Comprendre la dynamique hydrique au-del de 100 m jusqu 1000 ou 2000 mtres de profondeur est donc essentiel. De telles tudes devraient donc dune part concerner la structure gologique et en particulier la localisation et la nature des failles prsentes et dautre part lhydrogologie avec bilan hydrologique (incluant la recharge des nappes et leur niveau dexploitation), lvaluation de la qualit de leau souterraine, de la vulnrabilit des nappes et de la prennit de la ressource en incluant une paisseur de 1000 2000 m de sdiments. En parallle, limpact du prlvement majeur ncessaire la fracturation hydraulique devra tre modlis.

    Problme 5 : les produits drivs problmatiques : H2S et CO2. Le gaz naturel rcupr nest pas pur. Il faut le traiter avant de lacheminer et de le fournir aux clients. Ces produits dits drivs, sont en partie une plus-value, ce sont les liquides associs comme le propane ou le butane. De lhlium peut galement tre rcupr. Il nest pas toxique et vaut cher, il nest donc pas problmatique. Deux autres produits drivs sont par contre problmatiques, ce sont le sulfure dhydrogne ou hydrogne sulfur (H2S) et le dioxyde de carbone (CO2).

    H2S est un gaz acide ; il est la cause du noircissement de largent dans les rgions pollues. Comme le mthane, il rsulte de la dcomposition bactrienne de la matire organique dans des environnements pauvres en oxygne. Il est donc invitablement prsent dans les schistes o il y a du gaz naturel. Lorsque lon casse un

    schiste ou un calcaire bien noir, on peut sentir une odeur duf pourri (oui, cest nouveau lui !). Cest H2S. Son caractre acide le rend agressif y compris pour les gazoducs et un traitement adquat doit tre mis sur pied ds le dpart et souvent sur le site mme du forage. Le prix de sa rcupration peut tre compens par sa revente lindustrie chimique (pesticides et produits pharmaceutiques).

    H2S, le gaz lodeur dufs pourris

    Le CO2 est galement produit en mme temps que le mthane. Il nest pas un polluant proprement parl puisquil nest pas toxique faible teneur et que les plantes en ont besoin pour vivre, via la photosynthse :

  • 6 H2O + 6 CO2 + nergie solaire C6H12O6 + 6 O2 eau + dioxyde de carbone + nergie solaire glucose + oxygne Dit autrement :

    Il possde cependant deux caractristiques problmatiques : (1) il est bien connu pour sa nature de gaz effet de serre et ainsi pour son

    rle dans le cadre des modifications climatiques. (2) Au contact de leau, il forme lacide carbonique (H2CO3). CO2 + H2O H2CO3 Cest un acide faible mais cest lui qui dissout le calcaire et forme grottes et

    gouffres.

    Acide carbonique

    Cest galement lui galement qui lorigine de lacidification de locan et donc de lagression des coquillages en calcaire (CaCO3) suivant la raction : CaCO3 + CO2 + H2O Ca2+ + 2(HCO3-) Il peut ensuite former de lacide carbonique en raction avec H3O+.

    90% du CO2 dans leau est sous la forme de HCO3-, ce qui signifie que 90% du CO2 incorpor dans leau va attaquer et donc dissoudre le calcaire. Quand un quilibre est install et que lon ajoute du CO2 comme cest le cas actuellement, plus de calcaire doit tre dissous et cela se fait au dtriment des coraux, des coquillages ou tout squelette en contact avec leau et rend plus difficile la formation des coquilles et des squelettes mme internes des jeunes animaux.

  • Un ptropode, lescargot de mer Avec lacidification des ocans, il aura beaucoup plus de mal former sa coquille. De futurs

    SDF marins ?

    Ce qui signifie des problmes galement pour les moules et les huitres ; voir par exemple cet article sur le portail de la science :

    http://www.science.gouv.fr/fr/actua... Ce problme est tout aussi dramatique que celui du rchauffement climatique.

    Chaque jour, la combustion des nergies fossiles produit prs de 11 kg de CO2 par personne. 4 kilos sont absorbs par les ocans, ce qui rduit dautant leffet de serre mais augmente leur acidification. La quantit de CO2 dans le gaz naturel est variable mais se situe entre 2% et 15%.

