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TOTAL DANSE Novembre, le mois de la danse à La Réunion DANSER Le programme de l’édition 2011 La danse à La Réunion Rencontres, entretien, critiques, soirées cinéma et toutes les infos pratiques.

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TOTAL DANSENovembre, le mois de la danse à La Réunion

D A N S E R

Le programme de l’édition 2011

La danse à La Réunion

Rencontres,entretien, critiques,soirées cinéma et toutes les infospratiques.

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TOTAL DANSENovembre, le mois de la danse

jeudi 10 18h Exposition Living Dance Galerie du TEAT Champ Fleuri20h Bal tamoul TEAT Champ Fleuri

mardi 15 19h Cie Membros Parvis du TEAT Champ Fleuri20h Pierre Rigal TEAT Champ Fleuri22h Yves-Noël Genod Archives départementales

mercredi 16 20h Cinéma Pina 3D TEAT Champ Fleuri

jeudi 17 20h Cinéma Les Rêves dansants TEAT Champ Fleuri

vendredi 18 13h30* Shaun Parker & Company TEAT Champ Fleuri19h Cie Membros Parvis du TEAT Champ Fleuri20h Shaun Parker & Company TEAT Champ Fleuri22h Yves-Noël Genod Archives départementales

samedi 19 18h V. Berger, G. Saranouffi, S. Pesa La Fabrik20h Shaun Parker & Company TEAT Champ Fleuri22h Jérôme Bel TEAT Champ Fleuri

mardi 22 18h Jérôme Bel TEAT Champ Fleuri20h Yuval Pick TEAT Champ Fleuri

mercredi 23 19h Cirquons Flex Parvis du TEAT Champ Fleuri20h Yuval Pick TEAT Champ Fleuri

jeudi 24 19h Compagnie Argile Théâtre du Grand Marché - Sat Maron20h Théâtre Taliipot Théâtre du Grand Marché

vendredi 25 19h Nadjani Danse Compagnie Hall du TEAT Champ Fleuri19h Compagnie Argile Théâtre du Grand Marché - Sat Maron20h Sankai Juku TEAT Champ Fleuri20h Théâtre Taliipot Théâtre du Grand Marché

samedi 26 19h Nadjani Danse Compagnie Hall du TEAT Champ Fleuri20h Sankai Juku TEAT Champ Fleuri

TEAT Changement d’Airdimanche 13 11h Membros Saint-Denis – Bas de la Rivière

Place de la République15h Membros Saint-Denis – Le Brulé – Salle polyvalente

mercredi 16 13h* Membros Saint-Louis – Lycée Antoine-Roussin

jeudi 17 13h Membros Saint-Denis – Théâtre Vladimir-Canter (sous réserve)

19h Membros Saint-Denis – Domenjod – Le Case

vendredi 18 11h Membros Saint-Denis – Les Camélias – Place du marché forain

dimanche 20 15h Membros Saint-Philippe – Cyber Case

Dans les salles partenairesjeudi 17 14h* Pierre Rigal Salle Guy-Alphonsine à Saint-André

vendredi 18 20h Pierre Rigal Salle Guy-Alphonsine à Saint-André

mercredi 23 20h Sankai Juku Théâtre Luc-Donat au Tampon

Du mercredi 23 Festival Danses et Docks Kabardock au Portau vendredi 25

* représentations scolaires

INFO BILLETTERIE 02 62 419 325 www.theatreunion.re

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N ° s p é c i a l T o t a l D a n s e 2 0 1 1

Photo de couverture : Yang Wang

ÉditoFort de son succès de l'an passé, le festival Total

Danse, deuxième édition, s'étend. Sur tout le moisde novembre, sur d'autres théâtres de Saint-Denis.

Les dix mille spectateurs réunis en 2010 sur despropositions aussi panachées et éloignées les unes

des autres que peuvent l’être, par exemple, NadjaniBulin et Gisèle Vienne ou Sylvie Robert et Jan

Lauwers, prouvent que les publics réunionnais sontprêts à aller voir encore plus de danse. Si le cœur de

Total Danse reste à Saint-Denis, de nombreuxspectacles ont lieu en décentralisation, comme cethilarant Press de Pierre Rigal ou le hiératique butô

des Japonais de Sankai Juku.Le festival se permet aussi des incursions sur

d'autres territoires culturels où le corps nous parle,comme le cirque contemporain de Cirquons Flex,

les photographies de Yang Wang présentées à laGalerie du Teat Champ Fleuri, ou cette exposition

sur l’écriture du mouvement à l’initiative de laBibliothèque départementale.

Comme pour la première édition, laprogrammation concoctée par Pascal Montrouge et

Bernard Faille est aussi diversifiée qu'alléchante.Toutes les tendances y sont représentées: de ladanse traditionnelle du Bal Tamoul à la danse

conceptuelle très « classe » d'Yves-Noël Genod, del’inclassable Jérôme Bel à la danse ludique et

sentimentale de l'Australien Shaun Parker, de ladanse théâtre de Taliipot au hip-hop ultra-

mouvementé des Brésiliens de Membros. Sansoublier les créations réunionnaises et de l'Océan

Indien portées par Valérie Berger, Sylvie Robert ouNadjani. Si l'on y ajoute la présence tutélaire de

Pina Bausch, dont on pourra apprécier l'œuvre àtravers deux films récents, on s'aperçoit que Total

Danse propose une sorte de tour d'histoire de ladanse à découvrir en l'espace d'un mois. C'est donc

un grand voyage qui continue vers de nouveauxterritoires de la chorégraphie, tout aussi excitant etmystérieux que le furent ceux des explorateurs face

à des terres inconnues… Et comme le fut ladécouverte de cette île, aussi riche de son

syncrétisme et de sa diversité que la danse iciproposée.

Il était donc naturel que Danser, le magazine detoutes les danses, s'associe à Total Danse pour

mettre en valeur, dans les pages qui suivent, lesartistes invités.

Agnès Izrine, rédactrice en chef de Danser

D A N S E R04

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L’édition 2011 Programme

08Rencontre Pierre Rigal

La danse sur l’île Diversité

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Soiréescinéma

PinaBausch

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EntretienYuval Pick

Zoom Jerôme Bel Zoom Sankai Juku

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phobe (Press, 2008) qui enserre irrépressible-ment le corps. On retrouve Jérôme Bel dansses questionnements faussement naïfs sur lacondition d’interprète à travers celle d’unvirtuose cunninghamien, Cédric Andrieux(2009). Il y a les artistes dont on parle, telYves-Noël Genod qui, fidèle à lui-même,créera sur place sa proposition en feignantcette improvisation désinvolte qu’il affec-tionne et qui cache une méticuleuse prépa-ration. Il y aura les parcours de Score (2010),

trio joueur et grave d’un engagement phy-sique impressionnant et à travers lequelYuval Pick, nouveau directeur du CCN deRillieux-la-Pape, après Maguy Marin, inter-roge son émotion israélienne. Et puis onajoute un ou deux grands noms, Umagatsu etsa compagnie Sankai Juku, voire les Brésilienssurvitaminés de Membros et les séances ci-néma en hommage à Pina Bausch. Mais faire un festival à La Réunion, c’est unpeu plus compliqué ou du moins exigeant.

Point de rencontre d’une zone immense et féconde, La Réunion a créél’un des rares festivals au monde qui réussisse à montrer combien ladanse est diverse autant qu’universelle. Panorama.

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Organiser un festival de danse contempo-raine à La Réunion, c’est d’abord organiserun festival. Total Danse, la manifestation queproposent durant le mois de novembre lesthéâtres départementaux de La Réunion di-rigés par Pascal Montrouge et Bernard Faille,ne cherche pas à réinventer ce qui fonctionne.Comme ailleurs, il s’agit de montrer quelques-unes de ces créations qui font l’air du temps,ne serait-ce que pour en juger de visu. Il y aPierre Rigal dans sa construction claustro-

Total Danse, vasteprogramme

danser l’édition 2011

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S. Delorme

Par Philippe Verrièle

À gauche, Shaun Parker &Company : Happy as Larry. Ci-dessus : 3 Soli OcéanIndien (Gaby Saranouffi). Enhaut à droite, Cie Membros :Meio fio. En bas à droite : leBal tamoul.

