22504-MICHELE_ANGELO_MURGIA-Quest-ce_que_le_temps-[InLibroVeritas.net].pdf

michele angelo murgia

Qu'est-ce que le temps?

- Collection Philosophie -

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Table des matiresQu'est-ce que le temps?..............................................................................1 Qu'est-ce que le temps?.......................................................................2 Avant-propos.......................................................................................5 Urgences..............................................................................................7 Dveloppement durable.....................................................................15 Cause premire ... cause toujours !....................................................32 Introduction.......................................................................................46 Les ges de l'univers..........................................................................48 Les ges du Soleil..............................................................................72 Les ges de la Terre...........................................................................76 Les ges de l'homme et de la femme.................................................85 Les ges des autres tres vivants.......................................................96 Les ges des atomes et des particules..............................................101 Qu'est-ce que le temps donc? ...........................................................106 Hypothse 1 (idalisme philosophique)..........................................122 Hypothse 2 (matrialiste, nergtiste)...........................................161 Le temps objectif.............................................................................174 Lien entre temps objectif et temps psychologique..........................205 Antriorit, postriorit...................................................................214 Identit, permanence, devenir, mouvement.....................................216 Temps continu vs. Temps discontinu..............................................227 Le temps est-il dur (ou mou), est-il vanescent (ou persistant).......241 Le temps comme rcipient .........................................................251 Le voyage dans le temps est-il possible?...................................254 Temps psychologique......................................................................271 Existe-t-il une (des) loi(s) du temps ?..............................................292 Continuum espace-temps-nergie-matire......................................299 Temps cosmologique vs temps subjectif.........................................301 Prsent, pass, futur.........................................................................311 Cas particulier et paradoxal du prsent ......................................316 Le temps sociologique.....................................................................325 Le temps de travail..........................................................................327i

Table des matiresQu'est-ce que le temps? Mouvement priodique (comme instrument de mesure).................333 Subdivisions du temps.....................................................................337 Le paradoxe du temps quantique ...............................................342 La flche du temps...........................................................................394 L'histoire du temps ...........................................................................431 En guise de mise au point................................................................438 Conclusion provisoire......................................................................446 Post Scriptum ...................................................................................465 Post Post Scriptum: .........................................................................471 . Florilge...........................................................................................473

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Qu'est-ce que le temps?Auteur : michele angelo murgia Catgorie : Philosophie

Qu'est-ce que le "temps" ? Cos' il tempo? Voil la plus simple mais aussi la plus difficile question en physique aussi bien qu'en philosophie. Je livre ici ma (trs) modeste rflexion. (NB Cet essai est toujours en construction, et le contenu volue donc avec le temps) Les commentaires sont les bienvenus, les critiques de mme.

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Che cos' il tempo ? What is time ? ?

Philosopher nest pas parler de philosophie mais vivre sa philosophie. , & # 9 5 7 ; & # 9 5 3 ; . (littralement : Toi-mme, si tu veux devenir Socrate, mne ta vie comme si tu tais Socrate) pictte, Enkheiridion, compil par Flavius Arrianus Philosopher, ce n'est pas dsirer la sagesse, c'est dsirer le dsir. Jean-Franois Lyotard, Pourquoi philosopher ? Puf, 2012

La philosophie n'a de sens que si on la partage. Michel Onfray, dans l'mission Empreintes A mon papa et ma maman qui je dois la vie Et aussi : A mon ami Fernando, sans-domicile fixe dont l'htel est la Grande Ourse et qui aprs une vie de labeur, a lgance suprme offert sa maigre pension ltat qui l'a rejet. C'est donc ltat qui vit ses crochets... Big Crunch -> Big Bang -> Big Crunch, etc. l'infini... La cause a depuis longtemps oubli l'effet et rciproquement! Dans cette perspective, le temps n'est-il pas circulaire pourtant ? Ce qui est tout fait vrai une chelle ne l'est pas ncessairement une chelle suprieure. C'est d'ailleurs un des principes de la dialectique matrialiste.

Lternit Elle est retrouve. Quoi ? - L'ternit. C'est la mer alle Avec le soleil. Arthur Rimbaud, uvres potiques Le paradoxe du temps amne Albert Jacquard, gnticien, savant, essayiste franais (n en 1925) de jolies et profondes rflexions: Quand j'ai eu dix ans, combien de temps ai-je attendu pour en avoir onze ? Un an. a a t long! Mais bizarrement, quand j'ai eu soixante ans, l'anne pour atteindre soixante et un ans m'a paru beaucoup plus courte! Je me suis alors prcipit sur des bouquins de psychologie ou de sociopsychologie pour apprendre la chose suivante : la sensation est proportionnelle au logarithme de l'excitation. (...) Ainsi, pour avoir la mme sensation de dure qu'entre dix et onze ans, il faut passer de soixante soixante-six ans (10%), et non de soixante soixante et un. (...)La flche du temps 414


Par consquent, mon ge jacquardien est le logarithme du nombre de mes annes. Et je retrouve l'affaire de mon origine: tout d'un coup, j'existais, c'est un vnement qui a eu lieu dans le temps cosmique. (...) Car l'instant zro, le logarithme de mon ge, ce n'est pas zro, le logarithme de zro, c'est moins l'infini. Et me voici, ayant retrouv l'ternit dans le pass! [Albert Jacquard, Entretien tir du Livre Le Monde s'est-il cr tout seul , par Trinh Xuan Thuan, Ilya Prigogine, Albert Jacquard, Jol de Rosnay, Jean-Marie Pelt, Henri Atlan, ditions Albin Michel, C.L.E.S., 2008.] D'ailleurs, pour Albert Jacquard, le mot mme de cration n'a pas de sens: voquer la cration, c'est voquer un vnement qui n'avait pas encore eu lieu tant qu'il n'a pas eu lieu, et qui avait dj eu lieu une fois qu'on en a eu le souvenir: c'est supposer que le temps, en lui-mme, existe et se droule. Or, c'est un vrai problme que de savoir si le temps se droule indpendamment des choses qui arrivent. Concernant l'univers lui-mme (c'est--dire le sens de l'ensemble du rel), parler de l'instant zro (dont le logarithme est l'infini...) n'a videmment pas de sens. Puisqu'avant l'instant zro, il y a eu l'instant moins un ! De mme que dans l'espace il n'y a pas d'origine, on ne pourrait jamais indiquer une origine prcise au temps. C'est par une convention qu'on peut parler de temps zro. A supposer mme (contrairement ce que l'exprience semble nous indiquer) que l'Univers ait une "conscience", cette conscience apprhenderait le monde avec une notion de temps qui serait galement limite: par exemple, par la vitesse de la lumire dans le vide. Et si lUnivers tait un immense cerveau, celui-ci ne rflchirait pas plus vite que nous puisqu'il faudrait environ 13 milliards d'annes pour aller d'un point quelconque la limite de l'univers... moins de donner foi l'existence de tachyons ou autres superbradyons (toujours au stade de concept) qui auraient une vitesse suprieure celle de la lumire, maisLa flche du temps 415


vitesse limite quand mme, c'est--dire non infinie. Ou alors que l'intrication quantique contrairement ce qu'ont montr les expriences, permette de transfrer de manire exotique des informations d'un endroit l'autre de l'univers de manire instantane (voire hors du temps)...

Ainsi, le cerveau n'a pas la conscience immdiate de la totalit de lunivers qui l'entoure (il faut qu'il se dveloppe, qu'il acquire suffisamment de connaissances, qu'il se structure assez pour lui permettre de "faire le tour" du monde via nos rflexions, nos souvenirs, et physiquement, il faut se retourner pour voir ce qui se passe derrire nous), un ventuel "super-cerveau" ou super-calculateur ne pourrait pas non plus apprhender toute la ralit du monde en mme temps vu que pour que ce soit possible, linformation devrait voyager instantanment d'une partie de l'univers l'autre, ce qui parat impossible en l'tat de nos connaissances (une possibilit serait que l'ensemble des particules de l'univers seraient intriques et que la non-localit s'applique tout l'univers mais il s'agit l de pure spculation de fantascience et si cela s'avrait exact, aurait des implications gigantesques dans toutes les sciences). Imaginons ainsi deux vnements simultans se droulant dix millions d'annes-lumire l'un de l'autre: ils ne pourraient tre "perus" comme simultans qu' mi-chemin exactement ( 5 millions d'annes lumire exactement): chose techniquement impossible raliser dans la pratique et dailleurs dun intrt douteux, car encore faut-il qu'il n'y ait aucun obstacle entre eux ni aucune masse considrable qui vienne perturber les ondes; supposons qu'il y ait un soleil qui se trouve un peu prs de la route des photons qui transmet l'information de l'vnement, et bien l'espace-temps sera courb et le trajet du photon sera dvi. Par contre, si tout se passe bien et qu'il n'y ait ni trou noir, ni galaxie, ni matire classique, ni matire noire, ni nergie noire sur la droite qui les relie, pour chacun deux, lvnement mettrait dix millions dannes avant dtre peru par lautre Je ne vous parle pas du paradoxe des deux jumeaux de Paul Langevin.La flche du temps 416


Les cataclysmes stellaires que nous recevons en mme temps sont des vnements aussi loigns l'un de l'autre dans le temps qu'ils le sont dans lespace. Ce que nous voyons, ce n'est pas l'univers tel qu'il est maintenant mais l'univers tel que nous le percevons un instant donn. Il s'agit donc d'vnements qui ne sont pas lis par la causalit... mme si l'on peut entrevoir que trs loin dans le temps ( l'origine??) il y ait une causalit commune. La causalit est en ralit bien respecte mais par l'entremise d'une succession infinie de causalits.