    Relcher le CO2 dans latmosphre ne causera donc pas de problme localement mais participera la problmatique mondiale du CO2. Une solution consiste squestrer le CO2 en profondeur dans le sol, en fait dans des aquifres salins plusieurs milliers de mtres de profondeur. Le caractre salin de ces aquifres est important pour ne pas engendrer dacide dont leffet pourrait tre problmatique.

    Squestration du CO2 dans les aquifres salins profonds

  • Problme 6 : Les sismes engendrs par la fracturation hydraulique. Les sismes engendrs sont en gnral faibles mais des sismes dpassant 5 sur lchelle de Richter et attribus la fracturation hydraulique ont t enregistrs aux USA. Ce sont des sismes que lon ressent sans difficult. Quelles peuvent tre la consquence de tels sismes ? Elles vont dpendre de la gologie, du relief et des constructions prsentes dans la rgion, entre autres. Les consquences les plus dommageables vont concerner les aquifres dont la structure pourrait tre modifie, les glissements de terrain dans les rgions risques et les dommages potentiels aux btiments, pensons par exemple aux centrales nuclaires ou aux btiments historiques.

    Problme 7 : le trafic de camions.

    Lors de la fracturation, la trs grande quantit deau ncessaire implique un trafic de camions-citernes important. Il faut compter 200 camions par fracturation et un puits requiert le plus souvent entre 10 et 20 fracturations, donc entre 2000 et 4000 aller-retour de camions. A multiplier par le nombre de puits. Les routes locales empruntes nont pas forcment t construites pour un tel charroi et des dgradations sont prvoir.

    Par ailleurs une telle circulation sur les petites routes de campagne est accidentogne et crera des nuisances importantes pour le voisinage en termes de bruit et de poussire. Problme 8 : les gazoducs. Lexploitation nest possible que si un rseau de collecte du gaz naturel sous la responsabilit des entreprises productrices est construit. Le gaz doit tre achemin vers son lieu de traitement et de distribution. Cet acheminement se fait par gazoducs. Les laisser en surface a lavantage de pouvoir les surveiller mais les inconvnients de pouvoir tre dtrior aisment (attentat, malveillance) et dtre trs peu esthtique.

    Gazoducs en surface

  • En France, les gazoducs sont donc le plus souvent enterrs. Ceci implique:

    lexistence dune bande de servitude dau moins 10 mtres de large o les propritaires ne peuvent rien faire ;

    la possibilit de fuites et dans certains cas dexplosions catastrophiques que ce soit par corrosion ou par maladresse lors de travaux. Cest ce qui est arriv en 2004 Ghislenghien dans louest de la Belgique. Lexplosion dun gazoduc par un engin de chantier a fait 24 morts (surtout des travailleurs et des pompiers) et 132 mutils et grands brls.

    Explosion dun gazoduc enterr Ghislenghien en Belgique (2004)

    Problme 9 : les fuites de gaz aux puits (missions fugitives), les torchres et autres pollutions de lair. Latmosphre terrestre est compose de 78 % dazote (N2), de 21 % doxygne (O2), de 1 % dargon, de 390 ppm de CO2 (en 2010) et de quelques autres gaz moins de 20 ppm (ppm= part par millions) avec le mthane prsent naturellement moins de 2 ppm.

  • Composition de lair

    Le mthane est asphyxiant haute concentration car il remplace alors loxygne mais surtout il devient explosif et peut senflammer si sa concentration dans lair est de 5 15 % ce qui peut facilement arriver sil migre vers un endroit clos ou semi-clos. De plus, cest un gaz effet de serre puissant. Des fuites de mthane dans latmosphre sont donc dommageables et potentiellement extrmement dommageable.

    Le forage implique dabord une mise sous pression trs leves avec lenvoi deau charge de sable et de produits chimiques (fracturation hydraulique) et ensuite la rcupration du gaz schappant des fractures produites. Il est impratif que le tubage soit parfaitement hermtique sur les 2000 3000 mtres de longueur moyenne.

    Un test dintgrit du puits doit donc tre ralis pour vrifier la cimentation de chaque tubage et les rsultats rendus public. Le puits doit pouvoir rsister des fortes pressions et aucune perte de pression ne doit tre enregistre. Lautorit de tutelle doit vrifier ces rsultats.

