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CADRE GÉNÉRAL Crise des matières premières, crise financière, crise en- vironnementale, … toutes ces récentes crises ont eu un impact catastrophique sur la sécurité alimentaire mon- diale. Selon la FAO, en 2009, le nombre de personnes ayant faim dans le monde a augmenté jusqu’à 1,02 mil- liard - le chiffre le plus élevé depuis 1970 -, dont envi- ron 300 millions vivent en Afrique sub-saharienne et 2/3 sont des paysans et leur famille. Et depuis, la situation n’a cessé de s’aggraver pour les pays en développement. Les principales causes de cette catastrophe sont liées aux risques du secteur agricole : hausse du prix des denrées alimentaires et de l’énergie, changement climatique, ac- cessibilité aux intrants agricoles (engrais minéraux), épi- démies et désastres naturels, vulnérabilité du travailleur rural aux maladies… D’autre part, 70% des personnes souffrant de malnu- trition vivent en zones rurales et les plus touchées sont les femmes et les enfants. Or, les femmes ont un rôle important dans la sécurité alimentaire des familles. Bien qu’elles soient responsables des cultures vivrières, de la collecte ou de la production des plantes médicinales, de la préparation des repas, ..., certains droits leur sont refu- sés, comme par exemple, l’accès et le contrôle de la terre (ou la sécurité de garder cette terre), l’accès aux moyens financiers, aux moyens de production… D’autre part, la nourriture n’est pas toujours distribuée équitablement au sein de la famille, la viande est prioritairement destinée aux hommes. De plus, des tabous alimentaires limitent leur accès à certains aliments. Face à ces situations, de nouvelles stratégies d’actions sont menées. Selon Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, 80 pays se- raient pris dans ce cercle vicieux les mettant en situation de « déficit alimentaire » 1 . Depuis 30 ans, la petite agri- culture familiale a été ruinée par les plans d’ajustement structurels qui ont accru la dualisation de l’agriculture, surtout en Afrique subsaharienne. Cette destruction a provoqué un exode rural conduisant à l’émergence d’une masse de pauvres urbains. Pour maintenir la stabilité de leurs régimes politiques, les gouvernements ont été obli- gés d’offrir à ces pauvres une nourriture bon marché. Ils ont donc été amenés à importer des denrées fortement subsidiées issues des pays de l’OCDE. Inquiètes de l’inflation que vit actuellement la Chine, les autorités japonaises ont établi, en novembre 2010, la liste des 25 pays susceptibles de souffrir prochai- nement d’une crise alimentaire : on y trouve la Lybie, l’Égypte, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Venezuela, le Vietnam, la Chine, l’Inde, l’Ukraine, la Bulgarie, la République Dominicaine, les Philippines, la Roumanie et Hong Kong. En effet, la Tunisie est aujourd’hui dé- pendante à 85% des importations pour sa consommation de blé, l’Algérie à 75% pour les céréales et le Yémen à 100% pour le riz. L’actualité du début d’année 2011 dé- montre notamment les répercussions des crises alimen- taires sur les systèmes politiques. 1 « Droit à l’alimentation : les dangers de la globalisation » Interview d’Olivier De Schutter par J.-L. TEHEUX, dans Démocratie, 1 er octobre 2010, p.3. 3 ] Autonomie alimentaire Le droit de se nourrir « La faim dans le monde n’est pas une fatalité. L’alimentation est un droit ! »* * Titre repris de l’Entretien avec Olivier De Schutter paru dans Défi sud, Septembre 2008.

