Ndrl  : Ce n’est pas seulement pour faire plaisir à mon ami Vincent que je consacre ce numéro de Cador, lettre ‘’T’’, à Mama Bé Tekielski, mais parce que d’un premier concert en 1979 à la Fête de l’Huma, en passant par un autre à Autun (organisé par l’association L’APAMA, si mes souvenirs sont exacts), puis un autre à La Rochelle où elle chantait Piaf et jusqu’à notre rencontre au Creusot à l’occasion d’un concert organisé conjointement par L’arc et l’association Poisson Fa, elle ne m’a jamais quitté. Pour moi elle était alors le digne successeur (ou la digne successeuse, y’a débat) de Colette Magny (voir Cador n°13). Ca déménageait, c’était de la tendresse rock, c’était pur et rocailleux. Au milieu d’immenses poupées de chiffon, elle racontait des choses entendues nulle part jusque-là, ça me parlait  ! (Je pourrais d’ailleurs, aujourd’hui, réécrire tout cela au présent de l’indicatif). Nous avions beaucoup parlé lors de notre rencontre (aussi bavarde que moi) de sa musique, de sa carrière, de sa vie pas toujours facile, facile. Elle m’avait semblé déçue, désabusée de l’abandon des médias mais la voix, la présence, l’enthousiasme sur scène était là !

Depuis 1998, plus d’album, plus de nouvelle (même sur son site officiel)… Elle me manque cruellement…mais c’est une joie de lui rendre hommage ici, une façon de se rappeler quelle place immense elle tient encore dans la chanson francophone.

Très tôt, Béatrice découvre la chanson Française. Après l'école, elle écoute la radio, en attendant le retour de sa maman, qui élève seule ses deux enfants. En pleine période yé-yé, cette jeune fille de 14 ans qui chante sans cesse, écoute Anne Sylvestre, Brel, Brassens, Barbara, Colette Magny et affiche déjà sa préférence pour les chansons à textes. C'est dans la découverte de l'oeuvre de Léo Ferré qu'elle va se reconnaître et devenir une inconditionnelle de cet artiste. Ses idées, ses mots, ses combats, ses coups de gueule l'enthousiasment. Et « il  » lui servira de repère tout au long de sa vie. Elle aura l'opportunité de le rencontrer à quelques reprises et de lui rendre hommage à deux occasions. La première fût en 1987 grâce à Jean louis Foulquier, pour «La fête à Ferré» sur la scène des Francofolies où elle interpréta magistralement ‘’Les Anarchistes’’ accompagnée d'une guitare électrique et, la seconde à travers un album intitulé ‘’Du côté de chez Léo’’ (1995) dans lequel elle reprendra 12 des titres de Léo.

Béatrice Tékielski est née en Avignon le 23 août

1948, rue St Etienne, de Mafalda Fiacco, fleuriste italienne et de Karol Tékielski, un violoniste concertiste polonais qui ‘’s'envola’’ deux ans plus tard.

http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2016/08/24/mama-bea-tekielski-les-anarchistes/

A vingt ans, Béa prend la route pour tenter sa chance avec ses propres textes, car elle est déjà auteur, compositeur, interprète. En 1968, Béatrice Tekielski participe au concours La fine fleur de la chanson française de Luc Bérimont, producteur à l’ORTF. Elle arrive en finale à Bobino et termine deuxième. En 1971 elle sort son premier album  intitulé ‘’Je cherche un pays’’. Puis la route l'emmène vers d'autres rencontres et, dans un autre univers, celui de Janis Joplin, Jimmy Hendrix, Léonard Cohen, Bob Dylan et autres groupes américains du moment. Nourrie de toutes ces influences, elle est une des pionnières de l'explosion d'une nouvelle chanson Française. La jeune Béa devient Mama Béa de par ses origines italiennes mais surtout grâce à sa voix d'une ampleur et couleur peu ordinaires, qui fait penser à toutes ces ‘’Mamas’’ noires qui chantent le blues.