    Au Qubec, lautomne 2010, le ministre des Ressources naturelles et de la Faune a effectu 31 inspections de sites de forage rcents, dont 29 taient lis lexploration du gaz de schistes. De ces 29 sites, 18 prsentaient des manations de gaz naturel. Les manations de gaz naturel concernaient donc 64% des puits. On parle aussi dmissions fugitives, signifiant que la source est diffuse et donc difficile contrler.

    Un problme similaire provient des torchres (parfois cest un incinrateur) destines brler le gaz naturel extrait au cours des essais pour valuer la capacit de production et le potentiel de commercialisation dun puits. Il sagit donc dune action momentane mais potentiellement polluante. Cest en fait une fuite de gaz organise.

  • Torchre

    Enfin diverses manations sont craindre des gros et nombreux moteurs diesel et par la machinerie lourde ncessaires aux fonages de puits et la fracturation hydraulique. Leur volume peut tre si important que ces manations peuvent provoquer des problmes de sant dans le voisinage en particulier via les composs soufrs. Des solutions existent comme privilgier les moteurs lectriques, les carburants pauvres en soufre et les systmes de dpollution des gaz dchappement produits.

    Problme 10 : les retombes ngatives pour le tourisme.

    Tour de forage ou derrick : un pouvantail touriste

    Des enjeux importants en termes de tourisme existent avec le dveloppement de lindustrie du gaz de schistes, en particulier pour le tourisme centr sur les sites patrimoniaux, les lieux de villgiatures, les routes panoramiques, les sentiers touristiques qui seraient invitablement ngativement influencs par les activits de forage, visuellement mais aussi par le bruit, les odeurs (voir problme 12 ci-dessous) et limpact psychologique global.

  • Peut-on compter sur lautre Derrick pour une enqute efficace ?

    Problme 11 : la baisse de valeur possible des proprits foncires. Une autre consquence ngative serait la baisse possible des valeurs des proprits foncires, une rgion envahie de puits dexploitation du gaz serait nettement moins attrayante pour les touristes et les retraits. Elles pourraient par contre tre plus attrayantes pour les travailleurs attirs par les nouvelles offres demplois. Lvolution du prix des proprits foncires dpendra donc de quel ct penchera la balance. Ce problme va varier dune rgion lautre. La proximit dexploitations de gaz pourrait galement

    faire augmenter les contrats dassurances habitation. La prsence dun maillage de gazoducs, de routes et de sites de forage pourrait galement avoir une rpercussion ngative sur les activits agricole en crant des zones non exploitables et des obstacles seulement franchissables aux prix de longs dtours.

    Problme 12 : la pollution visuelle, sonore, olfactive et particulaire. Les habitations localises proximit des puits, le long des gazoducs ou sur le trajet des camions seront invitablement drang par le bruit, la poussire, les odeurs, la luminosit nocturne et limpact visuel des zones de forage et de stockage.

  • Forage et environnement

    Si lon prend comme exemple le projet dexploitation des schistes dUtica au Qubec, la surface considre pour lexploitation du gaz est de 10 000 km2. Il y est prvu le forage de 150 600 puits par an pendant plusieurs dcennies avec finalement de lordre de 20 000 puits fors. Les pollutions diverses engendres seront laune de cette activit potentiellement colossale. Le bruit

    LOMS (Organisation Mondiale de la Sant) dfinit le bruit comme un son indsirable qui produit une gne chez lindividu. Un niveau excessif peut causer des dgts physiologiques et psychologiques : dficit auditif, interfrence avec la transmission de la parole, perturbation du repos et du sommeil, hypertension, problmes cardiovasculaires, fatigue accrue et dpression.

    Lchelle des sons en dcibels

  • La puissance dun son se mesure en dcibels (dB). Cest une chelle logarithmique : la puissance dun son double tous les 3 dB, est donc 100 fois plus leves tous les 20 dB et 1000 fois plus leve tous les 30 dB. Il existe plusieurs chelles de mesures en fonction de la rfrence ; la plus adapte aux sons perus par loreille humaine est celle des dB(A).

    LOMS recommande un niveau sonore maximum la nuit de 45 dB(A) lextrieur pour avoir un niveau de

    30 dB(A) lintrieur des maisons, fentres ouvertes. Les pointes de bruit lextrieur des logements ne devraient pas dpasser 60 dB(A) la nuit. Toujours selon lOMS, une augmentation significative du bruit signifie typiquement une augmentation de plus de 5 dB. Le bruit des sources fixes des stations de forage telles que les compresseurs, les pompes, les gnratrices, les torchres, etc., pourrait atteindre plus de 90 dB(A). Ceci quivaut 64 dB(A) une distance de 90 m et 40 dB(A) une distance de 1,5 km du lieu de forage.

