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MINES ParisTechCentre de Gestion Scientifique
60 boulevard Saint-Michel, 75 272 PARIS cedex 06
cole doctorale n 396 : Economie, Organisations et Socit
Doctorat ParisTech
T H S Epour obtenir le grade de docteur dlivr par
lcole nationale suprieure des mines de ParisS cialit Sciences de estion
prsente et soutenue publiquement par
Sophie COLASSE
le 16 Dcembre 2011
Hpital, Territoire, Sant : lmergence dun
contrle de gestion mdicalis ?
Directeur de thse : Professeur Michel NAKHLA
Jury
M. Grard de POUVOURVILLE Professeur, Chaire Sant, ESSEC Rapporteur
M. Bruno FAULCONNIER Directeur General, Centre Hospitalier de Niort Examinateur
M. Pierre LOMBRAIL Professeur, Dpartement SPMS, Universit Paris13 Examinateur
M. Jean-Claude MOISDON Directeur de recherche, CGS, Mines ParisTech Examinateur
M. Michel NAKHLA Professeur, Chercheur CGS, Mines ParisTech Directeur de thse
M. Grald NARO Professeur, ISEM, Universit Montpellier1 Rapporteur
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Mines ParisTech nentend donner aucune approbation ni improbation aux opinions mises
dans cette thse. Ces opinions doivent tre considres comme propres lauteur.
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Remerciements
Cette thse est laboutissement de plusieurs annes de travail et atteste de lintrt que je
porte aux enjeux du systme de sant. Elle naurait pu voir le jour sans le soutien et laide denombreuses personnes qui mont accompagne tout au long de cette pope ! Je tiens donc
ici les remercier et leur tmoigner de ma reconnaissance.
Mes premiers remerciements vont tout naturellement Michel Nakhla qui a dirig ces travaux
et sest montr comprhensif face mes choix tout au long de mon parcours dans le milieu
des hpitaux. Toujours lcoute, ses conseils mauront t prcieux pour que je puisse faire
avancer ma rflexion et conclure cette thse.
Deux personnes ont fortement influenc ces travaux. Jean-Claude Moisdon, directeur de
recherche lEcole des Mines de Paris et Philippe Peyret, enseignant lEcole des Hautes
Etudes en Sant Publique (EHESP). Critiques mais bienveillants, leurs remarques mauront
permis daffiner mon propos. Je garderai bien sr en mmoire les petites expressions et autres
boutades chres Jean-Claude Moisdon qui attestent de son exprience et de sa
comprhension fine des problmatiques de gestion du systme hospitalier.
Cette thse naurait pas non plus t aussi pertinente sans le recours des terrains de
recherche indits, riches, parfois surprenants. Mes remerciements vont donc galement
Mario Di Palma, Olivia Ribardire et son quipe, et Etienne Minvielle qui mont consacr de
leur temps et mont permis de dcouvrir les enjeux et lambiance particulire qui rgne dans
les centres de lutte contre le cancer.
Cette thse aura aussi t loccasion de vires en terre angevine partages avec Jean -ClaudeMoisdon, Michel Nakhla, Yann Bourgueil et Michka Naiditch. Je remercie donc Bruno
Faulconnier qui est linitiative de ce projet audacieux et ma offert un terrain de recherche
riche, porteur pour lensemble de la rflexion ici restitue, minvitant ainsi me poser des
questions au-del de la simple gestion hospitalire.
Je remercie Pierre Lombrail, Grard de Pouvourville et Grald Naro qui ont accept de
participer au jury de thse et attestent ainsi de lintrt quils portent ce travail.
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Je tiens enfin exprimer mes remerciements Andr Lestienne qui ma permis de raliser ces
travaux de recherche au sein du CNEH, terrain de jeu idal pour dcouvrir les difficults et les
dfis auxquels sont confronts les tablissements de sant. Il ma fait part dune grande
confiance tout au long de mes travaux en me laissant libre de mener ma rflexion pendant les
trois annes de convention CIFRE.
Mon exprience au CNEH ma conduite tisser de nombreux liens amicaux. Merci Laetitia,
Amandine, Anna-Laura, Emilie, Jean-Franois, Vani, Caroline, Frdric, Jonathan, Anne-Jil, et
Etienne, qui prend le relais, pour les bons moments passs au CNEH.
Merci Galle de mavoir initie aux subtilits du contrle de gestion lhpital.
Merci mes camarades de la Protection Civile de Paris 13, Sylvain, Arnaud, Marine, Virginie
Antoine and Co qui mont lanc un dfi que je nai finalement pas os relever !
Merci Anne-Laure et Jonathan pour leur patience et leurs encouragements dans la dernire
ligne droite.
Merci Fanny et Lna pour leur soutien indfectible.
Merci ma famille.
Une page se tourne, une autre souvre, merci toutes celles et ceux qui y ont contribu et
mont amene faire les bons choix.
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Sommaire
Introduction gnrale 9
PARTIE 1
Mdecine et gestion : deux disciplines incompatibles ?
Chapitre 1 - Les outils issus de la comptabilit analytique hospitalire et la question de
lallocation des ressources lhpital 39
Chapitre 2 - Modles et instruments du contrle de gestion : du pilotage de la performance
laction collective 79
Chapitre 3 Diagnostic de la fonction contrle de gestion lhpital : cueils, alternatives et
enjeux 101
Chapitre 4 - Structure et fonctionnement de lhpital: louverture de lhpital comme
facteur de rationalisation des organisations de sant ? 133
Partie 2
Evolutions organisationnelles et nouveaux outils de pilotage de la sant : rsultats issus de
lexprience
Chapitre 5 Matriel et mthodologie de recherche : dstabilisation de lobjet hpital et
recherche-intervention 171
Chapitre 6 Lhpital comme premier terrain de recherche: proposition dun outil de
simulation conomique 203
Chapitre 7 La filire Hpital / Domicile comme deuxime terrain de recherche : tude des
modes de coordination dans le cadre du dispositif de sortie des patients atteints de cancer
233Chapitre 8 Le territoire de sant comme troisime terrain de recherche : tude dun projet
mdical partag entre mdecins libraux et hpital et proposition de construction de
comptes locaux de la sant 261
PARTIE 3
Savoirs et relations : une grille danalyse en faveur dune rvision du concept de contrle de
gestion lhpital
Chapitre 9 - Dimensions et variables de conception : proposition dune grille de diagnostic ducontrle de gestion par pathologie et problmatiques associes 295
Chapitre 10 Le contrle de gestion mdicalis objet dun processus de construction
conjointe des savoirs et des relations 327
Chapitre 11 Valorisation et ouverture internationale de la recherche en gestion de la sant
355
Conclusion gnrale 377
Annexes 387
Bibliographie 395
Table des figures 405
Liste des sigles 409Plan gnral 415
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Introduction gnrale
Par dcret du 15 mars 2010 publi au journal officiel le 16 mars, la Direction Gnrale de
lOffre de Soins (DGOS) a t cre au sein du ministre charg de la sant, en lieu et place dela Direction de lHospitalisation et de lOrganisation des Soins (DHOS). Cette volution va plus
loin quun simple changement dintitul. La cration de cette direction gnrale
dadministration centrale sinscrit, en effet, dans la nouvelle gouvernance du systme de
sant, quillustre galement la cration des Agences Rgionales de Sant (ARS). Elle traduit la
volont affirme davoir une approche globale de l'offre de soins, intgrant aussi bien la ville
que l'hpital. Sur le papier, la DGOS substitue donc une logique dexpertise, une logique de
pilotage stratgique, dlaboration des politiques, danimation et dappui leur mise en
uvre, decontrle et dvaluation.
Cette volution traduit la volont dun changement de paradigme et prolonge le mouvement
de rformes et de plans de structuration connu par les organisations de sant dont l un des
axes majeurs semble tre celui de la rationalisation des organisations hospitalires.
En effet, le secteur hospitalier franais connat un certain nombre de rformes allant dans le
sens des volutions profondes que connaissent les organisations publiques ; introduction de
dmarches gestionnaires, valuation de lactivit, contractualisation des objectifs Ces
volutions remettent en cause, dans bon nombre de situations, la nature des changes au sein
de ces organisations. A titre dexemple, les exigences de performance, imposes certains
services, entranent une reconfiguration des relations entre lentreprise publique, ses tutelles
et ses usagers (nouveaux principes de tarification, mergence ou transformation des politiques
contractuelles, ...).
Les spcialistes ont ainsi dcompt 35 plans de rforme depuis 1948, soit une rforme tous les
18 mois en moyenne1. Elles visent principalement trois volets :
Lorganisation des tablissements avec la dfinition de nouvelles formes de gouvernance
entre mdecins et gestionnaires, le projet dtablissement, la mise en place du Programme de
1Yves Joncour, Cabinet Axe Management, Sminaire Organisation et mtiers lhpital, R. Bercot, Y.
Saint Saulieu, MSH Paris Nord, 19 juin 2008.
2 La Nouvelle Gouvernance a t introduite dans le cadre du plan Hpital 2007, devenu hpital 2012 ;
elle vise responsabiliser le personnel soignant et non soignant, largir lautonomie de ltablissement
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Mdicalisation des Systmes dInformation (PMSI), la contractualisation interne, la formation
des mdecins la gestion ou encore le redploiement dactivits et les cooprations inter
tablissements ;
Le financement de leur activit avec la mise en place du PMSI et de la Tarification
lActivit (T2A) ;
La qualit et la scurit des soins avec notamment linstauration de laccrditation, et le
dveloppement dindicateurs de qualit.