3 ] Autonomie alimentaire Le droit de se nourrir - … · Les principales causes de cette catastrophe sont liées aux ... subsidiées issues des pays de l’OCDE. Inquiètes de l’inflation

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CADRE GÉNÉRAL

Crise des matières premières, crise financière, crise en-vironnementale, … toutes ces récentes crises ont eu un impact catastrophique sur la sécurité alimentaire mon-diale. Selon la FAO, en 2009, le nombre de personnes ayant faim dans le monde a augmenté jusqu’à 1,02 mil-liard - le chiffre le plus élevé depuis 1970 -, dont envi-ron 300 millions vivent en Afrique sub-saharienne et 2/3 sont des paysans et leur famille. Et depuis, la situation n’a cessé de s’aggraver pour les pays en développement. Les principales causes de cette catastrophe sont liées aux risques du secteur agricole : hausse du prix des denrées alimentaires et de l’énergie, changement climatique, ac-cessibilité aux intrants agricoles (engrais minéraux), épi-démies et désastres naturels, vulnérabilité du travailleur rural aux maladies…

D’autre part, 70% des personnes souffrant de malnu-trition vivent en zones rurales et les plus touchées sont les femmes et les enfants. Or, les femmes ont un rôle important dans la sécurité alimentaire des familles. Bien qu’elles soient responsables des cultures vivrières, de la collecte ou de la production des plantes médicinales, de la préparation des repas, ..., certains droits leur sont refu-sés, comme par exemple, l’accès et le contrôle de la terre (ou la sécurité de garder cette terre), l’accès aux moyens financiers, aux moyens de production… D’autre part, la nourriture n’est pas toujours distribuée équitablement au sein de la famille, la viande est prioritairement destinée aux hommes. De plus, des tabous alimentaires limitent leur accès à certains aliments. Face à ces situations, de nouvelles stratégies d’actions sont menées.

Selon Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, 80 pays se-

raient pris dans ce cercle vicieux les mettant en situation de « déficit alimentaire »1. Depuis 30 ans, la petite agri-culture familiale a été ruinée par les plans d’ajustement structurels qui ont accru la dualisation de l’agriculture, surtout en Afrique subsaharienne. Cette destruction a provoqué un exode rural conduisant à l’émergence d’une masse de pauvres urbains. Pour maintenir la stabilité de leurs régimes politiques, les gouvernements ont été obli-gés d’offrir à ces pauvres une nourriture bon marché. Ils ont donc été amenés à importer des denrées fortement subsidiées issues des pays de l’OCDE.

Inquiètes de l’inflation que vit actuellement la Chine, les autorités japonaises ont établi, en novembre 2010, la liste des 25 pays susceptibles de souffrir prochai-nement d’une crise alimentaire : on y trouve la Lybie, l’Égypte, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Venezuela, le Vietnam, la Chine, l’Inde, l’Ukraine, la Bulgarie, la République Dominicaine, les Philippines, la Roumanie et Hong Kong. En effet, la Tunisie est aujourd’hui dé-pendante à 85% des importations pour sa consommation de blé, l’Algérie à 75% pour les céréales et le Yémen à 100% pour le riz. L’actualité du début d’année 2011 dé-montre notamment les répercussions des crises alimen-taires sur les systèmes politiques.

1 « Droit à l’alimentation : les dangers de la globalisation » Interview d’Olivier De Schutter par J.-L. TEHEUX, dans Démocratie, 1er octobre 2010, p.3.

3 ] Autonomie alimentaireLe droit de se nourrir

« La faim dans le monde n’est pas une fatalité. L’alimentation est un droit ! »*

* Titre repris de l’Entretien avec Olivier De Schutter paru dans Défi sud, Septembre 2008.

DES CONCEPTS POUR DES STRATÉGIES D’ACTIONS SPÉCIFIQUES

La politique d’action de Solidarité Mondiale est centrée exclusivement sur l’autonomie alimentaire. Par ailleurs, d’autres concepts, comme la « sécurité alimentaire », la « souveraineté alimentaire », sont très souvent utilisés. Pour mieux nous y retrouver, revisitons ces différents concepts.

Selon la FAO, la sécurité alimentaire représente « l’accès physique et économique de chaque individu à chaque instant à une alimentation suffisante, salubre et nutritive lui permettant à chacun de satisfaire ses besoins énergétiques et ses préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».

Cette approche s’articule autour de ces quatre piliers indissociables :• La disponibilité de la nourriture spécifie que l’offre

de la nourriture suffit à la demande ;• L’accessibilité à la nourriture fait référence aux ca-

pacités économiques des groupes et à la disponibilité des infrastructures nécessaires au marché ;

• La stabilité de cette disponibilité précise que la nour-riture est disponible et accessible durant toute l’an-née ;

• La qualité de la nourriture peut englober différents aspects. Solidarité Mondiale envisage surtout la santé et la façon de se nourrir.

