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N°11 Vendredi 16 décembre 2011 Catherine Bailhache [email protected] 02 41 57 11 08 06 11 92 56 40 Soizig Le Dévéhat [email protected] 02 51 81 59 33 06 85 03 73 65 www.lacor.info Créée en 1982, l’ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l’Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute et Basse-Normandie, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe vingt-six structures (cinémas pour la plupart labellisés « recherche » et associations) tournés vers la défense de l’art et essai et de la recherche dans le cinéma. L’ACOR a pour principal objectif la mise en œuvre, seule ou en collaboration avec des partenaires extérieurs, de pratiques com-munes de programmation, d’animation et de promotion des films, destinés à favoriser la découverte de nouveaux spectateurs et la rencontre des publics avec des œuvres cinématographiques et audiovisuelles variées et de qualité. C O M M U N I Q U E S o m m a i r e 1 Soutien ACID 2 Soutien ACID ; Soutien ACID / GNCR 3.4 Soutiens GNCR 5. Soutiens AFCAE 6 Soutiens AFCAE Jeune public avec le soutien de la DRAC Centre et des DRAC Bretagne, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l o u e s t p o u r l a r e c h e r c h e présidée par Yannick Reix — coordonnée par Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat – bureaux ACOR – Port de Vallée – 49320 ST-SULPICE/LOIRE tél : (33) 2 41 57 11 08 – fax : (33) 2 41 68 25 16 – [email protected] Soutien ACID Tahrir, place de la libération de Stéfano Savona France • 2011 • 1H30 • Jour2Fête • 25 janvier 2012 Festival de Locarno 2011 • festival de Lussas 2011 Interview de Stefano Savona à Lussas ici | entretien (écrit) avec le réalisateur ici ou ici Edition d'un document d'accompagnement ACID / CCAS Le Caire, février 2011. Elsayed, Noha, Ahmed sont de jeunes Egyptiens et ils sont en train de faire la révolution. Ils résistent, ils apprennent à discuter et à lancer des pierres, à inventer des slogans et à soigner les blessés, à défier l'armée et à préserver le territoire conquis : un espace de liberté où l'on s'enivre de mots. […] la plus belle rencontre peut-être à Locarno, la plus impressionnante, la plus cinématographique aura sans doute été avec un film intitulé Tahrir, place de la libération. Ce documentaire à été entièrement tourné au Caire durant les événements de janvier et février 2011, jusqu’au départ du président Hosni Moubarak. Il a été tourné par un homme seul, Stefano Savona, armé de ce fameux appareil photo Canon 5D Mark II devenu entre des mains aussi diverses qu’expertes (récemment le très beau Road to Nowhere de Monte Hellman, après Ruber de Quentin Dupieux) un très fécond outil de cinéma. Savona connait bien le Moyen-Orient, où il a réalisé deux films mémorables, Carnet d’un combattant kurde et Plomb durci. Il connaît bien l’Egypte, où il se rend pratiquement chaque année. Ce savoir lui permet de comprendre dès le début du mouvement de contestation égyptien qu’il se passe quelque chose d’exceptionnel. Il fonce sur place. Mais, visiblement, il connaît encore quelque chose d’autre, de plus difficile à définir. C’est ce « quelque chose » qui impose très rapidement la singularité de son film. Pour qui a suivi avec un peu d’attention la déferlante d’images engendrée par les événements de Tunisie et d’Egypte, un peu aussi de Bahrein et de Sanaa (les cas libyens et syriens étant assez différents), et même en remontant aux manifestations iraniennes de 2009-2010, pour qui a vu ce tsunami d’enregistrements sur les réseaux de partages vidéo et les chaines de télévision à commencer par Al Jezeera, la singularité du travail de Savona s’impose comme une évidence. Sens du placement et de l’organisation des points de vue, capacité à articuler l’individuel et le collectif, à inscrire l’individuel dans le collectif, à prendre en compte et à situer les contradictions internes du mouvement. Sens de la profondeur de champ et sens de la durée, à la fois pour ce qu’ils concernent la composition des plans et le montage, mais aussi la « profondeur de champ » et « le sens de la durée » qui marquent l’intelligence politique et humaine d’une situation infiniment complexe, infiniment mouvante. Au centre du film de Savona : des personnes, des humains, et ce qui les définit comme humains : la parole. Y compris quand le réalisateur retrouve le souffle des grandes chorégraphies de masse, de Eisenstein à Kurosawa (et à Le Masson), lors d’impressionnantes scènes d’affrontements. Voir-entendre-comprendre, il faudrait forger un seul verbe, tant il semble que ce soit un seul acte que met en œuvre le réalisateur italien, durant ces 18 jours où il partage les jours et les nuits de manifestants qui inventent leur propre pouvoir, avec passion, parfois avec inquiétude ou remise en doute. Pas plus qu’eux ou que quiconque, Stefano Savona ne comprend tout ce qui se passe, mais avec eux il découvre dans l’enchainement des instants, des cris, des débats, des peurs, des découragements, des élans, des joies et des réflexions, la singularité d’une dynamique commune et complexe. Ce qui s’est passé Place Tahrir s’inscrit dans l’histoire longue des grands mouvements populaires, cela s’inscrit aussi dans le contexte très particulier des « printemps arabes », et cela possède des singularités irréductibles à aucune autre situation. La manière de filmer, image et son, de Stefano Savona prend acte de ces multiples dimensions. Il construit des plans qui, eux aussi, « viennent de quelque part » – d’une histoire des images. Mais ce faisant il ne réduit pas le neuf à l’ancien, au contraire. Il donne à percevoir ce qui s’invente, ou se réinvente dans l’improbable mélange assemblé sur la place de la capitale égyptienne, l’incroyable scénario qui s’y est joué. Ni journalistique ni historien, son geste proprement artistique est exemplaire des possibilités de penser le présent grâce aux ressources spécifiques du cinéma. Ces possibilités-là sont si rarement mises en œuvres : nous avons des archives filmées des grands événements du siècle, mais bien peu d’œuvres de cinéma élaborées dans le temps même de leur survenue. Après, plus tard, il y aura des films, bien sûr, parfois des grands films. Ce pourra être passionnant, ce sera autre chose. Il y a les films de Santiago Alvarez et ceux de Chris Marker, certains de Robert Kramer, Mai 68 filmé par William Klein dans Grands soirs et petits matins, la révolution iranienne de 1979 filmée si différemment par Abbas Kiarostami ( Cas n°1, cas n°2) et Amir Naderi ( La Recherche)… La liste peut sans doute accueillir encore quelques exemples, il sont extraordinairement rares, alors qu’il y a des caméras partout depuis 120 ans, et des cinéastes, souvent. C’est aussi à cette aune qu’il faut mesurer l’importance du geste de Stefano Savona. Jean-Michel Frodon dans Projection Publique – texte intégral ici Autres critiques : Stephane Waffo – http://toukimontreal.com ici | Caroline Pochon ici L'ACID et l'ACOR soutiennent également le précédent film de Stéfano Savona, Palazzo delle Aquile coréalisé avec Alessia Porto et Ester Sparatore présenté dans la sélection Cannes 2011 A la demande de l'ACOR, les Fileurs d'Ecoute préparent un ciné-lecture autour du film.