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L’île est certes un confetti dans la mer, elleest aussi le point de rencontre d’une zoneimmense et féconde, et l’occasion de croise-ments uniques. Marquée par la proximité de Madagascar,fréquentée par les Arabes, gouvernée par laFrance, peuplée par l’Afrique, l’Inde ou laChine selon les époques, La Réunion est unmélange et sa danse le traduit.Longtemps, le conservatoire, unique en songenre, comptait non pas trois disciplineschoregraphiques (classique, contemporain,jazz) dont l'enseignement est reglementé parla loi n° 89-468 du 10 juillet 1989, mais qua-tre et en dehors de toute nomenclature offi-cielle. La danse indienne (bharata natyam)y avait même droit que les autres. Alors, surun festival, un bal tamoul, adaptation réu-

Ce que vouspourrez voir au festivalLE BAL TAMOUL10 novembre

La diaspora ta-moule et ses des-cendants chéris-sent le narlgonet livrent ici leurinterprétation del'épopée de la viede Vali, convoitéepar le dieu Mou-

rougan. Au Bal tamoul, le public ne danse niavec les dieux, ni avec ses voisins, mais se laisseemporter par la poésie de ces récits fondateurs.Comme l'histoire de Vali met en exergue unconflit entre deux classes sociales, l'épisode seprête parfaitement à la célébration de la mé-moire d'une communauté qui a été engagéepour exploiter les plantations pendant la se-conde moitié du XIXe siècle, suite à l'abolition del'esclavage. Sur scène, les mimes-chanteurs-danseurs et les musiciens sont aujourd'hui lesreprésentants de leur communauté et de sa forcevitale, à travers les récits ancestraux. Mais ils lesremettent au goût du jour, s'en amusent et échan-gent avec la salle, jamais à court d'un clin d'œil.

MEMBROS: MEIO FIO15 et 18 novembre

Entre break-dance, perfor-mance et narra-tion, les pièces deMembros n'ontjamais abusé dela douceur. Aveccomme point dedépart la vie dans

les favelas, une cruauté sèche, sans discours lar-moyant ni social. Mais la violence est là, puisqu'ilest impossible de lui échapper dans un pays oùmalgré les progrès réels, les inégalités socialesconditionnent le quotidien. Il n'est que logique pourTaïs Vieira et ses danseurs de se frotter au bitumeet aux murs urbains. Meio fio est une tornaded'énergie, aussi furtive que puissante qui laissedes traces indélébiles dans les yeux et dans lescœurs.

PIERRE RIGAL: PRESS15 novembre

Cela pourrait être une nouvelleécrite par Kafka,Beckett ou DaniilHarms. Un cau-chemar physiqueet surtout men-tal. Un hommedans son espace

de vie, de travail. Les murs se rapprochent de lui,toujours un peu plus. Comment continuer à vivre,

DR

F. S

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Gorka Bravo

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nionnaise du narlgon, forme theâtrale origi-naire du sud de l’Inde, peut croiser les ques-tionnements de Taliipot qui dans !Aia, de laGrotte jusqu’au ciel, présentera sa dernièrepièce, qui vient d’être créée à Artscape (CapeTown, 2011). Évidemment, comme ailleurs, un festival estaussi l’occasion pour de jeunes créateurs lo-caux de présenter leur travail, l’opportunitéde se confronter au reste de la danse. Mais Total Danse, parce que c’est La Réunion,prend dans ces jeunes propositions un goûtparticulier, plus métisse, plus grinçant aussi(Nadjani Bulin, Sylvie Robert). Parce que, si organiser un festival revient àappliquer quelques règles, ici comme ail-leurs, c’est quand même La Réunion et cen’est pas tout à fait comme ailleurs. A

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On trouverait difficilement plus différent. Il ya la fille de commerçant chinois, élevée pardes “nénènes”, ces nourrices créoles qui luiapprennent les traditions de l’île. Ensuite,Yune Chane prend des cours de danse clas-sique avec Danielle Davério, une anciennedes Ballets du marquis de Cuevas installéedans l'île, mais part en métropole pour faireLangues O. Il y a le grand gaillard roux, for-mation jazz, qui commence par des coursavec Marielle Roque, puis s’engage dans lecontemporain avec Marie-Christine Abbadieavant d’aller faire carrière d’interprète àParis. C’est là que Pascal Montrouge dansepour Redha, chorégraphe star de la dansejazz entre 1989 et 1990, imposant dans ceregistre sa puissance et son énergie pour Pa-limpseste et Caravane (1989), puis Dancing(1990). Cela aurait pu lui valoir une carrièretoute de paillettes et de show télévisés. Il y aaussi le beau danseur classique qui quittel’île en 1983 pour étudier au CNR de Rueil-Malmaison, puis va de l’Opéra de Paris auRoyal New Zealand Ballet. Éric Languet ysera nommé danseur étoile. Pendant huitans, il y interprétera la majorité des grandsrôles du répertoire classique et y fera ses dé-buts de chorégraphe avant de rencontrerMeryl Tankard et surtout le DV8 PhysicalTheatre de Lloyd Newson. Pourtant, malgrédes parcours aussi différents, durant la seconde

moitié des années 1990, ces trois figures vontlancer à La Réunion un mouvement qui vafaire de l’île un point de repère pour la dansecontemporaine.

Ouverture vers l’AfriqueYune Chane est rentrée la première. Aprèsavoir dansé en métropole avec Catherine Atlaniet suivit force stages, elle crée en 1983 avecNathalie Canieux, Terre Si Corps, une com-pagnie qui va proposer sur l’île des piècescomme 1, 2, 3, nous irons au bois (1984), sui-vie de 4, 5, 6, cueillir des cerises, l’annéed’après. Terre Si Corps va alors alterner créa-tions et actions de sensibilisation comme« 50 Journées autour de la danse contempo-raine » (1986). Mais confrontée à de tropnombreuses difficultés, Yun Chane se consa-cre à la pédagogie et à l'interprétation auprèsde Jean-Pierre Clain et Claude Paul Henry,deux chorégraphes actifs sur l'île. Ce n’estqu’en 1994 qu’elle reprend le travail choré-

graphique en fondant sa compa-gnie et en créant Couleurs defemmes, dont le succès va aider àsa reconnaissance. Durant lamême période, Pascal Mon-trouge s’essaie à la chorégraphieet en 1997, à Châteauvallon, lethéâtre mythique au-dessus deToulon, il crée Pardon Mars !(péripéties chorégraphiques endeux manches et un apogée),quatuor dont la première manche

a été créée l’année précédente et dont le nomva devenir celui de la compagnie. Pascal Montrouge, qui est toujours resté encontact artistique avec l’île – il y a présentél’une de ses toutes premières réalisations, Sa-luts publics (solo pour une danseuse) – vainaugurer une formule qui fera florès : ladouble implantation. Un bureau en métro-pole, un autre à La Réunion. Et c’est à latoute fin des années 1990, qu’Éric Languets’est orienté vers la chorégraphie. S’il conti-nue à danser (il fait partie de l’aventure deThe Cost of Living de Lloyd Newson), il a créésa compagnie, Danses en l’R, et Tracesd’Amour en 1999. La pièce connaît un suc-cès sur l’île et obtient une réelle reconnais-sance au Off d’Avignon en 2001. Cette soudaine efflorescence ne doit cepen-dant rien au hasard. Sans remonter aux ori-gines du séga et du maloya, genres populairesmais qui sont d’abord musicaux avant d’êtrechorégraphiques, des pionniers comme Jean-

Pascal Montrouge, Yun Chane, Éric Languet, etplusieurs pionniers avant eux, ont donné à La Réunion une visibilitédans le domaine de ladanse. Et la relève est là.

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Réunis dans la diversité

danser la danse sur l’îleunion

Par Philippe Verrièle

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Pierre Clain ou Marielle Roque ont dansé ail-leurs tout en restant toujours en contact avecl’île et en cherchant, selon leurs inclinaisonsrespectives, à développer la danse. Mais si l’on doit trouver un déclencheur, c’esten 1986 avec la création du Conservatoirenational de Région. Structure d’enseigne-ment gérée par la Région mais inscrite dansune perspective nationale, en particulier surle plan pédagogique, installée à Saint-Denismais implantée également à Saint-Benoît,Saint-Pierre et Saint-Paul, le conservatoire vadonner une assise à la danse réunionnaise,d’autant que Marie-Christine Abbadie, autregrande figure pédagogique de l’île et qui enprend les rênes, lui donne une réelle crédibi-lité. S’ensuivent stages, tournées, échangespermanents avec la métropole. Les années2000 seront celles de la confirmation. S’ajou-tant aux trois chorégraphes déjà en place, ar-rive Valérie Berger avec une sensibilitéparticulière qui témoigne de l’influence deplus en plus nette de l’Afrique. Depuis 1995, se déroulent tous les deux ans,les Rencontres chorégraphiques de l’Afriqueet de l’Océan indien. Depuis la première édi-tion, à Luanda, cette manifestation té-moigne que ça bouge sur le continent. En1979, la biennale s’installe à Antananarivo(Madagascar) sous la direction artistique deGermaine Acogny. L’événement, majeurpour la danse contemporaine africaine, faitnaître un mouvement créatif sur la grande

île (Ariry Andriamoratsi-resy y est primé en 1999 etil reprendra l’un des rôlesde Couleurs de femmes deYune Chane), mais il estaussi fondateur pour leschorégraphes de La Réu-nion. Ceux-ci découvrent(ou redécouvrent) l’impor-tance de la relation avec lecontinent. Montrouge ydonne en 2001 Parce qu'ily a quelque chose en toi quime tape sur les nerfs, qu’ilavait créé auparavant auFestival Dance Umbrellade Johannesburg, YuneChane y rencontre des in-terprètes et c’est d’Afrique,à travers sa collaborationavec Sello Pesa, que Valé-rie Berger va rapporter sonton si particulier.