Bien quimparfaits ou incomplets, ces dispositifs ont pour point commun dintroduire une
conscience gestionnaire lhpital en lien avec de nouveaux outils de gestion.
Pour autant, face aux caractristiques structurelles, environnementales et socio-
professionnelles de lhpital, ces outils de gestion se sont souvent montrs impuissants
impulser une dynamique de changement et la greffe doutils issus du secteur industriel, bien
que fonde sur de bonnes intentions, na pas pris lhpital. Ce constat pose la question de la
pertinence du dispositif de contrle et se rvle exemplaire quant la remise en cause des
schmas traditionnels issus des entreprises du domaine industriel et marchand.
La contingence du systme, quil sagisse de la complexit des processus du fait de la varit
leve des cas, ou de lincertitude de son environnement rend difficile la prvision. Ce constattmoigne dores et dj de la ncessit de se tourner vers des modes de contrle pluriels et
complmentaires tenant compte de la ralit hospitalire. Il pose galement la question du
niveau de rgulation pertinent pour grer le systme de sant dans son ensemble en vue
dtablir des liens entre mdecine de ville et hpital et ainsi adopter une nouvelle dmarche
gestionnaire.
Pour autant, et quel que soit le niveau de lorganisation considr, lun des enjeux rside dans
ladhsion des acteurs la dmarche gestionnaire et lappropriation des outils qui en rsulte.
En effet, la mise en place du contrle de gestion lhpital peine trouver sa lgitimit. Ds
les annes 1970, Gauthier et alii (1979) expliquent que la logique de la profession mdicale
tend rejeter toute approche quantitative, chiffre des divers domaines de lactivit
hospitalire . Aujourdhui, si la mesure chiffre est davantage rpandue au sein de lhpital,
cest lusage qui en est fait qui est parfois dnonc travers la recherche de performance et de
rentabilit inhrente la mise en place du financement lactivit par exemple (Expert, 2006 ;
Escaffre, 2008). La fonction contrle de gestion a-t-elle alors sa place dans une organisation
telle que lhpital qui, rappelons-le, est dfinie par ses missions ; selon le Code de la Sant
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Publique, le service public hospitalier a obligation dassurer ou de concourir la prvention,
lenseignement universitaire, la recherche, la qualit des soins et la scurit. Il nest donc
jamais fait rfrence un objectif de profit via un dveloppement de lactivit par exemple.
Pour autant, le droit lui-mme pose la question de la conciliation entre intrts mdicaux et
intrts conomiques ; l'article R 4127-92 du Code de la Sant Publique comment par le
Conseil National de l'Ordre des Mdecins rappelle que le mdecin doit prendre conscience
des ralits conomiques aussi bien dans la gestion d'un cabinet libral que dans son exercice
au sein d'un tablissement public hospitalier ou priv. *+ Tout mdecin doit donc s'efforcer
de trouver une adquation entre le souci lgitime de bien traiter ses patients et les ralits
conomiques . Cest cette question que le contrle de gestion doit apporter un certain
nombre de rponses, tablissement par tablissement mais sur la base de principes communs.
Chercheurs, acteurs de terrain, quils soient issus du corps mdical et soignant ou
gestionnaires, mais aussi institutions sont mobiliss autour de ces questions comme en
tmoignent les nombreux rapports initis par la Haute Autorit de Sant (HAS), lInspection
Gnrale des Affaires Sociales (IGAS) ou encore le Ministre de la Sant travers la DREES
(Direction de la Recherche, des Etudes, de lEvaluation et des Statistiques) avec pour finalit la
diffusion de recommandations et leur mise en uvre par lintermdiaire de guides
mthodologiques.
Les cabinets de conseil sont galement largement sollicits par les tablissements ; lintrt
rside dans la participation un accompagnement progressifavec laboration dune feuille de
route sur-mesure car issue dune phase de diagnostic puis adaptation aux problmatiques
de ltablissement.
La question du rle et de la place du contrle de gestion en sant intresse donc de multiples
acteurs. Cette recherche sintgre dans cette srie de travaux et contribue clairer le dbat
en dpassant le cadre strict de lhpital au profit dune rflexion sur le lien entre hpital et
mdecine de ville.
Mene dans le cadre dune Convention CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la
Recherche) liant le Centre National de lExpertise Hospitalire (CNEH), cabinet de conseil et de
formation pour les tablissements de sant et le Centre de Gestion Scientifique (CGS) de
lEcole des Mines particulirement reconnu pour ses recherches spcifiques en Gestion
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hospitalire et systme de sant , ce type thse sinscrit dans le mouvement qui cherche
renforcer les liens entre lentreprise et luniversit autour de problmatiques de recherche
applique. Lobjectif poursuivi est ainsi de prendre conscience des dysfonctionnements et
enjeux qui en rsultent au plus prs des faits pour ensuite mener une analyse approfondie
faisant appel aux rfrences thoriques les plus pertinentes.
Le chapitre introductif doit nous permettre de prciser le contexte de ltude, la
problmatique de recherche qui en dcoule et la mthodologie employe pour y rpondre ;
lensemble de cette rflexion sera ainsi tre restitue dans la prsente thse.
Contexte et problmatique de recherche
Lors de la dfinition du projet de thse, nous avions retenu un axe de rflexion prioritaire qui
devait permettre de rpondre aux exigences de chacun des acteurs engags dans la
convention CIFRE. Dun ct, le cabinet de conseil, entreprise daccueil, attend de cette
collaboration des solutions concrtes dans un problme de R&D, de lautre le labor atoire de
recherche attend de nouveaux concepts en combinant approches fondamentales et
laboration de solutions concrtes.
Le projet initialement retenu reposait sur la construction dun outil de simulation conomique
de lhpital; toute loriginalit du travail ainsi entrepris rside dans le travail de modlisation
conomique de lhpital, pralable ncessaire la construction de cet instrument. Le modle
tant bas sur des relations de dpendance entre variables, lenjeu consiste alors rattacher
toute dcision stratgique devant faire lobjet dune mesure dimpact tant financire
quorganisationnelle un jeu de variables instrumentales faire varier en fonction des
diffrents scnarii de gestion tests.
Pour autant, ce seul terrain de recherche ne permettait pas dclairer le dbat de manire
exhaustive autour des transformations que subit lhpital et linstrumentation de gestion
ncessaire trois niveaux ; accompagnement des restructurations organisationnelles,
introduction de mcanismes incitatifs ncessaires ladhsion de tous les acteurs impliqus et
valuation de ces nouveaux modes dorganisation.
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Afin desquisser les caractristiques de ces nouvelles pratiques de gestion, nous prsentons le
contexte, lobjet de recherche sur lequel porte ltude et la problmatique de recherche tant
du point de vue de lentreprise daccueil que du laboratoire de recherche.
Contexte
La rflexion autour de la gestion et plus largement de lorganisation de lhpital doit tre
mene autour dun double constat :
La rforme de la gouvernance interne des tablissements de sant a modifi de manire
profonde lorganisation interne des tablissements de sant
La loi du 21 juillet 2009 portant rforme de lhpital et relative aux patients, la sant et
aux territoires (HPST) et ses textes dapplication de juin 2010, confrent aux tablissements
une plus grande ractivit.
Ces deux lments ont largement contribu des modifications substantielles du dispositif
prvu jusqualors et dont les cueils peuvent tre rsums de la manire suivante :
Les hpitaux ont tent dintroduire un certain nombre doutils de gestion. Ces outils ont t
dvelopps dans le cadre dexprimentations qui restent trop isoles et traduisent les
difficults de lhpital capitaliser les enseignements qui en sont issus et prendre en comptela dimension interne.
Lusage des outils du contrle de gestion reste souvent restreint la vrification au
dtriment dun vritable pilotage de lactivit de lhpital.
Le contrle de gestion n'a t rendu possible, dans certains hpitaux, que par la mise
disposition des gestionnaires hospitaliers d'outils de rgulation externe, le Programme de
Mdicalisation des Systmes d'Information (PMSI) ou de contractualisation interne. Ces outils
prsentent notamment l'avantage de croiser deux logiques, l'une conomique et l'autre
mdicale.
La mise en uvre dun nouveau mode de financement des hpitaux en France sur la base
dune tarification lActivit redonne, a priori, du sens aux outils du co ntrle de gestion. Ce
type de tarification prsente lintrt dinciter les hpitaux fonctionner de manire efficace,
c'est--dire minimiser les cots. En effet, ils ne seront pas rembourss pour des dpenses
dpassant le forfait correspondant au cas trait. A linverse, ils doivent pouvoir sapproprier les
surplus dcoulant dun sjour moins coteux que le forfait.
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La plupart des outils du contrle de gestion restent toutefois cantonns une seule logique
budgtaire, celle de lallocation des ressources en lien avec des proccupations financires
lies la T2A, sans impact sur les comportements organisationnels. Il en rsulte un gap entre
gestion et organisation.