    Des mesures peuvent limiter cette nuisance sonore, des enceintes antibruit ou des talus par exemple, et la fracturation hydraulique pourrait galement ntre effectue que le jour. Sans que la nuisance puisse tre totalement supprime.

    La luminosit

    Les torchres, utilises momentanment pour valuer la capacit de production, ou lclairage maintenu nuit et jour pour des raisons de scurit ou pour permettre le travail de nuit pourraient incommoder la population avoisinante en particulier dans les milieux ruraux isols.

    Nuit blanche mais dans une nuit noire.

    Problme 13 : Les dommages aux zones sensibles. Au vu des problmes numrs ci-dessus, il est clair que les zones sensibles dun point de vue cologique comme les parcs nationaux ou les vignobles sont particulirement sujettes des dtriorations potentiellement graves en cas dexploitation du gaz de schistes.

  • Le vignoble du Vin de Domme

    Problme 14 : la balance financire potentiellement ngative pour les collectivits locales. Comme on la vu plus haut, limplantation de puits de forage pour le gaz de schistes et son exploitation vont induire des frais majeurs pour les collectivits locales en termes de voiries, de traitement des dchets, de traitement des plaintes des riverains, de manque gagner si les proprits foncires perdent en valeur, si le tourisme diminue, si des entreprises doivent dmnager ou encore en termes de cration de nouveaux services locaux.

    A linverse, elles pourront compter sur une redevance de la part des socits exploitantes du gaz et dventuels nouveaux citoyens ayant trouv du travail grce aux socits gazires.

    Il existe cependant un risque non ngligeable de balance ngative en particulier si le montant de la redevance est fix un niveau lev en ne tenant pas compte des spcificits locales.

    La problmatique fiscale et ses ventuels allgements est du mme ordre.

    Discussions inextricables suite aux baisses des revenus de la commune

  • Problme 15 : la remise en tat des sites dexploration et dexploitation, la responsabilit en cas de sinistre ou de pollution long terme. Cette problmatique est souvent minimise car relativement modre si lexploration sarrte sans exploitation et car situe dans un futur lointain (un demi-sicle) en cas dexploitation. Nanmoins, cest au dpart que cette problmatique doit tre discute et que les socits gazires doivent sengager remettre le site en tat aprs utilisation, y compris via ltablissement dun fonds de rserve pour pallier une ventuelle insolvabilit de la socit gazire.

    Site industriel rhabilit

    Afin de pouvoir faire face un ventuel sinistre de grande ampleur, les socits dexploration et dexploitation doivent tre suffisamment couvertes par une assurance de responsabilit civile. Une rglementation doit galement concerner les responsabilits en cas de pollution y compris loin dans lespace, via la mobilit des aquifres, et dans le temps car une pollution peut se dvelopper des annes aprs lexploration ou lexploitation. En effet, la migration de contaminants dans leau souterraine est lente en comparaison de celle dans leau de surface. Il peut donc se passer plusieurs annes ou mme plusieurs dcennies entre le moment o un contaminant est relch dans leau souterraine jusqu ce quil soit observ un puits de captage ou un cours deau. Il faut galement penser aux gnrations futures.

  • Conclusion

    Chne pensant

    Cet article a montr les intrts et les problmes de lexploration et de lexploitation du gaz de schistes. Vers o penche la balance ? Il nest pas possible de rpondre dune manire gnrale. Chaque rgion dlivrera une pondration diffrente aux divers avantages et problmes identifis. Le Sahara nest pas la rgion parisienne. Il est donc ncessaire de connatre la rgion implique pour tirer une conclusion taye. Ce sera le sujet du prochain article : "Le gaz de schistes : la situation en Prigord noir / Haut Quercy".

    Jean-Paul Ligeois, gologue

    Deux documents de rfrence pour le gaz de schistes : un rapport prliminaire de lUniversit de Montpellier (janvier 2011) et un rapport dtaill (attention ! gros fichier de 11 Mb) du Bureau dAudience Publique sur lEnvironnement du Quebec (fvrier 2011)