Ce modèle est construit sur la conviction que la résolution de l’insécurité alimentaire ne passe que par l’accessibilité aux services financiers. Il en découle une stratégie d’aide au développement conçu de manière unidirectionnelle avec des rapports purement bilatéraux entre les gouver-nements du Nord et du Sud. Nous pouvons distinguer 4 modèles/stratégies d’action/ types d’intervention de lutte contre l’insécurité alimentaire : la stratégie sectorielle, l’autonomie alimentaire, la stratégie de protection sociale et la stratégie de souveraineté alimentaire.

1. La stratégie sectorielle – Cette stratégie est construite sur la conviction que la

résolution de l’insécurité alimentaire passe par une politique agricole et un bon fonctionnement des mar-chés agricoles.

– L’Etat peut mener des programmes spécifiques pour inciter les paysans à produire des denrées alimen-taires de première nécessité, fournir des engrais et semences à un prix réduit, augmenter la productivité par des technologies appropriées… L’état peut éga-lement « réguler » le fonctionnement des marchés et contrôler toute forme de spéculation sur les pro-duits alimentaires, rendre les prix transparents, sta-bilisation des prix des denrées de base, garantir l’au-tosuffisance alimentaire... Dans beaucoup de pays, l’intervention de l’Etat est limitée. Cette approche sectorielle suit la logique du marché ou de l’État.

– Or, la libéralisation du commerce international des produits agricoles a mis et met toujours en concur-rence des producteurs ayant des moyens de produc-tion extrêmement différents. En Ethiopie et dans les pays d’Afrique de l’Ouest, les petits agriculteurs se sont retrouvés en incapacité de demeurer concurren-tiels et de rester des producteurs, puisque les grandes plantations agro-industrielles sont privilégiées au dé-triment de l’agriculture familiale.

2. L’autonomie alimentaire – Solidarité Mondiale et ses partenaires du Sud fondent

leurs actions sur les principes de l’autonomie alimen-taire, avec une attention particulière aux aspects de durabilité alimentaire et d’auto-développement des communautés locales.

– Le concept d’autonomie alimentaire englobe les quatre axes spécifiques de la sécurité alimentaire, auxquels s’ajoutent les notions de durabilité et d’em-powerment2. L’autonomie alimentaire s’obtient avec et par les mouvements sociaux qui travaillent dans une visée solidaire et d’action collective. Elle répond à un besoin identifié collectivement pour un change-ment dans les habitudes des personnes : le mieux-être d’une communauté dans un esprit de développement durable.

– En groupe, les gens s’organisent et résistent mieux aux risques externes (sécheresse, catastrophes na-turelles, fluctuations des prix…). Les programmes d’apprentissage de la planification, de la gestion, de la réalisation de toutes les étapes de la production alimentaire, développent ou renforcent le capital so-cial des organisations locales (coopératives et écono-mie sociale) et les dynamisent. Il n’est plus question d’approche sectorielle pour les agriculteurs soutenus par les mouvements sociaux, mais plutôt de straté-gies pour gérer au mieux la période de soudure3. Pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté, les agricul-teurs ont développé des systèmes de solidarité et de commercialisation spécifiques fondés sur l’autono-mie et la responsabilisation.

3. La stratégie de protection sociale : the Global Social Floor (socle minimal de pro-tection sociale) Mandaté par l’ONU et l’OMS, l’OIT travaille sur le

concept de « Global Social Floor » qui vise à détermi-ner les éléments utiles et nécessaires pour un niveau minimal de protection sociale. Parmi ceux-ci, on re-trouve les allocations familiales destinées à procurer aux enfants un accès à la nourriture, l’enseignement et les soins et une sorte de revenu minimal pour les pauvres et les chômeurs dans la tranche d’âge active. Dans différents pays du Sud, des initiatives pilotes

2 L’empowerment est un processus qui vise à soutenir les efforts des per-sonnes et des associations pour développer ou retrouver leur capacité d’ana-lyser leur situation, d’agir face aux problèmes et d’y apporter des solutions créatives. En d’autres termes, être acteur de sa vie et de son environnement, pour créer une plus grande solidarité.