Pour autant, la Nouvelle Gouvernance, introduite par lordonnance du 2 mai 20052 a
dsormais une anciennet de plusieurs annes qui lui confre une certaine maturit. Associe
des dmarches de contractualisation, elle a tent de rduire ce gap travers un double
objectif :
Dune part, faciliter llaboration de projets mdicaux visant valoriser au mieux lactivit,
et donc contribuer rduire le dficit budgtaire ;
Dautre part, permettre llaboration de tableaux de bords explicatifs de la performance
et diffrencier les secteurs par rapport la performance globale de lhpital, g rce une
remonte dinformations sur les cots, rendue possible par une comptabilit analytique.
Le contexte est aussi celui dune monte en charge dun pilotage global et unifi de la sant au
niveau de la rgion. La loi HPST, en crant les Agences Rgionales de Sant (ARS) a ainsi
vocation mieux rpondre aux besoins et accrotre lefficacit du systme dans son ensemble.
Lvolution de la rgulation du systme hospitalier public en France est alors fonde sur un
double mouvement : accroissement des moyens de contrle externe de la production de soins
dun ct, et incitation la responsabilisation des hpitaux par une rgulation contractuelle de
lautre. Or ce processus externe, est dclin lintrieur mme des tablissements sous la
forme dune contractualisation interne. La question pose ne se rsume plus seulement celle
du contrle mais aborde lorganisation, la production et lutilisation collective des
connaissances mdico-conomiques dans un contexte dabondance dinformations
conomiques et mdicales. Cette vision de la gestion rend ncessaire la mise en uvre de
2 La Nouvelle Gouvernance a t introduite dans le cadre du plan Hpital 2007, devenu hpital 2012 ;
elle vise responsabiliser le personnel soignant et non soignant, largir lautonomie de ltablissement
et instaurer des contrats entre les diffrents acteurs de la sant. Concrtement il sagit de mettre en
place des ples dactivit, en tant que regroupements de services hospitaliers, auxquels est attribue
une dlgation de gestion (gestion du personnel, enveloppes dinvestissement, contractualisation
dobjectifs). Ainsi, il sagit bien de dcloisonner lhpital en rapprochant les logiques mdicales et
administratives, responsabiliser les diffrents acteurs, et rapprocher la gestion du terrain.
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cycles dapprentissages collectifs et permet la rgnration simultane doutils de gestion et
de nouvelles connaissances. Pour autant, elle ne saurait prendre la forme dune dclinaison
impose des connaissances externes, dobjectifs de rationnement des ressources, sans
fondement mdical. Elle ncessite ce titre linvention de nouvelles pratiques de gestion.
Description de lobjet de recherche
A la question Quest-ce que le contrle de gestion lhpital , il semble difficile de trouver
une rponse spontane et unanime tant les formes quil peut prendre sont varies. Le degr
davancement des tablissements dans leurs pratiques de gestion, la diversit des outils
dvelopps des plus simples aux plus sophistiqus et les obstacles auxquels se heurtent les
contrleurs de gestion mme les plus avertis, amneraient Hatchuel le qualifier de
concept ,cest dire un objet inconnu et dont lexistence est indcidable, surlequel il faut
raisonner rigoureusement avec les connaissances disponibles .
Un raisonnement rapide pourrait nous amener plaquer les mthodes et outils ayant fait leur
preuve dans dautres secteurs. Nous formulerions alors lhypothse implicite selon laquelle les
situations de gestion sont bien cadres, il ny a donc pas lieu de rviser les identits des
concepts. Le contrle de gestion consisterait alors appliquer les prceptes du contrle et de
lvaluation. Les objectifs sont connus, les mtiers sont stables et leurs interactions planifis,
les mthodes sont gnriques et les processus sous contrle.
Cette hypothse nous semble discutable dans le domaine du contrle de gestion hospitalier.
Celui-ci, mobilise des techniques de diagnostic, des comptences, des formes dorganisation et
de coopration souvent indites. De nouveaux objectifs apparaissent et les tapes de
validation sont complter. Le contrle de gestion lhpital ne se limite pas, en effet, un
processus de conception rgle dans le cadre dune trajectoire technologique tablie sous
forme dune simple adaptation du contrle de gestion classique et des comptences
existantes. Il peut impliquer un processus de conception innovante (Hatchuel, Le Masson,
2007), cest--dire une rvision profonde de lidentit des objets, des comptences, des
raisonnements et des outils de gestion associs par rapport des objectifs peu spcifis au
dpart. Il ne saurait tre assimil un dominant design3au sens dAbernathy et Utterbach qui
3
Un dominant design dsigne un ensemble de caractristiques qui sert de rfrence pour une catgoriede produits, qui donne lidentit dun produit (Abernathy et Utterbach, 1978).
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le dfinissent comme tant un ensemble de caractristiques qui sert de rfrence pour une
catgorie de produits, et donne lidentit dun produit. La conception innovante se diffrencie
alors par sa capacit sortir lorganisation du paradigme de conception dominant dans lequel
ces produits sont inscrits (Teece, 1988).
Cette prcision nous semble importante ce stade de notre rflexion et apporte un lment
de rponse au plaidoyer orchestr par le corps mdical et soignant, dnonant la prolifration
doutils de gestion et la recherche de la rentabilit conomique, arguant que lhpital nest
pas une entreprise .
Les travaux prsents ici sinscrivent dans ce contexte de recherche de modles de gestion
adapts lorganisation et au pilotage de lhpital par le biais dune fonction que nous
assimilons jusquici au contrle de gestion. Nous ne prtendons donc pas donner une
dfinition universelle du contrle de gestion, ni mme proposer des outils immdiatement
transposables chaque tablissement mais examinons le processus sous-jacent avec pour
finalit une meilleure prise en compte des dynamiques organisationnelles facilitant
lappropriation des outils par les acteurs.
La problmatique industrielle
Fond en 1974, le CNEH grait en exclusivit les applications informatiques hospitalires et
leur maintenance. Le conseil, laudit et la formation constituent aujourdhui ses curs de
mtier et il est cet gard un partenaire privilgi de nombreux tablissements de sant,
hospitaliers et mdico-sociaux. Lexpertise apporte par le CNEH sinscrit dans le cadre dun
accompagnement des tablissements en vue dune comprhension de leurs problmatiques
ainsi que la mise en place des rformes. Les quipes sont ainsi composes de deux types de
comptences complmentaires : des comptences mtiers issues du secteur de la sant
(directeurs dhpital, mdecins, pharmaciens, cadres de sant, juristes de la sant, ingnieurs
biomdicaux, ingnieurs en gestion des risques, ) et de comptences conseil extra-
sectorielle disposant dune expertise en termes de mthodes et doutils. Dans le cadre de cette
dmarche daccompagnement, la mise en place dune activit de Recherche et
Dveloppement (R&D) au sein du CNEH sinscrit dans un processus dinnovation pour anticiper
et rpondre aux besoins mergents des tablissements par la cration doutils adapts.
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Cette cellule, cre en Mai 2007 vise proposer des outils de gestion dans une optique daide
la dcision et plus largement damlioration de lefficience du pilotage mdico-conomique.
A partir du constat dun manque doutils de pilotage adapts aux spcificits des
tablissements de sant et malgr un besoin rel rsultant dune contrainte croissante de
matrise des cots et des rformes des modalits de financement que connaissent les
hpitaux, lobjectif poursuivi long terme consiste construire un outil de simulation
conomique en lien avec la problmatique de la dcision stratgique.
Pour autant la seule existence dun outil daide la dcision ne saurait tre suffisante pour
amliorer le pilotage mdico-conomique des hpitaux. Sil permet lobjectivation de solutions
envisageables, leur mise en uvre relle et effective ncessite un processus dapprentissage.
Cest finalement le passage de la dcision la solution oprationnelle qui constitue un enjeu
majeur pour les managers hospitaliers. Les outils dcisionnels se situent, en effet, au cur
dune multitude de domaines du systme dinformation tels que les activits clinique et
mdico-technique, les finances, les ressources humaines et la logistique. Ceci soulve plusieurs
questions en termes dinterfaces avec les Systmes dInformation des units, de
standardisation et de fiabilisation des donnes, mais aussi la prise en compte des rsistances
institutionnelles et de la culture hospitalire.
La cellule R&D du CNEH semble donc tre un terrain favorable la ralisation dune thse
CIFRE ; la dmarche entreprise alliant clarification conceptuelle et recherche de solutions
concrtes sinscrit dans la vocation des thses CIFRE qui visent combiner approche
acadmique et contraintes mtier et temps. Lobjectif tant de proposer des solutions
concrtes en rponse aux problmatiques actuelles du secteur, il convient de bien comprendre
les lments de contexte.
Le contexte est celui dune rorganisation de loffre de soins, les dcideurs hospitaliers se
trouvent aujourdhui confronts une problmatique nouvelle : celle du pilotage de leur
activit. Quil sagisse dune rflexion stratgique dans le projet dtablissementou dun Etat
Prvisionnel des Recettes et des Dpenses (EPRD) , dune analyse exploratoire dans le cadre
dune action de coopration entre tablissement ou encore de la recherche de solutions
permettant un retour lquilibre financier, il est indispensable de vrifier la viabilit
conomique de la dmarche stratgique mais aussi de valider lacceptabilit fonctionnelle et
organisationnelle des hypothses de travail auprs des quipes mdicales et soignantes. Face
ce constat, lobjectif repose pour le CNEH sur la construction dun outil de simulation
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conomique simple mais innovant, permettant daccompagner le dcideur dans sa dmarche.