2011 | Communiqué N°11

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Association des cinémas de l'ouest pour la recherche

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N ° 1 1Vendredi 16

décembre 2011

Catherine [email protected]

02 41 57 11 0806 11 92 56 40

Soizig Le Dévé[email protected]

02 51 81 59 3306 85 03 73 65

www.lacor.info

Créée en 1982, l’ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l’Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute et Basse-Normandie, Pays-de-la-Loire et

Poitou-Charentes. Elle regroupe vingt-six structures (cinémas pour la plupart labellisés « recherche » et associations) tournés vers la défense de l’art et essai et de la recherche dans le cinéma.

L’ACOR a pour principal objectif la mise en œuvre, seule ou en collaboration avec des partenaires extérieurs, de pratiques com-munes de programmation, d’animation et de promotion des films, destinés à favoriser la découverte de nouveaux spectateurs et la rencontre des publics avec des œuvres cinématographiques et audiovisuelles variées et de qualité.

C O M M U N I Q U ES o m m a i r e

1 Soutien ACID

2 Soutien ACID ; Soutien ACID / GNCR

3.4 Soutiens GNCR

5. Soutiens AFCAE

6 Soutiens AFCAE Jeune public

avec le soutien de la DRAC Centre et des DRAC Bretagne, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes

A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ’ o u e s t p o u r l a r e c h e r c h eprésidée par Yannick Reix — coordonnée par Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat – bureaux ACOR – Port de Vallée – 49320 ST-SULPICE/LOIRE – tél : (33) 2 41 57 11 08 – fax : (33) 2 41 68 25 16 – [email protected]

Soutien ACID

Tahrir, place de la libération de Stéfano SavonaFrance • 2011 • 1H30 • Jour2Fête • 25 janvier 2012Festival de Locarno 2011 • festival de Lussas 2011

Interview de Stefano Savona à Lussas ici | entretien (écrit) avec le réalisateur ici ou ici

Edition d'un document d'accompagnement ACID / CCAS

Le Caire, février 2011. Elsayed, Noha, Ahmed sont de jeunes Egyptiens et ils sont en train de faire la révolution. Ils résistent, ils apprennent à discuter et à lancer des pierres, à inventer des slogans et à soigner les blessés, à défier l'armée et à préserver le territoire conquis : un espace de liberté où l'on s'enivre de mots.

[…] la plus belle rencontre peut-être à Locarno, la plus impressionnante, la plus cinématographique aura sans doute été avec un film intitulé Tahrir, place de la libération. Ce documentaire à été entièrement tourné au Caire durant les événements de janvier et février 2011, jusqu’au départ du président Hosni Moubarak. Il a été tourné par un homme seul, Stefano Savona, armé de ce fameux appareil photo Canon 5D Mark II devenu entre des mains aussi diverses qu’expertes (récemment le très beau Road to Nowhere de Monte Hellman, après Ruber de Quentin Dupieux) un très fécond outil de cinéma. Savona connait bien le Moyen-Orient, où il a réalisé deux films mémorables, Carnet d’un combattant kurde et Plomb durci. Il connaît bien l’Egypte, où il se rend pratiquement chaque année. Ce savoir lui permet de comprendre dès le début du mouvement de contestation égyptien qu’il se passe quelque chose d’exceptionnel. Il fonce sur place. Mais, visiblement, il connaît encore quelque chose d’autre, de plus difficile à définir.C’est ce « quelque chose » qui impose très rapidement la singularité de son film. Pour qui a suivi avec un peu d’attention la déferlante d’images engendrée par les événements de Tunisie et d’Egypte, un peu aussi de Bahrein et de Sanaa (les cas libyens et syriens étant assez différents), et même en remontant aux manifestations iraniennes de 2009-2010, pour qui a vu ce tsunami d’enregistrements sur les réseaux de partages vidéo et les chaines de télévision à commencer par Al Jezeera, la singularité du travail de Savona s’impose comme une évidence. Sens du placement et de l’organisation des points de vue, capacité à articuler l’individuel et le collectif, à inscrire l’individuel dans le collectif, à prendre en compte et à situer les contradictions internes du mouvement. Sens de la profondeur de champ et sens de la durée, à la fois pour ce qu’ils concernent la composition des plans et le montage, mais aussi la « profondeur de champ » et « le sens de la durée » qui marquent l’intelligence politique et humaine d’une situation infiniment complexe, infiniment mouvante.Au centre du film de Savona : des personnes, des humains, et ce qui les définit comme humains : la parole. Y compris quand le réalisateur retrouve le souffle des grandes chorégraphies de masse, de Eisenstein à Kurosawa (et à Le Masson), lors d’impressionnantes scènes d’affrontements.Voir-entendre-comprendre, il faudrait forger un seul verbe, tant il semble que ce soit un seul acte que met en œuvre le réalisateur italien, durant ces 18 jours où il partage les jours et les nuits de manifestants qui inventent leur propre pouvoir, avec passion, parfois avec inquiétude ou remise en doute. Pas plus qu’eux ou que quiconque, Stefano Savona ne comprend tout ce qui se passe, mais avec eux il découvre dans l’enchainement des instants, des cris, des débats, des peurs, des découragements, des élans, des joies et des réflexions, la singularité d’une dynamique commune et complexe.Ce qui s’est passé Place Tahrir s’inscrit dans l’histoire longue des grands mouvements populaires, cela s’inscrit aussi dans le contexte très particulier des « printemps arabes », et cela possède des singularités irréductibles à aucune autre situation. La manière de filmer, image et son, de Stefano Savona prend acte de ces multiples dimensions. Il construit des plans qui, eux aussi, « viennent de quelque part » – d’une histoire des images. Mais ce faisant il ne réduit pas le neuf à l’ancien, au contraire. Il donne à percevoir ce qui s’invente, ou se réinvente dans l’improbable mélange assemblé sur la place de la capitale égyptienne, l’incroyable scénario qui s’y est joué.