Surtout, cette ouverture vers l’Afrique1

donne aux artistes de l’île une conscienceparticulière de leur responsabilité géogra-phique. Disposant de moyens incompara-bles au regard de leur voisin (même si toutest relatif), les chorégraphes réunionnaisvont initier un flux artistique qui irriguerala danse de toute la zone. D’autant que dès2005, avec la première édition du festival dedanse contemporaine de Saint-Denis, ladanse acquiert cette visibilité qui lui man-quait. C’est Jean Clain qui en assure la di-rection. Comme ex-directeur de l’Alliancefrançaise de Windhoek en Namibie, puis del’Institut français de Ouagadougou, sa sen-sibilité à l’encontre des formes issues ducontinent est entière. Sa disparition sou-daine n’empêche pas le festival de se péren-niser, sous la direction de Pascal Montrouge. On va y voir la nouvelle génération, inter-prètes peu à peu devenus chorégraphes, sen-sibilités exacerbées par les exemples, enfantsprodigues revenant sur l’île : Soraya Thomas,Florence Boyer, Sylvie Robert, NadjaniBulin… Un nouveau chapitre. A

1. C’est sur ce point qu’il faut faire mention du cas trèsparticulier du Théâtre Taliipot, créé par Philippe PelenBaldini en 1986 avec plusieurs élèves et qui, comme sonintitulé l’indique, se situe dans une perspective plutôtthéâtrale. Mais le parcours de son animateur ayant eunombre de contacts avec la danse et les formesd’expression de ce théâtre gestuel, on tiendra Taliipotpour ce point de passage entre danse et théâtre aussibien qu’entre La Réunion et l’Afrique.

Programme suiteà exister ? Comment faire comme si de rienn'était, tout en se faisant violence, toujours un peuplus ? Se coller aux murs ou au plafond, essayerde trouver un équilibre où on est bousculé en per-manence. Absurde, subtil, métaphorique et ter-riblement concret, Press amuse et inquiète enmême temps. Pour en savoir plus, lire notre article en p. 8-9.

YVES-NOËL GENOD: RÉUNION DES SCÈNESINFINIE15 et 18 novembre

Yves-Noël Genodfait partie decette nouvellegénération d'ar-tistes transdisci-plinaires qui ren-dent obsolètestous les termesdésignant une

pratique artistique définie. Au bout du compte,il ne fait ni de la danse, ni du théâtre ou autreperformance, mais du Genod. Lui-même parled'« expériences poétiques ». Selon les specta-cles, il peut avoir l'air angélique ou diabolique,sage ou malin, mais toujours raffiné et ironique.Il ne renverse pas les codes de la représentation,mais leur permet de voler en liberté. Et comme ilest lui-même le premier surpris par ses créa-tions, découvrons donc celle-ci en même tempsque lui !

PINA BAUSCH: SOIRÉES CINÉMA16 et 17 novembre

Que ce soit en AmériqueLatine, en Asie ou ail-leurs, on rencontrera tou-jours un chorégraphe quiraconte cette anecdote:« Un jour, j'ai vu une vi-déo du Sacre chorégra-phié par Pina Bausch.C'est là que j'ai décidé defaire de la danse. » C'estun peu la même chosedans les Rêves dansants

(notre photo) où les adolescents de Wuppertal,la ville de Pina, s'approprient, non sans peine, cevieux Kontakthof, une pièce basée sur les dansesde salon et un répertoire musical plein de nos-talgie. Combien d'entre eux continueront ladanse ? Dans Pina du grand Wim Wenders, cesont les danseurs de la compagnie qui rendenthommage à Pina, décédée juste au début dutournage. Un choc ! Face à l'absence comme per-sonnage principal, chacun(e) se révèle à traversson rôle préféré dans le répertorie de la compa-gnie. Et entre les lignes on perçoit toute la dé-pendance psychique des danseurs par rapport àcelle qui leur était bien plus qu'une mère. QuandWenders et les danseurs inscrivent ces extraitsdansés dans un paysage, le métro, une rue ouune piscine, c'est toute Pina qui revit. Pour en savoir plus, lire notre article en p. 10-11.

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Trois jeunes chorégraphes

réunionnais présents au

festival. De gauche à droite,

Moi de Gaby Saranouffi et

Valérie Berger, le Théâtre

Taliipot avec !AIA et

Nadjani Bulin dans la Kaz Bourbon.

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danser rencontre

Après l'année 2010 passée sur les routes,d'Australie au Japon via la Corée ou la Russie,Pierre Rigal a trouvé un port d'attache sur lesrives d'un lac : le théâtre Vidy-Lausanne.Trois semaines durant, il a étrenné Microavec sa troupe, dont les musiciens du groupeMoon Pallas. Après un premier atelier à Lon-dres, quelques dates au dernier Festivald'Avignon, Micro a trouvé son rythme. EtRigal le sien, entre footing matinal et ré-glages de cette création. Il est loin le temps des compétitions, 400mètres et 400 mètres haies – « mais je n'étaispas un super-champion » –, les études d'éco-nomie mathématique ou de cinéma. Depuisses débuts d'interprète avec Gilles Jobin, en2002, tout s'est accéléré pour ce fils prodigue.Un premier solo, Érection, coréalisé avec Au-rélien Bory, venu ducirque et Toulousainégalement, et le nomde Pierre Rigal se pro-page dans le milieu.« En même temps,nous avons présentéÉrection en novem-bre 2003 avant d'avoird'autres dates en mai !Je ne savais pas quand ça allait prendre. Jesavais seulement qu'à l'époque, l'économiede la danse ne me permettait pas de vivre. Etpuis, j'avais trente ans et dans mon esprit,Érection était peut-être mon premier… etmon dernier spectacle. Je me suis dit : autantfaire quelque chose de physique, d'entier ! »

Pierre Rigal, enfant du rock

Des années plus tard, Rigal danse encore cetexercice assez subtil sur l'évolution de l'hu-main dans un environnement vidéo et mu-sical. Et il a enchaîné depuis les créations ensolitaire ou en groupe. On devine, enconversant avec ce garçon sensible, la peurde ne pas faire partie du sérail de la dansecontemporaine, de faire trop grand public.Avec Arrêts de jeu, il s'attachait à des souve-nirs d'un match de foot. On ne peut plus« facile » en quelque sorte. « Mais j'ai appris,et je suis définitivement sincère dans monpropos, que le calcul n'est jamais une bonnechose ». Un vrai sage. Pierre Rigal avoue encore qu'avec sa pre-mière chorégraphie, il était dans l'intuition.« Avec la seconde pièce, forcément attendue,on réfléchit davantage. Surtout, l'équipe au-

tour de moi doutait. » Depuis, il est devenuun meneur de troupe capable de « dompter »des danseurs hip-hop pour Asphalte, qui car-tonne, ou un groupe de rock avec Micro. « Jepeux tout leur demander, aux techniciens etaux interprètes. Ce qui n'est pas si évident.Un vrai musicien, par exemple, est fragile,

concentré sur son jeu. Demandez-lui doncde jouer la tête à l'envers… » Pour cette nou-velle création, Rigal n'y va pas par quatrechemins : déconstruisant les mythologies dugenre, du concert aux poses du fan de base,il met le trio de Moon Pallas en danger avecallure. On y joue ainsi à quatre mains, onchante avec une caisse de batterie sur la tête !Le tout en direct. Une création physique auplus haut point. « Je croyais m'en sortir cecoup-ci, mais c'est ma pièce la plus physique!Je me sens fatigué et, en même temps, je nepeux m'arrêter. » Une montée d'adrénalinequ'il faut maîtriser pour un garçon qui avouesa peur de l'éphémère, sans parler d'une tou-

jours possible bles-sure. Il a pris goût àtransmettre ou don-ner des cours. Il aainsi été invité pourun workshop avec latoute nouvelle Com-pagnie nationale deCorée. De passage àSaint-Pétersbourg,

Rigal a visité l'Académie Vaganova et conviéses directeurs à une représentation de sonsolo, Press. « Ils sont venus et mieux, ilsm'ont proposé de venir animer un stage. »Enthousiasme en bandoulière, Rigal pro-voque visiblement souvent ce genre de réac-tion. En plus de ses passages en France – « il

Le Toulousain est à l’affiche de Total Danse avec sonsolo Press (2008). En mars dernier, nous l’avionsrencontré pour la création de Micro.

