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Auteur : Ghani Raihane Statut : Jeune docteur - ATER – UFR AES Université Montpellier1. Laboratoire : Montpellier Research in Management Adresse : UFR Administration Economique & Sociale Site Richter Avenue Raymond DUGRAND CS 59640 34960 MONTPELLIER Cedex 2 L’utilisation entrepreneuriale des ERP dans la PME moderne marocaine Résumé : L'objet de cette recherche est de s'interroger sur la capacité de l'ERP à faire évoluer le mode d’organisation des PME marocaines. Les résultats de la recherche sont analysés à travers le prisme de l’approche culturelle de D’Iribarne en proposant un cadre typologique des spécificités culturelles des PME marocaines. Pour cela, nos investigations se sont basées sur une étude de cas engagée dans l’adoption d’un ERP. Mots clés : Typologie, Culture, PME marocaine, ERP.

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Auteur : Ghani Raihane Statut : Jeune docteur - ATER – UFR AES Université Montpellier1. Laboratoire : Montpellier Research in Management Adresse : UFR Administration Economique & Sociale Site Richter Avenue Raymond DUGRAND CS 59640 34960 MONTPELLIER Cedex 2

L’utilisation entrepreneuriale des ERP dans la PME moderne marocaine

Résumé : L'objet de cette recherche est de s'interroger sur la capacité de l'ERP à faire évoluer

le mode d’organisation des PME marocaines. Les résultats de la recherche sont analysés à

travers le prisme de l’approche culturelle de D’Iribarne en proposant un cadre typologique des

spécificités culturelles des PME marocaines. Pour cela, nos investigations se sont basées sur

une étude de cas engagée dans l’adoption d’un ERP.

Mots clés : Typologie, Culture, PME marocaine, ERP.

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L’utilisation entrepreneuriale des ERP dans la PME moderne marocaine Résumé : L'objet de cette recherche est de s'interroger sur la capacité de l'ERP à faire évoluer

le mode d’organisation des PME marocaines. Les résultats de la recherche sont analysés à

travers le prisme de l’approche culturelle de D’Iribarne en proposant un cadre typologique des

spécificités culturelles des PME marocaines. Pour cela, nos investigations se sont basées sur

une étude de cas engagée dans l’adoption d’un ERP.

Mots clés : Typologie, Culture, PME marocaine, ERP.

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1- Introduction

La modernisation du tissu entrepreneurial marocain, par la diffusion des TI, est considérée

comme l’enjeu majeur pour l’avenir du pays. En favorisant de mettre en place un système

d’information moderne, la PME s’inscrit dans une démarche dynamique de modernisation

technologique et organisationnelle, notamment pour répondre aux exigences de marché en

matière de qualité, de coût et de délais et développer de nouveaux processus métiers, afin de

réaliser des gains de productivité.

Aujourd'hui, les PME marocaines doivent répondre à de nouveaux défis en matière de

performance. En effet, elles doivent faire face à présent à un marché très compétitif où le

client devient de plus en plus exigeant et où le système d’information s’affirme comme un

enjeu majeur. Tenant compte de ce constat et du retour d’expérience des actions passées, le

Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies/Département de la

Poste, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies (MICNT/DEPTNT) se penche

actuellement sur la réalisation d'un plan stratégique « Maroc Numeric 2020 » pour la période

2021- 2020 qui vise à faire évoluer le Maroc vers une société de l'Information. Ce plan

accorde une grande importance au volet TI dans les PME et vise notamment le

développement des systèmes d’information afin de rendre ces entreprises plus productives et

plus compétitives aussi bien sur les marchés locaux, nationaux qu’internationaux. Ils sont

conscients du rôle des TI, en l’occurrence dont l’ERP pour la modernisation compétitive des

PME.

Pour cela, le gouvernement et l’ANPME se sont investis dans l’accompagnement des

organisations pour le déploiement et la mise en place de système d’information au sein des

PME à travers les programmes phares de l’ANPME « MOUSSANADA » (Assistance) et

« IMTIAZ » (Excellence) destinés à améliorer la compétitivité de la PME marocaine. Les

programmes reposent sur la mise en œuvre de trois initiatives clés :

• Soutenir l’informatisation des PME à fort enjeu PIB : L’effort ciblera en priorité les

PME à fort enjeu PIB. Ces dernières ont été identifiées sur la base de plusieurs critères

: taille du secteur d’activité et poids dans l’économie marocaine, potentiel de gains de

productivité et conditions favorables à la mise en œuvre. Pour ces entreprises, des

solutions métiers telles que l’ERP seront proposées en partenariat avec les associations

professionnelles. Le choix des investissements en TI correspondant aux PME est

assisté par des guides exposant bénéfices et coûts des différentes solutions métiers et

répertoriant les fournisseurs de produits et services les plus adéquats.

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• Mobiliser les prescripteurs : La mobilisation des prescripteurs publics et privés

(associations professionnelles, grands donneurs d’ordre, intégrateurs, etc.) permettra

de favoriser, de substituer et d’accélérer l’informatisation des PME : Il s’agit, d’une

part, de s’appuyer sur les associations professionnelles, cabinet de consulting, etc.,

pour la prescription des TI aux PME, et d’autre part, de coopérer avec les grands

donneurs d’ordres pour encourager leurs PME fournisseurs à favoriser les échanges

électroniques des données.

• Sensibiliser, encourager les PME à l’usage des TI : La résistance au changement et la

méconnaissance de la rentabilité de l’investissement TI ont été déterminées comme les

principaux obstacles à l’informatisation des PME. Pour éviter ces obstacles, des

formations TI adaptées et des actions de sensibilisation seront offertes dont notamment

un programme national d’initiation gratuite des dirigeants de PME aux TI. Par ailleurs,

la réalisation du programme e-gouvernement 2020, et en particulier des services

destinés aux PME, poussera davantage la PME à s’informatiser.

Aujourd’hui les ERP sont en train de se développer au Maroc, les ambitions des entreprises

marocaines ne pourront être réalisées que si elles introduisent massivement cette technologie

dans leur fonctionnement. Cette technologie devra faciliter la mise à niveau des PME par

l'accès aux bénéfices qu’elle permet. Ainsi, les ERP apportent une réponse parfaitement

adaptée aux attentes des PME, au moment où le ministère du Commerce et de l'Industrie

relance un nouveau programme de mise à niveau des PME. « Les PME marocaines sont

confrontées à des exigences de performances de plus en plus élevées. Dans cette optique, les

systèmes d'information ont un rôle clé à jouer. Cette solution clé en main va faciliter l'accès

des PME aux ERP, et ainsi leur permettre de relever tous les défis, de la productivité à la

performance en passant par la compétitivité ». La présence de plusieurs intégrateurs et de

cabinets de consulting, montre la demande des ERP sur le marché des PME. « Nous

partageons avec SAP la même vision du marché PME, et il était donc naturel de combiner nos

expériences au service des PME. Cette offre conjointe permettra de proposer aux PME une

solution complète, parfaitement adaptée à leurs attentes et spécificités et ainsi de réussir dans

les meilleures conditions leur mise à niveau », explique le directeur d’un cabinet de consulting

au Maroc.

Les PME qui se développent et qui innovent sont, dans leur genèse, confrontées à deux

moments clés : d’abord la phase de création de l’entreprise, où il s’agit de définir l’offre et de

réaliser le positionnement initial de l’entreprise, puis, plus tard, la phase de structuration de

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l’organisation (ex : l’adoption d’un ERP dans l’entreprise pour assurer sa performance). Lors

de la première étape, celle de naissance de l’entreprise, la problématique est liée à

l’entrepreneuriat et à la tournée vers les marchés. Mais, L’entrepreneuriat peut être aussi

présent tout au long de la vie de l’entreprise, et pas seulement durant les premières phases de

son cycle de vie. Comme la note Covin et Slevin : « le domaine de l’entrepreneuriat ne se

limite plus dans un sens conceptuel de création d’entreprise indépendante » (1997, p : 7)

En revanche, la deuxième étape où l’évolution s’oriente vers la maturité de l’entreprise, la

problématique est celle de la dynamique entrepreneuriale de la PME. Nous allons ici nous

intéresser plus particulièrement à ce second moment déterminant de la vie de la PME : la

phase d’évolution de son mode d’organisation à travers l’utilisation entrepreneuriale de

l’ERP.

Récemment, nous avons vu apparaître des études de terrain qui portent sur l’adoption de

l’ERP dans la PME. Ces recherches sont effectuées dans le contexte des pays développés.

