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Inventaires naturalistes Des rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir. Département de la Sarthe (72). Année 2009. Etude réalisée par la Société d’Histoire naturelle Alcide d’Orbigny et commandée par L’association de sauvegarde des Moulins et Rivières de la Sarthe Auteurs : Jean-Philippe Barbarin et Alexandre Teynié

2 Rapport Sarthe - sciences.univ-lemans.frsciences.univ-lemans.fr/IMG/pdf/15_Durand_Etude_.pdf · de de l’Association de sauvegarde des moulins et ... qui fourni des informations

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Inventaires naturalistesDes rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir. Département de la Sarthe (72). Année 2009.

Etude réalisée par la Société d’Histoire naturelle Alcide d’Orbigny et commandée par

L’association de sauvegarde des Moulins et Rivières de la Sarthe

Auteurs : Jean-Philippe Barbarin et Alexandre Teynié

Inventaires naturalistesDes rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir Département de la Sarthe (72)

Étude réalisée par la Société d’Histoire naturelle Alcide-d’Orbigny

Rédacteurs : Jean-Philippe Barbarin et Alexandre Teynié

Rapport rendu en Décembre 2009

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE NATURELLE ALCIDE-D’ORBIGNY57 rue de Gergovie F-63170 AUBIÈREwww.shnao.net

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Crédits photos couverture: 1 : JP Barbarin, 2 à 5 Alexandre Teynié.

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Etude commandée parL’association de sauvegarde

des Moulins et Rivières de la SartheLe vieux Moulin

72190 Neuville sur Sarthe02 43 25 52 19 [email protected]

INTRODUCTION - MATÉRIEL ET MÉTHODES

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 3

Cette étude a été réalisée par la Société d’His-toire naturelle Alcide d’Orbigny à la deman-

de de l’Association de sauvegarde des moulins et rivières de la Sarthe.

Les prospections ont été réalisées par Jean-Phi-lippe Barbarin, spécialiste du groupe Odonates (Libellules) et Alexandre Teynié, spécialiste du groupe Reptiles et Amphibiens.

EnjeuxLes rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir

sont parcourues par de nombreux moulins et bar-rages de taille et d’usages divers, installés pour la plupart depuis plusieurs siècles. Pour l’essentiel, ils sont référencés dans la carte de Cassini établie au XVIIIème. Ces moulins et barrages modifi ent, souvent depuis le Moyen-âge, le régime de la riviè-re par rapport à un fonctionnement antérieur, dit « naturel ». La directive cadre sur l’eau du 23 octobre 2000 adoptée par le Conseil et par le Parlement européen défi nit un cadre pour la gestion et la pro-tection des eaux par grand bassin hydrographique au plan européen. Elle fi xe des objectifs ambitieux pour la préservation et la restauration de l’état des eaux superfi cielles (eaux douces et eaux côtières) et pour les eaux souterraines. Aussi un retour à une plus grande naturalité de ces rivières est actuel-lement souhaité, menaçant à terme l’existence de nombreux barrages et moulins.

Dans ce travail nous nous intéresserons au po-tentiel biologique des eaux au niveau des barrages. Ces derniers sont-ils néfastes à la diversité de la vie aquatique, ne peuvent-ils pas être également géné-rateurs de milieux favorables à certaines espèces, remarquables de par leur rareté et leur valeur pa-trimoniale (statuts de protection) ?

Choix des groupes faunistiques prospectésAussi, au vu de la problématique énoncée ci-des-sus, nous avons eff ectué une campagne d’inven-taire sur des groupes faunistiques choisis pour leur pertinence en terme d’exigences écologiques afi n de dresser une première évaluation du poten-tiel biologique des diff érents sites.

Nous nous sommes concentrés sur le groupe des Odonates (Libellules) et des Reptiles et Am-

phibiens et plus accessoirement sur celui des Lé-pidoptères (Papillons).

Les Odonates peuvent être considérés comme étant de bons indicateurs de l’évolution des mi-lieux aquatiques. En eff et, ils sont fréquemment utilisés dans le cadre de la gestion des zones hu-mides. Ces insectes prédateurs sont indissolu-blement liés aux zones humides et peuvent être considérés comme de bons témoins biologiques, non pas (ou rarement) sur le plan spécifi que, mais plutôt au niveau du peuplement dans son ensem-ble (qualitatif et quantitatif ).

Les amphibiens sont également directement liés aux milieux aquatiques, nécessaires à leur reproduction. Toutes les espèces possèdent un statut de protection. Les reptiles bien que non aquatiques directement (sauf deux espèces) sont liés à ces biotopes notamment pour leurs besoins trophiques. Ils aff ectionnent particulièrement les interfaces de milieux (rivières, ripysilves, mu-rets…). Toutes les espèces sont protégées.

Recherches bibliographiquesNous avons mené des recherches bibliographi-ques concernant la zone d’étude, au niveau régio-nal, départemental et plus local sur certains sites particuliers. Nous avons pu nous procurer, grâce à l’intermé-diaire du maire de Luché-Pingé, le document Na-ture 2000 FR 5200649 «Vallée du Loir de Vaas à Bazouges» ce qui nous a permis d’obtenir des données précises concernant la rivière Loir.Nous avons également consulté les données four-nies par la DIREN qui nous ont permis de ré-colter des informations sur les Listes d’espèces déterminantes pour les Znieff s «Zone naturelles d’intérêt faunistique et fl oristique».Enfi n nous avons pu récupérer des informations sur diff érents sites Web : - le site du conservatoire du Patrimoine Sarthois qui fourni des informations et des cartes de ré-partition sur les Amphibiens et les Odonates.- le site de Christian Kerihuel consacré aux odo-nates de la Sarthe- le site internet du Parc naturel régional Nor-mandie-Maine qui regroupe des informations sur les Alpes Mancelles.

modalités de leur protection. • Arrêté du 19 novembre 2007 fi xant les listes des amphibiens et des reptiles protégés sur l’en-semble du territoire et les modalités de leur pro-tection. • Listes rouges régionales

Calendrier des prospectionsLes prospections ont été menées sur deux campa-gnes. La première durant le printemps du 25 au 28 avril et la seconde plus tardivement dans l’été du 18 au 21 juillet 2009.

Sites prospectésDevant l’immensité de la zone à parcourir et le peu de temps de prospection dont nous dispo-sions, nous avons dû eff ectuer des choix et ne re-tenir que les sites les plus représentatifs.Les prospections réalisées au mois d’avril nous

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Méthodologie des prospections

Les OdonatesL’étude des Odonates s’est portée sur trois aspects. Au-delà de l’observation des individus adultes (imagos), une attention toute particulière a été portée sur la recherche des larves et la récolte d’exuvies. Les exuvies correspondent à la dernière mue de la larve, la libellule étant un insecte aqua-tique durant les premières phases de sa vie avant de se métamorphoser en insecte adulte aérien.

Cette méthode est particulièrement utile dans le cadre de la recherche d’espèces particulière-ment diffi ciles à observer notamment en rivière (espèces très discrètes à l’état adulte mais pouvant présenter des populations non négligeables). On peut ajouter que la recherche de larves n’est pas soumise aux aléas climatiques (pluies, crues qui détruisent rapidement les exuvies).

Les Reptiles et amphibiensLes prospections ont été réalisées essentiellement à vue, avec l’aide d’un fi let troubleau (récolte des têtards, des juvéniles et même des adultes) pour le groupe des amphibiens lorsque ces derniers sont en phase aquatique, c’est à dire lors de la re-production. Nous avons également eff ectué lorsque cela était possible des prospections nocturnes, ce qui per-met d’avoir une vision de la faune présente sur un territoire que l’on ne connaît pas à priori.

Caractérisation de la valeur patrimonialePour caractériser la valeur patrimoniale des espè-ces rencontrées les listes suivantes nous ont servi de référence :

• Annexe II et III de la Convention de Berne (convention du 19/09/79 relative à la conser-vation de la vie sauvage et du milieu natu-rel de l’Europe - JORF du 28/08/1990 et du 20/08/19996.• Annexes II et IV de la Directive «Habitats, Faune, Flore» (directive n°92/43/CEE concer-nant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la fl ore sauvages - JOCE du 22/07/1992).• Arrêté du 23 avril 2007 fi xant les listes des in-sectes protégés sur l’ensemble du territoire et les

Figure 1 : Prospection des larves d’Odonates au fi let troubleau. La recherche des amphibiens lorsqu’ils sont en phase aquatique s’eff ectue de la même manière.