3 La période de soudure est le moment entre la fin de la consommation de l’année précédente et l’épuisement des réserves des greniers de la récolte suivante et pendant laquelle la population doit se débrouiller.

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ciblant les populations les plus vulnérables, à savoir les femmes et les enfants, connaissent actuellement des retombées positives.

– En cas de pénurie, l’Etat peut assurer des « trans-ferts directs » : apport de nourriture aux populations qui en ont besoin, aide alimentaire d’urgence, pro-grammes d’alimentation complémentaire et des pro-grammes vivres contre travail, etc.

– Complémentairement à l’approche d’autonomie ali-mentaire, la mise en place de mesures spécifiques de protection sociale permet de réduire le « risque de malnutrition » (avec notamment les achats de se-mences bon marché par les agriculteurs aux banques céréalières, le transfert des surplus et aide aux pauvres, des achats groupés de produits alimentaires en ville, l’accès au microcrédit, l’appui aux groupes d’entraide).

En Ethiopie par exemple, les banques céréalières permettent aux membres d’avoir accès aux grains et denrées à un prix réduit pendant la période de sou-dure. Certaines banques céréalières vendent leur ré-colte à des prix compétitifs avant la période de sou-dure. Les bénéfices sont partagés entre les membres et utilisés pour l’achat de petit bétail, la scolarité des enfants, une meilleure consommation... Dans beau-coup de cas, l’argent sert à payer leur contribution à des systèmes de protection sociale traditionnels comme l’assurance santé (Iddir), les tontines (Iqub) ou des systèmes d’échange de travail contre nourri-ture (daboo)4.

4. La stratégie de souveraineté alimentaire5

La souveraineté alimentaire fait référence au droit de chaque pays à construire librement sa politique agricole, malgré les pressions de la globalisation et de la mondia-lisation de l’agriculture. Ce droit intègre la manière dont la population se procure et produit son alimentation et ce qu’elle choisit de consommer et d’importer comme aliments complémentaires. La souveraineté alimentaire reconnaît explicitement le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes et le droit des pays à l’autonomie alimen-taire comme garantie de leur indépendance politique et économique. Selon cette notion, les populations ont le droit de bénéficier des ressources naturelles et écono-miques de leur pays (terre, eau, semences, crédits…), d’avoir accès à une éducation et une formation appro-priées dans les zones rurales et de participer aux choix des politiques agricoles nationales pour être les garants de ces ressources. La souveraineté alimentaire ne signi-fie pas un repli sur soi.

4 Pour en savoir plus sur les banques céréalières, voir la présentation dans « La protection sociale: une question de changement social : vision et stratégies des mouvements sociaux », Rapport thématique WSM, n° 2, Bruxelles, 2010, p. 23-24.

5 Pour en savoir plus sur la souveraineté alimentaire, voir la Plateforme Souveraineté Alimentaire (PFSA): www.pfsa.be et « Qu’est-ce que la sou-veraineté alimentaire ? » (dépliant), Ed. Entraide et Fraternité (accessible sur : www.entraide.be/uploads/media/folder-d_f.pdf)

QUELQUES ACTEURS– Au niveau des individus :

• agriculteurs, femmes, enfants...– Au niveau des populations :

• consommateurs de produits alimentaires, popu-lation souffrant de malnutrition...

– Au niveau des organisations : • mouvements sociaux (syndicats, mutuelles de

santé), organisations d’agriculteurs, associa-tions de consommateurs, organisations de pro-tection de l’environnement, organisations finan-cières, banques céréalières, réseaux de filières alimentaires (manioc, riz…), ONG de solidarité internationale, coopératives de production, mul-tinationales de l’agro-industrie…

– Au niveau politique : • gouvernements au Nord et au Sud, Union euro-

péenne, FAO, PFSA, CNCD, OMC…

DES ACTIONS...Les sociétés civiles du Nord et du Sud se mobilisent pour orienter les décisions politiques et pousser les gouvernements à investir dans l’agriculture familiale, à donner aux petits paysans des raisons de continuer à produire en les protégeant de la volatilité des prix sur les marchés et de la concurrence déloyale. Bien qu’elle soit moins compétitive que les industries agro-alimentaires, la petite agriculture familiale peut néanmoins être plus productive à l’hectare, dans une optique de développe-ment durable et d’empowerment. Il s’agit de soutenir les agriculteurs à être plus productifs et à s’organiser en coopérative et en syndicat pour influencer le processus politique.