Notre recherchevise à étudier l’adoption de l’ERP dans les pays émergents et spécifiquement

dans le contexte culturel Marocain. Les résultats de la recherche sont analysés à travers le

prisme de l’approche culturelle de D’Iribarne à travers la proposition d’un cadre typologique

des spécificités culturelles des PME marocaines dans l’optique de leur tendance culturelle en

relation avec des critères organisationnels. Nous formulons ainsi notre question de recherche :

Quelles sont les logiques d’adoption des ERP dans les PME marocaines ?

2- Cadre théorique : l’approche culturelle

Au cours des dernières années, les technologies de l’information (TI) telles que les ERP

auxquels correspond en français le sigle PGI (progiciels de gestion intégrés), offrent, au sein

d’une même architecture applicative, une intégration des données mobilisées par les

différentes fonctions de gestion de l’entreprise. Ils se caractérisent par des modules standard,

c’est-à-dire de transactions reconnues et des règles de fonctionnement communes aux

utilisateurs d’une entreprise (Kalika, 2009).

Pour mieux comprendre l’impact d’un ERP sur l’organisation, il faut prendre en compte non

seulement les individus mais aussi le contexte de travail dans lequel ils sont et la façon dont

ce contexte peut faciliter ou freiner le mode d’organisation. Parallèlement, toutes les

recherches en système d’information convergent pour montrer qu’une même technologie

n’aura jamais tout à fait le même impact, même dans des organisations proches. Cet impact va

dépendre de l’histoire, de la culture et la volonté des dirigeants (Jasperson, Cater et Zmud

2005). De nombreux chercheurs qui se sont focalisés sur le facteur culturel s’accordent pour

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dire que la culture joue un rôle dans l’adoption de l’ERP (Gulla et Molan, 1999; Coulianos,

2000; Boersma et Kingma, 2005 ; Zhang et al., 2005 ; Kappos et Rivard, 2008 ; Ke et Wei,

2008), sans aboutir à un consensus quant à son impact, et encore moins à des solutions

permettant de faire du facteur culturel un atout (Saint-Léger et Beeler 2010). Krumbholz et

al. (2000) par exemple, ont trouvé que la culture nationale n’avait pas autant d’impact que

d’autres facteurs, tandis que Shanks et al. (2000), Myers et Tan, (2002) et Chadhar et Rahmati

(2004), ont conclu à l’influence de la culture nationale sur l’adoption des ERP.

Pour mieux comprendre l’impact de la culture sur l’adoption des ERP, nous proposons

d’utiliser une lecture culturaliste qui vise à analyser les responsabilités de la culture dans la

fabrication de l’ordre social.

Les faits culturels ne peuvent alors plus être étudiés comme des facteurs d’assimilation à une

entité sociale, mais comme des bases constitutives des situations sociales qui dirigent et qui

délimitent les possibilités qu’ont les acteurs pour agir (Calvez, 2009).

(Douglas, 1978) admet de comparer des cultures en se basant sur des critères sociologiques

explicites. L’objectif de son projet est de construire théoriquement la ressemblance entre les

modes d’organisation de l’expérience des anciens et des modernes. Elle se positionne ainsi

dans une continuité entre l’anthropologie et la sociologie.

L’apport de la technologie au lien social est sans doute d’affirmer que ce lien est engendré par

un contexte culturel. Les formes de contrôle social qui encadrent l’action des individus, les

types d’autonomie que ces formes de contrôle leur laissent, le rapport aux règles, le rôle de

l’autorité, la manière de prendre les décisions, les modes de gestion des conflits, la manière

dont l’unité du corps social se combine à sa diversité, varient considérablement.

Les différences ainsi observées incitent à ne pas s’en tenir à des explications fondées sur des

phénomènes d’inertie institutionnelle. Certes, il est des domaines (tels le rôle des

organisations de travailleurs) pour lesquels l’existence de contraintes à caractère légal ou

réglementaire permet d’invoquer l’influence de tels facteurs. Mais les différences entre pays

ne sont pas moindres (ainsi la manière de gérer les rapports entre services ou de prendre une

décision d’investissement), là où cette influence est absente. Pour expliquer ces écarts, il est

éclairant de faire appel aux différences culturelles qui affectent le sens que les acteurs donnent

aux situations et aux actions. C’est que le facteur culturel persiste comme facteur important

pouvant expliquer la différence entre les modes de management. Suivant cette même logique.

Adler et al. (1994) affirment qu’il est probable que les organisations soient devenues plus

similaires en termes de structure et de technologie.

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L’apport spécifique de la technologie ne se concrétise qu’au fil du temps. Il prend corps à

travers des interactions entre l’organisation, les individus et les spécificités culturelles de

diverses entreprises au sein desquelles la technologie s’institutionnalise au cours du temps.

2.1 Les travaux culturels

Les mutations récentes des conditions de travail et de la vie sociale au sein des organisations

ont fait l’objet de nombreuses recherches théoriques et empiriques explorant les différentes

figures du processus de restructuration profonde par lequel passe actuellement la société en

général. Plusieurs dynamiques à la fois démographiques et économiques contribuent à ces

mutations telles l’apparition de l’économie du savoir, la révolution des technologies de

l’information (Castells, 2001) et tels les flux migratoires de la population augmentés grâce à

l’ouverture des frontières entre les Etats (Steinmueller, 2002). Bien que les modèles de

management qui font référence soient les mêmes partout dans le monde, le rôle du pouvoir, le

rapport aux règles, la façon de prendre les décisions, les relations entre les individus, les

modes de gestion des conflits, etc., différent considérablement. Les diversifications ainsi

observées incitent à ne pas s’en tenir à des explications bâties sur des phénomènes d’inertie

institutionnelle. Assurément, il est des domaines (comme le rôle des organisations de

travailleurs) pour lesquels l’existence de contraintes d’ordre légal ou réglementaire permet de

noter l’impact de tels facteurs.

De même, plusieurs travaux sur le management interculturel convergent vers le constat selon

lequel de tous les bouleversements sociaux contemporains, celui concernant la gestion des

employés diversifiés du point de vue ethnoculturel et identitaire semble comme un nouveau

défi pour les managers d’aujourd’hui (Chevrier, 2003). En effet, tous les chefs des entreprises

multiculturelles reconnaissent que les enjeux correspondants aux ressources humaines sont

généralement les plus difficiles à maîtriser. La puissante concurrence à laquelle se livrent les

entreprises à l’échelle mondiale, les impératifs de croître leur performance leur imposent

souvent de chercher la main-d’oeuvre qualifiée, ce qui les oblige à revoir leurs stratégies de

dotation afin d’attirer et de garder les travailleurs issus de différents milieux culturels.

Dans ces conditions, il est d’abord important de faire connaître l’analyse des cultures

nationales des individus.

Plusieurs chercheurs du domaine se sont donnés comme but d’aider les organisations à

mieux gérer leurs personnels et à relever les défis liés aux relations interculturelles, en

développant des outils et des instruments de gestion variés. Les études quantitatives de

Hofstede (1980, 1991, 2001, 2003) et de Hall (1979, 1984, 1993) et les recherches

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ethnographiques d’Iribarne (1989, 2003, 2007, 2008) ont été parmi les premières à travailler

sur la question de la différence culturelle au travail.

Ce tableau ci-dessous montre une synthèse des principales approches d’étude des entreprises

multiculturelles.

Tableau 1 : une synthèse des principales approches d’étude des entreprises

multiculturelles.

Auteur Approche Définition de la

culture

Enjeux

organisationnels

caractéristiques

Hofstede

(1980,

2002,

2006)

Comparative et

multidimension

nelle

Programmation

mentale

Intégration

individuelle dans

le milieu

Distance hiérarchique,

Individualisme /

Collectivisme,

Contrôle de

l’incertitude,

Masculinité / féminité,

Dynamisme

confucianiste

Hall (1984,

1993)

Bi-

dimensionnelle

Système de

communication

Intégration

individuelle dans

le milieu

Cultures

polychrones / Cultures

monochrones

La nature du contexte

La dimension

temporelle

La dimension spatiale

D’Iribarne

(1989,

2003,

2008)

Historique et

ethnographique

Système de sens

Noyau dur

Référents

ultimes

Repères

principaux

Intégration

collective

Intégration de

l'organisation

dans le milieu

socio-

institutionnelle

Logique de l’honneur

(noble / vil);

Logique du consensus ;

Logique de contrat

(‘free’ / ‘fair’)

2.1.1 L’apport de l’approche culturelle de D’iribarne :

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D’Iribarne (1989, 2003, 2007, 2008,2009), a développé une approche absolument différente

des autres approches culturalistes Hofstede (1980 ; 1991, 2002; 2004, 2006), Hall (1971,

1980,1990, 1994). Il note que les trouvailles de ces derniers nécessitent une bonne

connaissance des cultures pour être expliquées d’une façon correcte. « Si on veut tenir compte

des finesses d’une culture, il est nécessaire d’adopter l’approche classique de l’ethnologue

pour tenter de saisir chaque culture dans sa cohérence interne, avant d’en entreprendre une

classification raisonnée » (d’Iribarne, 2000). Fidèle à cette méthode, il présente un bilan des

travaux qu’il a mené depuis une vingtaine d’années sur l’analyse comparée des cultures

politiques et de leur effet sur le fonctionnement des entreprises.