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ont permis de sélectionner un certain nombre de sites essentiellement sur la rivière Sarthe. Les prospections de juillet ont permis de compléter les premiers inventaires et d’élargir nos prospec-tions à d’autres sites, notamment sur la rivière Loir.

Descriptif des sites échantillonnés Rivière la Sarthe

Nos prospections ont été menées au niveau des communes de Saint-Marceau, de Sainte-Jamme et de Saint-Léonard des Bois.

La rivière Sarthe au Moulin de Chadennière (com-munes de Saint-Marceau et de Saint-Jean d’Assé)Directement sur la rivière Sarthe, il illustre un as-pect de la problématique nous concernant puis-que un barrage de hauteur modéré (environ 1.5 m) le caractérise. Toutes les vannes du moulin ont été supprimées et l’eau circule donc librement.La présence du barrage en fer à cheval induit en amont une zone d’eau calme et profonde de la rivière avec un courant lent et en aval une zone d’eau moins profonde et plus rapide contrastant avec la précédente.

La rivière Sarthe à Sainte-JammeCe deuxième point d’échantillonnage sur la riviè-re Sarthe correspond à un ancien site industriel celui de la Fonderie d’Antoigne. Une large zone d’eau calme et profonde est présente en amont du barrage d’une hauteur de 2 à 3 m environ. Nous avons choisi ce site pour ses potentialités sur les divers groupes inventoriés et plus spécifi quement sur les reptiles car ils aff ectionnent les sites an-thropisés, qui combinés à la présence d’eau sont particulièrement favorables.

Fig.1 : Barrage au niveau du moulin de Chadennière.

La rivière Sarthe dans les Alpes Mancelles (commune de Saint-Léonard des Bois)Ce site, qui est le plus en amont sur la Sarthe s’ins-crit dans un patrimoine naturel préservé puisque situé dans les Alpes Mancelles.

Les Alpes Mancelles sont situées au coeur du Parc naturel régional Normandie-Maine et ce territoi-re est en outre classé au titre Natura 2000. Des mesures Agro-environnementales (MAE) sont mises en place sur cette portion de territoire.Il s’agit donc d’une zone naturelle préservée. No-tre étude s’est portée en autres au niveau du Mou-lin de Val. Le barrage existant à cet endroit est de faible hauteur (entre 1m et 1m50 au plus haut).D’autres points de prospections ont été réalisés dans ce même secteur (voir ci-après).

Fig.3 : Barrage au niveau du Moulin de Val.

Fig.3 : La Sarthe au niveau de Sainte-Jamme. Vue sur la zone en amont du barrage.

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Rivière le LoirLes prospections se sont concentrées sur la com-mune de Luché-Pringé, au niveau des Moulins de Vilaine et de l’île.

La rivière Loir au Moulin de Vilaine

La rivière Loir, dans cette partie de son cours, ne présente pas comme la rivière Sarthe une réelle succession de zones de courants rapides et lents. Ici, les barrages sont très nombreux et l’écoule-ment de la rivière est relativement homogène. Des faciès d’écoulement lent, avec des eaux pro-fondes ont été notés.Nous avons également prospecté dans ce secteur un coteau qui nous a semblé particulièrement in-téressant d’un point de vus faunistique. Il s’agit de l’ancienne champignonnière dont nous repar-lerons dans la suite de ce rapport.

La rivière Loir au Moulin de l’îleComme décrit précédemment, au niveau du Moulin de l’île, l’écoulement du Loir est homo-gène, le barrage en lui-même n’étant présent que de façon fragmentaire et ne modifi ant donc plus l’écoulement des eaux. Les eaux sont également très profondes. Les deux points d’échantillonnage

Fig.1 : La rivière Loir au niveau du Moulin de Vilaine.

réalisés sur le Loir sont relativement proches géo-graphiquement.

Les autres sites prospectés

Nous étions passés au Moulin de Briard situé sur la commune de Saint-Mars-la-Brière au mois d’avril afi n de réaliser un premier point d’échan-tillonnage sur la rivière l’Huisne. Le moulin étant excentré de la rivière proprement dite et ne permettant de caractériser la rivière di-rectement, nous n’avons pas choisi de l’intégrer dans notre travail.

Aussi, faute de temps lors de notre deuxième passage, nous avons exclu de nos prospections la rivière l’Huisne afi n de se concentrer sur les ri-vières Sarthe et Loir sur lesquelles nous avions déjà des informations recueillies lors du premier passage.

D’autres points de passage lors des diff érentes prospections n’ont pas été retenus notamment sur la rivière Loir au niveau de la commune de Château du Loir, également au niveau d’autres moulins de cette rivière, aucune information sup-plémentaire n’ayant été apportée.

Fig.1 : La rivière Loir au niveau du Moulin de l’île.

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INVENTAIRE FAUNISTIQUE

Nous avons choisi de présenter nos résultats en fonction de chaque site rencontré en prenant soin de dissocier la rivière Sarthe et la rivière Loir.

Rivière la Sarthe

Le moulin de ChadenièreL’étude des Odonates a permis de recenser des espèces largement répandues en rivière dans le département. Une espèce apparaît en liste rou-ge régionale et se distingue particulièrement. Il s’agit de Gomphus vulgatissimus, le Gomphe vulgaire. Nous l’avons rencontrée en nombre, au mois d’avril, au niveau des eaux calmes situées en amont du barrage, où de très nombreuses émer-gences avaient lieu.

Concernant les Reptiles et amphibiens, la sa-lamandre a été notée sous forme de larve dans une petite pièce d’eau située en forêt, à proximité du Moulin. Il s’agit d’une espèce apparemment bien représentée dans le secteur comme nous l’on démontré nos prospections nocturnes réalisées dans un rayon de 10km autour de Saint-mar-ceau. Dans tous les secteurs forestiers prospectés, de nombreux individus de salamandre ont été notés.

Le GompheàcrochetsOnychogomphus f. forcipatus (L.1758)

RareLe GomphevulgaireGomphus vulgatissimus (L., 1758)

Le GomphegentilGomphus pulchellus Sélys, 1840

L'AnaxempereurAnax imperator (LEACH, 1815)

Anisoptères

L'Agrion de Vander LindenErythromma lindenii (Sélys, 1840)

L'Agrion à larges pattesPlatycnemis pennipes (PALLAS, 1771)

Le CaloptéryxéclatantCalopteryx splendens (Harris, 1782)

Le CaloptéryxviergeCalopteryx virgo (L., 1758)

Zygoptères

Liste Rouge RégionaleNoms vernaculairesEspèces

Le GompheàcrochetsOnychogomphus f. forcipatus (L.1758)

RareLe GomphevulgaireGomphus vulgatissimus (L., 1758)

Le GomphegentilGomphus pulchellus Sélys, 1840

L'AnaxempereurAnax imperator (LEACH, 1815)

Anisoptères

L'Agrion de Vander LindenErythromma lindenii (Sélys, 1840)

L'Agrion à larges pattesPlatycnemis pennipes (PALLAS, 1771)

Le CaloptéryxéclatantCalopteryx splendens (Harris, 1782)

Le CaloptéryxviergeCalopteryx virgo (L., 1758)

Zygoptères

Liste Rouge RégionaleNoms vernaculairesEspèces

article 3/Annexe IIILa Salamandre tachetéeSalamandra salamandra (Linné, 1758)

Urodèles

Protection nationale

Directive habitats

Convention de BerneNom vernaculaireEspèces

article 3/Annexe IIILa Salamandre tachetéeSalamandra salamandra (Linné, 1758)

Urodèles

Protection nationale

Directive habitats

Convention de BerneNom vernaculaireEspèces

Tableaux X et Y : Liste systématique des espèces rencontrées et leurs diff é-rents statuts de protection. Ci-contre les Odonates, ci-dessous les reptiles et amphibiens.

Figure 2 : Individu femelle de Gomphus vulgatissimus émergent (Moulin de Chadenière).

Fig.1 : Localisation sur carte IGN du moulin de Chade-nière (source géoportail).

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© jpbarbarin

La rivière Sarthe à Sainte-JammeCe site est particulier puisqu’il correspond à un ancien site industriel en bordure de la Sarthe. Combiné à la présence d’eau, il se révèle particu-lièrement favorable aux reptiles et amphibiens. A noter la présence de la Couleuvre d’esculape, espèce remarquable car très localisée dans le dé-partement. Des individus juvéniles ont été obser-vés. Les autres espèces sont plus répandues sur le territoire. A noter que les eaux calmes liées au barrage ont permit l’observation d’un têtard du crapaud accoucheur (Alytes obstetricans). Aucun individu adulte n’a cependant été rencon-tré à proximité. Il faut donc rester prudent sur la présence de l’espèce sur le site.