Ni journalistique ni historien, son geste proprement artistique est exemplaire des possibilités de penser le présent grâce aux ressources spécifiques du cinéma. Ces possibilités-là sont si rarement mises en œuvres : nous avons des archives filmées des grands événements du siècle, mais bien peu d’œuvres de cinéma élaborées dans le temps même de leur survenue. Après, plus tard, il y aura des films, bien sûr, parfois des grands films. Ce pourra être passionnant, ce sera autre chose. Il y a les films de Santiago Alvarez et ceux de Chris Marker, certains de Robert Kramer, Mai 68 filmé par William Klein dans Grands soirs et petits matins, la révolution iranienne de 1979 filmée si différemment par Abbas Kiarostami (Cas n°1, cas n°2) et Amir Naderi (La Recherche)… La liste peut sans doute accueillir encore quelques exemples, il sont extraordinairement rares, alors qu’il y a des caméras partout depuis 120 ans, et des cinéastes, souvent. C’est aussi à cette aune qu’il faut mesurer l’importance du geste de Stefano Savona. Jean-Michel Frodon dans Projection Publique – texte intégral ici

Autres critiques : Stephane Waffo – http://toukimontreal.com ici | Caroline Pochon ici

L'ACID et l'ACOR soutiennent également le précédent film de Stéfano Savona, Palazzo delle Aquile

coréalisé avec Alessia Porto et Ester Sparatore présenté dans la sélection Cannes 2011

A la demande de l'ACOR, les Fileurs d'Ecoute préparent un ciné-lecture autour du film.

Page 2: 2011 | Communiqué N°11

Soutien ACID

Fleurs du mal de David DusaFrance • 2010 • 1H40 • avec Rachid Youcef, Alice Belaïdi • à partir de 13 ansSciapode (programmation Séance tenante) • 8 février 2012 Sélection ACID Cannes 2010 • Festival EntreVues Belfort 2010 • Festival Paris Cinéma 2011 ...

Site du film ici | Plus d'infos sur le Séance tenante ici | Interview du réalisateur ici

Des séances à destination des scolaires (collègiens et lycéens) peuvent être organisées. Un dossier pédagogique réalisé par Charlotte Garson dans le cadre de Ciné Junior est téléchargeable sur le site de l'ACID ici

Edition d'un document d'accompagnement ACID / CCAS

Paris-Téhéran. Une histoire d’amour entre deux déracinés - Gecko, jeune affranchi, et Anahita, iranienne exilée - contaminée par l’Histoire et sa médiatisation spontanée et inédite sur Internet.

En capturant l’énergie et le potentiel d’Internet et des médias sociaux de manière innovante et puissamment viscérale, l’ambitieux drame cinématographique Fleurs du mal insère de manière organique les images de YouTube sur les manifestations post-électorales en Iran de 2009 et la répression brutale du gouvernement, dans une tendre histoire d’amour parisienne. [...]

L’auteur réalisateur David Dusa utilise internet comme un instrument narratif, structurel et émotionnel. Dès la scène d’ouverture, Rachid passe un temps considérable en ligne, postant sur Facebook des vidéos de ses danses sauvages et athlétiques et surfant à la recherche d’informations sur le monde. Au fur et à mesure que Rachid, apolitique, se construit une image de à travers les images anonymes de Youtube et les réactions de son amoureuse face à elles, les vidéos abstraites se transforment en quelque chose d’intime l’impliquant émotionnellement ainsi que le public. L’un des moments les plus grisants du film montre Rachid et Anahita sur un toit parisien, criant « Allah Akbar ! » en soutient aux chants de la nuit de ses compatriotes (évènement diffusé de façon virale sur YouTube).

Dusa parvient à créer une fascinante continuité émotionnelle à travers trois niveaux d’images (les performances de Rachid, le journalisme citoyen qui a lieu en Iran et l’histoire d’amour du couple). Cette réussite doit beaucoup aux performances convaincantes faites par ces deux beaux jeunes acteurs, ainsi qu’à une bande originale éclectique et résonante. Youcef, originaire de Kabyle en Algérie, est une boule d’énergie qui se contient à peine et qui bouge d’un lieu à l’autre dans un parcours tout aussi athlétique que fashion. Bien que Belaidi soit plus d’origine algérienne et tzigane que d’origine perse, elle maitrise les subtilités d’une iranienne sophistiquée de la haute bourgeoisie, usant d’un jeu particulièrement intense quand elle présente les poètes Omar Khayyam et Charles Baudelaire (d’où le nom) à son nouveau petit ami moins éduqué qu’elle. Alissa Simon – Variety

Soutien ACID / GNCR

Sur la planche de Leïla KilaniFrance / Maroc / Allemagne • 2011 • 1H46 • avec Soufia Issami, Mouna Bahmad, Nouzha Akel, Sara Betioui

Epicentre films • 1er février 2012Quinzaine des Réalisateurs 2011 • Paris Cinéma 2011 : Mention Spéciale du Jury...

Plus d'infos sur le site du distributeur ici

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages GNCR

Tanger, aujourd'hui. Quatre jeunes femmes de vingt ans travaillent pour survivre le jour et vivent la nuit. Elles sont ouvrières réparties en deux castes : les textiles et les crevettes. Leur obsession : bouger. De l’aube à la nuit la cadence est effrénée, elles traversent la ville. Temps, espace et sommeil sont rares. Petites bricoleuses de l’urgence qui travaillent les hommes et les maisons vides. Ainsi va la course folle de Badia, Imane, Asma et Nawal...