Cette limitation ne nous aide certes pas dans notre comprhension du monde et il reste dcouvrir dautres lois physiques de ce monde (en ralit notre partie du monde), lois qui selon moi ne devraient pas tre immuables et pourquoi devraient-elle l'tre? Pour donner raison Platon ? Pour dire qu'il y a derrire une intention, ft-elle divine ? - , mais varieraient ou mieux se transformeraient en mme temps que lui, des moments charnires, mme de manire infime. Cette variation ne prsume en rien une contradiction avec la loi de conservation de l'nergie (voire la loi de conservation de l'impulsion) : lorsque l'espace lui-mme varie (par exemple lors de l'expansion), il est normal que cela se traduise quelque part par une autre variation, sinon justement la loi de conservation de l'nergie est viole. Personnellement, j'ai presque la conviction que les lois physiques elles-mmes n'ont pas exist de tout temps , sinon cela voudrait dire qu'elles attendaient (??) la cration pour pouvoir se justifier !? Les lois physiques naissent, mergent, se mettent en place en mme temps que nat, qu'merge la matire, l'nergie (sous toutes les formes, connues et inconnues). Ainsi, parler des lois de la vie n'a pas de sens avant que la vie n'apparaisse... Finalement, l'univers (le tout) serait processus, mouvement, cration, transformation, etc. et crerait paralllement les lois qui le gouvernent.La flche du temps 417


Ainsi, rcemment, les membres d'une quipe australo-amricaine de chercheurs en physique fondamentale ont remis en question la constance d'une constante (constante de structure fine, habituellement reprsente par la lettre grecque ) qui est grosso modo le rapport 1/137,035999 et qui rgit la force lectromagntique assurant la cohrence des atomes et des molcules (et permettrait donc la vie) : ils auraient enregistr une variation gographique de la constante! Les frres Bogdanov font de cette constante de structure fine alpha le principal lment de preuve pour prtendre qu'il y a quelque dessein intelligent derrire ce rapport : aprs le Visage de Dieu , ils remettent le couvert dans leur nouveau livre qu'ils intitulent La Pense de Dieu . Rien que a ! Si le dessein est intelligent, ce n'est pas le cas de cette thorie. Ils doivent se prendre pour les plus grands savants de l'Univers prsent et venir, puisqu'ils sont les seuls connatre la pense de Dieu. L'argument massue des tenants du dessein intelligent est que la somme des concidences heureuses et des hasards miraculeux pour rendre l'apparition de la vie possible sur Terre est tout simplement exceptionnellement exceptionnel. Est-ce vraiment le cas ? La probabilit pour qu'un ovule rencontre un spermatozode et soit l'origine de la naissance des frres Bogdanov est tout aussi exceptionnelle. Et pourtant, cela a eu lieu ! Alors, faut-il en conclure qu'un dessein intelligent est l'origine de la naissance des frres Bogdanov ? On peut srieusement en douter. L'explication la plus simple n'est-elle pas que aussi improbable que cela soit, le pre et la mre d'Igor et Grichka ont fait l'amour et c'est justement cet ovule et ce spermatozode qui est l'origine de leur naissance. Pas besoin d'un Dieu pour cela. Car il y a un stt comme dirait le clbre humoriste belge Marc Herman, dans le raisonnement des frres russes, un srieux problmeLa flche du temps 418


cependant : si la constante de structure fine peut varier gographiquement, comment Dieu peut-il permettre une chose pareille ? Cela va branler srieusement l'argument massue des frres Bogdanov et a, ce n'est pas tolrable. Pourquoi certaines chelles certaines lois prennent-elles le pas sur d'autres ? Pourquoi la gravitation ne s'exerce-t-elle pas de manire notable des niveaux quantiques ? Et pourquoi la mcanique quantique est-elle inefficiente au niveau cosmique ? On peut se demander si toutes ces questions pour autant qu'elles soient rellement pertinentes, trouveront une rponse un jour. Ne s'agit-il pas en dernire analyse d'aspects diffrents d'une mme ralit ? Ne pourrait-on imaginer que la gravitation soit en quelque sorte une rminiscence (ah, la mmoire de l'eau!) de la formidable force unique qui existait l'aube de notre univers juste avant le Big Bang ? Et se pourrait-il que toutes les particules fussent intriques au moment du Big Bang ? Que voil d'intressantes perspectives, n'est-ce pas ! L'on sait que la gravitation s'exerce partout jusqu' des distances infinies, bien qu'elle diminue rapidement (elle est inversement proportionnelle au carr de la distance) ! La force nuclaire forte s'exerce, elle, uniquement des distances excessivement petites, en gros l'chelle du noyau. La question un milliard d'euros est : qu'est-ce qui permettrait donc de les lier ? Et qu'est-ce qui explique que la force forte soit cent fois plus importante que la force lectromagntique, que cette force lectromagntique soit mille fois plus importante que la force faible ? Et surtout pourquoi la force forte est un million de milliards de milliards de milliards plus grande que la gravitation ?La flche du temps 419


Ces lois pourraient-elles exister avant la cration des conditions dans lesquelles elles s'exercent ? En tout cas, j'en prouve de srieux doutes. Le fait que certaines de ces lois peuvent continuer exister durant des milliards d'annes n'est pas une preuve de la prennit absolue ternelle dirais-je, de ces lois. Il semble en tout cas que leur mergence dpende des conditions dans lesquelles elles peuvent ainsi surgir. Dans la soupe primitive , l'agitation thermique est telle qu'aucune des lois ne parvient s'imposer. Au fur et mesure du refroidissement de l'Univers, et donc de son expansion, les lois fondamentales se dcouvrent. D'abord, la force nuclaire qui assemble les quarks pour former les nuclons. Ensuite, en se refroidissant encore, l'Univers inhibe la force nuclaire pour que les premiers atomes puissent se former. De manire logique, ce sont principalement les noyaux simples qui se forment d'abord (l'hydrogne, presque 90% et l'hlium, environ 9% et moins d'un atome sur cent n'est ni de l'hydrogne, ni de l'hlium). Puis, lorsque la temprature descend suffisamment pour que s'exerce la force lectromagntique, qui prend le pas et que les lectrons soient capturs par les noyaux: ce sont les atomes d'hydrogne et d'hlium qui se forment. Cela a pour consquence de refroidir encore l'Univers : chaque palier, chaque stabilisation, il y a ncessairement un refroidissement. Lorsque l'Univers est suffisamment froid, la gravitation commence s'exercer et les atomes s'agglutinent pour crer les structures que nous connaissons : galaxies, soleils, etc.La flche du temps 420


Mais, bien sr, n'tant pas physicien, je peux me tromper totalement quant la prennit absolue de ces lois. Il resterait alors interprter pourquoi il en est ainsi. Le fait que l'on ait retrouv en 1972 dans une mine du Gabon (mines d'Oklo) un dpt d'uranium qui semble indiquer qu'il y ait eu une sorte de racteur naturel il y a environ 1,5 milliards d'annes et qu'en comparant ses noyaux atomiques d'Uranium avec ceux de nos centrales nuclaires, des physiciens aient pu calculer que la force nuclaire avait cette poque les mmes caractristiques que celle d'aujourd'hui ne me semble pas une preuve irrfutable que cette force resterait immuable ad vitam aeternam... Par contre, l'existence possible d'un racteur naturel n'est plus controverse aujourd'hui : il manque des isotopes de l'Uranium 235.

Le Graal de la physique est justement de parvenir unifier toutes les lois que nous connaissons: interaction forte, faible, lectromagntique, gravitation, et peut-tre mme quelqu'autre ou d'autres restant dcouvrir... Rappelons que selon le modle standard de la physique, il existe quatre interactions (ou forces) fondamentales : - la force lectromagntique, propre aux phnomnes lectriques, magntiques et lumineux ; - l'interaction forte, qui permettent la cohsion des noyaux atomiques ; - l'interaction dite faible responsable des dsintgrations radioactives ; - la force gravitationnelle qui est responsable de l'attraction universelle des corps, ou plutt, depuis la relativit gnrale, comme la manifestation de la dformation de la gomtrie (la courbure) de l'espace-temps. Cette dernire est la plus faible des forces et ne s'exerce qu'au del du noyau des atomes. Le nombre de forces ou d' interactions est actuellement limite quatre. Mais ce nombre est-il une fois pour toutes dfinitif ? Je ne le pense pas, sans pouvoir bien entendu le dmontrer. Certes, actuellement, laLa flche du temps 421


physique essaie d' unifier ces forces (au mur et au temps de Planck, ces quatre forces devraient, selon le modle standard, ne former qu'une seule et mme force fondamentale). Et si demain on dcouvre comme je le crois - d'autres phnomnes qui ne s'inscrivent dans aucune de ces interactions ? L'attraction gravitationnelle et l'interaction lectromagntique sont dites longue porte, et agissent quelle que soit la distance qui spare les objets ; les interactions forte et faible sont dites courte porte (grosso modo des distances n'excdant pas la dimension des noyaux des atomes). Se pourrait-il que l'attraction gravitationnelle et l'attraction lectromagntique soient en quelque sorte la rsultante , le reste des attractions faibles et fortes vu que ces dernires ne s'exercent en tant que telles qu' trs courte porte ? Seule une vritable thorie du tout confirme ventuellement par des prdictions prcises rpondra cette question... La causalit au niveau global de l'univers n'est pas la mme j'oserais mme dire n'est pas de mme nature - que celle au niveau des particules entre elles: si l'on prend quatre particules, dont deux sont lies au niveau quantique elles peuvent ou non interagir entre elles suivant les lois de la physique quantique et deux autres particules situes mettons deux mille annes lumires l'une de l'autre, les deux premires ne ragiront pas au niveau quantique avec les deux dernires (sauf si elles sont toutes ensemble intriques, mais a, c'est une autre histoire) mais elles seront tout de mme lies entre elles au niveau de la relativit gnrale, puisque toutes les quatre font partie d'une mme galaxie, elles forment un tout avec l'ensemble de la matire de la galaxie. La galaxie tourne, les quatre particules tournent aussi. La gravit (ou gravitation) mme si elle est minuscule, a des effets nettement visibles grande chelle et sa porte est pratiquement infinie. Ce seraient des gravitons, particules hypothtiques (car non encore observes) qui transmettraient la force gravitationnelle. Il s'agirait de bosons (particules de spin entier qui peuvent transmettre une des forcesLa flche du temps 422


fondamentales) dits de jauge , de masse nulle et se dplaant la vitesse de la lumire. Ces fameux gravitons n'ont jusqu' ce jour du moins jamais pu tre dtects. La seule possibilit de mettre en vidence ces bosons particuliers serait de parvenir dtecter les ondes cres par ces gravitons, notamment lors de cataclysmes cosmiques. L'un de ces cataclysmes pourrait tre par exemple la coalescence de trous noirs, la rencontre d'une toile du mme type que notre soleil avec une naine blanche, d'une masse quivalente mais d'un diamtre comparable celui de notre Terre, ou lors de la naissance d'une toile neutrons, par effondrement gravitationnel, donnant un objet aussi massif que le soleil mais dans un diamtre d' peine vingt kilomtres ! De tels phnomnes, excessivement rares dans notre environnement galactique, seraient trs frquents dans les amas globulaires, amas d'toiles trs dense regroupant quelques centaines de milliers d'toiles et mme quelquefois un million d'toiles dans une sphre de seulement quelques centaines ou mme dizaines d' annes lumire de diamtre (en comparaison, notre Galaxie comprend plus de cent milliards d'toiles, dans un diamtre de plus de cent mille annes lumire). Il s'agit donc d'amas d'une densit extrmement leve. On trouve des amas globulaires dans le halo qui entoure le disque galactique, par exemple. Les thoriciens de la gravit quantique (thorie qui essaie d'englober la mcanique quantique et la gravitation) pensent qu' une chelle de 10-35 (10 exposant -35) mtre, les deux forces fusionnent entre elles. Il s'agit de la fameuse chelle de Planck en dessous de laquelle on ne sait plus distinguer quoi que ce soit: cette chelle, temps et distance fusionnent. Il existe un site o l'on peut se rendre compte des chelles de distances, allant de l' cume quantique , de la longueur de Planck jusqu'au diamtre prsum de l'univers (900 yottamtres) : http://www. primaxstudio.com/stuff/scale_of_universe/La flche du temps 423


Bien videmment, les lois de ce monde physique, l'chelle humaine (un milliardime de milliardime de milliardime etc. de seconde) par rapport l'ternit peuvent sembler "immuables".