L’approche de d’Iribarne (2009) a étudié des cas d’entreprises dans différents pays. Persuadé

que les façons de gérer s’inscrivent dans la culture nationale et que ce dernier est un contexte

qui fournit un référentiel de sens, il cherche dans chaque société ce que permet de dégager les

singularités constatés. Dans sa méthode d’analyse, il essaye de comprendre la logique interne

des formes de vie en société, l’ancrage de ces formes de vie dans l’histoire du pays et leur

impact sur les modes de management des entreprises. Il a donc choisi l’organisation comme

lieu où les logiques et les formes de vie d’une société se manifestent au jour le jour.

D’Iribarne postule l'existence de traits fondamentaux d'une société qui perpétuent à travers les

siècles : l'histoire est construit comme fondamentalement continue, fondée sur la stabilité des

traditions par des cadres d'interprétation ou de l’intermédiaire de valeurs.

Les référents qui organisent les logiques de liens sociaux sont tout aussi présents dans les

situations de travail. L'entreprise déploierait des modalités de fonctionnement qui se

conforment aux codes d'interprétation enracinés dans le contexte social plus large. La culture

transportée à travers le parcours historique s'intègre au sein des pratiques de management de

l'organisation.

Dans plusieurs de ses livres, d’Iribarne (1989, 2003, 2008, 2009) étudie le fonctionnement de

trois filiales d’une même entreprise localisées en France, aux États-Unis et aux Pays-Bas. En

dépit d’un mode de management à l’américaine commun choisi par toutes ces filiales, il

observe des différences significatives dans leurs façons de gérer. En se reposant sur des

données de terrain et sur leur explication à la lumière de l’histoire des pays, il relève des

logiques culturelles qui s’appuient sur des oppositions fondamentales réelles dans chacune des

sociétés étudiées.

Dans notre recherche, l’étude de l’adoption de l’ERP dans les PME marocaines nécessite la

compréhension de la société marocaine dont spécifiquement les valeurs qui dominent la

culture marocaine

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2.2 La culture marocaine

La culture marocaine est très hétérogène et s’est progressivement constituée au gré des

occupations qu’a connues le pays au fil de l’histoire. Elle est composée d’une alchimie peu

commune de cultures dont certaines ont tout de même conservé quelques-unes de leurs

spécificités.

En fait, la culture marocaine est à la fois simple et complexe. Elle est simple dans la mesure

où elle présente des caractéristiques marquantes qui la différencient clairement des autres

cultures; elle est cependant composée en raison de l’enchevêtrement en son sein de

nombreuses sous-cultures présentant chacune des spécificités qui lui sont propres et qui

peuvent être fort distinctes quand la sous-culture est comparée à d’autres avec lesquelles elle

cohabite dans le cœur de la culture marocaine.

Des valeurs fondamentales animent la société marocaine d’aujourd’hui en dépit de sa grande

diversité. Sans prise en compte de ces valeurs, tout essai de compréhension de la relation entre

la culture nationale et la gestion marocaine serait une entreprise vaine et infructueuse.

Cependant, les valeurs fondamentales qui caractérisent la société marocaine sont nombreuses

nous nous limiterons ici à trois d’entre elles qui nous apparaissent surtout importantes eu

égard à l’impact qu’elles peuvent avoir sur les pratiques de gestion. Il s’agit de la logique

d’allégeance, de la dimension de la solidarité familiale ainsi que de la dimension de la

sacralité de la dignité (Allali, 2007 ; Abitbol, 2010 ; Bourqia, 2010).

2.2.1 La logique d’allégeance

Étant un pays musulman depuis plus de douze siècles, le Maroc est conduit par une

représentation d'allégeance qui constitue l'un des fondements capitaux de l'Islam. Le mot «

allégeance » s’entend ici dans le sens de soumission, d’obéissance et de dépendance. Ceci

n’est guère surprenant si l’on sait que le mot Islam lui-même est synonyme de soumission et

d’obéissance. Cela veut-il dire qu’allégeance et Islam seraient la même chose ? Sans aller

jusqu’à soutenir une telle communauté de sens, nous rappellerons que la soumission à Dieu

implique certainement l’allégeance à son messager porteur de son message révélé. Pour

affirmer publiquement cette obéissance, les premiers musulmans devaient prêter allégeance au

Prophète.

Au Maroc, ces liens d'allégeance ont été renforcés par le régime monarchique depuis

l'accession au pouvoir de la dynastie des Idrissides moins de deux siècles après le début de

l'ère islamique. Étant pour la plupart des descendants du Prophète, les rois du Maroc ont

toujours incarné l'image de « commandeur des croyants » faisant ainsi de l'allégeance non

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seulement un acte formel de subordination volontaire, mais également et surtout une

bénédiction de la règle religieuse.

Au-delà de sa particularité formelle, l’allégeance s’étend à la vie en société et aux relations

entre personnes. Des personnes se trouvent consciemment ou inconsciemment amenées à

obéir à d’autres, car elles symbolisent à leurs yeux la droiture et l’intégrité nécessaires pour

être obéies. Ainsi, tant et aussi longtemps que ces « leaders » agissent dans un sens jugé «

juste » par les « suiveurs », ces derniers leurs doivent obéissance et loyauté.

2.2.2 La dimension de solidarité familiale

La solidarité familiale se situe entre l’individualisme et le collectivisme et consacre la priorité

de la famille dans les préoccupations du Marocain .En effet, la majorité des Marocains ne

peuvent pas être qualifiés d’individualistes dans le sens de Hofsetede, dans la mesure où ils ne

sont que rarement animés par leur intérêt personnel. Le caractère de collectivistes leur

conviendrait même si ce n’est pas tout à fait l’intérêt collectif qui expliquerait la majeure

partie de leurs actes.

Les Marocains sont essentiellement mus par leurs intérêts familistes. Ainsi, la petite famille

passe avant tout. En effet, ils peuvent travailler jour et nuit et s’endetter pour assurer à leurs

enfants une scolarité de qualité. Le Marocain est ainsi incontestablement prêt à tout pour sa

famille.

Certaines études ont en effet conclu que les gens de la région de Souss au sud du Maroc sont

animés par un fort sens d’affiliation à leur collectivité alors que les originaires de la région de

Fès au nord sont plus autonomes ou plus individualistes (Mamou, 1985). Ainsi, la solidarité

familiale est moins développée chez les Arabes et beaucoup plus développée chez les

Berbères. Le sens de la famille dépasse même chez cette population le sens strict du terme

(parents et enfants) pour contenir les membres de la grande famille. Il va même parfois

jusqu’à s’entendre dans un sens plutôt proche de celui de tribu.

2.2.3 La dimension de sacralité de la dignité

Le Marocain est très fier de sa dignité et tient obstinément à ce qu’elle soit respectée quand

bien même les apparences pourraient proposer le contraire. En effet, quand les conditions de

son travail l’amènent à faire des compromis à ce sujet, le Marocain chercherait la première

occasion pour affirmer son attachement à sa dignité. Si cette dernière continue d’être blessée,

il pourrait chercher une compensation légitime ou illégitime pour rétablir le respect, du moins

le sien, de sa dignité. Par contre, quand il est respecté, apprécié et valorisé, le Marocain ferait

tout pour montrer sa reconnaissance et son dévouement.

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La sacralité de la dignité quand elle n’est pas respectée, peut amener le Marocain à chercher

des voies de compensation, voire de revanche, comme l’absentéisme, la démission, le

sabotage, etc.

L’impact de ces valeurs culturelles sur le style de management va déterminer des formes

d’organisations différentes.

2.3 Typologie des spécificités culturelles des PME marocaines

Nous avons mentionnée précédemment que la prise en compte de la culture nationale la

grande diversité des recherches qui y ont été menées, nous présentons des travaux de

recherches de celui de Hofstede, Hall et d’Iribarne portant sur les différences culturelles.

Ainsi, nous avons essayé d’exposer les valeurs fondamentales qui caractérisent la société

marocaines dans le but de montrer leur influence sur le style de management et la nature des

rapports au travail des PME marocaines. Dans cette partie, nous étudierons les principales

dimensions d’émergence qui nous apparaissent les plus importants pour déterminer des

diverses formes d’organisation, avant de présenter les différents types des PME marocaines.

2.3.1 Les dimensions d’émergence

La plupart des chercheurs psychologues, sociologues et anthropologues définie la culture

comme un système de comportements de la vie sociale transmis qui, sert à rapprocher ou à

unir les communautés humaines.

