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RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS 2S145 Séance du 12 novembre matin TRAUMATOLOGIE 247 Résultats d’une prothèse d’épaule spécifiquement dessinée pour les fractures de l’extrémité supérieure de l’humérus Nicolas JACQUOT*, Jean-François KEMPF, Luc FAVARD, Jean-Charles LE HUEC, Daniel MOLÉ, Gilles WALCH, Pascal BOILEAU INTRODUCTION. Malposition et migration des tubérosités constituent deux des principales causes d’échec des prothèses implantées pour fracture de l’extrémité supérieure de l’humérus. Une prothèse a été dessinée afin d’apporter une réponse spécifi- que aux problèmes des fractures. MATÉRIEL ET MÉTHODE. La prothèse comportait un col très médialisé (pour laisser plus de place aux tubérosités fractu- rées) et une tige fenêtrée (pour permettre l’apport de greffe osseuse, prélevée à partir du fragment céphalique). Une instru- mentation (optionnelle) permettait d’aider au positionnement de l’implant en hauteur et en rétroversion, et de stabiliser la pro- thèse pour vérifier le positionnement des tubérosités. 92 prothè- ses ont été implantées dans 6 centres Français (étude multicentrique de cohorte). 60 % des patients ont été opérés par des chirurgiens juniors, moins expérimentés, dans le cadre de l’activité de garde chirurgicale. Les résultats ont été évalués selon le score de Constant, des radiographies millimétrées et tomodensitométries. RÉSULTATS. 72 patients (72 prothèses, 78 %) ont pu être revus. 55 femmes (76 %) et 17 hommes, d’âge moyen 69 ans 11. Avec un recul minimum d’un an (18,4 mois), le score de Constant pondéré atteignait 73 % ( 23,6), l’élévation antérieure 130° ( 37°) en passif et 107° ( 37°) en actif. Il exis- tait une amélioration significative du résultat après 24 mois de recul : Constant pondéré (82 % 18,9) et élévation active (123° 30). 21 % des trochiters étaient en position vicieuse, 15 % avaient migré, aboutissant à une pseudarthrose, et 67 % étaient en position anatomique. Les malpositions initiales du tro- chiter ont été attribuées à une greffe osseuse insuffisante et à une médialisation excessive du col prothétique. Parmi les facteurs de bon pronostic, on retenait : l’expérience du chirurgien, l’utilisa- tion d’une greffe osseuse et un trochiter en position anatomique sur les radiographies au dernier recul. La restitution de la lon- gueur humérale était obtenue à 10 mm dans 77 % des cas avec l’instrumentation contre 30 % sans (p < 0,05). La rétroversion prothétique était en moyenne de 25° avec instrumentation contre 33° sans (p < 0,05). CONCLUSION. Nous confirmons l’amélioration des résul- tats anatomiques grâce à un implant spécifiquement dessiné pour les fractures, ainsi que l’existence d’un lien entre résultats anato- miques et cliniques. L’expérience du chirurgien reste prépondé- rante. Nous insistons sur la nécessité d’une greffe osseuse, et recommandons l’utilisation d’une instrumentation, gage de pré- cision. L’implant définitif a été redessiné afin de diminuer légè- rement la médialisation du col prothétique et permettre un positionnement encore plus précis du trochiter. 248 Réflexions pronostiques et théra- peutiques sur 14 luxations et frac- tures luxations invétérées antérieures et postérieures de l’épaule traitées par arthroplastie prothétique Denis KATZ*, Philippe V ALENTI, Ahmed EL HADI Quatorze arthroplasties d’épaule pour luxations invétérées, 7 antérieures (LIA), 7 postérieures (LIP) avec ou sans fractures des tubérosités ont été analysées à la recherche de facteurs pro- nostiques. Il s’agissait de 9 femmes, 5 hommes, 67 ans (40-87), 11 épaules droites, 9 dominantes. Le traumatisme datait de 6 mois (2-24). Trois des 7 LIP étaient des fractures-luxations à 4 fragments, 4 luxations sans fracture avec encoche antérieure de plus de 50 %. Une avait subi une tentative de réduction sous AG, une s’était reluxée sur une butée postérieure datant de 10 ans. Deux des 7 LIA étaient des fractures-luxations, 5 avec destruction céphalique, 4 par encoche postérieure, une par nécrose. Ont été réalisées 1 prothèse totale de Neer, 10 Global shoulder* dont 5 hémi-arthroplasties et 3 prothèses inversées. Toutes les LIA s’accompagnaient d’un rebord antérieur glénoïdien usé alors que le rebord postérieur glénoïdien a toujours été retrouvé intact dans les LIP. Une LIP et une LIA ont subi une ostéotomie du trochiter. Deux patients sont décédés. Les 12 revus ont un recul de 53 mois (18-144). La flexion était de 105° (70-160°), la RE1 de 22°, la R2 de 47°, le niveau d’activité de13/20 selon Constant, la douleur à 11/15. Le Constant final était à 49 (18-78), 66 % (23-107) en score pondéré. Les résultats des 3 prothèses inver- sées sur LIA ont été les meilleurs de cette série avec une flexion à 123°, un Constant à 56 (84 %). Il n’a pas été retrouvé d’influence péjorative d’une fracture ou d’une ostéotomie des tubérosités. Cinq complications ont été observées : 3 LIA se sont luxées, 2 reprises par butée avec un bon Constant final, sans dou- leur et un niveau d’activités à 15 et 18/20 ; une prothèse inversée, après fracture de glène peropératoire a été reprise à 9 mois pour *Nicolas Jacquot, Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologie du Sport, Hôpital Archet, 151, route Saint-Antoine-de-Ginestière, 06200 Nice.