Concernant les Odonates, seule une espèce a été notée en ce début de printemps ce qui est nor-mal puique nous étions tôt en saison. Il s’agit de Gomphus vulgatissimus, espèce de la Liste rouge régionale classée dans la catégorie «rare» que nous avons pu observer en très grand nombre au niveau de la zone amont du barrage, où les eaux sont calmes et profondes, avec un faciès d’écoule-ment lent.

RareLe GomphevulgaireGomphus vulgatissimus (L., 1758)

Anisoptères

Liste Rouge RégionaleNoms vernaculairesEspèces

RareLe GomphevulgaireGomphus vulgatissimus (L., 1758)

Anisoptères

Liste Rouge RégionaleNoms vernaculairesEspèces

Fig.2 : Illustration du barrage avec sa passe à poissons. Rivière Sarthe au niveau de Sainte-Jamme.

Tableaux X et Y : Liste systématique des espèces ren-contrées et leurs diff érents statuts de protection. Ci-dessous les Odonates puis les reptiles et amphibiens.

Fig.1 : Localisation sur carte IGN du barrage au niveau de Sainte-Jamme (source géoportail).

Fig.2 : Juvénile de Couleuvre d’esculape. Rivière Sarthe au niveau de Sainte-Jamme.

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La rivière Sarthe dans les Alpes Mancelles

Site très riche et ce pour tous les groupes rencon-trés (Odonates, Reptiles, Amphibiens, Lépidop-tères). Nos prospections ont été menées sur diff é-rents points qui nous ont parus pertinents fi gures 1 à 3. L’essentiel de nos prospections s’est tout de même concentré en amont du Moulin de Val. Concernant les Odonates, 18 espèces ont été recensées et nous avons pu détecter entre autre la présence de Oxygastra curtisii, la Cordulie à corps fi n, espèce à très forte valeur patrimo-niale puisque protégée au niveau européen. Elle est doublement intéressante pour illustrer notre problématique puisque une des caractéristique biologique de l’espèce est qu’elle aff ectionne dans de nombreux cas les zones calmes des rivières, à courant lent.Il faut également noter la présence de trois autres espèces appartenant à la Liste Rouge régionale : Cordulegaster boltonii, le Cordulégastre annelé Libellula fulva, la Libellule fauve et Boyeria irene, l’Aeshne paisible. Ces deux dernières espèces et en particulier Libellula fulva illustrent également bien notre propos puisqu’elles aff ectionnent éga-lement les zones calmes des rivières.

Concernant les Reptiles et Amphibiens, les prospections ont révélé la présence de 10 espè-ces, valeur particulièrement élevée. Il faut noter la présence du Lézard viviparre, (Lacerta vivipara), espèce particulièrement localisée dans la Sarthe. Nous retrouvons également la Couleuvre d’escu-lape (Elaphe longissima), elle aussi particulière-ment localisée. 4 espèces possèdent une protec-tion forte au niveau européen, sans oublier que toutes sont protégées nationalement.

Les prospections concernant les Lépidoptères ont permis de noter la présence de 24 espèces. Aucune d’entre elle ne possède de protection na-tionale mais certaines d’entre elles restent rares et localisées. On peut citer le petit mars changeant (Apatura ilia), espèce déterminante pour la dé-signation des Znieff s en région Pays-de-Loire et considérée comme rare dans le département de la Sarthe.

Fig.1 à 3 : Cartographie IGN des principaux sites pros-pectés dans les Alpes Mancelles. - La Sarthe au niveau du Moulin de Val

Fig.1: Cartographie IGN des principaux sites prospec-tés dans les Alpes Mancelles.- La Sarthe au niveau du Pont de la Folie

Fig.1 à 3 : Cartographie IGN des principaux sites pros-pectés dans les Alpes Mancelles.- La Sarthe au niveau de Saint-Léonard-des-Bois

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 9

Fig.x : Le Lézard viviparre (Lacerta vivipara), inventorié sur un muret le long de la route d’accès au Moulin de Val.

Fig.x : La Couleuvre d’esculape (Elaphe longissima), inventoriée au niveau du Pont de la Folie.

Fig.x : Rana dalmatina, la grenouille agile, inventoriée en amont du Moulin de Val.

Tableaux X et Y : Liste systématique des espèces d’Odonates rencontrés dans les Alpes Mancelles et leurs diff é-rents statuts de protection.

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© jpbarbarin

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La Carte géographiqueArashnia levana (Linné, 1758)

Le Robert le DiablePolygonia c-album (Linné, 1758)

La Belle dameVanessa cardui (Linné, 1758)

Le VulcainVanessa atalanta (Linné, 1758)

Le Paon-du-jourInachis io (Linné, 1758)

Le Sylvain azuréLimenitis reducta (Staudinger, 1901)

Le Tabac d'EspagneArgynnis paphia (Linné, 1758)

Le Petit Mars changeantApatura ilia (Denis & Schiffermüller, 1775)

Le Demi-deuilMelanargia galathea (Linné, 1758)

Le MyrtilManiolia jurtina (Linné, 1758)

Le TircisPararge aegeria (Linné, 1758)

Nymphalidae

Le Collier-de-corailAricia agestis (Denis & Schiffermüller, 1775)

L'Argus bleuPolyommatus icarus (Rttemburg, 1775)

L'Argus myopeLycaena tityrus (Poda, 1761)

Le CuivrécommunLycaena phlaeas (Linné, 1761)

Lycaenidae

Le CitronGonepteryx rhamni (Linné, 1758)

Le SouciColias crocea (Geoffroy, 1785)

L'AuroreAntocharis cardamines (Linné, 1758)

La Piéride du navetPieris napi (Linné, 1758)

La Piéride du chouPieris brassicae (Linné, 1758)

La Piéride de la moutardeLeptidea sinapis (Linné, 1758)

Pieridae

Le MachaonPapilo machaon Linné, 1758

Papilionidae

La GrisetteCarcharodus alceae (Esper, 1780)

Le Point-de-HongrieErynnis tages (Linné,1758)

Hesperiidae

Noms vernaculairesEspèces

La Carte géographiqueArashnia levana (Linné, 1758)

Le Robert le DiablePolygonia c-album (Linné, 1758)

La Belle dameVanessa cardui (Linné, 1758)

Le VulcainVanessa atalanta (Linné, 1758)

Le Paon-du-jourInachis io (Linné, 1758)

Le Sylvain azuréLimenitis reducta (Staudinger, 1901)

Le Tabac d'EspagneArgynnis paphia (Linné, 1758)

Le Petit Mars changeantApatura ilia (Denis & Schiffermüller, 1775)

Le Demi-deuilMelanargia galathea (Linné, 1758)

Le MyrtilManiolia jurtina (Linné, 1758)

Le TircisPararge aegeria (Linné, 1758)

Nymphalidae

Le Collier-de-corailAricia agestis (Denis & Schiffermüller, 1775)

L'Argus bleuPolyommatus icarus (Rttemburg, 1775)

L'Argus myopeLycaena tityrus (Poda, 1761)

Le CuivrécommunLycaena phlaeas (Linné, 1761)

Lycaenidae

Le CitronGonepteryx rhamni (Linné, 1758)

Le SouciColias crocea (Geoffroy, 1785)

L'AuroreAntocharis cardamines (Linné, 1758)

La Piéride du navetPieris napi (Linné, 1758)

La Piéride du chouPieris brassicae (Linné, 1758)

La Piéride de la moutardeLeptidea sinapis (Linné, 1758)

Pieridae

Le MachaonPapilo machaon Linné, 1758

Papilionidae

La GrisetteCarcharodus alceae (Esper, 1780)

Le Point-de-HongrieErynnis tages (Linné,1758)

Hesperiidae

Noms vernaculairesEspèces

Tableaux X et Y : Liste systématique des espèces de Reptiles et Amphibiens rencontrés dans les Alpes Mancelles et leurs diff érents statuts de protection.

Tableaux X : Liste systématique des espèces des Lépi-doptères rencontrés.

Fig.x : Le petit mars changeant (Apatura ilia), inventorié en amont du Moulin de Val.

Fig.x : Oxygastra curtisii femelle, la cordulie à corps fi n, inventoriée en amont du Moulin de Val.

