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Dans ce numéro • Entre vous et moi. Dans le bœuf…par choix ! • R et D : Protéine et performances zootechniques. Une recherche toute récente qui démontre encore une fois une différence entre les apports minimaux et les apports optimaux. • Diminuer le coût d’alimentation avec les ionophores. Des additifs aux avantages indéniables. • Rencontre avec Y. D., producteurs vache-veau. Ces deux fermes vivent plusieurs ressemblances malgré les 300 km qui les séparent. • Semi-finition : universelle ou sélective? Retour sur quelques principes. • Mise en marché des bouvillons. Le Focus Opti Bœuf a posé des questions à Michel Daigle, président du Comité de mise en marché des bouvillons de la FPBQ. • Engraissement : Réalités de l’automne 2013. Le prix élevé des veaux mérite des attentions particulières. 2013 Automne

2013 Automne 2013 Hiver - Optiboeuf2013, a tenté de clarifier. Durant cette recherche, effectuée en deux phases entre le début du mois de novembre et le mois de juillet, les cher-cheurs

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Page 1: 2013 Automne 2013 Hiver - Optiboeuf2013, a tenté de clarifier. Durant cette recherche, effectuée en deux phases entre le début du mois de novembre et le mois de juillet, les cher-cheurs

Danscenuméro• Entrevousetmoi.

Dans le bœuf…par choix !

• RetD:Protéineetperformanceszootechniques. Une recherche toute récente qui démontre encore une fois une différence entre les apports minimaux et les apports optimaux.

• Diminuerlecoûtd’alimentationaveclesionophores. Des additifs aux avantages indéniables.

• RencontreavecY.D.,producteursvache-veau. Ces deux fermes vivent plusieurs ressemblances malgré les 300 km qui les séparent.

• Semi-finition:universelleousélective? Retour sur quelques principes.

• Miseenmarchédesbouvillons. Le Focus Opti Bœuf a posé des questions à Michel Daigle, président du Comité de mise en marché des bouvillons de la FPBQ.

• Engraissement:Réalitésdel’automne2013. Le prix élevé des veaux mérite des attentions particulières.

2013Automne2013Hiver

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Dernièrement, j’entendais un conférencier nous expliquer qu’une majorité de la popula-

tion se préoccupe souvent davantage du passé et du futur que du présent. Même si, en fait, on ne peut plus rien aux évènements passés (sauf peut-être d’apprendre de nos erreurs). Et que le futur dépend totalement des actions que nous accomplissons présente-ment. Mais au fait, pourquoi vous parler de ce phénomène? Laissez-moi vous expliquer un peu.

Vous avez compris depuis longtemps que la production bovine est organisée en chaîne de valeur… dont le mouve-ment est très irrégulier. C’est ce qui crée le fameux cycle du « bœuf » dont la révo-lution complète prend de 10 à 12 ans.

Tableau1:Évolutionrécentedesinventairescanadiensetquébécois

Canada Québec

1er janvier 2013 1er juillet 2013 1er janvier 2013 1er juillet 2013

Vaches de boucherie 3 925 000 3 939 000 178 900 176 900

Taures pour la reproduction 582 000 673 000 52 400 65 000

Taures destinées à l’engraissement 992 000 1 225 000 38 200 46 400

Bouvillons 1 281 000 1 669 000 72 300 82 700

Source : Statistiques Canada

Actuellement, au Canada et au Québec, tout indique que s’achève la première année de la phase « reconstruction du cheptel reproducteur » : le nombre de veaux disponible pour l’engraissement a augmenté un peu, malgré une plus grande rétention du nombre de jeunes femelles pour la reproduction. Aux États-Unis, certains signes laissent présager que s’amorce leur première année de reconstruction des troupeaux.

Quant à elle, en ce moment, la filière bovine québécoise vit, sans en être totalement consciente, une réalité qui pourrait fortement influencer son fu-tur : la baisse drastique du nombre de bouvillons produits. Combiné aux réa-lités du COOL, ce phénomène pourrait entraîner le désintéressement d’un

abattoir majeur pour les animaux pro-duits ici. Les conséquences seraient alors énormes.

UndéfiréalisablePour renverser la vapeur, il faut que la production de bouvillons remonte rapidement d’au moins 15 à 25 000 têtes annuellement. La question à se poser est donc : que puis-je faire individuellement, aujourd’hui, pour aider à augmenter le nombre de veaux disponibles pour l’engraissement? Les solutions existent, sont relativement simples, mais demandent de sortir de la zone de confort.

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Entrevousetmoi. Dans le « bœuf »…par choix!

ParBrunoLanglois, agr.,La Coop fédérée

Photo : Jason Morse

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En premier lieu, il faut augmenter sensiblement le taux de gain sous les mères et en semi-finition. De cette manière, probablement que 5 à 10 000 veaux arriveraient plus rapide-ment (2 à 4 mois) sur le marché dans les 6 prochains mois. Trois articles du présent Focus Opti Bœuf s’y consa-crent.

Deuxièmement, il faut augmenter la productivité de chacune des vaches d’au moins 6 %, ce qui signifie dimi-nuer l’intervalle de vêlage (-7 jours) et augmenter les taux de vêlage (+2 %) et de survie des veaux (+2 %). Ce qui, selon moi, est parfaitement possible si on applique une régie intensive de la reproduction (périodes de saillies courtes, tests de gestation, arbre déci-sionnel pour les vaches non gestantes) et une régie impeccable avant et au moment des vêlages (alimentation, surveillance active des deux premiers jours de vie et distribution de colos-trum)… même au pâturage! Oui, c’est un peu plus de travail. Mais on vient de trouver un autre 10 000 veaux, en plus du revenu supplémentaire im-portant pour chacun des producteurs qui ont relevé le défi!

Troisièmement, étant donné que tou-tes les fois qu’une vache adulte est abattue, il faut garder une génisse pour la remplacer, il est clair que,

dans l’état actuel, la filière bovine ne peut se permettre d’éliminer des vaches pour des motifs discu-tables. Par exemple, pour les vaches dont le seul défaut est d’être non gestante, l’utilisation des prostaglan-dines permet un retour en chaleurs et une saillie peu de temps après le test de gestation. Si cette technique facilement utilisable était appliquée plus souvent, un grand nombre de vaches serait probablement épargné chaque année. Et même si certaines de ces vaches ne cadraient peut-être plus avec vos périodes de vêlage, elles pourraient toujours être vendues « déclarée gestante » à d’autres pro-ducteurs. Ouch! Tout un paradigme à changer! Sauf que c’est 3 à 5 000 veaux de plus d’ici 18 mois pour l’industrie bovine. Pour un total de 18 à 25 000 veaux supplémentaires, avec le même nombre de vaches que maintenant.

DesproducteursmotivésEn dernier point, pour celui qui vit dans le moment présent, le bilan est loin d’être négatif cet automne : prix des veaux élevé pour le secteur vache-veau, prix des grains à la baisse, disponibilité des veaux et espérance de profits supérieurs à l’an dernier pour l’opérateur de parc d’engraisse-ment.

Il reste cependant à le dire et le trans-mettre d’une façon positive à une relève potentielle. Car elle existe bel et bien cette relève; elle n’attend qu’un peu d’encouragement pour embarquer. N’oubliez pas : présentement, peu importe que ce soit pour en tirer son revenu principal, un revenu d’appoint ou même à titre de passe-temps, la relève est primordiale pour le futur de la filière.

Alors, la prochaine fois que quelqu’un vous demandera « Pourquoi tu t’es lancé dans le bœuf? », n’oubliez pas de répondre « Tout simplement, par choix! »

Bonne lecture.

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Les chercheurs n’ont pas observé (ta-bleau 2) de différence statistique pour la consommation (CVMS). Ils ont cepen-dant obtenu une différence significative pour le poids final et le gain (+20 lb) pour les rations avec supplément comparati-

vement aux rations à basse protéine ou à haute teneur en urée, ce qui entraîne une augmentation significative du GMQ de l’ordre de 0,2 lb/j pour les rations avec supplément. Il y a aussi eu une différen-ce significative pour la conversion ali-

Tableau1:Compositionetapportsdenutrimentsdesrationsdesemi-finition

Composition de la rationBase

(55 % ensilage d’orge + 45 % orge roulée)

Ration 2 (base + urée)

Ration 3 (base + urée

+ supplément no 1)

Ration 4 (base + urée

+ supplément no 2)

Consommation de matière sèche (kg/j) 6,34 6,29 6,64 6,32

Protéine brute (%) 12,0 14,6 14,1 14,2

Protéine non dégradable (g/j) 373 418 438 446

Énergie nette de gain (Mcal/kg) 1,00 0,99 0,98 1,00

mentaire de tout près de 8 %. Autrement dit, les rations dont l’apport en PND était plus élevé ont permis de faire le même gain avec moins d’aliments.