Sagissant dun outil de simulation permettant de tester des scnarios de gestion alternatifs,
lintrt de loutil rside dans la possibilit de donner la main lutilisateur afin de rentrer des
donnes cibles puis de mesurer limpact dune stratgie mdicale sur lactivit, loccupation et
in-fine le rsultat conomique.
Une telle mesure dimpact suggre de dpasser lapproche traditionnelle du contrle de
gestion tourne vers la seule explication du pass, vision encore largement dominante dans les
tablissements hospitaliers, au profit dune dmarche de type prospectif.
Les premires rflexions ont port sur la construction dune modlisation conomique fine de
lhpital qui vise tablir des relations de dpendance entre variables et identifier les leviers
dactions; sagissant dun modle, un certain nombre dhypothses et de choix
mthodologiques doivent tre formuls que seule la confrontation aux donnes relles permet
de valider. Sur cette base, le modle est utilis des fins de simulation en vue de tester des
scnarios de gestion alternatifs. La confrontation entre une approche descendante permettant
dtablir une prvision dactivit et de consommation dunits duvre par secteur clinique
avec une approche ascendante permettant de dterminer une capacit de production dunits
duvre par fonction prestataire doit permettre dobjectiver lexistence de goulots
dtranglement.
Les changes raliss sur le terrain ont permis une prise de conscience des cueils du pilotage
des hpitaux (travail tourn vers lanalyse du pass, vision hospitalo-centre) et donc de faire
merger de nouveaux enjeux lis la ncessaire adoption dun langage commun entre
mdecins et gestionnaires. Le modle initialement propos apparat donc comme un objet
simple qui sapplique lchelle dun hpital. Pour autant, dans le contexte dinnovations
organisationnelles qui caractrise lhpital, il ne permet pas dapprhender un certain nombre
de questions poses par le dcideur hospitalier et analyses par le contrleur de gestion.
Ces questions nouvelles semblent aller dans le sens dune ouverture de lhpital avec son
environnement (intgration de lhpital au sein du territoire de sant, valuation de nouvelles
formes de prises en charges au sein dune dialectique nouvelle mdecine hospitalire /
mdecine de ville). Cette ouverture correspondant la dfinition dun niveau dorganisation
des soins nouveaux quest le territoire de sant, initialement introduit dans le cadre du plan
Hpital 2007 en remplacement de la carte sanitaire. Cest dans ce contexte que nous
positionnons notre rflexion autour de lvolution du niveau de lorganisation des soins de
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lhpital vers le territoire. Il semblerait donc quil existe dautres faons de mesurer la
performance lhpital qui conforte lide dune autre faon de voir le contrle de gestion
lhpital et pose la question de linstrumentation adapte.
Nous reviendrons sur les diffrences de postures entre le consultant et le chercheur, nous
pouvons toutefois spcifier ds prsent lune de ces divergences qui rend la dmarche de
R&D telle quelle est mene au CNEH atypique. Lactivit dun cabinet de conseil est
synthtise au travers des missions de conseil quil ralise en rponse des appels doffre ; il
est donc difficile de dvier par rapport lordre de mission. La dmarche entreprise est ici
renverse, il sagit pas de rpondre posteriori une problmatique clairement identifie
mais danticiper les besoins des tablissements et obtenir ainsi un avantage concurrentiel. Ceci
tant les attentes des clients ont elles aussi volu faisant voluer les missions du mtier de
consultant ; il ne sagit plus seulement de mettre disposition une boite outils prte
tre utilise, mais de rsoudre des problmes dorganisation faisant une large place la
conduite du changement. Autrement dit, nous introduisons ici lide selon laquelle ce type
dintervention contribue la production dinnovation dans lorganisation et constitue un
modle dinnovation coproduite (Gallouj, 1999).
Cest en ce sens que le contrle de gestion nous semble pouvoir tre qualifi de processus de
conception innovante lhpital, processus que nous tudions au regard de la littrature mais
aussi de nouveaux terrains qui ne rpondent pas directement aux missions vises par le
cabinet de conseil qui nous accueille mais nous semblent ncessaire la comprhension de ce
nouveau concept en construction.
La problmatique de recherche
Une dmarche mthodologique rigoureuse devrait se traduire par une problmatique de
dpart prcise se traduisant par la formulation de choix mthodologiques et lexploration de
terrains dintervention cohrents avec cette problmatique. Pour autant, une telle approche,
sduisante en termes scientifique, ne saurait tre applicable lorsquon raisonne sur un
matriau vivant dont les sciences de gestion ne peuvent sabstraire.
Mme si nous avions une ide de la thmatique traiter, associe la certitude que le
contrle de gestion lhpital est une fonction mal connue et peu reconnue, la mthodologie
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et la problmatique associe se sont construites au fur et mesure de lavance des
recherches mais aussi des opportunits de terrain qui se sont offertes.
Le point de dpart repose sur les nombreux travaux du CGS autour dune problmatique
gnrale mettant laccent sur le rle des instruments et dispositifs de gestion (tableaux de
bord, comptabilit analytique, modles daide la dcision, structures organisationnelles)
dans la dynamique des relations entre acteurs. Lanalyse pertinente des outils de gestion
amne ds lors considrer deux volutions indissociables, celle des savoirs et celle des
relations entre acteurs permettant lapparition de nouveaux outils et de nouvelles utilisations.
La prise en compte des facteurs organisationnels insre lensemble de cette rflexion dans une
perspective plus large qui est celle de la rationalisation collective. Cette approche a
notamment t mise en uvre pour analyser et accompagner les volutions du systme de
sant, des systmes de production et de logistique, de l'action publique... De nouvelles formes
de modlisation ont par ailleurs t mises au point par le CGS ces dernires annes avec la
formalisation du raisonnement de conception par la thorie (C-K), qui a permis de renouveler
les formes d'organisation de la recherche innovante.
Parmi ses axes de recherche, figure donc ltude des nouveaux modes daction publique
autour de la modernisation ncessaire du management public ; la comprhension des
volutions rcentes du fonctionnement de lhpital sinscrit de faon pertinente dans cette
rflexion. A partir dun constat relatant la difficile appropriation des outils de gestion dans
cette organisation, le champ danalyse a t largi afin dtudier les conditions dune
rgulation mdico-conomique et ses effets sur le management hospitalier. Cest dans ce
contexte que sinscrit notre projet de recherche. Le fil directeur de notre rflexion repose sur
larticulation entre la thorie et la doctrine dune part, essentiellement issue de la sphre
prive et industrielle, et la pratique dautre part sur le terrain et dans le cas particulier qui nous
intresse, celui de lhpital.
La dmarche de contrle de gestion ne semble toujours pas ancre dans la culture
hospitalire ; le vocabulaire employ traduit dailleurs cet lment puisque lobligation se
rsume la tenue dune comptabilit analytique hospitalire en vue dune vrification par la
tutelle. Le passage de la vrification la matrise en lien avec le pilotage suppose donc de
redonner une dimension interne au contrle de gestion mais ne pourra se faire sans une
adhsion de tous les acteurs hospitaliers enferms jusquici dans une logique de clan (Ouchi,
1979).
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Ce faisant, le contrle de gestion a recours linstrumentation, c'est--dire une combinaison
doutils. Les outils les plus classiques sont les mthodes de calcul de cots permises par la
comptabilit analytique, les budgets et le reporting puis les centres de responsabilit
permettant la dlgation de gestion et la contractualisation interne. Or ces premiers outils font
lobjet dun certain nombre de remises en cause qui plaident en faveur de nouveaux outils
privilgiant un dcloisonnement de la structure et la prise en compte dindicateurs autres que
financiers. Le rle du contrle de gestion sest alors raffirm avec lvolution sensible de la
doctrine dans les annes 1980, passant dun contrle budgtaire, ax sur lallocation des
ressources un contrle de gestion stratgique sattachant la validation des orientations
stratgiques, autrement dit dune logique de contrle celle de pilotage de la performance.
A travers ces premiers lments de dfinition, nous souhaitons dpasser la vision restrictive
mais largement rpandue qui rduit le contrle de gestion une boite outils ; or plus
quun ensemble doutils et de mthodes, le contrle de gestion est avant tout un systme de
rgulation des comportements dans une organisation.
Les travaux de Lorino (2002) consacrs au statut de loutil rsument bien les deux fonctions
que peut remplir loutil de gestion
La premire confre loutil une fonction de reprsentation en vue de rpliquer la ralit
et de la simuler ;La seconde considre loutil de manire plus pragmatique, comme moyen daction et
dintervention dans les organisations (Moisdon, 1997), au cur du processus dapprentissage
(Hatchuel, Molet, 1986).
Ces travaux sintgrent dans la ligne des rflexions dites de laction organise qui lie la
construction de linstrumentation avec celle de lorganisation ; laborer cest donc avant tout
intervenir dans lorganisation.