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© ateynié

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Rivière le Loir

Le Moulin de l’ïleCe site est situé sur le Loir, en amont de Luché-Pringé. Nous avons rencontré 9 espèces d’odonates dont Gomphus vulgatissimus, le Gomphe vulgaire classé sur la Liste Rouge régionale en tant qu’espèce «rare». A noter que la recherche des exuvies a permis de montrer la présence de Boyeria irene, l’Aeshne paisible, espèce également signalée sur la Liste rouge départementale mais au statut «indéterminé».

Le peuplement en Odonates est sensiblement identique au site du Moulin de Vilaine (voir ci-après) et reste donc globalement faible (en comparaison au 18 espèces rencontrées dans les Alpes Mancelles). Les espèces de Lépidoptères rencontrées ont été in-ventoriées sur une prairie en bordure de rivière. Il s’agit d’espèces largement répandues sur l’ensemble du territoire et ne présentant pas de valeur patrimo-niale particulière.

Le Demi-deuilMelanargia galathea (Linné, 1758)

Le MyrtilManiolia jurtina (Linné, 1758)

Le TristanAphantpus hyperanthus (Linné, 1758)

L'AmaryllisPyronia tithonus (Linné, 1771)

Le TircisPararge aegeria (Linné, 1758)

Nymphalidae

Le Collier-de-corailAricia agestis (Denis & Schiffermüller, 1775)

L'Argus bleuPolyommatus icarus (Rttemburg, 1775)

Le Demi-ArgusCyaniris semiargus (Rottemburg, 1775)

Lycaenidae

Le SouciColias crocea (Geoffroy, 1785)

La Piéride du navetPieris napi (Linné, 1758)

La Piéride du chouPieris brassicae (Linné, 1758)

Pieridae

Le MachaonPapilo machaon Linné, 1758

Papilionidae

Noms vernaculairesEspèces

Le Demi-deuilMelanargia galathea (Linné, 1758)

Le MyrtilManiolia jurtina (Linné, 1758)

Le TristanAphantpus hyperanthus (Linné, 1758)

L'AmaryllisPyronia tithonus (Linné, 1771)

Le TircisPararge aegeria (Linné, 1758)

Nymphalidae

Le Collier-de-corailAricia agestis (Denis & Schiffermüller, 1775)

L'Argus bleuPolyommatus icarus (Rttemburg, 1775)

Le Demi-ArgusCyaniris semiargus (Rottemburg, 1775)

Lycaenidae

Le SouciColias crocea (Geoffroy, 1785)

La Piéride du navetPieris napi (Linné, 1758)

La Piéride du chouPieris brassicae (Linné, 1758)

Pieridae

Le MachaonPapilo machaon Linné, 1758

Papilionidae

Noms vernaculairesEspèces

L'OrthetrumréticuléOrthetrum cancellatum ( L., 1758)

RareLe GomphevulgaireGomphus vulgatissimus (L., 1758)

Le GomphegentilGomphus pulchellus Sélys, 1840

indéterminéL'Aeshne paisibleBoyeria irene (Fonscolombe, 1838)

Anisoptères

L'Agrion élégantIschnura elegans (VANDER LINDEN, 1820)

L'Agrion de Vander LindenErythromma lindenii (Sélys, 1840)

L'Agrion à larges pattesPlatycnemis pennipes (PALLAS, 1771)

Le CaloptéryxéclatantCalopteryx splendens (Harris, 1782)

Le CaloptéryxviergeCalopteryx virgo (L., 1758)

Zygoptères

Liste Rouge RégionaleNoms vernaculairesEspèces

L'OrthetrumréticuléOrthetrum cancellatum ( L., 1758)

RareLe GomphevulgaireGomphus vulgatissimus (L., 1758)

Le GomphegentilGomphus pulchellus Sélys, 1840

indéterminéL'Aeshne paisibleBoyeria irene (Fonscolombe, 1838)

Anisoptères

L'Agrion élégantIschnura elegans (VANDER LINDEN, 1820)

L'Agrion de Vander LindenErythromma lindenii (Sélys, 1840)

L'Agrion à larges pattesPlatycnemis pennipes (PALLAS, 1771)

Le CaloptéryxéclatantCalopteryx splendens (Harris, 1782)

Le CaloptéryxviergeCalopteryx virgo (L., 1758)

Zygoptères

Liste Rouge RégionaleNoms vernaculairesEspèces

Fig.1 : Cartographie IGN des prospections sur le Loir. Le Moulin de Vilaine.

Fig.x : Exuvie de Gomphus vulgatissimus, le Gomphe vul-gaire. La récolte de ces exuvies nous a permis de détecter l’espèce sur la rivière Loir alors qu’aucun individu adulte n’a pu être observé

Tableau.x : Liste systématique des espèces de Lépi-doptères rencontrés sur le Loir au niveau du Moulin de l’île.

Tableau.x : Liste systématique des espèces d’Odonates rencontrés sur le Loir au niveau du Moulin de l’île.

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 12

© ateynié

La rivière Loir au Moulin de VilaineNous avons prospecté la rivière proprement dite où nous avons rencontré une faune en Odonates qui ras-semble des espèces largement répandues. Neuf espè-ces ont été inventoriées sur la rivière elle même et trois espèces observées sur le côteau calcaire à proximité sont à rajouter. Ces espèces (Anax imperator, Coe-nagrion scitulum et Sympetrum sanguineum) ont donc été observées loin de tout site de reproduction et il faut donc rester prudent pour conclure sur leur statut. Ce total reste cependant faible pour un site de cette ampleur (à titre de comparaison 18 espèces ont été notées sur la Sarthe dans les Alpes Mancel-les). Nous n’avons pas trouvé d’espèces protégées au niveau européen ou national. Sur la rivière une espèce se distingue de par son statut patrimonial. Il s’agit de Gomphus vulgatissimus, le Gomphe vulgaire, espèce liste rouge Pays-de-Loire en catégorie «rare». A noter que nous avons détecté l’espèce grâce à la récolte des exuvies.

L’agrion mignon rencontré sur le coteau calcaire est également une espèce de la Liste Rouge régionale mais il est peu probable qu’elle se reproduise dans la rivière elle-même.

Pour compléter nos prospections, nous avons choi-si de prospecter des coteaux secs, à proximité de la rivière qui nous ont paru particulièrement favorables, notamment pour les Reptiles. Ce site correspond à une ancienne champignonnière aujourd’hui aban-donnée. Il en résulte un milieu cahotique et à l’aban-don. Nous avons pu réaliser de belles observations en reptiles avec 4 espèces observées dont la couleuvre d’esculape et la vipère aspic. De nombreux papillons (29 espèces) étaient également présents ce jour là et nous avons eu la surprise de détecter Maculinea arion, l’azuré du serpolet, espèce à très forte valeur patrimoniale puisque protégée au niveau européen. Il s’agit d’une espèce considérée comme rare et vulnéra-ble dans le département (source Diren). Dans la zone Natura 2000 FR5200649 «Vallée du Loir de Vaas à Bazouges» englobant donc notre périmètre d’étude, deux sites sont connus sur des pelouses calcicoles à Luché-Pringé (probablement notre station d’étude et à Savigné-sous-le-Lude. Grâce aux récoltes menées au fi let troubleau nous avons pu noter la présence d’espèces envahissantes telle l’écrevisse américaine ou encore le Silure. Nous reprendrons ces diff érents élé-ments dans la dernière partie.