Première fiction de Leïla Kilani. Une rencontre violente et réussie avec l’actrice Soufia Issami.[…] C’est ce flow dément, insoumis, qu’on reçoit en premier en pleine face quand Sur la planche débarque sur vous, quasiment en contrebande. «Débarquer» est le bon mot, car la première fiction de Leïla Kilani (repérée de longue date pour des documentaires très personnels sur le Proche-Orient) a pour base le port de Tanger, sa ville natale. Et ce que la Kilani fait à Tanger ressemble assez à ce que Soufia fait à la langue arabe : une violence.Parce que, depuis longtemps, les films qui, au Maroc, se passent à Tanger regardent la ville plus ou moins de la même façon, romantique : en espérant que le sortilège de sa médina et de ses rues trempées de pluie les protégera un peu de la réalité moins fantomatique de ce port à zone internationale, lieu de tous les trafics.Mythologie. Leïla Kilani, c’est l’inverse. Bonne dernière pour le folklore, elle part de ce que la ville fait à peine semblant de voiler : Badia est une petite voleuse sans mythologie de rien. Une chapardeuse. On la fait aussi venir pour des soirées. C’est comme ça, et c’est tout. La journée, Badia travaille à l’usine de crevettes, sur le port qui est en passe d’être détruit. (...) elle est maigre comme la misère, et son visage est renfrogné. Elle a le dos voûté et les épaules en cuvette des gens qui font entrer leur colère dans leur ventre. [...]Derrière elle, un monde flou, insaisissable. Tanger en sera quitte pour sa carte postale. Ne pas compter sur Leïla Kilani pour faire de son film le prétexte d’un tour-opérateur. Elle cadre serré sur son héroïne, comme si elle avait peur que cette petite actrice, trouvée dans la rue, lui échappe au moment de la filmer… Alors elle serre au maximum sur elle, et s’invente sous nos yeux un drôle de combat : sa résistance de filmeuse contre la résistance que Badia oppose à toute chose en ce bas monde.Ce face-à-face durera tant que durera le film. Et sera le terrain de sa perpétuelle réinvention. Car cette dynamo de fille tourne à vide. Badia, c’est horizon nulle part, zéro. Qui a dit que ça empêchait d’avancer si Badia vit comme on crache : par terre. […] Badia file le tournis à tout le monde : à la mise en scène de Leïla Kilani, à la caméra d’Eric Devin (chef op du film, responsable d’une lumière détrempée, touchée par la grâce), aux catégories qui tiennent à distinguer coûte que coûte la fiction du documentaire, là où nous serions bien emmerdés de pouvoir dire qui, du réel ou de l’écriture, se sert de qui, qui va prendre le dessus sur qui.Rêve. Vous l’aurez compris, Sur la planche est cet outsider tombé en fin de Festival qu’on a attendu dix jours. C’est le film dont on rêve : surgi de nulle part, tout en tension, capable d’imposer sa règle du jeu et de nous y plier.Que cette petite voleuse-ci, avec ces yeux-là, puisse défier depuis son mini bout d’espace des films aussi imposants que les Malik, Bonello, Von Trier, Dardenne (favoris perso) et les tenir, eux aussi, en respect est la marque que le portait de cette fille va nous hanter longtemps. Longtemps. Philippe Azoury – Libération ici

Page 3: 2011 | Communiqué N°11

Soutiens GNCR

les Chants de Mandrin de Rabah Ameur-ZaïmecheFrance • 2011 • 1H37 • avec Jacques Nolot, Rabah Ameur-zaïmeche, Christian Milia-Darmezin, Jean-Luc Nancy, Sylvain Roume, Abel Jafri, Kenji Levan, Salim Ameur-ZaïmecheMK2 • 25 janvier 2012 • Prix Jean Vigo 2011 • Festival de Locarno 2011 • FIF 85

Présentation du film ici | Un livre, édité par Indépendencia, conçu avec le cinéaste Rabah Ameur-Zaïmeche, le philosophe Jean-Luc Nancy, Sylvain Roume et Abel Jafri, est proposé comme un prolongement critique et poétique du film.

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages GNCR

Après l'exécution de Louis Mandrin, célèbre hors-la-loi et héros populaire du milieu du XVIIIèmesiècle, ses compagnons risquent l'aventure d'une nouvelle campagne de contrebande dans les provinces de France. Sous la protection de leurs armes, les contrebandiers organisent aux abordsdes villages des marchés sauvages où ils vendent tabac, étoffes et produits précieux. Ils écrivent des chants en l'honneur de Mandrin, les impriment et les distribuent aux paysans du royaume...

Ce synopsis fait-il assez sentir de quoi il retourne, dans le quatrième long métrage de Rabah Ameur-Zaïmeche, après Wesh Wesh, qu’est-ce qui se passe ?, Bled Number One et Dernier Maquis ? De cinéma et de politique, sans doute. Des premières années du XXIe siècle, aisément reconnaissables derrière celles qui précédèrent la Révolution française. De la France de Sarkozy, de la guerre civile que certains – RAZ n’est pas le seul – y diagnostiquent. De tout cela, des vertus de l’allégorie et de la métaphore, mais pas seulement. RAZ se filme, il filme une troupe, la sienne, reconduite et enrichie de film en film. Il filme une campagne, une guerre, mais de quelle guerre s’agit-il ? Celle des bandits ou celle qui consiste aujourd’hui à faire du cinéma en toute liberté et autonomie ? Et n’est-ce pas plutôt d’hospitalité qu’il est question, celle qui pousse les bandits à sympathiser avec un marquis, Rabah à inviter l’immense Jacques Nolot et même le philosophe Jean-Luc Nancy ? Est-il d’autre collectif, d’autre maquis que cinématographique ? Le mystère du film tient là, dans l’intervalle entre création et résistance, charme et rage, chant et cri. Emmanuel Burdeau – catalogue du FIF 85 ici

Ainsi donc, trois ans après Dernier Maquis retrouve-t-on Rabah et sa bande dans un autre paysage. La campagne française d’aujourd’hui et d’hier, ses lumières, ses forêts, ses villages et ses forteresses qui semblent avoir traversé les siècles pour offrir son décor au film d’aventures en costumes de RAZ. Rabah et sa bande ne sont plus manoeuvres et patron, mais contrebandiers et colporteur. Changement de métaphore : le film et son travail ne se mesurent plus à une situation de crise au sein d’une PME mais à un épisode de la vie d’une bande de hors-la-loi. Changement d’échelle : des marges de Paris à celles de la société. L’utopie poétique de RAZ a, comme à chaque film, changé de dimension : plus d’avions dans le ciel (...), mais des idées et des valeurs, celles de la révolution. Seuls les corps et les visages n’ont pas changé : Rabah et sa contre-bande de (contre-) cinéma.Faire du cinéma en contrebande. L’équipe du film sont les contrebandiers. C’est bien plus qu’une métaphore. C’est d’abord la réalité concrète du travail […] Un tournage de Rabah Ameur-Zaïmeche est pensé comme l’authentique aventure d’une communauté éphémère, avec ses risques physiques et ses défis psychologiques, sa rêverie idéale qui donne le cap et les débrouilles quotidiennes qui s’efforcent de ne pas le perdre, avec une fin en vue mais des moyens qui s’inventent jour après jour, au gré des circonstances, des désirs qui surgissent et mûrissent, des accidents qui surviennent et se surmontent, ou pas. On a pu parler d’utopie poétique à propos de Dernier Maquis, de sa manière de créer un monde en soi à même la réalité trouvée, grâce au rare talent du cinéaste pour prélever et détourner les signes sensibles et les faire résonner en une totalité musicale et ouverte. Les Chants de Mandrin incite à engager cette notion en un sens plus profond et singulier. Pratiquer le cinéma comme utopie poétique, cela signifie désormais que le film ne prétend rien dire qui puisse être séparé de sa propre expérience. Il n’y a pas d’une part un discours sur le monde et d’autre part des procédés de fabrication d’un monde de cinéma. Chez RAZ, les deux sont indissociables : l’aventure du tournage ne s’efface pas devant celle des personnages ; si le cinéma a quelque chose à dire du monde, des formes de vie à affirmer contre d’autres, c’est avant tout par son acte propre, par la manière dont une pratique de cinéma investit le monde, s’y déploie comme forme de vie. […]