L’anthropologie a été la première science à étudier le concept de culture. Dès 1871, Edward

Tylor (1832-1917) présente une première définition scientifique de la culture : « ce tout

complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes

et les autres capacités ou habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société ».

Dans cette approche objective et descriptive, le concept de la culture est exprimé comme

l’expression de la vie sociale de l’homme en général. Elle est principalement acquise et

collective à travers l’histoire par la récursivité de l’action. Tylor oppose l’idée que la culture

serait un héritage acquis d’une manière inconscient, voire même figé et naturel dans la

personnalité ou l’esprit de chaque individu.

Cette approche sera adopté après par plusieurs psychosociologues et aussi en sciences de

gestion avec la définition de Schein (2010) de la culture d’entreprise : « la structure (pattern)

des valeurs de base partagées par un groupe, qui les a inventées, découvertes ou développées,

en apprenant à surmonter ses problèmes d’adaptation externe ou d’intégration interne, valeurs

qui ont suffisamment bien fonctionné pour être considérées comme opérationnelles et, à ce

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titre, être enseignées aux nouveaux membres du groupe comme étant la bonne façon de

percevoir, réfléchir et ressentir les problèmes similaires à résoudre ».

Cette définition a en général deux sens, le premier est anthropologique. Il a trait aux œuvres,

aux modes de vie et aux savoir-faire. Le deuxième sens est plutôt sociologique et se réfère à

l'idée de société et de civilisation. Les résultats des travaux menés dans ces deux domaines

(anthropologie et sociologie) ont été largement appliqués dans le domaine du management des

organisations.

La notion de la culture d’entreprise est largement étudiée par les chercheurs. En effet, depuis

les années 80, plusieurs études ont essayé, à la fois, de définir ce concept et d’identifier ses

fonctions (Ouchi (1981) ; Quinn et Rohrbraugh (1983) ; Deal et Kennedy (1982) ; Schein

(2010) ; Hofstede (1993) ; Parker (2000) ; Lewis (2002), Lee et Yu (2004)) Ils ont accordé

beaucoup d'importance à ce concept, en le décrivant comme un vecteur d’intégration des

individus et des processus de changement, et souvent essentiel pour la performance de

l'entreprise.

Dans les années 1990, la culture avait été traité et s'est dirigée vers des approches

quantitatives, à partir des études, qui ont conçus des outils de mesure afin d’évaluer les

différentes de la culture d'entreprise Dension (1996); survey of organizations). A l’opposition

de l'approche symbolique de l'étude de la culture d'entreprise qui considère la culture ne peut

être étudié qu'à travers l’observation et l’interprétation et non pas par des instruments des

mesurés.

Le concept de culture d'entreprise s'est développé avec des entreprises multinationales et aussi

avec l'émergence des entreprises asiatiques et plus précisément japonaises qui avaient remet

en cause les modèles occidentaux. La propagation de ce concept tient aux succès des travaux

de plusieurs auteurs, comme par exemple, Ouchi (1981), Hofstede (1986), Parker (2000),

Cameron et Quinn (2006) et Schein (1985, 2010). La définition la plus fréquemment citée de

la culture d'entreprise est celle évoqué précédemment de Schein (2010).

Par ailleurs, la majorité des auteurs ont accordé à la culture d’entreprise deux fonctions

essentielles, à savoir l’intégration interne et l’adaptation aux changements externe (Schein

(1991) ; Cameron et Freeman (1991) ; Carr (2000) Wilson (2001)). Alors que la fonction

d’intégration interne vise la création d’un sentiment d’unité par l’obtention collective de

résultats, la fonction d’adaptation externe a pour principal objectif l’établissement d’un large

consensus relativement au positionnement de l’entreprise par rapport aux forces du marché.

Plus précisément, « la fonction d’intégration interne englobe la détermination des méthodes

communicationnelles (la signification attribuée aux termes techniques), des critères

13

Page 14: 26_Ghani_AEI2013

d’appartenance à la communauté d’accueil (l’insertion et l’exclusion des membres), des

normes régissant l’attribution du statut de chacun des membres (l’acquisition, la

conservation et la suppression du pouvoir), des règles structurant les relations sociales (le

degré de familiarité permis entre les membres) et des comportements désirables et

indésirables (le système de récompenses et de sanctions) » Gérard (2007, p : 51). Concernant,

la fonction d’adaptation externe, englobe l’orientation stratégique de l’entreprise à savoir : la

planification des objectifs, les ressources opérationnelles disponibles pour parvenir aux

objectifs, les indicateurs de performance et les mesures correctives (Schein, 1991).

Toutefois, il existe deux approches de pensée sur l’étude de la culture d'entreprise : l’approche

fonctionnaliste et l’approche symbolique. Le premier, consiste à considérer l'entreprise à une

culture qui, s’exprime par les principes, les valeurs et les croyances. Dans ce sens, la culture

peut être saisie soit comme une représentation philosophique ou une image générale de

l’entreprise, soit comme un élément variable interne de l'entreprise que l'on peut analyser dans

des relations d'interaction avec d'autres éléments internes ou externes de l'entreprise. Alors

que le second, vise à définir l'entreprise comme une culture, ou un construit social. Dans

notre étude, nous avons privilégié le courant fonctionnaliste, car elle nous permet d'étudier, de

mesurer et d'évaluer la culture d'entreprise et de l'analyser comme une variable qui peut

impacter d'autres variables, et qui peut aussi être impactée à son tour.

Campbell (1977), Rohrbaugh (1981), Smircich (1983), Wilkins et Ouchi (1983) et Quinn et

Rohrbaugh (1983), Quinn (1988), ont été parmi les premiers à proposer des travaux, étudié les

valeurs de l'entreprise. Ces travaux ont été s’inspiré par Cameron et Freeman (1991) pour le

développement d’un modèle matriciel. Il dégage : 1) les valeurs fondamentales de

l’entreprise, 2) le style dominant de leadership 3) les bases relationnelles, 4) les orientations

stratégiques.

Cameron et Quinn (1999, 2006), ont aussi développé à la fois un modèle matriciel sur les

valeurs concurrents de leadership. Il dégage :1) l’orientation de l’entreprise, 2) le style de

leadership, 3) les valeurs de l'entreprise, 4) l’efficacité.

Néanmoins, les valeurs de l’entreprise sont influencées, selon lui, par deux variables clés : les

exigences de l’environnement externe en matière de flexibilité ou de stabilité et l’orientation

stratégique interne ou externe de l’entreprise. En effet, le type d’environnement externe dans

lequel l’entreprise se positionne, avec des concurrents très dynamique, conditionne le

dirigeant sera obligé de fonder sa stratégie sur la créativité et l’innovation. L’efficacité avec

laquelle il réagira à la menace externe sera plus grande s’il évolue déjà dans une culture

14

Page 15: 26_Ghani_AEI2013

d’entreprise ou s’il arrive à encourager le développement de ce type de culture au sein de son

équipe de travail (Ouimet, 2007).

Nous supposons à l’égard de ce qui précède que quatre dimensions majeurs déterminent les

spécificités culturelles de l’entreprise marocaines, à savoir les valeurs fondamentales, le style

de leadership, les mécanismes de coordination et la structure de l’organisation. Le choix de

ces quatre facteurs ne suppose aucunement l’exclusion d’autres paramètres de type

organisationnel d’influence sur les spécificités culturelles des PME marocaines comme

l’orientation stratégique de l’entreprise ou comme l’efficacité. Toutefois, nous supposons que,

toute chose égale d’ailleurs, les valeurs fondamentales, le style de leadership, les mécanismes

de coordination et la structure de l’organisation semblent les facteurs d’émergence les plus

importants. Qui est plus est, nous entendons les valeurs fondamentales dans un sens large

englobant les valeurs culturelles liées à l’environnement interne de l’entreprise et les valeurs

de la culture nationale de pays liés à l’environnement externe de l’entreprise à savoir : la

logique de l’allégeance, la solidarité familiale et la sacralité de la dignité.

2.3 1.1 Les Valeurs fondamentales :

Les valeurs sont communes à la grande majorité des marocains, leur mise en œuvre dans une

perspective de gestion se trouve combinée aux spécificités des sous-cultures qui constituent la

culture marocaine. De cette combinaison fondent des spécificités culturelles de l’organisation

marocaine assez variés la culture de groupe, la culture hiérarchique et la culture

entrepreneuriale. Certains de ces cultures sont plus présents dans certaines sous-cultures.

Ainsi par exemple, la culture entrepreneuriale se rencontre plus fréquemment dans le cas de

gestionnaires Fassis alors que la culture du groupe conviennent davantage les Soussis. Mais

en tout état de cause, quand les valeurs culturelles primordiales ne sont pas respectées et en

particulier, le couple allégeance-dignité, l’entreprise pourrait tirer des conséquences

indésirables.