Je suis intimement persuad qu'il n'en est rien globalement cependant. Si nous imaginons (exprience de pense) ou supposons un tre intelligent et conscient, existant par exemple depuis cent mille milliards dannes on pourrait concevoir que celui-ci ait vcu l avant Big Bang, ensuite celui-ci ( notre Big Bang), puis lvolution de notre univers, son expansion, pour - peut-tre se recontracter de nouveau en Big Crunch, et cela plusieurs fois de suite, avec cration chaque fois de lois physiques diffrentes: pourquoi pas? Une fois trouve la thorie unifiant les forces connues, ne pourrait-on penser qu'il existe plus fondamentalement une, voire d'autres forces des chelles de grandeur infiniment plus petites qui puissent s'exprimer et donner par la suite les forces que nous connaissons ? Rptons qu'il s'agit d'une exprience de pense et il n'y a videmment nulle trace dans l'univers connu d'une telle forme d'intelligence qui dpasserait l'ge de l'univers et sa dimension. Cet tre pourrait alors tre plus ou moins assimil un dieu ... mme s'il n'en partage pas toutes les qualits supposes et encore moins l'apparence ! Mais ctait quoi lternit ? Trois ans ? Quatre ? Et aprs ? Il ny avait pas plus fugitif que ce concept dternit. Lternit ctait accepter que tout pouvait disparatre dune seconde lautre, laccepter dans un dsespoir serein. Bernard Hananel, La Toile face contre mur, http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre28952.html A part peut-tre la gravitation, le seul "lien" entre une partie de cet univers et une autre, c'est le dplacement de l'information, limit la vitesse de la lumire. Tant qu'un photon, ou une particule lmentaire d'nergie, partantLa flche du temps 424


d'un endroit prcis de l'univers, n'atteint pas l'autre bout de l'univers, on peut considrer que ces deux zones sont indpendantes l'une de l'autre et qu'entre elles, il ne peut y avoir de causalit. Pour qu'il y ait causalit, il faut ncessairement que les espaces et les temps des deux particules se recoupent au moins une fois. Au fur et mesure de l'expansion de l'univers, la causalit risque de reculer d'autant. C'est l me semble-t-il, un aspect important de l'entropie. Quand les physiciens parlent de soupe primitive l'tat de plasma, on peut en dduire une entropie infinie, comme dans un trou noir hyper-massif. Puis cette soupe se transforme en particules lmentaires, ensuite ces particules s'agglomrent sous l'effet de la gravitation en nuages de gaz et donc l'ordre commence poindre certains endroits : les protogalaxies sont sombres, et trs peu d'toiles y naissent. Cependant, si un quasar qui a un trou noir hypermassif en son centre les claire et acclre la matire environnante, celle-ci est alors chauffe et met une grande quantit de lumire qui va clairer les protogalaxies. Le quasar met des jets de matire qui vont ensuite lancer le mouvement de contraction et aider crer les galaxies de gnration suivante, et, par transformations successives, arriver notre monde tel que nous le voyons aujourd'hui. Ce mcanisme a t mis en lumire (c'est le cas de le dire) par Sebastiano Cantalupo et son quipe, l'Institut Kvali de Cambridge. Et cette nergie (gigantesque ou drisoire, c'est selon) ne serait qu'une simple fluctuation dans le continuum espace-temps. Cette fluctuation devrait-elle tre considre comme un "soliton" (onde solitaire qui se dplace sans perdre d'nergie) ainsi que le prsentent certains physiciens ?

Le travail des physiciens et des mathmaticiens consiste traduire les "rapports" physiques rels en formules mathmatiques utilisables. Et le temps ne semble tre rien d'autre que l'expression de ce caractre fini, limit de cette vitesse, que ce soit celle de la lumire ou des autres ondes: lectromagntiques, gravitationnelles, etc.La flche du temps 425


Tous les phnomnes temporels sont limits : non seulement dans le temps, mais aussi dans l'espace (ou espace-temps). Si l'on imagine une vitesse de la lumire infinie, il s'ensuit une propagation de l'information immdiate et tout serait immdiatement, instantanment jou , consomm, connu, transform partout: paradoxalement alors, le rsultat serait qu'on ne verrait aucun changement. On ne verrait mme rien du tout. Le monde serait "immuable" et fig puisque tout serait galement consomm instantanment (t serait gal zro).

Donc, et cela peut sembler encore une fois paradoxal: vitesse de la lumire infinie quivaudrait en pratique vitesse de la lumire nulle.

Heureusement pour nous, la vitesse de la lumire, la vitesse du transfert d'information, de mme d'ailleurs (corollaire obligatoire), que la vitesse des ractions sont limites, finies. Cela nous laisse le temps de vivre notre propre vie, de tomber amoureux, de fonder une famille, de voir grandir nos enfants, de vieillir paisiblement, mais galement de s'arrter parfois pour admirer le monde et sa beaut, un ciel splendide parsem d'toiles, un champs de fleurs sauvages, un paysage color, une brume matinale, une aurore paisible, une rivire cristalline qui coule en suivant son cours, le sac et le ressac des vagues d'une mer bleu turquoise, un lac tranquille o plonge une rainette, etc. Je crois cependant qu'avec le progrs scientifique, notre comprhension du monde a volu et ce que les gyptiens, les Grecs et les Romains admiraient, nous l'admirons, nous, de manire diffrente: nous regardons la mme chose mais cette chose, nous la voyons diffremment. La vie est une succession infinie d'acclrations, de paliers et de dclrations aussi. Lorsque nous conduisons notre voiture, nous jetons de temps en temps un regard au tableau de bord et surtout l'indicateur de vitesse: tout d'abord pour ne pas dpasser la vitesse permise et viter ainsi des amendes rptition, mais ensuite aussi pour notre propre scurit. On ne roule pas La flche du temps 426


la mme vitesse dans un tournant ou dans une ligne droite dgage. Lorsque nous regardons l'indicateur, nous voyons instantanment quelle vitesse nous roulons (distance / temps, soit km/heure). Ainsi, sur l'autoroute, si le tachymtre indique 120, c'est que nous roulons 120 km/h, soit 2 km/minute ou 33,33 mtres la seconde. Cela influe bien videmment sur nos rflexes et sur le temps de freinage ncessaire pour pouvoir s'arrter, car la vue d'un obstacle n'entrane pas l'arrt de la voiture instantanment : nos rflexes peuvent varier suivant notre tat de fatigue, notre ge, notre sensibilit, notre pratique automobile (exprience), notre tat de veille plus ou moins actif, etc.

Si le tachymtre est stable, notre vitesse est constante. Par contre, si le tachymtre est en train de monter, c'est que nous sommes en train d'acclrer, et que la vitesse elle-mme est en train de monter. Einstein a montr que nous ressentions le mme effet lorsque nous sommes en tat d'acclration ou lorsque nous sommes dans un champ de gravitation, puisque la gravit provoque une acclration. Et l'acclration est la drive de la vitesse par le temps... On parle d'une acclration de mtre par seconde, par seconde ou m/s ou encore m * s- .

Si le tachymtre augmente de manire continue, c'est que l'acclration est stable. Si par contre il y a une acclration de l'acclration, moins d'tre un pilote de course sur une piste prvue cet effet, c'est que nous allons droit un accident... Il s'agit du vecteur jerk , qui permet de quantifier une modification de l'acclration, drive de la vitesse par le temps, donc. A l'approche d'un trou noir, non seulement la vitesse, augmente, mais l'acclration elle-mme augmente, ainsi que l'acclration de l'acclration, etc., au-del de ce qu'on appelle l'horizon des vnements...

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Grce cela, nous apprhendons le temps, le monde, son volution, et donc aussi la vie. Ce qui me fait dire par une sorte de boutade que finalement, le temps, cest l infini dclr. Voil le sens de notre finitude. Le temps est ce qui permet le devenir, et donc ce qui a permis la vie. Contrairement ceux qui prconisent l'quilibre parfait (quilibre passionnel, quilibre mental, quilibre zen , tao ou autre), je dirais que le vrai quilibre n'est atteint qu'avec la mort : la vie est justement une succession de dsquilibres, comme la marche est une succession de chutes rattrapes in extremis. A nous de faire en sorte que ces petits dsquilibres nous faonnent, nous construisent de manire harmonieuse et crer ainsi une sorte d'quilibre. La vie serait impossible si l'univers tait arriv un stade d'quilibre thermodynamique total. Simplement, je n'envisage pas le temps et l'espace comme units aisment divisibles en parts gales. Je vois cela telle une flaque d'eau dont la surface reprsente en abscisse le temps, et en ordonne, l'espace. Le tout dlimit par une zone boueuse, incertaine. En profondeur, je vois diffrentes couches de ralit : de la plus probable en surface la plus incertaine, la plus vaseuse, si vous prfrez, en profondeur. Michel Bihler, Post-rcits du monde l'autre ct, http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre30512.html Pourquoi la vitesse c (la vitesse de la lumire) est-elle finie? et corollaire, pourquoi donc 299. 792,458 km/s et pas le double ou la moiti? [En 1978, Woods, Shotton et Rowley, avec le mme type de laser quEvenson mais dans des conditions exprimentales plus strictes, trouvent 299 792,45898 0,0002 km/s, avec la dfinition encore en vigueur du mtre de 1960.] Cette question nous remet dans les hypothses philosophiques dernires et semble dpasser galement le cadre des physiciens, astronomes,La flche du temps 428


scientifiques, qui eux, se consacrent "simplement" rpondre au "comment?". Certains physiciens distinguent d'ailleurs la vitesse c (vitesse de la lumire dans le vide) et la vitesse effective de la lumire, qui peut tre infrieure c par exemple lorsque la lumire traverse un milieu contentant de la matire plus ou moins dense.