« J’ai appris, et je suis définitivementsincère dans mon propos, que le calculn’est jamais une bonne chose. »

Par Philippe Noisette

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Programme suite

SHAUN PARKER & COMPANY: HAPPY AS LARRY18 et 19 novembre

Quand les Anglo-Saxons se disent« Happy asLarry », ça signi-fie qu'ils sontaux anges. Danssa pièce épo-nyme, Shaun Par-ker, qui compte

parmi les figures de proue de la danse austra-lienne, interroge les rêves, les quêtes et les in-quiétudes des adolescents. Au centre, les rela-tions au corps et à l'autre. Dans le rôle dumonde auquel on se confronte, un mur où ilspeuvent dessiner tout en dansant, devant lequelils s'adonnent à la glisse urbaine et à leurssentiments. Mais il libère aussi leur créativité,pour un spectacle vif et plein d'émotion au-thentique. Parker porte au cœur ces âmes entrain d'entrer dans la vie d'adulte. La preuve, ilprépare déjà un autre projet, avec des adoles-cents non danseurs et multiculturels du sixièmecontinent. Couronné de plusieurs prix pour sontravail de chorégraphe, il s'est tout autant dis-tingué en tant que danseur devant la caméra decinéastes d'envergure, que ce soit dans MoulinRouge de Baz Luhrmann, Book of Revelationd'Ana Kokkinos ou Mao’s Last Dancer de BruceBeresford.

VALÉRIE BERGER, GABY SARANOUFFI, SELLOPESA: 3 SOLI OCÉAN INDIEN19 novembre

Un espace culturel se des-sine et se construit entreLa Réunion, Madagascaret l'Afrique du Sud.L'échange est le maîtremot dans ce nouvel es-pace culturel transfronta-lier, faisant circuler lesénergies créatrices. La col-laboration entre la Réu-nionnaise Valérie Berger,la Malgache Gaby Sara-nouffi (notre photo) et la

Sud-Africaine Sello Pesa s'est construite selonun modèle original. Au lieu de créer un trio, onnourrit les solos des autres, et déjà Saranouffioffre une création à Berger. Il s'agit d'abord decréer un esprit commun, de débattre de l'héri-tage culturel de chacune et de s'interroger sur saposition dans le monde actuel.

JÉRÔME BEL: CÉDRIC ANDRIEUX19 et 22 novembreCédric Andrieux existe. Jamais il ne dit « Je ne suispas… » ll dit ce qu'il était, ce qu'il sera peut-être.La danse contemporaine, il la rencontra à Brest,chez lui, au Quartz et au festival Les Antipodes.Plus tard, il était le seul Français à danser dans lacompagnie de Merce Cunningham, à New York. Aucœur de cette performance-spectacle, créée par

faut redire la qualité de l'écoute et de la tech-nique dans les salles de l'Hexagone » –, ilvoyage. Et y prend plaisir, au-delà des déca-lages horaires qui vous assomment, ets'émeut des réactions du public local. « Endonnant Érection au Costa Rica, j'ai étéétonné de l'agitation des spectateurs à la fin,lorsqu’un hologramme de mon corps estprojeté sur moi. La salle n'y voyait pas unevision du futur, mais bel et bien un hom-mage aux esprits, très présents dans leurs

croyances ancestrales. » Pierre Rigal s'inter-roge tout autant sur la place du corps dansla société actuelle. Et pense que la dansepeut apporter quelques éléments de ré-ponse. Après la dernière à Avignon de Micro,il a eu une idée de spectacle. Il n'en dira pasplus. La laissera, pourquoi pas, de côté.Comme ce Micro qu'il a traîné pas mal detemps. Rigal n'a pas fini de nous surprendre.En attendant, il est dans sa phase rock. Etson énergie est contagieuse. A

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Press la critique de DanserPress part d’une idée très simple : un espace se restreint autour d’un personnage. Ça pourraitêtre banal. Ça ne l’est pas. Au contraire, notre homme coincé dans ce volume qui se resserre déborded’imagination dans le geste et fait passer dans son corps tout un discours rebondissant sur lemot « press » (pression, presse, presser, pressé, dépression...) tandis que s’inscrivent comme autant

de hiéroglyphes ses mouvementsdans l’espace. Très graphique, sur-réaliste et riche de significations,ce solo de Pierre Rigal est un vraibonheur pour le spectateur quipeut conjuguer le plaisir ressentidevant une gestuelle originale etcelui que l’on éprouve à apprécierun mot d’esprit. De la vraie danse,quoi ! C’est-à-dire un geste qui,soudain, fait sens. Agnès Izrine in Danser n°276

Micro, création récentede Pierre Rigal.

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« Quarante adolescents. Ils ne sont jamaismontés sur scène. Ce film est leur histoire. »L'accroche de ce documentaire, les Rêves dan-sants, est certes un peu brusque mais ditbeaucoup de cette aventure unique. En2008, était créée à Wuppertal, fief de PinaBausch, cette version pour adolescents d'unde ses chefs-d'œuvre. Kontakthof, après sacréation en 1978 et une version pour seniorsen 2000, naissait une troisième fois. La ca-méra d'Anne Lensel et Rainer Hoffmann vasuivre, pas à pas, ces débutants, ouvrant sesmicros à des confidences parfois très per-sonnelles, traquant également les deux ré-pétitrices proches de Pina, Jo-Ann Endicottet Bénédicte Billiet, à la fois grandes sœurset professeurs de danse. Saisissant enfin cetinstant rare, celui de la transmission d'unrôle avec son vécu, ses déchirures. « L'en-thousiasme et l'intensité avec lesquels ils sesont approprié la pièce au fil de l'annéeétaient bouleversants », témoigne Linsel, quia déjà signé deux films sur Pina Bausch autravail. On voit à l'image la pudeur éclatantede ces ados venus d'une douzaine d'écoles de

Wuppertal : ils hésitent à enlever leur panta-lon ou à embrasser l'autre. Les plans de ré-pétitions alternent avec des confessions plusintimes. Mais sans voyeurisme. Il y a cettefille qui lâche : « Je ne sais pas faire cela ! »Ou un garçon qui dit : « Quelque chose estlà qui te fait penser que tu ne peux plus par-tir, tu dois rester ». Et ils resteront jusqu'à lapremière et quelques dates de tournées enEurope. Même la scission en deux groupeset les déchirements qui vont avec n'aurontpas de suite.L'un des moments forts des Rêves dansantsest sans nul doute la visite de Pina Bauschelle-même. Laissant Jo-Ann Endicott et Bé-nédicte Billiet conduire les premièresséances de travail en amont, sa venue pro-voque chez la troupe tension et… maux deventre ! Car, si la plupart des interprètes sanspassé de danse ne connaissaient pas vrai-ment la chorégraphe, ils redoutent désor-mais son jugement.Évidemment les Rêves dansants est aussi unbeau portrait de Pina : elle évoque ses débutsde ballerine à New York au détour d'une

scène de Kontakthof, avec ces filles alignées.On la sent incroyablement émue aussi de-vant ce cadeau inouï. « Pina Bausch a assisté,d'abord à quelques-unes, puis à toutes lesdernières répétitions, raconte Anne Linsel.Le jour de la première, un dernier briefingavec elle a eu lieu sur scène. Pina nous avaitdemandé de ne pas filmer. Sur le moment,Rainer, mon chef-opérateur, et moi-même,étions un peu vexés, mais nous avons com-pris. Elle avait raison. Ces quelques minutesleur appartenaient, à elle et aux adolescents.Pina les remercia de porter sa création à tra-vers le monde. Elle en avait les larmes auxyeux. » Pour avoir eu la chance d'assister aux pre-mières représentations de Kontakthof à Wup-pertal, on sait que cette émotion partagéepar l'équipe du Tanztheater n'était pasfeinte. Les Rêves dansants, au-delà de sa réus-site qui en fait l’un des plus beaux films dedanse – et de vie – de ces dernières années,est un hommage bouleversant à l'art de PinaBausch. A

Le documentaired’Anne Lensel et RainerHoffmann autour deKontakthof de PinaBausch pour de jeunesinterprètes, est toutsimplement l'un desplus beaux films dedanse qui soit.

Par Philippe Noisette

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Les ados de Wuppertal dans une scène de Kontakthof : bouleversant !