Notes pour les Contrebandiers de Montreuil de Cyril Neyrat – Indépendencia – Note intégrale ici

Autres critiques : www.lespepitesducinema.com ici | Didier Péron – Libération ici | Thierry Chèze – www.lexpress.fr ici | Raphaël Lefèvre – www.critikat.com ici | El Watan – http://press.lematindz.net ici

Tatsumi d'Eric KhooSingapour • 2011 • 1H36 • animation

Happiness Distribution • 1er février 2012 • Un Certain Regard 2011

Plus d'infos sur le site du distributeur ici | Entretien vidéo avec le réalisateur sur Arte Tv ici | entretien écrit sur eastasia.fr ici

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages GNCR

Tatsumi célèbre l'oeuvre et la vie du mangaka japonais Yoshihiro Tatsumi. Dans le Japon occupé de l'immédiat après-guerre, la passion du jeune Tatsumi pour la bande dessinée deviendra finalement le moyen d'aider sa famille dans le besoin. En plus d'être publié dès l'adolescence, sa rencontre avec son idole Osamu Tezuka, le célèbre mangaka que l'on compare à Disney, lui offrira une source d'inspiration supplémentaire.

Tatsumi et Eric Khoo, une rencontre évidenteEric Khoo et Tatsumi : la rencontre était placée sous le signe de l’évidence, autant, dira-t-on, que Ruiz et Proust, ou Chabrol et Flaubert.A ma gauche, un cinéaste singapourien, révélé en 1997 par Un certain regard (12 Storeys) repassant cette année par cette case après les ors de la Quinzaine (Be With Me, 2005) et de la Compétition (My Magic, 2008). A ma droite, un mangaka japonais essentiel, inventeur à la fin des années 50 du manga adulte, le gejika (« dessins dramatiques » en japonais). Entre les deux, une passion commune pour les drames intimes, un archaïsme stylistique tout en rondeur et ruptures de ton, et une sensibilité extrême pour destins cramés, à combustion lente. « Je connais le travail de M. Tatsumi depuis 20 ans, à l’époque où j’étais moi-même dessinateur de bandes dessinées. Pour moi, il est le plus grand, je ne mets personne au-dessus. C’est en 2008, quand j’ai découvert son autobiographie de 800 pages, A Drifting Life, que j’ai eu envie de l’adapter », raconte Eric Khoo.Le film se présente comme un recueil de cinq nouvelles animées, témoins d’un art de la concision et de la cruauté qui sied bien à l’univers de Khoo Be With Me fonctionnait déjà selon un procédé d’éclatement) : un photographe dans les ruines d’Hiroshima, un ouvrier obligé d’abandonner son singe, un vieillard qui trompe sa femme, une prostituée qui s’émancipe, un écrivain qui devient obsédé par la pornographie et les toilettes publiques (sans doute une sale histoire).Chaque vignette jouit d’une unité de couleur et de ton, dans le strict respect du style graphique de Tatsumi, et se voit reliée à l’ensemble par des interludes biographiques sur la vie du mangaka. […] Jacky Goldberg – les Inrocks ici

Autres critiques : Nicolas Bardot – www.filmdeculte.com ici | Victor Lopez - http://eastasia.fr ici | Olivier Bachelard - www.abusdecine.com ici | Adrien Sene - http://www.evene.fr ici

Page 4: 2011 | Communiqué N°11

Soutiens GNCR

Duch, le maître des forges de l'enfer de Rithy PanhFrance / Cambodge • 2011 • 1H43 • les Acacias • 18 janvier 2012 • Festival de Cannes : séance spéciale

Fiche film sur le site du distributeur ici

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages GNCR

Entre 1975 et 1979, le régime Khmer rouge a causé la mort d'environ 1,8 million de personnes soit un quart de la population du Cambodge.Kaing Guek Eav dit Duch a dirigé M13, une prison des maquis khmers rouges, durant quatre années avant d'être nommé par l'Angkar, «l'Organisation» (entité sans visage et omniprésente qui règne sans partage sur la destinée de tout un peuple) au centre S21 à Phnom Penh. En qualité de secrétaire du parti à S 21, il a commandé entre 1975 et 1979 cette machine de mort khmère rouge où périrent, d'après les archives restantes, au moins 12.380 personnes. Duch dévoile ici comment il estime y avoir pleinement rempli sa mission et les raisons qui l'ont conduit à commander M13 puis S21.Rithy Panh recueille sa parole nue, sans fioritures, dans l'isolement d'un tête-à-tête.

"Duch, le maître des forges de l'enfer" : le témoignage d'un Khmer rouge

[...] Duch, le maître des forges de l'enfer est un film d'une rare puissance, et un témoignage probablement unique dans les annales de l'Histoire, qui voit l'un des responsables d'un crime de masse accepter de s'exprimer, très longuement, sur sa responsabilité.

Cet homme se nomme Kaing Guek Eav, alias "Duch". […] En 2009, Duch fut le premier responsable khmer rouge qui eut à répondre de ses crimes devant un tribunal cambodgien, qui le condamna en 2010 à trente-cinq ans de réclusion. Après avoir plaidé la culpabilité, puis l'innocence, l'accusé fit appel. La décision définitive du procès aura lieu à la fin du mois de juin.Parallèlement à cette procédure, Rithy Panh, dont l'œuvre constitue le véritable mémorial du génocide cambodgien, obtint du tribunal l'opportunité extraordinaire de s'entretenir avec Duch et de le filmer. De ces 300 heures de rushes résulte aujourd'hui un film saisissant, qui est le digne pendant de son chef-d'œuvre, S21, la machine de mort khmère rouge (2001), consacré au processus d'extermination mis en œuvre dans ce camp.Voici d'abord un film dont le réalisateur semble en apparence s'absenter. Ce n'est évidemment pas le cas, dans la mesure où il aura fallu à Rithy Panh sa connaissance du dossier et sa ressource dialectique pour mener à bien cet entretien. Au final, le film n'en prend pas moins la forme d'un monologue de Duch, durant lequel le bourreau a eu la liberté de déployer toute sa science de la rhétorique.

Délire planifiéLe génie du film est là. Dans cette retenue de la colère ou du jugement, dans le refus de désigner a priori le bourreau comme un monstre, dans l'attention portée à sa parole, dans la reconnaissance de son humanité, et dans la confiance en la puissance du cinéma pour établir, sinon la vérité absolue, du moins celle de l'assassin.Le résultat est à la fois admirable, troublant et terrifiant. On y découvre un homme cultivé, d'une grande douceur, citant Alfred de Vigny dans le texte, qui nous décrit par le détail, avec l'insondable coquetterie de celui qui a commis le pire, le délire planifié du génocide, tout en instruisant en même temps le procès de l'idéologie qui l'a autorisé. Hésitant entre repentir et forfanterie, franchise et duplicité, Duch se révèle en véritable héraut du Mal, dont le portrait est une énigme.