Je suis intimement persuad que le jour o le mystre (nigme) de la vitesse de la lumire sera rsolu, l'on aura fait un bond qualitatif immense et que par la mme occasion l'on aura galement rsolu une grande partie du "mystre" de l'existence du monde (mystre thtique). Il reste cependant tant d'autres mystres dcouvrir, quant les rsoudre...! L'tre humain se pose toujours des questions auxquelles tant donn le stade technologique auquel il est parvenu il pourrait peut-tre sinon toujours y rpondre, mais du moins au minimum apporter des clairages nouveaux... Et qui sait, commencer apporter un dbut de rponse ? Nous avons vu, dans un chapitre prcdent sur le temps objectif, qu'Ilya Prigogine (prix Nobel) parlait de processus dissipatifs pour expliquer les transformations irrversibles (rien n'est ternel et tout se transforme): l'entropie (le degr de dsordre, ou si l'on veut la quantit d'information ncessaire pour dcrire un tat, ou encore la capacit d'un systme subir des transformations spontanes (Etienne Klein)) augmente ncessairement toujours avec le temps. Cela est en accord avec le second principe de la thermodynamique. L'exemple pris est souvent le mme : on prend une bote contenant deux cavits fermes hermtiquement. Dans l'une, il y a par exemple du gaz une certaine pression, dans l'autre, il n'y a rien (ou du gaz une pression infrieure). Mais on peut prendre plein d'autres exemples, pourvu qu'il y ait une diffrence, par exemple de temprature. Lorsqu'on ouvre un passage d'une cavit l'autre, le gaz pression plus leve se dverse dans le gaz pression la plus basse (ou bien la cavit la plus chaude se refroidit en donnant sa chaleur la cavit plus froide) jusqu' atteindre un quilibre thermodynamique. L'ordre se transforme en dsordre, l'entropie aLa flche du temps 429


augment. A contrario, la vie serait en quelque sorte une exception locale dans un univers global entropie croissante : globalement l'entropie continue crotre, mais dans une toute petite partie de l'univers (par exemple la Terre), si les conditions prcises sont runies, l'entropie peut diminuer (trs) localement et pour une dure limite. Lorsque nous continuons vivre, mangeons, par contre, le simple fait d'assimiler de la nourriture (fruit, viande, protines, matire organise) et la transformons en nergie interne, nous brlons des calories et nous la transformons globalement en dsordre : l'entropie augmente donc. Cet ordre et ce dsordre n'ont bien videmment rien voir avec les lucubrations fascistes sur la notion d'ordre : si l'on prend les priodes o ces prtendus partisans de l' ordre ont gr la socit, on peut s'apercevoir sans tre un gnie de la sociologie que ce sont les plus grands fouteurs de dsordre que la terre ait ports. Et c'est avec une apprhension non feinte que je vois la monte de l'extrme-droite comme une nouvelle menace pour la socit.

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L'histoire du temps

Avec le temps... Avec le temps, va, tout s'en va On oublie les passions et l'on oublie les voix Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid Lo Ferr, Avec le temps Maintenant que nous en savons un peu plus sur les diffrents instruments qui nous servent en quelque sorte de mesure du temps via des mouvements ou oscillations priodiques, que nous avons fait le tour des paradoxes du temps quantique et de l'ventuelle mergence d'une loi du temps, essayons avec nos maigres moyens d'aller un peu plus loin dans la rflexion. Pour ce faire, il nous faut maintenant aborder l' histoire du temps, via l'espace-temps puisque le temps et l'espace sont intriqus au point o il n'est pas possible de sparer l'espace et le temps. Le temps a besoin de l'espace pour merger, et l'espace a besoin du temps pour tre en expansion. Le mot continuum d'Albert Einstein dcrit trs correctement cet aspect.

Je n'aborde pas ici l'aspect rythmes du temps , ftes, calendriers rituels, travail, etc. galement du point de vue philosophique et humain. Cet aspect a t tudi avec assez de bonheur par Jacques Attali dans son Histoires du temps , ce drame humain essentiel o il aborde non seulement la gnalogie des appareils de mesure, de la clepsydre l'horloge astronomique, mais avec pour objectif de vaincre l'angoisse de la mort ,L'histoire du temps 431


c'est--dire finalement le grand roman de l'aventure humaine . Il y distingue d'abord le temps des dieux, temps cyclique mythologique, puis le temps du corps (Moyen Age, dveloppement des villes), puis le temps des machines (re industrielle), et enfin le temps des codes (re du quartz et de l'lectronique). (Jacques Attali, Histoires du temps, Le Livre de Polche, Biblio, Essais, Ed. Fayard, 1982. Cet aspect a t - simplement - abord dans les chapitres Temps sociologique et Le temps de travail . Les paradoxes du temps quantique nous ont fait entrevoir qu'il y a toujours une limite infrieure au fractionnement du temps. Cette limite au fractionnement est-elle irrductible ou est-elle due simplement nos moyens limits ? La rponse prcise dans un sens ou dans l'autre devrait avoir des rpercussions immenses sur la philosophie du temps. Dans le premier cas, on devrait se rsoudre considrer le temps comme discret dans le second, il nous faut continuer dvelopper de nouveaux instruments qui nous permettent d'aller de l'avant. Paralllement, si nous essayons de voir les limites de l'infiniment grand, nous nous plongeons dans des vertiges insondables o, pour paraphraser Dante Alighieri, il faut laisser toute esprance en y entrant . (Dante Alighieri, l'Enfer). Si nous essayons alors d'en sortir nous nous heurtons des consquences tonnantes mais qui nous permettent d'y voir un peu plus clair. Voyons plutt. Nous nous souvenons que l'histoire de notre Univers commence (mot impropre pour dire simplement que c'est la limite de nos connaissances) avec le Big Bang. Notre Univers est alors une sorte de boule de soupe informe compose d'nergie(s) pure(s), d'une densit extrme, d'une chaleur maximale, etL'histoire du temps 432


d'une dimension infime (proche mais non gale, zro). Au fur et mesure de l'expansion de l'Univers, la densit diminue, la chaleur dcrot, l'cart entre les particules qui mergent s'accrot en consquence et le diamtre de l'Univers augmente : d'abord suivant une progression arithmtique, puis gomtrique, ensuite logarithmique (l'inflation) et enfin se stabilise dans l'acclration que nous connaissons maintenant. Au dbut, la distance entre les particules primitives ainsi cres est infime et le temps disponible pour que se crent des particules est insuffisant et l'Univers est totalement opaque, mais lorsque les distances le permettent, et que la densit dcrot suffisamment avec la temprature, des forces apparaissent, des lois mergent en mme temps. La vritable histoire du temps peut alors commencer. Nous n'allons pas reprendre ici toutes les tapes que le modle standard en cosmologie (rpondant en cho au modle standard de la physique des particules) a dj finement dcrites. Nous renvoyons les curieux (et ils seront nombreux s'ils sont arrivs jusqu'ici) vers les nombreux site (Wikipdia, Astrosurf, Astronomia, entre autres), missions, vidos, articles, revues, monographies, qui traitent en profondeur ces tapes, et particulirement propos de la nuclosynthse primordiale. Rappelons seulement ce que nous tenons pour l'essentiel (d'autres subdivisions ont t proposes qui sont tout aussi pertinentes et je suis persuad qu'au fur et mesure de notre comprhension des phnomnes, d'autres subdivisions, plus fines, plus compltes verront le jour je reprends ici celles qui me semblent fondamentales pour comprendre l'volution de notre Univers via la nuclosynthse) : La premire priode, appele re de Planck , avant 10 exposant moins 43 secondes, est la priode o l'on peut attribuer l'Univers naissant (ilL'histoire du temps 433


s'agit d'une faon de parler), les caractristiques d'un corps noir . La temprature qui rgne dans la sphre primitive (homogne et isotrope) dpasse les 10 exposant 32 degrs Celsius. On ne connat pratiquement rien de cette priode. Il y a ncessairement une expansion, vraisemblablement trs lente (combien lente ? On l'ignore), de progression simplement arithmtique. Il est aussi vraisemblable que cette seconde priode voit apparatre la premire force , la gravitation. C'est elle qui va rgir l'ensemble de l'Univers, du dbut la fin de cette histoire. L'expansion de l'Univers commence l'tre via une progression plus rapide, une progression gomtrique. La troisime priode voit apparatre la force forte (gluons, quarks) puis une force lectrofaible . Les noyaux se crent, mais se dfont continuellement cause des tempratures, des heurts continuels entre particules cres et dfaites. La quatrime priode est mieux connue sous le nom de dbut de la phase d'inflation : l'Univers crot de manire au minimum logarithmique. On pourrait parler d'acclration d'acclration d'acclration, etc. d'expansion. C'est cette inflation qui a permis l'Univers de se refroidir suffisamment pour que puissent se crer les premiers lments. Certains physiciens croient que cette inflation est lie au dcouplage des neutrinos donnant lieu au fonds cosmologique des neutrinos : les neutrinos et antineutrinos cessent alors pratiquement d'interagir avec les autres particules, notamment les photons. Lors de la cinquime priode, lorsque l'inflation se stabilise (sans toutefois dclrer), nous sommes l're du zoo de particules . C'est ce moment que se forment la plupart des particules lmentaires les plus courantes, ainsi que leurs antiparticules : lectrons et positrons, quarks et antiquarks, neutrinos et prphotons qui vont voluer en particules de lumire.L'histoire du temps 434


La sixime priode voit la sparation de la force lectrofaible en force nuclaire faible et force lectromagntique. La phase suivante (septime priode), permet malgr une temprature de plusieurs billions de degrs (10 exposant 12), aux premiers noyaux et antinoyaux (protons, antiprotons et neutrons, antineutrons) de voir le jour. On appelle aussi cette priode l're leptonique . Comme l'expansion continue, cette phase va tre le thtre de la plus grande bataille dans l'Univers primitif : la matire contre l'antimatire. Bataille qui, on le sait, a t largement gagne par la matire, celle qui nous est familire, mais quel prix ! Si l'on traduit cette guerre entre matire et antimatire au niveau des mythes fondateurs, on pourrait dire que Dieu a gagn la guerre contre Satan (quoique Satan soit un ange rebelle ). Il ne reste alors ct d'une bouillie de photons, plus qu'un lger surplus de matire. Nous en sommes la huitime priode ou re. Lors de la neuvime priode, l'Univers a gonfl de manire telle que les derniers lments d'antimatire s'annihilent permettant ainsi que se mette en place la vritable nuclosynthse que nous connaissons. Les protons et les neutrons s'assemblent. Si l'antimatire avait gagn la partie, on serait dans un anti-monde fait d'antiparticules : un noyau d'antiprotons et d'antineutrons autour duquel circulent des positrons. Il faut maintenant, lors de la dixime priode, une phase de calme presque parfait. L'Univers continue encore son expansion mais plus zen . Pour que les premiers vritables atomes se crent, il faut une temprature encore plus basse, de l'ordre de moins de 3.000 degrs Celsius. C'est ce qui se passe lors de la onzime re : l're de la synthse atomique. C'est durant cette phase que les protons, de charge positive, vont capter les lectrons (de charge ngative). On appelle galement cette re la recombinaison . La matire se structure, laissant des vides entre les atomes ainsi crs. Les photons vont ds lors pouvoir s'chapper. Il y a ce moment environ 380.000 ans qui se sont couls depuis le Big Bang. C'estL'histoire du temps 435