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Programme suiteAndrieux sous le regard deJérôme Bel, on trouve le ré-cit de la vie au studio deMerce, les rapports(presque inexistants etdonc source de déception)au maître et les démons-trations d'extraits de cho-régraphies de Cunning-ham. Comment un danseurgère-t-il ses envies, sesfrustrations et son quoti-

dien? Cédric Andrieux offre un regard sur un mé-tier et son univers, grâce à des artistes d'excep-tion. Sans oublier la simplicité, la générosité etl'humour d'Andrieux. Pour en savoir plus, lire notre article en p. 14

YUVAL PICK: SCORE22 et 23 novembre

Score est unepièce aussi abs-traite que poli-tique. Presqueun documen-taire sonore,grâce aux enre-gistrements faitsdans les rues de

diverses villes d'Israël. Conversations au café,alarmes omniprésentes, univers musicaux.Mixité culturelle, états de tension. Et un trio dedanseurs agités, débordant d'énergie, se ser-rant ou se défiant dans l'approche « moléculaire »de Pick. Un fil invisible les lie, même quand l'unou l'autre quitte le jeu commun pour s'isolertemporairement. Yuval Pick, qui vient d'investirle Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape en banlieue lyonnaise, dessine l'imaged'un pays jeune et débordant d'énergie, où lesliens entre les hommes, aussi divers soient-ils,sont inéluctables. Et pourtant, on pourrait y voirun pur hommage à la danse. Pour en savoir plus, lire notre article en p. 12.

CIRQUONS FLEX: DOBOUT EN BOUT #223 novembre

Après trois moisde tournée enFrance, le duoVirginie Le Flaou-t e r / V i n c e n tMaillot revient àLa Réunion pourprésenter unenouvelle création,

issue d'ateliers de recherche menés avec des ar-tistes de renom du nouveau cirque. Dobout enbout #2 signe la rencontre entre le moringue réu-nionnais, art entre combat acrobatique et danse,et les arts du cirque dernier cri.

CIE ARGILE: CLIGNEMENT D'ELLES – LESAIGUILLES24 et 25 novembreImaginez une forêt d'aiguilles, hautes de plu-sieurs mètres. Au sol, les danseurs ont la taille

Pina un film deWim Wenders

Présenté hors compétition, Pina, le filmen 3D de Wim Wenders, a créé l’événementlors de la Berlinale en février 2011, et ce àplusieurs titres. La première raison, et la plusévidente, était le regard aimant que porte lecélèbre réalisateur allemand sur l’œuvre dela non moins célèbre Pina Bausch, disparueen 2009 ; mais il cumulait également plu-sieurs défis pour le Septième Art. D’un genre tout à fait unique, ce film, quin’est ni un documentaire, ni une captationde spectacle, ni une fiction, mais tout cela àla fois, supposait une utilisation radicale-ment nouvelle de la 3D au cinéma: d’abord,

en choisissant de ne tourner qu’avec uneseule focale pour éviter les effets de flouqu’imposait jusque-là un gros plan sur unsujet en mouvement, ensuite de filmerd’avant en arrière et non latéralement pourcapter avec le plus de précision possible lagrâce du corps dans son ensemble et préser-ver la stabilité de l’image.Le tournage s'est fait en deux temps : fin oc-tobre 2009, des chorégraphies sur scène del'artiste ont été filmées en public. La 3D etle direct posant de grandes difficultés (iln'était pas possible d'interrompre les prisesà la demande), la préparation en amont dutêtre intensive. Puis, mi-avril 2010, l’équipe afilmé Kontakthof, l’une des pièces de jeu-nesse de Pina Bausch, cette fois sans public.Wenders a capté ce classique dans trois dif-férentes distributions conçues par PinaBausch, l'une avec les danseurs du Tanzthea-ter Wuppertal, une autre avec des hommeset femmes de soixante-cinq ans et plus, et latroisième avec des adolescents. Ça n'est qu'après que la production a quittél’espace limité du théâtre, que les danseursont été mis en scène dans des lieux publics,dans des paysages industriels, dans lesgrands espaces naturels du Bergisches Landet dans le monorail suspendu de Wuppertal.C’est donc un voyage au cœur d'une nou-velle dimension de la danse qui permet auspectateur de voir une pièce de Pina Bauschquasiment de l'intérieur, ou de se promeneravec les danseurs dans la ville de Wuppertalet ses environs, source d'inspiration majeurede la chorégraphe disparue. A

Événement cinématographique et beau succès public,le film hommage de Wim Wenders à Pina Bausch,réalisé en 3D, nous plonge comme jamais aucœur palpitant de la danse.

Par Agnès Izrine

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Wim Wenders sur le tournage de Pina.

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C’est en 1998 que Maguy Marin implante sonCentre chorégraphique national à Rillieux-la-Pape, en banlieue lyonnaise. Mais ce ne seraqu’en janvier 2006 que la compagnie pren-dra enfin possession de son édifice, unique-ment érigé en bois et totalement écologique.Pour Yuval Pick, nommé à la succession, cebâtiment est comme une matière brute à in-vestir et à inventer. Arriver après une telle artiste, qui a marquéson époque, n’est pas chose aisée. Pourtant,les projets très concrets du danseur choré-graphe, né il y a quarante ans en Israël, ontconquis les membres du jury. C’est dans sesstudios qui jouxtent lagare de Perrache queYuval Pick nous dévoileson objectif : transmet-tre une danse contem-poraine exigeante maissurtout pas élitiste, touten mettant en exergueles notions d’ouvertureet d’échange. Ces idées sont liées à son par-cours résolument ouvert sur le monde,puisque, jeune interprète, il intègre en 1991la Batsheva Dance Company pour ensuiteremonter les chorégraphies d’Ohad Naha-rin au Grand Théâtre de Genève et au Ne-derlands Dans Theater, et rejoindre en1996 Tero Saarinen, puis le Ballet de Lyon.

Yuval Pickun homme de cœur

Suivront une longue tournée mondiale avecRussell Maliphant et de nombreuses créa-tions dotées d’une écriture très personnelleaprès la fondation de sa propre compagnie,The Guests, en 2001. « Pour moi, l’identitéfrançaise est le mélange de toutes nos diffé-rences, mais nous ne savons pas tendre la

main, ni avoir une vision commune. » D’oùun projet participatif qui a pour titre ScoreRillieux. « En utilisant le même processus decréation que pour Score, Bertrand Larrieu vaaller à la rencontre du murmure de la ville ety enregistrer les sons de cette cité multicultu-relle, composée de soixante-dix nationalités.Sur cette mosaïque sonore, nous allons

construire un projet artistique avec un grouped’habitants recrutés dans le milieu scolaireet au sein des associations afin de faire res-surgir, par le biais du mouvement, des situa-tions en rapport avec leurs racines, leurscultures, leur ville. » L’aboutissement de cetteexpérience, qui se déroulera sur une demi-

saison, verra le jour dansla salle du CCN. Dans le même espritd’ouvrir et de raconter ladanse contemporaine àtous, Yuval Pick va distillerPlay Bach dans la régionRhône-Alpes. « Étantdonné que 60 % de la

danse sont représentés uniquement à Lyonet Grenoble, nous désirons investir de nou-veaux lieux, salles des fêtes, gymnases, sallescommunales... Ces rencontres intimistesavec le public consistent en un montage entemps réel de situations chorégraphiques surune playlist de musiques ». Ceci en corréla-tion avec des résidences d’artistes régionaux

Le chorégraphe israélien vient présenterScore au festival Total Danse. En févrierdernier, à l’occasion de sa nomination à latête du CCN de Rillieux-la-Pape, nousl’avions rencontré. Extraits.

Par Sophie Lesort

« Il m’apparaît essentiel de créer des passerelles avec les principauxévénements culturels lyonnais. »

Yuval Pick,

chorégraphe et

directeur du CCN de

Rillieux-la-Pape.

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Programme suitede fourmis, par comparai-son. Mais cette forêt n'estpas sombre ou menaçante.Les aiguilles sont légèreset souples, et pourtant :quels espaces pour ladanse dans un tel jeu demikado ? Entre la choré-graphe Sylvie Robert, lesdanseurs de la compagnieet la plasticienne Marie-Pascale Deluen, spéciali-sée dans le travail avec le

papier, une recherche sur le mouvement et laforce évocatrice des aiguilles géantes lance undéfi spatial et métaphorique à la danse, dans unClignement d'elles.

THÉÂTRE TALIIPOT: !AIA24 et 25 novembre

Et de deux ! La compagniede Philippe Pelen Baldini,qu'on ne présente plus,est allée sur place, enAfrique du Sud. Entourésde scientifiques et d'ar-tistes locaux, ils ont ex-ploré l'héritage cultureldes citoyens vivant autourdu « berceau de l'huma-nité » pour créer !AIA, unenouvelle œuvre où les

langages scéniques, les musiques et les cul-tures se saluent et s'apprivoisent, toujours se-lon la devise de Taliipot : « Je suis les liens queje tisse ».

NADJANI DANSE CIE: LA KAZ BOURBON25 et 26 novembre

Le titre annonçant la cou-leur, la Kaz Bourbon, nou-velle création de NadjaniBulin, promet de jeter untrouble, la danse s'adres-sant ici au zamérantes etdonc à une part immaté-rielle du patrimoine réu-nionnais. Mais de quelsfantômes s'agit-il vrai-ment ? De ceux de l'His-toire, avec majuscule, pro-bablement…

SANKAI JUKU: UTSUSHI25 et 26 novembre

Le spectacle de la célèbrecompagnie japonaise em-blématique de la dansebutô viendra clôturer avecbrio cette nouvelle éditionde Total Danse. Pour en savoir plus, lire notrearticle p. 15.