4

ParKarinePhaneuf,agr.,etBrunoLanglois,agr., La Coop fédérée

RetD Protéine et performances zootechniques

L’offre de service La Coop en production bovine s’appuie sur la recherche scientifique.

Ceci signifie dénicher, lire et analy-ser ce qui se publie annuellement, tout autant en provenance de la recherche publique que des réalisations de Coo-perative Research Farms (CRF). Cette nouvelle chronique R et D vous per-mettra de prendre connaissance de résultats de recherches particulière-ment intéressants.

Dans un souci de rentabilité, les ali-ments qui composent les rations de bouvillons sont modifiés assez fréquem-ment, ce qui entraîne aussi des change-ments d’apports en nutriments.

Est-ce que la quantité, la source et la composition de la protéine d’une ration ont un impact sur les performances ani-males? Est-ce que toutes les formes de supplémentation ont une valeur égale? C’est ce qu’un projet de recherche, réa-lisé par Agriculture Canada et publié en 2013, a tenté de clarifier.

Durant cette recherche, effectuée en deux phases entre le début du mois de novembre et le mois de juillet, les cher-cheurs ont utilisé un total de 312 bou-villons d’un poids moyen de 517 livres en début d’expérience.

Semi-finitionLes bouvillons furent divisés en quatre groupes recevant chacun une ration dif-férente. La teneur de 45 % en concen-trés de la ration de base est comparable à l’alimentation généralement utilisée sur les fermes pour ce stade de crois-sance. Les taux de matières sèches et d’énergies nettes étaient similaires pour toutes les rations. Seules les concentra-tions en protéine brute et protéines non dégradables (PND) ont varié. Tous les bouvillons ont été pesés individuel-lement toutes les trois semaines, à la même heure, pour une période totale de 83 jours.

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Une variation de l’apport en protéine brute et en PND affecte donc les perfor-mances zootechniques en semi-finition lorsque des rations à teneur énergétique modérée sont utilisées.

FinitionPour la suite du projet, les mêmes ani-maux ont été utilisés. Le test a débuté à un poids moyen de 799 livres. La procé-dure est demeurée la même, soit quatre groupes d’animaux auxquels sont ser-vies des rations respectives. Celles-ci

• Aucunetendanceoudifférencesignificative entre les traitements pour la consommation, la conversion alimentaire, le rendement et le classement.

• PourlegaintotaletleGMQ,ilya une tendance à l’amélioration pour les rations à haute teneur en protéine brute et PND. Cependant, il n’y a pas de différence statisti-quement significative.

Tableau2:Effetdelarationsurlesperformanceszootechniquesensemi-finition

Base (55 % ensilage d’orge

+ 45 % grain orge)

Ration 2 (base + urée)

Ration 3 (base + urée

+ supplément no 1)

Ration 4 (base + urée

+ supplément no 2)

Poids initial (lb) 517 519 517 517

Poids final (lb) 671b 667b 684a 686a

Gain (lb) 154b 148b 167a 169a

CVMS (kg/j) 6,34 6,29 6,64 6,32

GMQ* (lb/j) 1,85b 1,76b 2,02a 2,00a

CA** 7,5bc 7,7c 7,0ab 6,7a

(lb M.S./lb gain) 7,5bc 7,7c 7,0ab 6,7a

*Gain moyen quotidien **Conversion alimentaire Un exposant a-d exprime une différence significative statistiquement

ont été ajustées aux besoins nutrition-nels forts différents pour cette période et sont similaires entre elles, sauf pour la protéine brute et la protéine non dégra-dable (tableau 3). La phase de finition a duré 106 jours au cours de laquelle les animaux ont été pesés individuellement toutes les 3 semaines.

Tableau3:Compositionetapportsnutritionnelsdesrationsdefinition

Composition de la ration Base Ration 2 (base + urée)

Ration 3 (base + urée

+ supplément no 1)

Ration 4 (base + urée

+ supplément no 2)

Consommation de matière sèche (kg/j) 11,2 11,2 11,3 10,9

Protéine brute (%) 12,6 14,4 14,1 14,5

Protéine non dégradable (g/j) 502 514 531 584

Énergie nette de gain (Mcal/kg) 1,30 1,29 1,29 1,30

L’analyse des résultats (tableau 4) est la suivante :

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RetD Protéine et performances zootechniques

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Cequ’onencomprendIl est logique que les besoins en protéi-ne des bovins soient plus élevés durant leur croissance; en fait, ils passent d’une concentration de 25 % à la naissance à environ 11 % lorsqu’ils sont adultes et « à l’entretien ». Ceci est attribuable au gain maigre plus important durant cette phase. Cependant, le niveau d’énergie utilisé en semi-finition ne permet pas de bien transformer toutes les sources de protéine brute. C’est pourquoi on observe une amélioration du GMQ et de la CA avec les rations à teneur plus élevée en protéine non dégradable en période de semi-finition.

Toutefois, en finition, le même phé-nomène ne semble pas se reproduire. Possiblement, à cause de trois raisons principales. D’abord, le niveau plus élevé d’énergie disponible au rumen permet théoriquement de mieux utili-ser la protéine brute supplémentaire,

d’où la tendance observée pour le gain. Ensuite, on peut se douter qu’avec une aussi grande quantité d’orge (91 %), le pH ruminal n’est pas optimal et qu’une partie de la protéine fournie est perdue. Finalement, la composition du gain change : la déposition de protéine cède tranquillement sa place au profit d’une déposition en gras.

Rejetd’azoteLes chercheurs ont aussi mesuré les rejets d’azote dans l’environnement (graphique 1) selon la ration servie. L’analyse des résultats permet d’en tirer des conclu-sions intéressantes, voire fascinantes comme aurait dit M. Spock.

• Lerejetd’azoteestliéàl’apporten protéine brute, mais aussi à l’apport en PND. La pente du gra-phique est cependant très faible.

• Lavaleurminimalederejetsobservée dans les rations à basse protéine correspond à plus de 75 % des rejets du pire résultat à haut niveau de protéine; il existe probablement un seuil minimal de rejets relativement élevé.

• Lesrejetsd’azoteonttendanceàdiminuer pendant la phase finition pour une même concentration de protéine.

EnconclusionCette recherche fournit un éclairage différent pour le calcul des rations d’engraissement. Elle explique certai-nes contreperformances observées sur les fermes lorsque l’équilibre des rations s’arrête aux stricts besoins en protéine brute et défie les valeurs de protéine métabolisable recommandées par le NRC. Elle démontre surtout qu’un pro-gramme alimentaire, qui considère les besoins des animaux en fonction de leur génétique, de leur environnement et de la composition de la ration elle-même, est essentiel lors de tout changement d’ingrédients (ensilage, grains, sous- produits, etc.) et permet des performan-ces technico-économiques supérieures.

En fait, lorsque vous demandez à votre expert-conseil La Coop de vous remet-tre des recommandations alimentaires personnalisées à partir de vos analyses de fourrages, il utilise le logiciel SynchroWin qui tient compte de ce concept de PND depuis des années, tout comme les pro-duits DéroBoeuf et Opti Boeuf PSP PC.

Bons calculs!