Or la prise en compte des dynamiques organisationnelles amne tout naturellement
sintresser aux logiques dacteurs et aux modes de coordination associs. Cette rflexion sur
la coopration, quelle soit inter ou intra organisationnelle, nest pas spcifique lhpital
(Stephen, Caroll et Ashford, 1995) et fait natre de nouveaux modes dorganisation centrs sur
le principe de coopration entre des personnes appartenant des mtiers diffrents (Smith et
Caroll, Demesteere, 1995). Les obstacles sont alors nombreux au premier rang desquels les
conflits dintrt ou encore labsence dun langage commun. Les outils semblent avoir un rle
jouer dans la structuration de cooprations transversales. Certains auteurs considrent que
les mthodes et outils de gestion constituent une technologie de lorganisation cest--dire un
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ensemble de procds, de dispositifs la fois symboliques et matriels qui rendent possible
une action collective coordonne et oriente vers un but.
Finalement, peu de travaux sintressent la fonction de contrle de gestion lhpital, alors
mme quon assiste une prolifration doutils de gestion au sein de cette organisation.
Comment expliquer ce paradoxe ? Sans aller jusqu parler de contrle de gestion, cette
problmatique de la faiblesse de la comptabilit de gestion lhpital est commune
lensemble du secteur public et suscite interrogation, exprimentation, tonnement ou encore
critiques tant le sujet du calcul des cots est sensible dans une organisation cense assure le
service public alors mme que ces techniques sont parfaitement balises dans les entreprises
prives. Dit autrement, peut-on et est-il souhaitable danalyser les cots dans les organisations
publiques (Burleau, Gibert, 2003) ?
Lorganisation publique, de par la nature mme de ses objectifs, vit de faon permanente le
conflit entre rationalit conomique et rationalit politique, la fixation des tarifs des Groupes
Homognes de sjours (GHS) sur la base des cots des GHM en est un exemple significatif. De
plus, la qualit et le volume du service rendu ne sont pas valuables en units montaires ; il
nexiste donc pas de fonction de production permettant de relier niveau de dpenses et niveau
de satisfaction du client en loccurrence du patient. Cette difficult est renforce par le fait
que celui qui consomme nest pas celui qui paie et il existe une multitude de prestations
gratuites. Enfin, un dernier obstacle est li la rigidit de la fonction de production qui tient au
fait que les facteurs de production ne sont pas substituables et la rsistance au changement
est relle. Au final, il semblerait que le recours la comptabilit de gestion dans les
organisations publiques sexplique moins par des objectifs techniques que par des fonctions
organisationnelles.
Or, appliqu au cas de lhpital, le but est clairement identifi; il sagit de permettre la
fourniture de soins de qualit. A cet gard, le rle de la coordination est clairement reconnu et
constitue une illustration de la ncessaire prise en compte des dynamiques organisationnelles
et des logiques dacteurs dans la dmarche gestionnaire. Lensemble de ces rflexions nous
amne dpasser la seule vision de dmarches gestionnaires ncessairement issues du
secteur priv, ide que nous ne souhaitons pas accrditer ; la gestion na pas attendu le
priv pour mettre en place des approches, mthodes et outils du management.
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La comptabilit analytique existe dans les tablissements de sant depuis 1953 en thorie
mais cest lintrt utiliser qui est faible en pratique. En effet, lmergence de la comptabilit
analytique a t rendue possible par la construction dun dispositif dinformation particulier
mis en place dans les annes 1980, le Programme de Mdicalisation des Systme
dInformation (PMSI), lequel va contribuer largement lamlioration de la connaissance du
produit hospitalier sur lequel va porter le contrle de gestion hospitalier. Les travaux du
professeur Fetter (1986) fournissent en effet une rponse originale pour dcrire lactivit
hospitalire par la construction de Diagnosis Related Groups (DRG) et en assimilant ainsi le
produit hospitalier au traitement dune pathologie; ladaptation franaise a conduit la
formation de Groupes Homognes de Malades (GHM), cette homognit sexpliquant tant du
point de vue de la consommation de ressources que de la signification mdicale. La mise en
place de tarifs pour chaque GHM permet ds lors une confrontation entre recettes et cots et
offre des possibilits de gestion interne pour les tablissements arbitrant entre diffrentes
pathologies.
Depuis 2004, les hpitaux franais sont financs sur la base dune Tarification lActivit
(T2A) dfinie comme tant un paiement forfaitaire pour la prise en charge dun patient. Le
forfait dpend de la pathologie traite laquelle est caractrise par une nomenclature
dfinissant ces Groupes Homognes de Malades. Il sagit donc dun contrat prix fixe ,
indpendant de la gravit du cas trait au sein dun mme GHM. Lintrt de ce type de
tarification rside dans lincitation implicite quil confre aux tablissements de fonctionner
de manire efficace ; le paiement ne dpendant plus des moyens mobiliss par les
professionnels de sant, ils se trouvent incits minimiser leur cots afin de sapproprier
lventuel surplus dcoulant dun sjour moins coteux que le forfait. On comprend donc bien
lengouement suscit par cette rforme pour calculer des cots par sjour. Peut -on pour
autant qualifier cette dmarche de contrle de gestion ?
Si nous dnonons une certaine culture du chiffre draisonne, exacerbe par la mise en
place de la T2A, nous reconnaissons la T2A son rle structurant dans la connaissance du
produit hospitalier, pour autant limpact sur les organisations, bien que prconis par les
chercheurs nous semble encore minime et le manque de pertinence de la boucle stratgie-
contrle traduit un cart apparent entre doctrine et pratique lhpital. Avant de traiter cette
problmatique du manque dimpact du contrle de gestion sur lorganisation, prcisions donc
que nous souhaitons sortir de la seule logique de la T2A comme facteur lgitimant une
dmarche de contrle de gestion. Au contraire, cest le manque dimpact de la T2A sur les
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modes dorganisation et de fonctionnement des tablissements de sant qui doit nous amener
repenser le rle du contrle de gestion lhpital sans pour autant ngliger la question de
lappropriation des outils par les acteurs terrains. Lenjeu est donc dexpliquer pourquoi la
question de recherche est importante et pourquoi aucune thorie noffre de rponse
plausible. Or, la littrature a jusquici ignor le sujet de critique quest lhpital.
Pour pallier cet cueil, nous choisissons dlargir lobjet tudi et dpasser le niveau de
lhpital pour aborder la question de manire plus systmique. La sant pourrait tre dfinie,
en premire intention, comme labsence de maladie . Or, cette dfinition nous semble
rductrice comme lment dclenchant dune prise en charge quelle soit hospitali re ou
ambulatoire. Le processus de prise en charge sanitaire peut alors tre dcrit partir dune
dfinition plus large, celle de la perte dautonomie dun individu. Nous citons ici les travaux de
Jean-Pierre Escaffre qui trace le schma suivant pour prsenter le processus de la prise en
charge sanitaire :
Figure 1 : Dfinition du processus de prise en charge sanitaireSource : Escaffre J.P., 2008, Le contrle de gestion des units de soins hospitaliers , Economica
Ainsi, en nous interrogeant sur le statut du contrle de gestion en tant que concept en
construction et en opposition avec ce quil est aujourdhui, savoir un dispositif dallocation
des ressources sous contrainte budgtaire, il est apparu ncessaire dlargir notre vision de
lorganisation que nous tudions et des outils qui laccompagnent afin de dpasser la seule
explication du pass dans le cadre dune vision trop hospitalo -centre. Ainsi de nouvelles
questions se posent et semblent aller dans le sens dune ouverture de lhpital avec son
environnement (intgration de lhpital au sein du territoire de sant, cooprations entre
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tablissements, nouvelles formes de prises en charge au sein dune dialectique nouvelle entre
mdecine de ville et hpital le tout allant dans le sens dun pilotage lchelle de la rgion).
Il nous faut ainsi dfinir le primtre du champ de recherche que nous retenons. Nous
reviendrons sur les typologies dtablissement de sant lorsque nous aborderons la question
de la performance hospitalire qui diffre selon le statut de ltablissement. Pour autant nous
situons notre rflexion dans le champ des Etablissements publics de sant en incluant des
structures prives travers les Etablissements de Sant Privs dIntrt Collectif (ESPIC),
anciennement connus sous lappellation dtablissements Participants au Service Public
Hospitalier (PSPH) ; des rfrences aux cliniques prives qui nassurent pas le service public ne
sont pas exclues dans une optique de comparaison mais nous ne les incluons pas dans le
primtre de lhypothse traite, les rponses apportes pouvant diffrer dun type
dtablissement lautre du fait dobjectifs et de contraintes divergents.
Nous construisons ainsi notre analyse du contrle de gestion en tant que processus de
conception partir de lhypothse suivante :
H1 : La mise en uvre du contrle de gestion mdicalis sapparente une dmarche de co-
conception qui lie la construction de linstrumentation avec celle du niveau de lorganisation.
Nous dclinerons cette hypothse sous deux axes :
H2 : Le contrle de gestion ne saurait sabstraire dune analyse des processus tant interne
quexterne.
H3 : De nouvelles pratiques de gestion doivent tre instaures lchelle territoriale dont
lhpital seul ne peut se saisir.pastel00732241
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Mthodologie de recherche et terrains dintervention
Notre projet tant ralis dans le cadre dune convention CIFRE, laccs au terrain a t facilit
et sest traduit par des investigations dans le cadre des missions de conseil ralises au CN EH
ou de dmarches individuelles qui fournissent un matriau riche.