… au SudSolidarité Mondiale soutient les actions de 19 mou-vements sociaux dans 8 pays d’Afrique, continent ac-tuellement le plus touché par l’insécurité alimentaire (Bénin, Burkina Faso, Mali, Ethiopie, Burundi, Côte d’Ivoire, Sénégal, Togo) et 3 organisations actives en Amérique latine (Bolivie, Brésil, Mexique).

Quelques exemples concrets de projets :• Au Bénin, la productivité a été améliorée grâce à des

méthodes de gestion durable de la fertilité des terres, en abandonnant la déforestation et en développant une culture sédentarisée de l’igname, ce légume-racine comestible (via des méthodes d’agriculture durable).

• Une diversification des productions vivrières et agroalimentaires de riz et de soja a été aussi mise en place. Une valorisation des débouchés ainsi que la mise en place de formations sur les techniques de transformation ont aussi permis de diversifier

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les produits. Les actions menées depuis 20 ans par le Centre béninois pour l’environnement et le déve-loppement économique et social (CEBEDES) visant l’autonomie alimentaire, sont révélatrices6.

• En Ethiopie, des banques céréalières sont créées pour contrer les effets dramatiques des périodes de soudure et des hausses des prix des denrées alimen-taires. Au niveau local, les agriculteurs, à la fois les clients et les banquiers, décident collectivement de la gestion des stocks. D’autres mesures sociales sont aussi développées pour la communauté (alphabétisa-tion des membres, formation agricole) avec une visée émancipatrice.

• Pour assurer une plus grande stabilité alimentaire, les partenaires de Solidarité Mondiale développent aussi des initiatives pour améliorer le stockage de la pro-duction agricole.

Dans une approche incluant l’empowerment, les parte-naires de Solidarité Mondiale au Bénin ont renforcé les capacités politiques et de plaidoyer de leurs membres. Ils ont aussi soutenu une série de revendications pour l’accès des femmes à la terre. Ils ont participé à l’élabo-ration de la politique sectorielle de santé et de la stratégie nationale de la protection sociale, tout en jouant un rôle pour faire avancer le cadre législatif sur les mutuelles de santé. D’autres actions politiques sont menées dans le même sens au Burkina7, au Mali et au Sénégal.

Pour influencer la qualité nutritionnelle (dans le cadre de mutuelles de santé), différentes actions sont dé-veloppées par les partenaires de Solidarité Mondiale en Afrique : • Suivi nutritionnel d’enfants de 0 à 3 ans, accom-

pagnement de parents d’enfants malnutris dans les soins à leur apporter à la maison ou en centre ;

• Séances d’éducation à la santé et à une alimentation saine pour les mutualistes d’un même village et leurs familles ;

• Formations des mères de familles à une cuisine riche et diversifiée.

Pour agir au niveau de la durabilité, les partenaires de Solidarité Mondiale lancent différentes initiatives :• Renforcement au Bénin des réseaux de filières de

manioc et de riz dans la région de Ségou au Mali ;• Soutien des réseaux des organisations partenaires du

programme et des cadres nationaux de concertation de structures d’appui aux mutuelles de santé fonc-tionnelles.