Jacques Mandelbaum - le Monde ici

Autres critiques : Richard Rechtman - www.revue-etudes.com ici | Guillaume Richard (Universciné Belgium) - www.universcine.com ici | Jean-Christophe Buisson – le Figaro ici | L'express ici

Hanezu de Naomi KawaseJapon • 2011 • 1H31 • avec Tota Komizu, Hako Ohshima, Norio Nishikawa

Ufo distribution • 1er février 2012 • DCP et 35mm • Festival de Cannes, Sélection Officielle

Plus d'infos sur le site du distributeur ici | Interview vidéo avec la réalisatrice sur Arte TV ici ou sur http://festival-cannes.canalplus.fr ici

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages GNCR

Dans la région d’Asuka, berceau du Japon, Takumi mène une double vie : tranquille avec Tetsuya son mari, passionnée avec son amant Kayoko, sculpteur qui lui fait découvrir les plaisirs simples de la nature.Takumi apprend qu’elle est enceinte. L’arrivée de cet enfant est l’occasion pour chacun de prolonger son histoire familiale et ses rêves inassouvis. Mais bientôt, Takumi devra choisir avec qui elle veut faire sa vie. Comme au temps des Dieux qui habitaient les trois montagnes environnantes, la confrontation est inévitable.

"Hanezu no Tsuki" : les images de Naomi Kawase, un poème animiste et sensuel au Japon[…] Après le sublime Shara (à Cannes en 2003), après La Forêt de Mogari, qui lui valut le Grand Prix en 2007, Hanezu est un film d'une fragilité bouleversante, une ode à l'harmonie de l'homme avec la nature, à la circulation des signes, des affects, des esprits entre le passé et le présent.

La cinéaste a tourné à Asuka, ancienne capitale impériale du Japon, où ont lieu actuellement des fouilles archéologiques, dans la région de Nara dont elle est originaire. Son film s'ouvre et se referme sur la même séquence : une pelleteuse qui creuse le sol longuement, le retourne, en dépose les morceaux sur un tapis roulant. C'est beau, étonnant, et les séquences intermédiaires ne le sont pas moins, qui embarquent le film dans les montagnes alentours, magnifiées par la caméra de Naomi Kawase. Au son, une voix semblant revenue d'entre les morts, porteuse d'un écho d'une sensualité merveilleuse, récite un poème.Echos harmonieuxLa légende qui s'y raconte est celle des trois montagnes de la région. Deux d'entre elles étaient des hommes, l'un et l'autre amoureux de la troisième, la femme. Pour son amour, ils se sont battus à mort.Le film s'enroule autour de cette légende. Il y a une femme, un mari, un amant. La femme sera enceinte, le mari finira par se tuer. Un album photos renvoie à une histoire plus ancienne, celle du grand-père de l'amant, qui partit à la guerre, et dont la femme passa sa vie à attendre le retour.Il ne se passe presque rien. Naomi Kawase filme la présence, l'inscription des corps dans la nature et des sentiments dans le mouvement du monde. Ses personnages sont mis à égalité avec de drôles d'insectes, avec des oisillons tout juste venus au monde, avec une toile d'araignée qui reflète la lumière. Ils marchent, se tiennent la main, se préparent à manger. Les dialogues sont réduits au minimum, fondus dans le lourd bruit de l'eau, du vent.Evoluant par succession d'échos harmonieux entre l'histoire au présent, celle des grands-parents et celle de la légende, ce film-poème traduit une conception cyclique du temps et animiste du monde. On n'est pas si loin d'Oncle Boonmee, le film thaïlandais d'Apichatpong Weerasethakul, qui remporta la Palme d'or en 2010. Isabelle Regnier – Le Monde ici

Autres critiques : Nicolas Bardot - www.filmdeculte.com ici | Jérémy Coifman - http://eastasia.fr ici | Eric Vernay – Fluctuat ici

Page 5: 2011 | Communiqué N°11

Soutiens AFCAE Jeune public

Take Shelter de Jeff Nichols USA • 2011 • 1H56 • avec Michael Shannon, Jessica Chastain, Shea Whigham, Katy Mixon, Kathy BakerAd Vitam • 4 janvier 2012 • Semaine de la critique 2011 (Cannes) : Grand Prix | Deauville 2011 : Grand Prix

Fiche film sur le site du distributeur ici

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages AFCAE

Curtis La Forche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d’une tornade l’obsède. Des visions apocalyptiques envahissent peu à peu son esprit. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l’incompréhension de ses proches. Rien ne peut en effet vaincre la terreur qui l’habite...

Sorti dans une relative et incompréhensible indifférence, le merveilleux Shotgun Stories marquait la naissance d’un grand réalisateur, sans le moindre doute. Ce genre d’affirmation étant toujours à remettre en cause lors de la difficile épreuve du second film, c’est peu dire qu’on attendait énormément de Take Shelter (…) . Jeff Nichols, c’est aujourd’hui avec James Gray, sous l’aile protectrice de Martin Scorsese, un des seuls réalisateurs au monde à savoir traiter le thème de la famille au cinéma. Après la guerre entre fratries, c’est au coeur d’une famille qu’il s’attaque, au couple avec enfant, un sujet des plus classiques qu’il va modeler pour raconter carrément autre chose et signer un des films les plus surprenants de ces dernières années. Jeff Nichols n’est pas de ces réalisateurs qui suivent un chemin tout tracé, et Take Shelter est une oeuvre chaotique, extrêmement claire, limpide même, mais transportée par les mouvements du chaos qui lui font transcender tous les genres desquels il s’approche. Le résultat c’est un second film magistral en tous points, qui traite autant de l’humain dans ce qu’il a de plus naturel que de l’apocalypse.