Tableau4:Effetdelarationsurlesperformanceszootechniquesenfinition

Base (9 % ensilage d’orge + 91 % grain orge)

Ration 2 (base + urée)

Ration 3 (base + urée

+ supplément no 1)

Ration 4 (base + urée

+ supplément no 2)

Poids initial (lb) 796 801 801 796

Poids final (lb) 1177 1199 1197 1188

Gain (lb) 381 398 396 392

CVMS*(kg/j) 11,2 11,2 11,3 10,9

GMQ** (lb/j) 3,63 3,74 3,74 3,70

CA** (lb M.S./lb gain) 6,57 6,45 6,57 6,45

Rendement viande maigre (%) 56,4 56,8 56,7 57,0

AAA (%) 39,2 31,5 34,2 41,0

*Gain moyen quotidien **Conversion alimentaire un exposant a-d exprime une différence significative statistiquement

Prix des veaux 700-800 lb

Québec 2013

Québec 2012

Alberta 2013$/10

0 lb

de

poid

s vi

f

13-08-2

4

X

13-08-3

1

13-09-0

7

13-09-1

4

13-09-2

1

13-09-2

8

13-10-0

5

180

170

160

150

140

130

120

X XXXXX

Rejets d’azote (g/lb de gain)

Semi-finition Finition

54 53

7161 63 60 58 63

12,6 % 14,4 % 14,1 % 14,5 %

Prix des bouvillons d’abattage (A1-A2) au Québec

240 $

Janv

.

Fév.

Juin

Mar

s

Avr

il

Mai

Déc

.

Juil.

Aoû

t

Sept

.

Oct

.

Nov

.

$/100 lb carcasse

230 $220 $

210 $200 $

190 $180 $170 $

160 $150 $

140 $

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L’L’automne est arrivé et pour plu-sieurs le retrait des animaux du pâturage a déjà commencé. Cette

période de l’année correspond aussi au sevrage et à la semi-finition d’une majo-rité de veaux. Bien entendu, plusieurs stratégies peuvent être adoptées pour alimenter les veaux en post-sevrage, mais la plupart opteront pour une ration com-posée d’un bon fourrage, de concentrés et de minéral.

Un programme alimentaire bien équili-bré et formulé en fonction du gain visé permettra donc d’optimiser le revenu par kilo de veau vendu. Mais que diriez-vous si je vous disais qu’il est possible de faire ce même gain visé avec moins d’aliments ? Et ainsi, logiquement, d’en diminuer le coût. Vous me répondriez sans doute : « Intéressant, mais à quel prix ? ». Eh bien, à un prix économiquement justifiable …, on pourrait même alléguer : « Avec un retour sur investissement pouvant at-teindre 200 %! ».

Çanechangepaslemonde,saufque…

Sans être un produit miracle, les ionopho-res permettent d’économiser jusqu’à 8 % en coût d’alimentation tout en faisant le même gain! En effet, ces molécules agis-sent directement sur la flore bactérienne du rumen permettant ainsi à l’animal d’utiliser plus efficacement les aliments qu’il ingère. On dira donc que les ionopho-res ont comme rôle principal d’améliorer l’efficacité alimentaire. En plus, les iono-phores sont des coccidiocides, c’est-à-dire qu’ils éliminent les coccidies à certains stades de développement, diminuant ainsi les risques de diarrhée causée par la coccidiose.

Les ionophores permettent aussi de diminuer les risques de ballonnement, un problème bien réel en semi-finition. Finalement, ils ont un effet positif sur l’environnement puisqu’ils contribuent à réduire les rejets de méthane par l’animal.

Moded’actionPeut-être avez-vous déjà entendu parler de Rumensin® ou encore de Bovatec®. En fait, ce sont les noms commerciaux pour désigner deux des trois ionophores homologués pour la production bovine au Canada. Le troisième est le Posistac®.

Pour en donner une définition simple, un ionophore est une molécule hydrophobe produite par un microorganisme et caté-gorisée comme antibiotique non théra-peutique. Lorsqu’ingéré par un ruminant, l’ionophore va s’attaquer à certains types de bactéries présentes dans le rumen et modifier le profil bactérien ruminal. Ces modifications à propos de la population de microorganismes dans le rumen don-nent l’avantage aux bactéries capables de produire de l’acide propionique. Ainsi, puisque ce dernier est l’acide gras volatil (AGV) le plus énergétique, l’augmenta-tion de sa production dans le rumen per-mettra d’augmenter l’énergie disponible pour le métabolisme de l’animal.

Étant donné cette hausse de la quantité de glucose dans le sang, on pourrait pen-ser qu’il y aura augmentation du gain de façon proportionnelle. Cependant, ce n’est pas toujours ce qui se passe puisque ce surplus de glucose peut permettre à l’animal d’atteindre son niveau de satié-té plus rapidement. Le résultat pourrait être une diminution de la quantité d’ali-ments consommés… tout en maintenant

le même gain journalier! C’est pour cette raison qu’on parle d’une amélioration potentielle de l’efficacité alimentaire se chiffrant entre 8 et 10 %. C’est aussi cette particularité qui aide à éviter le ballonne-ment des animaux.

Moded’emploi

L’utilisation du Rumensin® ou du Bova-tec® ne nécessite pas nécessairement la manipulation d’un ingrédient supplémen-taire. Il faut cependant s’assurer du bon dosage. Ainsi, l’idéal est de l’introduire lors de la mise en comprimés (cubage) de la DéroBoeuf ou du PSP PC. L’autre solution est l’utilisation d’un minéral contenant l’ionophore et servi en quan-tité contrôlée. Cependant, puisque les ionophores sont des médicaments, il est nécessaire d’avoir une ordonnance vétéri-naire pour la fabrication du produit.

Économiquementrentable?

L’utilisation d’ionophores dans une ration de semi-finition est économiquement rentable et justifiable; elle permet d’aller chercher un profit net qu’il serait impos-sible d’avoir sans son utilisation.

Considérons une ration de semi-finition composée de maïs, de supplément Opti Boeuf PSP PC et d’un ensilage d’herbe de 2e coupe. Dans cet exemple, l’utilisation des ionophores permet d’économiser 8 % en coûts d’alimentation et le médicament a été introduit dans le supplément Opti Bœuf PSP PC.

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Démystifier les ionophores

ParJessicaGuay-Jolicoeur,agr.,La Coop fédérée

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Tableau1:Profitabilitédel’utilisationd’ionophoresdansl’alimentationdeveauxde700lb

Coût d’alimentation (sans ionophores) $/jour/veau 1,77

Coût d’alimentation (avec ionophores) $/jour/veau 1,63

Coût des ionophores $/jour/veau 0,03

Profit net $/jour/veau 0,11*

* Calcul 1,77 – 1,63 – 0,03 Source : SynchroWin

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Donc, pour une ferme de 60 vaches et une période de 100 jours en semi-finition, c’est un profit de 550 $ qu’il est possible d’envisager. Tout ça, sans compter l’effet préventif contre la coccidiose et le bal-lonnement qui entraînent à eux seuls des pertes totalisant plus de 1 000 $ par année dans des troupeaux de cette taille. Concrètement, ce retour sur investisse-ment correspond à un minimum d’un demi-veau gratuit ou encore une réduc-tion du taux de mortalité de 1 %... C’est vachement intéressant!

Ainsi, dans une production où la marge par tête peut parfois être très mince, l’uti-lisation d’ionophores est sans contredit un moyen efficace d’augmenter la ren-tabilité d’une entreprise vache-veau. Non seulement leur utilisation a un avantage économique, mais ils permettent aussi d’intervenir positivement sur la santé animale et l’environnement.

Prenez le temps d’en discuter avec votre expert-conseil La Coop.

BovinsetgazàeffetdeserreLa production de gaz à effet de serre et leurs impacts sur l’environnement sont un sujet préoccupant depuis déjà plusieurs années. De nombreux pollueurs ont été identifiés et plusieurs méthodes ont été mises de l’avant pour diminuer la production globale de ces gaz.

En agriculture, les bovins font partie de ce groupe, étant donné leur impor-tante production de méthane. Heureusement, il existe différents moyens pour réduire ces rejets de méthane :

• Une ration contenant des concentrés énergétiques permet de diminuer la production de méthane dans le rumen et donc son rejet dans l’environnement.

• L’ajout d’ionophores dans l’alimentation des bovins (via le minéral ou la moulée) est un autre moyen efficace de réduire la production de méthane par l’animal. Les ionophores peuvent diminuer tout près du tiers de la production ruminale de méthane.

Ainsi, en utilisant ces deux stratégies alimentaires, non seulement la quantité de méthane produite sera réduite, mais l’efficacité alimentaire sera améliorée.