Le SympetrumsanguinSympetrum sanguineum (Müller, 1764)

L'OrthetrumréticuléOrthetrum cancellatum ( L., 1758)

Le GompheàcrochetsOnychogomphus f. forcipatus (L.1758)

RareLe GomphevulgaireGomphus vulgatissimus (L., 1758)

Le GomphegentilGomphus pulchellus Sélys, 1840

L'AnaxempereurAnax imperator Leach, 1815

Anisoptères

L'Agrion élégantIschnura elegans (VANDER LINDEN, 1820)

L'Agrion de Vander LindenErythromma lindenii (Sélys, 1840)

RareL'Agrion mignonCoenagrion scitulum (Rambur, 1842)

L'Agrion à larges pattesPlatycnemis pennipes (PALLAS, 1771)

Le Caloptéryx éclatantCalopteryx splendens (Harris, 1782)

Le Caloptéryx viergeCalopteryx virgo (L., 1758)

Zygoptères

Liste Rouge RégionaleNoms vernaculairesEspèces

Le SympetrumsanguinSympetrum sanguineum (Müller, 1764)

L'OrthetrumréticuléOrthetrum cancellatum ( L., 1758)

Le GompheàcrochetsOnychogomphus f. forcipatus (L.1758)

RareLe GomphevulgaireGomphus vulgatissimus (L., 1758)

Le GomphegentilGomphus pulchellus Sélys, 1840

L'AnaxempereurAnax imperator Leach, 1815

Anisoptères

L'Agrion élégantIschnura elegans (VANDER LINDEN, 1820)

L'Agrion de Vander LindenErythromma lindenii (Sélys, 1840)

RareL'Agrion mignonCoenagrion scitulum (Rambur, 1842)

L'Agrion à larges pattesPlatycnemis pennipes (PALLAS, 1771)

Le Caloptéryx éclatantCalopteryx splendens (Harris, 1782)

Le Caloptéryx viergeCalopteryx virgo (L., 1758)

Zygoptères

Liste Rouge RégionaleNoms vernaculairesEspèces

Fig.1 : Cartographie IGN des prospections sur le Loir. Le Moulin de Vilaine.

Fig.2 : Cartographie des prospections menées sur les côteaux en bordure de rivière (ancienne champignon-nière).

Tableau.x : Liste systématique des espèces rencontrées en Odonates sur la rivière Loir au moulin de Vilaine

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 13

Tableau.x : Liste systématique des espèces rencontrées en Reptiles au niveau de l’ancienne champignonière.

Tableau.x : Liste systématique des espèces de Lépidoptères rencontrés au niveau de l’ancienne champignonière.

Fig.x : Maculinea arion, l’azuré du serpolet, espèce à forte valeur patrimoniale rencontrée sur le côteau calcicole de la champignonière.

Fig.x : La Vipère aspic, Vipera aspis, notée sur le cô-teau calcicole de la champignonière .

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 14

© jpbarbarin

© ateynié

Les Odonates : Quelques espèces en détail...

Cette partie du rapport s’attache à présenter les espèces d’Odonates que nous considérons com-me les plus remarquables. Celles qui présentent une forte valeur patrimoniale et qui nous sem-blent pertinentes pour l’illustration de notre pro-blématique font l’objet d’une fi che espèce. Sur chaque fi che seront détaillés les points sui-vants :

• statuts et menaces : permet de préciser si l’espèce possède un statut de protection par-ticulier (européen, français ou régional) et son degré de vulnérabilité ;

• répartition : donne des indications au niveau européen, de la France et plus précisément au niveau régional et/ou départmental ;

• habitats / écologie : donne des indications générales sur les exigences écologiques des espè-ces (stades adultes et larvaires) ;

• phénologie : donne les périodes de vol des espèces, comparées à celles observées sur le site d’étude ;

• résultats sur le site d’étude : donne des ré-sultats précis issus de nos prospections sur le terrain.

Résumé des observationsSur la rivière Sarthe, tous sites confondus, nous avons rencontré 18 espèces. La plus grande di-versité a été rencontrée en amont du Moulin de Val, dans les Alpes Mancelles où la totalité des 18 espèces sont présentes. Au Moulin de Chaden-nière, 8 espèces sont présentes.Sur la totalité des espèces quatre d’entre elles-possèdent une forte valeur patrimoniale. Il s’agit de Gomphus vulgatissimus, Oxygastra curtisii, Libellula fulva, Boyeria irene et Cordulegaster boltonii.Toutes ces espèces font l’objet d’une fi che détaillée ci après. Seul Cordulegaster boltonii n’est pas présenté en détail car il s’agit d’une espèce bien représentée sur le territoire français et dont l’éco-logie fait que l’on ne peut pas la relier réellement à la problématique des barrages puisqu’elle est présente dans de très nombreux biotopes diff é-

rents, du petit ruisselet aux rivières jusqu’à 8 m de largeur. Les autres espèces sont largement répan-dues en rivière, les deux plus fréquentes étant les Caloptéryx que l’on peut rencontrer en très grand nombre sur une rivière.Concernant le Loir, 9 espèces ont été notées sur la rivière en elle-même et trois espèces supplémen-taires ont été observées sur les côteaux calcaires à proximité. Parmi celles-ci Coenagrion scitulum, espèce en Liste Rouge régionale. Elle n’est pas présentée dans les fi ches suivantes car on ne peut pas la relier, au vu de son écologie, avec certitude avec la rivière.

Coenagrion scitulum ♂

© jpbarbarin

© jpbarbarin

Calopteryx splendens splendens♂

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 15

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Cordulegaster boltonii boltonii ♂

© jpbarbarin

Onychogomphus f. foripatus ♂

Fig. x et y : Cordulegaster boltonii en haut, Onychogomphus forcipatus en bas, deux espèces typiques observées en rivière.

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 16

FICHE ESPÈCE : Oxygastra curtisii (L.,1758)

© jpbarbarin

Oxygastra curtisii ♂

Statut/MenacesCette espèce possède une forte valeur patrimo-

niale puisque protégée au niveau européen, na-tional et régional (annexe II de la Convention de Berne, annexes II et IV de la directive habitats, protection nationale, Liste Rouge régionale).

RépartitionIl s’agit d’une espèce endémique d’Europe oc-

cidentale, devenant rès rare en Afrique du Nord fi gure 1.

En France cette espèce est assez commune dans la région méditérranéenne et sur la façade atlan-tique mais elle se raréfi e dans la moitié nord-est du pays fi gure 2.

Elle est classée au niveau régional en Liste Rou-ge dans la catégorie «Vulnérable». Dans le dépar-tement de la Sarthe elle est considérée comme rare fi gure 3.

Fig.1 : Répartition d’Oxygastra curtisii en Europe (D’après R.R Askew, 2004)

Fig.2 : Répartition d’Oxygastra curtisii en France (D’après GRAND & BOUDOT, 2006)

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 17

Habitats

Il s’agit d’une espèce généralement liée aux ri-vières et canaux à courant lent dont les rivages sont au moins partiellement ombragés, parfois aux mares et étangs, bordés de végétation brous-sailleuse. L’espèce préfère les cours d’eau calmes, cependant la rapidité du courant d’eau peut-être très diverse. Les larves se tiennent, en général, dans la vase auprès des berges. Elle s’enfouissent dans les sédiments pour pratiquer la chasse aux aguets. L’espèce se développe jusqu’à 500 m d’al-titude environ.

PhénologieElle vole de la mi-mai jusqu’à la fi n août. Le pic

d’observation se situe au mois de juin.

Résultats sur le site d’étudeCette espèce était l’une de nos priorité dans nos recherches car il s’agit d’une espèce qui aff ection-ne particulièrement les parties calmes des cours d’eau et que l’on peut objectivement rapprocher de la problématique des barrages.Nous avons pu détecter sa présence en amont du barrage du Moulin de Val, sur la rivière Sarthe dans les Alpes Mancelles. L’espèce était déjà men-tionnée non loin géographiquement au niveau de la commune de Saint-Léonard-des-Bois. Nous confi rmons donc ici sa présence.

Nous avons pu observer l’espèce dans une partie calme de la rivière en comportement dit «terri-torial» ce qui caractérise les individus mâles qui eff ectuent des allers et venues le long des berges afi n de marquer leur territoire en attendant la ve-nue des femelles. Plusieurs individus ont été ob-servés sur la rivière et également dans les haies jouxtant le cours d’eau.

Fig.2 : Carte de répartition départementale d’Oxy-gastra curtisii (source Conservatoire du patrimoine naturel Sarthois).

Fig.2 : Oxygastra curtisii femelle (photo A. Teynié)

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 18

FICHE ESPÈCE : Gomphus vulgatissimus (L., 1758)

Statut/Menaces Le Gomphe vulgaire (Gomphus vulgatissimus)

ne possède pas de statut de protection particulier ni au niveau européen ni au niveau national.

En revanche l’espèce est mentionnée sur la Liste rouge régionale Pays-de-Loire.

Répartition Elle est présente de l’ouest et du nord de l’Europe à

l’Oural. En forte régresion dans plusieurs pays suite à la pollution des eaux fi gure 1.

Il s’agit d’une espèce considérée comme bien repré-sentée sur l’ensemble du territoire français et elle reste commune dans de nombreuses régions fi gure 2.

Elle est considérée comme «rare» sur l’ensemble de la région considérée. Au niveau départemental elle est considérée comme «assez-rare» fi gure 3.