… au NordDes propositions ont été émises lors de la campagne CIEP 2009 :

« Que la course au profit expire pour que la planète respire » : http://www.ciep.be/index.php?p=g&id=269

6 MAIA A., « Vers une autonomie alimentaire avec CEBEDES », dans Ici ou là-bas, n°78, mars 2010, p. 6-7.

7 MAIA A. et LAERMANS N., « De retour du Burkina Faso », dans Ici ou là-bas, n°78, p. 12-13.

Mais pour changer les choses, nous pouvons aussi : • Changer notre mode de vie ;• Participer à la diffusion de l’information et mener

des campagnes de sensibilisation, d’éducation au dé-veloppement pour favoriser les avancées concrètes pour les populations du Sud et l’évolution des men-talités au Nord ;

• Soutenir des programmes menés par des ONG de so-lidarité internationale pour promouvoir l’autonomie et la souveraineté alimentaire ;

• Nous impliquer politiquement comme citoyen en re-joignant des associations actives dans la sensibilisa-tion, la création de rapport de force ou le plaidoyer politique :– Interpeller des élus politiques pour que l’Union

européenne ait une politique agricole ainsi qu’une politique commerciale garantissant des prix stables et rémunérateurs aux agriculteurs tant du Sud que du Nord (CNCD) ;

– La promotion et la signature de pétitions menées par des organisations: par exemple, pour demander la réforme de la politique commune des pêches (re-vendications portées par la PFSA), pour défendre l’agriculture paysanne et les paysans du Sud (cam-pagne menée par Entraide et Fraternité)…

SIGLES ET CONCEPTS :11.11.11 Vlaanderen : Coupole des ONG et associations flamandes engagées dans la solidarité internationale.

CNCD : Centre national de coopération au développement, coupole des ONG et associations engagées dans la solidarité internationale en Belgique francophone et germanophone.

FAO : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Fondée en 1945, elle vise à combattre la pauvreté et la faim dans le monde.

OIT : Organisation internationale du travail, spécialisée en politique sociale et du travail, composée de façon tripartite avec des représentants de gouvernements, travailleurs et employeurs.

OMC : Organisation mondiale du commerce

OMS : Organisation mondiale de la santé

PFSA : Plateforme souveraineté alimentaire en Belgique francophone. Elle est composée d’organisations d’agriculteurs, associations de consommateurs, organisations de protection de l’environnement et ONG de solidarité internationale.

Soudure : Période qui sépare la fin de la consommation de la récolte de l’année précédente et l’épuisement des réserves des greniers, de la récolte suivante. Durant cette période, la population est contrainte de se débrouiller comme elle le peut. La durée de la période de soudure détermine l’acuité de la crise alimentaire

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QUESTIONS POUR LE DÉBAT1. Surbasedel’interviewdeAmartyaSen,PrixNobeld’Economie:www.dailymotion.com/

video/x9pb5b_amartya-sen-et-la-crise-alimentaire_news (7min.) : questions et débatsursondiscours.

2. Lebutdelasécuritéalimentaireestsocialalorsquelesmarchésréagissentàunede-mandeéconomiqueetnullementauxbesoinssociaux.Lesforcesdesmarchéss’exer-centaudétrimentdespluspauvres.Est-cequelesmarchéspeuventrépondreàcestypesdebesoins?Commentsoutenirlepetitproducteur,lescoopératives,lesbanquescéréalièresduSud?

3. Laprotectionsocialejoueunrôleimportantdanslaluttecontrelafaim.Investirdanslaprotectionsocialeetlarenforcerréduitlesrisquesetlesvulnérabilités.Quelestlerôledesacteursnationauxetinternationaux?Quepensez-vousdel’aidealimentaire?

4. Lesfemmesruralesassurentlamoitiédelaproductionalimentairemondialeetjouentunrôleconsidérabledansl’agricultureàtouslesniveaux.Ellesproduisententre60à80%desdenréesdans laplupartdespaysendéveloppement.Ellessont lesprinci-palesproductricesd’agriculturepourlaconsommationfamilialeetaussidedenréesdebase(riz,blé,maïs),soit90%del’alimentationdespopulationsruralespauvresdanslemonde(sourceFAO).Et,pourtant,ellessontlespremièresàsouffrirdelafaimetdeceseffetscorolaires.Quellessontlescausesdecesinégalitésentrelesfemmesetleshommes?Commentlutterefficacementpourlesréduireetlesfairedisparaître?