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RencontreavecY.D., producteur vache-veau

ParBrunoLanglois,agr.,La Coop fédérée

Bien qu’une distance d’envi-ron 300 km les sépare, Yvan Dubreuil et Yves Danis ont fait le

choix de vivre de la production bovine dans des régions à vocation plus fores-tière qu’agricole. Malgré ce fait, leurs entreprises ont évolué au fil des ans, et aucun des deux ne regrette son choix. Pour en savoir davantage sur leurs mo-tivations et leur quotidien, le Focus Opti Boeuf a rencontré ces deux éleveurs vache-veau, situés de part et d’autre de la Réserve faunique de La Vérandrye.

Focus Opti Boeuf : Quelles ont été les motivations initiales ayant mené à votre carrière de producteur vaches-veaux?

Yvan : « Tout simplement la passion de l’agriculture. Dans ma jeunesse, je tra-vaillais sur des fermes pas loin de chez moi. Quand je suis sorti de l’école, j’ai fait comme plusieurs et je suis allé tra-vailler au moulin à scie et en forêt. Mais je me disais que je ne finirais pas mes jours à cet endroit. Dès que j’ai pu, je me suis lancé.»

Yves : « Jeune, j’aimais l’agriculture. J’ai commencé ma vie comme boucher. Puis, j’ai eu l’opportunité de reprendre la terre de mes parents. »

Focus Opti Boeuf : Quel a été le chemi-nement de l’entreprise depuis son acqui-sition?

Yvan : « J’ai acheté la terre que mon père n’exploitait plus depuis au-delà de 10 ans. En 1979, ce fut l’achat des

premiers animaux, suivi en 1983 de la construction de la première étable de 30 X 40. Je me rappelle avoir emprunté à 22 % d’intérêt. En 1988, je travaillais encore à l’extérieur de la ferme; le trou-peau comptait environ 25 vaches et payait toutes ses dépenses. J’ai alors agrandi l’étable de 100 pieds. En 1989, 1993 et 2000, il y a eu achat de terres. En 2000, le troupeau était rendu à environ 80 vaches; cette année-là, j’ai construit l’étable à stabulation libre de 45 X 110. Puis, en 2001 et 2004, il y a eu acquisi-tion de taures Angus de l’Alberta et du Manitoba. »

Yves : « Comme Yvan, la terre n’était plus cultivée. Il a fallu que je reparte de zéro. Ça voulait dire de s’équiper en machi-nerie et de remettre le tout en culture. Tranquillement, au milieu des années 80, j’étais rendu à environ 40 vaches. Puis, j’ai construit une première étable en 1992. Et une deuxième en 2002. Le troupeau n’a pas cessé d’augmenter, soit par achat au début et ensuite par l’éle-vage de mes taures. En 2013, j’aurai eu environ 270 vêlages; donc, tout près de 220 veaux à vendre en 2014. »

Focus Opti Boeuf : Si on parlait un peu de votre situation géographique et des contraintes qui y sont liées.

Yves : « Dans un rayon de 10 km, nous ne sommes que 9 producteurs agricoles, dont 4 en production bovine. Pour les services, le vétérinaire est à Shawville (150 km); le concessionnaire de machi-nerie et La Coop sont à Mont-Laurier

(55 km). Pour le quotidienn, on se réfère à Maniwaki (25 km) ou Mont-Laurier. Il faut que je dise aussi que Mont-Cerf est une petite localité; nous ne sommes pas sur le « grand chemin » comme on dit. Nous sommes donc privés de cer-tains services. Par exemple, Purolator ou Dicom ne passent pas dans le rang. Il faut se faire livrer les choses à Grand-Remous. »

Yvan : « Même si la ferme est sur une grande route, nous sommes quand même isolés. Il ne reste que 5 produc-teurs agricoles à Senneterre et Belcourt. Le vétérinaire le plus proche est à Amos (85 km), tout comme le concessionnaire de machinerie, le Centre financier agri-cole Desjardins et La Coop. Heureuse-ment, nous sommes à moins de 2 kilo-mètres de Senneterre où on retrouve les services usuels d’une petite ville : épi-cerie, caisse Desjardins, quincaillerie et même un vendeur de pièces automo-

Yvanetl’undesesabreuvoirsmobiles

Photo : Normand Lemieux

Senneterre

Mont-Cerf

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biles. Ça nous permet de nous en sortir assez facilement pour les besoins quoti-diens. Pour les pièces de machinerie, les services de courrier rapide sont disponi-bles; donc, pas vraiment de problèmes de ce côté. »

Focus Opti Boeuf : Compte tenu de ces contraintes, quels sont vos trucs pour éviter les pertes de temps?

Yvan : « C’est certain qu’on doit avoir de l’inventaire; faut le surveiller régulière-ment et commander quelques fois en double. Par exemple, si un roulement à billes brise sur une machine, j’en com-mande au moins deux. Aussi, au fil des ans, je me suis outillé pour être capable de réparer moi-même rapidement dans la majorité des cas. »

Yves : « À titre préventif, on commande d’avance nos fournitures habituelles. On regroupe aussi nos « commissions ». Ici, on a des spots où le cellulaire rentre, mais pas partout; donc, on ne peut pas vraiment se fier à lui. Ça prend donc de la planification dans les débuts et fins de journée pour éviter de se chercher. On a aussi découvert avec le temps que de courir d’une job à l’autre ne nous aidait pas. J’aime mieux commencer et finir une activité, avant de passer à la suivante. On a moins de perte de temps comme ça. »

Focus Opti Boeuf : Comment évaluez-vous l’apport des nouvelles technologies de l’information et des communications pour votre entreprise?

Yves : « Nous avons bien internet, mais la qualité et le coût des services offerts ne se comparent pas à ce qu’on retrouve ailleurs. Donc, d’une certaine manière, notre isolement s’agrandit. Quand un service ou une information ne devient disponible que par Internet, on recule, c’est sûr! »

Yvan : « Ici, pas de problème pour la qualité des services. On peut donc se fier au cellulaire depuis des années, ce qui nous a beaucoup rapproché des services. Pour les autres technologies, c’est surtout mon fils Alexandre qui commence à les intégrer au quotidien

de l’entreprise. Et là, ça va probablement nous rapprocher encore. C’est l’adapta-tion qui n’est pas toujours évidente, tout comme la rapidité de l’apparition de ces nouvelles technologies.»

Focus Opti Boeuf : Parlez-nous un peu de la valeur du fond de terre dans vos régions respectives.

Yves : « Les terres sont assez lourdes, bien que quelques-unes soient sablon-neuses. On a peu de pente naturelle et la route la coupe souvent. Comme les fossés ne sont pas creux, beaucoup de terres sont difficiles à égoutter. Le prix des terres n’est pas élevé. Ça nous aide pour les achats ou les locations, mais un peu moins quand on parle de garanties financières. Par contre, souvent, une partie est en culture et l’autre est en boisé; quand on veut acheter, on se retrouve en compétition avec des pro-ducteurs forestiers, en plus de parfois doubler la superficie à acheter, pour finalement n’en exploiter que la moi-tié. C’est ce qui explique la proportion élevée de location qui va probablement toujours demeurer à ces niveaux. »

Yvan : « Chez nous, on a le bonheur de ne pas avoir de roches! La terre est argi-leuse, mais le drainage souterrain fonc-tionne bien*. Ce qui constitue selon moi un excellent investissement. En qualité, nos terres se comparent à la moyenne de la région. Bien que le prix ait doublé en moins de dix ans, il est encore rai-sonnable, comparativement à d’autres régions.

* : NDLR : drainage souterrain de 36 hectares

Focus Opti Boeuf : Dans votre entreprise, y a-t-il une relève potentielle?

Yvan :: « Oui. J’ai maintenant 54 ans. La retraite n’est pas pour demain. Parmi nos trois enfants, Alexandre a suivi une formation agricole à Ville-Marie et est détenteur d’un DEP en agriculture. Présentement, tout comme je l’ai fait, il travaille au moulin, mais est très inté-ressé par la ferme. Nous aimerions bien l’intégrer graduellement à l’entreprise. »

Yves : « Pas vraiment. Nous avons deux filles et un garçon, mais pour l’instant, personne ne s’est encore vraiment poin-té le nez. Je respecte leurs décisions. On ne peut réussir en agriculture que si on en a vraiment le goût. On n’embarque que quand on est prêt à aller plus vite que l’bonhomme. Faudrait jamais que ça soit le contraire. Peut-être qu’un jour viendra…»

Focus Opti Boeuf : Vous vous rapprochez tranquillement de la retraite. Avez-vous encore des projets d’investissement?