Habitats / EcologieCette espèce se développe dans les eaux cou-

rantes dans le cours inférieur des ruisseaux et des rivières mais également dans les étangs et les lacs jusqu’à 1400 m d’altitude.

Les larves se tiennent enfouies dans la vase ou le sable et leur développement s’étend sur 3 ou 4 ans.

Gomphus vulgatissimus ♂

© jpbarbarin

Fig.1 : Répartition de Gomphus vulgatissimus en Europe (Grand & Boudot, 2006)

Fig.2 : Répartition d’Oxygastra curtisii en France (D’après GRAND & BOUDOT, 2006)

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 19

Phénologie L’ espèce émerge très tôt dans la saison (de dé-

but mai jusqu’à fi n juin) et vole jusqu’à la mi-août. Nous avons observés des émergences en masse dès notre premier jour de prospection, le 24 avril.

Résultats sur le site d’étude Il s’agit de l’espèce que nous avons le plus ob-

servé et ce, sur l’ensemble des sites prospectés, aussi bien sur la rivière Sarthe que sur le Loir. Des émergences ont été notées, des larves ont été récoltées ainsi que des exuvies.

Cette espèce est généralement très discrète et les individus adultes ne sont que rarement obser-vés. C’est pour cette raison, que généralement l’es-pèce est considérée comme rare. De notre point vue l’espèce est implantée en densité dans les sites prospectés.

Lors de notre premier passage, nos prospections ont eu lieu principalement sur la rivière Sarthe et nous avons observé de nombreuses émergences et de nombreuses larves. Lors du second passage,

Fig.3 : Larve de Gomphus vulgatissimus prête à se métamorphoser.

Fig.3 : Carte de répartition départementale d’Oxy-gastra curtisii (source Conservatoire du patrimoine naturel Sarthois).

sur la rivière Loir, même si aucun individu adulte n’a été observé, la récolte des exuvies a confi rmé sa présence.

Cette espèce est également intéressante pour illustrer notre problématique car les individus émergents et les larves ont été trouvées dans les zones calmes des rivières, en amont des barrages. Il faut toutefois noter qu’il existe un biais et qu’il faut se méfi er de toute interprétation trop hâtive puique les larves (durant les 2 à 3 années de leur développement larvaire) ont tendance à dériver avec le courant pour se concentrer dans les zones de barrage.

Il est toutefois intéressant de noter qu’à chaque fois les concentrations maximales sont observées au niveau des barrages.

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 20

FICHE ESPÈCE : Libellula fulva (MÜLLER, 1764)

Statut/Menaces La Libellule fauve (Libellula fulva) ne possède pas

de statut de protection particulier ni au niveau euro-péen ni au niveau national.

En revanche l’espèce est mentionnée sur la Liste rouge régionale Pays-de-Loire.

Répartition Elle est présente en Europe et en Asie mineure fi -

gure 1. En France, L’espèce est bien présente dans la région

méditérranéenne, plus irrégulière ailleurs, de plus en plus fréquente dans les régions du Nord de la France depuis quelques années fi gure 2.

Elle est considérée comme «rare» sur l’ensemble de la région considérée. Au niveau départemental elle est considérée comme «assez-rare» fi gure 3.

Habitats / EcologieCette espèce se développe aussi bien dans les

eaux stagnantes qu’en rivière. Elle aff ectionne les eaux faiblement courantes préférentiellement bor-dées de plantes aquatiques et de zones herbeuses ou semi-boisées ce qui correspond aux conditions d’observations de l’espèce dans les Alpes Mancel-les.

Libellula fulva accouplement

© jpbarbarin

Fig.1 : Répartition de Libellula fulva en Europe (Grand & Boudot, 2006)

Fig.2 : Répartition de Libellula fulva en France (D’après GRAND & BOUDOT, 2006)

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 21

Fig.3 : Carte de répartition départementale de Libellula fulva (source Conservatoire du patrimoine naturel Sarthois).

Phénologie C’est une espèce printannière qui vole de fi n mai

jusqu’à la mi-août avec un pic d’activité en juin.

Résultats sur le site d’étude

L’espèce a été observée dans les Alpes mancelles,

sous forme de larve lors de notre premier passage

et sous forme adulte lors du second passage en

juillet. Elle volait en compagnie d’Oxygastra cur-

tisii, ce qui est particulièrement intéressant car

elle permet d’illustrer de façon pertinente notre

problématique, puiqu’elle aff ectionne les zones

d’eaux calmes.

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 22

FICHE ESPÈCE : Boyeria irene (MÜLLER, 1764)

Statut/Menaces L’Aeshne paisible (Boyeria irene) ne possède pas

de statut de protection particulier au niveau euro-péen et national. Elle est cependant présente en Lis-te rouge de la région Pays-de-Loire avec un statut «indéterminé», qui refl ète probablement le manque d’informations sur cette espèce.

Répartition Il s’agit d’une espèce présente dans le Sud-Ouest de

l’Europe et l’Afrique du Nord fi gure 1.Cette espèce est bien répandue en France à l’excep-

tion des régions du Nord fi gure 2. Dans le département de la Sarthe, elle est considérée

comme assez rare fi gure 3.

Habitats / EcologieCette espèce colonise les eaux rapides ou légè-

rement courantes, limpides, de préférence ombra-gées, parfois également dans les lacs au Nord de son aire.

© ateynié

Boyeria irene ♂

Fig.1 : Répartition de Gomphus vulgatissimus en Europe (Grand & Boudot, 2006)

Les larves vivent préférentiellement au sein des racines d’arbres plongeant dans l’eau au niveau des rives en surplomb.

Phénologie L’ espèce vole de fi n juillet à fi n septembre-début

octobtre.

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 23

© jpbarbarin

Boyeria irene larve

Résultats sur le site d’étude L’espèce a été rencontrée sur la rivière Sarthe et

sur la rivière Loir. Des larves ont pu être récoltées et des individus adultes ont été observés dans les Alpes Mancelles. Cette espèce aime les eaux bien oxygénées, légèrement courantes. Nous l’avons trouvée dans la zone amont du moulin de Val, là où le courant ralenti. La larve aff ectionne en eff et des enchevêtrements racinaires qui sont présents en bordure de rivière.

Concernant la rivière Loir, des exuvies ont été récoltées au niveau du Moulin de l’île ce qui at-teste là encore avec certitude que l’espèce y ef-fectue son développement. Si les eaux ont un écoulement relativement lent dans cette portion du Loir, l’oxygénation des eaux de surface doit ce-pendant être suffi sante. Là encore la profondeur de l’eau combinée à la présence d’enchevêtrements racinaires sont deux éléments favorables à cette espèce patrimoniale.

Fig.2 : Répartition de Boyeria irene (D’après GRAND & BOUDOT, 2006)

Fig.3 : Carte de répartition départementale de Boyeria irene (source Conservatoire du patrimoine naturel Sarthois).

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 24

Les Reptiles et Amphibiens : Quelques espèces en détail...

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 25

Cette partie du rapport s’attache à présenter les espèces de Reptiles et Amphibiens que nous considérons comme les plus pertinents pour il-lustrer notre problématique. Sur chaque fi che se-ront détaillés les points suivants :

• une description et des généralités sur l’espèce considérée,

• la répartition et l’habitat de l’espèce avec les résultats de nos prospections sur le terrain,

• le statut de l’espèce, son lien avec notre pro-blématique.

Résumé des observationsLes amphibiens et reptiles ne sont que rare-

ment liés directement à la rivière en elle-même (ils ne s’y reproduisent pas directement) mais se concentrent plutôt sur des milieux périphériques et annexes (interfaces de milieux : exemple rivière et forêt).

Nous avons rencontré au total cinq espèces d’amphibiens et six espèces de reptiles. Tout comme pour les Odonates, les milieux étudiés les plus riches se sont trouvés dans les Alpes Man-celles, où, sur la zone de barrage les amphibiens profi tent des milieux humides annexes crées par la retenue pour se reproduire (rases, fossés, prai-ries humides...).

Dans cette zone 10 espèces sur les 11 invento-riées sur l’ensemble des sites sont présentes et on peut signaler la présence du rarrissime Lézard vi-viparre, observé sur un muret le long de la rivière Sarthe.

Les reptiles se rattachent moins directement à ces milieux humides annexes bien que plusieurs espèces se servent de ces zones entre autre pour chasser. En général, la présence humaine sur ces zones (moulins, pierriers ou même d’anciennes zones industrielles comme à Sainte-Jamme...) leur confère des zones refuges idéales. Elles dis-posent alors du gîte et du couvert....