le grand flash photonique dont nous voyons encore les traces sur les magnifiques photographies que dlivrent les satellites Cobe, Wmap (Fonds diffus cosmologique), relays maintenant par le satellite de la mission Planck. La temprature de ce rayonnement lectromagntique est trs stable: environ 2,7 Kelvins. La douzime priode, aprs une priode dite obscure voit la formation de toiles et des galaxies primitives, environ un milliard d'annes aprs le big bang, galaxies qui devraient tre beaucoup plus grandes que les galaxies que nous connaissons. Et c'est dans ces toiles que sont forms les lments lourds (oxygne, carbone, silicium, fer,). Lorsqu'une toile supernova explose, elle dverse dans l'espace ces lments qui, mlangs la poussire des gaz environnants, va permettre, lors de la formation d'toiles de la seconde phase (treizime priode, la priode que nous connaissons), sur des plantes telluriques gravitant autour des nouvelles toiles, lorsqu'elles se seront suffisamment refroidies, l'mergence de la vie grce aux lments fondamentaux crs dans les chaudrons stellaires de premire phase. Bien videmment, cette histoire du temps, de notre temps ne s'arrte pas l. Peut-tre s'agit-il simplement de la jeunesse de l'Univers. Nous avons pu voir que le temps merge naturellement des modifications fondamentales intrinsques de l'Univers dans lequel nous sommes plongs. Plus l'Univers gonfle, moins la matire est dense mais il semble paradoxalement que la densit du temps s'accrot puisqu'il rend possible une augmentation d'vnements, de ractions, d'histoires. Le temps serait donc le pendant de l'entropie, puisqu'il acquiert des degrs de libert paralllement l'expansion. Plus il y a d'espace libre pour les interactions, les ractions, le mouvement, et l'acclration, plus il y a de possibilits pour se cre une nouvelle histoire, et donc un temps plus dense. Plus il y a d'espace, plus il y a de temps.L'histoire du temps 436


Plus la complexit crot, et plus il y a production de nouveaux outils, qui eux-mmes nous permettent de crer de nouveaux objets, de nouvelles histoires . Ainsi, la production de donnes au LHC en un seul jour, soit 15 petabytes de donnes brutes (plusieurs millions d'quivalents DVD de donnes) est suprieure la production crite de l'humanit durant des milliers d'annes avant l'invention de l'ordinateur. N'est-ce pas tonnant ? Le vritable temps prend ici son envol . Alors, souhaitons-lui bon vent !

L'histoire du temps

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En guise de mise au point

Platon, dans son Mnon (de la vertu), soutient qu' avant la vie actuelle, il y a eu un autre temps . Dans son Time, il nous dit que le temps est une image mobile de l'ternit (metron kineseos) Aristote, quant lui, nous apprend dans son ouvrage Physique, que le temps est la mesure du mouvement . Tous les philosophes, quels qu'il soient, ont d'une manire ou d'une autre identifi le temps avec le mouvement. Le temps ne se confond jamais avec l'immobilit. Sauf si on est hors tu temps ou au-del du temps comme les divinits. Quoique chez les Grecs, les dieux connaissent les affres des sentiments, les jalousies, les haines, les rancoeurs, le ressentiment, la vengeance, toutes motions qui exigent, pour tre assouvies, d'y consacrer du temps. Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, tout coup! c'est la loi, Le jour dcrot; la nuit augmente; souviens-toi! La gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide Charles Baudelaire, L'Horloge. Car rien n'est crit et l'avenir est un prsent que nous fait le pass. Richard Gehenot Le Cercle de Lumire. http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre27817.html Sur le fronton du temple de Delphes, temple qui tait consacr Apollon, le dieu de la musique mais aussi de la divination (les Grecs en taient friands), taient inscrites les devise : Connais-toi toi-mme, pas d'excs (rien de trop), fais-toi caution et tu seras ruin, et tu es (laisse le monde aux dieux) . Cette phrase, attribue au philosophe Chilon de Sparte quiEn guise de mise au point 438


tait l'un des sept sages prsocratiques (elle a aussi t attribue Thals de Milet, Pythagore et Solon), a t interprte de trs nombreuses faons, preuve de la densit de sa smantique. Platon, par exemple, la suite de Socrate, n'en a retenu que la premire partie Connais-toi toi-mme, pas d'excs (rien de trop) et fais-toi caution et tu connatras la ruine (en grec ancien , , ' ainsi que l'nigmatique (tu es toi, sous-entendu laisse le monde des dieux aux dieux ?) nosce te ipsum en latin). La devise nosce te ipsum a fait carrire et elle a notamment t reprise dans le premier pisode du film de science-fiction caractre philosophique Matrix. Elle est maintenant principalement synonyme d'introspection, alors qu' l'origine, elle signifiait simplement connais ta propre mesure, ne te compare pas aux dieux . Et le temps est la mesure ultime, puisqu'avec lui, tout change tout le temps. L'homme, s'il veut trouver son achvement (relatif, cela va sans dire), doit accepter ses limites, sa finitude: seuls les dieux sont par dfinition du domaine de l'illimit, de l'infini. Et les dieux, c'est justement le nom qu'ont donn les hommes ce qui est du domaine de l'infini, de l'inconnaissable. On rejoint ainsi le nominalisme de Guillaume d'Ockham... Les diffrentes coles philosophiques grecques nous ont beaucoup lgu. Le penseur grec Empdocle (n en 490 avant Jsus-Christ Agrigento, en l'actuelle Sicile, et mort en 430 av. J.C.) considrait que les lments fondamentaux taient le feu, l'air, la terre et l'eau. Les anciens Chinois, qui s'taient pos les mmes questions rpondaient, eux : la terre, le bois, le mtal, le feu et l'eau. Les penseurs indiens, rpondaient au troisime sicle avant Jsus-Christ - quant eux : l'espace, l'air, le feu, l'eau et la terre. Petite promenade dans les jardins de la pense de Dmocrite, de l'Acadmie, de l'Ecole Pripatticienne et de leurs disciples Lorsqu'on demandait aux philosophes grecs (un peu comme les journalistes modernes posent la mme question aux personnalits qu'ils interviewent) ce qu'tait l'lment ultime, Anaximandre de Milet (610-546En guise de mise au point 439


av. J.-C.) rpondait : la terre ou mieux encore, l'apeiron (ce qui n'est pas encore dtermin, car pour lui, l'arkhe, l'origine, n'est surtout pas un point, mais un perptuel renouveau ), alors que Thals de Milet (-625 - -547), qui tait le matre d'Anaximandre rpondait : l'eau; Anaximne (galement de Milet ! -585 -525) rpondait quant lui l'air et enfin, et Hraclite d'Ephse (qui a crit Sur la nature et un autre dj sur la thorie du tout : -544 -504) rpondait : le feu. Hraclite matrisait dj la dialectique moderne : Lun est compos de toutes choses, et toutes choses sortent de lun. (Burnet, traduit par Reymond). Leucippe, philosophe prsocratique (-460 370) tait semble-t-il, le vritable pre de l'atomisme et Dmocrite tait son disciple direct. C'est d'ailleurs travers lui que l'on connat la pense et l'thique hdoniste de Leucippe. Selon ce dernier, les principes premiers de la ralit sont le plein, le vide et le mouvement. On pourrait relier sa pense l'tude du fini et de l'infini, du continu au discontinu, le mouvement permet le passage de l'un l'autre : Il estimait que toutes les choses sont illimites et se transforment mutuellement les unes dans les autres, et que l'univers est la fois vide et rempli de corps. (Cit par Diogne Larce, IX, 30) On demandait un jour Anaxagore dit de Clazomnes (actuellement Izmir en Turquie)(-500 - -428)si les montagnes de Lampsaque ne deviendraient pas une mer. Il rpondit : Oui, avec du temps. Anaxagore avait-il intuitivement la connaissance de la tectonique des plaques ? Le philosophe aristotlicien Straton de Lampsaque, auteur d'un ouvrage sur le temps, malheureusement perdu, se demandait comment il se fait qu'en des lieux qui se trouvent au milieu des terres, l'on trouve une foule de coquilles, d'hutres et de chramydes. Les diffrences de niveau de mers proviendraient de ce qu'un mme fond tantt se soulve, tantt s'abaisse ; la mer alors s'lve ou s'abaisse en mme temps que ce fond. Straton avait donc eu l'intuition de la tectonique et soutenait d'ailleurs que la Mditerrane, la Mer Noire (appele de son temps Skythikos Pontos ou mer scythique, puis Pont-Euxin), et l'Ocan ne communiquaient pas entre eux. C'est ce qu'ont dcouvert les gologues William Ryan et Walter Pitman en 1997 et il s'agirait peut-tre de l'origine du mythe du dluge.En guise de mise au point 440


(Ryan, William ; Walter Pitman (1997), Noah's Flood : The New Scientific Discoveries About The Event That Changed History, Simon & Schuster, Old Tappan, New Jersey, 2000. Platon, philosophe idaliste, disait pourtant : Le monde est un compos de feu, deau, dair et de terre. De feu dabord pour tre visible, puis de terre pour tre solide, deau et dair enfin pour tre bien proportionn. Pour Platon, les dieux taient composs pour la plupart - de feu. Il hsitait constamment entre l'idalisme et le matrialisme, au point que pour lui, il y a deux principes et deux causes, dont les exemplaires sont le dieu et la matire. Etudiant la notion de temps, le philosophe athnien Epicure (-342 - -270) disait, en ce qui concerne le temps, dans son deuxime livre De la Nature : Voici un nouveau point de la doctrine quil faut tudier fond et comprendre pleinement : lexplication du temps. Il ne faut pas chercher expliquer le temps de la mme faon que nous cherchons tout le reste des choses qui sont dans un objet donn, cest--dire en remontant aux perceptions que nous avons eues nous-mmes. Il faut nous reporter la notion claire de ce que nous faisons quand nous parlons de beaucoup ou de peu de temps en comparant cette notion des notions parentes. Il ne faut pas non plus donner au temps des noms quon croit meilleurs, il faut le nommer par les termes qui sont en usage. Il convient encore de ne pas lui donner des attributs trangers sa nature en les prsentant comme semblables ses proprits spcifiques, comme quelques-uns le font parfois. Il suffit de bien rflchir la faon dont nous embrassons et mesurons sa nature propre. Car il nest pas besoin sur ce point de dmonstration. La simple rflexion montre que nous composons le temps avec les jours et les nuits, et autres parties semblables, et de mme avec nos affections et nos tats calmes, avec des mouvements et des repos, concevant en tout cela tour tour un accident particulier en fonction duquel nous disons quil y a du temps. Epicure avait dj compris cette poque que le temps est une entit fondamentale. Et pour lui, ce qu'on nommait me ne serait qu'un agrgat de matire.En guise de mise au point 441