Yves : « Bien sûr! L’achat de nouveaux équipements pour les foins figure sur la liste. J’ai aussi la construction d’un nouvel abri à veaux sur l’un des sites d’hivernement. Bien que les vêlages aient lieu à l’intérieur, les veaux nés en automne passent quand même tout l’hiver à l’extérieur avec leur mère. Ça leur prend des abris.

Mais mon plus gros projet, c’est la construction d’un entrepôt pour le foin sec. Les méthodes existent pour faire de gros volumes de foin sec de qualité. D’un côté, l’économie de plastique ferait une partie des paiements du bâtiment, de même que la réduction des pertes en fourrages. De l’autre, je sauverais beau-coup de temps lors de l’alimentation. Puis, il y a l’aspect environnemental qui me chatouille; 300 vaches, c’est beau-coup de plastique, année après année. »

Yves : «Pour ma part, je veux augmenter mes superficies en pâturage, de manière à diminuer le temps et le coût de l’ali-mentation pendant l’été. Ensuite, je pourrais penser à un peu d’expansion pour le troupeau. C’est ce qu’on va essayer de faire dans les prochaines années. »

Focus Opti Boeuf : Merci, Yves et Yvan, pour votre précieuse collaboration. Vos réponses et l’enthousiasme manifesté lors de cette brève entrevue démontrent bien votre passion pour la production bovine. En vous souhaitant encore de nombreuses belles années « dans le bœuf ».

Photo : Hugo Léonard

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• Ventes annuelles : 90 veaux d’environ 750 lb

• Vaches et taureaux Angus

• Saison de vêlage : Du début de mai à la fin de juillet

• Vaccination et castration effectuée après le sevrage (novembre)

• Durée de la saison de paissance : environ 120 jours

• Unités thermiques disponibles : 1850

• Durée moyenne de la saison de croissance : 166 à 174 j

• Superficies cultivées (50 % en location):

- en fourrages : 450 âcres dont 90 drainés

- en pâturages : 130 âcres

• Cultures : fourrages et environ 30 âcres de céréales

• Régie estivale : pâturages en rotation, abreuvoirs mobiles, pompes et panneaux solaires, minéraux à libre choix.

• Régie hivernale : veaux en stabulation libre froide (2e coupe + grains), vaches taries hivernées à l’extérieur

• Mise en marché des veaux : par l’entremise d’un courtier et vente de taures de reproduction

JudithetYvesdevantlebâtimentérigéen2002

• Ventes annuelles : 200 veaux d’environ 750 lb

• Vaches Angus-Simmental et taureaux Charolais

• Saison de vêlage : Du 1er mai au 15 juin et 1er novembre au 31 décembre

• Durée de la saison de paissance : environ 110 jours

• Unités thermiques disponibles : 2200

• Durée moyenne de la saison de croissance : 191 à 199 j

• Superficies cultivées (55 % en location):

- en fourrages : 1000 âcres

- en pâturages : 200 âcres

• Cultures : fourrages, maïs-ensilage et avoine

• Régie estivale : pâturages en rotation (16 parcelles), 7 abreuvoirs fixes, fermeture volontaire des parcelles de 2 à 3 semaines en août pour avoir suffisamment d’herbe plus tard. Minéraux à libre choix.

• Régie hivernale : veaux en stabulation libre froide (2e coupe + grains), vaches taries hivernées à l’extérieur

• Régie des vêlages : à l’intérieur et vaccination préventive contre la diarrhée et contre les maladies respiratoires en bas âge (Inforce 3).

• Mise en marché des veaux : par les encans de Sawyerville ou d’Ottawa.

Yvanetunepartiedesontroupeau

Photo : Normand Lemieux

Photo : Hugo Léonard

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Tableau1:Comparaisonducoûtdugainparanimalselonlegainmoyenquotidien(GMQ)

Faible Moyen Modérément élevé

GMQ (lb/j) 2 2,4 2,8

Gain total (lb/veau) 200 200 200

Ration concentrés/fourrages (%) 18 43 61

Coût de l’alimentation ($)* 126 123 111

Durée (j) 100 84 71

Frais de garde ($)** 78 66 56

Coût de la semi-finition ($) 204 189 167

* Fourrage à 15,5 % P.B., 0,75 Mcal/kg d’Eng et 120 $/tonne M.S.; concentrés à 305 $/tonne T.Q.S. (un mélange d’orge et PSP PC). **Marge de crédit sur la valeur du veau, soins vétérinaires, équipement et salaire pour l’alimentation, litière et disposition du fumier.

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Semi-finition:universelle ou sélective?

ParJean-PhilippeLeblanc, agr.,La Coop fédérée

La saison des encans spécialisés a vraiment commencé en force. Il reste à savoir si la tendance se

maintiendra tout au long de l’automne et de l’hiver. Encore une fois, ce sont les prix anticipés pour l’abattage combinés aux prix des grains qui auront le plus d’influence sur le prix des veaux.

Comme producteur vache-veau, com-ment puis-je utiliser ces tendances pour améliorer mon sort? Est-ce une question de poids (600 ou 800 lb), de croisement (britannique ou continental), de style (maigre, musclé ou gras)? Ou faut-il sim-plement avoir la chance de tomber sur le bon encan pour obtenir le meilleur prix? Très difficile à dire, mais chose certaine, je peux toujours essayer de faire mieux avec ce que j’ai.

Préparation

Avant de partir en camping, j’ai une des-tination en tête et je m’assure toujours d’avoir l’équipement adéquat pour un séjour agréable! Même principe pour le préconditionnement et la semi-fini-tion. Ce sont des moyens pour assurer une marge de profit supérieure par veau vendu. Non pas une fin en soi.

Si je songe à utiliser la semi-finition comme méthode de commercialisation de mes veaux d’embouche, il serait per-tinent que je connaisse le poids réel au sevrage de chaque animal et celui visé à la fin de la période. Je dois aussi connaî-tre mes analyses de fourrages et me fixer des objectifs d’élevage. Pour les attein-dre, il me faut un programme alimen-

taire et je dois le respecter. Je dois aussi m’interroger sur les caractéristiques des infrastructures disponibles, tout autant pour l’entreposage des aliments que pour le logement et la manipulation des animaux. Et, bien entendu, sur la quantité et la qualité de conservation de mes fourrages.

Objectifsdeperformancesensemi-finition

Dois-je viser un gain moyen quotidien (GMQ) faible, moyen ou modérément élevé ? J’ai utilisé le logiciel SynchroWin pour calculer trois scénarios (sevrage à 550 lb et semi-finition jusqu’à 750 lb).

Photo : Normand Lemieux

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Tableau2:Profitabilitérelativedelasemi-finitionselonletypedeveau

Veau excellent Veau ordinaire

Prix potentiel payé à 550 lb ($/lb vif) 1,97* 1,77

Revenu de marché à 550 lb ($/veau) 1,084 973

ASRA nette ($/veau de 550 lb) 394** 394

Revenu de marché + ASRA nette à 550 lb ($/veau vendu) 1,478 1,367

Coût de la semi-finition*** ($/veau) 189 189

Revenu de marché + ASRA nette à 750 lb pour seuil de rentabilité($/veau vendu) 1,667 1,556

ASRA nette ($/veau de 750 lb) (496)** (496)

Revenu de vente minimal à 750 lb pour seuil de rentabilité de la semi-finition ($/veau) 1,171 1,060

Revenu de vente minimal à 750 lb pour seuil de rentabilité de la semi-finition ($/lb) 1,56 1,41

Revenu de vente minimal à 750 lb pour un profit supplémentaire de 100$/veau ($/lb) 1,69 1,55

*Prix aux encans spécialisés, semaine du 2 septembre 2013 +0,10 $/lb pour un veau excellent,-0,10 $/lb pour un veau ordinaire

** Selon les données de la FADQ, 10 juin 2013

*** Frais de garde et d’alimentation

Note : Le ratio Prix de vente 750 lb/Prix de vente 550 lb se situe aux environs de 92 % lors d’un même encan.