248 Réflexions pronostiques et thérapeutiques sur 14 luxations et fractures luxations invétérées antérieures et postérieures de l’épaule traitées par arthroplastie prothétique

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Page 1: 248 Réflexions pronostiques et thérapeutiques sur 14 luxations et fractures luxations invétérées antérieures et postérieures de l’épaule traitées par arthroplastie prothétique

RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS 2S145

Séance du 12 novembre matin

TRAUMATOLOGIE

247 Résultats d’une prothèse d’épaulespécifiquement dessinée pour lesfractures de l’extrémité supérieurede l’humérus

Nicolas JACQUOT*, Jean-François KEMPF,Luc FAVARD, Jean-Charles LE HUEC,Daniel MOLÉ, Gilles WALCH, Pascal BOILEAU

INTRODUCTION. Malposition et migration des tubérositésconstituent deux des principales causes d’échec des prothèsesimplantées pour fracture de l’extrémité supérieure de l’humérus.Une prothèse a été dessinée afin d’apporter une réponse spécifi-que aux problèmes des fractures.

MATÉRIEL ET MÉTHODE. La prothèse comportait un coltrès médialisé (pour laisser plus de place aux tubérosités fractu-rées) et une tige fenêtrée (pour permettre l’apport de greffeosseuse, prélevée à partir du fragment céphalique). Une instru-mentation (optionnelle) permettait d’aider au positionnement del’implant en hauteur et en rétroversion, et de stabiliser la pro-thèse pour vérifier le positionnement des tubérosités. 92 prothè-ses ont été implantées dans 6 centres Français (étudemulticentrique de cohorte). 60 % des patients ont été opérés pardes chirurgiens juniors, moins expérimentés, dans le cadre del’activité de garde chirurgicale. Les résultats ont été évaluésselon le score de Constant, des radiographies millimétrées ettomodensitométries.

RÉSULTATS. 72 patients (72 prothèses, 78 %) ont pu êtrerevus. 55 femmes (76 %) et 17 hommes, d’âge moyen69 ans ° 11. Avec un recul minimum d’un an (18,4 mois), lescore de Constant pondéré atteignait 73 % (° 23,6), l’élévationantérieure 130° (° 37°) en passif et 107° (° 37°) en actif. Il exis-tait une amélioration significative du résultat après 24 mois derecul : Constant pondéré (82 % ° 18,9) et élévation active(123° ° 30). 21 % des trochiters étaient en position vicieuse,15 % avaient migré, aboutissant à une pseudarthrose, et 67 %étaient en position anatomique. Les malpositions initiales du tro-chiter ont été attribuées à une greffe osseuse insuffisante et à unemédialisation excessive du col prothétique. Parmi les facteurs debon pronostic, on retenait : l’expérience du chirurgien, l’utilisa-tion d’une greffe osseuse et un trochiter en position anatomiquesur les radiographies au dernier recul. La restitution de la lon-gueur humérale était obtenue à ° 10 mm dans 77 % des cas avecl’instrumentation contre 30 % sans (p < 0,05). La rétroversionprothétique était en moyenne de 25° avec instrumentation contre33° sans (p < 0,05).