Bouinot (2005) dresse un tableau comparatif des mtiers de consultant et de chercheur et
retient deux points principaux :
La nature du mandat, qualifi de mandat clair par Gin (1995) pour le consultant, il
rsulte dun cahier des charges prcis, linverse du mandat confus du chercheur qui traite
un problme complexe, long, susceptible dtre reformul au bout dun certain temps
dobservation et danalyse ;
Lobjectif de lintervention, qui, dans le cadre de la mise en place dun outil nouveau , sera
pouss par le chercheurjusqu lobservation des consquences dans lorganisation de cet outil
afin de contribuer davantage la connaissance.
Dit autrement, notre position de chercheur nous amne observer les dispositifs concrets
sans se restreindre aux seuls discours. Le terrain nest alors pas quun simple espace
dobservation mais un espace de co-conception de laction collective pour reprendre les
termes de David (2002) qui place le chercheur en tant quacteur et partie prenante.
La dmarche scientifique qui en rsulte est de type abductif tel que dfini par Peirce qui
distingue une troisime forme de raisonnement diffrente de linduction et la dduction en
vue de mieux analyser et comprendre des phnomnes surprenant. Une telle mthode
considre alors le mode de recherche et dobtention de connaissances nouvelles comme un
processus de conception. Ainsi, le recours plusieurs tudes de cas se rvle pertinent pour
formuler une hypothse gnrale sans assurance quelle russisse (phase dabduction) puis
tablir des gnralisations de conception (phase inductive) et in-fine tirer des consquences et
construire des relations actualises (phase dductive). Dans cette perspective l'abduction
produit des ides et des concepts expliquer, l'induction participe la construction de
l'hypothse abductive en lui donnant de la consistance et la dduction partir de cette
construction formule une explication prdictive.
Appliqu au cas hospitalier, nous partons du constat selon lequel le contrle de gestion
mdicalis est un concept non dfini ce qui nous amne formuler des hypothses,
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hypothses que nous avons dtailles auparavant. La premire tape de notre raisonnement
consiste identifier lensemble des contraintes qui remettent en cause lexistence et la
pertinence dun tel contrle de gestion. Le relchement de ces contraintes permet alors de
caractriser des situations innovantes dans le domaine du contrle de gestion lhpital tant
du point de vue de lorganisation que de linstrumentation de gestion qui laccompagne. La
dernire tape suppose alors de mener un travail de reconception en prcisant le mode
dorganisation associ chacune de ces situations.
Lensemble de cette dmarche ncessite donc le recours plusieurs tudes de cas ou, dans
une version plus engage, et lorsque les conditions de ralisation le permettaient des
recherche-interventions pour traiter des pratiques contemporaines de contrle de gestion,
dans le cadre dun processus itratif de long terme ncessaire pour ltude doutils de gestion
qui font lobjet dadaptations permanentes.
Nous recourons, en effet ltude de cas comme moyen dtude de constructions en
dveloppement qui permet ainsi de mettre laccent sur le contexte dans lequel le phnomne
sinscrit (Eisenhardt et Graebner, 2007). De plus, la qualification de lobjet de recherche en
tant que processus de conception innovante ainsi que la complexit des phnomnes tudis
rend ncessaire la mise en uvre de quatre principes fondamentaux caractristiques des
mthodologies de type recherche-intervention David et al., 2000) :
Une double compltude, caractrise par une premire approche systmique visant une
comprhension globale et en profondeur puis une prise en compte de lensemble du processus
de transformation de lobjet ;
Une interaction permanente avec le terrain pour conduire la recherche et la production de
connaissances ;
Un positionnement thorique multiple allant des faits, aux thories intermdiaires jusquau
niveau axiomatique et paradigmatique ;
Une double normativit entre recherche de vrit et principe dmocratique intgrant
lensemble des acteurs concerns dans les diffrentes tapes de la recherche et traits avec un
gal respect.
Tout lenjeu de notre recherche repose alors sur la formulation dune explication prdictive en
lien avec la ralit hospitalire. A cet effet, la premire tape consiste reprer un certain
nombre dcueils du contrle de gestion lhpital sur la base dobservations sur le terrain,
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dont lanalyse peut tre mene au regard de la littrature existante quel que soit le secteur
dapplication concern, et ainsi identifier les champs encore inexplors.
Sur cette base, lenjeu rside dans ltude de situations qui constituent des situations
organisationnelles innovantes et apparaissent ce titre comme des terrains dexprimentation
pertinents ; autrement dit, ces cas ont pour caractristique essentielle de permettre de
reprer des signaux faibles susceptibles ensuite dtre amplifis et gnraliss.
Pour rpondre notre questionnement de recherche, nous explorons trois terrains classs en
fonction de deux variables : le degr dinnovation organisationnelle dune part, caractris par
des modes de coordination nouveaux renforcs, et lloignement par rapport
linstrumentation traditionnelle du contrle de gestion dautre part.
Le croisement de ces deux variables, instrumentation et organisation, dj mises en vidence
au cours de notre travail didentification des hypothses doit ainsi nous permettre de
comprendre les insuffisances propres au contrle de gestion classique pour dcrire la ralit
hospitalire puis sur cette base dfinir trois processus types de contrle de gestion lhpital.
Le premier terrain consiste modliser limpact de dcisions stratgiques dun hpital ; il
sagit du premier niveau de la rflexion organisationnelle, qui reste centre sur lhpital.Linnovation repose sur la construction dun outil qui simule limpact de rorganisations
internes sappuyant sur une instrumentation de type prospectif.
Le deuxime terrain consiste valuer la mise en uvre effective de nouveaux modes de
coordination intra et extra hospitaliers dans le cadre de la prise en charge de patients atteint
du cancer ; lobjet du contrle de gestion se trouve alors modifi, la rflexion organisationnelle
porte alors sur la pathologie et non plus sur lorganisation elle-mme. Ceci nous amne alors
envisager un contrle de gestion de la sant qui part de lhpital mais dpasse
progressivement lhpital stricto-sensu.
Un troisime terrain permet de poursuivre cette analyse ; elle consiste accompagner la
cration dun ple santsur la base du rapprochement dun cabinet de mdecins gnralistes
avec un centre hospitalier. Cette tude concerne directement linstrumentation ncessaire
laccompagnement et in fine lvaluation de cette rorganisation et repose sur la
construction dun tableau de bord des dpenses et recettes de lAssurance Maladie du
territoire. Elle sinscrit donc dans la cadre dune approche territoriale des questions de sant.
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Structure de la rflexion et du document de thse
La rflexion restitue dans ce document est fonde autour de ces trois terrains dintervention.
Elle sorganise en trois parties dont nous proposons le synoptique suivant :
Introduction gnrale
Comptabilit analytique hospitalire
et allocation des ressources
Partie 1 - Mdecine et gestion : deux disciplines incompatibles ?
Pilotage de la performance et
dynamiques organisationnelles
Ecueils du contrle de
gestion hospitalier
A lhpital, un contrle de gestion
essentiellement budgtaire
Une dimension organisationnelle
intgrer
Un nouveau
contexte :
louverture de
lhpital sur son
environnement
Vers un nouveau contrle de
gestion hospitalier ?
Partie 2
Evolutions
organisationnelles
et nouveaux outils
de pilotage de la
sant : rsultats
issus de lexprience Lhpital
Matriel et mthodologie de recherche : modle / outil / instrument
La filire
Hpital /
Domicile
Le territoire
de sant
Dstabilisation de lobjet hpital et trajectoire du patient
Partie 3 - Savoirs et relations : une grille danalyse en faveur dune rvision du concept de contrle de
gestion lhpital
Un contrle de gestion par pathologie
Un processus
de construction
conjointe des
savoirs et des
relations
Contrle de gestion
hospitalier
Contrle de gestion
mdicalis
Valorisation et
ouverture
internationale
de la recherche
en sant
Tarification la pathologie
Pathologies chroniques
Initi par lhpital
A lchelle du territoire
Place du chercheur ?
Conclusion gnrale
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En nous appuyant sur les lments contextuels, les attentes du cabinet de conseil et les
concepts acadmiques, la premire partie pose la question de la compatibilit entre deux
disciplines a priori antagonistes, mdecine et gestion. Nous partons de lobservation du
terrain, en nous intressant cet objet complexe quest lhpital, son fonctionnement, son
rle, son organisation et les volutions majeures quil a connu pour aborder progressivement
la problmatique gestionnaire quil rencontre. La confrontation la littrature en gestion de
manire gnrale, travers lvolution de la doctrine, tout particulirement les modles et
outils du contrle de gestion, nous permet de prciser un certain nombre de fondements du
contrle de gestion, sans que nous ne nous prononcions sur la question de sa transposabilit
lorganisation tudie. Ceci suppose en effet dobserver plus finement les prmisses du
contrle de gestion lhpital de la naissance de la comptabilit analytique dans les annes
1950 jusqu la formalisation et lidentification du mtier de contrleur de gestion par
lObservatoire National des Emplois et Mtiers de la Fonction Publique Hospitalire
(ONEMFPH) en 2007. Cette phase nous permet ainsi de construire progressivement
lhypothse globale, savoir limpossibilit dun contrle de gestion a-organisationnel, que
nous dclinons en termes de dispositifs de gestion innovants observer travers ltude des
processus qui passe par un audit organisationnel en amont, une coordination pour le pilotage
au fil de leau, et une contractualisation en aval.