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Première observation. Je dois d’abord avoir d’excellents fourrages pour effec-tuer la semi-finition de mes veaux. Pour un GMQ de 2,4 lb/jour, les concentrés représentent 43 % de la ration, même avec un tel fourrage. Pour un gain su-périeur, on atteint 61 %. Évidemment, ce n’est pas la meilleure option que de vouloir ajouter du poids à des veaux avec des fourrages de mauvaise ou moyenne qualité. Chercher des gains élevés avec ce type de fourrages, ça n’aide pas vrai-ment au développement de la muscula-ture et il peut en résulter un gain gras. À noter que l’utilisation d’implants et/ou d’ionophores peut aider à réduire la période d’élevage.

Deuxième remarque. Au total, on constate que, avec les prix de grains de cette année, plus le gain augmente, et moins le coût d’élevage total est élevé. Le principe est simple. Le coût d’alimen-tation journalier est bien entendu plus haut quand la proportion de concentrés augmente. Cependant, les animaux se-ront vendus pratiquement 30 jours plus vite. Difficile d’être moins coûteux que des animaux qu’on a plus besoin d’ali-menter!

Uneapprocheglobale

N’y a-t-il que le coût de la semi-finition qui influence ma décision pour cette pé-riode d’engraissement? En fait, sans être catégorique, la réponse est non. L’appro-che doit être globale. Je m’explique.

La semi-finition est l’activité par la-quelle je veux ajouter de la valeur à un veau, soit par le poids, le style et sa préparation à l’arrivée au parc d’en-graissement. Par exemple, avec une mise en marché devancée d’un mois, je diminue la gestion du risque, qu’il soit physique (perte d’un animal qui se blesse) ou financier (frais d’intérêts et fluctuations de marché).

Ma curiosité m’a poussé à estimer les probabilités d’un profit ou d’un défi-cit dépendamment du veau auquel s’applique l’équation. Afin de simplifier les calculs, j’ai repris le veau type du tableau 1 avec un GMQ à 2,4 lb/j. Si ce veau de 550 lb est d’excellente qualité aujourd’hui, quelles sont mes chances que son apparence s’améliore avec le temps? Relativement faibles, n’est-ce pas? Le contraire est bien plus probable.

Le tableau 2 compare donc dans un premier temps (colonne du centre) la vente immédiate de ce veau excellent à 550 lb à la vente de ce même veau à 750 lb. Toutefois, je suppose qu’il aurait perdu un peu de style pendant les 3 mois de semi-finition. Comme il m’est impossible de prédire parfaitement les prix qu’on aura à ce moment, je calcule plutôt un seuil de prix de vente pour lequel je ne perdrai pas d’argent avec la semi-finition. Dans ce cas, un prix infé-rieur à 1,56 $/lb dans 3 mois signifierait une perte. De plus, pour réaliser un profit supplémentaire de 100 $/veau, il faudrait que le prix de marché pour des veaux de 750 lb soit de 1,69 $ au début de 2014. Mes connaissances du marché me font dire qu’à moins d’un gros revi-rement de marché, la semi-finition ne changera pas grand-chose à la profita-bilité de ce veau dit excellent.

Photo : Normand Lemieux

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En serait-il de même pour un veau de 550 lb qui actuellement ne possèderait pas toutes les qualités recherchées par les acheteurs? Par exemple, un veau dont la génétique serait semblable à celle des autres, mais dont la mère serait moins laitière? C’est le scénario qu’on retrouve dans la colonne de droite du tableau 2; il reprend donc le même raisonnement et les mêmes calculs, mais cette fois-ci pour un veau dont le style se serait amé-lioré pendant les 3 mois de semi-finition. Ici, les chances que la semi-finition soit profitable sont très élevées. Si le prix des veaux moyens de 750 lb en janvier 2014

est de 1,41 $/lb, je couvre mes coûts de semi-finition et déjà à 1,55 $/lb, j’aurai réalisé un profit supérieur de 100 $/veau pour ce genre de veau dit ordinaire.

Unchoixdestratégies

« Valoriser au maximum chacun de mes veaux » et non pas « Valoriser au maxi-mum chacun de mes veauxd’embou-che » . Une petite nuance qui peut faire une grosse différence en fin d’année. Ainsi, au moment de commencer la semi-finition, je dois prendre en consi-dération plusieurs facteurs tels que dé-crits plus haut et choisir le moment et

le poids de mise en marché sur une base individuelle.

Pour ma part, pour les plus beaux veaux, j’envisagerais probablement une mise en marché immédiate, surtout si les prix se maintiennent. Et pour les moins beaux veaux au sevrage, j’aurais intérêt à leur donner une valeur, un style et un poids supérieur pour ainsi atteindre mon espérance de profit. Je conserve-rais donc ces veaux pour une période de semi-finition d’environ 100 jours.

Selon mes analyses de fourrages, j’uti-liserais de la moulée Déroboeuf (15 % P.B.) ou un supplément PSP PC (18 % P.B.), deux produits faciles à utiliser pour compléter la ration en énergie, protéine, vitamines et minéraux (dont

le sélénium organique). Autrement dit, une recette éprouvée qui permettra à chacun des animaux d’exprimer son plein potentiel zootechnique et écono-mique, en plus de favoriser une bonne préparation du système immunitaire.

N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations. En nous souhaitant à tous un très bon automne.

Photo : Jason Morse

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ParBrunoLanglois,agr.,La Coop fédérée

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Miseenmarchédes bouvillons

Le prix payé par les abattoirs pour l’acquisition des bouvillons est la résultante directe de l’offre et de

la demande, à court et moyen termes. Ce prix influence instantanément toute la filière située en amont (vache-veau, producteurs de grains, etc.). Il en va de même pour chaque action du Comité de mise en marché des bouvillons de la FPBQ. Le Focus Opti Bœuf a rencontré son président, Michel Daigle

Focus Opti Bœuf : Quel est le principal mandat du Comité de mise en marché des bouvillons d’abattage ?

Michel Daigle : Composé de représen-tants de producteurs de bouvillons des diverses régions du Québec, d’un repré-sentant désigné par la Société des parcs d’engraissement du Québec et de celui de la FPBQ, l’objectif exprimé sommai-rement est d’améliorer les conditions de mise en marché des bouvillons produits. En respectant, bien entendu, la mission et la vision issues de la planification stratégique.

Pour y parvenir, le Comité est réguliè-rement en contact avec les principaux acheteurs et travaille à fournir diverses occasions de vente. Nous accordons aussi un peu de temps à d’autres dossiers qui influencent la rentabilité de la pro-duction de bouvillons (environnement, bien-être animal, ASRA, etc.).

Focus Opti Bœuf: Pouvez-vous donner des exemples concrets de réalisations du Comité au cours des dernières années?

Michel Daigle : Nous avons mis en place certaines mesures particulières de mise en marché dans le but de diminuer les effets négatifs du COOL (ancienne ver-sion). Nous avons aussi travaillé à l’orga-nisation du transport et de la logistique globale de vente aux États-Unis.

De même, nous avons œuvré à offrir aux producteurs deux logiciels de suivi de troupeau. D’abord, Bovitrace qui sert à effectuer la traçabilité des interventions à la ferme, animal par animal. Ensuite, le site extranet où les producteurs ont accès aux compilations de leurs perfor-mances individuelles et peuvent aussi comparer leurs résultats à ceux des autres producteurs.

Comme autre réalisation, il y a les rencontres abattoir-producteurs. Au quotidien, plusieurs échanges avec les abattoirs s’effectuent via le personnel de l’agence de mise en marché. Mais afin de permettre aux producteurs de mieux comprendre les besoins du marché, nous avons mis en place des rencontres où les responsables d’un abattoir vien-nent rencontrer les producteurs. Cette initiative a connu jusqu’ici un grand succès.

Bien entendu, nous essayons de mainte-nir une communication étroite avec les membres par l’entremise des rencontres en régions, l’objectif étant de pouvoir échanger en dehors du cadre formel des assemblées.

Focus Opti Bœuf: Sachant que la produc-tion annuelle d’un parc d’engraissement de taille moyenne nécessite plus de 2 500 veaux, pouvez-vous illustrer l’influence des parcs d’engraissement sur toute la filière bovine?