CONCLUSION. Nous confirmons l’amélioration des résul-tats anatomiques grâce à un implant spécifiquement dessiné pourles fractures, ainsi que l’existence d’un lien entre résultats anato-miques et cliniques. L’expérience du chirurgien reste prépondé-rante. Nous insistons sur la nécessité d’une greffe osseuse, et

recommandons l’utilisation d’une instrumentation, gage de pré-cision. L’implant définitif a été redessiné afin de diminuer légè-rement la médialisation du col prothétique et permettre unpositionnement encore plus précis du trochiter.

248 Réflexions pronostiques et théra-peutiques sur 14 luxations et frac-tures luxations invétéréesantérieures et postérieures del’épaule traitées par arthroplastieprothétique

Denis KATZ*, Philippe VALENTI, Ahmed EL HADI

Quatorze arthroplasties d’épaule pour luxations invétérées,7 antérieures (LIA), 7 postérieures (LIP) avec ou sans fracturesdes tubérosités ont été analysées à la recherche de facteurs pro-nostiques.

Il s’agissait de 9 femmes, 5 hommes, 67 ans (40-87),11 épaules droites, 9 dominantes. Le traumatisme datait de6 mois (2-24). Trois des 7 LIP étaient des fractures-luxations à4 fragments, 4 luxations sans fracture avec encoche antérieurede plus de 50 %. Une avait subi une tentative de réduction sousAG, une s’était reluxée sur une butée postérieure datant de10 ans. Deux des 7 LIA étaient des fractures-luxations, 5 avecdestruction céphalique, 4 par encoche postérieure, une parnécrose.

Ont été réalisées 1 prothèse totale de Neer, 10 Global shoulder*dont 5 hémi-arthroplasties et 3 prothèses inversées. Toutes lesLIA s’accompagnaient d’un rebord antérieur glénoïdien uséalors que le rebord postérieur glénoïdien a toujours été retrouvéintact dans les LIP. Une LIP et une LIA ont subi une ostéotomiedu trochiter.

Deux patients sont décédés. Les 12 revus ont un recul de53 mois (18-144). La flexion était de 105° (70-160°), la RE1 de22°, la R2 de 47°, le niveau d’activité de13/20 selon Constant, ladouleur à 11/15. Le Constant final était à 49 (18-78), 66 %(23-107) en score pondéré. Les résultats des 3 prothèses inver-sées sur LIA ont été les meilleurs de cette série avec une flexionà 123°, un Constant à 56 (84 %). Il n’a pas été retrouvéd’influence péjorative d’une fracture ou d’une ostéotomie destubérosités. Cinq complications ont été observées : 3 LIA se sontluxées, 2 reprises par butée avec un bon Constant final, sans dou-leur et un niveau d’activités à 15 et 18/20 ; une prothèse inversée,après fracture de glène peropératoire a été reprise à 9 mois pour

*Nicolas Jacquot, Service de Chirurgie Orthopédiqueet Traumatologie du Sport, Hôpital Archet,

151, route Saint-Antoine-de-Ginestière, 06200 Nice.

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2S146 79e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T.

descellement avec un bon résultat final ; une LIP a présenté unefracture de la glène prothétique à 7 ans avec luxation antérieure,la malade a refusé la reprise, l’indice de Constant final est à18 (23 %) ; 3 LIP ont eu un descellement glénoidien, dont unrepris avec un Constant final à 3 ans de 78. Au total, 4 maladesont été repris, 3 sur LIA, 1 sur LIP.

En conclusion, cette série montre le mauvais pronostic desarthroplasties anatomiques sur les LIA, avec ou sans fracture, laprothèse inversée pouvant être une solution plus fiable.Des points techniques sont discutés pour améliorer le geste ini-tial toujours difficile.

249 Arthrodèse du genou par doublefixateur externe monobarre : à pro-pos d’une série de 19 cas avec unrecul moyen de 7 ans

Alexandre ROCHWERGER*,Sébastien PARRATTE, Abdou SBIHI,Franck ROGE, Georges CURVALE

INTRODUCTION. L’arthrodèse de genou est une interven-tion de sauvetage de membre mise en balance avec l’amputationdans certaines infections sur prothèses et en cas de lésions osseu-ses post-traumatiques majeures, notamment en présence de des-truction de l’appareil extenseur. Les techniques utilisées sontvariables et les séries dans la littérature ne sont pas toujourshomogènes. Nous avons évalué les résultats de l’arthrodèse dugenou par deux fixateurs externes monobarre pontant l’articula-tion dans deux plans orthogonaux.