5. Alorsquelaproductionagricolemondialeestsupérieureauxbesoinsalimentairesdelaplanète,prèsd’unêtrehumainsursept(soit850millions)souffredemalnutritiondanslemonde.Plusde70%sontdesagriculteurs.Commentcettesituationest-elleencorepossible?

6. EnTunisie,Algérie,Egypte,JordanieouauYémen,lesrévoltespopulairessebasentsurdesrevendicationsliéesauxlibertéspolitiques.Ellesontégalementcommeoriginelesdifficultéséconomiquesetsocialesconnuesparlagrandemajoritédelapopulation.Quelsliensàétabliraveclacrisealimentairemondiale?aveclahaussedesprixdesdenréesdebasesdanscespays?

7. Choisirquelquesitemspertinentsdanslessériesdequestionssurlasouverainetéali-mentaire.SitePFSA:http://www.pfsa.be/spip.php?rubrique73

POUR VOUS AIDER

Outils pédagogiques– « Souveraineté alimentaire : testez vos connais-

sances » : Quizz de 50 questions à choix multiples, PFSA (en ligne sur www.pfsa.be/spip.php?rubrique71)

– « Souveraineté alimentaire : cultiver et pas men-dier ! » : valisette pédagogique, Entraide et Fraternité, avec notamment un jeu coopératif « Pour en savoir plus sur les questions alimentaires et agricoles dans le monde », une expo sur la santé en Haïti et au Zimbabwe et des documents explicatifs (www.entraide.be/index.php?id=298)

– « La pauvreté, c’est nos oignons ! » : jeu de l’oie de 60 questions/ réponses sur la souveraineté alimentaire (mal-lette pédagogique « La souveraineté alimentaire » du CNCD)

– « Navatane » : jeu de sensibilisation aux inégalités dans l’agriculture et au droit à la souveraineté alimentaire, SOS FAIM, 2009

– « Jeu de la ficelle » : jeu interactif qui représente avec une ficelle les liens, implications et impacts de nos choix de consommation. Manuel explicatif avec les règles du jeu disponibles chez Quinoa (sur www.quinoa.be/Jeu-de-la-ficelle)

– Fiche pédagogique DE VROEY M. : « Pour aborder l’alimentation et ses enjeux actuels, pourquoi ne pas jouer au jeu de la ficelle ? » - Fiche pédagogique de L’Es-perluette, Ed. CIEP, n°61, oct-déc 2009 (disponible en PDF : www.ciep.be/documents/F_Ped_Esper61-P1.pdf)

– « Que la course au profit expire pour que la pla-nète respire », Campagne CIEP 2009 avec des fiches pédagogiques accessibles sur www.ciep.be/index.php?p=g&id=269

– « Recueil d’outils pédagogiques d’éducation au déve-loppement sur la souveraineté alimentaire » : réalisé par SOS Faim Belgique et Luxembourg, CFSI et Star-ting-Blok, 2008 (sur www.sosfaim.be/pdf/outil_peda/recueil_EAD_sosfaim.pdf)

– Mallettes PFSA prioritairement destinées aux mé-dias et aux responsables politiques (www.pfsa.be/spip.php?article465)

– « Souveraineté alimentaire » : expo de 14 panneaux à partir de la réalité d’Haïti et du Zimbabwe, Entraide et Fraternité. (www.entraide.be/index.php?id=298)

– « Je cultive donc j’ai faim ! » : expo de 6 panneaux, CNCD, 2006-2007 (http://www.pfsa.be/spip.php?article436)

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– « La roue de la renaissance » : grand panneau didac-tique pour sensibiliser le grand public à la situation de l’agriculture et de l’alimentation dans le monde, CNCD.