Textes : Thomas Hahn

et internationaux pour un véritable travail decréation. « Les accueils studio sont des actestrès importants de mon projet. Ils vont nouspermettre de trouver de nouveaux moyensde diffusion, de créer des réseaux avec les au-tres scènes et d’offrir ainsi plus de visibilité. »Soutenir la création d’une compagnie émer-gente est aussi l’un des leitmotiv du nouveaudirecteur du CCN. Matière première conju-guera un soutien financier pour aller de l’ac-compagnement à l’écriture à la réalisationd’une pièce. Yuval Pick s’exprime avec fougue et regardeson interlocuteur droit dans les yeux. Il dé-veloppe ses idées en termes nets et précistout en enrobant une volonté de fer d’unsourire enjôleur. « La danse est un moyen decommunication non verbal, ceci en fait safragilité, sa spécificité et sa beauté. C’estpourquoi deux axes me préoccupent : iden-tifier le CCN pour ceux qui pensent qu’il estun lieu mystérieux – d’ailleurs, il l’est parson architecture –, puis le situer par rapportà Lyon. Il m’apparaît donc essentiel de créerdes passerelles avec les principaux événe-ments lyonnais comme, par exemple, les

Nuits sonores, la Biennale d’art plastique etcelle de danse. C’est-à-dire ouvrir notre lieuà d’autres disciplines, car créer un public,c’est le valoriser. » Et pour continuer à abolir les frontièresentre les arts, Diamant brut sera un festivaldédié au caprice artistique. Deux fois par ans’y côtoieront des artistes réputés dans leurdomaine: musique, théâtre, danse, arts plas-tiques… afin d’y présenter de petites créa-tions de six minutes.

Un travail de territoireLe projet sur la formation du danseur n’estpas encore développé, mais il occupera uneplace prépondérante au sein du CCN. « L’in-terprète n’est pas valorisé en France, alorsqu’il est la matière première de toute créa-tion. Je réfléchis à des formations à mettreen place avec d’autres CCN, pour donner deriches propositions, car il est primordial quele danseur étoffe ses connaissances. Pourl’instant, il ne s’agira que de semaines destages en espérant par la suite combler cettezone grise. » Mais l’axe le plus important deson projet reste une compagnie de huit in-terprètes et un travail de territoire animé parles danseurs. « Avoir une compagnie perma-nente est un acte pédagogique par excel-lence. Les répétitions publiques vontillustrer l’humilité, la passion et la patiencedes artistes qui, chaque jour, s’acharnent àaméliorer leur travail. » Sa prochaine création, Pulsar, est prévue en2012. Pour Yuval, le passionné de chimie etd’astronomie, ce thème sur la mort d’uneétoile qui se transforme en nuage de neu-trons, est une métaphore qui évoque une ex-périence sensorielle par rapport à sesinterpellations sur l’individu dans ungroupe.A

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Score la critique de DanserYuval Pick est retourné dans son pays, Israël,pour en humer l’ambiance, récolter des bribesde sons, enregistrer des témoignages, des chan-sons. Une fois cette moisson montée comme unkaléidoscope, il a composé une chorégraphiepercutante qui dessine la mosaïque d’un peuplesous haute tension. La danse affolante du cho-régraphe semble mordre la vie. Dans ce récitéblouissant et bouleversant, il y a de l’amour, dela guerre, de l’urgence et aussi de la peur. Le lan-gage de Yuval Pick est un tourbillon foisonnant.

Il joue des rythmes, les casse et les renoue avecune folle liberté et révèle des émotions avec unebelle esthétique du mouvement qu’il poussejusqu’à l’extrême limite. Les trois danseurs pos-sèdent une qualité technique exceptionnelle car,non seulement le chorégraphe leur impose unecadence effrénée, mais il leur demande aussi uneintensité dramatique qu’ils formulent parfaite-ment. On ne sort pas indemne de cette quêted’identité tant cette pièce traduit la réalité d’unepopulation prête à tout pour survivre. Sophie Lesort in Danser n° 304.

Score, la pièce de

Yuval Pick présentée

à Total Danse.

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Jérome Belfaux CandideChorégraphe fin de siècle, Jérôme Bel cherchait dansles livres de quoi redéfinir le spectacle de danse. Ilrevient, dans ses dernières pièces, au studio et audanseur, là où l’histoire s’écrit, à même le corps.

Par Dominique Crébassol

Dans le domaine chorégraphique, leXXe siècle s’est révélé plus que fécond. Dé-bordant. De figures de génie, d’écoles et dethéories, de mouvements et d’œuvres mé-morables. Alors, quand on est danseur etqu’on a le malheur de naître après l’Histoire,quoi faire de neuf? Comment et où trouverdes chemins qui n’aient déjà été empruntés?On peut, comme certains, retourner auxgrands textes sacrés. Jérôme Bel leur a pré-féré le très prosaïque dictionnaire. Faux can-

dide au pays des concepts, il ouvre en 1994le Petit Robert à « spectacle » et lit : « ensem-ble de choses et de faits qui s’offrent au re-gard, capable de provoquer des réactions ».Il en fera Nom donné par l’auteur (définitiondu mot « titre » dans le même dictionnaire),qui applique le programme à la lettre en pro-posant pour toute danse des manipulationsplus ou moins complexes d’objets. Commele prévoyait le bon Robert, il y eut des réac-tions et Bel fut immédiatement considérécomme le plus provocateur des choré-graphes, le chef de file d’une générationacharnée à saper des décennies d’inventionpositive du corps et du mouvement par despropositions scéniques maxi-minimalistes.

Méthodes analytiquesNihiliste, provocateur, Jérôme Bel? La chosen’est pas si sûre, ou à tout le moins pas siessentielle. Sa méthode, c’est plutôt l’ana-lyse. Jusqu’en 2001, Bel passe au crible deson approche critique quelques-uns des at-tendus du spectacle de danse qu’il veut dé-caper pour retrouver la chose sous les vieuxvernis : le corps (Jérôme Bel, 1995), pas si par-fait ni excitant que cela ; le personnage, quis’émiette en identités gigognes (Shirtologie,1997) ; la musique, cet opium du public au-quel on se laisse toujours prendre (The Showmust go on, 2001). Le mouvement se fait rareet non virtuose ; les éclairages bricolés ou

pleins feux. Les moyens rappellent ceux misen œuvre par les post-modernes américainsqui, eux aussi, vers les années 60-70, ten-taient de réveiller les regards et les intelli-gences face au spectacle et son idéologie.Dans cette entreprise de déconstruction, TheShow must go on marquera un point d’arrêt.À coups de tubes musicaux, les danseurs ren-voient leur propre image aux spectateurs.L’espace qui sépare ceux qui ont payé deceux qui sont payés disparaît. Le spectacleest dans la salle, le public se trémousse, lesbriquets s’allument et tanguent, les invec-tives de ceux qui y croyaient encore pleu-vent.Depuis 2004, Jérôme Bel suit une autre mé-thode : l’autobiographie dansée. Après Véro-nique Doisneau, en 2004, avec une danseusedu corps de Ballet de l’Opéra de Paris, PichetKlunchun and Myself en 2005, avec un inter-prète de danse classique thaï, c’est auprès deCédric Andrieux, danseur de Cunningham,de Trisha Brown et du ballet de l’Opéra deLyon, que Jérôme Bel mène son enquête« documentaire ». Dans cette autre sorte d’analyse, la scène,toujours aussi dépouillée, se fait divan, ledanseur s’exprime à la première personne.L’interprète interprète sa vie devant des spec-tateurs eux-mêmes invités à interpréter cetteinterprétation. Un dispositif comme les aimeJérôme Bel: vertigineux, simple et direct. A

Bel en quelques dates1984 : CNDC d’Angers

1992 : assistant de Decouflé pour le défilé

des JO d’Albertville

1994 : Nom donné par l’auteur

2001 : The Show must go on. Pièce inscrite

au répertoire du Deutsches

Schauspielhaus de Hambourg et du Ballet

de l’Opéra de Lyon

2004 : Véronique Doisneau

2009 : Cédric Andrieux

2010 : 3Abschied avec Anne Teresa De

Keersmaeker.

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Programmé à Total Danse, le danseur CédricAndrieux dans la pièce éponyme de Jerôme Bel.