S’il échappe à toute comparaison étriquée, Take Shelter se situe quelque part entre Bug de William Friedkin et Phénomènes de M. Night Shyamalan. Ce qui peut être effrayant énoncé ainsi, surtout pour le second, constitue pourtant la comparaison la plus juste s’il fallait caser le film dans une boîte. Autrement, il s’avère plus intéressant d’y voir comme une variation occidentale au Kaïro de Kiyoshi Kurosawa. Sur un mode en apparence très différent, les deux films vont se construire puis se déconstruire jusqu’à la fin du monde, embrassant tour à tour la rationalité et le fantastique, jusqu’à perdre le spectateur et lui balancer une claque monumentale dans le final. Là où la différence se trace, c’est dans le doute. Kaïro laissait apparaître ses fantômes très tôt tandis que la menace de Take Shelter reste longtemps trouble. C’est que Jeff Nichols scrute plus l’individu face à ses failles que la société toute entière. Et le regard qu’il porte sur cette petite famille est d’une pertinence assez rare. Annonçant très tôt dans le récit le risque de schizophrénie chez le personnage de Curtis, il lui adjoint rapidement la maladie mentale avérée de sa mère. Par ce simple détail, au pouvoir dramatique évident, il va aborder le récit sur la folie comme peu avant lui l’ont réussi. Il va utiliser les mêmes artifices que les autres, (...) faire de son héros un fou furieux craignant le complot, la fin du monde (...) mais alors que tous les personnages schizophrènes deviennent à un moment ou à un autre un véritable danger, Curtis prendra chaque décision pour protéger sa famille, toujours. Ainsi Jeff Nichols maintient le doute : est-il malade ou pas ? Et dans ce climat d’apocalypse, le spectateur ne sait plus. […] Jeff Nichols traite de la fin du monde comme personne, il trouve l’angle le plus original vu au cinéma depuis bien longtemps . Pendant deux heures qui passent en un clin d’oeil il signe un portrait familial aussi touchant que juste, lui adjoint une tragédie en sommeil effrayante, le pimente de moments de tension incroyables qui sont autant de tours de force de mise en scène (les visions d’apocalypse sont des modèles de puissance visuelle) et parvient à rester cohérent. (…) Le final est tout simplement sidérant, d’un courage et d’une maîtrise qui laissent les bras ballants. Porté par une urgence permanente et la présence pesante de l’instinct de survie, Take Shelter est une démonstration de grand cinéma, à la fois d’auteur et populaire, sans le moindre cynisme. C’est également l’occasion de voir à l’écran un couple d’acteurs rares mais pourtant parmi les plus grands du moment, Michael Shannon, encore une fois habité, et Jessica Chastain, lumineuse. Nicolas Gilli – www.filmosphere.com ici

Autres critiques : Serge Kaganski – les Inrocks ici | Lucie Calet - Le Nouvel Observateur ici | Bruno Icher - Libération ici | www.plan-c.fr ici | Emilie Bablée - www.cinemovies.fr ici | Romain Le Vern – www.excessif.com ici | David Speranski - www.clapmag.com ici | Cyrille Falisse - http://lepasseurcritique.blogspot.com – ici | Laure - www.leblogducinema.com ici

Louise Wimmer de Cyril MennegunFrance • 2011 • 1H20 • avec Corinne Masiero, jean-Marc Roulot, Julien Alluguette

Haut et court • 4 janvier 2012 • Festival de Venise 2011

Fiche film sur le site du distributeur ici | Entretien avec le réalisateur sur Arte.tv ici | entretien écrit avec le réalisateur dans le Pays ici ou sur www.universcine.be ici

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages AFCAE

Insoumise et révoltée, Louise Wimmer a tout perdu. Armée de sa voiture et de la voix de Nina Simone, elle va tout faire pour reconquérir sa vie.

Pour son passage à la fiction, le documentariste Cyril Mennegun brosse le portrait d’une femme au bord du précipice. Un drame social d’une grande intensité.

La misère en France a beaucoup de visages. Derrière les statistiques invariablement déprimantes, mois après mois, se cachent des histoires individuelles d’hommes et de femmes que la précarité matérielle et affective achève à petit feu. [...] Regarder le désarroi et la honte des démunis en face, peu de réalisateurs ont osé le faire jusqu’à présent, par peur de tomber dans le misérabilisme sans doute, ou pire encore, à cause de cette certitude commercialement tordue qui veut que pareille histoire grave n’attire jamais les foules.Evoquer le sort d’une femme seule et au fond du trou, mais pas encore totalement désespérée, était donc un pari plutôt osé pour un premier film, que le réalisateur Cyril Mennegun relève haut la main. Louise Wimmer se débat avec la force de caractère qui lui est restée, après une vie d’adulte que l’on suppose mouvementée, pour garder ce petit peu de dignité, qui lui permettra de rebondir in extremis, quand son avenir se profilera sous de meilleurs auspices. Elle n’est pas alcoolique et elle ne fait pas la pute, mais son quotidien terne, rythmé par des nuits passées dans sa voiture sur des parkings mal famés, des matinées au travail qui ne lui offre aucune perspective, et l’après-midi chez l’assistante sociale ou au bar du coin où elle a su préserver un minimum d’ancrage social, cette vie en marge d’une société dont elle n’attend plus rien constitue l’avant-garde de la déchéance la plus crue.Pour l’instant, cette femme marquée au fer rouge de l’exclusion avance la tête baissée, volant un repas par ci et un peu d’essence par là, veillant à sa propreté corporelle en prenant des douches à la sauvette. Ce n’est nullement une sainte qui se morfondrait dans l’abnégation, ni une pauvre malheureuse qui ne comprendrait pas ce qui lui est arrivé pour tomber aussi bas. Tel qu’elle est jouée par Corinne Masiero, c’est-à-dire avec vigueur et sensibilité, avec hargne et résignation, Louise sait très bien pourquoi elle en est là où elle se trouve à l’instant présent. Elle ne s’en plaint pas, mais elle est constamment à deux doigts de craquer sous la pression d’une vie sans aisance et sans joie. Un détail comme le bon fonctionnement de son vieux break risque ainsi de faire s’écrouler le château de cartes de son existence en sursis et calculée au centime d’euro près, à l’instar de la perte du logement et de la pause estivale qui ont été fatales au protagoniste de L’Homme qui marche de Aurélia Georges, qui peut être considéré en quelque sorte comme le pendant masculin de cette Louise Wimmer étonnamment et agréablement pudique, tout au moins d’un point de vue moral. Tootpadu - http://mulderville.net ici

Autres critiques : Domenico La Porta – cineuropa ici | Benoît Thevenin - www.laterna-magica.fr ici | Stéphane Simon - www.palmaresmagazine.com ici | Virginie Apiou – Arte.tv ici

Page 6: 2011 | Communiqué N°11

Soutiens AFCAE Jeune public

Le Miroir de Jafar PanahiIran • 1997 • 1H34 • avec Mina Mohammad Khani, Kazem Moidehi • à partir de 9 /10 ansTamasa • 21 décembre • 2 copies 35mm + DCPInédit en France | Festival de Locarno 1997 : Léopard d’Or

Plus d'infos sur le site du distributeur ici | site du film ici | entretien avec le réalisateur iciDocuments d'accompagnement à commander auprès de Tamasa au 01 43 59 01 01

Alors que sa mère n'est pas venue la chercher à l'école, Mina, une petite fille, décide de faire seule le chemin du retour sans pourtant connaître l'adresse de chez elle.