2.3.1.1.1 La culture de groupe :

La culture de groupe peut avoir deux facettes, soit une culture clanique et tribale ou une

culture familiale. Dans tous les cas, ces derniers fonctionne de la même façon, c’est-à-dire,

que le leader est le chef de la famille ou le chef de la tribu et les directives sont exécutés par

les membres de cette culture, comme les ordres demandés par le père à ses enfants. Les

membres de l’organisation montrent un attachement envers la passion que le dirigeant

fréquemment essaye de favoriser un bon climat de travail, qui est à la base d’une bonne

performance, en les incitant souvent à la participation de chacun dans l’exécution du travail et

15

Page 16: 26_Ghani_AEI2013

être à l’écoute à ses salariés et s’intéresse grandement à ce qui leur arrive. Précisément, la

PME familiale considérée être au service de la famille et non le contraire, les considérations

familiales l’emportent largement sur celles d’ordre organisationnel et Les éventuels conflits

internes sont tranchés par l’autorité familiale la plus écoutée. Ainsi, Les décisions familiales

sont prises sans possibilité de recours surtout dans les PME contrôlées par des familles

d’origine berbère. La solidarité y est forte et dépasse même les frontières de la PME. Ainsi, un

salarié sait certainement qu’il peut compter sur l’entreprise et son dirigeant en cas de

problèmes même à l’extérieur de l’organisation. Le membre de l’organisation est au centre

des préoccupations des membres adhérant à ce type de culture. Cela ne veut cependant pas

dire qu’il n’y a pas de démissions. En effet, il arrive que des salariés insatisfaits de leurs

conditions quittent la PME pour aller ailleurs. Dans cette culture, La valeur de l’allégeance

est à la base du fonctionnement de la culture du groupe. Les liens d’allégeance sont très forts.

En effet, à l’allégeance religieuse s’ajoute l’allégeance due au leader qui se trouve être

souvent aussi le chef de famille ou considéré comme le chef de tribus.

2.3.1.1.2 La culture hiérarchique :

La culture hiérarchique se caractérise par l’application stricte des procédures et la

formalisation du travail. Cette culture se focalise sur la stabilité interne. Elle donne beaucoup

d’importance à la formalisation des procédures de production, et surtout au contrôle et à la

maîtrise des situations. Les règles doivent être appliquées à la lettre. Il n’y a pas de place

pour l’interprétation des directives.

Toutefois, le dirigeant est autoritaire en ce sens qu’il conçoit le monde en tant qu’entité

composite obéissant à des normes de fonctionnement spécifique. En effet, il se comporte

comme un autocrate. Ordres et contre-ordres, contrôle étroit, intervention dans toutes les

tâches, Par conséquent, la dignité des employés n’est pas toujours respectée. Le fait que le

leader augmente le degré de contrôle est ressenti par les employés comme une exacerbation

du manque de respect de leur dignité. A leur tour, ils essayent à trouver des voies d’évitement

de ces contrôles.

Le dirigeant n’évolue nullement dans un monde dépourvu de références culturelles. Il se doit

de composer avec la réalité du monde qui les accueille. Ses actions s’inscrit toujours dans une

continuité historique. Autant l’exercice de son style leadership vise à moduler les

comportements et les habitudes des membres de leur communauté, autant les paramètres

sociaux normatifs de celle ci conditionnent pareil exercice. D’ailleurs, le dirigeant à la

capacité de mettre en place des conditions favorables ou défavorables à l’émergence d’un

certain type d’expression culturelle.

16

Page 17: 26_Ghani_AEI2013

Malheureusement, des valeurs de la culture marocaine ne sont pas respectées. En effet,

l’absence d’une juste allégeance légitimée par celle du respect de la dignité des employés.

2.3.1.1.3 La culture entrepreneuriale :

Les membres de la culture entrepreneuriale comprennent la réalité comme le résultat de

l’interaction de leur entreprise avec les forces hétérogènes de la concurrence. Les valeurs qui

dominent dans ce type de culture est la valeur de changement, Ils croient que le changement

est basé sur la saturation des marchés.

Les membres de la culture fonctionnent d’une manière collective en se basant sur la valeur de

dialogue mais cela n’empêche pas les membres d’avoir une certaine autonomie et une

performance individuelle dont la façon de leurs travaille. L’entrepreneur ou le dirigeant dans

ce type d’entreprise est relativement jeune qui a fait ses études avancés à l’étranger ou au

Maroc. L’entrepreneur a une personnalité équivoque, il est influencé par la culture occidentale

et la culture marocaine. Il essaye d’exploiter les deux cultures pour agir envers ses

collaborateurs. Les membres de la culture entrepreneuriale répondent au leadership de

l’entrepreneur par leur production.

2.3.1.2 Style de leadership

Le style de leadership de dirigeant fait strictement référence à des prescriptions normatives

décrétées par des impératifs organisationnels (Ouimet, 2007).

Les actions du dirigeant le produit d’une dynamique psychologique propre à lui, laquelle

s’exprime tant sous une forme émotionnelle que sous une forme rationnelle.

Certes, le dirigeant assume un rôle indispensable dans l’évolution et l’orientation culturelle

de son environnement. Toutefois, son action ne saurait engendrer d’automatismes. Elle

s’insère plutôt dans un système d’échanges sociaux liés entre eux par de multiples boucles de

rétroaction. Si le dirigeant possède la capacité à favoriser l’apparition d’un certain type

d’expression culturelle, donc il ne peut assurer la nature certaine de celle-ci. Par ailleurs, trois

catégories ne peuvent de toute évidence traduire toute la complexité des forces structurantes

de la culture marocaine.

2.3.1.2.1 Mentor et facilitateur

Malgré le pouvoir absolu de dirigeant, son influence n’est valide qu’à l’intérieur des cultures

claniques (familiale ou tribale). Le dirigeant prend les caractéristiques d’un père à l’écoute de

ses enfants. C’est-à-dire, que le dirigeant est le chef de la famille ou il est considéré comme le

chef de la tribu et les directives sont exécutés par les membres de cette culture, comme les

ordres demandés par le père à ses enfants. Les individus se trouvent consciemment ou

17

Page 18: 26_Ghani_AEI2013

inconsciemment à obéir ses ordres. Parce qu’ils savent que le dirigeant est le garant du respect

de leur dignité. Le dirigeant est à l’écoute des salariés de son entreprise et s’intéresse

beaucoup à ce qui leur arrive. Évidemment, le dirigeant dominant et au même temps sensible

aux réactions des autres, le chef se donne pour mission de protéger son clan ou sa famille des

éléments nuisibles de l’environnement externe. Un salarié sait certainement qu’il peut

compter sur l’entreprise et son dirigeant en cas de problèmes même à l’extérieur de

l’organisation. Le dirigeant est attentif aux membres de l’organisation, il est à la fois capable

de les inviter vivement à prendre une part active à la vie organisationnelle, et d’instaurer un

bon climat du travail, qui est la base de la performance au sein de l’organisation.

2.3.1.2.2 Autocrate

L’autorité de dirigeant s’exerce sur autrui grâce à son statut et son expérience dans le

domaine. Son leadership provient de la place qu’il occupe dans l’organisation. L’obtention de

son poste est la plupart du temps le fruit de son expérience, de ses compétences et de son

ancienneté dans le domaine ou tout simplement il est le prioritaire dirigeant de la PME.

Son leadership se veut autoritaire en ce sens qu’il conçoit le monde en tant qu’entité

composite obéissant à des normes de fonctionnement spécifique. En effet, le dirigeant se

comporte comme un autocrate. Ordres et contre-ordres, contrôle étroit, intervention dans

toutes les tâches, Par conséquent, la dignité des employés n’est pas toujours respectée. Le fait

que le leader augmente le degré de contrôle est ressenti par les employés comme une

exacerbation du manque de respect de leur dignité. A leur tour, ils essayent à trouver des

voies d’évitement de ces contrôles. Malheureusement, les valeurs de la culture marocaine ne

sont pas respectées. En effet, l’absence d’une juste allégeance légitimée par celle du respect

de la dignité des employés.

2.3.1.2.3 Entrepreneur et innovateur

Le décideur est un entrepreneur et un innovateur. Il soutient la création des nouveaux

produits/services, son objectif à long terme est de favoriser la croissance et l’acquisition des

nouvelles ressources.