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Ushio Amagatsu est-il un chorégraphe orientalou occidental? Le fondateur de Sankai Juku afait découvrir le butô aux Européens à partir de1980. Mais très tôt déjà, à Tokyo, il s'attirait lesfoudres de Tatsumi Hijikata, père fondateur decette danse. Selon Hijikata, que d’aucuns pre-naient pour un fou, le butô est « la premièredanse occidentale qui sied au corps japonais »et il accusait Amagatsu de créer un art visant laréussite en occident au lieu de cultiver, commelui, une marginalité radicale au Japon. L'influence de la danse expressionniste alle-mande, évidente chez Hijikata, semble avoirlaissé la place, chez Sankai Juku, à une spiritua-lité proche de celle des Taiwanais du CloudGate Theater, et aux images qui sont un refletintérieur de l'âme humaine, dans son lien avecle cosmos. Arborant invariablement un crânerasé, un danseur de Sankai Juku évoque tou-

jours un moine. Et il ne vient jamais seul, alorsque le butô est majoritairement un art du solo.Cependant, en trente-cinq ans d'existence, ja-mais une femme n'a dansé dans la compagnied’Amagatsu. Mais l’exclusivité masculine ne signifie paspour autant posture virile. Le danseur de SankaiJuku n'est ni homme ni femme. Il représenteplutôt un état de conscience, au-delà des ques-tions de sexe ou d'érotisme. Sa beauté est pureet pleine de sagesse. Le torse nu et mat, poudréblanc ou gris clair, il prend en charge la sourcede la vie, l'éternité et l'univers. Qui danse avecles étoiles de cette manière-là n'a aucune obli-

gation de narration. On ne meurt pas dans unecréation d'Amagatsu, généralement composéede sept tableaux qui évoquent le cercle de la vie.Tout juste la mort était-elle évoquée dans KaraMi, la dernière création en date. Alors que reste-t-il d'occidental chez Amagatsu?Le fait qu'il passe une bonne part de son tempsà Paris? Qu'il est passé, avant de créer sa com-pagnie, par une formation en ballet et dansemoderne? S’il conserve quelque part un héri-tage sous-jacent d'expressionnisme, c’est danssa capacité à évoquer, par une seule image, uneindicible beauté et quelque chose de profondé-ment troublant. Mais Amagatsu a poursuivi sesétudes en explorant la tradition chorégra-phique et spirituelle de son pays. La route n'apas été un long fleuve tranquille pour autant.Les premières créations d'Amagatsu pouvaientinvestir l'espace public, les danseurs étant sus-pendus par les pieds, tête en bas. Ces perfor-mances plutôt grinçantes ont cessé après lachute mortelle d'un danseur en 1985. Sankai Juku est aujourd'hui l’une des rares com-pagnies capables d'explorer avec crédibilitél'humain au-delà de son existence terrestre. EtAmagatsu ne s’est plus jamais écarté de cettevoie. C'est pourquoi il peut aujourd’hui propo-ser, avec Utsushi, une pièce composée d'extraitsde ses grands succès, dans une fluidité natu-relle. L'épure est toujours la même, à couper lesouffle, avec juste une fleur ou un accessoire decouleur pour illuminer l'ensemble et donner àsentir l'étendue du temps et des espaces.A

Le festival Total Danses’achèvera en apothéoseavec la troupe japonaiseSankai Juku. Mais quisont-ils ces mystérieuxhommes tout en blanc ?Des sages ?

Utsushi, pièce composée d'extraits des grands succès de la compagnie.

Par Thomas Hahn

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TOTAL DANSE

jeudi 10 20h Bal tamoul gratuit (dans la limite des places disponibles)

mardi 15 19h Cie Membros gratuit20h Pierre Rigal 18 € 15 € 8 € 17 €22h Yves-Noël Genod 14 € 11 € 6 € 13 €

mercredi 16 20h Cinéma Pina 3D 7 € 7 € 7 € 7 €

jeudi 17 20h Cinéma Les Rêves dansants 7 € 7 € 7 € 7 €

vendredi 18 19h Cie Membros gratuit20h Shaun Parker & Company 18 € 15 € 8 € 17 €22h Yves-Noël Genod 14 € 11 € 6 € 13 €

samedi 19 18h V. Berger, G. Saranouffi, S. Pesa 14 € 11 € 6 € 13 €20h Shaun Parker & Company 18 € 15 € 8 € 17 €22h Jérôme Bel 14 € 11 € 6 € 13 €

mardi 22 18h Jérôme Bel 14 € 11 € 6 € 13 €20h Yuval Pick 14 € 11 € 6 € 13 €

mercredi 23 19h Cirquons Flex gratuit20h Yuval Pick 14 € 11 € 6 € 13 €

jeudi 24 19h Compagnie Argile gratuit20h Théâtre Taliipot 14 € 11 € 6 € 13 €

vendredi 25 19h Nadjani Danse Compagnie gratuit19h Compagnie Argile gratuit20h Sankai Juku 24 € 21 € 12 € 23 €20h Théâtre Taliipot 14 € 11 € 6 € 13 €

samedi 26 19h Nadjani Danse Compagnie gratuit20h Sankai Juku 24 € 21 € 12 € 23 €

TEAT Champ Fleuri | TEAT Plein AirEspace culturel de Champ Fleuri2 rue du Théâtre - CS 10507 - 97495 Sainte-Clotilde Cedex - La RéunionTél. 02 62 419 325 - Fax 02 62 415 571www.theatreunion.re - TEAT Champ Fleuri | TEAT Plein Air

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RÉSERVATIONS

TEAT Champ Fleurile lundi 10h-13h | 14h-18h, du mardi au vendredi 9h-13h 14h-18h, et les soirs de spectacle 18h-21hRèglement par carte bancaire, chèques ou espèces.

par téléphone 02 62 419 325aux horaires d’ouverture du TEAT Champ Fleuri.Règlement par carte bancaire. Les billets ne sont pas expédiéspar courrier.

par Internet www.theatreunion.re24h/24. Règlement par carte bancaire sécurisé. Majoration de 0,50 € par billet.

ABONNEZ-VOUS AU FESTIVAL TOTAL DANSE !

4 formules pour satisfaire les curieux et les gourmands. Choisissez 2 ou 3 spectacles, ou assistez à tout le festival !

PASS TOTAL : Tous les spectacles et les films du festival pour 99 € avec votre carte d’adhérent, au lieu de 144 €.

PASS A : 3 spectacles pour 40 €* avec votre carte d’adhérent, au lieu de 56 €.

* dans la colonne « tarif normal », choisissez 1 spectacle à 24 € + 1 spectacle à 18 € + 1 spectacle à 14 €.

PASS B : 3 spectacles pour 32 €** avec votre carte d’adhérent, au lieu de 46 €.

** dans la colonne « tarif normal », choisissez 1 spectacle à 18 € + 2 spectacles à 14 €.

PASS C : 2 spectacles pour 16 €*** avec votre carte d’adhérent, au lieu de 28 €.

*** dans la colonne « tarif normal », choisissez 2 spectacles à 14 €.

� Le pass est valable uniquement sur la programmation du festival TOTAL DANSE. La carte d’adhérent est valable jusqu’au 31décembre 2011. La carte d’adhérent et le pass sont nominatifs. Pour tout renseignement sur les cartes d’adhérent, reportez-vous au programme de saison ou contactez la billetterie du TEAT Champ Fleuri.

� Les tarifs réduits sont consentis sur présentation d’un justificatif.

� Le tarif « demandeurs d’emploi » s’adresse également aux bénéficiaires de minimats sociaux.

� Groupes : à partir de 10 personnes sur une même représentation.

� Pour les groupes, collectivités et la séance scolaire de Shaun Parker & Company, contactez Nathalie Ebrard, attachée auxrelations avec le public, par téléphone : 02 62 41 93 22 / 06 92 41 93 21, par e-mail : [email protected]

� Pour le confort de chacun, les enfants de moins de 3 ans ne sont pas admis dans les salles de spectacles.

POINTS DE VENTE EXTÉRIEURS

Le Port Agora, Centre Commercial du Sacré Cœur

Saint-André Espace Culturel Multimédia, Centre Commercial Jumbo

Saint-Benoît Agora, Centre Commercial Beaulieu

Saint-Gilles Les Bains Office du Tourisme

Saint-Denis Agora

Sainte-Marie Espace Culturel Multimédia, Centre Commercial Duparc

Saint-Pierre Géant Casino

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HORAIRES ET DÉROULEMENT DES SPECTACLESLes salles ouvrent 30 minutes avant la représentation. Les placessont numérotées, sauf disposition contraire. Les spectacles com-mencent à l’heure. Au-delà, les places numérotées ne sont plusgaranties. Les retardataires ne pourront pas accéder aux spec-tacles de Pierre Rigal, Yves-Noël Genod et Jérôme Bel, et uni-quement lors d’un moment opportun pour les autres spectacles.

Les photographies, enregistrements audio et vidéo sont interdits.

ACCÈS AUX PERSONNES À MOBILITÉ RÉDUITEDes places pouvant accueillir les personnes à mobilité réduitesont réservées. Afin de vous garantir le meilleur accueil et devous faciliter l’accès à l’entrée des salles, merci de nous en fairepart lors de votre réservation.