Michel Daigle : Premièrement, il faut comprendre que la proximité relative du marché de l’abattage et de la production de bouvillons (BA) force souvent le sec-teur veaux d’embouche (VE) à ajuster son offre. Nous aimerions que les adap-tations soient plus rapides, mais à l’in-verse, il y a fort à parier que le secteur VE trouve que les changements demandés sont trop grands compte tenu des délais.

Cependant, il faut avouer que les deux secteurs profitent des signaux envoyés par le secteur BA. Par exemple, l’amélio-ration de l’alimentation dans les parcs a permis d’accroître la qualité des bou-villons mis en marché, d’où un intérêt plus marqué de la part des abattoirs. Ceux-ci furent alors davantage en me-sure de répondre à leur marché et donc d’offrir de meilleurs prix aux parcs. Et quand le parc réalise des profits, il peut alors à son tour mieux payer les veaux.

Deuxièmement, une cinquantaine de fermes d’engraissement produisent 80 % des bouvillons du Québec. Chaque fois qu’une entreprise de cette taille ferme (ou ouvre) ses portes, c’est entre 60 et 100 fermes vaches-veaux qui en subis-sent les retombées. Par exemple, un parc qui cesse d’acheter des veaux diminue la demande pour 3 000 veaux par année.

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Veut ou veut pas, ça influence le prix local des veaux. On estime qu’une baisse de 0,01 $/lb dans le différentiel Prix du Québec/Prix de l’Ouest représente une perte de 1 million $ par année pour les producteurs vaches-veaux, perte qui doit alors être compensée par l’ASRA.

Focus Opti Bœuf: Quel est le rôle du Comité par rapport au développement des circuits courts de mise en marché?

Michel Daigle : Je distingue les marchés de niche (faible volume à grande valeur ajoutée) et les marchés de créneau (seg-ment de marché spécial avec un volume significatif).

Dans le premier cas, les gens qui s’inves-tissent dans ces marchés dirigent sou-vent de petites entreprises, agricoles ou non, qui font une mise en marché locale et très personnalisée. À force d’efforts, ils ont développé des relations d’affai-res où la proximité vendeur-acheteur est très importante. Ce n’est sûrement pas le rôle du Comité de s’immiscer dans ces relations. Par contre, ces pro-ducteurs bénéficient des services de base de l’agence de commercialisation et profitent des retombées des actions du Comité.

Pour les marchés de créneau, le Comité peut faire office de facilitateur si un tel type de marché se présente. C’est ce qui s’était passé il y a quelques années dans le dossier Zensho.

Focus Opti Bœuf : La viande bovine est en concurrence directe avec les autres sources de protéine et a perdu du terrain face au poulet au cours des 20 dernières années. Est-ce un aspect de la mise en marché auquel le Comité s’est attaqué ou s’attaquera?

Michel Daigle : Le Comité est préoccupé par cette tendance mondiale, mais n’a certainement pas la prétention de pou-voir la changer. Nous discutons de ce su-jet de façon régulière avec les abattoirs, mais le Québec représente moins de 5 % de la production canadienne, c’est bien peu à l’échelle mondiale.

Pour le poulet, on compte 21 jours au couvoir, 37 jours en poulailler et peut-être une autre semaine (transport, abattage, distribution) avant qu’il se retrouve dans l’assiette, avec une conversion alimentaire inférieure à 2. Pour le bœuf, c’est 9 mois de gestation, 7 mois d’allaitement et un autre 6 à 7 mois en engraissement, avec une conversion alimentaire d’environ 6. On aura beau travailler fort pour améliorer ce ratio, le poulet et le bœuf ne jouent pas dans la même « game ».

En conséquence, on doit viser une clientèle qui veut s’offrir un produit plus haut de gamme pour son goût, sa saveur et sa tendreté.

Focus Opti Bœuf : Compte tenu de la di-minution du cheptel canadien (vaches-veaux) et de la concentration du secteur de l’abattage, quels sont les défis et pers-pectives d’avenir pour l’engraissement du bouvillon au Québec?

Michel Daigle : Le défi est de s’assurer que les deux acheteurs majeurs, JBS (Pennsylvanie) et Cargill (Ontario), continuent d’avoir un intérêt pour les bouvillons du Québec et même de l’est du Canada. Perdre l’un de ces joueurs aurait des conséquences désastreuses pour toute la filière, particulièrement pour le secteur vaches-veaux. Pour maintenir cet intérêt, il faut maintenir

un volume de production suffisant. En 5 ans, nos volumes se sont effondrés de 45 %. En 2013, on va se réjouir si on atteint une production de 110 000 bou-villons.

C’est d’ailleurs un dossier que défend fortement le Comité. Je souhaite que tous les partenaires gravitant autour de l’industrie bovine mettent tout en œu-vre pour maintenir une activité « Bou-villons » plus saine qu’en ce moment. Un sérieux coup de barre doit être donné, car à la vitesse à laquelle nous avons per-du du volume, je ne suis vraiment pas convaincu que le message a été entendu tant au MAPAQ qu’à la FADQ.

Focus Opti Bœuf : Selon vous, la nouvelle politique de souveraineté alimentaire peut-elle influencer significativement la production?

Michel Daigle : Cette politique n’est pas une mauvaise initiative. Dans le cas des bouvillons, cependant, ce n’est sûre-ment pas cette seule mesure qui pourra relancer l’industrie.

Il faut garder à l’esprit qu’une carcasse de bœuf, c’est gros. Il faut la commer-cialiser en entier, particulièrement ce qu’on appelle le 5e quartier, dont la vente paie souvent à elle seule plus que le coût d’abattage et de transformation de la bête. Or, plusieurs parties de ce 5e quartier ne trouvent pas preneurs au Québec. Il faudra donc toujours expor-ter une partie de la carcasse. Pour ça, il faut des entreprises de grande taille qui ont les reins solides. C’est une question de volume.

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En fait, j’ai hâte de voir les mesures concrètes que la politique de souverai-neté alimentaire mettra en place pour protéger les investissements importants consentis par les familles agricoles et les gouvernements au cours des 35 derniè-res années, dans cette production qui ne couvre même pas 22 % de la consomma-tion du Québec.

Focus Opti Bœuf : Si le président du Comi-té de mise en marché des bouvillons avait une baguette magique, que ferait-il avec?

Michel Daigle : Je ramènerais une pro-duction de 200 000 bouvillons annuel-lement avec une rentabilité acceptable pour permettre aux exploitants et à leur relève d’en vivre décemment. Ça nous permettrait d’enlever cette épée de Da-moclès qui pend toujours au-dessus de nos têtes : la fermeture éventuelle d’un abattoir majeur due à une surcapacité d’abattage.

Auriez-vous ça à La Coop une baguette magique?

Focus Opti Bœuf : Malheureusement non.

Merci, Michel, pour votre collabora-tion à la réalisation de cette entrevue. Vos réponses font office de profondes réflexions que devrait avoir chacun des maillons de la chaîne bovine.

Avant d’être président du Comité de mise en marché des bouvillons, Michel Daigle est d’abord et avant tout un producteur de bouvillons avec ses deux fils. La ferme située à Sainte-Hélène-de-Bagot met en marché un peu plus de 4 000 bouvillons annuellement, en plus de cultiver environ 1 100 hectares de maïs, soya, céréales et fourrages.

Benoit est responsable des opérations quotidiennes, ainsi que de l’achat et la vente de bovins. Mathieu s’occupe de la comptabilité et du côté administratif, en plus de donner un coup de main lors des périodes de grands travaux. Quant à Michel, il supervise l’alimentation et est responsable de l’achat des sous-produits et des productions végétales.

Le 5e quartier est constitué de la majorité de ce qu’on ne retrouve pas sur la carcasse accrochée dans les réfrigérateurs de l’abattoir, soit la peau, le gras externe superflu et les abats.

Au Canada, ce 5e quartier représente environ 25 % du poids de l’animal vivant et l’abattoir doit disposer de certaines parties, dont les MRS (matiè-res à risques spécifiées). Le reste doit être vendu pour valoriser au maxi-mum l’animal qui a été acheté.

Certaines parties, comme le foie, trouvent facilement preneurs sur le marché local. Pour le reste, la demande locale est faible. Il faut aller sur les marchés extérieurs (Asie et Afrique) pour en réussir la commercialisation. Sans la vente du 5e quartier, il est à peu près impossible de rentabiliser l’abattage.