Audio-visuel– Interview d’Olivier De Schutter (www.youtube.com/

watch?v=rcV346OaBfI)– Interview de Sen Amartya, Prix Nobel d’Economie sur la

crise alimentaire (www.dailymotion.com/video/x9pb5b_amartya-sen-et-la-crise-alimentaire_news)

– Entretien d’Olivier De Schutter par l’AFDI (Agriculteurs français et développement international) autour de six questions (Quelles leçons ont-elles été tirées de la crise alimentaire de 2008 ? Quel est le rôle du droit à l’alimen-tation dans la lutte contre la faim ? Quelles sont les pos-sibilités d’alliances et d’échanges entre agriculteurs du Nord et du Sud ?...) (www.youtube.com/watch?v=vRN_CGda6BE&feature=related)

– « Haïti, des paysans résistent » : reportage réalisé par Entraide et Fraternité (www.entraide.be/index.php?id=298)

– « Les damnés de la mer » de Jawad Rhalib, 2008 : docu-mentaire belge sur le port sardinier d’Essaouira sur la côte marocaine (www.pfsa.be/spip.php?article466)

– « Je mange donc je suis » réalisé par Vincent Bruno - Production : Demande à la poussière et la Coalition Contre la faim (www.cncd.be/Je-mange-donc-je-suis-Le-film)

– « Zimbabwe » : présentation de projets de productions al-ternatives et de formations professionnelles de jeunes, En-traide et Fraternité (www.entraide.be/index.php?id=298)

Dans la mallette pédagogique « La souveraineté ali-mentaire » du CNCD : « L’agriculture, enjeu social et environnemental » en 5 reportages : « Je cultive, donc j’ai faim! » (11 minutes, Pérou), « Le soja de la colère » (27 minutes, Brésil), « Le combat d’Ibrahima » (13 mi-nutes, Mali), « La pauvreté, c’est nos oignons ! » (12 minutes, Festival Esperanzah)

– « Une pêche d’enfer » (13 minutes) : film documentaire sur le Sénégal.

Bibliographie sélective– « 50 Millions de paysans disparaissent chaque année !

On continue ? » : Demain, le monde, CNCD-Opération 11.11.11, 2007, 32p.

– « L’avenir de l’élevage africain » : dossier dans Défis Sud, Ed. SOS Faim, n°98, déc. 2010-janvier 2011, 35p.

– « Haïti et la souveraineté alimentaire » : mini dossier, Ed. Entraide et Fraternité, 9p. (www.entraide.be/index.php?id=298)

– « Pauvreté et urgence » : dossier dans Ici et Là-bas, Ed. Solidarité Mondiale, n°78, janvier, février-mars 2010

– « La protection sociale : une question de change-ment social : vision et stratégies des mouvements so-ciaux » : Rapport thématique WSM, n° 2, Bruxelles, 2010

– Publication sur les filières agricoles (enjeux de la sou-veraineté alimentaire à partir des filières alimentaires du sucre, du lait, de l’oignon, du riz…) : mallette pédago-gique La souveraineté alimentaire, Ed. CNCD

– « Que la course au profit expire pour que la pla-nète respire » : Campagne CIEP 2010 (Fiches docu-mentaires et revendications sur www.ciep.be/index.php?p=g&id=269)

– « Qu’est-ce que la souveraineté alimentaire ? » : dépliant explicatif, Ed. Entraide et Fraternité (www.en-traide.be/index.php?id=298)

– « Si nous nous couchons, nous sommes morts » : textes du Burkina Faso, Ed. Entraide et Fraternité, (www.en-traide.be/index.php?id=298)

– « Souveraineté alimentaire, regards croisés » : sémi-naire du 28&29.03.10, Ed. Entraide et Fraternité (www.entraide.be/index.php?id=298)

– « Nourrir la planète n’a pas de prix » : sous la dir. de De Desgain S. et ZE O., Bruxelles, Ed. CNCD-11.11.11-Luc Pire, 2008.

– « Souveraineté alimentaire : l’urgente nécessité d’un droit à l’alimentation », Miessen T., dans Démocratie, 1er octobre 2010.

– « La souveraineté alimentaire », De Boeck G., dossier « Mondialisation et développement. D’autres évi-dences… », Ed. Solidarité Mondiale & Fondation Tra-vail-Université.

– « L’Europe nous ôte le poisson de la bouche », Diouf M., Demain le monde, CNCD-Opération 11.11.11, n°4, 2010, p. 4-5.

– « Pérou : coopérer pour dépasser la loi du marché », Rossignol A., Demain le monde, n°4, novembre-dé-cembre 2010, p. 11-13.