ACCÈS AUTRES SALLES DE LA PROGRAMMATIONArchives départementales de La Réunion 4 rue Marcel-Pagnol - Champ Fleuri 97490 Sainte-ClotildeLa Fabrik 28 rue Léopold-Rambaud 97490 Sainte-ClotildeThéâtre du Grand Marché 2 rue Maréchal-Leclerc 97400 Saint-Denis

LE VILLAGE DU FESTIVAL TOTALDANSE AU TEAT CHAMP FLEURIVous pouvez vous restaurer et boire un verre tous les soirs despectacle.

LE LIVRE D’OR ET LES RENCONTRES PILSAprès les spectacles, passez un coup de PILS et confiez vosémotions au livre d'or électronique du festival. Où ? Dans la ca-bine PILSement jaune installée dans le hall du TEAT ChampFleuri.Vous avez ri, pleuré ? Vous avez aimé… ou pas ! Retrouvezl'équipe de PILS pour en parler, échanger, débattre au village dufestival. Les rencontres PILS sont signalées dans le programmede saison et dans celui qui vous sera remis en salle.

ÉCHANGER AVEC DANSERDans le cadre du partenariat annuel avec Danser, le magazinede la danse, vous pourrez échanger avec sa rédactrice en chefAgnès Izrine et avec le critique et historien de la danse PhilippeVerrièle lors des rencontres PILS.

LA GALERIE DU TEAT CHAMP FLEURI

Ouverte le lundi 10h-13h | 14h-18h, du mardi au vendredi 9h-13h14h-18h, et les soirs de spectacle

Living DanceLe photographe chinois Yang Wang, né en 1975, ancien dan-seur du Ballet de l’Armée Rouge à Pékin et du Ballet Preljocajà Aix-en-Provence, se consacre entièrement à ses projets pho-tographiques depuis 2007. Il présente ici des portraits et desnus de danseurs. A chaque corps correspond un visage. En pas-sant devant ces grands tirages, le visiteur prend conscienceque ces corps ne sont pas seulement des formes sculpturalesmais des personnes dont l’art est au service de la chorégraphie.Réalisées dans le studio du Pavillon Noir, Centre chorégraphiquenational d’Angelin Preljocaj à Aix-en-Provence, et exposées l’andernier à la Maison des Arts de Créteil et au Centre National dela Danse, ces photographies sont aujourd’hui réunies dans un li-vre d'Albena Dimitrova paru aux éditions Séguier. Exposition du 10 novembre au 10 décembre 2011. Vernissage le10 novembre à 18h. Entrée libre.

Total Danse c’est bien sûr l’occasion de donner à voir ladanse à travers des spectacles, mais c’est également per-mettre à celles et ceux qui font vivre cet art tout au long del’année à La Réunion, de s’enrichir au contact des artistes etdes professionnels invités. Grâce à de nombreux partena-riats, Total Danse propose tout au long du mois de novem-bre des formations, des rencontres, des débats, des exposi-tions, des échanges avec tous les publics.

WELCOME SOUTH AFRICAEn lien depuis de nombreuses années avec les festivals DanceUmbrella et New Dance de Johannesburg, les responsables deTotal Danse initient à partir de 2011 un partenariat avec cesdeux grands festivals. Georgina Thomson, leur directrice artis-

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tique, est invitée à découvrir la richesse chorégraphique réu-nionnaise et à participer à différents échanges professionnels.En partenariat avec le Théâtre Canter (Université de La Réu-nion) et le CROUS, Total Danse accueille en résidence la choré-graphe contemporaine Désiré Davids, qui vit et travaille à Dur-ban. Le studio de répétition mis à sa disposition pendant deuxsemaines lui permet d’entamer un projet qui sera présenté aupublic réunionnais en 2012. Ces échanges, prémices des fu-tures années croisées France – Afrique du Sud, bénéficient dusoutien de l’Institut français, de la Dac oI, de la Région, du Dé-partement et de la Ville de Saint-Denis.

« LES ÉCRITURES DUMOUVEMENT », UNE EXPOSITIONDU CND À LA BDREn parallèle du festival Total Danse, la Bibliothèque Départe-mentale de La Réunion (BDR) accueille « Les écritures du mou-vement ». Réalisée par le Centre national de la danse (CND),cette exposition montre, à travers des œuvres et extraits detextes, comment la danse s’écrit et se note. Accueillie par laBDR du 20 octobre au 20 décembre 2011, cette expositionpourra, par la suite, être diffusée dans les bibliothèques et mé-diathèques de La Réunion ainsi que dans plusieurs paysd’Afrique australe et de la zone océan Indien. Exposition du 20octobre au 20 décembre 2011. Vernissage le 20 octobre à 18h.Entrée libre. Bibliothèque Départementale de La Réunion 52,rue Roland Garros à Saint-Denis.

TEAT CHAMP FLEURI &CO…OPÉRATION Total Danse est aussi l’occasion pour les TEAT Champ Fleuri |TEAT Plein Air de multiplier les partenariats avec les autressalles de spectacles de l’île. Ces collaborations visent à favori-ser les échanges entre les lieux de diffusion et à aller au-devantde tous les publics. Parmi ces initiatives, Pierre Rigal est ac-cueilli à Saint-André à la Salle Guy-Alphonsine, qui œuvre toutau long de l’année au développement de la danse, Sankai Jukujoue au Théâtre Luc-Donat du Tampon. Novembre, le mois de ladanse, c’est également au Port, qui accueille du 23 au 25 no-vembre la 3ème édition du festival Danses et Docks initié par lascène de musiques actuelles, le Kabardock.

TEAT CHANGEMENT D’AIR : MEIO FIOAprès l’engouement rencontré l’an dernier par le GUID (Groupe ur-bain d’intervention dansée) d’Angelin Preljocaj, Total Danse réci-dive avec un spectacle totalement conçu pour l’extérieur. Inter-prété par la compagnie brésilienne Membros composée dedanseurs issus des favelas, Meio Fio ("le rebord du trottoir" enportugais) est le portrait d’un pays, le Brésil, qui tente de survi-vre à de fortes inégalités sociales. Dans le cadre du TEAT Chan-gement d’Air, cette performance chorégraphique pour espace ur-bain ira à la rencontre des spectateurs dans différents espacespublics de Saint-Denis, Saint-André, Saint-Philippe, Sainte-Rose…

RENCONTRESPROFESSIONNELLES : « LE CND ÀLA RENCONTRE DE LA RÉUNION »Le Centre national de la danse (CND), animateur des réseaux dela vie chorégraphique et également centre de ressources pour lesprofessionnels et acteurs du monde chorégraphique, développedepuis 2009 un programme intitulé « le CND à la rencontre des ré-gions ». À l’initiative du CND et de la Dac oI et dans le cadre dela convention qui lie depuis 2010 les TEAT Champ Fleuri | TEATPlein Air et le CND, Total Danse accueille le 22 novembre à Saint-Denis les rencontres professionnelles « Le CND à la rencontre deLa Réunion ».

RENCONTRES ET FORMATIONSDans le cadre de partenariats mis en place avec la Région ainsique le Rectorat de La Réunion, les danseurs et chorégraphes deTotal Danse vont à la rencontre des établissements scolaires etdu Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de La Réunion. Brigitte Hyon et Agnès Bretel, respectivement responsable de laformation et conseillère pédagogique au CND animent quant àelles des sessions de formation à l’attention des enseignants endanse de l’Education nationale et des élèves du CRR.

ATELIERS DE DANSE URBAINE En partenariat avec la Ville de Saint-Denis et dans le cadre de sonprojet Big’Up, les danseurs brésiliens de la Cie Membros rencon-trent leurs « homologues » dionysiens qui s’entraînent réguliè-rement sur les parvis du TEAT Champ Fleuri et de l’Hôtel de ville.

Le TEAT Champ Fleuri à Saint-Denis et le TEAT Plein Air àSaint-Gilles sont des établissements culturels du ConseilGénéral de La Réunion

Les partenaires institutionnels : Ministère de la Culture et dela Communication – DAC-OI (Direction des Affaires Culturelles -Océan Indien), Région Réunion, TCO (Territoire de la CôteOuest), Ville de Saint-Denis, Ville de Saint-Paul

Les partenaires officiels : Air France, Canal+ Réunion, Casinode Saint-Gilles, Orange

Les partenaires médias : Danser, Le Journal de l’île, Mémento,PILS, Réunion 1ère

Les partenaires associés : Castel, IRT (Ile de La Réunion Tourisme)

Les partenaires culturels : Académie de La Réunion, Archives dé-partementales, Bibliothèque départementale, Centre National de laDanse, Institut Français, La Fabrik, Onda, Salle Guy Alphonsine,Salle Vladimir Canter, Théâtre du Grand Marché, Théâtre Luc Donat

Impression : GraphicaDL n° 5120 - Licence d’entrepreneur de spectacles � catégorie 1 – 1031544 � catégorie 2 – 1031546� catégorie 3 – 1031547

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