MATÉRIEL ET MÉTHODE. Il s’agit d’une série rétrospec-tive de 19 arthrodèses de genou chez 18 patients de 65 ans d’âgemoyen. Tous les patients inclus présentaient une destruction del’appareil extenseur associée à une infection sur prothèse dans14 cas ou une destruction articulaire post-traumatique dans5 cas. Dans tous les cas, le geste était encadré d’un traitementantibiotique documenté et diligenté jusqu’à son terme par uneéquipe de médecins infectiologues et microbiologistes. Le pre-mier temps chirurgical consistait en un nettoyage puis mise enplace provisoire du fixateur externe monobarre latéral. Ensuite,l’ablation de l’implant prothétique infecté ou du spacer était réa-lisée. La compression et la mise en place du fixateur externeantérieur étaient effectuées après préparation des surfaces osseu-ses. La dynamisation était faite au 45e jour et l’appui autorisé àce moment.

RÉSULTATS. La fusion radiologique a été obtenue en untemps dans 17 cas en 4,6 mois en moyenne avec un délai deconservation moyen des fixateurs de 8 mois. Aucune greffeosseuse n’a été réalisée en première intention. Deux patientsont eu des problèmes de couverture cutanée nécessitant ungeste complémentaire. Deux cas ont nécessité une repriseassociée à une greffe osseuse autologue et une patiente est

demeurée en pseudarthrodèse au dernier recul qui est de 7 ansdans cette série.

DISCUSSION. Ce montage permet d’éviter la mise en placede matériel interne sur un terrain septique. La tolérance desfiches transquadricipitales du fixateur antérieur est satisfaisante.La rigidité obtenue par l’association de deux fixateurs mono-barre posés dans deux plans orthogonaux permet une repriserapide de l’appui, élément capital chez des patients âgés, souventmulti-opérés difficilement verticalisables.

CONCLUSION. L’arthrodèse fonctionnellement acceptableest une alternative à l’amputation de cuisse chez ces patients etcette technique apparaît fiable, permettant en l’absence de maté-riel interne, une stabilisation du foyer grâce au montage dansdeux plans orthogonaux et une reprise précoce de l’appui.

250 Arthrodèse du genou avec cloufémoro-tibial plein en titaneverrouillé : à propos de 11 cas

Mohamed BOUABDALLAH*,Jean-Baptiste QUEINNEC, Patrick COIPEAU,Philippe ROSSET

INTRODUCTION. L’objet de cette étude était d’évaluer lesarthrodèses après échec de prothèses de genou ou résectiontumorale, synthésées par clou centro-médullaire, sur mesure, entitane, verrouillé en distal et proximal.

MATÉRIEL ET MÉTHODE. Étude rétrospective de 11 mala-des, âge moyen 47 ans (18-75 ans), recul moyen de 4 ans et10 mois (extrêmes 4-10 ans). Indications : 6 échecs d’arthroplas-tie totale du genou (5 infectées, et 1 descellement de prothèsecharnière ), 5 résections pour tumeur de l’extrémité inférieure dufémur (4 ostéosarcomes et 1 histiocytofibrome malin). Lesdimensions du clou étaient calculées à partir de clichés de grandsaxes en position debout et du scanner pour les tumeurs. Les5 lésions tumorales et 1 échec de prothèse charnière ont néces-sité une allogreffe de fémur distal en moyenne de 21 cm(12-30 cm). L’arthrodèse a toujours été faite en même temps quela résection. Les 5 lésions tumorales ont eu une chimiothérapienéoadjuvante et adjuvante. Les jonctions diaphysaires entrefémur et allogreffe avaient toutes été greffées avec une auto-greffe spongieuse iliaque. Tous les patients ont été revus clini-quement par un examinateur indépendant avec un bilanradiographique.

RÉSULTATS. La reprise partielle de l’appui s’est faite enmoyenne à J + 45. Pour les 6 échecs d’arthroplastie, la consoli-dation a été acquise en 4 mois et demi. Une pseudarthrose septi-que a été traitée par curetage, ciment avec antibiotique etchangement de clou. Pour les 5 tumeurs, la fusion entre allo-greffe et tibia a été obtenue en moyenne en 5 mois et entre allo-greffe et fémur en 7 mois. Une rupture de clou (diamètre 10 mm)

Denis Katz, Clinique du Ter, 56270 Ploemeur.

*Alexandre Rochwerger, Service de Chirurgie Orthopédique,Hôpital de la Conception, 147, boulevard Baille,

13385 Marseille.