https://www.youtube.com/watch?v=Xmaji6JDpGI

En 1977, elle enchaîne l'enregistrement des albums mi-live : ‘’La Folle’’ et  ‘’Faudrait rallumer la lumière dans ce foutu compartiment’’ qui créent la surprise. En 1978 la révélation avec : le Prix du meilleur disque étranger en Italie, la sortie de l'album ‘’Ballade pour un bébé robot’’, le prix de l'académie Charles Cros, le prix de l'Association des Disquaires de France et après son passage très remarqué au " Printemps de Bourges ", l'heure de son premier Olympia. Cette année-là, Jean Alary de Sono magazine écrivit : « Mama Béa , c'est un vrai ‘’bébé robot’’ dont le cerveau ‘’positronique’’ a été amoureusement programmé à partir des rages et des tendresses de Janis Joplin, Tina Turner, Léo Ferré, Colette Magny, Arthur Rimbaud ... Pardon du peu »

https://www.youtube.com/watch?v=Xart0Ha7KOI

https://www.youtube.com/watch?v=lhEBX9vu-bs

Puis s’enchaineront : ‘’Le Chaos’’ 1979, ‘’Pas peur de vous’’ 1980, ‘’Aux alentours d'après minuit’’ 1981.

https://www.youtube.com/watch?v=TaDO-__RmX4

Ensuite, Mama Béa nous dévoile une nouvelle facette de sa personnalité en écrivant un album plus sobre et plus soft – ‘’Où vont les stars  ?’’. 1982, en parallèle de la Bande originale du film "Edith et Marcel " dans lequel elle va interpréter certaines chansons de Piaf, des titres de Francis Lai et de Charles Aznavour. Jean pierre Lentin écrivit dans le numéro 43 de Paroles et musique en octobre 1984 : « Mama Béa c'est Piaf et Janis Joplin dans le même gosier ... »

https://www.youtube.com/watch?v=iZvzt1thIro

Après sa rupture en 1984 avec le label  RCA. Mama Béa chante ‘’La différence’’ en 1986.  Album produit sous le label « griffe » avec un titre extraordinaire, en duo avec Little Bob : ‘'By'n'By’’.

1987  : Elle apparait dans ‘’La Fête à Ferré’’ un album enregistré dans la cadre des Francofolies de la Rochelle aux côtés de Nicole Croisille, Paul Piché, Claude Dubois, Catherine Ribeiro, Francis Lalanne et Jacques Higelin

1988 – ‘’Violemment la tendresse’’ produit par le label « encore ! ».

1991 - Sortie de l'album  « No Woman's land » qui est le premier  produit par «  Mafalda Connection  » son propre label en référence au prénom de sa mère. Du même album, tournage du clip ‘’Maman, j'ai peur’’ réalisé par Bernard George.

https://www.youtube.com/watch?v=yBAt1F1Wlvc

1994 - Sortie de « Ma compilation », (double CD) comportant 25 titres extraits des albums de 1976 à 1981.

1995 - Sortie de l'album « Du côté de chez Léo »

1998 - Elle apparaît dans ‘’Les Enfants de la zique’’ avec Francis Cabrel, Gérald De Palmas, Patrick Verbeke et Paul Personne et elle sort son dernier album en date « Indienne » où finalement elle rend hommage à son père dans la chanson ‘’Le voyageur’’. C'est une réussite totale : qui a fait l'unanimité de la presse écrite, obtint « le Choc du Monde de la Musique » et du public. 1999 –

https://www.youtube.com/watch?v=RszlkvkdY9c

« Combien de temps faudra t'il encore pour que les radios (françaises), les grandes scènes (françaises) et les multinationales du disque se rendent compte qu'elles possèdent avec Mama Béa (redevenue Tékielski) la voix française, doublée d'un auteur compositeur hors du

commun ?» Jean-Claude Demari de CHORUS

Photo,

Philippe Andrieu

source :

MAFALDA CONNECTION

(site officiel de Mama Béa) -

Wikipédia