Sur le Loir, les recherches ont été moins fructeu-ses. Seule la zone de l’ancienne champignonière à Luché Pringé s’est révélée particulièrement riche.

Il faut noter que cette zone n’est pas directement reliée à la rivière en elle-même.

Nous avons choisi d’illustrer en particulier deux espèces que nous avons souvent rencontré dans les milieux annexes au barrages. Il s’agit de la Couleuvre d’esculape et de la grenouille agile.

Quelques espèces de reptiles et amphibiens ren-contrés au cours des prospections : de haut en bas : Lézard des murailles, Salamandre et Cra-paud commun. Photos A. Teynié.

La couleuvre d’esculape : Zamenis longissimus (Laurenti, 1768).

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 26

Synonyme récent : Elaphe longissima

Description et généralités Chez cette belle couleuvre les adultes peuvent

dépasser 1,70 m mais leur taille est le plus sou-vent comprise entre 1,25 m et 1,50m chez les 2 sexes.

Sa tête est relativement allongée, ses yeux sont plutôt grands et ses pupilles rondes, comme tou-tes nos couleuvres.

Les juvéniles présentent sur le cou un « collier » blanc cassé à jaune, souligné de brun foncé à noir et des marbrures foncés sur le corps, ainsi qu’une tâche brun-noire, allongée derrière l’oeil. Cette ornementation les fait parfois confondre avec la Couleuvre à collier (Natrix natrix).

Les écailles dorsales de ce serpent semi arbo-ricole et ovipare sont lisses. Ses proies, tuées par constriction, comptent principalement des ron-geurs ainsi que des passereaux, des œufs et des lézards.

Répartition et habitatLa Couleuvre d’Esculape est présente irrégu-

lièrement dans une grande partie de l’Europe moyenne, du Nord de l’Espagne jusqu’au Cau-case.

En France, elle occupe de facon sporadique les deux tiers sud du pays, atteignant l’Île-de-France vers le Nord.

Dans la Sarthe, l’espéce est encore particuliè-rement bien représentée. Nous l’avons observée en nombre au moulin de Sainte-Jamme, et régu-lièrement auprés de plusieurs autres. En bordure de rivière, c’est dans les secteurs marqués par la présence humaine qu’on été notées les densités apparentes les plus elevées.

Elle habite généralement, des biotopes riches et à structures complexes, le plus souvent un coteau rocheux ou une falaise, partiellement végétalisée, bordé d’une ripisylve, mais aussi des forêts mixtes aux reliefs prononcés ainsi que des murs de pier-res et d’anciennes constructions en milieu favora-ble. Très fréquemment riveraine des cours d’eau (elle nage volontiers), elle y occupe nombre de ces

constructions anciennes associées aux moulins ou à leurs dépendances.

Statut…. Annexe IV de la directive habitat. Intégrale-

ment protégée en France…Cette espèce est presque toujours associée à des

milieux globalement riche en terme de biodiver-sité. Comme de nombreux reptiles, tous légale-ment protégés en France, elle a clairement dans le passé, et souvent, benefi ciée des activités hu-maines, notament prés des rivières : ponts, talus, murets, anciennes gravières et carrières, moulins et habitations plus ou moins abandonnées.

A contrario, la réfection ou la transformation de ces milieux lui sont aujourd’hui néfastes.

Couleuvre d’esculape, individu juvénile. Photo Alexan-dre Teynié

La grenouille agile : Rana dalmatina Bonaparte, 1840.

Inventaires naturalistes Rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir 27

Eléments d’identifi cationUne espèce de taille moyenne (dépasse parfois 8 cm du museau au cloaque) faisant partie d’un en-semble de «grenouilles brunes » européennes.

En France, elle se distingue assez facilement de la Grenouille rousse (Rana temporaria) (1), avec laquelle elle coexiste assez souvent, par une plus grande longueur relative de ses pattes arrière, son museau plus pointu et, le plus souvent, par une ornementation plus simple que celle de Rana temporaria.

Répartition L’espèce occupe une grande partie de l’Europe, du nord de l’Espagne au sud des pays scandinaves, évitant le plus souvent le milieu méditerranéen à l’ouest de sa répartition. Elle est absente du Royaume unis. Vers l’est Rana dalmatina atteint le Caucase et le littoral sud de la mer Caspienne (Iran). En France, elle est absente de Corse, d’une grande part de la région méditerranéenne et des hautes altitudes.

Habitat et observationsLa Grenouille agile est principalement liée aux zones boisées, surtout les forêts de chênes et de hêtres ou encore les forêts mixtes et des ripisyl-ves pour sa reproduction. Elle fréquente aussi les milieux prairiaux et bocages en périphéries des secteurs boisés. Elle est présente de la plaine à la moyenne montagne.

Ses sites de reproduction principaux sont les ma-res, mais aussi des étangs et des fossés. Protégée, elle est encore abondante dans diverses régions françaises, particulièrement à l’étage collinéen.En Sarthe, nous avons noté fréquemment sa pré-sence, quelques stations étant clairement liées au régime actuel des cours d’eau prospectés (quel-ques sites de reproductions et de chasse en bor-dure des zones de débordements et ripisylves).

Textes législatifs Statut de protection élevé puiqu’il s’agit d’une espèce protégée au niveau national et européen : Annexes II et IV de la directive habitat.

(1) Nous n’avons pas observé Rana temporaria lors de nos prospections dans la Sarthe.

Fig.1 : Carte de répartition au niveau européen de Rana dalmatina

© ateynié

DISCUSSION

Les arguments en faveur de la destruction des barrages et des seuils entravant le carac-tère et l’écoulement «naturel» d’une rivière sont aujourd’hui d’actualité. L’Etat encourage le dé-mantellement de certains barrages considérés aujourd’hui comme des obstacles majeurs d’un point de vue écologique.

Les cas de destruction de barrages restent ce-pendant rares, la tendance étant plutôt à ne plus entretenir de nombreux ouvrages, qui, avec le temps, fi niront pas s’eff acer du paysage.

la destruction des barragesLes barrages génèrent des modifi cations au ni-

veau du fonctionnement des hydrosystèmes qui sont de plusieurs natures :

- ils modifi ent le milieu physique ce qui a des répercussions sur les communautés biologiques et leurs habitats : les espèces adaptées aux zones de courant lent sont favorisées alors que les es-pèces dites rhéophiles (qui aff ectionnent les cou-rants d’eau rapides et donc les eaux oxygénées), sont éliminées,

- ils constituent un frein pour les espèces mi-gratrices de poissons et les privent ainsi de zones de frayères,

-ils provoquent le ralentissement des eaux et l’accumulation de sédiments qui concentrent la pollution par accumulation d’éléments toxiques et qui favorisent l’eutrophisation des eaux (relar-guage des phosphates).

Pour ces raisons, la tendance actuelle est plutôt tournée vers la destruction d’ouvrages.

le rôle positif d’un barrageLes barrages peuvent également jouer un rôle

écologique positif dans certains cas puique la re-tenue des eaux permet d’alimenter et de mainte-nir des zones humides et de constituer une ré-serve d’habitats en période de très basses eaux.

Ils peuvent ainsi être générateurs de sites d’ac-cueil et de reproduction pour de nombreuses espèces animales. De plus le ralentissement de

l’écoulement des eaux engendré par le barrage peut s’avérer également favorable. L’illustration par les résultats de nos pros-pections

Les prospections que nous avons menées nous permettent d’illustrer les diff érents points évo-qués ci-dessus :

Si on reprend les prospections sur le Loir, on peut dire qu’elles sont décevantes en terme de diversité faunistique rencontrée et ce, pour tous les groupes étudiés. Par exemple, concernant les Odonates, directement liés à la rivière, seule une petite dizaine d’espèce très communes à été ob-servée. Aucune espèce n’est classée dans les Listes de protection européennes ou nationales. Seules une à deux espèces selon les sites étudiés sont classées dans la Liste Rouge régionale. La qualité visuelle du site nous laissait pourtant présager une diversité beaucoup plus grande.

Des recherches au fi let troubleau ont permis de d’expliquer en partie cette pauvreté dans la diver-sité. Des quantités impressionnantes d’écrevisses américaines sont présentes dans le Loir, jusqu’à une dizaine d’individus pour chaque coup de fi let : il faut imaginer ce que cela représente au niveau de la rivière entière ! Nous avons pu également pêcher de la sorte un petit silure de quelques cen-timètres de long, sachant que l’espèce peut grossir jusqu’à atteindre 200 kg pour les plus gros spé-cimens ! La présence en nombre de ces espèces dites invasives est le refl et d’une diversité biolo-gique faible.