Quand on demande aux physiciens contemporains de donner les diffrents tats de la matire, ceux-ci rpondent en chur tout de go : tat solide, liquide, gazeux, plasma. Or, la terre est solide, l'eau est liquide, l'air est gazeux et le feu est un plasma. Bien videmment, les gologues ajouteront que cette liste n'est pas exhaustive, et qu'il existe l'tat cristallin , tat complt rcemment par les tonnants quasi-cristaux. Rien n'est dfinitivement fixe, acquis une fois pour toutes. D'autant qu'il y a une branche qui est encore beaucoup plus intressante : celle qui concerne les transitions de phases, trs chres Mitchel Feigenbaum qui les a beaucoup tudies. Le passage de l'tat plasma l'tat gazeux, de l'tat gazeux l'tat liquide et de l'tat liquide l'tat solide sont des phnomnes qui intriguent bien plus. Et que dire des tats mtastables comme la surfusion ou la supraconductivit ? De la sublimation et de la condensation solide ? La nature ne suit pas les chemins baliss, fussent-ils tracs par la science la plus pointue : Si l'application non linaire la plus simple est pratiquement incomprhensible, quel espoir reste-t-il pour la dynamique relle ? Ian Stewart, op. cit. p. 281 Qu'est-ce que l'avenir va nous rserver ? Quels seront les rsultats des expriences au Large Hadron Collider (Grand Collisionneur de Hadrons) au CERN ? Chaque bote de Pandore ouverte laisse entrevoir des centaines d'autres botes de Pandore qui elles-mmes, etc. Avons-nous donc tellement progress depuis le dbut dans l'explication de ce mystre de la nature et du temps? Les Grecs n'avaient aucun microscope, aucune lunette astronomique, aucun acclrateur de particules disposition. Et pourtant... Ce sont tout de mme les Grecs, avec leur science, leur philosophie, leur culture, leur gnie qui ont invent la machine d'Anticythre , dont l'invention remonterait environ 87 av. J-C. Il s'agit de la premire calculatrice mcanique engrenages, compose de plus de 80 lments, dont 32 routes dentes ! Cicron en eut un exemplaire, ramen de Syracuse par son gnral Marcus Claudius Marcellus et il connaissait son fonctionnement qui permettait de reproduire les mouvements du Soleil, de la Lune, de Vnus, de Mercure et du zodiaque. Il est possible queEn guise de mise au point 442


l'inventeur en soit le gnial Archimde (287 212 avant J.-C.) et que la machine dont nous avons hrit ne soit qu'un des tous derniers exemplaires construits. A l'poque, les inventions n'taient pas protges par des brevets. Il est tout de mme dommage que les plans de construction aient t perdus. D'aprs Jean de Salisbury (1115-1180) qui rapporte la clbre formule qui a depuis fait son chemin et que nombre de philosophes rptent l'envi, celle-ci serait due Bernard de Chartres (1130-1160) qui l'aurait cre: Nous sommes des nains juchs sur des paules de gants. Nous voyons davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aige ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent et nous lvent de toute leur hauteur gigantesque . (J. De Salisbury, Metalogicon, III, 4). Isaac Newton l'a reprise son compte : If we have seen a little further, it is by standing on shoulders of giants. Plus prs de nous, parlant de ce physicien de gnie qu'est Ettore Majorana, Enrico Fermi dit : Parce que, voyez-vous, il y a en ce monde diverses catgories d'hommes de science. Des personnages de deuxime et troisime rang, qui font de leur mieux mais ne vont pas trs loin. Des personnes de premier rang, qui font de leur mieux, qui arrivent des dcouvertes de grande importante, fondamentales pour le dveloppement de la science. Mais il y a aussi les gnies, comme Galile et Newton. Eh bien, Majorana tait un de ceux-l. Majorana avait ce que ne possde aucun autre au monde ; malheureusement, il lui manquait ce qu'au contraire il est commun de trouver dans les autres hommes : le simple bon sens . Certes, on ne peut pas tout avoir. Majorana avait entrevu avec terreur la puissance qui pouvait tre exploite (et peut-tre mauvais escient) de l'nergie nuclaire. Rappelons qu' cette poque, le fascisme rgnait en matre dans l'Italie de Mussolini. Il est vraisemblable que Majorana n'ait pas voulu donner une arme aussi terrible ce psychopathe cyclothymique. Ceux qui comme Antonio Gramsci osaient tenir tte l'hydre fasciste le payaient souvent de leur vie. Rappelons-nous donc modestement que tout ce que nous connaissons, nous le devons une multitude de chercheurs, savants, philosophes, alchimistes, penseurs sans oublier les artistes et les potes - qui, petit petit,En guise de mise au point 443


nous ont ouvert la voie de la connaissance . Beaucoup de ceux-ci ont t trs injustement oublis. Certes, il est des penseurs plus grands, plus profonds que d'autres et nous leur devons le plus grand respect. Il faut honorer leur mmoire. Cependant, le moindre petit apport l'difice de la connaissance humaine est non seulement le bienvenu, mais sachons qu'il peut tre dcisif certains moments-clefs. Et n'oublions pas tous les inventeurs inconnus qui l'on doit tant ? Il y a bien une tombe du soldat inconnu : pourquoi pas une stle au savant inconnu ? Sait-on qui a dcouvert (matris) le feu ? Quel est l'inventeur de l'arc il y a environ 10.000 ans ? Cet arc qui a permis l'homme de se dfendre, de capturer sa proie sans risque pour lui, et ds lors de se nourrir aussi malgr l'environnement dangereux qu'il connaissait alors ? Qui peut dire quel est le gnie qui a invent la roue ? Saura-t-on un jour qui a invent l'agriculture ? Dcouvrira-t-on qui a invent la charrue entre le VIme et le Xme sicle ? Sachons rester humbles (le mot humble drive de humain, qui lui-mme drive de humus, la terre). On a fait grand cas dernirement de la disparition de Steve Jobs, le patron et gourou de la firme Apple. Nous avons certes l un visionnaire, un entrepreneur de choc mais certainement pas un gnie. Quelque temps avant lui est disparu, Dennis Ritchie, le crateur du systme d'exploitation Unics, devenu Unix, et qui a inspir tout le monde de l'Open Source (Linux, dont le projet GNU a t imagin par Richard Stallman mais dont le noyau a t invent par Linus Torvalds). Il fut aussi le crateur du langage de haut niveau B et finalement le C, le premier langage simple, propre, lgant et puissant qui a permis une explosion de dveloppeurs (avant le C, il fallait programmer en langage machine ou en assembleur) et une quantit impressionnante de programmes informatiques ont ainsi pu voir le jour, et notamment tous les programmes informatiques ddis aux sciences, les suites bureautiques, les jeux. Il a ainsi fait gagner normment de temps aux dveloppeurs de tout poil, des plus chevronns aux plus enthousiastes dbutants. Il est mort aprs une longue maladie (cancer, problme cardiaques), seulement 70 ans, certes pas dans l'indiffrence gnrale, mais sans que toutes les tlvisions ne lui consacrent une heure de leur programme voireEn guise de mise au point 444


plus, comme on l'a fait pour Steve Jobs. Pourtant, c'est sur les paules de Dennis Ritchie que Jobs et Bill Gates ont cr leur empire. Si vous voulez voir quoi peut ressembler un vrai visionnaire moderne (avec peu de moyens, comme quand Steve Jobs a commenc), voyez la vido de Pranav Mistry sur TED. com, qui a invent la technologie de SixthSense, compos d'un ensemble d'appareils ne cotant au total qu'une centaine d'euros ! Pranav Mistry: The thrilling potential of SixthSense technology | Video on TED.com (si vous ne parlez pas anglais, vous pouvez activer les sous-titres en une trentaine de langues). Tout simplement, alors, je sens que je suis un passeur et c'est ainsi que je pressens ma compltude : comme au relais 400 mtres, je passe le relais ceux qui nous suivent. En esprant de tout cur que l'on nous dpassera et cela le plus vite possible. Jean-Louis Dals a cr un joli pome sur le temps qui passe : Goutte grain http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre32449.html#page_1

En guise de mise au point

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Conclusion provisoire

On dirait le Sud, Le temps dure longtemps Et la vie srement, Plus d'un million d'annes Et toujours en t Nino Ferrer, Le Sud Alors, arrivs ce stade, pouvons-nous dclarer tre plus avancs sur notre connaissance propos du concept de temps ? Bien que je ne regrette pas le temps consacr cette tude, j'prouve malgr tout de srieux doutes. Comme Saint-Augustin qui disait dans ses Confessions si on ne me le demande pas, je sais , comme Wittgenstein dans ses Investigations philosophiques, une brique, c'est cela dit le maon son apprenti, en la montrant la fameuse brique, coupant court toute nouvelle explication complmentaire, j'ai envie de rpondre : ce qu'est le temps ? ...voil, c'est a, cela mme. Car le temps nous imprgne. Ce n'est pas parce que nous ne parvenons pas objectiver le temps que celui-ci en perd ncessairement sa valeur ontologique. A l'extrme, mme s'il n'existait pas de rel temps physique, le fait que l'humanit l'a invent, n'est-ce pas une preuve de l'utilit du concept ? La mesure, la mesure, tout est dans la mesure. Il arrive parfois de me demander si nous ne ferions tout simplement pas fausse route en essayant de saisir le temps et que la vrit pourrait tre l, tangible, vidente, mais cause de notre manire de penser, cause de notre culture de ce que nous tenons pour vrai , nous serions incapables de la voir. Nous avons la fcheuse tendance rifier les concepts autant que faire se peut pour leur donner quelque substance, mais qui peut nous dire ce qu'estConclusion provisoire 446


effectivement la chaisitude d'une chaise, la canitude d'un chien ou la pluitude de la pluie ? Je sais, ou du moins je pressens ce qu'est un homme libre mais qu'en est-il au fond de la libert ? Est-ce parce que j'ai donn un nom que je sais ce que c'est vraiment ? Que pourrait ds lors tre la temporalit, sinon simplement le fait que nous nous confrontons notre propre finitude, que nous ne vivons qu'un temps ? Nous touchons encore une fois au rapport entre le fini et l'infini, entre le continu et le discontinu. Vrit relative versus vrit objective. Nous nous sommes interrogs sur certaines constantes (dites fondamentales) et certains rapports qui sont troublants : vitesse de la lumire indpassable, structure fine, brisure de symtrie, champs de higgs qui donnent la masse aux particules en les ralentissant, dimensions fractales de l'univers et dans l'mergence et l'explosion de la vie, etc. Plus la connaissance humaine avance, se dveloppe, plus nous mesurons que l'tendue de ce que nous connaissons est drisoire en rapport avec ce qu'il reste dcouvrir. Le (trs) relatif dans l'infini de l'absolu. C'est ainsi que les hommes vivent. La chane Arte a diffus, le 13 octobre 2012 un documentaire intitul L'illusion du temps , bas sur le livre La Magie du Cosmos du physicien amricain Brian Greene, spcialiste de la thorie des cordes. Il est possible de la regarder sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=DbpRiMnf6_I Vraiment, le temps est un thme trs porteur en ces temps de doute ... Et de nouveau une course contre la montre : saurons-nous saisir la chance qui est la ntre d'en apprendre suffisamment pour faire en sorte que l'aventure humaine ne connaisse pas rapidement une fin stupide et continue perdurer ? Certes, un gocroiseur peut nous anantir, une rencontre avec un trou noir, avec un sursaut de champ magntique solaire, peut facilement faire basculer l'humanit notre humanit - dans le nant. Le rchauffement climatique nous enseigne tout de mme que les effets de notre prsence sur Terre peut avoir des effets dvastateurs non seulement sur nous-mme mais sur toute la vie dans sa diversit. Sans compter les risques des armements : armes de destruction massive nuclaire, armes chimique, armes bactriologiques, virus transforms,Conclusion provisoire 447