L’entrepreneur ou le dirigeant dans ce type d’entreprise est relativement jeune qui a fait ses

études avancés à l’étranger ou au Maroc. L’entrepreneur a une personnalité équivoque, il est

influencé par la culture occidentales et la culture marocaine. Il essaye d’exploiter les deux

cultures pour agir envers ses collaborateurs. D’une part, l’entrepreneur montre sa dominance

par l’affirmation de soi à travers son dynamisme, et sa capacité à saisir les opportunités et

parvenir aux résultats, et d’autres parts, sa réaction affective envers ses collaborateurs pour

monter son attachement à eux.

18

Page 19: 26_Ghani_AEI2013

L’entrepreneur est avant tout un homme d’affaires dont la raison d’être est enchâssée dans la

notion même de profit. Il perçoit son environnement comme un réservoir de ressources qui

doivent être exploitées.

2.3.1.3 Les mécanismes de coordination

Pour chaque organisation, on trouve une répartition des tâches et une division du travail. En

parallèle, il est indispensable de fonder un mécanisme de coordination qui garantit

l'articulation entre les différentes tâches et individus. On croisant les différentes cultures

définis avec les mécanismes de coordination proposés par Mintzberg (1990), nous

aboutissons aux résultats suivants :

2.3.1.3.1 La supervision directe

La culture de groupe se caractérise par l’ambiance conviviale dans le lieu du travail, et le

partage entre les individus. Le travail est défini et coordonné par le dirigeant au moyen de les

mécanismes de coordination est la supervision directe assuré par le dirigeant elle-même.

L’objectif de l’entreprise est de favoriser un bon climat de travail et créer le sentiment

d’appartenance à une communauté ou un groupe de travail.

2.3.1.3.2 La standardisation des précédés de travail

La culture hiérarchique se caractérise par l’application des procédures et la formalisation du

travail. Elle donne beaucoup d’importance à la formalisation des procédures de production, et

surtout au contrôle et à la maîtrise des situations par la standardisation des procédés de

travail : chaque poste de travail est défini en précisant les tâches que le salarié doit effectuer.

2.3.1.3.3 L’ajustement mutuel

La culture entrepreneuriale (ou adhocratique) est orientée vers la prise de risque et la

favorisation de l’accroissance et la réalisation des résultats à travers la maximisation de la

production. Ses valeurs essentielles sont la productivité, la compétitivité, la rentabilité, la

prise de décision rationnelle et la réussite.

Le mécanisme de coordination dominant dans ce type de culture est l’ajustement mutuel

entre les membres de l’organisation.

2.3.1.4 La structure de l’organisation :

Pour ces PME marocaines leurs configurations structurelles Mintzberg (1990) s’appuient sur

trois types à savoir :

2.3.1.4.1 Structure simple

La culture de groupe s’appuie sur une structure simple, car il y a très peu de standardisation.

Le travail est défini et coordonné par le dirigeant au moyen de la supervision directe. Les

salariés ont peu de pouvoir : ils sont là pour suivre les directives et les ordres, et ils se

19

Page 20: 26_Ghani_AEI2013

trouvent consciemment ou inconsciemment à obéir les ordres. De dirigeant parce qu’ils savent

que le leader est le garant du respect de leur dignité. De plus, même la technostructure est

existante, il est toujours limité par les ordres, les directives et les exceptions imposées par un

dirigeant omniprésent.

2.3.1.4.2 Structure mécaniste

La culture hiérarchique repose sur une structure mécaniste qui, fréquemment, n’est pas

propice aux activités entrepreneuriales.

Dans une structure mécaniste le travail est basée sur des procédures préparées par des

départements spécialisés, tel que le service de Ressources Humaines, le Service Qualité, le

Service Contrôle de Gestion, qui tous élabore des systèmes de gestion, c'est-à-dire méthode

de gestion des rémunérations, dispositif de formation, procédures de définition de poste, etc.

2.3.1.4.3 Structure adhocratique

La culture entrepreneuriale repose sur une structure adhocratique, parmi les spécificités de ce

type d’organisation est de soutenir la création de nouveaux produits ou services. L’objectif est

de favoriser la croissance et l’acquisition des nouvelles ressources.

La manière suivie pour réaliser le travail n’est pas définie en amont : elle est identifiée au fur

et à mesure de l’avancement du travail, qui repose sur le mécanisme de coordination

d’ajustement mutuel entre les membres de l’organisation.

2.3.2 Les spécificités des PME marocaines

Sur la base des quatre facteurs majeurs déterminent des spécificités culturelles des PME

marocaines : les valeurs fondamentales, le style dominats de leadership, les mécanismes de

coordination et la structure de l’organisation, il est possible de distinguer trois types de pme

marocaine dont la PME traditionnel, la PME autoritaire, et la PME moderne. Ce tableau ci-

dessous décrit les différents types des PME marocaine avec leurs spécificités culturelles.

20

Page 21: 26_Ghani_AEI2013

Tableau 2 : Typologie des spécificités culturelles des PME marocaines

PME

traditionnelle

PME

autoritaire

PME

moderne

Valeurs

fondamentales

Lien d’allégeance fort

Culture de groupe

(clan, famille)

Pas de lien

d’allégeance

Culture hiérarchique

Esprit

entrepreneuriale

Culture de dialogue et

de changement

Style de

leadership

Mentor et facilitateur Autocrate

Entrepreneur et

innovateur

Mécanismes

de

coordination

Supervision directe

standardisation des

procédés

ajustement mutuel

Structure de

l’organisation

Structure

simple

Structure mécaniste

Structure

adhocratique

2.3.2.1 La PME traditionnelle :

Dans ce type de PME les décisions du propriétaire dirigeant sont perçues de la même façon

que les ordres données par le père à son enfant dans l’analyse interpersonnelle.

Les conflits et les contestations sont rares et fort limités. La solidarités entre les membres de

l’organisation est très forte et dépasse même les frontières de la PME. Ainsi, un salarié sait

certainement qu’il peut compter sur l’entreprise et son dirigeant en cas de problèmes même à

l’extérieur de l’organisation. Surtout pour les PME familiale, l’entreprise est au service de la

famille et non le contraire, les considérations familiales l’emportent largement sur celles

d’ordre organisationnel et Les éventuels conflits internes sont tranchés par le dirigeant qui est

la plupart du temps le chef de la famille. Cela ne veut cependant pas dire qu’il n’y a pas de

licenciements ou, à tout le moins d’accrocs. En effet, il arrive que des employés insatisfaits de

leurs conditions quittent la PME pour aller ailleurs. Il est vrai aussi qu’en période de

récession, les employés de ce genre d’entreprises sont davantage sollicités à « serrer la

ceinture » que leurs collègues des autres PME. Les décisions familiales sont prises sans

21

Page 22: 26_Ghani_AEI2013

possibilité de recours surtout dans les PME contrôlées par des familles d’origine berbère ou

fassi.

C’est dans la PME traditionnelle que l’on rencontre le plus les manifestations des valeurs de

la culture marocaine. Ainsi, ce mode est largement fondé sur l’allégeance des salariés à leur

patron. Ce dernier est perçu comme le garant du respect de la dignité de ceux. Les liens

d’allégeance sont très forts. En effet, à l’allégeance religieuse s’ajoute l’allégeance due au

chef de l’entreprise qui se trouve être souvent aussi le chef de famille ou considérée comme le

chef de tribus.

Le dirigeant est à l’écoute des salariés de son entreprise et s’intéresse beaucoup à ce qui leur

arrive. Et essaye un bon climat du travail, qui est la base de la performance au sein de

l’organisation à travers la supervision directe des salariés. La PME traditionnelle repose sur

une structure simple.

2.3.2.2 La PME autoritaire :

La PME autoritaire est le type le plus fréquente au Maroc. En effet, plusieurs dirigeants se

comportent en entreprise en autocrates. Ordres et contre-ordres, centralisation des décisions, Il

donne beaucoup d’importance à la formalisation des procédures, et surtout au contrôle et à la

maîtrise des situations par la standardisation des procédés de travail : Les règles doivent être

appliquées à la lettre. Il n’y a pas de place pour l’interprétation des directives, sont quelques-

unes des caractéristiques des PME autoritaire.

Par conséquent, la dignité des employés n’est pas toujours respectée, ils font tout pour

compenser cette « érosion de respect » : l’absentéisme, la démission, le sabotage, etc. Ces

voies de revanche emmènent le dirigeant à imposer de plus en plus de contrôle, d’intervention

et de manque de respect etc..

Malheureusement, des valeurs de la culture marocaine ne sont pas respectées. En effet,

l’absence d’une juste allégeance légitimée par celle du respect de la dignité des salariés, fait

que le dirigeant augmente le degré de contrôle qui est ressentis par les employés comme une

exacerbation du manque de respect de leur dignité. A leur tour, ils essayent à trouver des

voies de revanche de ces contrôles. Les résultats médiocres que connaissent beaucoup de

PME marocaines, sont dus à la rupture de la relation allégeance-dignité. La PME autoritaire

s’appuie sur une structure mécaniste.