Mathieu,Benoit,GinetteetMichel

Page 18: 2013 Automne 2013 Hiver - Optiboeuf2013, a tenté de clarifier. Durant cette recherche, effectuée en deux phases entre le début du mois de novembre et le mois de juillet, les cher-cheurs

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Engraissement: Réalités de l’automne 2013

ParBrunoLanglois, agr.,La Coop fédérée

Encore une fois cette année, on réalise à quel point le triangle Revenu d’abattage/Prix du maïs/

Prix des veaux est tissé serré. Bien en-tendu, le prix actuel que paient les abat-toirs pour les bouvillons est supérieur à celui de l’an dernier (graphique 1) et aide sûrement à soutenir le prix des veaux aux encans.

Protocolesderéception

L’une des conséquences de cette réalité est que la perte d’un veau en période de réception équivaut à la perte de tout près de deux veaux il y a 5 ans. Pas surpre-nant de voir autant d’engouement pour les programmes d’antibiothérapie pré-ventive qui sont d’ailleurs de plus en plus performants. Cependant, les aspects financiers et bioéthiques (antibio-résis-tance) dictent leur utilisation raisonnée. Bref, en plus de ceux-ci, un bon proto-cole de réception devrait inclure les trois volets suivants :

• Régie et principes de manipulation;

• Vaccination-immunisation;

• Alimentation.

Pendant cette période, les objectifs sont d’obtenir les gains prévus pour l’ensem-ble du lot, limiter les taux de mortalité et de morbidité (éviter les épidémies) ainsi que les manipulations requises, tout en contrôlant les sommes investies.

Prix des veaux 700-800 lb

Québec 2013

Québec 2012

Alberta 2013$/10

0 lb

de

poid

s vi

f

13-08-2

4

X

13-08-3

1

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7

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4

13-09-2

1

13-09-2

8

13-10-0

5

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170

160

150

140

130

120

X XXXXX

Rejets d’azote (g/lb de gain)

Semi-finition Finition

54 53

7161 63 60 58 63

12,6 % 14,4 % 14,1 % 14,5 %

Prix des bouvillons d’abattage (A1-A2) au Québec

240 $

Janv

.

Fév.

Juin

Mar

s

Avr

il

Mai

Déc

.

Juil.

Aoû

t

Sept

.

Oct

.

Nov

.

$/100 lb carcasse

230 $220 $

210 $200 $

190 $180 $170 $

160 $150 $

140 $

Prix des veaux 700-800 lb

Québec 2013

Québec 2012

Alberta 2013$/10

0 lb

de

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X XXXXX

Rejets d’azote (g/lb de gain)

Semi-finition Finition

54 53

7161 63 60 58 63

12,6 % 14,4 % 14,1 % 14,5 %

Prix des bouvillons d’abattage (A1-A2) au Québec

240 $

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$/100 lb carcasse

230 $220 $

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Graphique1.Prixdesbouvillonsd’abattage(A1-A2)auQuébec

Graphique2.ContratLiveCattle,avril2014.

Graphique3

Sour

ce F

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ROU

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Tableau1:Profitabilitédelamétaphylaxieselonledegréderisque(pour1000têtes)*

Risque faible Risque moyen Risque élevé

Sans Avec Sans Avec Sans Avec

Traitements curatifs réels 150 60 200 80 600 240

Mortalité 10 4 20 8 30 12

Coût des traitements ($) 3 450 1 610 4 600 1 840 13 800 5 520

Coût des mortalités ($) 12 000 4 800 24 000 9 600 36 000 14 400

Coût du traitement métaphylaxique ($) 0 22 000 0 22 000 0 22 000

Coûts totaux ($) 15 450 28 410 28 600 33 440 49 800 41 920

Profitabilité de la métaphylaxie ($) (12 960) (4 840) 7 880

• Prix d’achat : 1 200 $ ; traitement préventif : 22 $/animal; traitement curatif : 23 $/traitement

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Les antibiotiques parviennent à contrô-ler certaines bactéries, mais aucune-ment les virus; on utilise donc le prin-cipe de vaccination-immunisation pour prévenir les maladies causées par ces derniers. Dans les deux cas, c’est tou-jours l’immunité individuelle de chaque animal qui fait foi de tout. Qui dit bonne réponse immunitaire dit absence de stress et alimentation adaptée.

Cette simulation met en évidence le fait que la métaphylaxie est surtout utile et justifiable dans le cas des veaux à « haut risque ». Surtout que cette année, la nouvelle indication du Pulmotil® (tilmicosine), qu’on peut ajouter à la ration dans les groupes qui commen-cent à présenter quelques cas cliniques de maladies respiratoires bovines, vous donne beaucoup plus de f lexibilité qu’auparavant.

Alimentation

Quel est le rôle de l’alimentation pen-dant les 20 à 30 premiers jours suivants l’arrivée au parc ? Tout simplement ce-lui de réussir la transition d’une ration fourragère à une ration à haute densité énergétique, le plus rapidement possi-ble, tout en évitant les problèmes d’aci-dose et les ballonnements. Après tout, même dans les lots les plus probléma-tiques, de 25 à 60 % des veaux ne seront et ne seraient probablement jamais malades (de 70 à 95 % quand le risque est faible); mais si leurs performances

ne sont pas au rendez-vous, ils causeront quand même des pertes.

Certains principes doivent donc être respectés et s’appliquent à tous les veaux sans exception. Le premier est le retour à la normale pour les bactéries du rumen. C’est pour cette raison que les rations de réception contiennent certains nutri-ments en quantités spécifiques : pour aider l’animal lui-même, mais surtout pour la flore ruminale qui se fait souvent malmener pendant cette période.

Le minéral Intro-Parc La Coop est for-mulé en ce sens. De leur côté, le supplé-ment Intro-Parc et le supplément Opti-Boeuf PSP 028 vont plus loin : ils ajoutent aussi un volet gustatif à la ration. Selon le degré de risque du lot (voir encadré), l’investissement quotidien par tête varie de 0,15 $ à 0,30 $ pour 10 à 28 jours.

En conclusion, le prix élevé des veaux et de l’alimentation justifie plus que jamais d’investir dans un protocole de réception puisque l’alimentation concerne tous les animaux et que l’in-vestissement total est très faible, elle

devrait être priorisée. Ensuite, on ajus-tera l’antibiothérapie. Dans les deux cas, seule l’évaluation du degré de risque de chaque lot vous permet d’effectuer les bons choix. Parlez-en à votre expert-conseil La Coop.

Ajustersastratégie

Chacun des dollars investis inutilement ($ « de luxe ») pendant cette période diminue d’autant l’espérance de profit de chacun des bouvillons produits. Le défi est donc de savoir si on investit trop ou pas assez dans le protocole de récep-tion. En fait, il faut ajuster sa stratégie à chacun des lots à recevoir en fonction du risque de maladies, du coût du proto-cole choisi, de la bioéthique et des gains visés. À cet effet, aucun programme ne

permet une amélioration de 100 % par rapport à la situation de départ.

Le tableau 1 permet de visualiser la profitabilité de la métaphylaxie selon le degré de risque du lot par rapport à des lots n’ayant reçu aucun traitement de prévention. Les diminutions de morbi-dité et de mortalité sont estimées à 60 %. Les coûts de traitements antibio-tiques ont été fixés à 22 $/animal pour le préventif et à 23 $ pour le curatif.

Évaluerledegréderisque

La Coop met à votre disposition un for-mulaire d’évaluation du niveau de risque des lots à entrer. Plus de 15 critères y sont examinés, nous permettant d’effectuer une recommandation alimentaire adaptée et dont le but est de hausser votre profitabilité. Il faut savoir qu’une augmentation de seule-ment 0,3 lb du GMQ pendant les 28 premiers jours correspond à une amélioration de la marge bénéficiaire de 5 $/bouvillon.

Suite à cette évaluation, votre vétérinaire pourra aussi ajuster ses recommandations en ce qui concerne l’antibiothérapie pré-ventive. Bien entendu, pour en retirer le maximum de bénéfices, l’exercice devrait être répété pour chacun des lots reçus.

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laco op.co op

12+1=

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