organismes gntiquement modifis dont on ignore l'volution, etc. La rponse toutes les questions scientifiques poses et rsoudre peuvent varier selon que nous envisageons simplement notre univers comme s'il tait unique ou si nous envisageons un multivers le temps pourrait trs bien s'tre fig un endroit, dans un univers arriv une sorte de big crunch mais continuer cependant partout ailleurs son travail de cration, de mouvement, dans d'autres univers... Et que dire si l'hypothse des univers infinis voire de l' infinit des univers infinis ? Cela donne certes le tournis, car dans ce cas, l'on pourrait envisager l'existence d'un temps objectif qui ne s'exprimerait que dans certaines conditions. Un temps fig un endroit, des temps qui s'expriment d'autres. Ou peut-tre mme une infinit de temps figs et une infinit de temps qui s'expriment. Heureusement, cependant, il en reste quelque chose: la mesure mme sinon du temps, du moins de rapports, de relations entre les vnements, et ds lors la mesure du mouvement, ont progress de manire spectaculaire (du moins dans notre petit Univers). De la suite des annes, des saisons, des lunaisons, des jours, du gnomon des Grecs, au clepsydre romain, du pendule de Huyghens, de l'horloge quartz l'horloge atomique, et maintenant l'horloge optique, que de chemin a t parcouru ! , . , , & # 1 0 9 1 ; & # 1 0 8 9 ; & # 1 0 8 3 ; , , , . Tu tourbillonnes dans lintemporalit, Le long de sicles sans fin, Tu es vraiment fatigue dternit, O, dors petite terre bien aime. Vladimir Simionovitch VyssotskyConclusion provisoire 448


Traduction Sarah P. Struve Le temps et surtout sa mesure, a ainsi un caractre, une porte essentiellement pratique : production agricole chez les Sumriens (il y a 5.000 ans dj), organisation de la journe, du travail, des activits humaines. Pour ne pas rater un rendez-vous chez le dentiste ou chez le notaire, j'ai besoin de plusieurs coordonnes : spatiales (le cabinet ou l'tude se trouvent un endroit dtermin, ville, rue, n immeuble, ventuellement tage, gauche ou droite en sortant de l'ascenseur) mais galement temporelles (anne, mois, jour, heure, minute, qui finalement ne sont que des conventions sur lesquelles nous nous sommes mis d'accord) mais aussi de prvoir galement une dure, un laps de temps bloquer (une heure, 30 minutes, etc.). Le GPS serait sans relle utilit si l'on n'avait pas tenu compte de la relativit restreinte d'Einstein. Et l nous sommes dans une division du temps (dure) de la femtoseconde! Les acclrateurs de particules, et donc le LHC (grand collisionneur de hadrons) et le RHIC (collisionneur relativiste d'ions lourds) ne pourraient fonctionner si l'on n'tait pas capable de dcouper et donc de voir des particules dure de vie infiniment petites... Que fait-on en pratique dans un acclrateur de particules ? On les envoie dans un immense champ lectromagntique qui leur transmet une partie de son nergie chaque tour effectu. La particule (ici des hadrons) deviennent de plus en plus nergtiques (donc, massives). Lorsque les particules ont acquis suffisamment d'nergie pour rpondre aux exigences de l'exprience (le LHC devrait atteindre au final jusqu' 8 tralectronvolts (TeV), ce qui permettra, en lanant un hadron contre l'autre d'atteindre pratiquement 16 TeV ! Que se passe-t-il alors ? Les deux hadrons, au moment du choc, et s'ils sont bien dans la configuration presque parfaite voulue, vont tre subitement ralentis, vont subir une dclration totale puisqu'au moment du choc, leur vitesse va tre gale zro ! A ce moment, l'nergie cintique ainsi que la matire se transforment en un temps infiniment court (le temps de Planck?) en nergie pure, puis l'nergie contenue se retransforme aussitt en d'autres particules de matire, tout cela pratiquement instantanment.Conclusion provisoire 449


Seule la physique quantique est capable d'expliquer ce qui se passe alors, puisqu'on a affaire une sorte de soupe qui ressemble trs vaguement la soupe primitive prsente au moment du Big Bang. C'est pour cette raison que six dtecteurs, dont quatre de grande taille sont installs dans l'acclrateur, chacun avec une fonction bien dfinie (les deux dtecteurs ATLAS et CMS ayant la lourde charge de dtecter les bosons de Higgs, ces particules censes donner de la masse d'autres particules). A la confrence de presse de ce 4 juillet, un vnement historique ! Il semblerait bien que ce fameux boson d'Englert-Brout-Higgs ait t identifi. C'est une confirmation clatante du Modle Standard qui prouve une fois de plus que la collaboration internationale pacifique est bien plus productive que toutes les sommes gches dans les investissements militaires, porteurs de misre et de mort. Qu'en sera-t-il quand nous serons captables de mesurer la zeptoseconde, voire la yoctoseconde ? Plus nous allons dans la prcision du temps, et plus nous allons dans la prcision de l'espace. Plus nous sommes capables de mesurer avec exactitude l'espace, plus nous parvenons valuer l'nergie contenue dans cet espace de plus en plus restreint. Et d'autre part, plus nous nous enfonons dans les limites de l'espace, plus nous ouvrons la voie des outils qui permettent de mesure le temps de manire beaucoup plus prcise. Alors ? Alors, quid du mystre (nigme) du temps ? Les religions aussi varies qu'elles sont, lorsqu'elles arrivent une contradiction dans leur propre discours, parlent constamment de mystres : mystre de l'ubiquit de Dieu, mystre de sa nature, mystre de son origine, mystre de la rsurrection, mystre de Jsus, mystre de la virginit de Marie, mystre de la foi mme. Le terme identique de mystre possde dans la bouche des croyants un tout autre sens que celui d'nigme : il s'agit de connaissance qu'ont ceux qui sont initis (seuls eux possdent la rvlation de la ralit cache au plus grand nombre): le terme mme de mystre vient du grec dont la racine est (fermer). On se ferme toute explication. C'est d'ailleurs la mme racine que le mot mythe, mystification. C'est tout dire.Conclusion provisoire 450


On s'arrte, on ne rflchit plus l'nigme et l'on dclare sans honte qu'il s'agit d'un mystre . Pourquoi s'arrter en si bon chemin aurait dit l'empcheur de tourner en rond ? Nous avons vu qu'il y a ceux qui croient qu'on ne pourra jamais objectiver le temps simplement parce qu'il n'existe pas. Ces atemporalistes soutiennent que le temps n'existe pas, qu'il faut ds lors le bannir dfinitivement des quations, si l'on veut rellement avancer. De l'autre ct, d'une opinion contraire, nous avons les temporalistes qui soutiennent que le temps, mme si l'on ne peut pas (encore) l'objectiver, a toujours exist et donc qu'il continuera d'exister ternellement. Le thorme d'incompltude de Gdel vient nous faire une petite apparition des endroits o on ne l'attendrait pas... Puis nous avons vu que parmi ces temporalistes, certains parlent de la naissance et de la fin du temps (des temps). Si le temps existe, c'est--dire s'il est objectivable c'est--dire qu'il est possible d'une manire ou d'une autre de le mettre en vidence, de le toucher du doigt , de le rifier, il faut que ce temps agisse sur tout, y compris sur l'ensemble (l'infinit) d'univers et sur l'infiniment petit, sur tout ce qui se cre et se transforme. ...Et l'on pourrait mme dire qu'il aurait une influence y compris sur Dieu lui-mme, s'il avait l'heur d'exister. Le principe du tiers exclu (aussi bien ontologique que logique) est une arme redoutable pour qui sait l'utiliser. Pour David Hilbert, Priver le mathmaticien du tertium non datur [tiers exclu] serait enlever son tlescope l'astronome, son poing au boxeur. David Hilbert, Die Grundlagen der Mathematik (1934-1939), p. 80 Il en est de mme, me semble-t-il, du principe de raison suffisante de Leibniz, que, pour ma part, j'interprterais diffremment, en ce sens qu'il nous oblige toujours rechercher une cause objective tout phnomne, et cela sans aucune limite, ni dans l'espace, ni dans le temps. Personnellement, par paresse, je me rangerais bien dans le courant qui soutient que le temps est en quelque sorte une entit (sans pouvoir la dfinir) qui permettrait aux choses, aux vnements d'exister, une sorte deConclusion provisoire 451


support , d' ther de nature inconnaissable en l'tat de notre technologie. Car quand on dit que l'Univers se dilate, il faut bien essayer d'expliquer dans quoi l'Univers se dilate : dans le vide ? Quel vide ? Et qu'est-ce que le vide absolu ? Ce n'est pas le temps qui est responsable de notre dcrpitude, le temps ne ferait que permettre ce changement, cette dcrpitude, de voir le jour, et que si cette dcrpitude nous est dfavorable, on ne peut dire qu'elle le soit pour le reste de la ralit : c'est simplement notre faon de voir la ralit objective de ce changement qui se termine fatalement par la mort que nous interprtons. Cependant c'est justement ce changement qui permettrait galement plein d'autres choses : la mort de l'un peut tre le dbut de la possibilit d'existence de l'autre. Car ce sont des successions infiniment nombreuses de petites ractions, invisibles lil nu mais que les biochimistes et physiologistes parviennent petit petit d'lucider, qui la longue, certaines se superposant d'autres, certains lments acclrant le processus, d'autres le ralentissant, qui nous amnent de l'enfance l'adolescence, de l'ge mr la vieillesse, et finalement la mort biologique. Si nous rflchissons bien, nous pourrions dire que c'est galement le temps qui est responsable de la construction du miracle de la vie. Deux cellules spares se rencontrent, fusionnent, se dveloppent, et donnent aprs une srie de processus extrmement compliqus, chaotiques, finalement un nouvel tre humain, notre bb, notre enfant ! Le temps et l'espace permettent cela. Pour un peintre, un sculpteur, un musicien, et en gnral tout artiste, le temps est son alli le plus prcieux : c'est lui qui lui permet de crer, de construire, d'lever une statue. Il faut de la patience, du savoir, du savoir-faire, du gnie parfois, pour permettre la Joconde, au David, au Taj Mahal, et tous les innombrables chefs-duvre de voir le jour. Luvre est ainsi la mmoire de tout le cheminement qui va de l'ide, l'envie, le besoin de crer, jusqu' son panouissement. Existe-t-elle galement pour l'univers dans sa totalit ? Lorsque nous voyons par une belle nuit sans nuages, la Voie Lacte et ses myriades d'toiles, n'est-ce pas dj comme une photographie de l'univers ? Mais le temps de l'univers est fort loign du temps des humains.Conclusion provisoire 452