2.3.2.3 La PME moderne :

La PME moderne ou entrepreneuriale est généralement dirigé par des jeunes dirigeants ayant

fait des études avancées (au Maroc ou à l’étranger) ou immigrant revenu à l’étranger.

22

Page 23: 26_Ghani_AEI2013

Plusieurs de ces jeunes dirigeants ont également pris la relève des PME gérées par des parents

qui adoptaient un mode de gestion parmi ceux évoqués plus haut.

Le style de leaderships adoptés par ces jeunes dirigeants ne diffère pas beaucoup de celles qui

prévalent dans des entreprises européennes ou américaines, qui est basé sur l’ouverture, le

changement, le dialogue avec les salariés, et l’esprit entrepreneurial à ceci près que la gestion

d’un personnel marocain nécessite des adaptations culturelles et sociales importantes.

Les PME gérées par ce genre de gestionnaires sont organisées d’une manière très moderne :

soutenir la création de nouveaux produits ou services et de favoriser la croissance et

l’acquisition des nouvelles ressources. Pour cela, la PME adopte le mécanisme de

coordination d’ajustement mutuel entre les membres de l’organisation. La PME moderne

repose sur une structure adhocratique.

3. Méthodologie de recherche : Notre recherche s’inscrit dans une perspective interprétative et s’appuie sur une méthodologie

qualitative et longitudinale .D’une part, pour mieux comprendre la relation entre technologie

et organisation et afin obtenir des résultats significatifs, nous avons opté pour cette

méthodologie de recherche qui offre la possibilité d’une investigation en profondeur, non

déterministe et contextuelle (Baroudi et Orlikowski, 1989). Elle présente, par ailleurs,

l’avantage d’être en cohérence avec la posture non déterministe de l’approche culturelle

(D’iribarne, 1989, 2006, 2008, 2009). Les deux sections qui suivent décrivent les phases de

collecte et l’analyse des données. D’autre part, dans le but de tracer l’évolution d’un

phénomène, elles présentent l’avantage de replacer ce phénomène étudié dans son contexte.

Dans cette perspective, l’étude du fonctionnement de l’organisation d’une PME avant et après

la mise en place d’une TI et plus précisément, l’étude des processus de changements au cours

du temps nous facilite l’analyse et la détermination des mécanismes d’évolution de mode

d’organisation. De plus, au regard de nos objectifs de recherche, la collecte de données

passées est très intéressante dans la mesure où le chercheur peut disposer d’une information

riche sur l’histoire du fonctionnement et de l’organisation de l’entreprise avant l’adoption de

la technologie.

3.1. Collecte des données

Les données ont été collectées lors d’entretiens semi-directifs qui ont ainsi permis de voir

dans quelle mesure les descripteurs pertinents du sujet de recherche déjà identifiés dans la

littérature étaient présents dans le terrain étudié. La première version du guide d’entretien a

23

Page 24: 26_Ghani_AEI2013

été établie en fonction de la problématique, des apports de la littérature, des idées émanant des

premières observations sur le terrain et de l’intuition du chercheur. Il a ensuite été amélioré au

fur et à mesure des entretiens (Miles et Huberman, 2003).

La PME ainsi retenue représente une variété de situations intéressantes. Toujours dans le but

d’explorer la variété des situations, une attention toute particulière a été portée sur le choix

des personnes interviewées afin d’obtenir une diversité d’âge, d’ancienneté, de fonction et de

niveau hiérarchique. Sur ce dernier critère, 4 individus ont été interrogés en tant que

supérieurs hiérarchiques et 4 en tant que subordonnés, ils sont issus de niveaux hiérarchiques

différents et représentatifs de la PME. Au total 8 entretiens semi directifs centrés ont été

menés, tous ont été enregistrés puis retranscrits.

Le nombre d’entretiens a été jugé suffisant (Wacheux, 1996) puisque :

La saturation sémantique a été atteinte : au sein de chacune des deux entreprises, les 2

derniers entretiens n’ont pas apporté de descripteurs nouveaux par rapport aux entretiens

précédents ;

Dans le cadre de cette recherche, nous avons procédé à étudier essentiellement les trois phases

suivantes :

- la phase de projet.

- La phase de basculement.

- la phase de l’appropriation.

Nous avons retenu ces trois périodes afin d’étudier les différents événements liés aux

changements ayant eu lieu sur le mode d’organisation d’Alpha depuis l’adoption de la

solution « Sage » jusqu’à son démarrage définitif.

3.1.1 Analyse des données

Les données ont été codées puis exploitées à l’aide du logiciel d’analyse de données

qualitatives, Nvivo. La méthode choisie pour coder les entretiens est l’analyse de contenu

préconisée par Miles et Huberman (2003) dont l’ambition est de parvenir à des conclusions

claires, vérifiables et reproductibles.

Pour Miles et Huberman, le codage constitue le cœur de l’analyse puisqu’il permet

d’examiner les données, de les disséquer, regrouper, synthétiser et plus encore d’établir les

relations entre elles. Les auteurs distinguent le codage de premier niveau du codage

thématique.

3.1.1.1 Codage de premier niveau

En cohérence avec la question de recherche, le cadre conceptuel et les hypothèses (Valeurs,

nature de responsabilité et nature de contrôle ….) et à la lecture des entretiens, une première

24

Page 25: 26_Ghani_AEI2013

liste de 40 codes a été établie. La liste de départ des codes a été retranscrite dans Nvivo (tree

nodes) et a permis l’extraction et l’organisation des segments d’entretiens.

Nous avons ensuite procédé à la révision des codes : suppression de ceux qui ne sont pas

pertinents, création de nouveaux codes, changement de niveaux ou fragmentation en sous

codes. A titre d’illustration, lorsque les répondants décrivent certaines conséquences de la

mise en œuvre de l’ERP, il leur arrive de les citer plusieurs fois en utilisant des termes

différents, ce qui nécessite des regroupements : «travail en groupe », « cela nous permet de

travailler en équipe» et « créer un climat de solidarité » ont ainsi été regroupés en un seul

code « relations».

Nous avons enfin vérifié que le codage s’insérait correctement dans une structure dominante,

adaptée à la question de recherche.

3.1.1.2 Codage thématique

Le codage thématique permet de passer à un deuxième niveau d’analyse, de «comprendre les

patterns, les récurrences, les pourquoi » (Miles et Huber man, 2003).

Il nous a amené à regrouper les codes de premier niveau en un nombre plus restreint de

thèmes appelés méta codes au nombre de cinq : Valeurs fondamentales, Style de leadership

Structure de l’organisation, Mécanismes de coordination, relation hiérarchique.

4. Résultats et discussion Nous présentons les résultats relatifs à la catégorisation de la PME étudiée en fonction de ses

spécificités culturelles. Il s’agit ici de mettre en évidence les critères de la typologie que nous

avons définie auparavant : les valeurs fondamentales, style de leadership, mécanismes de

coordination et structure de l’organisation.

Tableau 3 : La catégorisation de la PME enquêtée selon ses spécificités culturelles.

Type de PME Thèmes Sous Thèmes PME étudiée

Moderne

Valeurs fondamentales Culture de dialogue et changement

Alpha Style de leadership Entrepreneur

Mécanismes de coordination Ajustement mutuel Structure de l’organisation Structure adhocratique

4.1 PME Moderne

PME « Alpha » est une entreprise spécialisée dans la conception et la réalisation du Tapis

dont le siège social se trouve à Salé. PME « Alpha » a été crée en 1992, par deux jeunes

marocains passionnés de l'artisanat, pour produire des tapis tufftés main. Elle a vite séduit les

25

Page 26: 26_Ghani_AEI2013

décorateurs et les particuliers les plus exigeants, grâce à la qualité de son produit et

l'ingéniosité de son concept. Ce dernier est basé sur le tissage d'un produit haut de gamme,

artisanal et totalement adaptable aux spécifications du client, en matière de couleur, de forme,

de dimension et de dessin, avec une laine 100% vierge et garantie Woolmark.

PME « Alpha » est aujourd'hui leader en la matière au Maroc et a conquis de plus en plus de

clients à l'international. Elle compte en plus de son unité de production de Salé, deux

magasins showroom à Rabat et Casablanca, un réseau de revendeur à l'échelle nationale, ainsi

que deux représentations internationales en Espagne et en France.

4.1.1 La phase du projet ERP

L’idée d’adopter un ERP est venue de l’équipe de gestion du système informatique et la

direction ainsi l’intégrateur (ami du dirigeant). Cette dernière a réussi à convaincre facilement

la direction puisque l’entreprise fonctionnait déjà avec Excel et un logiciel de comptabilité.

Au moment où la décision d’implanter un nouveau système a été prise, le dirigeant a donné

son entière confiance à l’équipe de projet et le responsable du projet.