Quand la réalité rattrape la fiction, cela donne Le Miroir : une oeuvre vertigineuse qui, tout en adoptant un parti-pris esthétique radical, sait jeter un regard tendre et lucide sur les contradictions de l’enfance.

Peu d’oeuvres suscitent un étonnement comparable à celui du Miroir. D’emblée, le style documentaire de Panahi crée avec l’héroïne du film une proximité fascinante et trompeuse. En quelques plans, nous voici aux côtés de Mina, cette jeune écolière qui attend sa mère à la sortie de l’école. La scène pourrait s’appeler "sortie d’école" ; tout y est : les cris des enfants, les institutrices bavardant avec les parents, les bribes de conversations arrachées au hasard. Qu’importent les imperfections techniques, qui ne font qu’ajouter au charme et au réalisme de l’ensemble. L’intérêt sera ailleurs, dans l’art de transformer en destin ce qui, de prime abord, relevait d’une situation quotidienne. Ce destin, c’est justement celui d’une jeune fille perdue dans la ville ; perdue mais responsable, destinée à braver tous les dangers. Le réalisme social se mêle ainsi à la trame du conte pour nous livrer, du point de vue de la fillette, un portrait de l’Iran des années 90. Un portrait touchant par sa retenue et sa volonté de dépasser les clichés réducteurs auxquels nous ont habitué certains médias pour interroger des clivages plus profonds, ou disons : plus universels. Non que l’exclusion des femmes et les inégalités sociales n’intéressent pas le cinéaste qui livre ça et là des anecdotes émouvantes (...). Mais Le Miroir va bien au-delà d’une simple dénonciation politique. Il interroge la matière-même du regard. Mina, en jouant son propre rôle puis en s’y refusant, effectue un trajet initiatique inversé par rapport à celui d’une "Alice au pays des Merveilles" : au lieu de s’affranchir du monde de l’enfance, elle refuse de le quitter. Acte radical. La fermeté de son regard est sans équivoque, d’un bout à l’autre : je resterai une enfant. Nous l’imaginions "de notre côté", nous pensions que son regard, celui du cinéaste et le nôtre étaient identiques ; mais voilà qu’au beau milieu de la fiction, cette unité vole en éclats. Une rupture s’inaugure. Mina fixe la caméra, se refuse à jouer. "Ne regarde pas la caméra", demande Jafar. "Je ne veux plus jouer dans le film", réplique-t-elle. "Eteignez la caméra". Le Miroir est brisé et la vérité paraît alors au grand jour : il ne fait plus aucun doute que Mina est une enfant. Une enfant comme les autres. Le film pourrait se clore ainsi, par une interdiction. Mais c’est précisément ce à quoi Jafar et son équipe se refusent. Contre mauvaise fortune, ils nous livrent alors l’histoire de Mina qui se refuse à jouer dans le film. L’histoire d’un résistant, Jafar Panahi, qui redouble d’astuces et de bricolages pour que son Miroir tienne debout. L’histoire d’un créateur prêt à abolir la fiction, à délaisser toute forme d’artifice pour réaliser l’acte qui est peut-être, en lui-même, le moins réaliste du monde : filmer le réel, de manière brute. Brutale, pourrait-on dire. Mais c’est "filmer" qui importe, comme une urgence, plus encore que l’objet du film. La portée du geste en devient politique, au point que le bris du miroir donne lieu à un éloge de la fiction, d’une fiction à retrouver, d’une fiction indissociable de la liberté créatrice. […] Jean-Patrick Géraud – www.avoir-alire.com ici

Autres critiques : Liane Masson - http://toutelaculture.com ici | Olivier Père ici

Zarafa de Rémi Bezançon et Jean-Christophe LieFrance • 2010 • 1H18 • dès 6 ans • Pathé Distribution • 8 février 2012 • 35mm et DCP

Plus d'infos sur le site du distributeur ici | Site officiel icicritique sur www.place-to-be.fr ici

Document d'accompagnement à commander auprès de Pathé au 01 71 72 30 00

Sous un baobab, un vieil homme raconte aux enfants qui l’entourent, une histoire : celle de l’amitié indéfectible entre Maki, un enfant de 10 ans, et Zarafa, une girafe orpheline, cadeau du Pacha d’Égypte au Roi de France Charles X. Hassan, prince du désert, est chargé par le Pacha de conduire Zarafa jusqu’en France. Mais Maki, bien décidé à tout faire pour contrarier cette mission et ramener la girafe sur sa terre natale, va les suivre au péril de sa vie. Au cours de ce long périple qui les mènera du Soudan à Paris, en passant par Alexandrie, Marseille et les Alpes enneigées, ils vont vivre mille péripéties et croiser la route de l’aéronaute Malaterre, des étranges vaches Mounh et Sounh et de la pirate Bouboulina…

Le Jardinier qui voulait être roiprogramme de moyens métrages d'animation (2D ou 3D)République Tchèque • 2010 • 1H01 • A partir de 6 ansCinéma Public Films • 15 février 2012 • sur 50 copies 35mm et DCP

Plus d'infos sur le site du distributeur ici | Site du film ici | Edition d'un document Ma p'tite cinémathèque

Ce programme d’animation de marionnettes propose de découvrir un univers inspiré de l’auteur Jan Werich (fondateur du théâtre tchèque d’avant-garde), dont l’axe principal est la vie de château et les intrigues qui l’accompagnent.

l’Histoire du chapeau à plume de geai de Kristina Dufková Le vieux roi avait trois fils, auxquels il confia la mission de ramener un petit chapeau qu’il oublia des années auparavant dans une auberge des Terres Lointaines. Celui qui lui ramènera le chapeau sera couronné roi. Le premier, Alphonsafond fila aussitôt à bord de son bolide de course. Le second, Thomassif, coupa à travers champs sur sa bulldopelleteuse. Enfin, Jean, le troisième fils, dépensa toutes ses économies dans une petite mobylette pour atteindre les Terres Lointaines. Lequel arrivera le premier et sera donc couronné roi ?

la Raison & la chance de David SúkupMr Raison et le jeune Chance se croisent sur un pont. Ne voulant pas se céder le passage l’un à l’autre, ils se disputent. Mais quand finalement Mr Raison cède le passage, il revendique que sans raison nul ne peut vivre, ce qui ne laisse pas Chance indifférent et ceux-ci se lancent un défi : Mr Raison va entrer dans la tête d’un pauvre éleveur de cochon et nous allons voir jusqu’où peut-on aller sans un peu de chance…