La deuxime partie prcise la mthodologie de recherche employe, qui implique de
dstabiliser le concept tudi dans un contexte douverture de lhpital sur son
environnement contribuant en rendre les frontires plus floues. Lanalyse est alors mene
autour de trois terrains sur le modle de la recherche-intervention. Ces trois terrains sont
classs en fonction de deux variables : le degr dinnovation organisationnelle dune part,
caractris par des modes de coordination nouveaux renforcs, et lloignement par rapport
linstrumentation traditionnelle du contrle de gestion dautre part. Ils nous permettent de
traiter chacune des hypothses envisages pour rtablir un lien entre gestion et organisation
et tudier les dynamiques et logiques dacteurs interfrant avec les outils du contrle de
gestion.
La troisime partie propose les bases dun modle nouveau et complet de lhpital et les
conditions de sa ralisation. Ltude des trois cas permet lobtention dune certaine
exhaustivit dans la manire dapprhender les modes dorganisation sans pour autant fournir
une rponse universelle en termes doutils tant lappropriation par les acteurs conditionne ce
processus. Nous dressons ainsi les caractristiques de trois types du contrle de gestion. A
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chacun dentre eux est associ un type dorganisation et donc un ensemble de variables de
conception articuler. Partant du contrle de gestion et des travaux sur linstrumentation,
cette partie vise ainsi explorer de nouveaux modes de contrle de gestion partir dune
grille danalyse mlant thorie de la conception et distance entre savoirs et relations. Nous en
dduisons ainsi plusieurs finalits du contrle de gestion au-del du simple calcul de cots tels
que loptimisation des recettes, la ngociation, la coordination, la rorganisation, qui passe par
lmergence de nouveaux acteurs, la dfinition de nouveaux mtiers, et une forme nouvelle de
gestion dconcentre. Autrement dit, nous proposons un nouveau dominant design propre au
secteur de la sant tant du point de vue concret des professionnels de sant que de la
littrature en management plus spcifiquement autour des questions de gestion de la sant et
de la valorisation de ce mouvement de recherche dans un contexte international.
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PARTIE 1
Mdecine et gestion : deux disciplines
incompatibles ?
Chapitre 1 - Les outils issus de la comptabilit analytique hospitalire et
la question de lallocation des ressources lhpital
Chapitre 2 - Modles et instruments du contrle de gestion : du pilotage
de la performance laction collective
Chapitre 3 Diagnostic de la fonction contrle de gestion lhpital :
cueils, alternatives et enjeux
Chapitre 4 - Structure et fonctionnement de lhpital: louverture de
lhpital comme facteur de rationalisation des organisations de sant ?
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La crise de lhpital, qui fait rgulirement la une de lactualit, semble tre a priori une
crise budgtaire. La France consacre plus de 10 % de son Produit Intrieur Brut (PIB) la sant,
dont la moiti correspond aux frais hospitaliers, contre 6 % il y a trente ans. Bon nombre de
mdecins affirment quil suffirait de partir des besoins de la population pour adapter loffre de
soins par territoire et financer cette offre partir des deniers publics. Toutefois, une telle
affirmation, bien que conforme la notion de service public hospitalier, ne saurait tre
acceptable.
La notion de gestion fait peur et / ou dplait de prime abord aux hospitaliers qui y voient une
connotation trs commerciale, lucrative et agressive. Or, les rformes hospitalires ont
principalement vis les instruments de gestion en recherchant un quilibre entre adaptation
de loffre aux besoins et matrise des dpenses de sant. En France, la rforme des modalits
de financement des tablissements de soins, fonde sur la Tarification A lActivit (T2A),
sinscrit dans cette perspective et rpond deux objectifs : une rpartition plus quitable des
ressources entre tablissements et une incitation des efforts de gestion.
La mise en uvre dune dmarche de contrle de gestion au sein de cette organisation quest
lhpital peut sembler, en premire approche, inapproprie voire drangeante. Le contrle de
gestion est considr comme lgitime dans une entreprise poursuivant un objectif de profit et
plus largement de dveloppement long terme. Or lhpital est avant tout dfini par ses
missions ; selon le Code de la Sant Publique, le service public hospitalier a obligation
dassurer ou de concourir la prvention, lenseignement universitaire, la recherche, la qualit
des soins et la scurit . Il nest donc jamais fait rfrence un objectif de profit via un
dveloppement de lactivit par exemple. Or, la T2A en introduisant expressment cette
notion dactivit offre la possibilit de matriser ses ressources sur la base dun contrle de
gestion efficace. On comprend ds lors les craintes formules par le corps mdical, dnonant
la naissance de lhpital-entreprise arguant que lhpital ne saurait tre gr comme une
entreprise.
La premire partie vise donc prciser les termes de ce dbat et pose la question de la
compatibilit entre deux disciplines a priori antagonistes que sont la mdecine et la gestion.
Notre rflexion sarticule autour dune analyse la fois positive et normative et vise
introduire progressivement les dynamiques organisationnelles lhpital. En termes
mthodologiques, il sagit donc desquisser les hypothses analyser par la suite sur la base
dobservations de terrain et au regard de la littrature. Si lobjet de notre recherche est bien le
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contrle de gestion mdicalis, il nous a sembl pertinent dtudier plus prcisment lobjet
hpital avant de parler de gestion et plus prcisment de contrle de gestion mdicalis.
Le chapitre 1aborde la question des outils de pilotage et la gestion des ressources lhpital.
Outre les outils ayant permis une description plus fine de lactivit et du produit hospitalier
limage du Programme de Mdicalisation des Systmes dInformation (PMSI), lun des faits
marquants est lintroduction de la comptabilit analytique en vue de ltude des cots. Dans le
contexte plus gnral de la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF), vote en Aot
2001, nous discutons les rfrences aux notions de performance, defficacit et defficience
dans le cas hospitalier, lesquelles contribuent la monte en puissance doutils de gestion
favorisant la rationalisation budgtaire, parfois issus de la sphre industrielle et prive. Pour
autant, de tels outils ne semblent pas suffisants pour impacter les lo giques dacteurs et
contribuer ainsi la rationalisation des organisations de sant. Le dtour par les modles et
instruments du contrle de gestion classique permet alors dintroduire la question de la prise
en compte de lorganisation.
Le chapitre 2 explore plus prcisment les modles et instruments du contrle de gestion
classique et leur volution. En effet, les hypothses formules par les auteurs ont permis de
dpasser progressivement la seule logique de calcul des cots au profit dun vritable pilotage
de la performance en lien avec la stratgie et lorganisation. Malgr lessor des techniques de
comptabilit analytique, la seule connaissance des cots napparat donc plus suffisante, la
matrise des cots suppose ds lors de lier ces cots la stratgie dfinie. Le contrle de
gestion sappuie donc de plus en plus sur la constitution de tableaux de bord cest dire
dinstruments de gestion synthtiques de court terme, la fois rtrospectifs et prospectifs et
qui recensent des indicateurs hirarchiss relatifs latteinte dobjectifs. Nous considrons
ainsi le contrle de gestion au sens du pilotage de la performance en lien avec la stratgie ce
qui implique de retenir une approche pluridimensionnelle du contrle de gestion, non
restreinte la seule dimension financire.
Le chapitre 3 confronte alors ces concepts et hypothses au cas de lhpital allant dans le sens
dune approche systmique de lhpital. Nous discutons ainsi de la pertinence de tels outils
dans le cas de lhpital, la gestion nayant pas attendu le priv pour mettre en place ses
approches, mthodes et outils du management. Les transpositions ou adaptations sont alles
largement dans les deux sens et nous amnent ainsi mieux positionner le contrle de gestion
en termes doutils, de finalits mais aussi dacteurs au sein de lhpital pour en saisir son
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apport et ses limites. Ds lors, applique au secteur de la sant, la prise en compte des
dimensions stratgiques et organisationnelles suppose de sintresser au mouvement de
rformes connus par lhpital en tant quacteur pivot du systme de sant.
Le chapitre 4 sintresse la structure et au fonctionnement de lorganisation hpital en
interne sans pour autant ngliger les volutions rcentes allant dans le sens dune ouverture
de lhpital sur lextrieur. En termes organisationnels, de nombreuses rformes sont
lorigine dune dstabilisation de lidentit de lobjet hpital. Quil sagisse, de la dfinition de
nouvelles formes de gouvernance entre mdecins et gestionnaires, du projet dtablissement,
de la Nouvelle Gouvernance et son corollaire la contractualisation interne par ple, des
nouvelles formes de cooprations intertablissements sous la forme de Groupements de
Coopration Sanitaire (GCS) et de Communauts Hospitalires de Territoire (CHT) et plus
rcemment de la loi HPST, nous mettons en vidence les limites dune vision trop hospitalo -
centre et le mouvement douverture qui sen suite privilgiant les cooprations avec dautres
tablissements et les ncessaires liens entre professions. Il sagit donc de dpasser la vision de
lhpital quatre murs et comprendre les mcanismes mis en jeu et supposs tablir un lien
avec la mdecine de ville
Au final cette premire partie doit nous permettre de mettre en vidence un double
mouvement
Dune part, celui dune dstabilisation de lobjet hpital ;
Dautre part, celui dune complexification de linstrumentation de gestion applique aux
organisations de sant.