S'il en est ainsi, et s'il existe une mmoire de la totalit des vnements qui se sont produits dans l'univers (ou les univers), on pourrait alors repasser le film de chacun de ceux-ci, vitesse rapide ou lente, les analyser, et peut-tre voir ce qui pourrait nous aider nous en sortir dans cet immense dsert de solitude (jusqu' prsent, nous ne sommes pas parvenus dtecter une autre intelligence extra-terrestre). C'est d'ailleurs un peu ce que font les cosmologistes avec leurs modles. Par contre, si le temps n'existe pas, et si on le dmontre un jour, il faut le supprimer dfinitivement de toutes les quations physiques et chimiques. On ne parlerait plus que d'tude de distances, de processus, d'interactions, de relations rciproques. Cela pourrait tre possible, mais je crois qu'on perdrait l quelque chose de pratique. Un peu comme les couleurs : il s'agit bien sr d'ondes de diffrentes frquences, mais nous tres humains, nous avons la capacit merveilleuse de voir chaque couleur comme diffrente, et de nous esbaudir de ses efflorescences, de leur jeu subtil. En dfinitive, me direz-vous, est-ce dire que je n'aurais pas d'opinion vritable sur le sujet ? A ce stade de la rflexion, je dois reconnatre que je me suis personnellement fait une sorte de nuage d'opinion, base sur une intuition qui n'est videmment pas une preuve. Et, finalement arriv ici, je dois malgr tout faire le point. Et j'en viens ce dilemme la Robert Frost : - soit c'est le temps (la dure ou succession de dures) qui en permettant l'espace de se crer, de se dvelopper, est le dmiurge du mouvement, - soit c'est l'espace et ses degrs de liberts qui en permettant au mouvement de se crer, d'merger par le dplacement de matire ou d'nergie, cre en quelque sorte le temps. L'un des deux pourrait tre absolu, l'autre relatif. Ainsi, l'espace, en se crant, permettrait au temps de surgir... Contrairement la mythologie, Chronos serait alors le fils de l'Espace qui se cre. Pourrait-on, comme Etienne Klein poser le problme : Le temps accueille-t-il les vnements ou en mane-t-il ? Si nous faisons le tour de ce que nous avons parcouru ensemble dans ces modestes rflexions, nous devons distinguer : - le temps physique intrinsque objectif , comme abstraction, pour l'heure inconnaissable et que personne ne parvient cerner puisqu'ilConclusion provisoire 453


serait le fondement de tout ; - l'axe d'un temps (la droite du temps) allant de moins l'infini plus l'infini qui serait une sorte de support du temps ; - le cours du temps , c'est--dire le mouvement, le devenir, le processus que l'on pourrait pour se forger une image, placer sur la droite du temps ; - la flche du temps (ou plutt flche du mouvement) qui donne un sens aux processus et qui serait due la causalit, l'entropie ; elle empche tout retour en arrire, vu que tout est reli la cause prcdente et que les causes prsentes sont responsables de l' venir ; - le temps humain, cyclique, comprenant le concept de temps, la dure, le devenir, la naissance, la mort, temps tel que nous le ressentons et le vivons et qui nous permet d'organiser notre vie; - une sorte de temps consensus , temps conventionnel sorte d'artefact, de truc qui nous aide pointer du doigt, mesurer avec une relative bonne prcision, un vnement, une rencontre, un accident. Ces distinctions peuvent paratre (sont?) purement subjectives , conceptuelles et ne permettent pas d'apporter de rponse finale, dfinitive, mais elles montrent du moins qu'il est possible et souhaitable d'aller plus loin dans la rflexion et donc dans la connaissance. Pour ma part, la lumire de ces quelques rflexions, j'en viendrais presque tre persuad - sans pouvoir le moins du monde le dmontrer -, que le temps pourrait n'tre qu'une illusion, un leurre ou si l'on veut, un miroir aux alouettes (Eulenspiegel), d au fait que nous essayons d'abstraire le temps du mouvement ; que seul existe le changement, c'est--dire le mouvement (le dplacement, puis la transformation) de la matire (de l'nergie) dans l'espace autant de dimensions que notre science pourra en dcouvrir et notre imagination fertile jamais en envisager ; que ce mouvement est une suite ininterrompues de causalits ; ce mouvement de la matire ou de l'nergie est d plusieurs voire une infinit (de) - degrs de libert dans l'espace n dimensions (les espaces des n possibles) dont nous ne voyons, percevons que les trois dimensions d'espace et une que nous nommons, faute de mieux, dimension du temps, et qui ensemble, forment ce qu'Einstein a appel l' espace-temps.Conclusion provisoire 454


Dans Flatland, Edwin Abbott dcrit un monde o une des dimensions n'existe pas (la 3e dimension: haut et bas). Pourtant, dans ce monde, le mouvement est possible et le temps est lui aussi prsent. On pourrait en allant plus loin, envisager un monde une seule dimension: le mouvement y serait galement permis et le temps existerait aussi. Dans la thorie des cordes, l'lment fondamental, la corde (ouverte ou referme sur elle-mme) possde dj une dimension : donc, le temps semble tre dj prsent. Mais qu'en est-il d'un monde zro dimension (un point donc) o le temps subsisterait ? trange, n'est-ce pas ? Le mouvement y serait impossible et le temps n'aurait, malgr son existence (si cela est possible), aucun effet, aucune manifestation. Mais dans ce cas peut-on encore parler de temps?Est-ce l encore un temps ? Lorsque nous regardons une droite (en fait un segment de droite), nous pouvons imaginer qu'elle vient de l'infini et se perd dans l'infini. Cependant, si nous la regardons par la tranche (terme impropre puisqu'une droite ne peut pas avoir de tranche), nous ne verrions qu'un seul point, que ce soit dans un sens ou l'autre. Lorsque nous regardons un plan (un segment de plan), nous voyons une surface constitue d'une infinit de droites qui se touchent (ou bien encore une droite qui se dplace sur une perpendiculaire). Mais lorsque nous regardons le plan par la tranche , nous ne voyons plus qu'une droite, partageant le plan en deux, et ayant deux fois 180 degrs. De la mme manire, lorsque nous regardons un espace trois dimensions (par exemple un cube), nous pouvons le regarder par une des faces et ne voir plus qu'un plan, une surface. Mais si maintenant nous regardons le cube de manire ce que deux sommets opposs soient sur une seule droite, nous voyons une sorte de point d'o partent trois droites avec des angles de 120 degrs. Bien videmment, un ttradre donnera le mme schma, puisqu'un cube peut tre divis en quatre ttradres rguliers. Reproduisant ce schma avec un espace-temps ( quatre dimensions) et alors que nous faisons concider deux sommes opposs, nous regardons dans cette direction, nous voyons un point d'o partent quatre droites partageant ce plan en quatre parties gales et des angles de 90 degrs.Conclusion provisoire 455


Le cubane permet de s'en faire une reprsentation : il s'agit d'une sorte d'hypercube compos de 8 atomes de carbone formant un premier cube et de huit atomes d'hydrogne prolongeant chaque sommet. On peut imaginer ainsi une manire d'entrevoir les espaces plus de quatre dimensions. C'est un exercice de l'esprit qui exige de faire travailler notre imagination de manire intensive mais qui permet au moins d'entrevoir les espaces plus complexes. Les films Dimensions de Jos Leys, Etienne G h y s e t A u r l i e n A l v a r e z s u r l e s i t e http://www.dimensions-math.org/Dim_reg_F.htm ou http://blip.tv/dimensions/dimensions_1_francais_ipod-1782539 permet de voir comment imaginer ces dimensions (il y en a une srie trs didactique qui constituent une excellente initiation la topologie). Selon Craig Callender, Professeur de philosophie l'Universit de San Diego, en Californie, l'Univers est peut-tre dpourvu de temps, mais si on le dcompose, certaines de ses parties peuvent servir d'horloges aux autres. Le temps merge ainsi de la-temporalit. Nous percevons le temps parce nous sommes, par nature, un de ces lments de l'Univers. Pour la Science, Numro spcial, n397, Novembre 2010. Znon! Cruel Znon! Znon dle! M'as-tu perc de cette flche aile Qui vibre, vole, et qui ne vole pas! Le son m'enfante et la flche me tue! Ah! le soleil . . . Quelle ombre de tortue Pour l'me, Achille immobile grands pas! Paul Valry, Le Cimetire marin. Mme au niveau subquantique, je ne crois pas que la ralit soit statique: il nous manque seulement un ou des outil(s) suffisamment prcis qui nous permettraient de percevoir les infimes changements, les infimes dplacements pour qu'ils soient mesurables et quantifiables les uns par rapport aux autres (avec la condition que l'outil ne vienne pas interfrer avec la mesure). Puisque l'univers est changement, il n'y aucune raison de penser que l'infiniment infiniment petit soit statique, quelque degr que ce soit.Conclusion provisoire 456


Aprs tout, il se pourrait peut-tre que les cordes elles-mmes soient composes d'une infinit de sub-particules qui prises ensemble donnent l'illusion d'une corde... Le passage d'une dimension l'autre s'effectue-il de manire continue ou discontinue ? La dcouverte des fractales par Benot Mandelbrot et peut-tre un dbut de rponse. Car que dire des diverses (multiples) dimensions du temps et de l'espace ? Devrait-on, parce que nos organes de sens ne nous permettent de saisir que trois dimensions d'espace et une de temps, penser qu'il n'existe pas de dimensions supplmentaires ? Bien sr, des physiciens d'avant-garde parlent de onze dimensions dont certaines replies sur elles-mmes. Mais pourquoi se limiter onze ? Pourquoi pas cent onze, mille cent onze, des milliards de dimensions, voire une infinit de dimensions ? La grandeur de l'esprit humain est de pouvoir (mme si elles n'existent pas, ce qui reste prouver....) imaginer une ralit aussi profonde que celle qui existe. L'infini est-il inscrit dans nos gnes ? Au niveau artistique et potique, les figures impossibles de von Koch, d'Escher, de Leys, de Browne ou de Penrose nous ouvrent des horizons d'une trs gran

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