Selon le dirigeant : « L’activité d’approvisionnement vise à satisfaire les besoins de l’entreprise. Le service achat va ensuite passer la commande auprès du fournisseur. Le problème se pose lorsqu’on voulait effectuer par exemple un inventaire. C’est difficile de suivre l’état d’approvisionnements et des stocks. Les informations sont dispersées dans plusieurs services. Les différentes applications non communicantes rendent le travail un peu difficile à réaliser. »

Assurer la traçabilité de l’activité dans l’entreprise et ses agences, enrichir les statistiques

d’activité afin d’affiner la stratégie marketing et commerciale, automatiser les procédures,

stimuler les synergies entre les différentes entités. Depuis qu’elle utilise Sage, la PME « D »

optimise sans cesse son activité.

« Notre projet était seulement d’effectuer une migration vers une solution plus moderne, car nous avons déjà une application spécifiquement à notre entreprise par notre partenaire. Et afin de corriger ses lacunes, nous avons effectué une mise à niveau en repensant nos procédures. Ceci à déclencher l’idée de mettre en ouvre un ERP. »

Intégrateur Sage et déjà prestataire de l’entreprise, il est naturellement désigné pour conduire

le projet. La direction choisit de prendre son temps pour déployer l’ERP, afin de pouvoir

procéder par étape.

« La plupart des utilisateurs ne connaissent pas bien l’informatique. Pour cette raison, Nous voulions intégrer l’ERP d’une façon progressive et que chaque module installé soit bien maîtrisé avant d’intégrer le suivant. »

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Le but de la PME « Alpha » est de satisfaire sa clientèle en garantissant des livraisons à date

et conformes en qualité, maîtriser ses coûts et ses stocks mais aussi ses comptes clients et

fournisseurs en temps réel. Le dirigeant a été en interne le véritable acteur du projet Sage.

Selon le Dirigeant L’ERP Sage a été aussi une source de motivation pour son adoption. Tous les acteurs et les utilisateurs veulent connaître ce produit.

Cette entreprise était consciente qu’une bonne préparation du projet ne pouvait qu’être

bénéfique. Dès le début, l’implication du dirigeant fut inconditionnelle.

La culture organisationnelle de l’entreprise étant déjà axée sur le changement, il fut aisé de

mobiliser les salariés autour de ce projet. L’entreprise a alloué ses meilleures ressources afin

de créer une équipe de travail de huit personnes qui allaient s’occuper de tous les aspects de

l’implantation du nouvel outil technologique.

Les membres de l’équipe venaient des services suivants : comptabilité, achat, gestion des

stocks. Le responsable du projet était l’intégrateur. Une gestion de projet détaillée a été mise

en place incluant des activités de communication et de formation. Au niveau de la

communication, l’équipe d’implantation a planifié des rencontres avec tout le personnel et le

dirigeant de l’entreprise deux fois par mois tout au long du projet.

« La philosophie que nous avons adoptée dans ce projet est de bien impliquer les utilisateurs tout au long de la durée de vie du projet. Nous pensons que la meilleure solution pour aboutir à une implantation efficace. Je pense que nous sommes entrain de tirer le fruit de cette démarche. L’analyse des besoins, en amont, nous a permis d’éviter tous les problèmes liés à la diffusion de l’ERP. Et finalement, les utilisateurs ont rapidement maîtrisé le nouveau système. » La phase du projet est un moment de partage de responsabilité et aussi est une phase de

développement des compétences organisationnelles.

Je trouve qu’en phase projet, les responsabilités sont répartis et partager tout d’abord pour habituer à responsabiliser les employés dans ce type de projet et aussi pour développer des compétences organisationnelles tel que le travail en équipe, la prise de décision collective et individuel…

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4.1.2 La phase de basculement

La PME « Alpha » a adopté une stratégie de déploiement progressif dans le but de pouvoir

procéder par étape.

Les migrations des donnés de l’ancien système vers l’ERP Sage se faisaient avec vigilance et

en contrôle permanent pour assurer les adaptations nécessaires.

« Pour bien suivre et contrôler le projet, nous avons respecté le cahier des charges, le timing de projet surtout pour notre activité qui connaît plusieurs pics à certaines périodes de l’année. Pour cela, nous devions choisir le moment adéquat pour le basculement des données de l’ancien système vers l’ERP mais aussi pour la mise en production de l’outil. »

L’adoption du progiciel intégrée a duré 9 mois et a été considérée comme parfaitement réussie

par l’entreprise. Peu après, l’équipe du projet fut démantelée les pouvoirs graduellement et

transférés vers les personnes responsables. L’évaluation du système s’est faite après six mois

d’utilisation. Plusieurs échantillons de données ont été analysés afin de vérifier l’exactitude du

paramétrage du système. Après cette implantation, l’entreprise a continuellement mis à jour

son logiciel en implantant les versions les plus récentes.

« Sage permet de favoriser la croissance et le développement (augmentation de chiffre d’affaire) grâce à ses caractéristiques évolutives et ses fonctionnalités »

4.2.3 La Phase d’appropriation

Dans cette phase, l’ERP est intégré et stabilisé. Les utilisateurs des PME modernes ont

compris qu’il fallait un investissement pour s’approprier l’outil. Aussi, Les utilisateurs n’ont

pas négligé, lors du déploiement, la phase d’appropriation de la solution. L'effort était

nécessaire pour la fiabilisation des données et l'enrichissement des référentiels.

L’arrivée de Sage a été un facteur clé dans le développement de l’entreprise et a beaucoup

contribué à faire évoluer les pratiques et les processus de chacun.

« Sage a été le moteur du changement, en obligeant les personnels et les services à communiquer entre eux. Il y a eu des effets avantageux à tous les niveaux de l’entreprise. La base de données unique et cohérente qui a permet aux différents utilisateurs de parler le même langage et partager l’information en temps réel. Sage nous a permis de répondre facilement aux besoins et aux attentes de nos clients et de renforcée la gestion de la productivité de l’entreprise. Maintenant, on peut savoir exactement ce que l’usine a fabriqué, en termes du temps et de quantité. Ceci nous a facilité la gestion de stocks. » Ce tableau ci-dessous montre l’évolution de mode d’organisation de la PME moderne depuis

la diffusion de l’ERP jusqu’à son appropriation par les utilisateurs.

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Tableau 4 : l’évolution de mode d’organisation de la PME moderne

PME

moderne

La diffusion de l’ERP L’appropriation de l’ERP

Projet Basculement Appropriation

Relations hiérarchiques

Esprit d’équipe ++ Esprit d’équipe +++ Esprit d’équipe

Structure de l’organisation

Structure Partagée et hybride

Structure Partagée et hybride

Structure organique

Valeur fondamentale

Dialogue + Dialogue ++ Dialogue

Comme le montre ce tableau ci-dessus, la PME moderne a connu des changements au cours

de la diffusion l’ERP. D’abord, les valeurs culturelles sont plutôt évoluées dans ce type

d’entreprise : une logique de changement et de modernité de l’entreprise: la persévérance, le

sens des responsabilités, l'autonomie, la créativité et l’innovation, la coopération et la

solidarité. Le projet ERP a été mis en place dans cette perspective entrepreneuriale, grâce au

dirigeant ou l’entrepreneur, relativement jeune, a fait ses études soit à l’étranger dans une

grande école du commerce. La mise en œuvre de l’ERP a renforcé les valeurs partagées dans

ce type d’entreprise qui sont l’esprit d’équipe, la coopération dans cette phase de projet qui

demande la collaboration de différents acteurs et une communication efficace autour du

projet. Ensuite, Le dirigeant a joué un rôle très actif par l'engagement et le soutien

indéfectibles de la haute direction face au projet. Finalement la rigueur est un élément

important dans la conduite du changement. Elle permettra de planifier et de suivre l’exécution

des tâches associées au projet, et cela se manifeste par un comportement de précaution chez

les acteurs au cours de la mise en œuvre de projet.

L’appropriation de l’ERP par les acteurs, à déclencher un comportement d’ambition. La

composition des équipes de travail est effectuée de manière efficace. En effet, tous les acteurs

de l’entreprise sont représentés permettant ainsi une meilleure transversalité des processus,

une meilleure visibilité et transmission de l’information à l’ensemble des services de

l’entreprise.

Les relations hiérarchiques dans ce type d’entreprise sont modifiées. D’une part la

responsabilité qui a été confiée aux différents membres de la PME a renforcé l’esprit

d’équipe. D’autre part, l’ERP a légitimé l’autonomie et la délégation des tâches. La structure

devient une structure organique et décentralisée où on assiste à une meilleure coordination des

actions, une amélioration accrue de l’activité et une meilleure circulation de l’information.

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