Dans ce contexte nous posons la question de la lgitimit dun contrle de gestion hospitalier
et posons lhypothse de la ncessaire prise en compte du niveau de lorganisation dans le
cadre dun processus de conception du contrle de gestion mdicalis afin daccompagner le
pilotage de la sant au niveau du territoire.
Elle dbouche sur lhypothse dune ncessaire rflexion autour du contrle de gestion non
pas spcifiquement hospitalier mais mdicalis si on prend en prend en compte louverture de
lhpital sur lextrieur. Ltude de la trajectoire du patient et lidentification du ou des types
de processus de soins qui en dcoulent savre alors tre une grille danalyse pertinente en
faveur dun contrle de gestion mdicalis et partag favorisant lmergence de nouveaux
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acteurs, posant la question de la coopration et mettant ainsi en vidence limpact des outils
sur lorganisation.
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Chapitre 1. Les outils issus de Comptabilit Analytique Hospitalire et la
question de lallocation des ressources
1.1 La formation des cots et la naissance de la CAH................................................. 43
1.1.1 Evolution historique : deux modes de tarification distincts qui lgitiment deux
visions de la CAH ................................................................................................................. 43
1.1.1.1 La tarification au prix de journe sur la base du calcul du prix de revient de
la journe ..................................................................................................................... 44
1.1.1.2 La cration de la dotation globale et lencadrement des dpenses
hospitalires .................................................................................................................... 46
1.1.2 Mthodes de calcul des cots lhpital............................................................ 48
1.1.2.1 La mthode des sections homognes (ou cots complets) ........................ 49
1.1.2.2 La Mthode ABC (Activity Based Costing) ................................................... 49
1.1.2.3 La mthode dite des cots variables ........................................................... 50
1.2 La connaissance de lactivit hospitalire : un dfi relever pour une meilleure
allocation des ressources ............................................................................................... 51
1.2.1 Le PMSI et sa finalit : entre description de lactivit mdicale et lment cl du
mode de financement ......................................................................................................... 52
1.2.1.1 Le PMSI comme lment de description plus fin de lactivit mdicale
lhpital ..................................................................................................................... 53
1.2.1.2 Apports du PMSI la Comptabilit Analytique Hospitalire ...................... 55
1.2.1.3 Le PMSI comme lment cl de la tarification ............................................ 59
1.2.2 LICR comme indicateur de mesure de certaines activits mdico-technique.... 60
1.2.2.1 LICR, un indicateur mixte ........................................................................... 60
1.2.2.2 La base dAngers comme support lanalyse des activits transversales
mdico-techniques et autres .......................................................................................... 62
1.2.3 Lactivit soignante ............................................................................................. 63
1.2.3.1 Contexte et justification dun indicateur de mesure de lactivit du
personnel soignant .......................................................................................................... 63
1.2.3.2 Les outils de mesure de lactivit des personnels soignants ...................... 64
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1.3 Le pilotage par les recettes : lre de la T2A et les nouveaux enjeux de la CAH ..... 66
1.3.1 Tarification lactivit : principes et finalits ..................................................... 66
1.3.1.1 La rforme de la T2A : le rtablissement dun lien entre activit et volume
du financement ............................................................................................................... 661.3.1.2 La fixation des tarifs : entre mcanismes incitatifs et contestations .......... 68
1.3.1.3 Des enveloppes qui poussent aussi la performance ................................ 70
1.3.2 Une CAH gnralise qui gnre de nouveaux outils au service du pilotage
mdico-conomique ............................................................................................................ 72
1.3.2.1 Les outils rtrospectifs : llaboration dun diagnostic ............................... 72
1.3.2.2 Un outil prospectif: lEPRDet le suivi au fil de leau .................................. 74
Conclusion du chapitre 1 ............................................................................................... 75
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Traditionnellement, le contrle de gestion, n au dbut du XXme sicle dans les grandes
entreprises nord-amricaines dans le cadre dune organisation du travail dite taylorienne
est assimil une problmatique relevant exclusivement des entreprises issues de la sphre
industrielle.
Or, cette dmarche, initie dans le secteur priv touche progressivement lensemble des
organisations publiques qui connaissent depuis quelques annes des volutions profondes :
introduction de dmarches gestionnaires, valuation de lactivit, contractualisation des
objectifs Pour autant, il nous semble rducteur et peu pertinent de restreindre lintroduction
de dmarches gestionnaires dans le public la seule transposition, ou adaptation de telles
pratiques ces organisations. Cette rgulire rfrence au priv quant aux rformes dans le
public en diminuent souvent la pertinence et la lgitimit.
Le secteur hospitalier nous semble, ce titre riche denseignements. En effet, les prmices de
la comptabilit analytique , outil support au contrle de gestion, dans les hpitaux franais
remontent aux annes 1850 lorsque ces derniers se sont intresss la formation de leurs
cots. Lobjectif tait, dj, de calculer un prix de journe opposable aux divers organismes
dassurance. On observe ainsi que la comptabilit analytique se positionne en lien avec des
questions de tarification, souvent lorigine dun manque dapplication en interne, en
labsence de proccupations gestionnaires.
De manire simplifie, nous dfinissons dans ce premier chapitre le contrle de gestion
comme tant une forme dautocontrle de lorganisation portant sur ses performances. Nous
nous proposons donc de fournir une analyse positive des dmarches gestionnaires telles
quelles se sont mises en uvre au sein des organisations de sant sans dfini de manire
stricte contrle de gestion proprement parler. Ainsi, sagissant dun contrle interne,
nous nabordons pas la question de la rgularit des oprations ou de leur enregistrement,
contrairement ce qui se passe lorsque le contrle est externe, si ce nest comme point de
comparaison pour rendre compte de lvolution des outils de gestion et de leu r finalit. A cet
effet, ltude du contexte, travers les nombreuses rformes qua connues cette institution
constitue un lment danalyse essentiel. Lexemple le plus significatif est celui des rformes
successives du mode de financement des hpitaux qui confre de nouvelles finalits aux outils
de gestion.
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La question que nous posons dans ce premier chapitre est celle des principes qui ont guid
lallocation des ressources lhpital. Nous verrons quils ne se limitent pas la seule
connaissance des cots et que de nombreuses tentatives ont t mises en uvre pour trouver
des leviers daction.
Au final, nous prsentons les outils de gestion tels quils existent aujourdhui dans les hpitaux
sans pour autant rester dans une dmarche uniquement descriptive. Au terme de ce chapitre,
lobjectif est de mettre en vidence les savoirs nouveaux qui mergent et identifier les acteurs
qui les dtiennent. La question qui se pose est ainsi de savoir si ces savoirs nouveaux issus des
outils de gestion et rendus possibles par lamlioration de la connaissance du produit
hospitalier nont pas renforc la dichotomie existante entre mdecine et gestion. Cette
question est importante dans notre rflexion quant la lgitimit dun contrle de gestion
hospitalier avant mme den proposer des formes nouvelles, qui, nen pas douter,
reposeront pour partie sur ces savoirs nouveaux que sont les donnes mdico-conomiques
issues des outils de la comptabilit analytique hospitalire. Les relations conflictuelles qui
pourraient en rsulter entre corps mdical et soignant et gestionnaires doivent donc
galement tre mises en vidence, tant entendu que les blocages sont susceptibles daller
dans les deux sens : si les premiers se montrent souvent rticents aux dmarches
gestionnaires, les seconds montrent quant eux un manque dinvestissement dans la
connaissance des pratiques mdicales et lorganisation des soins.
La Comptabilit Analytique Hospitalire (CAH) apparat comme un point essentiel de cette
dialectique. Elle constitue une base de savoirs relle et semble ainsi offrir de nouvelles
possibilits de distribution des rles au sein de lhpital. Le point de dpart de notre
dmonstration est centr sur la notion de cots, devenue centrale dans le contexte de
contrainte budgtaire qui sest instaur depuis trois dcennies (1.1). Mais, progressivement, la
mdicalisation des dpenses est devenue inluctable tant la gestion par les cots a fait
lobjet de contestations par le corps mdical et soignant soucieux de voire prise en compte la
complexit du produit hospitalier qui repose sur la particularit de son activit, la prise en
charge de patients (1.2). Pour autant, plusieurs acteurs sont susceptibles de sapproprier ces
donnes qui senrichissent au fur et mesure que les outils se dveloppent combinant une
description de lactivit hospitalire plus prcise et une connaissance des cots plus fine. La
tutelle, en utilisant ces donnes comme source du financement des tablissements de sant,
introduit un changement radical de paradigme, o le pilotage ne repose plus uniquement sur
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les cots mais sur les recettes gnres par lactivit senses autoriser les dpenses et auto
entretient ainsi la prolifration doutils de gestion dans les hpitaux (1.3).
1.1 La formation des cots et la naissance de la CAH
Avant dentrer dans les spcificits dune comptabilit analytique dite hospitalire , il
convient de bien en comprendre la dfinition et de ne pas la confondre avec la comptabilit
gnrale.
La comptabilit gnrale permet de classer les charges et les produits par nature (charge de
personnel, de fourniture, damortissement), rpartis dans la balance comptable. A linverse
la c