Il faut quand même noter et c’est important, que de nombreux cas ces espèces dites invasives ont été introduites par l’homme volontairement dans des buts de pêche. La pêche au silure est pratiquée aujourd’hui comme une pêche sportive !

La présence de très nombreux barrages dans ce secteur font que le Loir présente des faciès d’écoulement lents et relativement homogènes. Il s’ensuit donc une accumulation de polluants et de fertilisants dans les sédiments, relargués ensuite dans les eaux, une mauvaise oxygénation des eaux superfi cielles qui vont appauvrir la diversité bio-

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logique (puisque de nombreuses espèces ne sup-portent pas ces conditions) et favoriser les espèces animales et végétales envahissantes généralement beaucoup plus résistantes aux perturbations.

Cependant on ne peut considérer le barrage comme responsable de cette dégradation biologi-que. Il est plutôt dans ce cas le refl et de la dégra-dation des milieux environnants, des modifi ca-tions induites par l’homme et de la dégradation de la qualité des eaux.

Le barrage potentialise très probablement des pollutions dont il n’est pas l’agent direct.

La qualité des eaux et des milieux naturels environnants

Concernant les sites que nous avons prospec-tés sur le Loir, les zones naturelles environnan-tes sont aujourd’hui banalisées d’un point de vue biologique puisqu’elles sont quasi exclusivement utilisées à des fi ns agricoles intensives. La culture de maïs est pratiquée sur des surfaces impor-tantes et proches de la rivière. Ces cultures sont consommatrices en eau et surtout polluantes de par les rejets agricoles qu’elles engendrent.

La qualité des eaux et la préservation des mi-lieux naturels qui englobent la rivière sont très certainement un élément clé et essentiel du bon fonctionnement de la rivière et donc de sa diver-sité biologique.

Pour illustration, revenons à nos prospections menées dans le site préservé des Alpes Mancel-les. En amont des grandes villes, les eaux sont de bonne qualité et la diversité biologique de la ri-vière semble élevée. C’est ainsi que nous avons pu rencontrer 10 espèces de Reptiles et amphibiens, 18 espèces d’Odonates et 24 de Lépidoptères, et ce en deux passages seulement (au printemps et en été) ce qui correspond à la quasi totalité des es-pèces observées sur l’ensemble des prospections.

Dans la zone amont du barrage du Moulin de Val, dans la partie calme de la rivière nous avons détecté la présence de cinq Odonates patrimo-niaux, dont une espèce se distingue clairement par sa valeur patrimoniale élevée puisqu’elle est protégée au niveau européen (Directive habitat, annexe II et IV ce qui induit que ses biotopes de reproduction sont également protégés). Il s’agit

d’Oxygastra curtisii, la cordulie à corps fi n. Cette espèce ainsi que trois autres espèces patrimonia-les bénéfi cient clairement de la zone d’eau calme et les seuils présents seraient dans ce cas plutôt source de diversité que le contraire. La bonne alternance de zones calmes engendrées par les seuils puis de zones d’eau plus vives sont très cer-tainement bénéfi ques à la diversité.

Un autre élément à noter est que l’élargissement de la rivière dûe aux diff érents seuils et barrages est souvent associé à des zones prairiales annexes puique l’accès à l’eau s’en trouve facilité. Ces prai-ries annexes liées au fonctionnement de la rivière sont ainsi source de diversité. C’est pour cette rai-son que dans les Alpes mancelles par exemple de nombreux reptiles et amphibiens peuvent se re-produire dans des zones annexes à la rivière qui sont des zones ouvertes (suintements en zones prairiales, petits ruisseaux, fossés...). C’est éga-lement au niveau de ces prairies que le papillon Apatura ilia, le petit Mars changeant a été noté. Ce papillon, qui fréquente les bois riverains des cours d’eaux, reste rare dans le département de la Sarthe (espèce déterminante pour la désignation de zones protégées (Znieff s), dans la région Pays de Loire).

Dans le cas du Loir, une remarque similaire peut être faite, les coteaux calcaires prospectés en bordure de Loir se sont révélés particulièrement riches et ce n’est pas un hasard. La rivière est asso-ciée dans cette zone à des prairies humides atte-nantes, qui sont ensuite elles-mêmes bordées par ces coteaux calcaires. Il existe donc une continuité écologique entre les diff érents milieux, qui, com-binés à une bonne orientation font que la diver-sité biologique s’y concentre. Elle y est beaucoup plus importante qu’au niveau de la rivière en elle-même, fortement dégradée comme nous l’avons déjà évoqué. La diversité en reptiles y est élevée, des papillons patrimoniaux ont été rencontrés (Maculinea arion, l’azuré du serpolet).

Il faut souligner les limites de notre travail en distinguant bien les seuils et petits barrages de taille raisonnable que nous avons rencontrés lors de cette étude des grands barrages hydroé-lectriques hauts parfois de plusieurs dizaines de mètres et pour lesquels la problématique est très

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diff érente et complexe. De plus nos conclusions ne sont pas forcément généralisables à tous les groupes d’espèces et en particulier aux poissons pour lesquels nous n’avons pas recueillis d’infor-mations dans ce travail.

à titre anecdotique sur la qualité des eaux...Des prospections menées sur la mare communale de Saint-Marceau nous ont quelque peu alertés sur le problème de la qualité chimique des eaux. La mare, aménagée pour que le public puisse y avoir accès montrait un sérieux jaunissement des plantes bordant les rives. En regardant de plus près, nous nous sommes aperçus que les berges avaient été passées au désherbant ce qui constitue un non sens absolu ! Les quelques coups de fi let troubleau dans la mare ont malheurement confi rmé la pollution des eaux par les herbicides. Rien de vivant dans cette mare mis à part quelques grenouilles vertes, énormes, apparemment seules capables de résister aux pol-luants. Aucun têtard, une reproduction impossi-ble, un milieu stérile présenté comme un lieu de promenade et de découverte...Il faut imaginer à l’échelle de tout un bassin ver-sant... !

En conclusion...En conclusion de ce travail, nous pouvons affi r-

mer qu’il ne faut pas généraliser les conclusions sur l’impact des barrages d’un point de vue éco-logique. La destruction d’un barrage peut se ré-véler pertinente dans un cas et ne pas l’être dans un autre. L’environnement global de la rivière est très certainement sous-estimé dans cette pro-blématique. La destruction de barrages dans des zones d’eau polluées permettrait elle de retrouver un fonctionnement naturel ? Rien n’est moins sûr tant que tous les facteurs environnementaux ne sont pas pris en compte.

Chaque cas est particulier et doit être pris indi-viduellement. Des équilibres se créent et les espè-ces sont capables d’adaptation (comme l’illustre les espèces d’Odonates qui aff ectionnent les zo-nes calmes des rivières), ce qui est d’autant plus vrai dans le cas de barrages et seuils anciens, qui représentent aujourd’hui la majorité des ouvrages sur les rivières considérées.

Les espèces se sont adaptées au cours du temps

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à leur environnement et des espèces rares pro-fi tent des milieux crées par les barrages. En té-moigne la Cordulie à corps fi n , Oxygastra curti-sii, protégée au niveau européen (Annexes II et IV de la Directive habitat). L’espèce est protégée mais également ses milieux de développement, c’est à dire la rivière elle-même. Détruire le barra-ge dans ce cas précis revient à détruire un habitat protégé au niveau européen ! Toute destruction sans connaissance préalable de la faune présente est un non sens !

L’élément clé est très certainement de conserver une diversité de milieux sur la rivière elle-même, de tenir compte de son passé. Les zones de bar-rages peuvent être riches, pas uniquement par les eaux calmes qu’ils génèrent mais plutôt grâce à l’ensemble des milieux annexes qui s’y ajoutent (rases, fossés, zones humides annexes).

Enfi n , il faut prendre en considération l’envi-ronnement immédiat de la rivière qui conditionne en premier lieu la qualité de ses eaux et hiérarchi-ser rigoureusement les facteurs qui aff ectent en priorité la qualité des eaux et de la vie aquatique.

Mare communale de Saint-Marceau. La végétation des rives a été passée au désherbant. Seules quelques énormes grenouilles vertes subsistent dans la mare....

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